AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Martin Solares (45)


Tout artiste véritable est un aveugle qui ignore où il va mais arrive toujours à destination.

VOYAGE AUTOUR D'UN RÉCIT.
Commenter  J’apprécie          760
À l'intérieur de l'œuvre, si tant est que celle-ci soit cohérente, se trouve l'auteur, ses idées sur l'art du récit, donc pourquoi les répéter en alourdissant le déroulement de l'intrigue ? « Il faut craindre les romans qui s'efforcent de nous transmettre un message, […] toute œuvre qui a un point de vue nous le communique, puisque toute œuvre est le total de la vie d'un être humain. »

VOYAGE AUTOUR D'UN RÉCIT.
Commenter  J’apprécie          270
Depuis quelques temps, des êtres surnaturels de toute sorte venaient vivre ici, en provenance de toute l'Europe. Ils n'étaient pas seulement attirés par le magnifique climat français, plus agréable que celui de Londres ou de la Roumanie, mais aussi par les restaurants, les bars et les cafés qui servent à toute heure et sans poser de questions des clients au visage blafard.
Commenter  J’apprécie          200
— Pourquoi on perd du temps ? – L’épouse de M. De León était une grande blonde de quarante-cinq ans, pas commode, bien conservée, habituée à imposer sa volonté et qui n’y allait pas par quatre chemins. – Allez parler aux chefs des trois gangs, proposez-leur du fric et qu’on en finisse.

— Ça mettrait ta fille en très grand danger, la sermonna le consul. Ils ne sont peut-être pas au courant de sa disparition, alors autant en profiter. Il faut tenter le coup autrement.

— Eh bien moi, je vous trouve bien calmes et je préfère ne pas imaginer ce que Cristina est en train d’endurer : séquestrée et outragée par cette racaille.
Commenter  J’apprécie          40
- Qu'est-ce qui est arrivé à ta jambe ?
L'homme fit une grimace qui dévoila ses canines supérieures. L'enquêteur pensa à un chien qui se sent agressé. Sans chercher à dissimuler son amertume, il expliqua qu'il avait déjà réussi à contrer cinq attaques quand il lui avait fallu repousser un assaut des Anciens, le gang aux Trois Lettres. Avec moins de succès cette fois. Le pire, c'est qu'un unijambiste ne détonnait pas vraiment dans le coin. Ciuadad Miel était en train de devenir une ville d'éclopés. En voyant ses habits tout rapiécés, Trevino comprit que, depuis cet épisode, ses chefs l'avaient mis au placard. Ramiro suivit son regard et tenta de dissimuler une brûlure de cigarette sur le devant de sa veste.
- Avant de commencer, dis-moi, tu bosserais pas pour la police judiciaire ou les stups américains, par hasard ?
Commenter  J’apprécie          40
Je n'en croyais pas mes oreilles.
"Les morts aussi émigrent ?"
Mariska eut l'air vexé.
"Évidemment ! Nous voyageons beaucoup plus que les vivants !
- Et vous avez un service pour ça ?
- Pas moyen d'échapper à la bureaucratie, très cher ; nous sommes en France."
Commenter  J’apprécie          20
La porte donnant sur la terrasse s’ouvrit à nouveau et le gros à la petite moustache ridicule revint dans la pièce en prononçant le mot « Affirmatif », mettant fin à l’appel qu’il avait reçu sur son talkie-walkie. Il s’arrêta juste à côté de M. De León et ne prononça pas la moindre parole jusqu’à ce que le consul lui demande :

— Qu’est-ce qu’il se passe, là-bas dehors ?

— Ça grouille de voitures et de gens du côté de la Colonia Pescadores. Ce sont les gars de La Cuarenta : c’est le week-end, ils doivent être complètement bourrés. Et puis il paraît que le garçon s’est toujours pas réveillé, mais qu’on me tiendra au courant. – Il faisait référence au fiancé de la jeune femme enlevée, qui était toujours hospitalisé.

M. De León se mit en rage :

— J’ai déjà dit qu’on lui fiche la paix.

— L’idée est de moi, l’interrompit le consul. Je n’ai pas voulu prendre de risque, on le surveille par acquit de conscience.
Commenter  J’apprécie          20
Le consul se racla la gorge.

