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Citations de Mario Vargas Llosa (697)


Les habitants d'Amotape, gens pauvres et crasseux, vivent des chèvres, du coton ainsi que des routiers et camionneurs qui se détournent de la route entre Talara et Sullana pour boire au village une calebasse de bière de maïs ou manger des brochettes. Le nom du lieu, d'après une légende de Piura, vient de l'époque coloniale, quand Amotape, bourg important, avait un curé avare qui détestait donner à manger aux gens de passage. Sa bonne, qui le suivait dans sa ladrerie, dès qu'elle voyait pointer un voyageur, l'avertissait: "Amo - mon maître - tape - couvrez - , couvrez la marmite, il y a des gens qui arrivent".
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Car tu sais une chose? Le bonhomme que je suis ne mourra pas avant de s'être envoyé cette grosse-là ni savoir qui a tué Palomino Molero. Ce sont mes deux buts dans la vie Lituma. Plus encore que l'ambition du galon, même si tu ne me crois pas.
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La plus grande ouverture au dialogue avec d’autres systèmes de valeurs doit coexister avec le sentiment profond que certaines valeurs relèvent de l’universel-humain, de ces « lois non écrites des dieux » affirmées par Antigone. Avant de commencer ce dialogue, dans la pièce d’à côté nous parlions de deux épisodes contradictoires qui montrent que la rencontre entre des cultures peut parfois poser des problèmes auxquels on risque de ne pas apporter la bonne réponse. En Suisse, un référendum a interdit les minarets, ce qui dénote une fermeture absolument inacceptable et impensable, un refus haineux et régressif de l’autre. A contrario, au Danemark, le texte d’un conte d’Andersen figurant dans les programmes scolaires a été expurgé de ses références chrétiennes, pour ne pas offenser les musulmans. Décision elle aussi inacceptable, car absurde, grotesque même. Pourquoi, pendant qu’on y est, ne pas publier les poèmes de Brecht sans le communisme, les œuvres de Manzoni sans le catholicisme, le Coran sans Mahomet ? Il s’agirait d’une censure effrayante, pire que le bûcher pour les livres, car falsifier un livre, c’est pire encore que le détruire.
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Nous n’avons pas une seule identité, mais plusieurs ; quand on parle d’identité, il faudrait toujours le faire au pluriel. Elle se décline en effet en nationale, régionale, religieuse, politique, culturelle, sexuelle et bien d’autres encore. L’identité politique, par exemple, peut parfois être plus importante même que l’identité nationale : je suis pour ma part beaucoup plus proche d’un libéral de l’Uruguay que d’un fasciste italien. En outre, comme l’a écrit Roberto Toscano, les identités ne peuvent jamais être photographiées, c’est-à-dire définies, mais devraient toujours être « cinéma-tographiées », car elles ne sont pas statiques mais dynamiques, elles bougent, changent et se transforment au fil du temps.
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Si pour moi le monde commençait et finissait de part et d’autre de Trieste, à la périphérie de ma ville natale, je perdrais non seulement le monde, mais aussi la signification et le sens même de Trieste, de sa particularité en tant qu’image concrète du monde.
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Il existe de nombreux cas, déconcertants et inquiétants, de grands écrivains qui ont fait preuve d’un aveuglement catastrophique sur le plan politique, et cela doit nous mettre en garde contre la tentation de croire que la pratique de la littérature va forcément de pair avec une compréhension profonde de la politique.
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Le roman a été le genre le plus censuré, pourchassé ou interdit. Sans nulle exception. Les dictatures religieuses ou politiques, d'extrême droite ou d'extrême gauche, accouchent toujours de régimes de censure, dans leur effort pour contrôler le monde de la fantaisie et de l'invention. Comme s'ils voyaient tous dans la littérature un danger pour leur propre existence. Et ils ne se trompent pas. Il y a un risque à laisser une société produire de la littérature et s'en nourrir. Une société imprégnée de littérature peut moins facilement être manipulée, soumise, abusée par le pouvoir, parce que cet esprit d'inquiétude suscité par une grande œuvre littéraire fera des citoyens plus critiques, indépendants et affranchis que ceux qui ne vivent pas cette expérience.
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Je ne crois pas, surtout en ce qui concerne le style, qu'il s'agisse d'un choix délibéré, car un écrivain ne choisit pas, il fait ce qu'il peut, c'est-à-dire ce qu'il doit : c'est ce qu'il veut exprimer, c'est l'objet qui lui dicte pour ainsi dire son style.
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On ne sut jamais le nombre des victimes, mais elles furent des centaines, peut-être des milliers, des gens ordinaires, des paysans sans nom, sans histoire, à qui la distribution des lots de terres nationalisées était apparue comme un cadeau tombé du ciel et qui, quand on dérogea à la loi sur la réforme agraire et qu'on les obligea à rendre les domaines dont ils se croyaient déjà propriétaires, restèrent abasourdis. Certains se soumirent, mais d'autres les défendirent bec et ongles, se faisant torturer et tuer ou restant de longues années au trou sans rien comprendre de ces étranges mutations dont ils étaient d'abord les bénéficiaires puis, au bout de deux ou trois ans, les victimes.
