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Critiques de Marie Brennan (161)
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Mémoires de Lady Trent, tome 1 : Une histoire..

Marvelous !

Une vieille dame « so british » raconte sa vie avec cet humour, cette tendresse, cette lenteur des mots, cette expérience acquise au cours des ans, ce détachement propre aux personnes âgées…

On baguenaude parmi les riches souvenirs d’Isabelle Trent. On picore parmi eux, on prend son temps, on emprunte ses chemins buissonniers, avec un inébranlable sourire aux lèvres…

J’ai adoré.



Ne vous méprenez pas : il s’agit bien d’un livre de fantasy, avec son univers, ses princes, ses paysans… et ses dragons.

De superbes et fiers dragons aux écailles dorées décrits comme les princes ténébreux des cieux. Des princes déchus, vaincus, poussés toujours plus loin par les armes à feu des hommes. Des animaux mythiques, mystérieux, énigmatiques, dont on sait si peu de choses…



C’est avec une nostalgie teintée de beaucoup d’ironie que la vieille dame se souvient de la petite fille qu’elle était. Facétieuse, curieuse, intrépide, indisciplinée… Le désespoir de sa mère… Ses cheveux blancs… Avec qui pourrait-on bien marier cette espiègle polissonne ?

La petite Isabelle est déjà passionnée par les dragons, et doit faire preuve de trésors d’imagination, doit biaiser, et même mentir pour assouvir cette folie… Parce que dans ce monde qui ressemble furieusement à celui de la société victorienne, une femme doit se marier et s’occuper de son ménage, jouer du piano, broder, s’intéresser aux fanfreluches, tenir sa maison, suivre la carrière de son gentleman de mari, mais certainement pas de porter un pantalon pour aller traquer le dragon dans la cambrousse…



C’est pourtant ce qu’elle fera, aidée par Jacob, son amoureux de mari, et le vieux Lord Hilford, un autre amoureux, n’en doutons pas un seul instant… Ce premier tome, c’est surtout l’histoire d’une femme qui refuse d’être une chose délicate, combat bravement les préjugés de son époque, et veut vivre la vie intellectuelle d’un gentleman.



Une vraie réussite, un vrai plaisir de lecture, une vraie profondeur… et beaucoup de drôleries…

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Mémoires de Lady Trent, tome 1 : Une histoire..

Au même titre que les fées, les elfes ou les vampires, les dragons font partis de ces créatures surnaturelles qui peuplent régulièrement les récits de fantasy. Si leur rôle se révèle la plupart du temps purement figuratif, certains auteurs n'hésitent pas à opter pour une démarche moins orthodoxe. C'est le cas de Naomi Novik qui, dans sa série « Téméraire », met en scène une Europe du début du XIXe siècle dans laquelle les dragons sont des êtres dotés de conscience et de parole utilisés comme montures pour des corps d'aviateurs professionnels (neuf volumes parus dont huit traduits en français). On retrouve ce même souci d'originalité chez Marie Brennan qui signe avec le premier tome des « Mémoires par Lady Tent » un excellent roman mettant en scène les légendaires sauriens d'une manière purement scientifique. Le narrateur de ces mémoires n'est en effet autre que lady Isabelle Trent, grande naturaliste qui, en dépit des entraves dues à son sexe, est parvenue à s'imposer comme LA plus grande experte en matière de dragon. Après des années de recherches, d'expéditions, de controverses et de découvertes scientifiques majeures, l'exploratrice désormais âgée prend donc la plume pour revenir sur les étapes les plus marquantes de son parcours et ainsi nous livrer un aperçu détaillé de l'ensemble de sa carrière.



Ce premier tome se focalise sur deux périodes clés de sa vie : son enfance qui vit très tôt la naissance de sa passion pour les dragons, et sa première véritable expédition d'observation. Bien que la carte fournie en début d'ouvrage et les noms des contrées y figurant laissent penser que nous avons ici affaire à un monde sans aucun lien avec le notre, on ne tarde évidemment pas à faire quelques rapprochements. Ainsi, la région du Scirland dont notre héroïne est originaire ne manque pas d'évoquer l'Angleterre victorienne, une époque où le respect des convenances est considéré comme essentiel et où une jeune femme de bonne famille ne peut pas se permettre d'avoir des passe-temps aussi excentrique que l'étude des dragons. La Vystranie, destination de la première expédition qui commencera à asseoir la renommée de la scientifique, n'est quant à elle pas sans rappeler notre Europe de l'Est, que ce soit par son climat, sa géographie ou encore son système politique. Dans cet univers qui semble familier par bien des aspects, les dragons ne sont absolument pas considérés comme des créatures légendaires mais s'apparentent davantage à une espèce animale à part entière, avec des spécificités propres à chaque spécimen en fonction des régions du monde dont ils sont originaires.



C'est donc par le prisme de la science que Marie Brennan nous propose de faire connaissance avec les dragons dont on découvre ici plusieurs espèces, des petits lucions aux dragons-loups en passant par les agressifs veurs ou les majestueux dragons du désert Akhien. Alors que lady Trent entame tout juste sa carrière de naturaliste, on réalise assez vite que les connaissances que ses contemporains ont des dragons sont plutôt succinctes ce qui permet à l'auteur d'introduire au fil des découvertes de l'exploratrice des détails concernant les particularités de tel ou tel spécimen. Ce premier tome nous fournit ainsi quantités d'informations concernant leurs modes de vie, leurs rituels mais aussi leur constitution osseuse ou encore la façon dont fonctionne leurs ailes. Le récit est d'autant plus passionnant que notre narratrice n'hésite pas à avoir recours aux privilèges que lui octroie son âge et ainsi se permettre de donner franchement son avis sans s’embarrasser des carcans imposés par la société de son époque. Lady Trent est de plus dotée d'un sacré pragmatisme et d'un solide sens de l'humour qui lui permettent de revenir sur certains de ses comportements ou préjugés passés avec suffisamment de recul et de lucidité pour la rendre immédiatement sympatrique aux yeux du lecteur.



Marie Brennan signe avec cette « Histoire naturelle des dragons » un roman captivant de bout en bout qui constitue en ce qui me concerne mon premier gros coup de cœur parmi les sorties de ce début d'année 2016. A noter que le second volume des aventures de lady Trent a d'ores et déjà été annoncé pour septembre prochain et qu'on y retrouvera notamment les très belles illustrations de Todd Lockwood à qui ont doit également la sublime couverture du roman.
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Mémoires de Lady Trent, tome 1 : Une histoire..

Très bonne surprise que cette "Histoire naturelle des dragons", premier tome d'une série qui en compte six, je crois. Roman d'aventures fantastiques au léger parfum de steampunk, le récit est bien construit (sous forme de mémoires) et vraiment très divertissant, avec un bon équilibre entre vitesse de croisière et rebondissements.Isabelle, une jeune femme issue de la bourgeoisie (d'une société fictive qui reprend les codes vestimentaires et moraux de l'Amérique de la fin du XIXème siècle), est éprise depuis l'enfance des dragons, animaux bien réels qui font l'objet de recherches naturalistes au même titre que les fauves ou les insectes. Mais pour une femme, qui plus est de son milieu, la carrière scientifique semble exclue. Ayant acquis par son mariage une certaine autonomie, elle va pourtant réussir à se joindre à une expédition de chercheurs à la rencontre de ses terrifiants spécimens. L'éditeur a semble-t-il investi dans une traduction de qualité car le style du récit est soigné, usant d'un lexique approprié qui facilite l'immersion dans ce XIXème fictif. L'histoire est ingénieuse, crédible et le rythme soutenu, on ne s'ennuie pas, on s'attache aux personnages, on ferme les yeux sur quelques facilités narratives et on se prend au jeu comme lorsqu'on visionne un film d'aventures du type Indiana Jones.Je ne sais pas si je mettrai la main sur la suite mais si l'occasion se présente, je ne la laisserai pas passer.Challenge MULTI-DEFIS 2023

Challenge PLUMES FEMININES 2023

Challenge ENTRE DEUX 2023
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Les Deux Soeurs, tome 1 : Guerrière

Livre lu dans le cadre du challenge Babelio 2013-2014.



J'ai découvert ce roman depuis quelques temps déjà et j'ai réussi à me procurer les 2 tomes dans l'édition d'origine, Éclipse, il y a maintenant plus de 6 mois. Ce n'est finalement que maintenant que je peux enfin les lire, trop de lectures urgentes avant... Par rapport à la maison d'édition, je ne sais pas si Panini book a eu la riche idée de les rééditer mais ils devraient. La couverture est absolument superbe, même si je préfère celle du 2 avec la belle rouquine, et le résumé est énigmatique à souhait. Ce livre m'intéressant, j'ai déjà lu certaines des critiques sur Babelio. Et bien, je n'aurais pas dû car malgré le temps passé, j'ai des éléments de l'histoire qui me sont restés en mémoire.



Dès les premières lignes, l'écriture de l'auteur est très agréable et on commence directement dans le vif du sujet, pas de longues descriptions sur 20 pages ou plus pour nous présenter le monde et les personnages comme dans certains romans. Au fil de son récit où l'auteur nous présente Mirage, une Chasseuse très douée, elle nous fait découvrir son univers très particulier principalement peuplé de sorcières et de Chasseurs. Heureusement pour nous guider plus efficacement, l'auteur a prévu une carte de son monde avec les principales villes ainsi qu'un lexique en fin de volume pour nous donner des détails sur différents termes (Prime, Rayon, Tête, Main...). Un univers bien fourni donc.



C'est bien la première fois que cela m'arrive mais j'éprouve des difficultés à faire cette critique car je ne veux pas révéler trop d'éléments de l'histoire tout en voulant en faire un bref résumé. Curieux dilemme donc !! Dans la première moitié de ce roman, les chapitres me faisaient penser à « Tigre, feu et flamme » où ceux-ci sont associés à un personnage différent. Nous suivons donc tour à tour Mirage, la Chasseuse, et Miryo, une sorcière, jusqu'à leur rencontre où leur périple continuera à deux.



Mirage a accepté une traque avec son compagnon d'armes, Éclipse. Ils doivent retrouver l'assassin d'une sorcière de haut rang et si possible, son commanditaire. Miryo, quant à elle, est lancée dans une quête dont l'usage de sa magie en dépend. Si elle réussit, elle pourra utiliser des sorts comme bon lui semblera sinon elle mourra.



