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Critiques de Maryam Madjidi (220)
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Pour que je m'aime encore

S’intégrer et se construire,

l’histoire d’une vie !

Maryam Madjidi, dans son premier roman évoquait son enfance en Iran, elle racontait aussi le départ avec sa famille pour une autre patrie : la France. Dans ce deuxième ouvrage, la jeune héroïne reprend là où elle s’était arrêtée et invite à découvrir son adolescence dans un univers qu’il lui faut apprivoiser. La

narratrice raconte son évolution entre sa famille mais aussi avec les gens rencontrés. Elle s’enrichit de tout ça pour se construire, la vie n’a rien de rose et il faut se battre encore et toujours. Il n’est pas question de jugement mais plutôt de poser un regard

instantané sur un événement pour le décrypter. Ce n’est pas tellement un roman mais plutôt un ensemble de scènes de vie qui montre que l’intégration n’est jamais simple, tout reste à inventer ou à défendre. La différence fait beaucoup parler et l’auteure propose une écriture drôle et intelligente pour étayer son propos. Elle sait raconter les moments difficiles en glissant une touche d’humour, rester humble face à son histoire est son fil rouge. Certains épisodes permettent de comprendre pourquoi les différents sentiments s’imbriquent dans l’esprit et l’âme de façon

complémentaire. Parfois la colère domine, parfois c’est

l’admiration mais tout est spontané. On peut avoir du mal à s’identifier ou à comprendre si on n’a pas eu cette coupure, ces difficultés dans la construction identitaire mais par l’écriture directe et franche de Maryam Madjidi on lit ce livre avec beaucoup d’intérêt.
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Je m'appelle Maryam

Livre offert juste pour le plaisir parce que je porte le même prénom que l'auteur.

C'est un joli roman jeunesse, avec de belles illustration qui traite de façon simple et à portée de compréhension pour les enfants du sujet de l'exil, du choc des cultures, des difficultés de faire cohabiter 2 cultures différentes pour cette enfant qui a du quitter son pays en guerre, de façon indirecte des difficultés que peut lui poser l'intégration dans son nouveau pays.

C'est une jolie façon d'aborder les choses.
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Marx et la poupée

Un très bon premier roman !



Maryam Madjidi fait partie de ces trentenaires qui dépoussièrent la littérature comme Marion Messina ou David Lopez. Dans Marx et la poupée, l'auteure raconte l'exil, la révolution iranienne, la jeunesse de Teheran et la famille. Son regard sur le monde est poétique et sensible. Une belle découverte.


Lien : https://lilietlavie.com/2019..
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Marx et la poupée

On vient de "fêter" le 40ème anniversaire de la Révolution Islamique. Dans son ensemble, le peuple iranien doit subir le régime des mollahs; mais de nombreux Iraniens, marxistes ou non, ont préféré s'exiler. J'ai déjà eu l'occasion de lire plusieurs récits plus ou moins romancés, écrits par des femmes, qui relatent la fuite de leur patrie et leur pénible adaptation en France. En BD, nous avons lu aussi "Persépolis".

Ce livre m'évoque donc des thèmes familiers. Et je dois avouer que, là, je suis resté sur ma faim. A mon sens, ce texte n'apporte pas grand-chose de nouveau. Il faut seulement noter que, après avoir passé une bonne partie de sa jeunesse en France, l'auteure a voulu retourner vivre en Iran; mais, dissuadée par ses proches, elle a choisi de s'installer dans des pays tiers pendant des années.

Dans le livre, il y a d'intéressants passages, comme ceux qui concernent l'apprentissage du français et l'adaptation à l'école. Mais le récit est écrit sans joliesse, à la diable, par bribes; le lecteur a souvent du mal à situer chaque épisode raconté dans la vie de l'auteure. Je trouve aussi que celle-ci ne communique pas beaucoup d'émotion, quand elle évoque son passé parfois difficile.

Ce livre ne me semble pas soutenir la comparaison avec "Désorientale", de Négar Djavadi, que j'ai lu récemment et qui, je le souligne, a une forme plus romancée.

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Marx et la poupée

Il va m'être bien difficile de chroniquer ce roman. Bon, faut dire que je traîne un peu la patte niveau blogging en ce moment, j'ai peut-être perdu la main. Mais surtout, ce roman a un truc bouleversant. Et l'avoir découvert en livre audio a encore ajouté à ma difficulté à en parler.

