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Citations de Marin Ledun (375)


« Ils sont comme des enfants de cinq ou six ans, incapables de me cacher le moindre de leurs secrets. Je suis certainement le seul lien humain qui existe entre eux et personne ne s’en est jamais aperçu. Je suis leur confidente, leur mère, leur réceptacle, leur fosse à purin, leur objet de fantasme en même temps que la prostituée sur laquelle on s’épanche pour ne pas sombrer. Parfois tout cela à la fois.
Je suis le dernier recours.
L’extrême –onction.
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Toutes les preuves sont là dans mes rapports mais personne ne les lit parce que la direction départementale, la Sécurité sociale, l'inspection du travail et le conseil supérieur sont dépassés par la complexité du phénomène et pensent qu'il s'agit de cas isolés. La hiérarchie, elle, ne s'en inquiète pas parce qu'elle les lit comme les conséquences de problèmes personnels. Elle pense : Le suicide est une affaire privée et n'a rien à voir avec l'entreprise qui, elle, ne gère ni émotion ni troubles psychiques, mais des chiffres et des objectifs à atteindre.
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Les sociétés qui font bosser les journalistes ne veulent pas de critiques, elles veulent juste de la bonne information.
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Camille a capté notre bref échange. Elle me dévisage avec suspicion. Je feins de me laisser aller sur l'oreiller en guise de diversion et je fourre la main dans la poche de mon jeans pour y trouver le test de grossesse. J'entrouvre mes paupières. Nouveau clin d'œil de docteur-le-fouineur qui semble me dire « Je suis tombé dessus par hasard, je te jure ! » et à qui je balance mon regard torve qui signifie « Si tu parles, tu es mort, chacal puant ! ». Message reçu cinq sur cinq. Il referme sa sacoche, salue l'assemblée et prend congé. 
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Le médecin me fait un clin d'œil complice, lève discrètement l'index sur ses lèvres, puis il empoche le chèque.
Il sait.
Uniquement à l'aide d'un stéthoscope ?
Impossible.
Camille a capté notre bref échange. Elle me dévisage avec suspicion.
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Le monde n'était pas parfait. Les guerres fratricides et la misère déchiraient le Nigeria en deux. Lagos au sud captait tous les regards. Kaduna au nord n'était qu'un morceau de terre magnifique et désespéré au cœur d'un monde imparfait dans un pays déchiré.
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— Mais parle-moi de la France. C'est quoi, cette histoire de coronavirus ?
— Certains évoquent un risque épidémique. Il y a déjà plusieurs cas.
— Graves ?
Serena haussa les épaules.
— Apparemment, non. Disons que ça donne du grain à moudre aux ministres, après la crise des Gilets jaunes, et que ça occupe les éboueurs des chaînes d'information continue. Et ici ?
Favour feignit de frissonner de peur.
— Une nouvelle épidémie en Afrique ? Une épidémie de Blancs, en plus, mon Dieu, quelle horreur ! s'exclama-t-elle, avant d'éclater d'un rire clair et joyeux.
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Il était alors policier d'État à Kaduna, un sous-officier, grade de sergent niveau 6, un non-commissionned officer payé 55 144 nairas mensuels. Il faisait partie des agents intervenus le jeudi 26 septembre 2019 dans la « maison de l'horreur », une école coranique où plus de trois cents élèves de nationalités différentes, des garçons, croupissaient, victimes de viols et de tortures à répétition.
Pendant qu'il écoutait le récit de l'un d'entre eux, quelque chose s'était définitivement brisé en lui. Oni Goje était un bon musulman, père de cinq enfants, un brave type. Tout ça le dépassait.
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Gowon repensa aux paroles que la fille à la peau plus claire avait prononcées, après qu’il lui avait soutiré des aveux – « On va être bien sages, maintenant. On ne fera plus d’histoires, pro- mis, juré. » Des larmes délayaient le mascara qui cerclait ses yeux immenses, dessinant des sillons sinistres jusqu’à la commissure de ses lèvres. L’autre n’avait rien dit, elle savait déjà ce qui les attendait. Elle ne s’était pas débattue, elle n’avait pas hurlé. Elle avait simplement souri à l’intention de sa sœur de misère, fixant une dernière fois ses traits juvéniles, puis elle avait fermé les yeux.
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La fugitive jaugea longuement Serena Monnier, avant de passer la langue sur les lèvres et de s’éclaircir la voix.