Grâce à ces deux personnages, nous voyageons à travers ce monde et apprenons à mieux le connaître avec ces us et coutumes. Ce monde est relativement complexe de part ses différents peuples (chasseurs, sorcières, danseurs) qui ont chacun leurs propres règles, lois et histoires (rivalité, religion...). Les différentes hiérarchies au sein de la communauté des sorcières ne sont d'ailleurs pas simples à comprendre. L'auteur aurait dû rajouter un petit diagramme pour qu'on s'y retrouve plus facilement entre les clés, les primes, les têtes, les mains... Sinon l'écriture de l'auteur est vraiment très agréable, une fois rentré dans l'histoire, les pages défilent toutes seules et on a hâte d'en apprendre davantage sur Mirage et Miryo.



Par contre, depuis que je lis des romans de cette maison d'édition, c'est la première fois que je trouve autant de coquilles : soit des mots ou lettres manquants, soit des lettres en trop (« dans le bons sens ») ou encore une lettre qui change tout un mot (« par » au lieu de « pas », c'est d'ailleurs cette coquille qui revient le plus souvent). Heureusement comme l'écriture est agréable et l'intrigue suffisamment complexe, je n'y fais pas trop attention mais j'aime bien le signaler...



Si je n'avais pas le tome 2 sous la main, je dirais que ce livre est un one-shot au vu de son final. Les quêtes de Miryo et Mirage sont terminées, nous avons toutes nos réponses. Du coup, ce second tome m'intrigue d'autant plus, qu'est-ce que l'auteur a imaginé pour nos 2 héroïnes ?



Comme vous l'aurez compris, je vous conseille donc de découvrir cet auteur et ce roman dont l'univers fantasy est certes complexe mais très intéressant. Par ailleurs, les personnages sont bien construits, ils ne sont pas que tout blanc ou tout noir. Ils évoluent au fil de l'histoire et suivant les différentes situations auxquelles ils sont confrontés. Ils nous sont décrits au travers du regard de Miryo et Mirage, qui ne sont d'ailleurs pas toujours tendres envers autrui. J'ai donc hâte de voir comment tous ces personnages et ce monde très particulier vont évoluer dans le tome suivant. Pour ma part, ce tome a donc été plus qu'une belle découverte et très proche d'être un coup de cœur, peut-être à cause de l'univers très complexe.



Sur ce, bonnes lectures à vous :-)
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Mémoires de Lady Trent, tome 1 : Une histoire..

Une belle découverte que cette saga fantasy ! Lady Trent , première femme naturaliste de son époque, aventurière et fascinée par les dragons, publie ses mémoires. Du coup un récit sous forme de mémoire , c'est plutôt original et si d'un premier abord , ça m'a paru être une forme d'écriture un peu ennuyeuse, je me suis bien trompée !

Car d'accord, on sait que si elle écrit ses aventures, il ne va rien lui arriver mais en fait ça n'enlève rien au suspens et à l'intérêt qu'il peut y avoir à la lire . Son récit est passionnant , tout simplement, et j'ai lu ce premier tome très vite, parfois sans pouvoir le lâcher. On oublie même parfois que c'est un livre d'imaginaire tellement on est bien immergé dedans . On croirait presque que les dragons existent réellement ! Je lirai la suite très vite !

Challenge Mauvais genre 2019

Challenge Multi-défis 2019

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Les Deux Soeurs, tome 2 : Sorcière

Suite et fin des aventures de nos 2 héroïnes, Miryo et Mirage !!



Finalement, à la fin du tome 1, nous n'avons plus 2 héroïnes mais une seule et elle se nomme Mirei. Elle est à la fois une Chasseuse et une sorcière car elle est la réunion des 2 corps de Miryo et Mirage en un seul. L'explication de cette réunion est donnée dans le tome 1 donc je vais éviter de spoiler pour ceux qui seraient intéressés à lire ce diptyque. Pour ma part, durant ma lecture du tome précédent, je me doutais de ce qui allait arriver et c'est justement ce qui m'a poussé à lire ce tome très rapidement pour en connaître le dénouement.



Dans ce tome, nous suivons donc Mirei dans la suite de ses aventures et en même temps, pour quelques chapitres, nous restons au QG des sorcières pour en apprendre plus sur elles et les Cousines ainsi que suivre les évènements liés aux nouveaux alliés de Mirei dans sa volonté de faire découvrir une nouvelle forme de magie et une nouvelle façon de concevoir ce monde à ses consœurs. Les chapitres sont donc intercalés entre les 2 visions et il n'était pas toujours évident de s'y retrouver à chaque fois. Pour ma part, à chaque fin de chapitre, je lisais un peu de la suite en diagonale pour aller plus vite mais cela me ralentissait encore plus.



Le monde créé par l'auteur s'intensifie en complexité avec l'explication de certains phénomènes chez les sorcières et du mode de fonctionnement de certaines écoles de Chasseurs lors de la formation des apprentis. Grâce aux nombreuses descriptions de paysages, je n'avais plus besoin de la carte pour me repérer dans ce monde. Par contre, le glossaire est toujours aussi utile pour certains termes bien particuliers.



La deuxième partie de ce tome a été plus rapide à lire que la première car les choses bougent enfin même si les évènements se déroulent quelques mois après la première partie.



Le plus dur est de s'y retrouver dans les différents prénoms, tous à consonance japonaise, et les différentes personnalités. Tous les personnages ne sont pas aussi travaillés que les principaux mais cela reste assez complexe néanmoins. Surtout que le monde créé par l'auteur gagne encore en complexité avec les informations données sur les Cousines, la Déesse, le passage des épreuves de magie,..., tout en enchaînant les évènements où Mirei essaye de rendre le monde des sorcières meilleur tout en évitant de mourir prématurément.



Par contre, la fin m'a un peu laissée sur ma faim. Elle a été un peu trop courte à mon goût, beaucoup d'éléments intéressants mais certains ont été laissés en suspens pour terminer plus vite. Dommage car c'était les chapitres les plus captivants. Sans spoiler, on passe d'un personnage à un autre pile au moment où la situation s'envenime et qu'on aimerait bien savoir comment nos héros font pour s'en sortir.



Malgré tout, cette série en 2 tomes est vraiment très agréable à lire avec un univers propre à l'auteur et un monde bien complexe. Les personnages ne sont néanmoins pas en reste avec des caractères bien définis. À part le problème de certains prénoms se ressemblant (Kekkai/Kokai, entre autre), grâce aux différentes personnalités, on finit par les reconnaître plus aisément. Les caractères sont tous tout en nuances, comme je les aime. Par ailleurs, les couvertures des 2 tomes sont absolument superbes. Cela faisait longtemps que je voulais lire ce diptyque et je ne suis pas déçue du voyage, juste un peu de quitter si tôt Mirei et ses amis. On se laisse entraîner dans ses aventures et on aimerait en vivre encore plus de façon à voyager encore un peu en compagnie des sorcières et des chasseurs dans ce monde à part.



Comme vous l'aurez compris, je vous conseille donc très fortement de découvrir ce diptyque fantasy et sa jeune auteur anthropologue, et cela n'a rien à voir avec le Dr Brennan (la série policière). Pour ma part, un peu déçue de la fin raccourcie mais sinon le monde et sa mythologie sont vraiment très intéressants et l'on n'a pas le temps de s'ennuyer à la suite de Mirei et ses amis. En espérant que cet auteur sera de nouveau traduit en français, je lirais avec plaisir ses prochains écrits.



Sur ce, bonnes lectures à vous :-)
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Mémoires de Lady Trent, tome 1 : Une histoire..

Un tome 1 qui, s'il dormait depuis longtemps dans ma PAL, ne m'a pas déçue. J'y ai trouvé ce que je cherchais.



Comme le titre le laisse présager, nous sommes dans un monde de fantasy très proche de l'ère victorienne. On y retrouve ses us et coutumes, notamment en ce qui concerne l'engouement pour les sciences mais aussi et surtout la place de la femme, deux éléments cruciaux puisque notre protagoniste principale n'est autre qu'une jeune épouse de 19 ans ayant une passion dévorante pour les dragons et se rêvant naturaliste, d'autant que peu de travaux ont vu le jour sur ces créatures.



C'est ainsi que l'on suit la jeunesse mais surtout la première expédition de lady Trent jusqu'en Vystranie, une région proche de notre Russie actuelle, sur les traces des veurs des rochers et de leurs habitus.



Ce récit ne manque pas d'actions. Narré à la première personne par une lady Trent devenue une vieille dame irrévérencieuse à qui importe peu le qu'en dira-t-on (vous voyez le personnage^^), cette dernière retrace toutes ses expéditions dans une série de 5 livres. On y trouve ainsi une personnalité qui ne peut que nous séduire avec cette jeune fille farouchement indépendante, qui se bat contre les convenances, éprise de sa passion. On garde un esprit très naturaliste, le récit étant parsemée de croquis et de remarques / hypothèses sur le mode de vie de ses créatures. L'immersion est plutôt réussie je dois dire.

De découverte en découverte, lady Trent et ses compagnons ne sont pas sans tomber sur des dangers qui ne concernent pas uniquement des dragons, donnant ainsi un enjeu à l'histoire, une certaine montée des tensions.