Faut dire que je suis tombée amoureuse de la voix de l'autrice, qui lit le livre.



Ça se lit comme plein de petits contes. Et ça commence là où la vie commence, dans le ventre d'une jeune mère. Premier traumatisme, que de naître au milieu d'une révolution iranienne, de parents communistes convaincus. Deuxième traumatisme que celui de devoir faire passer les tracts interdits en douce, car on ne fouille pas les bébés. Troisième traumatisme que celui de devoir donner ses jouets quand on a 5 ans parce qu'il faut apprendre à partager.

Puis l'exil, tout aussi traumatisant.



Et pourtant, même si le texte a un côté un peu décousu qu'on pourrait reprocher à l'autrice par moments, cela permet de lire avec légèreté. Oui, on va être ému, bien sûr. Mais on va déguster ce petit livre.

Je ne suis pas le genre de lectrice qui fait attention aux prix, aux bandeaux (c'est moche les bandeaux, arrêtez avec ça chères maisons d'édition, merci bisous) et autres trucs qui accrochent l’œil. Mais, je ne suis pas étonnée de l'accueil et des prix qu'a reçu ce roman.



Ce qui est très fort, outre la plume hyper maîtrisée, travaillée mais néanmoins super accessible, c'est la densité du livre (surtout quand on voit le nombre de pages) avec des thématiques abordées pas évidentes, mais néanmoins son humour et la facilité qu'on a à le découvrir. Parce que parfois, faut bien admettre que certains livres très beaux deviennent très pesants du fait de ce qu'ils racontent. Ce n'est pas le cas ici, et pourtant, on admet sans problème que ce dont on va parler n'est pas toujours joyeux-joyeux. Assez rarement, même.

L'évolution de cette petite fille, que l'on voit devenir adolescente, puis femme, l'importance des racines, de la famille, de la langue... C'est comme un récit initiatique, une quête d'identité.



Tout le monde grandit et évolue, l'identité se construit plus ou moins facilement, mais ici, on voit de façon très juste à quel point il a pu être compliqué pour cette enfant de se "trouver" (je n'aime pas trop le terme, mais bon). Pour ma part, même si comme dans toutes les familles, il y a quelques petits trucs cachés, quelques squelettes dans les placards, j'ai quand même eu la chance de ne pas avoir à être déracinée . Je ne sais pas ce qu'est la double culture, l'exil, le besoin viscéral de revenir à ses racines ou au contraire de s'en éloigner, et surtout comment on grandit et comment on se construit au milieu de tout ce fatras. Ce récit m'a permis de le comprendre, un peu, de l'approcher du doigt en tout cas.



Mais surtout, c'est la plume de son autrice que je vous engage à découvrir, parce que vraiment, elle vaut le détour. De mon côté, je vais suivre son parcours littéraire de très près.
Lien : https://delaplumeauclic.blog..
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Marx et la poupée

Le livre commence avec les horreurs du régie de Khomeini, semblables à celles du régime du Shah, qui l'a précédé. Le récit de cette désillusion, d'autres auteurs l'avaient mieux écrit (Marjane Satrapi par exemple). Rien d'original donc. L'histoire gagne en intérêt quand l'auteur nous parle de sa vie en exil, de son dur apprentissage du français, de sa quête d'identité. Elle le fait avec beaucoup de sensibilité et de poésie. Les références aux grands poètes perses (ex: Khayyam) ne sont jamais loin.

Je n'ai pas été bouleversé par ce roman parce que j'avais beaucoup lu sur l'Iran et la période post-révolutionnaire. En revanche, j'admets que c'est un premier roman bluffant de sincérité et d'intelligence. La psychologie d'une enfant traumatisée par son déracinement est présentée avec finesse.
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Marx et la poupée

Elle a eu trois naissances: une sur un fond de révolution, une autre en France et la dernière sur la terre de ses origines.

Maryam est née en Iran à l’heure de la révolution qui embrase le pays. Ses parents sont des activistes chevronnés mais leur combat communiste est de plus en plus difficile à mener. Sa mère et elle doivent rejoindre le père déjà parti en France.