– Je m’appelle Jasmine Dooyum, dit-elle d’une voix franche. Je vais bientôt fêter mes quinze ans et je veux vivre.
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Elle établit son autocritique. Elle détesta ce qu’elle vit et fut prise de vertiges et d’une furieuse envie de vomir.
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Elle alluma une deuxième clope, tira une bouffée et refit le fil de la soirée [d’anniversaire] – grosso modo, la même que celles des dix ou quinze années précédentes. Cadeaux à la con, amis qui n’en étaient pas vraiment, picole chaque fois un peu plus sévère, virée [en boîte] et baise rapide, rarement mémorable, avec le premier venu à qui elle devrait annoncer, dès la reprise du boulot, qu’il s’agissait d’une histoire sans intérêt et sans lendemain.
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Les « temps » ne couraient pas vraiment, dans le coin. Ils stagnaient plus ou moins, comme si le cours de l’histoire n’avait aucune prise sur eux. L’ascenseur social semblait en panne, mais les enfants continuaient d’entretenir les espoirs de leurs parents. Une sorte d’inertie bienveillante en forme de petite chapelle de marins, plantée au sommet d’une dune grignotée année après année par l’océan et menaçant de se renverser avant d’être engloutie par les flots à jamais, à l’image des blockhaus ensablés, vestiges du Mur de l’Atlantique, qui s’égrenaient le long de la côte.
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Le portable sonne quelque part dans une de ses poches, Korvine décroche et écoute : Fournier.
— J’ai quelque chose. L’ordinateur de Marion Chalembel était bien connecté à Internet à l’heure du suicide.
Korvine n’est pas capable de répondre.
Teint pâle, mains qui tremblent, voix cassée.
— 18 h 00 à 18 h 03, heure présumée du suicide, il y a eu une liaison par MSN avec un numéro situé sur la commune.
La webcam…
— Elle était bien allumée et surtout connectée quand Marion Chalembel s’est poignardée.
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La webcam est branchée. Un voyant rouge clignote. Quelqu’un enregistre la scène, deux pâtés de maisons plus loin. Qui interrompra la connexion avant que les parents de Marion ne découvrent le corps. Aucune véritable émotion, pas de voyeurisme. Debout, sans un cri, à peine un souffle.

Un ange qui meurt.

Le bruit de sa chute est couvert par les soupirs de satisfaction de son père quand apparaît la mine contrite du présentateur des informations régionales.
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Elle semble penser : beaucoup de bruit pour un suicide.
— Nous avons tous cru qu’il y avait eu un meurtre, que les parents de Marion étaient morts eux aussi… L’insécurité, la recrudescence des cambriolages dans le quartier… Vous me comprenez n’est-ce pas…
Le cinquième suicide en moins de vingt-quatre heures.
— J’ai peur pour mes enfants.
Ses doigts, blancs à force de trop les serrer.
— Mon mari dit qu’il ne faut pas que je m’inquiète.
Korvine lève les yeux sur elle.
— Pourquoi dit-il cela ?
Julie Constant esquisse une grimace.
— Pour me rassurer, j’imagine.
Korvine griffonne dans son carnet, puis le referme d’un coup sec avant de le fourrer dans sa poche.
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Tournon, ses petites histoires, ses vies enchevêtrées, les regards qui traînent et les voix qui enflent, les cousins, les amis, les fils des cousins, les filles des amies. Et maintenant les corps sans vie. Les cadavres des fils des cousins, des filles des amies.
Poser ses questions, remercier la voisine et s’en aller.
— Avez-vous remarqué quelque chose de particulier hier soir ? Avant ou après le… suicide… des cris dans la rue ? Une voiture qui n’aurait rien à faire là ? Un détail, n’importe quoi qui vous ait paru inhabituel ?
— Lieutenant, c’était la pagaille, vous savez… des cris, après, il y en a eu, la mère, Jul… le père de la petite, les voisins que vos collègues sont venus interroger en pleine nuit.
Elle semble penser : beaucoup de bruit pour un suicide.
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Korvine fait signe au jeune policier de sonner.
Un homme, la trentaine, apparaît dans l’entrebâillement de la porte d’entrée.
— Julien Chalembel ?
Le type acquiesce. Korvine s’avance.
— Lieutenant Alexandre Korvine, brigade de Valence. J’aurais quelques questions à vous poser.
Avant d’entrer, il fait signe à Revel de rester dehors sans prendre la peine de faire les présentations.
Claire Chalembel est allongée sur le canapé, la main sur son portable, le regard perdu en direction du téléviseur. L’intérieur est plus ordonné que l’extérieur. Des fleurs sur la commode, meubles Ikea, une petite bibliothèque appuyée contre le mur d’entrée.
Infanticide ?
Peu probable.
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Quartiers sud de Tournon, plusieurs lotissements de maisons individuelles coincés entre le Rhône, l’hôpital pour vieux et le centre de traitement des eaux usées. Vingt ans plus tôt, quelques fermes et des champs d’abricotiers recouvraient la quasi-totalité du secteur où Korvine faisait l’école buissonnière. La maison des Chalembel se dresse au centre d’une décharge de palettes, de machines plus ou moins rouillées et d’un potager à l’abandon. Rapide coup d’œil alentour. Pelouses soignées, rue entretenue, rien de particulier.

Korvine fait signe au jeune policier de sonner.
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— Je te fais confiance. Tu feras équipe avec le jeune Revel.
Puis, comme pour se justifier :
— Il connaît la ville comme sa poche.
Korvine secoue la tête avec agacement, puis il quitte la pièce et dévale l’escalier, espérant commencer son enquête sans le bleu. Dans le hall, les deux flics sont toujours là, mais le type derrière le comptoir a disparu. Korvine leur adresse un petit salut de la main et se précipite vers la sortie.
Prendre l’air.
Respirer.
Sourire aux lèvres, le lieutenant Richard Revel l’attend devant la Laguna.
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