Ce tome 1 fut une très bonne découverte et c'est donc avec plaisir que je découvrirai les autres expéditions de lady Trent.
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La cour d'Onyx, tome 2 : Gît dans les cendres

Après un premier tome prometteur consacré à la fin du règne d’Elizabeth Tudor, Marie Brennan poursuit son exploration de l’histoire de la ville de Londres avec ce second tome de « La cour d’Onyx ». Nous sommes cette fois au milieu du XVIIe siècle, alors que l’Angleterre connaît une période de crise sans précédent. La tension entre le roi et le parlement ne cesse de croître à mesure que le premier tente d’imposer un régime de plus en plus autoritaire tandis que le second entend au contraire affermir son pouvoir de contrôle sur la monarchie. La situation finit par tellement se déliter qu’elle aboutit au bout de quelques années à une véritable guerre civile opposant les partisans de la monarchie et ses opposants. C’est ce qu’on appelle la « première révolution anglaise » qui verra la chute de la monarchie et l’avènement d’un des personnages les plus emblématiques de l’histoire de l’Angleterre : Oliver Cromwell. En parallèle à ces troubles chez les mortels, on assiste également aux nombreuses crises que traversent les Faes de la cour d’Onyx, et notamment leur souveraine, Lune. Or, entre la menace que fait peser sur elle la reine écossaise (qui n’a de toute évidence toujours pas digéré l’exécution de Marie Stuart) et les traîtres au sein même de sa cour qui ne supportent pas sa politique tolérante à l’égard des mortels, la reine des Faes a fort à faire pour se maintenir sur son trône. La période évoquée dans ce deuxième opus est sans doute moins connue outre-manche que celle mise en scène dans « Minuit jamais ne vienne », mais c’est justement l’une des raisons pour lesquelles elle se révèle plus passionnante encore. Ce second tome s’avère d’ailleurs dans l’ensemble meilleur que le précédent (pourtant déjà très prometteur) puisque Marie Brennan est parvenue à gommer les principaux défauts qui pouvaient nuire au premier opus : le déroulement de l’intrigue est moins prévisible, et le récit bien mieux rythmé. Le roman est aussi plus dense et plus complexe que son prédécesseur, et on retrouve avec joie la même ambiance crépusculaire et la même noirceur qui caractérisaient le début de la série.



Comme pour le précédent tome, la première chose qui frappe et séduit le lecteur est sans aucun doute la qualité et la minutie de la reconstitution historique de l’époque. Marie Brennan se concentre cette fois sur la période comprise entre 1639 et 1666, soit près de trente ans d’histoire particulièrement mouvementée dont l’auteur nous dépeint les principaux événements. On assiste ainsi à l’essor du courant puritain, à la montée des tensions entre le roi Charles Ier et son Parlement (qu’il dissoudra plusieurs fois avant d’estimer pouvoir régner sans lui), puis à la guerre civile qui en découla et à l’accession au pouvoir de Cromwell, et enfin à la restauration de la monarchie avec le retour de Charles II. Le lecteur voit donc défiler un pan important de l’histoire de l’Angleterre et surtout de sa capitale puisque l’essentiel de l’action se situe dans (et sous) la ville de Londres. L’auteur s’attarde notamment sur les différents fléaux que la capitale eut à affronter à cette époque : la guerre civile, la grande peste de 1665 et surtout le grand incendie de 1666 qui dura quatre jours et ravagea presque la totalité de la City ainsi que la cathédrale Saint-Paul (sans compter un nombre important de maisons et de boutiques). On peut dire que les Londoniens en auront bavé ! Là encore il est évident que l’auteure a procédé a de minutieuses recherches et s’est appuyée sur des sources de l’époque tant les descriptions des réactions des habitants et des moyens mis en œuvre pour contenir épidémie et incendie sont précises. On en apprend également beaucoup sur l’organisation du système monarchique anglais : le rôle des différentes chambres du Parlement, l’origine des tensions avec la monarchie… Un seul point m’a posé problème : le point de vue politique défendu avec ferveur par l’un des protagonistes sans qu’aucun autre point de vue ne vienne le nuancer. Il est en effet un peu agaçant de voir ce dernier non seulement fustiger les parlementaires qui s’en prennent « aux racines mêmes de la souveraineté » (ils osent s’arroger le droit de contrôler les revenus de l’état et de surveiller les conseillers du roi, vous imaginez !), mais surtout présenter le peuple comme une foule versatile que les puissants peuvent manipuler à leur guise pour renverser ou restaurer tel ou tel régime (tout en admettant qu’ils n’en retireront aucun intérêt quelque soit l’issue).



Le roman de Marie Brennan n’est toutefois pas qu’un récit historique puisqu’il entremêle ces événements réels à une histoire parallèle dans le monde de faerie. La cour d’Onyx étant intimement liée à celle des mortels, le règne de la reine Lune est par conséquent lui aussi marqué par de nombreux bouleversements qui font directement échos à ceux ayant lieu « à la surface ». La construction narrative choisie par l’auteur est d’ailleurs intéressante et permet de comprendre l’étroitesse des liens qui unissent les deux mondes. Le roman mélange ainsi plusieurs temporalités : les chapitres les plus longs racontent les événements ayant eu lieu entre 1639 et 1665 (la guerre civile, la révolution et finalement la restauration) mais ceux-ci sont entrecoupés de chapitres plus courts consacrés au grand incendie de Londres de 1666. Le lecteur connaît donc déjà ce qui va se produire (dans les grandes lignes), tout le suspens résidant dans la manière dont les personnages vont se retrouver dans cette situation. Bien que périlleux, le procédé se révèle efficace et permet malgré tout d’entretenir le suspens : comment Lune s’est-elle retrouvée dans cette situation ? Pourquoi tel personnage est absent et tel autre de retour alors qu’il avait été exilé ? Autant d’interrogations qui poussent le lecteur à enchaîner les chapitres à vitesse grand V. Si on se passionne pour les rebondissements qui rythment le quotidien de la cour d’Onyx, le plus intéressant reste malgré tout la composition même de cette cour. L’auteur fait à nouveau appel à un bestiaire très fourni qui permet de découvrir des créatures parfois méconnues du folklore anglais. Outre les farfadets, les hobs et les brownies, on côtoie aussi des kelpies, des fuath (esprit des eaux) ou encore des figures emblématiques de l’imaginaire britannique comme la Cailleach Bheur (la reine de l’hiver) ou bien Père Tamise ou Meg dent-noire. Comme dans le premier tome, l’auteur joue sur le contraste entre des créatures qu’on associe plus volontiers à un environnement rural et un décor au contraire exclusivement urbain où les liens entre faes et mortels sont évidemment plus étroits. Tout le récit tourne d’ailleurs autour du rapport ambiguë qu’entretiennent les deux mondes, les faes étant partagées entre fascination et dégoût à l’égard des mortels dont ils font tour à tour leurs marionnettes ou leurs égaux.



Après un premier tome prometteur, Marie Brennan poursuit son histoire de la cour d’Onyx avec un deuxième opus encore plus abouti que le précédent. Que ce soit au niveau de la reconstitution historique, de l’utilisation du folklore anglais ou de la construction même de l’intrigue, l’auteur maîtrise son récit de bout en bout et nous offre une histoire sombre, dense et pleine de surprises. Le troisième tome sera consacré au XVIIIe, et j’attends sa traduction avec impatience.
Lien : https://lebibliocosme.fr/201..
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Mémoires de Lady Trent, tome 1 : Une histoire..

Écrit sous la forme de mémoires, nous suivons à travers cette série Lady Trent, jeune femme intelligente et au caractère bien trempé. Elle nous raconte sa vie et surtout de sa fascination dès son plus jeune âge pour les sciences naturelles et plus particulièrement pour tout ce qui touche de près ou de loin aux dragons. En pleine époque d'inspiration victorienne, cette fascination, qui est loin de convenir aux codes de l'époque, lui vaudra bien des difficultés et des dangers. Dans ce premier tome, Une Histoire naturelles de dragons, nous découvrons son enfance et son arrivée à l'âge adulte marqué par son mariage et par sa première expédition pour étudier des dragons à une période où ceux-ci restent encore méconnus.



Véritable roman d'aventures et de voyage, Marie Brennan nous offre avec cette série un point de vue assez original sur les dragons. Loin d'être un roman rempli d'action, Histoires naturelles de dragons nous propose plutôt une approche scientifique de ces créatures fantastiques si fascinantes. Le récit bien qu'assez lent par moments, sait prendre son temps et sait mettre en place une intrigue complexe de façon calme. L'écriture est particulièrement travaillée, le tout est assez descriptif, peu de dialogues sont présents et cela crée une ambiance propice à l'envie d'en apprendre plus sur ces dragons, on rentre nous-même dans une position de scientifique.



Lady Trent est une héroïne assez orgueilleuse par moment mais très intelligente, qui a soif d'aventures et qui sait faire preuve d'un grand courage quand il le faut. Elle sait faire preuve d'humour et de beaucoup d'ironie quand elle raconte son histoire. Loin d'être conditionné par les mœurs de sa société, elle n'aura de cesse que de tout faire pour briser les obstacles qu'on lui inflige et pour gagner le respect de ses pairs scientifiques (exclusivement des hommes). C'est un personnage très intéressant à découvrir et que j'aurai plaisir à voir évoluer. Les personnages secondaires manquent cependant d'approfondissement et sont quasiment absents, dommage.



Bien que certains passages m’aient paru long, j'ai passé un bon moment à la lecture de ce roman primé aux Imaginales l'année dernière. C'est un roman de fantasy calme et soigné qui apporte une vision originale des dragons.
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Mémoires de Lady Trent, tome 2 : Le tropique ..

Il y a un moment que j'avais lu le premier tome mais il y a beaucoup de rappel donc je n'ai pas eu de souci pour me replonger rapidement dans l'univers de Lady Trent. La voici prête pour une nouvelle aventure , à la recherche des dragons des marais , dans un pays étranger proche de la guerre avec son voisin. Bien sûr il va encore lui arriver de nombreuses aventures, ce qui ne nous laisse pas le temps de trop nous ennuyer dans son "enfer vert ".

J'aime beaucoup l'univers , si il est imaginaire, il est clairement emprunté au XIX éme , où l'on ne voit pas toujours d'un bon œil l'indépendance d'une femme, qui devrait créer un foyer . Mais Lady Trent , cette jeune naturaliste, n'a pas froid aux yeux et fonce ! Par contre ma réserve vient du fait qu'il faut digérer tous les noms nouveaux, les personnages sont nombreux et on change de pays à chaque tome donc pas facile de s'y retrouver. Je lirai toutefois le tome 3 avec plaisir , d'autant plus que je suis curieuse de savoir quel genre de mari elle va épouser , son histoire personnelle n'ayant pas vraiment avancé dans ce tome ci.

Multi-défis 2019

Challenge Mauvais genre

Challenge séries 2019

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La cour d'Onyx, tome 1 : Minuit jamais ne v..

