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Critiques de Martin Mongin (66)
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Francis Rissin

Après six ans d’existence et seize livres au compteur – et pas un seul à jeter – les éditions Tusitala publient leur premier roman français inédit avec cet intriguant Francis Rissin, de Martin Mongin.



Qui est Francis Rissin ? C’est là toute la question et les onze chapitres de ce roman vont à leur manière lever un peu le voile sur cette figure étonnante tout en la gardant toutefois dans une certaine brume. Nous sommes dans un avenir relativement proche, qui pourrait se situer dans les années 2020 ou 2030 lorsque Catherine Joule donne un cours de littérature à la Sorbonne dans lequel elle évoque un mystérieux livre en quête duquel elle s’est lancée. Approche de Francis Rissin, de Pierre Tarrent, a sans doute existé. Il est en tout cas cité dans de sérieuses bibliographies, des extraits ont été repris dans d’obscures revues, mais il est impossible de mettre la main dessus. Tarrent lui-même semble échapper à la réalité. Ce premier chapitre pose donc le postulat de départ : si Tarrent n’existe pas, Francis Rissin peut-il exister ? Est-il le fruit de l’imagination d’un auteur fantôme ou un personnage bien réel, les deux cas n’étant d’ailleurs pas forcément antonymiques ? Francis Rissin est-il une idée assez puissante pour se faire chair ?



C’est ce que l’on va voir à travers les dix chapitres suivants qui constituent autant d’expériences littéraires sous forme de polar, de journal intime, de rapports officiels, de récit à la frontière du fantastique ou encore de fiction politique.



Tout cela pourrait n’apparaître que comme une suite de récits sans cohérence d’ensemble, n’était la figure fantomatique et omniprésente de Francis Rissin. C’est au contraire un roman kaléidoscopique qui prend forme et dans lequel c’est moins la figure de Francis Rissin lui-même, insaisissable, qui semble glisser comme du sable entre les doigts, qui importe, mais plutôt la manière dont celui-ci est perçu.



Alors que l’on voit d’abord fleurir de mystérieuses affiches électorales à la gloire de Rissin qui paniquent les autorités et que Rissin devient de plus en plus perceptible, pour ne pas dire palpable, tout en demeurant protéiforme, ce qui transparaît de plus en plus, c’est l’idée de révolte et la fascination des Français pour les leaders charismatiques. Et dans le genre on peut sans trop en dévoiler dire que Francis Rissin est potentiellement l’homme providentiel le plus attendu depuis le maréchal Pétain.



Martin Mongin, à travers ce récit philosophique déstabilisant, audacieux et surtout parfaitement maîtrisé, livre donc un roman très politique, dans le meilleur sens du terme. À savoir qu’il s’interroge sur notre rapport à ceux qui nous dirigent, sur la recherche d’une figure forte qui puisse incarner les espoirs d’un peuple, sur le désir constant du changement, mais aussi – et surtout ? – sur la manière dont cette figure et ce changement peuvent s’incarner à travers une construction tout à fait artificielle où sortir du néant et échapper totalement à leurs promoteurs.



Étrange, vertigineux, d’une rare intelligence, Francis Rissin n’est ni un roman feelgood ni un livre confortable. C’est par contre un ouvrage particulièrement stimulant qui compte sur l’intelligence du lecteur et offre une expérience de lecture tout à fait inédite. Peut-être la grande surprise de la rentrée.
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Francis Rissin

Ce (premier) roman fut repéré sur le blog de Nicole puis celui de Papillon, et cela suffisait à me tenter. Surtout qu’elles n'en disaient pas trop, se contentant de tenter avec des histoires de neurones grésillant de plaisir ou pétillant (et je confirme que les miens furent aussi à la fête), et de donner comme références Antoine Bello ou le Binet de La septième fonction du langage. Me voici encore bien d'accord, si l'on considère l'originalité de la forme, le côté jubilatoire, l'écriture fluide, l'imagination sans faille, le sujet sans autofiction aucune (ouf!), l'ambiance 'tu tourneras les pages'. J'ajouterai juste que ça m'a aussi fait penser, dans le genre bluffant, à Roman fleuve d'Antoine Piazza.