— Ça n’est pas non plus une blanche colombe, hein, ne me fais pas dire ce que je n’ai pas dit. J’imagine que, comme tous ses collègues du commissariat, il a dû accepter quelques dessous-de-table. Mais dans le cas du tueur à la tronçonneuse, je crois qu’il est le seul à avoir essayé d’arrêter le vrai coupable, même si ses ennemis prétendent que tout ce qui l’intéressait, c’était la récompense, tu sais comment ça se passe dans le coin. En tout cas, tant qu’il a été en poste, il a toujours collaboré avec moi et avec le consulat, dans la limite de ce qui est autorisé par la loi mexicaine, bien sûr, et il est toujours resté correct. C’est d’ailleurs pour ça qu’il n’a pas tenu plus de quatre ans à son poste : Treviño est l’une des rares personnes honnêtes que j’aie connues dans tout le golfe du Mexique.
Commenter  J’apprécie          20
Le consul, voyant bien que l’homme d’affaires était une boule de nerfs, une boule de nerfs de quatre-vingt-dix kilos, ajouta en usant de toute la diplomatie dont il était capable :

— Je crains que tes gardes du corps ne puissent pas s’infiltrer sans se faire repérer, Rafael. Je pense notamment à ton personnel de confiance. Ceux qui se sont assez approchés pour enlever ta fille ont probablement passé du temps à étudier ton système de sécurité, ces derniers mois. Quant à la police et à l’armée de La Eternidad, je te déconseille de faire appel à eux : la police vendrait son âme au diable si le diable était le plus offrant ; quant à l’armée, elle dépend des hommes politiques en place, et tu sais pertinemment pour qui ils travaillent. Ce gars, en revanche, c’était le meilleur enquêteur du port jusqu’à il y a quelques années. C’est lui qui a arrêté le tueur à la tronçonneuse.
Commenter  J’apprécie          20
Les freins d’un camion rugirent sur une avenue non loin de là et le consul regarda M. De León droit dans les yeux :

— Nous ne devrions pas perdre autant de temps. Au lieu de continuer à attendre que quelqu’un nous contacte, tu ferais mieux d’envoyer un spécialiste la chercher, quelqu’un qui n’éveille pas les soupçons. L’homme dont je te parle est à la fois discret et courageux. Il pourrait mener l’enquête et mettre au point une stratégie : il connaît bien la région, il a un réseau, en tout cas il en avait un il y a encore quelques mois. C’est quelqu’un de brillant, il ne se retrouve jamais coincé : il serait capable de s’échapper du ventre d’une baleine, au besoin.
Commenter  J’apprécie          20
Ils se trouvaient dans la propriété de M. De León, sans doute la plus grande demeure de cette partie du port, un quartier de millionnaires situé non loin du ravin où s’entassaient les logements populaires, de ce côté-ci du fleuve. C’était une maison d’inspiration coloniale californienne, bâtie sur trois étages, avec d’immenses baies vitrées et des balcons en pierre et fer forgé. Elle se trouvait au centre d’un jardin qui comptait quelques trous de golf, une piscine et une source. Pour y entrer, il fallait être autorisé à franchir le mur d’enceinte couvert de plantes grimpantes et protégé par des vigiles. À travers les fenêtres, on pouvait apercevoir la lagune de La Eternidad, sans doute le plus bel endroit du port – certes, mais pour l’heure ils avaient d’autres chats à fouetter.
Commenter  J’apprécie          20
Ce mastodonte à la moustache toute fine remua son mètre quatre-vingt-dix avec une agilité inespérée, comme si les lois de la gravité n’existaient pas, et il pointa l’engin sur le quartier voisin. En le voyant penché là, avec son minuscule visage rond, ses traits infantiles et sa petite moustache ridicule, on aurait juré qu’il ne ferait pas de mal à une mouche, ce qui n’était pas faux, à condition que la mouche mesure moins d’un mètre et ne représente pas une menace pour M. De León. Pendant ce temps, Rodolfo Guadalupe Moreno, numéro deux dans la hiérarchie des gardes du corps, un homme à la mine grave comme la mort, avec son bouc et ses sourcils fournis, ses bottes de cow-boy et sa veste en cuir noir, alla se poster, bras croisés, à la place laissée vacante par son collègue, tout près de la porte.
Commenter  J’apprécie          20
On entendit soudain un bruit sec et crépitant.

— C’était quoi ? demanda le consul tandis que les gardes du corps dressaient la tête, tels deux chiens reniflant le danger.