Fin du XVIe siècle. Elizabeth Tudor règne depuis trente ans sur l'Angleterre qui vient toute juste d'échapper à une tentative d'invasion de la Grande Armada espagnole. Bien que vieillissante, la souveraine dirige toujours d'une main de fer les affaires du royaume et continue de bénéficier du soutien d'une cour soumise et dévouée. Rares sont toutefois ceux qui connaissent l'existence d'une autre cour installée sous la première, peuplée de créatures féeriques maintenues sous le joug d'une reine impitoyable ayant conclu il y a des années un pacte d'entre-aide avec son équivalente mortelle. Si l'arrangement entre les deux têtes couronnées reste ignoré de tous chez les mortels, un homme commence cependant à se demander s'il ne faut pas voir dans certains des choix politiques de sa reine l'influence d'une puissance occulte dont la main mise se serait affermie au fil des années, au point de menacer aujourd'hui l'avenir du royaume. Déjà connue en France pour sa série des « Mémoires de Lady Trent » (toujours en cours de publication chez L'Atalante), Marie Brennan nous revient ici avec une autre série de fantasy totalement différente et mêlant habilement Histoire et merveilleux. Le roman se focalise sur deux personnages, issus de chacune des deux cours évoquées, et dont on suit le point de vue d'un chapitre à l'autre. Le premier est un jeune homme affecté à la garde royale et à qui Walsingham confie la mission de démasquer le ou les personnes influençant secrètement les décision de la reine. La seconde est une Elfe qui cherche à revenir en grâce à la cour et qui se voit confier la mission inverse : découvrir ce que sait Walsingham et l'empêcher d'en apprendre davantage sur la cour d'Onyx et l'influence que fait peser Invidiana sur Elizabeth. La quête des deux apprentis espions va évidemment finir par se confondre et le jeu de chassé-croisé imaginé par l'auteur est mené de manière assez habile.



Si la plupart des rebondissements sont bien amenés, certains sont en revanche trop prévisibles, mais c'est certainement l'une des rares fausses notes que l'on peut mentionner pour ce premier tome. La seconde concerne respectivement le début et la fin du roman : le premier étant trop long à se mettre en place et la seconde s'apparentant trop un à « happy-end » classique. La plume de l'auteur est pour sa part fluide et agréable, même si la présence de beaux passages particulièrement intenses peut faire regretter au lecteur le fait que l'ensemble du roman n'ait pas été écrit avec la même verve (je rejoins Apophis concernant le passage de la Chasse sauvage qui est vraiment très évocateur). L'intrigue est pour sa part bien construite et se divise en plusieurs fils qui ne sont toutefois pas suffisamment nombreux pour faire oublier au lecteur les principaux enjeux de l'histoire. L'un des plus gros atouts du roman reste cela dit son atmosphère assez sombre, et ce en dépit de la présence de créatures que l'on assimile habituellement aux jolis contes pour enfants. S'il y a effectivement un aspect conte dans le roman de Marie Brennan, n'allez toutefois pas vous figurer une ambiance à la Disney, avec des fées adorables vêtues de justaucorps à paillettes et volant aux secours des mortels. Les fae de la cour élisabéthaine sont en effet bien plus complexes que ce que les fables d'aujourd'hui laissent entendre, certaines étant capables de la plus impitoyable cruauté afin de venger une offense, tandis que la plupart peinent à partager l'affection que leur portent les mortels, jugés bien trop éphémères pour mériter la moindre considération. Or c'est justement cette noirceur, plus sous-jacente que véritablement mise en scène, qui contribue à donner au roman cette ambiance si particulière.



Vous l'aurez sans doute déjà compris, ce qui fait avant tout le charme de ce premier tome, c'est le bestiaire relativement fourni convoqué par l'auteur. La plupart des créatures mises en scène ici sont tirées du folklore britannique et, si certaines sont des habituées des romans de fantasy (elfes, gobelins, naïades...), d'autres sont en revanche plus rares car probablement jugées trop communes, à l'image des brownies, des hobs ou encore des kelpies. D'autres peuples féeriques sont également mentionnés, mais les informations les concernant sont pour le moment assez lacunaires et seront sûrement étoffées dans les prochains tomes (je suis pour ma part très curieuse d'en apprendre davantage sur le peuple de la mer...). La plus grande originalité de l'auteur consiste toutefois à placer les représentants du « Petit Peuple » non pas dans leur décor bucolique habituel mais en plein cœur de la ville de Londres. Alors certes, les histoires aiment depuis toujours raconter les multiples manières dont les Fae s'y prennent pour interférer dans les affaires humaines : elles choisissent les plus beaux jeunes hommes comme amants, inspirent les meilleurs poètes, accordent à certains le don de prédire l'avenir, et vont même parfois jusqu'à dérober un bébé mortel pour le substituer par l'un des leurs. Si la fascination des Faes pour les humains n'est donc pas nouvelle, elle atteint toutefois son paroxysme à la cour d'Onyx, où il n'est plus seulement question de se mêler de temps à autres aux humains mais bel et bien d'en imiter les mœurs. C'est ce rapport entretenu entre créatures féeriques et créatures mortelles, fait de défiance et de fascination mêlés, qui se trouve au cœur du roman de Marie Brennan qui aborde le sujet avec beaucoup d'intelligence. Afin de se fondre dans le « monde d'en haut », les créatures de la cour d'Onyx dispose de tout un tas de stratagèmes (déguisement, offrandes...) qui vont leur permettre de déjouer les nombreux pièges que recèle inévitablement tout cadre urbain. A ce sujet, il est d'ailleurs habile de la part de l'auteur de considérer comme arme de défense contre les Fae non pas un dieu quelconque mais la ferveur des fidèles qui revêt ici un véritable pouvoir. L'aspect est intéressant et, outre le fait qu'il permet à l'auteur de ne pas s'embourber dans des considérations d'ordre religieuses, il permet également de justifier les choix de la reine Elizabeth en matière de religion.



Le second gros point fort du roman tient à son cadre historique. Si l'époque moderne est loin d'être la période la moins utilisée en fantasy, il n'en reste pas moins agréable de se voir confronté à un décor historique reconstitué avec soin et qui s'éloigne du traditionnel « médiéval fantastique ». Difficile, compte tenu de l'époque choisie par Marie Brennan, de ne pas faire le rapprochement avec le fameux « Gloriana ou la reine inassouvie » de Moorcock qui, quoique plus complexe et plus poétique, partage avec ce roman ci la même atmosphère crépusculaire. Il est une autre œuvre dans laquelle on retrouve la même ambiance et à laquelle je n'ai pu m'empêcher de penser tout au long de la lecture : le film de Shekhar Kapur dont l'auteur avoue justement s'être beaucoup inspiré (les deux se déroulent d'ailleurs à peu près au même moment du règne d'Elizabeth). Le rapprochement a pour ma part été tellement immédiat qu'il m'a été impossible de me représenter Elizabeth et Walsingham sous d'autres traits que ceux de Cate Blanchett et de Geoffrey Rush (qui conviennent ma foi parfaitement ici aussi). Bien que l'action se déroule à la fin du règne (nous sommes aux alentours de 1588-1590), l'auteur réussit à revenir sur les moments forts de la vie d'Elizabeth auxquels on assiste même parfois sous la forme de courts chapitres prenant la forme de flashbacks. Parmi ces événements marquants, on peut évidemment citer la mise à mort de Marie Stuart, mais aussi la difficile accession au trône de la souveraine, ou encore sa volonté de favoriser le protestantisme au dépend du catholicisme. Si la reine Elizabeth n'est réellement présente que dans très peu de scènes, son ombre plane sur l'ensemble de la cour ce qui permet au lecteur de se faire une idée assez précise de sa personnalité. Là encore l'auteur fait d'ailleurs preuve d'intelligence en dressant de la reine un portrait nuancé : celle-ci manifestant d'un côté une profonde jalousie à l'égard du bonheur marital de certains de ses courtisans (allant jusqu'à interdire leur union) et faisant preuve d'un tempérament exécrable, tout en étant d'un autre côté charismatique, éduquée et capable de faire preuve d'un formidable sens politique. Figurent également sur le devant de la scène les personnages les plus emblématiques de son règne : si William Cecil et Walter Raleigh sont seulement mentionnés, Walsingham et l'astrologue Dee occupent ainsi un rôle bien plus important.



Premier tome mêlant habilement histoire et magie, le roman de Marie Brennan propose une réadaptation réussie du règne d'Elizabeth Ière, mêlant intrigues de cour mortelle aussi bien que féerique. Soutenu par un cadre historique travaillé, un bestiaire étoffé et une ambiance résolument sombre, « Minuit jamais ne vienne » pose les bases d'une nouvelle série prometteuse dont les trois prochains volumes (déjà parus en Angleterre) s'attarderont sur trois époques différentes dans lesquelles j'ai hâte de me plonger.
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Mémoires de Lady Trent, tome 2 : Le tropique ..

Un tome 2 qui marque quelques évolutions mais qui, fondamentalement, est une copie du premier



Le tropique des serpents est le deuxième volume des Mémoires de Lady Trent, après Une histoire naturelle des dragons. Rappelons que le cycle comptera cinq tomes au total, que le quatrième est sorti en avril aux USA , et que le dernier est prévu au printemps 2017. L’auteure a déjà annoncé qu’il n’y aura pas de romans supplémentaires, mais potentiellement des nouvelles / novellas devant combler certains blancs (l’une d’elles a déjà été écrite et se déroule entre deux des livres).



Une fois de plus, c’est l’illustration de couverture de Todd Lockwood qui nous frappe en premier. Signalons aussi que les illustrations intérieures en noir et blanc sont toujours présentes, bien que relativement inégales (mais le portrait d’Isabelle en page 41 est juste magnifique -la demoiselle est vraiment très jolie-).



Nous avons cette fois affaire à une Isabelle de 23 ans, ayant une aura un peu plus solide sur le plan scientifique, et surtout nettement plus indépendante et libre de ses mouvements que dans le tome précédent (du moins en première approximation). Elle va s’embarquer pour l’équivalent local de l’Afrique pour y étudier les espèces de dragons indigènes, sans se douter qu’elle va mettre les pieds dans un bel imbroglio politico-miltaro-industriel.



Avertissement : j’attire votre attention sur le fait que cette critique contient des spoilers sur la fin du tome 1. J’aurais aimé pouvoir faire autrement, mais ces éléments ont de telles conséquences qu’il est impossible de critiquer correctement le tome 2 sans les mentionner. Vous voilà prévenus.