Mais qui est donc ce Francis Rissin, dont le nom apparaît subitement sur des affiches collées nuitamment dans les moindres villages français? Un candidat à quelque chose? Un homme providentiel? Onze chapitres vont en dévoiler un peu, sans trop de chronologie, laissant parler différentes voix pas forcément en accord, pour un tout vertigineux. Rien que le premier texte, une conférence de séminaire dont l'auteur narre sa recherche frustrée d'un livre n'existant probablement pas, est déjà un grand moment de lecture! Ensuite, hé bien, le lecteur est bien baladé, de textes fascinants en textes quasi hallucinés. Une fête au centre Pompidou, une prison de haute sécurité et sa guillotine, voilà des moments inoubliables. Mais faut-il prendre pour argent comptant les récits autour de Francis Rissin? L'on peut y détecter une quasi hagiographie, voire des tournures des Évangiles ou de l'Ecclésiaste... L'on flirte parfois avec l'imaginaire.

Le tout -le début du moins- se déroule dans une monde qui ressemble fortement au notre, avec ses imperfections, ses privilégiés, ses attentes frustrées. Faut-il un homme fort à la Napoléon ou De Gaulle? Voire un dictateur?



Bref, jetez-vous sur ce roman ! Je ne dirais pas Votez Francis Rissin, parce que, comme vous le découvrirez au cours de la lecture, (mais chut).
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Francis Rissin

5 étoiles sans hésiter parce que c'est un livre hors du commun, un enfin qui sort de l'ordinaire rentrée littéraire...Quel travail effectué par l'auteur ! Il nous emmène très loin, nous oblige à être très attentif car tous les indices sont éparpillés le long des onze chapitres. Qui est Francis RISSIN ? Vous ne le saurez - ou pas- qu'en lisant ces 600 pages écrites de main de maître...

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Francis Rissin

Il est certains romans, encensés par les diverses critiques, quelles soient des journalistes, des libraires, des blogueurs ou des membres de Babelio, que l’on a absolument envie de lire, afin de vivre les mêmes émotions que les autres, de se prendre une claque littéraire, de vibrer…



Tout le monde le disait, cette histoire était délirante, folle, géniale…



Hélas, la malédiction se poursuit : je suis à contre-courant de la majorité, une fois de plus.



Non, ce livre ne m’a pas paru génialissime ou autres superlatif ou laxatif. Le pavé fut indigeste et il m’est resté sur l’estomac. Le problème est survenu dès les premières lignes… Mais je n’y ai pas attaché d’importance, sur Babelio, Kittiwake prévenait qu’il ne fallait pas se fier au premier chapitre.



Moi, j’aurais dû, parce qu’il a été le déclencheur de ma Bérézina littéraire. Entre nous, la suite n’a pas été plus prometteuse et ce fut une lecture pire que sur des montagnes Russes.



D’ailleurs, j’en suis sortie barbouillée, avec l’envie d’aller balancer ce livre directement dans une boîte à livre. Il était passé 23h lorsque je l’ai terminé, avec la langue pendante, après avoir sauté des lignes, des paragraphes, des pages.



Francis Rissin est un personnage que l’on n’arrive pas à cerner. Son portrait va être fait par différentes personnes, le cercle se resserrant de plus en plus sur l’homme énigmatique qu’il est. Le tout en 11 chapitres.



Chaque chapitre est différent du précédent, puisque l’on change de narrateur, de témoin, donnant un espèce de charivari de genres littéraires, passant d’une sorte d’étude universitaire à une enquête policière, une dystopie, un récit journalistique, une analyse de l’exercice du pouvoir, une confession…



N’en jetez plus, la coupe est pleine. La narration m’a semblé erratique et je me suis perdue totalement dans ce récit qui semblait n’avoir ni queue, ni tête, me donnant l’impression étrange que je ne lisais plus le même roman, mais plusieurs. Quel bordel !



Finalement, Francis Rissin est comme les personnages de François Pignon ou François Perrin (personnages de fiction créés par Francis Veber), il est légion. Il est partout et nulle part. Il existe sans exister.



Désolée, mais ma préférence à moi (merci Julien Clerc) ira aux François Pignon et Perrin, qui ont au moins eu le mérite de me faire passer de bons moments, là où Rissin ne m’a fait aucun bien.



Je pense qu’avec un tel roman, ça passe ou ça casse. Pas besoin de vous faire un dessin, chez moi, ça a cassé, je ne me suis pas laissée embarquer par le récit, je n’ai pas vibré, me demandant plusieurs fois ce que je foutais dans ce roman qui, clairement, ne me parlait pas.


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Francis Rissin

Je m'attendais à autre chose après lu le synopsis ; un truc décapant et original. J'ai malheureusement capitulé après une vingtaine de pages (c'est rare !) ..trop de longueurs, un style lourd et pataud, des répétitions et toujours les mêmes trucs en boucle.

