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Citations de Mario Vargas Llosa (697)


Lituma crut entendre le colonel claquer la langue, comme s’il allait cracher. Mais il ne le fit pas.
- Je lui ai donné ce prix de consolation, pour qu’avec cette balle dans la tête
il puisse apaiser son orgueil blessé, dit-il froidement. Il m’a surpris. Il ne
semblait pas capable d’une telle chose. Les aviateurs aussi m’ont surpris.
C’était ses compagnons, après tout. Il y a un fond bestial, chez tous. Avec
ou sans éducation, tous. [...]. Un tel acharnement n’était pas nécessaire,
évidemment. Je ne regrette rien, si c’est ce que vous voulez savoir. A-t-on
jamais vu un troufion enlever et violer la fille du commandant de sa base?
Mais moi j’aurais fait ça de façon plus rapide et plus propre. Une balle
dans la nuque un point c’est tout.
“Lui aussi il est comme sa fille, pensa le gendarme. Elusions, non delusions, c’est ça.”
- Il l’a violée, mon colonel? - Lituma se dit, une fois de plus, que le
lieutenant formulait les questions qui lui venaient à l’esprit. - Qu’il l’ait
enlevée, c’est un fait. Quoiqu’il serait plus juste de dire qu’ils se sont
enfuis. Ils étaient tous deux amoureux et ils voulaient se marier. Tout le
village d’Amotape pourrait en témoigner. Quelle sorte de viol est-ce là?
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Sais-tu quelle est la différence entre une grosse et une femme bien en chair, Lituma? La grosse est flasque, molle, déliquescente. Tu touches et ta main s’enfonce comme dans un fromage qui coule. Tu te sens eu. La femme bien en chair est dure, pleine de partout, elle a tout ce qu’il faut et bien davantage. Et tout au bon endroit. Dans de bonnes proportions et en harmonie. Tu touches et ça résiste, tu touches et ça rebondit. Il y a là toujours de quoi faire, plus qu’il n’en faut pour te rassasier et même te régaler.
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Au village on ne parle pas d’autre chose, dit Doňa Adriana. J’y vis depuis que je suis née et jamais au grand jamais je n’ai vu de ma vie à Talara tuer quelqu’un avec cette férocité. Chez nous les gens se tuent comme il faut, en combattant d’égal à égal, d’homme à homme. Mais comme ça, en crucifiant, en torturant, jamais de la vie. Et vous, vous ne faites rien, vous n’avez pas honte ?
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Voilà ce que c’est que devenir flic, dit José. On en prend plein la tronche, et toi d’abord ça ne te vaut rien. Un flic, ça doit avoir un coeur de pierre, il doit même, s’il le faut, être un sacré fils de pute. Mais toi tu es sentimental comme c’est pas possible, couillon de la lune.
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[Lors de l'insurrection de Pâques 1916] Il n'y eut pas que les voleurs à tenir tête aux rebelles dans les rues de Dublin. Mais aussi de nombreuses mères, épouses, sœurs et filles des policiers et des soldats que les insurgés avaient attaqués, blessés ou tués pendant le soulèvement, des groupes parfois nombreux de femelles intrépides, exaltées par la douleur, le désespoir et la rage. Dans certains cas, ces femmes en étaient venues à se lancer contre les postes rebelles, insultant, criblant de pierres et de crachats les combattants, les maudissant et les traitant d'assassins. Cela avait été l'épreuve la plus difficile pour ceux qui croyaient avoir de leur côté la justice, le bien et la vérité : de découvrir que ceux qui les affrontaient n'étaient pas les chiens de garde de l'Empire, les soldats de l'armée d'occupation, mais d'humbles Irlandaises, aveuglées par la souffrance, qui ne voyaient pas en eux les libérateurs de la patrie, mais les assassins de leurs êtres chers, de ces Irlandais comme eux dont la seule faute était d'être pauvres et de faire ce métier de soldat ou de policier qui sert toujours à gagner leur vie aux déshérités de ce monde.
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Un amalgame de mensonges transformés en vérités par de gigantesques conspirations des puissants ...
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Avec subtilité et opportunisme. En organisant les chose de façon que l'opinion publique, décisive dans une démocratie, fasse pression sur le gouvernement pour qu'il agisse afin de mettre un frein à une menace sérieuse.
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La manipulation consciente et intelligente des comportements constitués et de l'opinion des masses est un élément important de la société démocratique. Ceux qui manipulent ce mécanisme méconnu de la société constitue un gouvernement invisible qui a le pouvoir véritable de notre pays... La minorité intelligente a besoin de faire un usage continu et systématique de la propagande.
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Tu ne comprends pas cela, Urania. Il y a beaucoup de choses de l'Ère que tu as fini par tirer au clair ; certaines, au début, te semblaient inextricables, mais à force de lire, d'écouter, de comparer et de penser, tu es parvenue à comprendre que tant de millions de personnes, sous le rouleau compresseur de la propagande et faute d'information, abruties par l'endoctrinement et l'isolement, dépourvues de libre arbitre, de volonté, voire de curiosité par la peur et la pratique de la servilité et de la soumission, aient pu en venir à diviniser Trujillo. Pas seulement à le craindre, mais à l'aimer, comme les enfants peuvent aimer les pères autoritaires, se convaincre que les châtiments et le fouet sont pour leur bien. Ce que tu n'as jamais réussi à comprendre, c'est que les Dominicains les plus chevronnés, les têtes pensantes du pays, avocats, médecins, ingénieurs, souvent issus des meilleures universités des États-Unis et d'Europe, sensibles, cultivés, expérimentés et plein d'idées, probablement dotés d'un sens développé du ridicule, de sentiment et de susceptibilité, aient accepté d'être aussi sauvagement avilis (ils l'ont tous été au moins une fois) comme ce soir-là, à Barahona, don Froilàn Arala.