- En cavale



Nous retrouvons Isabelle trois ans après la fin du tome 1. Elle a donné naissance à son fils, qu’elle a appelé comme son papa. Alors que son statut de veuve et le mécénat de Lord Hilford auraient pu lui offrir tout un tas de possibilités, elle a le sentiment que quelque part, cet enfant l’enchaîne au Scirland. Elle prend donc la décision, très controversée, de monter tout de même une expédition en Érigie (Traduisez Afrique, tout comme Anthiope = Europe, Thiessin = France, Eiverheim = Allemagne, et ainsi de suite), en laissant le petit aux bons soins de son beau-frère. De toute façon, obnubilée comme elle l’est par les dragons, elle n’a qu’une relation assez distante avec sa progéniture. Ce geste va être la première pierre qui, tout au long du livre, va lui valoir une réputation scandaleuse.



Quelque part, elle fuit son fils. Et elle n’est pas la seule… Sa protégée, Nathalie, la petite-fille de Lord Hilford, veut, elle, fuir la pression mise par sa famille pour, qu’à vingt ans, elle se trouve enfin un mari, rendez-vous compte ! Mais la jeune femme a l’âme d’une scientifique et, elle qui passe déjà tout son temps chez Isabelle, veut l’accompagner en Érigie. Ce qui sera une deuxième source de scandale lorsque le papa de la demoiselle accusera Lady Trent (qui s’appelle encore Miss Camherst) de ruiner la vie et les opportunités sociales de sa protégée.



Le fidèle Thomas Wilker (déjà croisé dans le tome 1, roturier protégé de Lord Hilford) accompagnera les deux jeunes femmes dans cette aventure.



- L’univers s’étoffe, Isabelle s’émancipe, et il y a quelques évolutions



Ce qui est assez paradoxal avec ce tome 2 est que le worldbuilding y est beaucoup plus présent que dans le précédent. D’habitude, dans un cycle, le plus gros est fait, à ce niveau là, dans le volume introductif, tandis que les suivants ne font plus qu’affiner le tableau déjà brossé. Ici, c’est un peu l’inverse : comparativement, le tome 1 était à la fois moins riche et beaucoup plus simple : Vystranie = Carpathes, un point et c’est presque tout, avec des influences des italiens et des russes locaux.



Là en revanche, l’auteure nous brosse un tableau complexe (et très réussi) d’une Afrique de fiction dans laquelle, outre les intérêts économiques (gisements… de fer, et pas d’or comme on aurait pu s’y attendre) des puissances « occidentales » (Anthiopiennes), se télescopent les ambitions politico-militaires de deux entités politiques locales : l’Union Talue (pensez Empire Malien, qui « conquiert » de façon soft d’autres pays en les intégrant à une coalition qu’il dirige) et les Ikwundés (comprenez : Zoulous).



L’expédition va se rendre au Bayembé (comprenez : Nigéria, et empire Yoruba), où le Scirland possède un comptoir. L’alliance avec les occidentaux est la seule solution que le souverain local a trouvé pour échapper à la conquête soft de l’Union ou à la conquête tout court par les Ikwundés. Isabelle vient y étudier à la fois les dragons locaux et ceux du marais surnommé l’Enfer Vert. Sur ce plan là, le nombre de dragons présenté au lecteur va littéralement exploser tous les compteurs du tome 1. Et ce n’est pas du tout : le monde devient un poil plus fantastique, puisqu’on mentionne également… des mammouths.



Isabelle va se retrouver empêtrée dans des luttes politico-militaires à la fois locales et inter-continentales, ainsi que prises dans les rets d’une realpolitik centrée sur des intérêts économiques. Autant dire qu’on est déjà assez éloigné du niveau un peu basique, limite Young Adult, du tome 1. Et du coup, c’est plus intéressant.



De même, Isabelle est un personnage qui a évolué sur deux points essentiels : d’abord, son statut de veuve lui donne une liberté qu’elle ne possédait pas en tant que femme mariée (et de plus, elle n’a plus la pression imposée à Nathalie par exemple pour se marier, puisque c’est déjà fait) ; ensuite, contrairement au tome 1 (et c’est la grande différence entre les deux livres), cette fois c’est une vraie naturaliste, et pas « juste » une épouse emmenée pour ses talents de dessinatrice et de secrétaire. Enfin, elle a un caractère plus affirmé, bien que, d’après les nombreux teasers disséminés par l’auteure sur ses aventures ultérieures, ce ne soit qu’un pâle reflet de ce qu’elle va devenir quelques années ou décennies plus tard.



La grosse évolution est qu’il y a plus d’action, voire même un poil de suspense, dans ce tome 2, alors que son prédécesseur était comparativement bien plus plat. Alors attention, hein, nous ne sommes toujours pas sur de l’Heroic Fantasy, mais disons que voir que ça bouge un peu plus est tout de même agréable. Le feutré, l’écriture fine, l’aspect ethnologique, tout ça, c’est bien joli, mais c’est supposé être un roman d’aventure, quelque part, et sur ce plan là, on en a bien plus pour son argent que dans le volume 1 des Mémoires de Lady Trent. Les excellentes descriptions, très prenantes, de l’Enfer Vert, participent d’ailleurs à établir une fort agréable atmosphère n’étant pas si éloignée de certaines références du genre. Et la profonde différence, le contraste, entre le début du livre (qui se passe dans un cadre urbain et civilisé, que ce soit au Scirland ou au Bayembé) et sa suite, dans la jungle et les marais, participe fortement (et habilement) à frapper de plein fouet l’imagination du lecteur.



- Des évolutions, certes, mais fondamentalement, le tome 2 est une copie du précédent



Fondamentalement, ce cycle est de la Fantasy of Manners (ou Manner Fantasy) : Isabelle a peut-être plus de libertés qu’elle n’en avait dans le tome 1, mais elle reste entravée par divers carcans sociaux, au Scirland, bien entendu, mais aussi au Bayembé, et même dans l’Enfer Vert. A chaque fois, pour pouvoir réaliser son désir (étudier les dragons, une véritable monomanie), elle est obligée de composer avec, voire de se plier à, des règles de bienséance, de courtoisie, de conduite, et ainsi de suite. D’où l’épisode du Gynécée pour les femmes ayant leurs règles, du rituel de purification anti-sorcellerie, et ainsi de suite. Donc, même si superficiellement on pense que ce n’est pas le cas, en réalité le tome 2 n’est, sur ce plan précis, pas si différent du premie : le personnage, pour avancer, doit se plier à ou contourner des règles / un cadre social rigide.



C’est encore plus sensible au niveau de l’intrigue : même si elle est moins simple (voire simpliste), il n’en reste pas moins qu’une fois encore, Isabelle va aller dans un pays lointain étudier les dragons locaux, qu’elle va par hasard mettre les pieds dans une affaire ayant potentiellement de vastes répercussions, et découvrir au passage un point-clef sur les dragons (locaux ou en général). Sur ce plan là également, ce tome 2 est exactement semblable au 1.



Encore pire : le gros défaut du tome 1 était que le seul personnage d’Isabelle parasitait en quelque sorte absolument tous les autres, qui n’avaient alors au mieux qu’un statut de faire-valoir et, au pire, la consistance d’un ectoplasme. Je me demandais alors s’il s’agissait d’un défaut d’écriture de Marie Brennan ou d’une conséquence de la jeunesse et de l’enthousiasme d’une Isabelle de 19 ans, qui, toute accaparée par ses dragons, ne se préoccupait pas des autres, ce qui fait que l’auteure ne les développait pas plus qu’il n’était nécessaire. A l’issue de la lecture du tome 2, j’ai peur d’avoir ma réponse : les personnages secondaires sont toujours des spectres, que ce soit ceux déjà connus Wilker, Hilford) ou les nouveaux (Nathalie). Même les deux demi-antagonistes (le Lord qui vole la formule chimique au Scirland et Velloin, le chasseur) ne bénéficient que d’un très vague traitement de faveur, du moins pour le deuxième.



- En conclusion



Si ce tome 2 propose un univers plus étoffé (notamment via un solide contexte géopolitique), un personnage principal plus libre de ses mouvements (sur certains plans), plus d’action et une description très réussie et prenante d’une pseudo-Afrique de Fantasy, il n’en reste pas moins que sur le plan de la structure de l’intrigue, il n’est qu’une copie du tome 1, dont il conserve malheureusement le plus gros défaut : des personnages secondaires ectoplasmiques.



Malgré tout, j’ai pris plaisir à suivre ces nouvelles aventures de Lady Trent, et j’embarquerai sans le moindre doute avec elle dans son voyage autour du monde dans le tome 3.


Lien : https://lecultedapophis.word..
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Mémoires de Lady Trent, tome 1 : Une histoire..

Downton Abbey… avec des dragons



Même sans savoir de quoi parle ce livre, il suffit de contempler sa couverture ou de le feuilleter ( car il y a de nombreuses autres représentations de dragons, de personnages ou de lieux-en noir et blanc- à l’intérieur) pour être ébahi devant la qualité remarquable de la présentation. Et pour cause, elle est due à un illustrateur de renom, à savoir Todd Lockwood, dessinateur ayant œuvré sur Donjons & Dragons et fameux pour sa représentation de Drizzt Do’Urden.



Bon, donc c’est beau, mais de quoi ça parle et qu’est-ce que ça vaut ? Il s’agit du premier tome d’une série qui en comptera bientôt quatre, dans laquelle une vieille aristocrate, une sommité en matière de dragons, raconte ses aventures avec ces créatures, le tout dans un contexte pseudo-victorien. Ce premier tome se concentre sur la jeunesse de l’héroïne : enfance et adolescence (sur lesquelles on passe en quelques dizaines de pages, au grand soulagement de votre serviteur, qui a les héroïnes adolescentes en horreur), puis sa vie de jeune épouse de 19 ans.



- De la difficulté de déterminer le genre de certains romans



Lorsque je commence la rédaction d’une nouvelle critique, la première question que je dois me poser est : dans quelle catégorie placer le roman ? Fantasy, SF, Uchronie, Fantastique, Science-Fantasy ? Et dans quelle(s) sous-catégorie(s), s’il y en a ?