Bref, je n'ai pas trop compris la critique ni l'engouement suscité par ce bouquin .
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Francis Rissin

Où est le vrai, où est le faux, dans "Francis Rissin"? Où commence sa fiction? Quel chapitre du texte en est sa genèse, sa première pierre, et quels autres en découlent? Sans doute aucun. Ou tous. Y a-t-il une clef de lecture? Des affiches scandant le nom de Francis Rissin sont-elles réellement placardées dans tous les bleds de France? Ou n'est-ce qu'une épopée imaginée par des ados embrumés par les pétards? Francis Rissin est-il Président? Ou juste un personnage? Ou un mort? Un homonyme? Les flics sont-ils lancés aux trousses des colleurs? Ou de Rissin? Ou de tous à la fois? Ou d'aucun? Et peut-on se fier aux recommandations d'auteurs célèbres sur la 3e de couverture? Et aux chroniques de presse ou aux notes de librairies? Sont-elles, elles aussi, fictionnelles?



Brouiller les pistes, Martin Mongin le fait admirablement. Dans ce roman de 650 pages se tisse une toile inextricable. Le lecteur ne reçoit aucun fil d'Ariane pour s'extirper du labyrinthe intertextuel entre ses différentes parties. Chacune singe un genre littéraire: essai philologique, polar, interrogatoires et rapports policiers, actes de colloque, biographie, journal intime, évangiles, analyse psychiatrique, script... Toutes gravitent autour d'une figure incontournable, mais dont ne se dévoile rien ou presque: un certain Francis Rissin, homme providentiel qu'attendait la France pour enfin relever la tête. Ou couler définitivement. Ou aucun de deux.



Ce qui frappe, et c'est admirable, c'est à quel point rien de tangible ne ressort du texte. Il ne se passe à peu près rien. Tout le roman n'est que vaine tentative d'approcher un fantôme. L'auteur louvoie. Rissin n'est qu'une silhouette floue, évanescente. Un profil de timbre-poste. Que fait-il? A quoi ressemble-t-il? Jamais personnage de fiction n'a été si peu défini tout en étant si omniprésent. Fascinant! Tout juste le "journal" qui lui est attribué dévoile-t-il une idéologie réac bien nauséabonde, qui pue la France de 2020. Autour de lui gesticule toute une population de personnages secondaires, à moins que principaux? Personnages que, pour encore davantage emberlificoter son lecteur, Mongin nomme parfois d'un nom identique, incitant aux va-et-vient. Il va même jusqu'à s'auto-citer. Mais quand on repère ces récurrences, on déchante vite: on n'est pas plus avancé.



Mongin se joue de nous. Pourtant, son livre se lit comme un thriller. On tente de terminer le puzzle (mission impossible tant les pièces manquent). Tout ça dans un décor inédit de France profonde, amoncellement de cartes postales jaunies, de villages perchés et de rues principales désertées. Les toponymes pittoresques s'amoncellent comme sur la carte du Tour de France. Tout comme les anthroponymes du crû. Une vraie pastorale.



Des 11 chapitres, sans doute certains se dégagent-ils. Le premier, cours universitaire, donne les clefs de la suite en annonçant la couleur: il s'agira d'intertextualité. Gardons-le à l’esprit. Il y a ce polar caricatural, les dogmatiques témoignages des "disciples" de Rissin, les brèves de journaux locaux alternant découvertes d'affiches par la population et ressentis des autorités. Surtout, il y a le vaniteux grand soir de ce commissaire d'expo, jouissif, avec son name dropping de mascottes publicitaires. Et plus jouissive encore, l'épopée héroïcomique de Francis Rissin et Francis Rissin, Bouvard et Pécuchet du XXIe siècle.



Alors en fin de compte, de quoi "Francis Rissin" est-il l'histoire? Certainement pas de Francis Rissin lui-même. Et Martin Mongin? Il existe, Martin Mongin? Est-il vraiment l'auteur de "Francis Rissin"? En refermant ce fantastique premier roman, admirable précis de métalittérature, tout lecteur rationnel en doutera.
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Francis Rissin

"Ce type apparaissant un peu partout sur des affiches devient une sorte d’idole du peuple au point d’inquiéter le pouvoir. Personne ne sait vraiment qui il est mais peu importe, il va sauver la France. De quoi ? Voilà bien une drôle de question. C’est du reste le grand talent de Martin Mongin que se désintéresser de ce sujet (la France a été menacée de redressement par des générations entières de politiques sans que personne ne sache jamais exactement de quoi il s’agissait).