Commence alors une vie d’exilée, tiraillée entre ses parents et la volonté de devenir française, de ne plus être montrée du doigt, de devenir transparente.

Tout au long de ce récit, Maryam nous propose des séquences de sa vie un peu « plic-ploc », on la suit dans ses rêveries, dans sa vie d’adulte pour revenir à son enfance… Elle nous explique alors sa relation avec sa langue maternelle et sa langue d’adoption, comment garder ses racines quand on pousse autre part.

Maryam raconte avec beaucoup de talents les atrocités subies par les Iraniens restés au pays, elle raconte aussi la douleur d’être en France, de quitter son pays, la perte de ses repères et de la difficulté d’adaptation.

Cette histoire joue sur plusieurs tableaux, du très concret comme l’exil, l’apprentissage du français, à des parties plus poétiques qui débutent par « Il était une fois » où Maryam se met en scène. C’est un récit très beau que ce court roman grâce aux qualités d’écriture de l’auteure.



J’y ai vu des ressemblances avec "L’art de perdre" (où on sent que l’écriture est plus aboutie) et je ne doute pas que les prochains romans de l’auteure gagneront en intensité.




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Marx et la poupée

Un récit largement biographique et poétique sur l'exil qu'a vécu l'auteur; Très beau et poignant. A découvrir
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Marx et la poupée

Maryam Madjidi délivre des myriades d’oiseaux livresques des griffes de la tyrannie iranienne .Ce récit de miel, de sang, d’oppressions, d’une rare beauté, étonnamment puissant est un miroir fissuré par un exil forcé pour Maryam Madjidi à l’âge de six ans à Paris. Ces morceaux d’architecture sont une ubiquité à rude épreuve .Voici deux drapeaux nationaux qui s’enlacent et se déchirent tour à tour lorsque la nostalgie élève son chant de souffrances. Ces fragments d’écriture sont à l’identique d’une parole murmurante l’existentiel émoi. Cette lutte pour l’auteur de devenir authentiquement libre, est un chemin semé d’embuches mémorielles. On devient son ombre, on est fou de rage de voir cette belle Iran saccagée par la révolution. On voudrait étreindre cette Iran en folie pour changer ses habits de luttes infinies en vertus humanistes. On voudrait une France plus tolérante et douée d’accueil pour ses hôtes bousculés par ce voyage sans retour, irrévocable et violent. Comme elle est forte Maryam !!, douée par ce don exutoire d’une écriture toute en essence palpitante et digne. On est saisi par ce rythme doux et manichéen qui page après page bouleverse le lecteur et renforce les lignes d’une passerelle entre les deux rives, Française et Iranienne. « Ce pays massacre ses millions d’enfants… Il s’appelle Paul, c’est un vrai Français, pas comme toi qui es une Française en toc. .. Maryam réconcilie toi avec ta double culture. Fais la paix en toi… »Le titre emblématique « Marx et la poupée »renforce la parabole de la politique Iranienne qui brime une jeunesse talentueuse et joueuse. Où se trouve maintenant cette poupée enterrée dans le jardin familial ? Sans doute dans la rime du temps qui construira la citadelle des réconciliations, et qui sera la plus belle bâtisse sereine, libre, franche, engagée, fière, respectueuse de ses murs. C’est tout l’art de cette autobiographie, de ces jours où pas un souffle de vent indique la bonne direction pour se battre contre soi-même. Ce récit majestueux, majeur, de haute voltige, d’une éclatante mise à nue, devrait se trouver dans chaque lieu républicain, dans chaque cours de géopolitique, de citoyenneté et d’éveil à l’altruisme. On aime écouter Maryam Madjidi dire et se dire. On admire la Maison d’Edition « Le Nouvel Attila » On est fier de savoir ce grand livre porteur, en finale pour le Grand prix Hors- Concours 2017. On sait que l’on vient de lire ce que l’histoire du monde peut engendrer comme épreuves et comme forces insoupçonnables. Voici un livre à lire d’urgence.
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Marx et la poupée

Un ouvrage construit de façon originale entre récit autobiographique, anecdotes, histoires et contes pour exprimer le malaise de Maryam, enfant exilée, enfant intégrée. J'ai beaucoup apprécié l'aspect véridique de ce livre qui nous montre des évènements et de la terreur qui existaient en Iran. J'ai pris conscience aussi de la difficulté pour les enfants exilés de s'intégrer et de se construire, cependant je peine à comprendre le message de l'auteure dans les cas cités : que propose-t-elle ? que faudrait-il ? J'admire aussi la complexité de cet enfant perdu qui a trouvé des parades pour lutter et finalement pour se construire malgré sa situation. Et l'amour des langues,et de la poésie.

