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Critiques de Maryam Madjidi (220)
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Marx et la poupée

Face à l'écriture de Maryam Madjidi, j'ose à peine taper un mot, ne me sentant pas à la hauteur de son apparente facilité à exprimer les sentiments. Elle présente ses récits à la manière d'une conteuse, avec une poésie comme héritée des grands auteurs iraniens.

Son histoire est un peu comme des bulles qui s'envolent et éclatent l'une après l'autre en nous racontant sa vie du ventre de sa mère jusqu'à la réconciliation entre ses deux mondes qu'elle semble avoir atteint. D'un souvenir à l'autre, nous découvrons l'enfant et sa vie en Iran, l'exil vers la France à 6 ans, son intégration et ses oscillations entre ses origines et son nouveau pays.

Lu par l'auteur, la version audio nous livre encore plus d'elle-même. Sa voix grave est chantante, posée, avec de très belles intonations. L'entendre réciter des poèmes en persan est un plus indéniable par rapport à une version écrite.

La guitare qui marque les chapitres enrobe les bulles de fines pauses mélodieuses.

Classer le livre dans la catégorie des romans me semble inapproprié. Tout ce que Maryam raconte est dit avec tellement d'âme, tellement d'elle, même si elle joue tantôt avec une vision extérieure en parlant de "la petite fille", tantôt avec le "je", que l'on ne peut être que dans l'autobiographie à mon sens.

Tout au long de l'écoute, son histoire me parlait souvent de mon père. Il n'est pas un exilé, simplement un déraciné français d'Algérie qui comme Maryam n'a pas choisi de perdre ses racines et a subit une arrivée dans un nouvel endroit en perte de repères avec une simple valise en 1962. Cela n'était pas un autre pays, mais le sentiment de perte a été le même. Le refus d'une langue parlée sur sa terre natale, il connait aussi, mais sans être encore parvenu à réconcilier les deux parties de sa vie.

Maryam, est une femme forte comme sa mère et sa grand-mère. Le témoignage qu'elle nous apporte nous marque par sa forme et par son fond. Malgré la dureté du début puisque qu'elle commence par la prison, le viol, j'en garde un formidable élan de vie et d'espoir.

Pour terminer, l'interview de la dernière piste nous permet d'en savoir plus sur Maryam aujourd'hui et le regard qu'elle porte sur son œuvre.
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Marx et la poupée

Maryam Madjidi nous livre, avec Marx et la poupée, un récit très fort sur l’exil, le déracinement, l’identité, et le rôle de la langue comme vecteur de la culture. Un premier roman de toute beauté.

Nous assistons aux trois naissances de Maryam : sa naissance originelle en Iran, de parents militants communistes pendant la révolution iranienne; sa deuxième naissance en France où ses parents se sont exilés; et une troisième naissance lorsque, à l’occasion de sa thèse, elle apprend le persan littéraire et retourne en Iran pour y trouver un apaisement et une réconciliation avec ses origines.

L’auteur nous décrit tour à tour, avec beaucoup d’émotion et des images puissantes, la difficulté pour une enfant de quitter son pays, abandonnant livres et jouets, et donc tous biens matériels au nom de l’idéal communiste. Sans verser dans le pathos, Maryam Madjidi décrit très bien l’arrachement, la violence du déracinement, et le sentiment d’isolement une fois arrivée en France. Pour autant, la soif de vie et l’adaptabilité de l’enfance prendront rapidement le dessus et permettront à Maryam de s’intégrer dans ce pays de liberté, quitte à jouer, le moment opportun, de sa double culture et des images mythiques que véhiculent ses origines iraniennes. Ce n’est pourtant que le retour en Iran, aussi perturbant sera-t-il, qui lui permettra de trouver son identité propre.

Les portraits des parents, de la grand-mère et des deux oncles, sont de véritables déclarations d’amour de Maryam à ses proches. La voix off de la grand-mère qui veille à distance, attentive et aimante, est particulièrement touchante.

