Blues pour un tsigane
Un petit polar de Martin Cruz Smith qui détonne et qui m'a étonné.
Avant de parler de l'intrigue, c'est surtout les univers du roman qui m'ont interpellé.
Univers amenés et portés par le héros, romani et antiquaire: Roman Grey pour les gadjé ou Romano Gry pour les tsiganes.
Orphelin depuis son jeune âge, il a pu, contrairement à ses parents, lors d'un voyage en Europe pour se rendre à un mariage en Roumanie, échappé aux camps de concentration.
Il a pu être recueilli et chaperonné par un antiquaire New-Yorkais, James Oliver, qui a su toujours être bienveillant avec lui.
Nous pénétrons dans l'univers tsigane grâce à Grey qui nous introduit au près de personnages secondaires très forts, emblématiques de la culture tsigane.
Je pense entre autres à Vera que l'on voit organiser une ofisa en quelques heures, lieu où elle pourra pratiquer la chiromancie et la divination.
Martin Cruz Smith utilise de nombreux stéréotypes dans son intrigue afin d'appréhender les préjugés et les injustices dont les minorités sont victimes.
Nous pénétrons également dans l'univers des antiquaires, leur monde.
Ainsi aujourd'hui je sais ce qu'est l'orpiment et peut-être serais-je capable de reconnaître le style Chippendale ou Queen Anne.
Mais revenons maintenant à l'intrigue .
Un accident routier sur le Washington Bridge a eu lieu: les deux conducteurs ont trouvé la mort mais dans la voiture de l'un deux a été retrouvé le corps découpé d'une jeune femme de type caucasien.
Le rapport de police indique que le corps provient de la Cadillac Eldorado conduite par Nanoosh Pulneshti, un tsigane.
L'affaire est alors aussitôt confié à l'inspecteur Harry Isadore, spécialiste de la communauté qui va aussitôt entreprendre et en informer son ami Roman Grey.
Tout désigne Nanoosh (surtout les préjugés) pour en faire un assassin...
Mais Grey n'est pas de cet avis.
Tout au long du récit il oeuvre dans l'ombre de l'inspecteur Isadore pour prouver que Nanoosh qu'il connaissait très bien est innocent, et pouvoir ainsi laver son mulo pour qu'il repose en paix.
Ses recherches personnelles vont l'amener à trouver plus que des indices qui permettront à l'inspecteur de classer l'affaire.
Un roman très dépaysant qui permet de se familiariser avec l'histoire, les pratiques et les rites des Tsiganes.
Personnellement, je suis tombée sous le charme de Roman Grey, héros aux nombreux talents.
Blanc manouche ou tsigane blanc, son histoire et ses origines lui permettent de naviguer d'une culture à l'autre.
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Petit thriller original dans sa localisation et dans la narration. L’enquêteur Arkady est intègre, sans défaut majeur (pas d’alcoolisme, pour un russe...) ni super pouvoir (genre ancien des forces spéciales...).
Il nous emmène à bon train (transsibérien) enquêter dans cet Est si immense et mystérieux : la Sibérie.
Irkoutsk, Tchita, le lac Baïkal, les bouriates... gros dépaysement en perspective.
Intelligemment, ce roman reste essentiellement un thriller et s’appesantit assez peu sur la psychologie des personnages, sur les descriptions des coutumes locales. Là où il fallait une trilogie à Ian Manook et son Yeruldelgger pour décrire l’espace Mongol, ici c’est juste une promenade, une caresse rapide...
C’est un pari réussi car les aventures sont bien rythmées, relativement crédibles et le tout se lit en un tour de main.
Bon, il y a quand même un petit brin de dénonciation du président russe Vladimir Poutine, mais peut-on reprocher à un écrivain de roman étasunien de vouloir vendre son livre en occident ?
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Il y a une disparition...Il y a un Russe, Arkady, qui débarque à Cuba...Il y a les Cubains qui n'aiment pas les Russes... Il y a un corps, puis des meurtres ...Il y a une espèce de mafia du sucre...Il y a tout ce monde qui veut assassiner Fidel...Il y a la Santeria et bien sûr il y a Chango...Il y a une flic cubaine qui aidera Arkady à comprendre...
