Marie Pavlenko

Retenir mon souffle
coeur suspendu
jusqu'à ce qu'enfin
ta voix s'élève
manteau magique

Je regarde les arbres et compte les voitures bleues.
Si on en croise treize, tout ira bien.
On en croise dix.
Ce jeu est débile.

( p 324)

C'est la raison pour laquelle on pleure: s'extraire du monde qui nous fait souffrir.
Les larmes brouillent les visages, les gens, elles protègent des méchants et de la réalité.
- Déborah

C'est bizarre d'être seul chez soi en sachant que l'immense majorité des gens brillent dans la lumière des guirlandes et se tartinent des petits fours arrosés de champagne plein de pesticides.

Son unique pied est démesuré. Il est surmonté d'une vaste couronne. Elle doit être lourde, cette couronne. Pourtant, elle chante et danse comme une chevelure vivante.

- J'ai découvert la lecture sous les arbres en été.
- Une définition du bonheur.

J'ai attrapé un bouquin au hasard, et j'ai commencé à le déchiffrer dans cette atmosphère nocturne si particulière : silencieuse parce que le monde dirune a cédé la place et que les habitants de la nuit ne font pas de bruit, et toi, toi qui es éveillé, à contre-courant, tu te sens vivant.

La légende familiale était un poison: contente-toi de ce que tu as, ne rêve pas trop grand, estime-toi heureux d'avoir un toit. Je ne voulais ni l'argent, ni la gloire, je visais la liberté.

Une tension dont je n'avais pas conscience s'est évaporée entre nous trois, parce que Jamal s'est délesté, que je ne porte plus son secret comme un petit baluchon rempli de plomb.

A cette seconde précise, notre rituel des cadavres exquis est né.
Le reste de la journée y est passé.
Parfois le cadavre est raté. La phrase sonne faux.La tournure est balourde, pâteuse. Personne n'est convaincu. Mais lorsque le hasard arrête de papillonner et embrasse notre cause, le résultat est magique et nous fait hurler de rire.

Je me retrouve avec Victor
Et potentiellement Gertrude
_Qu'est-ce qu'on fait si on la repère?

Je repense souvent à cette journée.
C’était le temps, sublime, de l’innocence.

-J’ai découvert la lecture sous les arbres en été.
-Une définition du bonheur.

Rita, quand elle sourit, c’est le printemps qui chasse l’hiver.

Le silence dit la vérité, en quelques sorte.

Le monde est une chimère au visage d'or et de soleil parfois hérissée de crocs, et à deux, on maintient la laideur à distance, pas toujours, mais par à-coups précieux qui aident à vivre.

[...] j'écoute la radio, des podcasts, des feuilletons. Je me dissous dans les voix. C'est la seule manière de ne pas sombrer, de résister aux crises d'angoisse.

Il suffit parfois de trois mots - c'est quoi trois mots ? Rien, une langue qui claque, un morceau de phrase, un vocabulaire désolant - pour remplir le ciel d'étoiles, pas vrai ?

Dans son beau roman Les grands cerfs,
l'écrivaine Claudie Hunzinger tisse un lien étroit entre femmes et animaux sauvages. D'après elle, ce qui les rapproche est leur statut de proie. Le vivant et le féminin sont les potentielles proies des hommes.
(P. 100)

Le patriarcat.
Il est gagnant. Vainqueur par K.-O.
Pour que les femmes de tous âges puissent s'élever dans la société, prendre en main leur destin, ne plus être cantonnées à des rôles subalternes, la sororité est indispensable.
Créons des cercles de quinqua et plus, dans lesquels partager, papoter, réfléchir, s'entraider et soutenir les plus jeunes.
Soyons des sorcières flamboyantes.
Soyons mi-sorcières, mi-orques, soyons des Sorques.
Maîtresses de leur vie, savantes.
Libres, ensemble.
Épaulons-nous.
(P. 108)