Un premier roman très sensible, à l’écriture poétique et la construction aboutie. On a hâte de découvrir le suivant!
Lien : https://accrochelivres.wordp..
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Marx et la poupée

La double culture, est-ce une chance ? L’auteure répond clairement non et nous décrit les difficultés, pour une enfant de 8 ans, d’être arrachée à sa terre natale pour la France dont elle ne connaît rien.



Tout n’était pas rose dans son pays : ses parents, fervents communistes, l’obligeaient à donner ses jouets à d’autres enfants. Des amis de ses parents, certains ont disparu dans les geôles du pouvoir.



Voulant s’intégrer en France, elle refuse de parler, de lire et d’écrire le persan. Mais un voyage en Iran pour retrouver sa famille bouleverse ses repères.



S’agit-il d’un roman ? Plutôt de fragments de vies mis parfois en poésie.



L’image que je retiendrai :



Celle des parents qui, avant de fuir en exil, enterrent dans le jardin les oeuvres de Marx et des grands penseurs communistes.
Lien : http://alexmotamots.fr/marx-..
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Marx et la poupée

La douleur de l’exil et le baume des mots pour éclairer la vie.



À paraître le 12 janvier 2017 au Nouvel Attila, le premier roman de Maryam Madjidi est poignant, tendre et poétique. Il est construit comme un chemin entre deux pays, entre la langue maternelle et la langue de l’exil : l’histoire de Maryam, enfant exilée à Paris en 1986 avec ses parents dans le sillage de la révolution iranienne et de la répression, ayant apprivoisé la langue française et la magie des mots pour s’intégrer, dominé l’écriture pour faire renaître les fantômes et les étoiles filantes laissées derrière soi en Iran, pour raconter l’oubli et finalement le lien renoué avec la langue persane.



«Un père, une mère et une fille

Le père avait la forme d’une ombre se faufilant sur les murs

La mère, le visage caché, portait une longue robe balayant la terre

La fille, silhouette légère, avait les pieds suspendus dans l’air

Et tous les trois gardaient un secret dans le creux de la main

Sur leur paume, un mot était gravé : EXIL.»



La suite sur mon blog ici :
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Pour que je m'aime encore

1ère lecture de cette romancière pour moi. Un ton qui sonne vrai et franc. Un parcours souvent douloureux pour cette jeune fille puis des rêves...démolis par la réalité. Belle description des banlieues et aussi de la terrible ambiance des classes prépas. La fin est un peu soudaine et m'a laissée sur ma faim !
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Pour que je m'aime encore

Une plume acérée et percutante. Parfaite plongée dans ce dialogue "impossible" entre deux mondes : celui des quartiers défavorisés de la banlieue du 93 et celui de la bourgeoisie blanche parisienne. Beaucoup de sujets forts sont abordés : les injonctions d'un idéal de beauté occidentale faites aux femmes, une déconstruction admirable du mythe de la méritocratie avec un passage ô combien poignant sur le passage en classe préparatoire, les relations familiales, l'enseignement en ZEP et les rapports de pouvoir et d'amitié qui se jouent durant la scolarité. Un beau roman, profond et juste, qui se lit facilement.
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Marx et la poupée

Un petit bijou de langue et d'histoire

Pour un poème, pour une histoire, pour une vie qui se raconte

Sans jugement, juste par les sentiments.

Pour aborder des blessures universelles:

- La concurrence entre son engagement politique et ses proches

- Le besoin d'être accepté par la communauté

- L'impossible intégration d'être multiple dans cette communauté

- Que vaut l'expression de soi quand on a pas la sécurité ? Que vaut la sécurité quand on peut être pleinement soi ?





Un moment de lecture à vivre absolument

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Marx et la poupée

Un joli récit très poétique qui fait la part belle aux souvenirs impressionnistes. Le déracinement, la culture, la question de la langue, la tolérance, le poids de la religion sont autant de thématiques qui traversent de part en part le propos de l'auteur. L'Iran est décrite comme un pays occupé par les ayatollahs et qui n'attend qu'une chose : la libération. Et moi de me demander pourquoi les iraniens ne se soulèvent pas une bonne fois pour toutes. Ces gens qu'on sent éclairés ne méritent pas ce joug de plus de quarante ans.