Et comme ni la femme ni les hommes assis autour de la table ne faisaient le moindre mouvement, il insista :

— Ça avait l’air tout près…

Les détonations, les grenades qui explosent, les coups de feu isolés ou les tirs en rafale étaient devenus monnaie courante dans le port, aussi courante que les mots extorsion ou enlèvement. En voyant la mine préoccupée du consul, Valentín Bustamante, alias El Bus, le chef des gardes du corps de M. De León, sortit sur la terrasse pour regarder à travers le télescope de l’homme d’affaires.
Commenter  J’apprécie          20
D’après les informateurs en question, il conduit toujours une voiture blanche et se rend régulièrement dans un restaurant près du fleuve, en face des brise-lames. Il reste attablé là une ou deux heures, discute avec les propriétaires, fait ses petites affaires et retourne sur ses pas, pour aller où, personne ne le sait vraiment. D’autres disent que non, qu’il passe son temps à aller et venir, qu’il fait peut-être de la contrebande, mais ça me semble peu probable, souligna le consul, il s’est toujours tenu à l’écart du crime ; il ne serait donc pas surprenant qu’il accepte de travailler pour M. De León, et il regarda l’homme d’affaires. En tout cas, jura le consul Don Williams, si cet homme était encore en vie, il serait la personne idéale.
Commenter  J’apprécie          20
Au bout du compte, peu importe que le roman que l'on est en train de lire ait été écrit vite ou lentement, l'essentiel est qu'il nous transporte ailleurs, là où la vie est plus intéressante qu'au quotidien.

L'AUTOMOBILE DU ROMAN.
Commenter  J’apprécie          20
Il nous arrive fréquemment d'inventer un personnage qui nous rappelle quelqu'un, alors on en prend soin, on en dit du bien et, au bout du compte, le récit qui en découle est d'un effroyable ennui. Si des personnages te rappellent des membres de ta famille ou les êtres que tu aimes le plus au monde, tue-les sur-le-champ ou mets-les en danger. Sinon, le lecteur sentira que tout ce qui est dit sur eux n'est rien d'autre qu'un hommage interminable et complaisant. Le roman est la quête de l'inattendu, de l'inconnu, de l'amusant, de l'effroyable.

CE SOMBRE DOUBLE HORS DE LA NUIT DE NOTRE VIE.
Commenter  J’apprécie          20
Vu la réputation du commissaire, on ne pouvait pas écarter la possibilité qu’il soit mêlé à cet enlèvement, ou qu’il ait l’intention d’y prendre part : le commissaire était tout à fait capable d’organiser le sauvetage de la jeune femme pour ensuite la cacher et exiger une rançon trois fois plus élevée. Ils avaient donc préféré ne pas lâcher trop d’informations, juste une photo récente de Cristina.
Commenter  J’apprécie          10
Dans la mesure où ils ne pouvaient pas éviter que la police locale se mêle de l’affaire, puisque c’étaient quand même eux qui avaient retrouvé la voiture, De León et Don Williams avaient reçu le commissaire Margarito à la maison la veille au soir. Une rencontre hostile, au cours de laquelle ils n’avaient pratiquement échangé aucun mot avec le chef de la police du port : ils l’avaient écouté parler (Nous la retrouverons, ne vous inquiétez pas, monsieur) puis lui avaient dit au revoir. Pour le consul, c’était lui, le principal suspect.
Commenter  J’apprécie          10
Même si rien ne confirmait les soupçons de l’homme d’affaires, cette éventualité avait le don d’inquiéter le consul : s’il s’agissait bel et bien d’un coup des Nouveaux, ils finiraient par retrouver la jeune femme morte et couverte de traces de torture, ce n’était plus qu’une question d’heures. Sauf que personne n’appelait pour exiger une rançon et qu’il n’y avait pas la moindre piste.

— Duck, va parler à Margarito…, supplia la femme en utilisant le diminutif réservé aux amis proches du consul à La Eternidad.
Commenter  J’apprécie          10
Dès qu’il avait appris qu’on avait retrouvé la voiture de Cristina et que son fiancé était entre la vie et la mort, il avait convaincu le consul de prendre en main l’enquête et les négociations.

— S’il faut le surveiller, au moins que ce soit fait discrètement… N’oublie pas que son père est mon associé. Mais tu ferais mieux de m’écouter, consul, et arrêter de perdre du temps : ce sont Les Nouveaux qui ont fait ça.
Commenter  J’apprécie          10



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Martin Solares (109)Voir plus

Quiz Voir plus

Retour au sens premier ... 🧐 📖

Une polémique fait rage. Vous êtes dans l'œil du cyclone :

en pleine tourmente
ouf ! un moment de répit

5 questions
83 lecteurs ont répondu
Thèmes : expressions françaises , sens , Faux amis , bisous , bisous , baba yagaCréer un quiz sur cet auteur

{* *} .._..