Un ouvrage complet qui fait rire , qui fait pleurer, qui fait réfléchir
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Marx et la poupée

Un couple d’Iranien s’exile en France avec dans ses bagages une fillette de 6 ans. C’est la narratrice. Dans un magnifique récit très poétique, au ton très juste, elle nous livre ses souvenirs mi-réels mi-imaginaires sur l’exil. Nous voyons l’enfant quitter une langue pour une autre que maintenant adulte elle manie avec grand art. Dans de courts chapitre, à la manière d’un conte, elle nous fait vivre son expérience et nous livre ses réflexions sur l’exil. Avec elle nous comprenons mieux le sentiment de déracinement qui empli tous les exilés. Ils ne seront jamais d’ici mais plus jamais de là-bas. Peut-on s’intégrer sans le fardeau de ses origines qui est aussi notre richesse?

Je n’avais pas fait cette chronique juste après lecture et de si belles choses ont déjà été écrites!

A bien mérité son prix Goncourt du premier roman

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Marx et la poupée

il y a dans ce premier roman de Maryam Madjidi un mélange de poésie, de douceur et de légèreté à la découverte des images qu'elle nous offre. Si l'histoire est ici douloureuse, elle est racontée avec le sourire. Ce sourire, c'est un souvenir d'enfance avant l'exil. Le sourire d'une jeune femme qui semble avoir fait bien du chemin depuis ce départ forcé d'Iran. Quittant la tragédie iranienne, la famille atterrit en France où la petite Maryam, d'abord tétanisée par ce nouvel environnement, finit par acquérir son autonomie, affirmant son indépendance aussi par rapport à son histoire familiale.

Comme dans un journal, l'auteure partage les moments marquants de son histoire. Elle va à l'essentiel, nous offrant des pages révélatrices sur sa vie en Iran puis son arrivée en France où il lui faudra s'éloigner de ses racines, de la culture et de la langue de ses parents pour saisir la chance de son intégration.

[...]

La réflexion et l'expérience de Maryam Madjidi dans son rapport à la langue est très intéressante. Elle nous questionne aussi sur la place que nous laissons dans notre société pour les doubles cultures : n'est-il pas possible de s'intégrer sans renier ses origines ?

[...]

Un beau récit, une agréable lecture, peut-être trop légère à mon goût, mais gageons que nous retrouverons bientôt Maryam Madjidi dans nos PAL. Un récit de l'exil très contemporain, à découvrir, pour réfléchir un peu.
Lien : http://itzamna-librairie.blo..
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Marx et la poupée

Grâce aux 68, je viens de finir Marx et la poupée.

Et pourtant j’appréhendais de lire ce livre encensé par tous et je crois avoir lu au moins 3 jours sur la révolution iranienne ces derniers mois, et donc ... j’étais frileuse. L’écriture délicieuse, mais non conventionnelle m’a aussi déstabilisée parfois, mais je me suis accrochée, j’ai surtout lâcher prise et accepter de vivre avec Maryam dans l’intimité d’un exil délicat. Quelle merveille, quelles émotions, frayeurs et espoirs ! A la recherche d’un équilibre impossible, d’un renoncement insupportable, d’une insertion difficile... A la recherche des mots pour le dire, le persan si doux qui s’éloigne, le français intimidant et fascinant. C’est la lutte d’une petite fille déchirée qui a dû tout abandonner, famille, langage, repères, jouets, amis, richesse, pour une vie d’exil incertaine. Heureusement la présence furtive d’une grand mère qui chuchote à l’oreille de Maryam dans les moments les plus douloureux, heureusement l’amour d’un père et d’une mère, heureusement la séduction de la langue française dont elle fera son métier. J’ai adoré ces lignes libres et sensibles, ces flashes du passé, la poésie toujours présente, la volonté d’avancer en femme libre sans renoncer à ses racines. Bravo. Un coup de coeur.