Loin cependant d'être un récit politique, celui-ci est davantage un témoignage d'une femme qui tente de décrire ses émotions de petite fille en remontant le temps et en renouant les fils de son passé. Cette petite fille exilée en France, privée de sa langue maternelle, de sa famille, de ses jouets, de ses amis, de ses habitudes, de tout ce qui construit un être en devenir, est une petite fille courageuse qui m'émeut beaucoup.

Une belle lecture.
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Marx et la poupée

Ce livre est tout simplement magnifique ! Il y a une poésie dans les mots, dans cette manière de percevoir le quotidien. Une certaine rudesse et crudité aussi, au vu de l'innocence de cette double culture.

C'est un livre à lire et à relire inlassablement. J'y retrouve cette ambiance décrite dans Persépolis de Marjane Satrapi.



Et juste pour les quelques lignes de la poésie de Omar Khayyam, il faut l'ouvrir...



Belle lecture :)
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Marx et la poupée

L'auteure nous embarque avec une écriture ciselée dans son histoire, celle d'une fille de réfugiés iraniens fuyant la révolutions des ayatollahs et s'installant à Paris. C'est passionnant pour découvrir la culture perse et mieux comprendre cette révolution, mais aussi pour appréhender de l'intérieur les affres de l'intégration dans une société inconnue (la France des années 80) et les tourments du déracinement.
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Marx et la poupée

Le texte est beau et poétique. L'écartèlement de cette jeune femme exilée entre ses deux cultures, ses deux identités est superbement bien rendu. J'aurais du plus aimer, et pourtant, l'enchainement un peu décousu de la vie de Maryam, lui revenant comme des bouffées désordonnées, et cette façon d'aller et venir dans la chronologie des évènements, ont un peu perturbé mon plaisir.
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Pour que je m'aime encore

Bienvenue ici aux vilains, aux cassos, aux caille-ra, aux ratés et à ceux qu'ont vécu dans la Tèce.

Tu connais, lecteur, mon affection toute particulière pour celles et ceux qui ont cru dur comme fer qu'ils pourraient échapper à leur milieu : y'en a qu'ont essayé… ils ont eu des problèmes.



Chez les gueux, c'est chez moi, et ce déterminisme social, je ne crois pas y avoir échappé, même en ayant fait quelques études et même en arborant fièrement mon Vuitton déniché quelque part entre un marché de Tunis et une boutique des Champs-Elysées. T'as toujours un mot, une mimique ou un geste qui te trahit, lecteur, et ta façon de te fendre la poire sans distinction aucune, ton réflexe de zieuter les fripes pas-chères-du-tout ou cette manière que t'as de cogner dès tu te sens en danger seront toujours chez toi des réflexes archaïques qui ont assuré ta survie durant les 20 premières années de ta vie…



Entre fiction et autobio, ce petit roman est en réalité une succession de déboires et d'anecdotes généreusement arrosés d'une délicieuse autodérision. Cet humour décapant t'immerge dans le quotidien d'une famille immigrée, dont la fille cherche désespérément à se fondre dans l'eau trouble de l'intégration et à prendre l'ascenseur social. C'est drôle, un peu loufoque, tendre et émouvant, mais c'est aussi, et surtout, criant de vérité.



Mais je ne retiendrai, au final, de ce récit, que sa luminosité et son caractère solaire, cet élan vital qui caractérisait la petite fille ridicule que j'étais et ce rayon de soleil qui envahit tout, même le plus sombre recoin des cités populaires françaises. On n'se refait pas, lecteur, et gare à celui qui oublie d'où il vient : il perd ce qui lui a donné la force de se relever à chaque coup que le sort lui assène.

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Et si tu veux venir faire un petit tour du côté de ma cité à moi, rendez-vous aussi sur Instagram :
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Marx et la poupée

Marx et la poupée est une plongée fantastique dans l'histoire iranienne, l'arrivée en France d'expatriés communistes, au gré d'anecdotes d'ici et d'ailleurs, sous le regard d'une petite fille qui grandit entre deux pays, tiraillée par la dualité puis complète de ces deux origines.