Francis Rissin marche sur l’eau, est intouchable, ne dépend que de la façon dont on le regarde ou le pressent. On a avec lui la même familiarité qu’avec notre inconscient, un peu lointaine, craintive à l’occasion, un peu comme le spectre du père fouettard dont on sait bien que la menace de son apparition n’est qu’un préalable rituel à la satisfaction de nos désirs en chemin émoussés par une forme de raison qui laissera chacun à sa place.



Du reste je m’égare peut-être à classer Francis Rissin au tiroir politique. Après tout il est peut-être écrivain, un de ceux toutefois dont l’œuvre est introuvable, ou un saint dont la béatification pourra toujours attendre… On aura beau le suivre, on ne le définira pas, on aura beau le précéder, il ne viendra pas. Il reste que cette poursuite proposée par Martin Mongin est obsédante et jouissive. Les quelques 600 pages que nous offrent les éditions Tusitala sont difficiles à lâcher. En somme, le silence qui suit la lecture du roman de Martin Mongin reste du Martin Mongin."

Christian Vignes in DM (Extrait)
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Francis Rissin

Enorme déception.

Les éditions franco-belge Tusitala m'avaient jusqu'ici comblé dans leurs choix. Ceci est leur première sortie inédite, premier roman d'un professeur de philosophie, thème alléchant et objet d'édition toujours aussi beau... pour un résultat... non... développons...

Une base tout ce qu'il y a de plus actuelle en 2019: crise des Gilets Jaunes, normalisation des populismes, etc. L'idée d'un Homme providentiel refaisant surface un peu partout, couplée à une défiance de la classe politique issue du Sérail... Donc, Francis Rissin !



L'auteur prend le parti, intéressant sur papier, d'éclater son récit en onze chapitres comme autant de voix différentes, racontant une histoire chaque fois dissemblable, une variation des possibles non-linéaires, non comme des points de vue d'un même événement, mais bien comme une tentative d' histoire à la David Lynch, semant, mélangés, des noms et des lieux qui résonnent sans garder à chaque fois le même sens. De l'ambition, tant mieux.



Mais ce dispositif déraille très vite, déjà du fait que chaque chapitre, annoncé comme conférence, rapport, script, enquête, etc. n'ont au final pas de style bien identifiable. Je ne suis pas d'accord avec mon amie la mouette, qui dans sa critique parle du premier chapitre comme d'un texte universitaire abscons, alors qu'il m'apparait davantage comme une narration classique à la première personne, un simple récit où la voix parle d'une histoire, d'une recherche, déployant un agréable suspens, une bonne entame accrocheuse digne de tout thriller bien troussé.

A chaque chapitre, en fait, on oublie très vite l'intitulé, car les choses se ressemblent dans la forme, accentuée par le découpage en paragraphes de tailles quasi-similaires tout au long du livre, comme si l'auteur lui-même perdait de vue ce dispositif qu'il tente de mettre en place. Les quelques tentatives pour y revenir, pour différencier, sont souvent maladroites, comme ces réflexions machistes bien attendues du commissaire de police.

L'écriture se vautre dans les noms propres de lieux, de marques, mélangeant le réel et l'imaginaire sans que l'on comprenne bien pourquoi, à part l'idée de brouiller les pistes, d'essayer de trouver un état "sur-réaliste", sans que cela fonctionne réellement, comme si à vouloir complexifier une intrigue, l'auteur l'avait lui-même perdue de vue.

Frustrant !

On en vient à s'ennuyer, alors que certains chapitres remontent la pente, comme celui du commissaire d'exposition, pour ensuite replonger, brouillant des thèmes plus qu'intéressants en fantaisies grand-guignolesques, en "cliffhangers" sans finesse.



Ce qu'il en reste ? En écoutant le Thinkerview d'un ex-politicien hier soir, parlant de la nécessité d'un Homme providentiel, je me prend à gueuler "Francis Rissin" à tout bout de champ, comme symbole d'une attente vaine, au caractère quasi-religieux, dont l'histoire se passerait bien.
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Francis Rissin

Francis Rissin est un ovni littéraire. Chaque chapitre explore une facette du mystère qui entoure ce nom jusqu’à ce que de multiples possibilités s’ouvrent au lecteur. On reconnaît là une source philosophique intéressante. Mais au-delà de ça, on pourra trouver le texte trop riche, trop long, trop complexe pour pouvoir être vraiment agréable à parcourir.
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Francis Rissin