p.87
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— Je vais assassiner Trujillo, monseigneur. Y aura-t-il un pardon pour mon âme ?
Sa voix se brisa. Il restait les yeux baissés, respirant avec anxiété. Il sentit sur son dos la main paternelle de monseigneur Zanini. Quand enfin il leva les yeux, le nonce tenait à la main le livre de saint Thomas d'Aquin. Un de ses doigts signalait un passage, sur la page ouverte. Salvador se pencha et lut : "L'élimination physique de la Bête est bien vue par Dieu si grâce à elle on libère un peuple."

p.275
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Il alluma une cigarette et tira plusieurs bouffées, en rejetant la fumée vers la mer où la clarté de la lune brasillait en folâtrant entre les vagues.

p.209
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Au loin, une sirène blesse la nuit.

p.386
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« Le mot clé pour la pacification de l’Irak est le travail », affirme le ministre Askari. Il est plein de fougue, optimiste, très mince, et parle avec les mains, comme un Italien. « Le fanatisme islamiste, par exemple, serait réduit de façon drastique si tous ces chômeurs commençaient une bonne fois pour toutes à travailler et à gagner un salaire. Quand on n’a rien à faire, on peut aller cinq fois par jour à la mosquée et vivre mentalement prisonnier de ce qu’on y prêche. Si on travaille huit heures, plus les allées et venues, plus le temps consacré à la famille, la religion ne peut plus être la seule occupation dans la vie. Il y a d’autres choses tout aussi importantes qui surgissent. Alors certaines toiles d’araignée dans la tête se défont et on adopte des idées plus modernes. »
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Cabral vit un petit tableau sur le mur, parmi les étagères de livres, qui était une citation de Tagore : " Un livre ouvert est un cerveau qui parle ; fermé, un ami qui attend ; oublié, une âme qui pardonne ; détruit, un cœur qui pleure."

p.304
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L’Irak est le pays le plus libre du monde, mais comme la liberté sans ordre et sans lois n’est que chaos, c’est aussi le plus dangereux.
(p. 14, Chapitre 1, “La liberté sauvage”).
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L’imagination engendre des réalités, les romanciers le savent très bien.
(p. 21, Chapitre 1, “La liberté sauvage”).
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Le 15 octobre 2002, pour fêter sa réélection comme président avec cent pour cent des voix, Saddam Hussein ouvrit les prisons du pays, libéra tous les détenus de droit commun et fit tuer la majorité des prisonniers politiques. Combien en relâcha‑t‑il ? On me donne des chiffres farfelus qui vont de trente mille à cent mille. Cela n’explique pas toutes les exactions, mais tout de même une bonne partie d’entre elles, m’assure l’archevêque Fernando Filoni, nonce de Sa Sainteté. Spécialiste des catastrophes, il a commencé sa carrière diplomatique au Sri Lanka lorsque les Tamouls décapitaient ou égorgeaient ; puis il a représenté le Vatican à Téhéran sous les bombardements de la guerre avec l’Irak, « lesquels ne nous laissaient pas dormir ».« Le manque de pratique de la liberté produit, au début, des catastrophes. C’est pourquoi le pape, qui sait beaucoup de choses, s’est opposé à cette guerre. Les États‑ Unis qui ont voulu aller trop vite se sont soudain retrouvés face à quelque chose qu’ils n’avaient pas prévu : le vandalisme généralisé. »
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- Il s'agenouille comme un chien et me baise les pieds, l'entendit-il s'écrier
d'une voix altérée par l'un de ces accès de fureur intempestif. L'amour n'a pas de frontières, dit-il. Le monde ne comprendrait pas. Le sang appelle le sang, dit-il. L'amour est l'amour, une avalanche qui entraîne tout sur son passage. Quand il dit cela, quand il fait ces choses, quand il pleure et me demande pardon, je le hais. Je voudrais qu'il lui arrive les pires choses.
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L'inexpérience érotique des époux fit que la consommation du mariage fut très lente, un véritable feuilleton où, entre les velléités et les fiascos par précocité, manque de précision dans le tir et fausse route, les chapitres se succédaient, le suspense allait croissant, et l'hymen têtu n’était toujours pas perforé. Paradoxalement, s’agissant d'un couple si vertueux, doña Zoila perdit d'abord sa virginité (non par vice mais par hasard stupide et manque d’entraînement des nouveaux mariés) de façon hétérodoxe, c’est-à-dire sodomique.
Hormis cette abomination fortuite, la vie du couple avait été fort correcte.
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Aussi faut-il le répéter sans cesse jusqu'à en convaincre les nouvelles générations : la fiction est plus qu'un divertissement, plus qu'un exercice intellectuel qui aiguise la sensibilité et éveille l'esprit critique. C'est une nécessité indispensable pour que la civilisation continue d'exister, en se renouvelant et en conservant en nous le meilleur de l'humain.
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