Tant mieux parce que , perso, je n'y ai rien compris. Alors que j'avais bien aimé Arkady à Gorki Park, là c'est juste non. C'est brouillon, c'est tout et c'est rien. Ne faites pas escale à Cuba avec Arkady.
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Deux hommes, une femme, trois corps découverts dans une allée du Parc Gorki, à la faveur du dégel. Les doigts coupés, le visage tailladé, ils ne sont pas identifiables. Pour le commissaire principal Arkadi Renko, la situation est inhabituelle. En Union soviétique, on ne tue pas de sang froid. On peut, sous l'influence d'une mauvaise vodka, trucider une femme adultère, occire un rival, poignarder un compagnon de beuverie. Mais attirer trois personnes dans un endroit isolé, les abattre et les rendre méconnaissables, voilà qui est réfléchi, méthodique, prémédité. Renko ne serait pas fâché si le KGB reprenait l'affaire. Pourtant, même lorsque l'on découvre que l'un des morts pourrait être un ressortissant américain, le major Pribluda ne semble pas vouloir récupérer le dossier. Renko se met donc au travail, sans se douter que son enquête va le conduire des bras d'une jeune et passionnée dissidente jusqu'à un motel new-yorkais.
Un flic intègre est-il l'homme de la situation dans la société moscovite du début des années 80 où règne la corruption ? Arkadi Renko, fils d'un héros de la deuxième guerre mondiale, marié à une militante du Parti qui le trompe ouvertement, se tient éloigné des combines politiciennes, des passe-droits et des amitiés opportunes. Pourtant, il n'est pas dupe. Il sait qu'on le surveille et qu'au moindre faux pas, on peut le désavouer, le révoquer, voire l'envoyer finir ses jours en Sibérie. L'URSS de Brejnev est un monde replié sur lui-même où l'on ne peut ni agir, ni penser sans l'autorisation du Parti. L'Amérique, ennemie des dirigeants, représente un El Dorado pour les opposants au régime. Certains sont prêts à tout pour passer à l'Ouest et d'autres profitent de leur détresse pour les manipuler. C'est ce contexte politique tendu qui fait tout l'intérêt de ce polar mâtiné d'espionnage. Martin CRUZ SMITH connait son sujet et sait allier suspens et histoire pour un voyage dans un passé récent dans les pas des espions, transfuges, apparatchiks corrompus et autres agents doubles. Un monde trouble où seul son héros reste incorruptible, insensible aux honneurs, au pouvoir, à l'argent, et même aux mirages du rêve américain. Un flic tenace et courageux, un flic à suivre.
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Le confinement m’a amené à effectuer une plongée dans les rayonnages de mes bibliothèques. Passé les premiers rangs, de vieux livres de poches attendaient en désordre que je daigne les ouvrir. Ce roman policier américain de la toute fin des années quatre vingt était là depuis pas mal de temps, en témoignent sa date d’impression et la tranche jaunissante piquetée de tâches. Sans doute l’avais-je acheté suite à la lecture de Gorky park, le roman précédent de Martin Cruz Smith. Gorky park mettait en scène Arkady Renko, un inspecteur principal de la police de Moscou sur les traces d’un trafic de visons en pleine guerre froide.
Et revoilà Arkady Renko au tout début de la perestroïka. Suite à son comportement politiquement incorrect lors de Gorky Park, il a perdu son travail, sa carte du parti et été expédié en Sibérie. Là, il est passé de boulots ingrats en boulots ingrats, jusqu’à embarquer sur le navire usine Étoile Polaire. L’Étoile Polaire doit accompagner une campagne de pêche avec des chalutiers américains en mer de Béring, et même faire une escale sur des îles des aléoutiennes en territoire américain. Le début d’une coopération économique, voulue par le Kremlin, mais toujours sous le contrôle du commissaire politique du bord. Celui-ci n’a aucune raison d’apprécier l’ex-flic devenu simple ouvrier de découpe à la chaîne, dans le froid et l’humidité de la « pataugeoire ».
Mais une employée des cuisines du navire est repêchée morte à l’intérieur d’un des filets ramenés à bord. Le commandant du navire demande à Arkadi de faire de rapides constatations pour rassurer la direction de la flotte à Vladivostok. Arkadi observe et conclut à un assassinat. Qui a pu tuer une jeune géorgienne délurée lors qu’un bal qui réunissait le personnel de bord et les marins des chalutiers américains ?