Francis Rissin est le premier roman de Martin Mongin et il fait, à ce titre, partie de la sélection des 68 premières Fois. C’est un pavé de plus de six cents pages et je sais que certain(e)s des membres de notre groupe ont choisi de ne pas le lire, par manque de temps à lui consacrer…

Personnellement, les briques et parpaings littéraires ne me font généralement pas peur ; de plus, j’ai souvent déploré la brièveté de certains récits publiés sous l’étiquette « roman » alors qu’ils ne comptaient guère plus d’une centaine de pages… Pourquoi je vous raconte tout ça, délayant mon introduction ? Parce que je ne sais pas trop comment construire ma chronique, parce que j’ai trop monopolisé ce livre voyageur et qu’il faut bien que j’en parle avant de le renvoyer, tel une patate chaude, vers d’autres yeux…



Francis Rissin est ma dixième lecture des livres sélectionnés par les 68 pour cette rentrée littéraire…

J’ai eu beaucoup de mal à venir à bout de ce livre, au demeurant bien écrit, intrigant…

Comment le définir ? Je dirais que c’est une variation sur le même thème, une déclinaison de récits et de ressentis autour du personnage éponyme, l’énigmatique Francis Rissin. J’y ai lu une illustration digressive de notre société, une peinture poussée à l’extrême de nos dérives, un miroir diffractant, un puzzle à reconstituer…

Je note une progression dans la succession des onze nouvelles qui composent ce livre ; je salue les changements de registre et de style entre le factuel, le fantastique, le journal intime, la polyphonie narrative…

Mais je me suis ennuyée, j’ai sauté des passages, puis des pages… J’ai délaissé ce livre au motif avoué que je le laissais reposer mais, en fait, des lectures plus attractives et choisies, elles, me tentaient davantage.



Francis Rissin et moi, cela n’a pas marché ; je vous jure, j’ai essayé, pris sur moi, etc….

Même pas une déception car je n’avais pas d’horizon d’attente…

Pas du temps perdu non plus, parce que ce n’était pas inintéressant…

L’impression d’avoir été un peu punie, mais de quoi ?

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Francis Rissin

« Francis Rissin » est un drôle de pari, un machin indescriptible, une prouesse littéraire comme on les ose rarement, un voyage dans lequel on s’embarque sans bien savoir où l’on va et pour lequel on regrette parfois de n’être pas mieux équipé en références historico-politico-romanesques qui auraient aidé à baliser le terrain et à progresser plus aisément parmi les récits touffus qui le composent. Onze récits, onze voix qui s’interpellent, se font écho, se superposent parfois pour tisser autour de ce nom, de ce vide, de cette idée, de ce fantasme une histoire, un mythe, une légende, nous hypnotisant jusqu’au vertige, jusqu’au dégoût parfois, jusqu’au malaise toujours. Martin Mongin – disparaissant derrière son personnage au point que, sûrement, on finira par croire que c’est son nom à lui –, en maître de la narration, ancre cette épopée aux échos polyphoniques dans une réalité exacerbée par une profusion de détails vérifiables, agaçant nos sens et notre mémoire, nous entraînant toujours plus loin à la poursuite de ce personnage qui, comme un mot que l’on aurait sur le bout de la langue, s’obstine à nous échapper. Son « Francis Rissin », c’est le joueur de flûte de Hamelin déguisé en homme providentiel, c’est la gueule de bois politique des lendemains de Grands Soirs, c’est un chœur unanime qui clame « Ah ! Ça ira ! », oubliant que, la veille encore, il murmurait « Plus jamais ça », c’est l’Histoire qui se mord la queue et qui s’en mord les doigts, un pavé de plus de 600 pages dans la mare de nos lectures peinardes dont on sort groggy, pas tout à fait convaincu d’avoir tout compris ni tout apprécié, mais sûr de ne pas l’oublier.
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Francis Rissin

Qui est Francis Rissin, dont le visage hante les villes et villages de la France du Sud, comme poussées en une nuit ? Un homme politique célèbre ? Un avatar monstrueux ? Un imposteur ? La création d'un groupe politique favorable au rétablissement de la peine de mort ? Ce livre, qu'on pourrait qualifier d'OLNI (objet littéraire non identifié) laisse jusqu'au bout le lecteur à ses questions. Il est présenté, dans une courte introduction, comme le rassemblement d'archives ou de témoignages de celles et ceux qui, de près mais le plus souvent de loin, ont côtoyé ce personnage dont on ignore s'il a réellement existé ou s'il n'est pas un pur fantasme. L'auteur, professeur de philosophie, joue avec les ambiguïtés et surfe avec aisance sur la frontière ténue entre fiction et vraisemblable. On devine le plaisir qu'il a pu prendre à écrire les différentes parties de ce roman, qui appartiennent à des genres différents : science fiction, roman politique, essai, polar, avec une mention pour cette dernière qui m'a paru la plus réussie de toutes. Il en résulte donc cet OLNI, ouvrage inclassable intéressant mais sans réelle intrigue, qui aurait gagné à être moins prolixe.