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Marx et la poupée

Quelle langue! Quelle poésie! C'est beau, c'est un régal à lire, relire, à écouter la musicalité de certains passages, à déguster ce petit bijou de littérature!

"Marx et la poupée" c'est un travail sur les souvenirs, sur la mémoire, sur les racines et sur l'exil. Entre Paris et Téhéran, Maryam Madjidi nous entraîne dans un tourbillon de souvenirs qui s'entrechoquent, de petits paragraphes en extraits de poèmes, d'une révolution à un exil, et d'une petite fille à une femme. C'est plein de petites histoires, de petites bulles d'anecdotes, de pleurs et de rires.

L'auteure n'a que 6 ans lorsque ses parents décident de quitter Téhéran pour Paris suite à la révolution iranienne. Elle décrit par petites touches sa découverte de la langue, de la nourriture, son refus de parler/manger pendant un temps, ses dessins macabres et son oubli du persan. Le personnage de la grand-mère est important, qui apparaît et disparaît, mémoire vivante de son pays d'origine, qu'elle cherche et repousse selon les moments. Le livre est divisé en trois grands chapitres (première, deuxième et troisième naissance) qui sont autant d'étapes que l'écrivaine évoquent quand à sa relation à l'exil et à ses racines. La langue, incontestablement, est ce qui la guide, cette langue oubliée qui revient. Plusieurs extraits à ce sujet sont très émouvants, je pense à celui-ci par exemple :



"Un étrange bruit attire son attention. C'est le bruit d'une canne qui frappe le pavé. Elle tourne la tête et voit une vieille femme avancer vers elle. Elle a le visage recouvert mais un parfum familier et rassurant se dégage d'elle. Elle s'assoit près d'elle sur le banc.

- Je te l'avais dit : tu reviendras vers moi. Tu es revenue à présent.

- Vous êtes qui ?

- Tu ne me reconnais pas? Je suis ta langue maternelle. Je t'ai attendue tout ce temps."



On est à plusieurs reprises dans la fable, comme l'indiquent certains titres comme "il était une fois". Dans cet entrelacs de souvenirs parfois difficiles, le réel est sublimé par ces passages où le conte prend le dessus. L'ensemble est très poétique et infiniment réussi.


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Marx et la poupée

Un patchwork... Oui. Un somptueux patchwork, c'est la première image qui me reste en mémoire après la lecture du premier roman de Maryam Madjidi. Roman ? Pas roman ? Quelle importance ? Pour moi, "Marx et la poupée" plonge ses racines dans l'origine du mot "texte" : une "chose tissée, tramée" et l'image du patchwork ou de la tapisserie prend alors une puissance inouïe. Souvenirs, courtes fables, contes, portraits, poèmes... s'esquissent, se déploient et appellent d'autres images, tissées entre elles par les fils dorés des langues. La langue originelle, le persan, et celle de l'exil, ce français né d'un silence où s'engloutissent l'enfance et les liens familiaux, procèdent par vagues douces et violentes, se superposant parfois, luttant souvent, et se juxtaposant enfin en épaisseurs fertiles. C'est si beau que l'envie m'a prise de lire à haute voix, de faire résonner haut et clair ces strates de chagrin, de peur, de nostalgie et de déracinement.

Déracinée. Il y a dans ce mot toute la violence de l'arrachement à tout ce qui a nourri et fait croître, à la tendresse d'une grand-mère et à la complicité avec un oncle. Il y a la maison qu'on abandonne à jamais, les jouets que l'on est contraint de donner, la sensation de tomber inexorablement au creux d'un cauchemar où l'inconnu ne peut être que funeste. L'exil est cet arrachement brutal à un lieu, à des proches aimés, à une langue, à une mémoire commune. Maryam Madjidi exprime toute la douleur qui en résulte pour une petite fille de 6 ans. Avec un humour tendre, qui voile de pudeur cette souffrance brûlante, qui la met à distance pour évacuer toute possibilité de pathos, elle raconte ces moments à la fois dévastateurs et fondateurs. Car les racines mises à nu le temps du déchirement sont artificiellement implantées dans un autre terreau, pas forcément accueillant, un terreau étranger où l'étrange est d'être persan.