Le souvenir que je gardais de Gorky park était lointain, à peine entretenu par le film (raté) de Michael Apted. Je n’identifiais donc plus ce qui à l’époque m'avait rendu cette enquête au-delà du rideau de fer originale. La lecture de cette Étoile polaire le rappelle en deux mots : Arkady Renko.
Un flic cherchant obstinément la vérité, prenant des risques au regard du contexte politique. Un individu déviant au regard des normes soviétiques. Caustique, insubordonné, provocateur… Le commissaire politique du navire ne peut pas le supporter. Glasnost ou pas, l’emprise de la pensée soviétique imprègne tous les marins, dont une bonne part sont d’anciens détenus des camps.
En creusant les alibis de chacun, Arkadi Renko va dévoiler petits trafics, contrebande, espionnage et espoirs déçus.
Cette lecture bien après coup permet de constater une certaine « filiation » entre Arkady Renko et Bernie Gunter, le commissaire de la Kripo sous le régime nazi, inventé par Philip Kerr. L’un comme l’autre mènent les enquêtes qu’on leur confie, sans prendre en compte les risques politiques au devant desquels ils vont dans des régimes totalitaires. Les deux partagent aussi une forme d’insolence bravache inutile, mais réjouissante pour le lecteur. Les deux s’entêtent, s’acharnent et ne s’arrêtent pas aux apparences.
Toutefois, l’intrigue ici ralentit un peu dans la dernière partie et va trop loin dans le spectaculaire (l’auteur s’imaginait-il livrant une adaptation pour Hollywood). Cette enquête d'Arkadi Renko peut aussi plaire aux amateurs de marine et de pêche, même si il s'agit là de pêche industrielle. Les navires sont méticuleusement décrits et la logique économique derrière ces énormes navires-usine est bien expliquée.
Globalement pour un poche faisandé datant de presque trente ans tout cela passe encore fort bien.
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Lorsque votre épouse s'appelle Tatyana et que l'on a de très bons souvenirs de 'Parc Gorkl' et de quelques autres ouvrages de Martin Cruz Smith, est-ce qu'en tant que babélien convaincu, il vous reste encore un réel choix de oui ou non produire une critique de l'ouvrage dont le titre original est 'Tatiana' ?
Écrire une critique sur un ouvrage de cet auteur n'est pas exactement une punition, dans la mesure qu'il ne m'a jamais déçu. Même son 'Blues pour un Tsigane' et 'Requiem pour un Tsigane' valent la peine d'être lus. L'intérêt montré pour les tsiganes est assurément lié à son ascendence amérindienne du côté de sa mère, ce qui expliquerait aussi pourquoi il a changé son deuxième nom, William, en Cruz (croix). Nom favori des très catholiques conquistadores espagnols.
Mais l'invention de son inspecteur Arkady Renko lui a garanti un succès mondial. Comme l'inspecteur Kurt Wallander du suédois Henning Mankell, Arkady est un taciturne, parfois compliqué policier, honnête bien sûr, mais surtout, à sa façon, sympathique et attachant.
L'incarnation de cet inspecteur par un sublime William Hurt dans le film Parc Gorkl de 1983, à peine deux ans après la publication du livre, à grandement contribué à la popularité de cet inspecteur et de son inventeur.
Martin Cruz Smith, américain de Pennsylvanie, a fait découvrir en Occident une Russie insoupçonnée et, à plus forte raison, inconnue. Pas la Russie des tsars, de Lenine-Staline, des vieux occupants du Kremlin, mais celle de la corruption invraisemblable et des bonne ententes entre politiciens, hauts fonctionnaires et gangsters de tout plumage, allant des oligarchs, qui se sont partagés les richesses du pays, aux plus primitifs criminels de base. Ce n'est que bien plus tard que de sérieux ouvrages, comme notamment celui de David Emmanuel Hoffman : 'The Oligarchs' de 2002, ont été publiés.