La réponse à cette question est particulièrement épineuse pour ce roman : oui, il y a des dragons, mais ce n’est en aucun cas de la Fantasy « classique » (pas de magie, d’elfes, de nains, d’autres créatures fantastiques, etc). Oui, la société présentée est clairement de type Victorien, mais ce n’est en aucun cas du Steampunk (pas de technologie rétro-futuriste). De même, ce n’est pas une Uchronie, car absolument rien ne correspond en termes de cartes, de noms de pays, de calendrier ou tout autre facteur, et on a donc affaire à un univers inspiré par certaines cultures terrestres plutôt qu’à une variation uchronique (ou dans un monde parallèle) de la Terre.



Bref, adoptons une approche positive, et au lieu de dire ce que ce livre n’est pas, détaillons ce qu’il est : c’est un livre où, dans un univers très inspiré par l’époque Victorienne (et du même niveau de technologie) mais n’étant pas la Terre, il y a des animaux nommés Dragons, et où on suit les aventures d’une jeune Lady nommée Isabelle, passionnée par l’histoire naturelle en général et par les dragons en particulier. Attention, je dis bien animaux : contrairement aux dragons « classiques » des univers de Fantasy, ils ne parlent pas, n’ont pas une intelligence de niveau humain et n’ont aucune faculté autre que leur souffle (chez Marie Brennan, selon l’espèce, ce dernier peut être un gaz délétère ou des particules de glace, mais pas des flammes). En clair, il s’agit d’une branche du règne animal (dérivée des dinosaures ?) presque comme les autres. Il en existe différentes variantes, uniquement terrestres (avec ailes vestigiales), marines (dans un tome ultérieur de la série) et bien entendu aériennes.



Isabelle va aller au-delà des limites de sa classe et de son statut de femme et d’épouse en prenant une part plus active que la bienséance ou l’étiquette ne saurait l’y autoriser dans l’étude des dragons. Donc, à partir des éléments dont nous disposons, à savoir des pays imaginaires mais très inspirés par ceux de l’ère Victorienne, des dragons mais pas d’éléments classiques de la Fantasy, et une lutte du protagoniste pour se sortir du rigide carcan imposé par la hiérarchie sociale de son époque, on peut finalement classer ce roman au croisement de ce que les spécialistes appellent la Fantasy of Manners (=fantasy caractérisée par un cadre social complexe et très hiérarchisé dans lequel le protagoniste doit trouver sa place; c’est d’autant plus pertinent que le niveau et le style de langage utilisé entrent parfaitement dans le cadre de ce sous-genre, ainsi que l’absence d’éléments surnaturels), de la Gaslamp Fantasy (=fantasy victorienne distincte du steampunk du fait de l’absence d’éléments uchroniques et de science rétro-futuriste) et de la variante « dans un monde différent mais inspiré du nôtre » de la Fantasy Historique.



Si je précise tout cela, ce n’est pas pour chercher la petite bête, mais pour que chacun sache très exactement à quel genre de roman il a affaire : je le vois étiqueté un peu facilement Fantasy, sans plus de précision (ce qui peut laisser imaginer un univers beaucoup plus « magique » ou surnaturel qu’il ne l’est en réalité), et la quatrième de couverture peut laisser la fausse impression qu’on a affaire à une uchronie (de fantasy), ce qui n’est absolument pas le cas. Je ne veux pas que certains se fassent de fausses idées et soient du coup déçus en lisant ce roman.



- La comparaison avec Téméraire



De même, on va évacuer tout de suite l’inévitable comparaison : les rapports avec le cycle Téméraire de Naomi Novik sont en fait peu nombreux. A part les dragons, les relations entre individus de sexes et statuts sociaux différents et une atmosphère qu’on qualifiera de britannique, tout est différent : le contexte est inspiré de l’époque georgienne dans Téméraire, et plutôt victorienne dans l’oeuvre de Marie Brennan ; le cycle de Naomi Novik est une uchronie, alors que celui de Marie Brennan est un monde de fiction inspiré par le nôtre ; enfin, l’aspect militaire de Téméraire est complètement absent de ce premier volume de la série de livres formant les mémoires de Lady Trent. De plus, la narration est masculine chez Novik, féminine chez Brennan. Bref, en deux mots : ça n’a en fait que peu de rapports autres que superficiels (et pour ceux qui se poseraient la question, ça n’a strictement aucun rapport avec Pern ou Eragon non plus).



- Downton Abbey… avec des dragons



L’ambiance générale, pétrie de convenances et de savoir-vivre, dans un esprit très anglais (bien que dans un univers imaginaire) et aristocratique, rappelle inévitablement la fameuse série Downton Abbey. Pour tout dire, la jeune Isabelle ressemble à Lady Edith qui, elle aussi, veut s’adonner à des activités (le journalisme, dans son cas) qui sont jugées inconvenantes pour son sexe et pour sa classe. Quant à la Lady Isabelle âgée, qui raconte les aventures de sa version plus jeune (tout le cycle est en effet une autobiographie, dans laquelle une Lady Trent au soir de sa vie raconte ses aventures dans une série de livres, tout ça pour éviter les casse-pieds qui lui demandent de les raconter oralement à tout bout de champ), elle rappelle irrésistiblement le côté pince-sans-rire qui cache un humour féroce et le côté iconoclaste mais guindé de la Comtesse douairière de Grantham.



Le contraste entre les personnalités de la narratrice âgée, expérimentée, indépendante, célèbre, et ce qu’elle raconte de sa version de dix-neuf ans, impulsive, ignorante de tout mais pleine d’enthousiasme, casse-cou et obligée de louvoyer au sein d’un système patriarcal qui lui laisse bien peu de latitude pour vivre sa passion naturaliste, est saisissant, et c’est à mon avis un point fort du roman.



Au carrefour de la Fantasy of Manners et de la Gaslamp Fantasy, ce livre, cela ne vous surprendra pas, adopte un style riche, très victorien, avec un usage de temps de conjugaison en général inusités qui, s’ils concourent évidemment à installer l’atmosphère, peuvent agacer ou gêner certains lecteurs. L’auteure emploie le procédé de l’adresse (=Lady Trent s’adresse directement à son lecteur en de nombreuses occasions), et la version âgée n’hésite pas à commenter sans concessions les actions ou comportements de sa version plus jeune (elle déteste par exemple le fait qu’elle n’hésite pas à minauder si ça peut lui rapporter un avantage). Elle donne de plus de nombreux aperçus (bien que nébuleux) de ses aventures ultérieures, un puissant stimulant, si besoin était, pour vous donner envie de lire les tomes suivants (moi, je suis déjà convaincu).



Une grosse partie du livre se déroule dans une région ressemblant comme deux gouttes d’eau à des Carpathes sous domination des pseudo-russes de ce monde, ce qui, conjugué à la présence des protagonistes pseudo-britanniques, est un puissant et pas désagréable écho du Dracula de Bram Stoker, les vampires en moins évidemment. L’auteure se plaît d’ailleurs (un clin d’œil ?) à souligner à quel point la nourriture est saturée d’ail !



Il y a également un aspect enquête pas désagréable lui non plus, quand nos naturalistes sont confrontés à quelques mystères en apparence surnaturels. Cette partie de l’intrigue est rondement menée, avec une bonne maîtrise du rythme des révélations ou des péripéties. J’ai aussi été intéressé par l’aspect technologique et écologique (le parallèle avec la chasse à l’éléphant pour son ivoire) dans les dernières pages du livre.



J’ai particulièrement apprécié l’absence de niaiserie ou de côté sirupeux dans la relation qu’entretient Isabelle avec son mari, ainsi que le côté coup-de-poing, sans happy end, de la fin. Fin qui, d’ailleurs, nous donne un vague aperçu de l’ambiance pseudo-africaine du prochain tome (j’en salive d’avance).



- Fantasy of Manners



Un des points-clefs de ce tome 1, outre le fait de nous montrer les débuts de la carrière de naturaliste experte en Dragons de cette future sommité en la matière que sera Isabelle, est la thématique d’une jeune femme qui voit s’opposer les convenances, l’étiquette et la tradition à sa volonté dévorante d’apprendre, de comprendre, de faire, en l’occurrence en matière de dragons. Certes, elle bénéficiera de la tolérance de certains hommes de son entourage (de son père à son mari, qui, rendez vous compte !, l’autorise à utiliser sa bibliothèque), mais devra se battre contre un système pseudo-victorien qui veut juste la renvoyer à la tenue de sa maisonnée.



Dans les allusions dispersées dans tout le bouquin, on comprend que suite à certaines circonstances, aventures et découvertes sur les dragons, Isabelle va, dans le futur, s’élever au-dessus de son statut et des convenances pour devenir une sorte de rock-star victorienne, un savant médiatique doublé d’une version féminine d’Indiana Jones (aventurier-érudit) croisée avec Charles Darwin. La version âgée prend d’ailleurs un malin plaisir à provoquer son lecteur en brisant certains tabous (elle s’estime, du fait de l’âge et de la célébrité, au-dessus de ça), notamment à propos de sexe (mais attention, hein, ne vous enflammez pas, c’est du Victorien, pas Kushiel et son érotisme SM torride !), par exemple lorsqu’elle raconte comment la jeune Isabelle, capturée par des contrebandiers, envisage de se donner volontairement plutôt qu’être déshonorée de force. Voilà encore, pour moi, un aspect particulièrement jouissif du livre, j’ai une passion pour les iconoclastes, personnellement.



- Un bon livre… sans défauts ?



Clairement, nous avons affaire à un bon livre. Mais est-il sans défaut pour autant, et peut-on le qualifier de chef-d’oeuvre ? La réponse est : pas totalement.



D’abord, le personnage d’Isabelle est encore trop peu libre de ses mouvements (surtout par rapport aux allusions à la suite de sa vie et carrière de naturaliste) pour que l’action décolle vraiment. D’ailleurs, cet aspect est très peu présent dans le roman : non pas qu’il soit ennuyeux, dépourvu de rebondissements ou de rythme, mais simplement on est très loin de la fantasy épique ou héroïque, il faut bien le savoir. De plus, même si c’est un aspect intéressant, comme je l’ai expliqué, le fait qu’Isabelle soit prise dans ce carcan social est frustrant pour le lecteur, qui a presque plus hâte d’attaquer le tome 2 que de finir le 1, en se disant qu’avec l’âge, plus de titres et de renommée scientifique, elle pourra enfin faire ce qu’elle veut quand et comme elle le veut, ce qui, vu son côté « c’est une idée folle mais réalisons-la quand même » promet quelques aventures passionnantes.