Roman lu dans le cadre des "68 premières fois".


Lien : http://usine-a-paroles.fr/le..
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Francis Rissin

L’argument serait le suivant : un nom s’affiche un peu partout dans un pays, la France, d’abord comme sujet de livres et de publications diverses, mais qui restent introuvables, puis sur des affiches placardées par on ne sait qui sur un nombre grandissant de murs, d’édifices publics et de troncs d’arbre, puis ce sont des tasses ou des stylos-billes qui s’introduisent dans certains commerces, tout cela à l’effigie de ce Francis Rissin que l’on se met à rechercher d’autant plus activement que personne ne sait de qui il s’agit, quel est son projet ou son mobile, ni quelle est son identité. S’agit-il d’un canular, d’une opération de com politique ? Nul ne sait, et c’est ainsi que se construit la notoriété fulgurante de ce personnage. Sa réalité, que personne n’a jamais pu constater, lui vient des recherches entreprises pour l’appréhender. Elles sont l’occasion, pour le narrateur, de sillonner en tous sens le territoire géographique où le mythe s’implante. Les noms de villages ou de hameaux se multiplient jusqu’à donner le vertige, mais cette toponymie pléthorique crée un espace imaginaire grâce à la seule puissance de désignation des lieux. Le style de Mongin est le plus souvent celui du journalisme : correct, rapide, efficace, parfois vulgaire ou banal, sans recherche d’images particulières. Mais ce texte produit par là-même un autre effet, et son ironie affleure quand on prend conscience de sa ressemblance avec ce que Mallarmé appelait « l’universel reportage », càd le discours de l’information et de la communication. Parce qu’en effet le texte de « Francis Rissin » est saturé d’informations inutiles, de platitudes, même : c’est qu’il entend décrire le monde avec des mots exacts : mais décrire le monde avec les mots exacts, c’est aussi ne pas le « penser » (comme Heidegger le disait à propos du discours de la science).

Autre caractéristique passionnante de ce roman : l’efficacité du vide. Francis Rissin, en effet, représente une sorte de deus absconditus, de dieu qui se cache, comme chez Pascal. Il est grand et tout-puissant de ce qu’il n’est pas, n’existe pas, ne se montre que par effractions aussitôt disparues – bref tout ce qu’il faut pour susciter le fantasme, la projection et, en fin de compte, une adhésion inconditionnelle. Or dans toute composition, le rôle de la case vide, du blanc, du non-dit, du silence, etc., peut s’avérer essentiel. Il crée un espace dans lequel l’imaginaire du lecteur (ou du spectateur, s’il s’agit d’images, ou de l’auditeur, s’il s’agit de musique…) peut se déployer en toute liberté, avec une puissance de rétroaction décuplée sur ce même lecteur, spectateur ou auditeur. Mongin a inscrit ce principe comme moteur interne de sa fiction. C’est Henry James qui explique, dans un commentaire à propos de son « Tour d’écrou », qu’il s’agit de laisser le lecteur imaginer en quoi peut bien consister le mal qui ronge le domaine de Bly et dont les enfants (Miles et Flora) sont à la fois les proies et les complices. Il savait que le lecteur était celui qui disposait des meilleures ressources pour nourrir l’idée précise du mal dont l’auteur avait mis seulement le moule vide en place, et qu’il ne fallait surtout pas le remplir à sa place. C’est aussi le principe qui est à l’œuvre dans une fresque de Fra Angelico, L’Annonciation, commentée par Georges Didi-Huberman dans « Devant l’image » : « Ce blanc frontal n’est rien de plus qu’une surface de contemplation, un écran de rêve - mais où tous les rêves seront possibles (...) Il est donc, aux sens multiples du mot, une surface d’expectative ». Au cinéma, ce pourrait être le hors-champ qui remplit ce rôle, quand il obsède le champ sans jamais y apparaître… Bref, c’est tout un art qui donne beaucoup à penser. Bravo Martin Mongin ! Je vais maintenant continuer à lire votre livre…

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Francis Rissin

Alors je m'arrête à la 350 ème page car je commence vraiment à m'ennuyer avec ce Francis Rissin ...