On l'oublie bien trop souvent mais une langue ce n'est pas seulement un vocabulaire qu'il suffit d'apprendre et de référer aux choses réelles, ce n'est pas seulement une syntaxe et une conjugaison. Une langue c'est aussi (surtout ?) le vecteur d'une culture et d'un imaginaire collectifs, formés d'images mentales, de catégories intellectuelles, psychologiques et affectives, d'une connivence entre mode de vie et constructions langagières. Comment le vécu antérieur d'un enfant, d'un adulte peut-il assimiler et accommoder cet ensemble qui ne paraît cohérent qu'à ceux dont les générations successives en ont fait la langue maternelle ? Faut-il que ce soit forcément au prix de l'oubli, de la relégation de tout ce qui fait une vie commencée ailleurs ? S'intégrer à une culture, dans une société, est-il forcément le corollaire de désintégrer la culture d'origine ? Le roman de Maryam Madjidi soulève avec une force bouleversante chacune de ces questions-pièges, de ces questions-pierres en les plaçant au niveau de l'enfant blessée qu'elle fut probablement et de l'adulte recomposée qu'elle est sans doute.

Oui un patchwork coloré, chatoyant, qui tisse étroitement langues, cultures, espoirs, émotions, rêves et chants. Une étoffe fabuleuse qui épouse les pleins et les déliés d'une vie trois fois naissante. Un roman magnifique qu'il faut lire et relire et relire encore jusqu'à s'en imprégner pour le porter toujours.

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Marx et la poupée

Marx et la poupée de Maryam Madjidi. (68 premières fois)

Je ressors de cette lecture avec un sentiment étrange que j’ai bien du mal à définir et à formuler. Ce livre se lit facilement, la lecture y est limpide. Il y a du léger dans les mots malgré la violence d’une insurrection, d’un peuple torturé et la douleur d’un exil. Un air de rien syntaxique propre à la poésie… Et de vouloir le garder près de moi pour chaque jour l’ouvrir et en lire une page, quel que soit l’ordre…La chronologie importe peu, ce sont les mots ciselés, en perles, que l’on goûte et que l’on savoure et ce même dans la dureté et l’âpreté qu’ils délivrent. Il y a du beau dans la tristesse, il y a de la grâce dans les pages, les premières qui parlent de cette mère absente à son enfant à naître…à son enfant vivant…

J’y retourne, feuillette, relis encore et encore pour que ces mots s’amarrent et pèsent, qu’ils prennent du poids et ne puissent plus s’échapper. Il y a du fantomatique dans ces lignes et comme les fantômes que l’auteur déterre de sa mémoire, les mots sont là sans y être. Ils sont élégants, forts, justes mais s’enfuient, se dérobent…

« Je déterre les morts en écrivant. C’est donc ça mon écriture ? Le travail d’un fossoyeur à l’envers. (…) Je me promène sur une plaine vaste et silencieuse qui ressemble au cimetière des maudits et je déterre des souvenirs, des anecdotes, des histoires douloureuses ou poignantes ».

Quand j’ai refermé ce livre, cette sensation d’évanescence m’a envahie et je reste troublée par l’urgence et la nécessité de retourner à ces pages, d’entendre ma voix haute énoncer des passages pour qu’ils ne s’évaporent pas, ce qu’ils semblent faire cependant dès que je m’en éloigne de nouveau. Quel est donc ce sentiment ?

Bien plus qu’un récit sur l’exil, sur l’Iran, et même si l’histoire autobiographique en est le cœur et en a ordonné son écriture, cet ouvrage s’apparente peut-être moins pour moi à un roman qu’à un recueil de poésie, une longue poésie en prose pour résonner une vie, des vies, nos vies. Il y a de la pureté propre à l’enfance dans ces mots, dans la volonté de dire les choses avec une authenticité désarmante de simplicité…

Au-delà de son histoire unique, Maryam Madjidi écrit l’enfance (comme sa façon d’écrire sa mère) et elle l’incarne devant nos yeux. Elle nous livre dans une justesse d’orfèvre et une innocence intelligente le monde des grands perçu par l’enfant, avant que celui-ci devenu adulte ne s’encombre des vérités arrangées et détournées. Il y a de l’universel dans ces lignes. L’auteure, dans un tour de force magistral, ravive les maux, le cœur battant, la magie et le désarroi du jeune âge, quand le corps reçoit et saisit instantanément, instinctivement, ce qui se trame et se joue autour de lui ; et elle nous offre le précieux témoignage d’une langue qui nous rappelle, nous souvient une essence première, originelle.