D’autre part, si le personnage d’Isabelle et éventuellement celui de Jacob, son mari, sont bien (voire très bien) caractérisés (sans compter qu’Isabelle est doublement bien caractérisée, dans chacune de ses deux « versions », la vieille et la jeune), il n’en est malheureusement pas vraiment de même pour les personnages secondaires, qui en général peuvent être décrits par quelques adjectifs, voire un seul. Certes, et la version âgée l’explique très bien, l’Isabelle de 19 ans était tellement dévorée par sa passion pour les Dragons et tellement marquée par son inexpérience de la vie qu’elle a, souvent, négligé de porter un regard approfondi sur ceux qui l’entouraient, mais on a parfois le sentiment qu’elle analyse les autres sous un angle froid de naturaliste, et pas avec empathie. Maintenant, on peut sérieusement se poser la question de savoir si tout cela a été fait exprès par l’auteure ou si le manque de dimension des personnages secondaires est un défaut dans son écriture. J’ai personnellement du mal à trancher sur ce tome 1, je me forgerai une opinion définitive à la lecture des tomes suivants, opinion que je ne manquerai pas de préciser dans la critique de ces derniers.



Certains critiques parlent aussi d’un livre qui n’apporte rien au genre, ou à la littérature sur les dragons : je suis totalement en désaccord avec ça, à titre personnel. Au contraire, débarrasser le dragon de son aura surnaturelle / mythique / fantasy classique est une approche intéressante, rapprochant cette oeuvre de la cryptozoologie, voire même de la simple zoologie.



Le petit point de déception, pour ma part, est, comme je l’ai déjà évoqué, le fait qu’on reste un peu frustré par ce tome 1, alors qu’on sent un énorme potentiel pour la suite, avec une Isabelle plus âgée et plus libre de ses mouvements. En clair, on est sur du 4 étoiles pour le moment, même si on sent poindre la cinquième dès le tome 2, le 3 au pire. Est-ce un réel défaut pour autant, ou une puissante motivation à lire la montée en régime de la qualité du cycle et du personnage dans les tomes suivants ? Chacun tranchera, mais personnellement j’ai choisi d’opter pour la seconde option.



- En conclusion



Une fantasy historique à contexte victorien (mais dans un monde qui n’a rien à voir avec le nôtre) très réussie (mais à laquelle il manque un chouia pour être vraiment un chef-d’oeuvre), avec des dragons ramenés à une « simple » dimension animale et sans aucun élément classique de la fantasy (ni magie, ni elfes, ni nains, ni… rien).



L’aspect « fantasy of manners », avec une héroïne qui peine à se sortir de son strict carcan social, la narration autobiographique, le procédé de l’adresse, le style d’écriture très victorien (ainsi que le contexte Victorien, avec lequel il vaut mieux avoir un minimum d’affinité), l’absence d’action (mais pas de rebondissements ou de rythme) et l’absence des repères classiques de la fantasy pourront toutefois déstabiliser certains lecteurs, voire leur déplaire. Si vous êtes un adepte de Téméraire, sachez aussi que les points communs entre les deux cycles ne sont en fait qu’assez superficiels, et qu’aimer l’un ne signifie pas forcément accrocher à l’autre.



Tout compte fait, j’ai passé un très bon moment, j’achèterai sans hésiter le tome suivant, et j’ai été ravi par la très plaisante présentation de l’ouvrage. Si le budget n’est pas un problème, je vous conseille d’ailleurs fortement, dans ce cas précis, d’acquérir la version papier plutôt que numérique.
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Mémoires de Lady Trent, tome 1 : Une histoire..

Un livre offert par l’éditeur pendant les confinements de 2020, dont le sujet m’attirait et que j’étais bien décidé à lire.



Cette histoire, fantastique et non de fantasy, se présente sous la forme peu commune que sont des mémoires. Celles de la naturaliste passionnée par les dragons et qui les a étudiés pendant ce qui semble être le XIXè siècle !



J’ai bien apprécié le style, la forme et fond ! Le fantastique y est à travers les dragons mais une belle part est donnée aux mœurs du pays que les membres de l'expédition découvrent et de leurs relations avec les autochtones, comme l’on fait les premiers vrais explorateurs.



Le cœur de l’intrigue est le comportement des dragons qui a changé depuis quelques temps et l’expédition menée par lord Hilford, avec Isabelle Camherst en tête, va enquêter sur cette singularité.



Je vais chercher le roman suivant, l’expédition qui se profile me tente bien !



Challenge MAUVAIS GENRE 2021

Challenge ATOUT PRIX 2021
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Mémoires de Lady Trent, tome 2 : Le tropique ..

En Résumé : J’ai passé un très bon moment de lecture avec ce second tome des mémoires de Lady Trent. L’intrigue peut paraitre aux premiers abords répétitive, mais c’est dans l’évolution de l’héroïne, de ses combats et de l’univers que l’auteur arrive à renouveler son roman. En effet c’est vraiment dans l’évolution du destin d’Isabella que j’ai été happé, de par sa passion pour les dragons qu’elle arrive à nous partager, mais aussi dans ses combats pour être respectée alors qu’elle est une femme. L’univers développé continue à se densifier, nous faisant découvrir de nouveaux territoires dépaysant, de nouveaux dragons et de nouveaux personnages. La politique s’insinue aussi dans ce tome, forçant notre héroïne à devoir jongler avec des jeux de pouvoirs pour s’en sortir. Le personnage d’Isabella est toujours aussi captivante à découvrir, offrant une héroïne forte, charismatique et entraînante, qui pourrait paraître froide, mais qui finalement montre au fil du récit des sentiments complexes. Dommage que les personnages secondaires pâtissent un peu de l’aura de l’héroïne, mais je pense que cela va changer par la suite. Contrairement au premier tome, j’ai trouvé celui-ci mieux maîtrisé au niveau du rythme, moins de longueurs. Par contre, la conclusion me paraît toujours un peu précipitée, même si rien de non plus bloquant. Au final un second tome réussi, porté par une plume soignée et efficace. Il ne me reste plus qu’à faire entrer la suite dans ma PAL VO.





Retrouvez ma chronique complète sur mon blog.
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Mémoires de Lady Trent, tome 3 : Le voyage du..

Ça tourne en rond...



En un mot : mouais. J’étais enthousiaste à l’idée de lire un équivalent Fantasy du voyage de Charles Darwin, mais je ressors de ce tome 3 globalement déçu. Il y a trop de similitudes de structure entre les romans du cycle, les personnages secondaires sont trop évanescents, et globalement ça tourne trop en rond à mon goût (y compris sur l’aspect Fantasy of manners). De plus, le roman est mal équilibré, une des parties du voyage (dans un équivalent de la Polynésie) phagocytant beaucoup trop les autres et même la fin, pour le coup franchement tronquée. Cela ne m’empêchera pourtant pas de lire la fin du cycle, d’autant plus qu’apparemment, Isabelle va travailler avec l’armée du Scirland dans le tome 4. Mais disons que j’aborderai ce dernier avec une certaine méfiance, qui n’existait pas lorsque j’ai lu le tome 2 (que j’ai trouvé meilleur que le 1) ou ce tome 3.



L'argumentaire complet est à lire sur mon blog.
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Mémoires de Lady Trent, tome 5 : Le sanctuair..

Voici venue l’heure de dire au revoir à Isabelle Trent et ses dragons ! Marie Brennan signe avec ce dernier opus la suite et fin des mémoires écrits par la célèbre naturaliste qui revient depuis maintenant quatre tomes sur les découvertes scientifiques qui ont fait d’elle la plus grande spécialiste en matière de dragons. La construction de ce cinquième tome reste sans surprise relativement fidèle à celle des précédents : notre héroïne entend parler par hasard d’une nouvelle piste et se lance immédiatement dans la préparation d’une expédition périlleuse dont elle nous raconte à la fois les péripéties du voyage, mais aussi les découvertes scientifiques réalisées sur place, ainsi que leurs conséquences politiques. On pourrait trouver lassante la répétition de ce schéma narratif au fil des volumes, mais Marie Brennan maîtrise parfaitement son sujet et parvient malgré tout à embarquer le lecteur, contaminé par l’enthousiasme de la naturaliste à l’idée de réaliser une nouvelle découverte. Chaque tome se caractérisait également jusqu’à présent par un changement de décor, et « Le sanctuaire ailé » ne fait pas exception à la règle. Après la jungle, l’océan ou encore le désert, voilà qu’Isabelle Trent se retrouve à nouveau confrontée à la montagne. Rien à voir cela dit avec les sommets de Vystranie affrontés dans le premier tome, puisque nous nous trouvons ici dans ce qui pourrait être l’équivalent du Népal ou du Tibet, avec donc des montagnes et des glaciers d’une hauteur et d’une dangerosité sans commune mesure. Il en faut toutefois plus pour effrayer notre naturaliste, appâtée par la découverte récente d’un corps conservé dans la glace et qui serait celui d’une espèce encore non référencée de dragon. Difficile cependant de s’affranchir de la situation politique de l’époque, la guerre opposant le Yélang au Scirland faisant peser sur les scientifiques une lourde menace.