Dans ses policiers l'auteur fait déambuler plein de personnages peu appétissants, qu'heureusement on ne voit pas trop dans nos contrées. Non pas qu'ils seraient le fruit de son imagination pour autant, je dirais plutôt le contraire : la réalité dépasse la fiction. Dans ce roman apparaît par exemple un pope qui porte une rolex pur or. Le pauvre pope est loin de la splendeur de la montre, que portait, il y a deux ans, le porte-parole de Poutine, un petit rigolo nommé Dmitri Peskov, estimé à 600.000 euros. Interrogé sur l'origine de cette montre, la réponse était l'évidence même : un petit cadeau de son épouse. Fin de l'enquête ! Il est vrai que son épouse depuis 2 ans est l'ex patineuse, Tatiana Navka. Qui avait été accusée, elle, de mauvais goût pour son show sur glace, habillée en costume de camp de concentration nazi avec une étoile jaune à la hauteur du coeur et arborant un large smile comme si Auschwitz était une partie de plaisir. Mais ces 2 là s'aiment et pour célébrer cela cet honorable Peskov a loué le super yacht, le Faucon Maltais, pour leur lune de miel de 2 semaines, prix de location : 385.000 dollars...par semaine ! Sur Wikipedia vous pouvez aller vérifier ces sommes avec son salaire officiellement déclaré.
Pas étonnant que la Russie avec l'Ukraine occupe la première place en Europe des pays les plus corrompus selon 'Transparency International'.
Il suffit d'ailleurs d'aller à Marbella ou Monaco pour voir des ploucs parfaits, souvent tatoués (souvenir d'un passage plus au moins long en prison) en costume noir, mais la chemise ouverte jusqu'au nombril, accompagné d'une voilée de garde de corps et de filles 'légère et courte vêtue'.
Ce qui est regrettable c'est que ces gangsters, tout comme ces oligarchs qui achètent des clubs de football avec de l'argent d'origine douteuse (et sont considérés par certains comme des bienfaiteurs) donnent une image abjecte d'un pays, où pourtant une large majorité de la population montre par sa culture, que Dostoïevski, Pouchkine, Gogol, Solzhenytsine etc.... étaient russes.
Martin Cruz Smith nous offre son inspecteur Arkady Renko pour faire le contrepoids dans un régime touffu de pommes pourries à presque tous les échelons du système Poutine. Son histoire est captivante du début, la défenestration de la journaliste critique Tatiana, (inspirée par Anna Politkovskaïa assassinée en octobre 2006 à Moscou et qui n'était sûrement pas une fan de l'actuel tsar ?) jusqu'à la fin.
Et rassurez-vous l'auteur ne souffle pas un mot de la montre de Renko, qui doit être affreusement banale.
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Gorky Park est un roman noir. L'URSS au début des année 80, le régime est corrompu, le KGB y fait la pluie et le beau temps. On y montre une nation ou les partisans et les militants accèdent privilège et peut-être faire parti de cette maigre élite. Rien avoir avec la recherche de la vérité, bravoure et honneur. Une coche ma tailler et vous vous retrouvez côtoyer la plèbe ou peut être choir en Sibérie. Arkadi notre personnage principale est ce genre d'individu, fils d'un ancien héros de la deuxième, Arkadi porte le poids d'un père ayant fait partie de l'ancien gouvernement et à la mauvaise habitude de prêcher la vérité plutôt que la corruption et l'influence du partie. Quelle sale affaire de retrouvé c'est trois corps à la fin de la saison froide dans les talus du Parc Gorky. Dans l'incapacité de refilé cette affaire à quelqu'un d'autre, il devra aller au bout de ce dossier , détruire son couple, ses amitié, ça liberté de bon camarade, ça raison. Lecture lourde et déprimante, une recherche incroyable pour l'époque, surtout pour un auteur américain. Je le recommande sans hésitation, mais pas si vous chercher le réconfort ou vous croyez que le communisme est possible.