 

J'ai choisi d'écouter cette histoire racontée par l'autrice elle-même. Lorsque je l'ai débutée, je me suis fait la remarque que cela n'allait pas le faire du tout. Et pourtant, bien m'en a pris de persévérer. La lenteur de la diction, sa façon de marquer chaque mot et chaque intonation comme des respirations, qui au départ m'ont laissée indifférente, ont fait un effet fantastique : entendre la sublime langue persane, apprécier chaque anecdote, écouter le discours sur la vie et le recul sur l'allophonie et son traitement en France. Comme si le détachement vocal exprimait aussi le détachement littéraire d'une histoire intime pour atteindre l'universalité.  Surtout que cette version audio propose aussi une interview de l'autrice et cet entretien phonique marque la différence indéniable entre la voix qui raconte et la voix de l'ordinaire.



Marx et la poupée est un livre à la fois qui évade et cultive, serti par une langue française recherchée, poétique et belle, accompagnée du persan aux poèmes magnifiques. Maryam Madjiji relate l'histoire familiale, l'histoire de ses deux pays (l'Iran et la France), le communisme de ses parents, son évolution de petite fille expatriée, partagée entre deux cultures, deux langues, deux identités. avant de construire la sienne, universelle au service d'autres. Très beau.



Quelques images : un bébé agent double transmetteur qui connaît un saut dans le vide avant de naître et échange de parents au gré de missions, des couches ultra secrètes, des livres enterrés pour ne pas être découverts, des poupées données pour apprendre au forceps la générosité, le rappel d'une résistance iranienne éternelle et tenace qui mérite toute notre admiration et notre soutien, les premiers mots en français en salve bienvenue et attendue, le courage des parents porteurs de valeurs fortes de vie, l'opposition entre intégration et assimilation culturelles, les conflits politiques intergénérationnels.

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Pour que je m'aime encore

De l’auteure, j’avais aimé Marx et la poupée sur l’exil. Ce second roman aborde un sujet plus classique : l’adolescence en banlieue parisienne.



Le premier tiers du roman décrit la vie pas si facile d’une jeune fille maghrébine pauvre : problème de cheveux, de peau, pas de combinaison de ski, le regard des garçons et les moqueries.



Sans oublier les profs désabusés : l’école occupe une bonne partie du temps.



La dernière partie est plus intéressant et plus riche car la narratrice entre en classe prépa et découvre le fossé immense de culture et de savoirs : comment parler un anglais fluide en hypokhâgne quand pendant tout son collège on s’amusait à lancer des boulettes de papier toilette mouillées sur le prof ?



Mais j’ai aimé la prise de conscience de l’adulte sur sa vie : malgré ses voyages et ses expatriations, elle revient dans la banlieue de son adolescence.



Une citation :



J’étais une Robine des Bois de la scolarité. Une communiste du savoir. Je le partageais, je le distribuait à ceux et celles qui en avaient besoin. Prenez, c’est gratuit, et si ça peut faire remonter la moyenne, tant mieux.



L’image que je retiendrai :



Celle des beaux appartements parisiens dans lesquels la narratrice se perd.
Lien : https://alexmotamots.fr/pour..
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Marx et la poupée

Un rapport particulier, à fois torturé et fantasmé, uni l’auteure à l’Iran. Ce pays où elle est née en 1980 - quelques mois après la Révolution islamique -, elle a dû le quitter à l’âge de six ans avec ses parents. Elle est devenue une petite fille déracinée avec une langue maternelle remplacée au profit du français et des habitudes qui ont pris la forme de lointains souvenirs.

Dans ce récit où passé et présent s’entrechoquent, Maryam Medjidi lève le voile sur une partie de sa vie. Alors qu’elle était encore dans le ventre de sa mère étudiante, elle vit les heures sombres de la révolution iranienne. Elle nous conte ses parents militants, et leurs amis. Toute une jeune génération qui voit leur pays vaciller, chavirer et s’enfoncer dans le chao. Nous sommes témoins de leurs espoirs déçus, de leur inconscience parfois, mais aussi du courage extraordinaire qui fait croire à la jeunesse que tout est possible. Jusqu’au départ - inévitable ? - du pays natal, de la patrie, vers un ailleurs inconnu. Au milieu de tout cela, une petite fille de six ans à qui on demande de donner tous ses jouets aux voisins pour ensuite rejoindre, avec sa mère, son père en exil à Paris.