La série se sera révélée dans son ensemble très intéressante, même si le niveau varie en fonction des tomes, voire au sein même de ceux-ci. Ce cinquième volume est cela dit à placer dans le haut du panier, le récit ne souffrant que de très légers problèmes de rythme qui n’entament en rien la curiosité du lecteur ou son enthousiasme. Marie Brennan prend une fois encore le temps de poser le décor en insistant bien sur les spécificités de la nouvelle zone de recherche explorée ainsi que sur les dangers qu’elle recèle. L’occasion ici d’aborder un peu la naissance de l’alpinisme et les innovations réalisées en la matière, ainsi que les conséquences physiques de l’altitude et du froid sur le corps humain. Je reste en revanche moins convaincue par l’aspect politique développé dans chacun des tomes, celui-ci prenant à mon sens un peu trop le pas sur l’étude des dragons sans être pour autant aussi passionnant. Ce cinquième tome n’échappe pas à la règle, même si ce type de considérations occupe ici presque uniquement la fin du récit qui nous permet de découvrir encore un nouvel aspect de l’univers de l’auteur. Un univers qui fait toujours évidemment beaucoup penser au XIXe siècle dont on retrouve ici quantité d’éléments, à commencer par la rigidité et les carcans imposés par la société victorienne, mais aussi la formidable émulation qui régnait à l’époque et qui permit à la science de faire des progrès exceptionnels, et ce dans tous les domaines. On retrouve ce même état d’esprit dans les romans de Marie Brennan qui a de toute évidence réuni ici une documentation minutieuse sur les innovations scientifiques et technologiques de l’époque, que ce soit en matière de transport, d’alpinisme, d’anatomie, ou encore d’océanographie. On pense évidemment immédiatement à Darwin, à qui le troisième opus était d’ailleurs un clin d’œil assumé à son voyage à bord du Beagle qui lui permit de poser les bases de sa théorie de l’évolution, mais aussi à d’autres scientifiques à qui l’auteur fait référence de manière un peu plus subtile.



Il s’agit sans doute là de l’aspect le plus intéressant de la série, qui rend ainsi un bel hommage aux scientifiques qui ont consacré leur vie à tenter d’accroître les connaissances de l’humanité. Le fait que le protagoniste soit une héroïne permet aussi évidemment d’aborder la question de la place des femmes dans une société telle que celle de l’ère victorienne. A travers son parcours et le récit de sa carrière, Isabelle Trent évoque avec lucidité les obstacles qu’elle a pu rencontrer à cause de son sexe : difficulté d’être prise au sérieux, obligation d’en faire deux fois plus pour deux fois moins de reconnaissance et de visibilité, nécessité de se battre pour faire accepter son expertise dans un milieu exclusivement dominé par les hommes... On pense évidemment tout au long de la série à de grandes figures féminines qui ont sans nul doute inspiré l’auteur pour le personnage d’Isabelle Trent : la physicienne Marie Curie, la volcanologue Katia Krafft, ou encore les exploratrices Delia Akeley et Alexandra David Neel. On constate cela dit une évolution au fil de la série, la position de la femme en générale, et de notre héroïne en particulier, n’étant pas du tout la même entre le premier tome et le dernier. Le combat mené par les femmes pour conquérir leurs droits aurait sans doute mérité d’être un peu plus étoffé, mais ses effets se font bel et bien sentir sur la série : acquisition du droit de vote, nomination de femmes dans des académies ou à des postes jusqu’à présent exclusivement réservés aux hommes, accès assoupli à l’éducation pour les filles… Isabelle Trent incarne à merveille les bouleversements de son époque, et c’est non sans une certaine émotion que le lecteur se résout à dire adieu à une héroïne aussi passionnée, déterminée et peu soucieuse des conventions. Les personnages secondaires restent pour leur part plus en retrait, leur rôle se limitant un peu trop souvent à celui de simple figurant, mais la plupart demeurent malgré tout attachants.



Avec cet ultime volume des « Mémoires, par Lady Trent », Marie Brennan met fin à une série qui, certes, aura eu des hauts et des bas, mais qui reste dans l’ensemble de très bonne facture. Difficile de rester insensible au charme d’une telle héroïne, une femme faisant fi des convenances et de la bienséance, et qui décide de plonger dans un monde d’hommes afin de se consacrer pleinement à sa passion. Outre le travail de l’écrivaine, on peut également saluer celui de l’artiste, Todd Lockwood, qui aura illustré la totalité de la série, que ce soit par le biais des couvertures mais aussi des illustrations intérieures proposant de sublimes représentations de dragons. Dragons qui, s’ils ne parviennent pas à voler la vedette à la naturaliste, sont toutefois clairement mis à l’honneur dans chacun des cinq volumes.
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Mémoires de Lady Trent, tome 2 : Le tropique ..

Récompensé cette année par le Prix des Imaginales, le premier tome des aventures d'Isabelle Trent (« Une histoire naturelle des dragons ») relatait les débuts mouvementés d'une naturaliste spécialisée dans l'étude d'animaux d'un genre un peu particulier. La scientifique à la sulfureuse réputation poursuit ici son autobiographie avec le récit d'une autre expédition déterminante pour sa carrière, celle entreprise en Erigie à la rencontre des veurs des marais. En dépit d'un programme alléchant, ce « Tropique des serpents » n'est malheureusement pas vraiment à la hauteur de son prédécesseur. La principale raison tient au choix très discutable entre les événements que la narratrice décide de raconter et ceux qu'elle préfère passer sous silence. Le témoignage ici présent émanant d'une naturaliste passionnée par les dragons, on pourrait s'attendre à ce que les dites créatures occupent justement une place de premier plan dans le récit et que le reste ne soit mentionné que de manière anecdotique. Et c'est justement tout l'inverse. « Nombre d'entre vous sont sans nul doute impatients de quitter les chemins poussiéreux de l'histoire naturelle », écrira Lady Trent lors d'un des rares passages un peu plus détaillé concernant les dragons et leurs spécificités. Or, c'est justement cette perspective de découvrir les sauriens par le prisme de la science qui m'avait autant charmé dans le premier tome et que j'ai eu bien du mal à retrouver ici. Toute la première moitié du roman est ainsi consacrée aux préparatifs de l'expédition, soit près de cent cinquante pages au cours desquelles Lady Trent s'attarde sur tout un tas de commérages (tout en expliquant à plusieurs reprises à quel point elle les exècre...) sans qu'on ne voit l'ombre d'un dragon.



La seconde partie de l'ouvrage vient heureusement mettre un terme à la longue liste de potins relatés par la narratrice qui retrouve alors sa posture de naturaliste, et ce pour le plus grand plaisir du lecteur. Après les paysages froids et désolés de la Vystranie, notre savante doit ici s'acclimater à « l'Enfer vert », un décor tout à fait différent s'apparentant davantage à la forêt amazonienne. Le dépaysement est total et c'est avec beaucoup d'intérêt que l'on fait connaissance avec la faune et la flore locales, toutes deux décrites avec suffisamment de précision pour rendre l'immersion la plus convaincante possible. Et cela fonctionne à merveille. Veurs des marais, serpents arboricoles, dragulles, mâchoirons... : l'auteur profite notamment des nombreuses possibilités offertes par ce type de paysage pour étoffer un peu plus son bestiaire. Les illustrations insérées dans l'ouvrage par Todd Lockwood (à qui on doit toujours la très belle couverture) sont encore une fois un bonus appréciable permettant au lecteur de mieux se représenter telle espèce ou tel personnage. L'auteur retombe malheureusement dans les mêmes travers mentionnés plus haut lors des derniers chapitres en se focalisant davantage sur le rôle politique joué par notre héroïne plutôt que sur ses découvertes scientifiques. Si les subtilités des intrigues opposant le Bayembé au Scirland m'ont en ce qui me concerne laissé de marbre, elles témoignent malgré tout d'une louable volonté de la part de l'auteur de complexifier son univers sur le plan géopolitique ce qui peut difficilement lui être reproché. Les renseignements rapportés par la narratrice concernant le mode de vie peu ordinaire des rares habitants des marais sont en revanche plus intéressants, mais seulement parce qu'ils s'apparentent une fois encore à une démarche d'ordre scientifique.



Un second tome en peu en dessous du premier, en grande partie à cause de la volonté manifeste de l'auteur de se concentrer sur les scandales provoqués par son héroïne plutôt que sur les recherches menées par celle-ci. Dommage, car les passages au cours desquels Marie Brennan cherche à véritablement développer son bestiaire sont très convaincants. C'est avec impatience que j'attends maintenant le troisième volume de la série qui devrait paraître en France au printemps prochain.
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Mémoires de Lady Trent, tome 1 : Une histoire..

Je ne savais pas à quoi m'attendre et j'ai été séduite au point d'oublier que j'étais dans un roman fantasy. L'immersion est tel que l'on est happé en finissant par croire que l'on est dans un livre historique.

L'univers est bien travaillé, l'écriture fluide et soignée.

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La cour d'Onyx, tome 1 : Minuit jamais ne v..

Largement supérieur aux aventures de Lady Trent



Curiosité taxonomique, ce roman (le premier d’une tétralogie) propose une Urban Fantasy se déroulant… à la fin du XVIe siècle, dans une Angleterre où, sous la ville de Londres, existe une seconde reine, celle des Fae, à qui la souveraine mortelle doit son trône. Tout l’enjeu de l’intrigue sera donc de décrire et d’expliquer le complexe réseau de relations qui lie les deux cours (la mortelle et l’immortelle) entre elles, ainsi que les conséquences de certains pactes sur les nations et leur Histoire, qu’elles soient féeriques ou humaines, que sa chronique soit dans nos manuels… ou pas ! Voilà donc une Histoire secrète expliquant, par le biais du surnaturel, des événements bien réels, et mettant en scène les Unseelie les plus cruelles et malsaines de toute la SFFF à côté de personnages de nos manuels scolaires crédibles et intéressants. Deux personnages, une Fae en disgrâce et un humain sur la pente ascendante, vont devoir démêler l’écheveau des pactes passés et de leurs conséquences actuelles.



Largement supérieur, sur le plan de l’écriture (dont le rythme et l’utilisation des personnages secondaires), entre autres, au cycle plus connu en France de Lady Trent, celui-ci est à mon avis plus intéressant, surtout si, comme moi, tout ce qui tourne autour des cours féeriques vous fascine. J’y suis allé plutôt par curiosité taxonomique, j’en ressors ravi par une lecture tonique et envoûtante (le charme des fées, sûrement), et je lirai les tomes suivants avec plaisir. Car celui-ci est vraiment riche et propose différents niveaux de lecture qui intéresseront sans nul doute des publics très divers, depuis celui qui appréciera la reconstitution purement historique à celui qui sera fasciné par la façon dont le surnaturel s’y intègre, voire en explique les événements, en passant par celui qui sera attendri par les relations romantiques, qu’elles soient tragiques ou non, liant humains et Fae ou celui qui appréciera l’aspect enquête très développé de l’ouvrage.



Ce qui précède n'est qu'un maigre résumé (si, si) de la logorrhée que j'appelle une critique complète, que vous pouvez retrouver sur mon blog.
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