J'ai déjà trouvé le premier chapitre assez imbuvable : trop de références, trop de disgressions, trop de pages mais je me suis accroché. Les suivants m'ont plus intéressé mais avec toujours ce sentiment que toutes ces pages et histoires ne mènent à rien.



Alors oui c'est bien écrit, oui c'est bourré de références littéraires, politiques et géographiques mais à part ça je n'ai pas saisi le sens de ce roman ? Plus ça allait, plus je me disais que j'étais trop bête pour y comprendre le sens. En lisant les avis ici, effectivement je crois que je ne dois pas être assez cultivé pour comprendre le message de l'auteur.



Mais je me permets quand même de le dire : c'est un roman très prétentieux et élitiste mais pas par sa qualité. Clairement, l'auteur ne cherche qu'une chose : nous prouver qu'il sait écrire et être différent. Mais nous, pauvres lecteurs, où est notre plaisir ?
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Francis Rissin

Ce polar est une vraie belle découverte. J'ai lu le terme vertigineux sur un autre avis, et je rejoins également ce qualificatif. L'auteur navigue dans les styles avec une grande aisance. 11 chapitres qui vont nous permettre de comprendre qui est Francis RISSIN. On navigue entre l'ésotérisme, le polar politique, le roman d'anticipation et le burlesque ; chaque chapitre nous livrant un style différent. La grande force est que l'auteur ne nous perd absolument pas et suscite une véritable fascination pour ce personnage et une véritable réflexion sur le fonctionnement de notre société et les rouages politiques. C'est véritablement addictif et fascinant comme oeuvre.
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Francis Rissin

Francis Rissin : cet homme est une légende. Songez : personne ne l’a jamais rencontré et pourtant tout le monde le connait.



Son nom est apparu un jour sur des affiches bleues, puis des colloques ont eu lieu, un véritable culte s’est mis en place. Et pourtant…..



Ce roman se compose de onze récits enlevés, onze voix qui lorgnent tour à tour vers le roman policier, le fantastique, le journal intime ou encore le thriller politique, au fil d’une enquête paranoïaque et bardée de références culturelles sur l’insaisissable Francis Rissin.



Au fil de ma lecture, ce nom est devenu une obsession : qui est-il ? Ce que les récits disent de lui est-il vrai ?



Une lecture qui m’a presque rendue parano tant Francis Rissin est inatteignable, insaisissable.



Une lecture parfois fastidieuse, pleine de trop de détails qui ne font pas avancer la narration. Même si ceux qui sont à la recherche de Francis Rissin parcourent eux des kilomètres à travers la France.



Un OVNI littéraire.



L’image que je retiendrai :



Celle des noms des petits bourgs de la France profonde, parfois des patelins à côté de chez moi.
Lien : https://alexmotamots.fr/fran..
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Francis Rissin

Voilà un roman qui s’apparente davantage à un kaléidoscope. Mais des images animées qui font apparaître des portraits qui font sens. Même le terme « roman » n’est pas adapté, il faudrait lui trouver une autre appellation, unique, tant cette expérience de lecture est singulière.



Martin Mongin a l’inconscience et la fantaisie du primo-romancier qui ne se pose pas mille questions et surtout ne cherche pas à entrer dans un moule.



Ce livre inclassable est avant tout une ode à l’imagination. Débridée, mais jamais désordonnée, car toujours soutenue par une plume soignée. Luxuriance des mots, beauté de la langue.



Francis Rissin est un nom, mais avant tout un concept. Une présence d’abord évanescente, mais qui prend peu à peu corps (au pluriel).



C’est un puzzle en onze grosses pièces. Onze chapitres d’une cinquantaine de pages, pour un pavé de 600 pages au final. Sauf qu’il y a des puzzles dans le puzzle, poussant le concept à l’infini et au-delà, tant l’écrivain est imaginatif et fait preuve d’érudition.



Martin Mongin est un (encore) jeune professeur de philosophie dans le civil. Ce qu’il faut en retenir, c’est que son savoir est grand (ça se vérifie à chaque page), mais qu’il a surtout un don pour faire passer un message et pour le partager.



Une telle science laisse juste parfois pour seul petit regret de ne pas avoir tout le bagage nécessaire pour bien tout appréhender. Mais qu’importe ! La magie de ce récit est qu’il ambitieux et pourtant accessible. Une sorte de tour de force dont on ressort enrichi et qui laisse une belle part à l’interprétation.



