Goncourt du premier roman 2017.
Prix du roman 2017 Ouest-France Etonnants voyageurs.
Ce roman prend source in utero.
Présente lors d'une manifestation à l'université de Téhéran durant la Révolution islamiste de 1979, la mère de Maryam, alors enceinte de 7 mois se voit contrainte de se défenestrer pour échapper aux violences et à la barbarie des bassidjis.
"Ange sans ailes, ma folle irresponsable, ma douce assassine ; à cet instant-là, tu as creusé un trou en moi dans lequel toutes les angoisses de ma vie future prendront racine."
Maryam Madjidi va naître trois fois.
La première fois en Iran en 1980.
La seconde fois lors de son exil en France à l'âge de si 6 ans.
La troisième, à l'âge de 22 ans, lorsqu'elle retourne en Iran et entame le processus de réconciliation avec son pays d'origine.
Ses premières années en Iran se déroulent à la fois dans la douceur familiale mais aussi dans la réalité d'un quotidien dans un pays où règne la répression, duquel persisteront longtemps les stigmates d'un traumatisme.
Très tôt elle se différencie en se racontant des histoires et en rapportant des poèmes.
" Je voudrais passer ma vie à récolter des histoires. de belles histoires. Dans un sac, je les mettrais et je les emporterais avec moi. Et puis, au moment propice les offrir à une oreille attentive pour voir la magie naître dans le regard. Je voudrais semer des histoires dans les oreilles de tous les êtres."
C'est donc l'histoire d'une petite fille de six ans qui doit quitter l'Iran pour la France avec ses parents, opposants politiques au régime de Klomeini.
Le déracinement est total.
"Je ne suis pas un arbre. Je n'ai pas de racines."
Son intégration à Paris est difficile. Elle y oppose elle-même une certaine résistance, conséquence d'un caractère déjà bien marqué.
L'auteure intègre dans son récit une place prépondérante à la langue, tour à tour barrière et passerelle.
" La langue prend forme dans le secret de ma bulle, de mon monde intérieur, mon placenta à moi."
On y découvre des anecdotes parfois drôles et parfois beaucoup plus douloureuses.
" On efface, on nettoie, on nous plonge dans les eaux de la francophonie pour laver notre mémoire t notre identité et quand c'est tout propre, tout net, l'intérieur bien vidé, la récompense est accordée, tu es désormais chez les Français, tâche maintenant d'être à la hauteur de la faveur qu'on t'accorde. Etrange façon d'accueillir l'autre chez soi."
Deux personnages forts vont marquer ce roman et avoir une influence sur notre héroïne.
D'une part l'oncle, qui restera emprisonné plusieurs années en Iran et en sortira détruit ; et d'autre part la grand-mère, mi- "ange-gardien" mi-féministe.
A la fois politique et poétique, on passe des sourires aux larmes, et parfois s'y entremêlent.
Un roman puissant et sensible qui nous font prendre conscience de la douleur de l'exil.
Très prometteur pour un premier roman.
Lien :
https://missbook85.wordpress..