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Comment était-il possible que les gouvernements de Juan José Arévalo et de Jacobo Árbenz, acharnés à mettre fin au féodalisme au Guatemala et à convertir le pays en une démocratie libérale et capitaliste, aient provoqué semblable hystérie chez l'United Fruit et aux États-Unis ? Que les propriétaires terriens guatémaltèques s'indignent, il pouvait le comprendre, c'étaient des gens confits dans le passé. Il comprenait aussi l'United Fruit, bien sûr, qui n'avait jamais payé d'impôts auparavant. Mais à Washington ! C'était ça la démocratie que voulaient les gringos pour l'Amérique latine ?
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Mario Vargas Llosa
Guimarães Rosaa écrit un roman ambigu, multiple, destiné à durer, difficilement saisissable dans sa totalité, trompeur et fascinant comme la vie immédiate, profond et inépuisable comme la réalité elle-même. C'est probablement le plus bel éloge que puisse recevoir un créateur.

A propos de Diadorim et dans la préface française de ce dernier.
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Je lui expliquai que l'amour n'existait pas, que c'était une invention d'un Italien appelé Pétrarque et des troubadours provençaux. Que ce que les gens croyaient être un jaillissement cristallin de l'émotion, une pure effusion du sentiment, était le désir instinctif des chats en chaleur dissimulé sous les belles paroles et les mythes de la littérature. Je ne croyais rien à cela, mais je voulais me rendre intéressant.
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Elle était mince, pieds et mains menus, les cheveux maintenant noirs et non plus clairs retenus par un ruban et lui tombant aux épaules. Et ce miel obscur au fond des yeux.
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C'est pourquoi il est impossible d'apprendre à un autre à créer ; tout au plus peut-on lui apprendre à écrire et à lire. Le reste, chacun l'apprend soi-même en trébuchant, en tombant et en se relevant sans cesse.
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Il s’était étendu sur le terrorisme en justifiant sa politique « à poigne » par un exemple qui fit dresser les cheveux sur la tête de plusieurs convives : « Qu’importe si sur vingt mille morts il y a quinze mille innocents, pourvu qu’on tue cinq mille terroristes. »
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— C’est pourquoi je garde les rênes, acquiesça Trujillo. Sinon, j’aurais pris ma retraite, comme me l’avaient conseillé les émissaires du président Eisenhower, William Pawley, le général Clark et le sénateur Smathers, mes amis yankees. « Passez à l’Histoire comme un homme d’État magnanime, qui a cédé le gouvernail aux jeunes. » Voilà ce que m’a dit Smathers, l’ami de Roosevelt. C’était un message de la Maison-Blanche. Ils étaient venus pour ça. Pour me demander de partir et m’offrir l’asile politique aux États-Unis. « Votre patrimoine sera assuré là-bas. » Ces cons-là me prennent pour Batista, Rojas Pinilla ou Pérez Jiménez. Moi, je ne partirai que les pieds devant.
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Et sa femme — car cette grosse vieille peau, la Très Honorable Dame, était sa femme, après tout — avait pris au sérieux son activité d’écrivaine et de moraliste. Pourquoi pas ? Les journaux, la radio, la télé ne le disaient-ils pas ? Et ces Méditations morales, préfacées par le Mexicain José Vasconcelos, n’étaient-elles pas un livre de lecture obligatoire dans les écoles, réimprimé tous les deux mois ? Fausse amitié n’avait-il pas été le plus grand succès théâtral des trente et une années de l’Ère Trujillo ? Les critiques, les journalistes, les universitaires, les curés, les intellectuels ne l’avaient-ils pas porté aux nues ? Et loué ses concepts les gens de soutane, les évêques, ces corbeaux hypocrites, ces Judas, qui après avoir vécu à ses crochets, s’étaient, comme les Yankees, mis à parler des droits de l’homme ? La Très Honorable Dame était écrivaine et moraliste. Pas grâce à elle, mais grâce à lui, comme tout ce qui se passait dans ce pays depuis trois décennies. Trujillo pouvait transformer l’eau en vin et multiplier les pains, si ça le chatouillait. Il le rappela à María lors de leur dernière dispute : « Tu oublies que ce n’est pas toi qui as écrit ces conneries, toi qui ne sais même pas signer ton nom sans faire de faute, mais José Almoina, ce salaud de Galicien, payé par mes soins. Tu ne sais pas ce que disent les gens ? Que les initiales de Fausse amitié, F et A, signifient Fait par Almoina. »
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«  Il n’y a pas de manie ou de phobie qui manquent de grandeur, étant donné qu’elles constituent l’originalité de l’être humain , la meilleure expression de sa souveraineté. »
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Au sujet de Dieu, il faut croire, et non raisonner, disait Herbert. Si on raisonne, Dieu part en fumée comme une bouffée de cigarette.
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"Le pire du pire, mon frère, serait que celui qui se trouve derrière cette opération soit qui tu imagines.
- Je n'imagine rien, Luciano. Sois plus clair, je t'en prie.
- Le sinistre Docteur, en personne, dit Luciano en baissant la voix. Il est tout à fait capable de monter un coup comme celui-là, aussi tordu. Surtout s'il y a beaucoup d'argent à  ramasser.
- Le propre conseiller de Fujimori ? s'étonna Quique. 
- L'homme fort de ce gouvernement, celui qui fait et défait tout, le véritable patron du Pérou, lui rappela Luciano
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