« Alors il se passa quelque chose d’étrange : elle avala sa langue. Elle ferma les yeux et elle engloutit sa langue maternelle qui glissa au fond de son ventre, bien à l’abri, au fond d’elle, comme dans le coin le plus reculé d’une grotte ».

Les fables et métaphores qui égrainent le fil du récit sont percutantes et pertinentes pour nous parler l’arrachement à une terre, l’identité volante entre deux cultures, l’accueil maladroitement ambivalent et l’embarras à se fondre…La poésie est délicate, fine, expressive…La drôlerie drape avec pudeur la tristesse….Pourtant, il y a un pourtant qui s’immisce…Les mots s’envolent comme des ballons colorés dans le ciel azur, peut-être comme si l’exil se glissait entre eux dans les lignes, pour ne pas peser, ne pas compter, s’attacher, s’enraciner…

« Je tire les rideaux et je me demande ce qu’il y a à l’intérieur. Et puis d’abord c’est quoi « de l’intérieur »? Ca veut dire quoi ? Je me suis toujours méfiée de ce mot, « l’intérieur », parce que je l’associe à une illusion, quelque chose de fuyant que l’on poursuit en vain ».

Gageons que le talent indéniable de Maryam Madjidi déploie son écriture et n’ait crainte d’inscrire d’avantage la justesse de sa perception, de son regard et de semer en plus de belles fleurs des plants de jeunes arbres qui s’élèveront et porteront les guirlandes de ces mots.

« Je suis une guirlande de mots accrochée à un arbre qu’un enfant montre du doigt ».



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Marx et la poupée

La douleur de l'exil



En 1979 à Téhéran c'est l'époque de la révolution iranienne, du départ du Shah, de l'arrivée de Khomeini et du rêve brisé pour beaucoup d'iraniens.

Maryam est encore dans le ventre de sa mère et c'est de ce cocon qu'elle commence à nous raconter son histoire et celle de sa famille. La révolution iranienne vue par une petite fille qui va fuir cet enfer avec ses parents à l'âge de 6 ans, la famille s'installe alors à Paris.



Maryam Madjidi exhume ses souvenirs "Je déterre les morts en écrivant. Je me retrouve avec tous ces morts qui me fixent du regard et qui m'implorent de les raconter.", elle évoque le militantisme de ses parents, les réunions politiques clandestines à leur domicile, les documents compromettants passés aux camarades cachés dans ses couches, son oncle emprisonné, les corps mal enterrés dans les fosses communes qui réapparaissent lors des fortes pluies... Une vie de peur, de mort, de dénonciation et de torture.



Puis ce sera l'exil forcé en 1986, le jardin où on enterre les livres et les rêves avant de fuir, les jouets donnés aux enfants pauvres du quartier. L'arrivée à Paris dans une chambre de bonne, les angoisses, les cauchemars, les fantômes qui la hantent, une mère qui s'éteint peu à peu, qui s'enferme dans un "monde sans vie de lettres, de mots, de fantômes." " Tu n'osais parler cette langue étrangère, à la place des mots, tu souriais. Le sourire qui s'excuse, le sourire gêné de ceux qui ne parlent pas la langue du pays."



Maryam Madjidi parsème son récit de flashs sur des retours qu'elle a effectués à Téhéran dans les années 2000, elle parle de l'ambivalence des sentiments de son père tiraillé entre l'envie de se joindre aux cris des manifestants et le désir de ne pas mourir pour des idées, ce qu'il ne veut plus en vieillissant. Elle insère l'histoire de ses cousines restées en Iran, nous raconte avec quelques anecdotes bien choisies le sort des femmes à Téhéran.



Maryam Madjidi trouve les mots pour parler de la question de la double culture, de la barrière de la langue qui fait se sentir invisible, des mots français qu'elle comprend rapidement mais sans pouvoir les prononcer "elle couve sa nouvelle langue comme une poule son œuf.", de sa solitude dans sa bulle face à l'indifférence et aux moqueries de ses camarades d'école. Elle est une petite fille qui ne joue pas, puis ne parle pas, puis ne mange pas la nourriture qu'on lui propose, si différente de celle de son pays.



