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Citations de Marion Muller-Colard (228)


Au fond, elle était jalouse, oui. Non pas que Bastien puisse lui préférer Clothilde. Mais que Clotilde puisse aimer Bastien mieux qu'elle n'y parvenait elle. Cette pensée la rongeait comme un acide. p.55
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Les yeux de Bastien n'ont jamais rien suivi. Ni bébé, ni plus tard... Autrement dit, rien n'a jamais fait naître dans ses yeux l'intelligence du regard. Ses yeux étaient des vitres opaques. Qu'y avait-il derrière ? Pense-t-on jamais à ce qui se joue pour que des yeux luise un regard, pour qu'ils projettent, crachent, apostophent, lancent au monde quelque chose de l'intérieur ? Pour qu'ils parlent, en quelque sorte, qu'ils rendent lisibles le dedans pour le dehors. A quoi voit-on que des yeux regardent ? p.52
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Mais la psychologue n'écoutait pas les corps, n'entendait rien du mutisme, allait chercher au forceps des mots que Sylvia ne pouvait pas donner... Alors pendant que la psychologue parlait de choc post-traumatique et de la nécessité de parole, Sylvie retournait la terre, le temps et les océans, elle dynamitait des montagnes et entrait dans un monde à l'envers qu'elle avait connu il y a très longtemps. Elle retrouvait les mondes enfouis de son enfance et il aurait fallu beaucoup de silence pour avoir la moindre chance de la suivre jusque-là. p.38
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Cette femme n'était que bouche, d'ailleurs elle parlait beaucoup trop et beaucoup trop fort. Comme le jeune médecin, elle ne cherchait pas ses mots : ils étaient là, prêts à l'usage... Faute, culpabilité, parole. Il faudrait songer à dire à ces intervenants de l'urgence que la sidération abolit toute grammaire. On n'y entend plus aucune phrase, seulement des mots. Dites à cette jeune mère : " la naissance tragique de votre fils n'est pas de votre faute", elle n'entendra que "faute". p.37
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Peu importe qui est ce défunt, vous voyez bien que c'est quelqu'un, et qu'on peut dire de lui qu'il a été vivant et que cela, vraiment, fait une grande différence de le savoir mort. Il se trouvera toujours quelqu'un pour dire que c'était un type bien. p.31
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Qui que fût le défunt, il se trouvera toujours quelqu'un pour dire : c'était un type bien. Un type bien, un connard, un homme fidèle, un père aimant. S'il était boulanger, on parlera de son pain. Enseignant, on parlera de ses cours... Il se trouvera toujours quelqu'un pour dire : c'est fou tout de même, je l'ai encore croisé la semaine dernière, on a parlé cinq minutes sur le trottoir, il avait l'air en pleine forme. p.29
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On n'apprenait pas la mort aux futurs médecins. La mort, comme tout le monde, les médecins l'apprenaient sur le tas. En choisissant la psychiatrie comme spécialité, Clothilde s'était épargné ce bras de fer avec elle, bras de fer auquel étaient voués les chirurgiens, les oncologues, les anesthésistes... p.28
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Tout le monde n’a pas le don des larmes. Les enfants l’ont. On le leur retire comme un jouet obsolète. Certains résistent, conservent l’art secret de pleurer. D’autres devront apprendre à nouveau, remonter les bras morts de leur vie, retrouver l’art antique des sourciers.
Sylvia n’a pas désappris à pleurer : elle est née sèche.
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Il me semble qu'aucun de nous n'a bougé
pourtant me voici dans ses bras
nouvelle-née, minuscule, hébétée
Par ma naissance inattendue
et contre sa poitrine
dans laquelle résonne encore le gong
de la création
je redis oui
A tout
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On raconte
que lorsqu'on meurt
on remonte une galerie
bordée des êtres aimés

ces parents ces amis ces anonymes
qui dessinent le sentier

cette houle humaine symétrique
à celle qui
lorsque l'enfant paraît
applaudit à grands cris
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Savoir pleurer
est un don de l'esprit

Nous portons sans cesse nos yeux
sur le monde
Leur taux d'humidité
dira sans mentir
si nous sommes capables d'aimer

Les larmes sont conductrices

Elles sont aussi les premiers secours
prodigués par Dieu
lorsqu'il trouvé inanimés
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Saint Ignace, tout nous sépare
et je ne suis pas venue pour toi
je suis protestant
je suis venue jeûner
prier à ma manière

Seulement tu es là dans ces murs
où d'autres vivent de tes exercices depuis
plusieurs décennies

Ici la Parole se mange
la mâcher est une prière
le silence
une caisse de résonance
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Au seuil de ta demeure
que j'ai trouvée en moi
je sais qu'être accompli
signifie
être capable
d'infinis
recommencements
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Dieu n'a d'yeux
que rieurs.
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Il arrive que tomber et se relever ne soit en effet qu'un seul et même mouvement. Comme mourir et naître, se perdre et se trouver.
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L’Evangile me flanque un nouveau-né dans les bras et me dit: voilà ton Dieu. Parce que tu es fragile, il s’est fait fragile lui aussi. Tu comptes sur lui ? Tu as raison. Et parce que tu comptes sur lui, il compte aussi sur toi. Nous ne sommes pas en terre de certitudes, nous sommes sur un chemin de confiance: à chaque pas, tu remises tout. Il n’y a pas de oui une fois pour toutes. Si tu cherchais la tranquillité, assurément tu fais fausse route.
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Dieu révèle, par ce simple projet - se laisser mettre au monde par le corps d'une femme - une révolution religieuse qui ne laissera personne tranquille. Ni le principal intéressé, ni sa mère, ni son père voué au scandale et à l'adoption. Ni les athées agacés, ni les croyants déroutés. Ni vous, ni moi.
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La grâce est l'une de ces astuces de Dieu, qui fait dire oui sans qu'on sache à quoi on acquiesce.
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Je crois qu'il n'existe pas non plus de formation universitaire qui prépare à la grâce.
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Ce que Job a perdu, c'est davantage que sept fils, trois filles, sept mille moutons, trois mille chameaux, cinq cent paires de boeufs, cinq cents ânesses, une très nombreuse domesticité et la santé. Ce qu'il a pedu d'essentiel, c'est la sécurité de l'enclos. La plainte désigne les barrières arrachées, le portail battant au vent. Elle désigne l'impossibilité de reconstruire puisque la menace n'a pas dit son vrai nom et qu'in ne saurait pas comment la refouler aux marges de l'enclos. A quoi bon rebâtir ce qui peut être aussitôt arbitrairement détruit ? A quoi bon mettre des enfants au monde s'ils peuvent en être subitement retirés sans préavis ?
Job a perdu la confiance en ce Dieu contractuel qui protégeait sa vie.
Ce qu'il faut comprendre – pour comprendre mon vieux frère Job et tous les frères et soeurs qui le suivirent dans la gueule de la plainte, c'est que le contrat brutalement rompu contenait un trésor dont dépendent tous les autres trésors : l'appétence de la vie et l'appétit des vivants.
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