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Je viens de terminer Moscou, cour des miracles. De façon générale, j' ai bien aimé. Mais je me pose encore la question: est-ce que l'histoire du roman se déroule vraiment à Moscou au XXIe siècle? Tout au long de ma lecture, n' eut été des Hummer, téléphones multifonctions et autres modernités, j'avais l' impression que l'histoire se situait au Moyen Âge, tout juste à la sortie de l'Antiquité! Donc ce roman est bien titré. Impossible de croire à toutes ces hordes d'enfants vagabonds, de voleurs, d'arnaqueurs, de corrompus, sans parler de la décrépitude de tous les bàtiments , de tout ce laisser-aller ...C'est carrément décourageant. Ce quotidien où tout se monnaye ...Je veux bien croire que le passage au capitalisme n'est pas facile, mais ce qui est véhiculé dans ce roman est , disons, pour le moins étonnant. Ce n'est certes pas un prospectus des plus invitants pour des vacances à Moscou. Je doute fortement que Martin Cruz Smith ne soit jamais nommé ministre du tourisme russe . :-)
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Enquête à haut risque
Alors que l'inspecteur russe Arkady, fragilisé par la maladie et récemment séparé, se morfond d'être relégué à des tâches purement administratives dans son bureau moscovite, Bronson, un mafieux qu'il respecte et qui le respecte, le contacte pour retrouver sa fille Karina disparue.
Au grand dam de son chef, le procureur Zurin, qui s'évertue à le maintenir sous la coupe du politiquement correct, il accepte de s'acquitter de cette tâche et mène son enquête dans les milieux de l'opposition politique au pouvoir en place.
Poutine tient le pays d'une main ferme et se dresser devant lui n'est pas sans danger comme le prouvent les démonstrations de force d'un gang de motards patriotes, les Loups de la Nuit, jalonnant chaque rassemblement du Forum, émancipation pro-démocratie dans laquelle Karina s'était investie.
Le fil d'Ariane suivi par Arkady va le mener jusqu'en Ukraine où bat le cœur du mouvement, mais où le FSB a des yeux et des oreilles.
La mort l'entoure donc ainsi qu'Elena, la colocataire et amie de Karina dont il tombe amoureux et qui l'accompagne en Crimée.
Un roman révélateur des rapports entre l'Ukraine et la Russie juste avant le déclenchement de la guerre en cours aujourd'hui.
@doresixtine
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Après un début difficile, je me suis plongée dans ce roman d'aventures.
Blair, ingénieur des mines est contraint d'enquêter sur la disparition du Révérend Maypole dans une ville minière d'Angleterre . L'auteur nous fait découvrir un monde des mineurs dur et violent et le fossé qui le sépare de l'autre monde celui des classes sociales "supérieures". Nous respirons le charbon, les descriptions sont très réalistes. L'atmosphère du contexte est décrit avec une rare puissance. Le sujet du colonialisme de l'Angleterre est aussi abordé.
Les personnages sont bien campés, nuancés, Blair très tourmenté et obsédé par l'Afrique, anti-héros, des personnages féminins très différents et intéressants, des personnages sombres et inquiétants à donner la chair de poule.
Un roman envoutant.
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Il m'a fallu du temps pour entrer dans ce roman mais finalement il m'a absorbé. L'URSS au début des années 80 pendant la guerre froide, un régime corrompu et le KGB qui fait la pluie et le beau temps et un flic intègre pour enquêter sur la mort de trois personnes dans le célèbre parc de Moscou.
Certes, il ne s'agit pas d'un thriller plein d'actions mais les personnages sont bien définis et l'intrigue complexe.
Au final, j'ai été transportée dans l'univers de ce livre.
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L'inspecteur Arkady Renko a payé. Après un purgatoire glacé en Sibérie, il est rétabli dans ses fonctions à Moscou. Dans cette ancienne capitale des Soviets, la police doit faire face à l'emprise grandissante de la pègre.
Un homme, surtout, est l'objet de toutes les surveillances : Rosen, le banquier des mafias tchétchènes et géorgiennes, omniprésent dans le milieu. Mais aux portes de Moscou, au cœur du marché noir où les échanges les plus divers ont lieu, Rosen est victime d'un attentat.
De sa voiture, il ne reste plus qu'un carré de sang rappelant le célèbre tableau de Malevitch, Red Square, qui semble intéresser beaucoup de monde... Dans le chaos de la Russie d'aujourd'hui, l'incorruptible Renko va affronter, pour sa dernière enquête, le puissant réseau du crime venu de l'Est et remonter sa filière qui s'étend jusqu'à Berlin et Munich.