Elle souligne la distance qui se creuse peu à peu avec son père qui voudrait qu'elle maintienne un lien avec ses origines par le biais de la langue. "Nous construisions ensemble un mur entre nous, chacun posant sa brique. Ta brique du persan et des racines. Ma brique du français et de l'intégration"

Elle comprendra plus tard qu'elle a subi un grand nettoyage, que la volonté d'assimilation à tout prix est passée par la négation de sa culture, de son identité, de sa langue.



"Étrange façon d'accueillir l'autre chez soi j'accepte que tu sois chez moi

mais à condition que tu t'efforces d'être comme moi. Oublie d'où tu viens, ici ça ne compte plus."



Constitué de courts chapitres où l'auteure mêle à merveille le "je" et le "elle" de la petite fille puis de la femme, ce roman décrit des petites tranches de vie, de lutte et de peur dans la première partie. Ensuite la nostalgie du pays, la douleur refoulée transpirent à chaque page. En peu de mots extrêmement bien choisis, Maryam Madjidi m'a énormément émue, le très beau chapitre sur les mains de son père puis sur la disparition de sa langue maternelle et sur la lutte des langues pour ne citer que ceux-là, sont de pures merveilles. Sa plume est très belle et son récit est délicieusement poétique.

Je n'avais jamais rien lu d'aussi profond sur l'exil, sur la nostalgie du pays, sur la difficulté à se construire dans une double culture " Je ne suis pas en guerre avec ça, je suis en colère contre ces hypocrites qui s'extasient sur une blessure" elle qui "vacille tout le temps, d'un bord à l'autre."

Ce premier roman à forte composante autobiographique est une vraie réussite.

Bravo aux Editions du Nouvel Attila pour la très belle couverture.



Ce roman est sélectionné pour le prix des libraires 2017 et pour le Prix Ouest-France Étonnants Voyageurs 2017.
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Marx et la poupée

Critique complète sur le site.



Il était une fois trois naissances et une histoire de racines, d’exil, d’assimilation et de retrouvailles. [...] Maryam Madjidi tente de résoudre le paradoxe douloureux de l’exil et démêle les nœuds d’une identité construite, déconstruite, reconstruite autour d’une double culture qui est à la fois richesse et fardeau.
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Marx et la poupée

Je continue mon tour du monde avec Maryam Madjidi, autrice iranienne arrivée en France lorsqu’elle était enfant.



Dans ce premier livre, elle raconte la douleur de l’exil et la difficulté de se trouver à la croisée de deux cultures, deux langues, deux nationalités. Le déracinement est difficile pour une petite fille qui doit laisser derrière elle une part de son identité, et aussi ses poupées. Pour Maryam, les ondes provoquées par ce déplacement familial se propagent bien au-delà de l’enfance.



L’écriture est belle, simple mais puissante. Mon seul reproche serait le format : des chapitres courts qui racontent des bribes de vie de manière parfois un peu décousue. Plus on avance, plus cela forme un ensemble cohérent mas j’ai tout de même parfois eu l’impression de sauter du coq à l’âne. Ceci ne m’a cependant pas empêchée d’apprécier cette histoire, qui m’a rappelé « Persepolis » de Marjane Satrapi.

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Mon amie Zahra

Maryam est une enfant qui a quitté son pays natal pour s’installer en France avec ses parents. Son pays lui manque mais plus encore sa grand-mère de qui elle était très proche. Empli de chagrin, la petit fille se repli sur elle-même, enfui son visage dans ses souvenirs. Elle n’arrive plus à dormir à cause des cauchemars et s’endort même à l’école. Le texte et les illustrations permettent de facilement comprendre dans quel état est la petite fille, de comprendre sa tristesse et cette mélancolie qui la gagne.

Un jour apparaît Zahra, la fille d’un ami de son père. Maryam et elle ont les mêmes origines, parlent la même langue. Zarah est drôle et enjouée et va parvenir à rendre le sourire à Maryam.



Les mots de Maryam Madjidi captent l’attention, ils nous font voyager et nous font ressentir ce déchirement qu’est le déracinement et l’éloignement des siens. Un récit triste et pourtant plein d’espoir, celui d’un avenir qui s’annonce radieux.


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