Onze histoires différentes liées dans un récit global qui débute par une abstraction pour ensuite devenir polymorphe. L’idée de départ est formidable : de simples citations dans des livres, des affiches qui surgissent de nulle part, créent une sorte de divagation de masse autour d’un patronyme.



Au fil des chapitres, on croit commencer à saisir ce Francis Rissin, mais il s’échappe, toujours. Un méli-mélo de réalité et de fiction(s), comme des couches archéologiques qui seraient tour à tour étudiées par un universitaire, un flic, des gens du cru, un artiste (et tant d’autres encore…).



L’auteur titille notre curiosité et nous append à lire entre les lignes, tout en se jouant de nous dans un véritable jeu de piste.



Voilà une œuvre qui tient autant de la fable, que du thriller, autant fantastique que chronique sociale de la France profonde (la vraie, loin du microcosme parisien), parfois aussi auto-portrait ou témoignage subjectif.



Un multi-univers d’une richesse inouïe, avec une certaine cohérence dans cet enchevêtrement.



Car tout est politique, dans tous les sens du terme. Cette histoire est un portrait de la France, si elle devait s’incarner dans une personne. Une peinture pas vraiment flatteuse, d’ailleurs. Francis Rissin, initiale FR, tout sauf un hasard.



Une fiction qui montre comment une idée peut prendre corps dans l’imaginaire collectif, comment un pays peut s’emballer pour le concept d’un messie qui réglera tous les problèmes. Quitte à aller dans les excès, laisser cet homme providentiel devenir un tyran, l’élever au rang de mythe et légende. C’est fascinant (et effrayant).



Clairement, se plonger dans ce roman demande de l’investissement. Mais son auteur fait le pari de l’intelligence du lecteur, sans jamais le prendre de haut.



Le résultat est hypnotique. On se dit que c’est un peu long et pourtant on ne veut pas en sortir. D’ailleurs, le refermer définitivement et revenir à la seule réalité est une douleur. Tous les passages ne vous parlerons sans doute pas de la même manière (un des onze chapitres m’est d’ailleurs passé au dessus de la tête).



Il faut dire que, derrière son écriture fouillée et mouvante, Martin Mongin est totalement habité par son sujet, mais toujours avec la volonté de penser au plaisir du lecteur et de rendre son récit ludique.



Ce pari audacieux, à l’ironie souvent mordante, est aussi un bel hommage à la littérature de genre (d’ailleurs, nombre d’auteurs de SF sont cités dans sa dernière partie).



Ouvrez votre esprit, élargissez vos champs d’intérêts, laissez s’égarer votre imagination au loin tout en restant ancré dans notre société. A ces conditions, la lecture de Francis Rissin risque fort de vous marquer pour longtemps.



Prions pour que Martin Mongin garde cette fraîcheur et cette imagination, dans le futur. Il restera alors un écrivain à part, de ceux qui font honneur à la littérature aventureuse.
Lien : https://gruznamur.com/2019/1..
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Francis Rissin

Un livre prenant oui, un livre avec du suspens évidemment. Une chose que enfin la seule et unique chose que nous pourrions répondre au livre est que parfois trop de détails tue le détail, une histoire également faite pour découvrir la France et les sommets.
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Francis Rissin

Énorme coup de coeur pour ce petit bijou littéraire !!!

Moi qui aime être surprise, j’ai été comblée par ce premier roman éblouissant, bluffant, délirant et d’une très grande intelligence ! Quelle originalité ! Et franchement ça fait du bien !!!

C’est un roman prenant et surprenant.

C’est le portrait d’un homme insaisissable, fantasmé qui nous est fait à travers une dystopie politique qui montre oh combien il est facile de manipuler le peuple.

Qui est Francis Rissin ? Existe-il ? Est-ce un concept uniquement ?

Chacun y met ce qu’il veut dans la description de ce mythe, ce messie, ce leader tant attendu.

Laissez vous embarquer dans cette épopée !

Quelle maîtrise de ce jeune auteur (je peux dire qu'il est jeune car il a quasi mon âge 😁)

A lire et relire!!!
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Francis Rissin

Ce livre est ambitieux, et son idée de départ est originale. On se perd néanmoins dans les détails inutiles et un certain verbiage, et surtout l’ouvrage pêche par la faiblesse de ses voix narratives. A vrai dire, il n’y en a guère qu’une, et on aurait aimé que la multiplicité des narrateurs se retrouve dans des styles différenciés. Houellebecq est moins ambitieux mais plus convaincant aussi dans ses dystopies. A presque 700 pages, mieux vaut (re) regarder un film de David Lynch.
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