Martin Cruz-Smith trace le sombre tableau d'une Russie (et des républiques annexes) en train d'affronter une dure mutation politique et économique, donc sociale, ou la seule loi qui subsiste, est celle du crime et de la corruption.
C'est bien écrit, il y a un vrai suspense, nous apprenons beaucoup sur l'ex URSS. Vraiment pas mal!!!
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Les contes d'horreur "l'homme contre la nature" dans lesquels Mère Nature montre son côté sombre en cherchant à se venger de l'humanité pour ses nombreux préjudices à son encontre - ont toujours été populaires dans la littérature, car ils jouent sur une peur qui n'a jamais suffisamment été,
et ne sera jamais apaisée, peu importe à quel point les humains ont essayé : la peur que notre place dans le monde naturel soit non seulement éphémère, mais nous ait, en effet, totalement bien dépassé.
Tout comme par exemple, les dinosaures et plusieurs millions d'autres espèces dans l'histoire de la Terre, l'humanité a perdu son utilité. Nous sommes proches de l'extinction. Nous sommes juste dans un total déni, purement et simplement.
La littérature du 19ème et du 20ème siècles, en particulier, regorge d'histoires de la nature folle et vengeresse. Ce n'est pas un hasard si l'augmentation du nombre de ces histoires est directement proportionnelle à l'essor de l'industrialisation et aux avancées presque imparables de la technologie puis notamment, de la science.
"Dracula" (de Bram Stoker) et "Frankenstein" (de Mary Shelley) sont sans aucun doute des exemples des romans d'horreur les plus populaires de leur époque et les premiers vrais romans "traditionnels" du genre d'horreur - duquel la narration de ses deux grands classiques est principalement sur des hommes dont l'orgueil à défier la nature et leur crimes contre la nature,
entraînent des conséquences non seulement désastreuses, mais aussi et surtout, mortelles et tragiques.
Dans "Dracula", le personnage titulaire, dont les perversions contre la nature sont si viles que la nature le punit essentiellement en le transformant en vampire : une créature avec une soif insatiable de sang, destinée à ne plus jamais aller à sa guise où elle désire à la lumière du jour.
Dans "Frankenstein", le protagoniste est un scientifique qui, en se prenant pour Dieu, renie sa propre création et invite la créature à se venger avec justice d'un monde dans lequel il n'a pas demandé à être introduit.
Les deux romans sont des fables morales sur les dangers et les conséquences mortelles du manque de respect envers la nature, mais là encore, tous les autres romans d'horreur jamais écrits le sont
également.
Dans le genre Horreur (avec un grand "Hache"), la nature est souvent une force insensible et sans compassion envers l'humanité. Mais déterminer à savoir qui est le "bon" et le "méchant" dans les histoires d'homme contre la nature, n'est pas toujours aussi simple et facile.
Nous sommes une menace permanente pour la survie de la nature en raison de notre dévastation écologique rampante, de la montée de l'industrialisation et du soi-disant "progrès". La nature, qui est par nature dépourvue de qualificatifs moraux, est néanmoins toujours (et ironiquement) personnifiée comme "l'incarnation" du Mal. On fait toujours de la nature : une antagoniste, que ce soit sous la forme d'un oiseau ("Les Oiseaux" de Daphné du Maurier), du grand requin blanc ("Les Dents de la mer" de Peter Benchley) ou aussi bien, d'un chien (le Saint-Bernard enragés dans "Cujo" de Maestro Stephen King).
Mais la nature, est-elle réellement cruelle et malveillante ? Même dans notre quotidien, les animaux sauvages sont toujours les coupables désignés, qu'il s'agisse d'un gorille dans un zoo ou d'un alligator sur une plage de Floride. Quand un enfant ressent le poids de l'indifférence de
la nature, c'est toujours de la faute à la nature, mais le gorille et l'alligator font simplement ce qu'ils font depuis toujours : marquer leur propre territoire, protéger leur troupeau, s'attaquer aux faibles. Le résultat est néanmoins tragique pour l'enfant blessé ou tué, mais il est presque universellement inacceptable de laisser entendre que la destruction d'un
gorille ou le meurtre d'alligators est tout aussi tragique.
Le romancier Martin Cruz Smith, surtout connu pour sa série policière : le détective moscovite, Arkady Renko, avait rédigé un bon petit roman d'horreur, fonctionnant passablement comme un thriller, avec quelques moments de frayeurs et une légère petite pointe de fantastique, intitulé "Le vol noir" en surfant certainement sur la vague de popularité du roman "Les dents de la mer" (1974) du regretté Peter Benchley, ou peut-être parce qu'il a simplement eu un petit faible pour les chauves-souris ? En tout cas, l'auteur n'y est naturellement pas allé de main morte, il n'avait pas froid aux yeux pour être aussi généreux graphiquement avec ses descriptions sur les énormes chauves-souris vampiriques déchirant la chair et les muscles de ses victimes.
De fil en aiguille, page après page, beaucoup de bonnes choses fascinantes mais Ô combien globalement divertissantes impliquant des légendes indiennes, les Hopis et des créatures mythiques surnaturelles peuplent au cœur cet ouvrage, principalement en raison de son lieu d'emplacement au Nouveau-Mexique sur une réserve Hopi. C'est une tentative indéniable du romancier d'ajouter un élément mystique à son histoire, un élément délibérément miné par le vrai message.
Les attaques de chauves-souris vampires sont brillamment écrites et terrifiantes, mais la véritable horreur réside dans la plausibilité scientifique de la narration. Car juste au moment où les survivants se croient en sécurité, ils tombent comme des mouches et succombent à une souche
virulente de peste bubonique, dont les chauves-souris sont involontairement porteuses.
La morale de ce récit n'a guère besoin d'être formulé. C'est exactement la même chose pour toutes les autres histoires : de "Moby Dick" (de Herman Melville) à "Jurassic Park" (de Michael Crichton) : respecter la nature tout simplement. Il faut apprendre à vivre avec (et non pas contre !) la nature et de cesser de jouer dangereusement avec l'environnement, ou l'environnement nous bottera le cul bien comme il faut, sans aucun sentiment.
Mais malheureusement, c'est une valeur qui a été et qui continuera d'être ignorée par l'humanité jusqu'au jour où, de manière fataliste, nous rendrons tous notre dernier souffle.
En guise de conclusion, "Le vol noir" est un très bon roman, diablement efficace sur un essaim de chauves-souris vampiriques meurtrières. À bien des égards, la lecture de ce bouquin (paru aux éditions Pocket Terreur) est très divertissante et en même temps, haletante, mais servie avec une chute
d'action finale précipitée et un peu trop prévisible à mon goût. Cela dit, je ne pourrais aucunement le qualifier comme étant un grand chef-d'œuvre, mais ça a vraiment le mérite d'être lu.
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Naissance d'une histoire d'amour en deux êtres que tout oppose, et, réunit à la fois.
Ensemble, ils vont réapprendre à vivre alors que le conflit de 39/45, mais, surtout le "règne" de Mussolini , et, de ses partisans vivent leurs dernières heures ainsi que les débuts des règlements de comptes orchestrés par les anti fascistes.
Un polar psychologique sombre, parfois dur, "violent", plutôt situé à Pellestrina ainsi que dans les eaux de la Lagune qu'à Venise - mais peut être est ce dû au contexte historique - mais, avec des personnages attachants, désabusés, luttant contre la fatalité tout en essayant d'améliorer leurs sorts par des actes / des actions pas très légaux, et, cela tout en évitant les "sbires" du régime de Mussolini.
En ce qui me concerne, cela ne m'a pas déplu, et, je l'ai lu avec beaucoup de plaisirs, même si parfois, un certain malaise, une certaine inquiétude m'étreignait, mais, au vue du contexte historique, de l'ambiance délétère qui sévissait alors à l'époque, cela m'a semblé normal.
Ne connaissant pas du tout l'auteur - Martin Cruz Smith - de ce polar, et, la curiosité aidant ... ... je me suis lancée dans cette lecture. Ce fut pour moi, une belle découverte.
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Ce que j'ai aimé dans ce roman, c'est la découvert du monde des mineurs, le rôle et le statut des femmes dans ce monde. J'ai beaucoup appris dans ce domaine grâce aux descriptions de l'auteur. A découvrir.
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Un polar honnête. Pas nécessairement le meilleur du genre, mais un agréable moment de lecture.
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