Au-delà d’un simple récit de la vie d’une famille iranienne venant s’installer en France dans le milieu des années 80, Maryam Medjidi nous livre ses angoisses de petite fille et ses fêlures d’adulte, la recherche d’elle-même au milieu d’un quotidien bouleversé, et les épreuves surmontées pour enfin en tirer une force intérieure.

Il y a aussi ses incompréhensions face à une identité dédoublée entre un pays quitté trop jeune et un pays d’accueil longtemps resté obscur. Les difficultés d’intégrations sont évoquées, sans jugement mais sans fard, toujours avec émotion.

Cette autobiographie est cruellement d’actualité. Elle met le doigt sur les sacrifices consentis par tant d’hommes, de femmes et d’enfants. Mais ce récit n’est pas triste. Il est au contraire porteur d’espoir. L’espoir qu’une vie peut malgré tout être construite loin de son pays d’origine à condition de parvenir à faire la paix avec son passé et de trouver une place dans son nouvel environnement.

Maryam Medjidi semble avoir trouvé sa place dans son pays d’adoption. Elle semble aussi avoir fait la paix avec son histoire et avec l’Iran. Avec Marx et la poupée, elle nous offre une œuvre touchante et vraie. Ce récit a d’ailleurs reçu le Goncourt du premier roman 2017.

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Marx et la poupée

C'est un livre rangé, presqu'oublié, un livre que j'avais voulu lire à l'époque de sa sortie et que le 40ème anniversaire de la révolution islamique m'a remis en tête puis en main. Il parle de Maryam, une petite fille iranienne qui commence sa vie à Téhéran, la poursuit à Paris avec ses parents exilés politiques et la continue adulte à travers le monde. Trois grandes parties partagent ce livre car l'histoire de cet enfant est marqué par trois naissances : la première, physique, en Iran, la deuxième, en France, marqué par l'exil, la misère et la découverte de la langue française et la troisième qui correspondrait à une réconciliation par l'écriture des multiples identités et cultures de la vie de Maryam. C'est un roman extrêmement varié où se côtoient plusieurs styles. Il tient à la fois du récit autobiographique, de la poésie, du journal, du conte avec une narration à plusieurs voix dans une écriture parfaitement maitrisée et riche. On fait des bonds dans le temps et l'espace sans jamais se perdre avec des moments d'une profonde émotion. N'étant pas orientaliste, donc pas une proie facile à priori, je suis tombé pourtant sous le charme de la plume de Maryam Madjidi. Et puis j'aime bien ce clin d'oeil de la vie où la fille d'exilés politiques iraniens vient à la rescousse de la langue française en l'écrivant et en l'enseignant.
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Marx et la poupée

Goncourt du 1er Roman 2017



Un premier roman magnifique.

À travers les souvenirs de ses premières années, Maryam raconte l’abandon du pays. Ses parents communistes ne peuvent pas continuer à vivre en Iran sous Khomeini. A l'âge de six ans Maryam quitte l'Iran Pour la France. Là, elle va apprendre le français. Sa langue natale, le persan l’efface progressivement du persan, Elle va tour à tour rejeter cette langue maternelle , puis l' adopter.



Passage cocasse dans ce roman, les parents cachent des tracts communistes dans les couches de sa fille.

Ce roman est une fable, les chapitres sont courts, Maryam évoque ses souvenirs, ses propres émotions. La patrie est la langue de Maryam. C'est la réflexion qu'elle s'est faite une fois adulte. Le regard de l'autre définit qui l'on est.



J'ai aimé les passages où il est question de la langue : la langue du pays d'origine le Persan et la langue du pays d'adoption. Un roman riche, émouvant, l'écriture est superbe, en un mot une véritable réussite.
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Marx et la poupée

Comment devenir française et comment rester iranienne. Un dilemme qui court tout au long de la vie de Maryam Madjidi. Avant que de naître, elle a failli périr. Sa mère, enceinte, pour ne pas tomber dans les griffes de gardiens de la révolution, saute par une fenêtre du second étage. Les deux seront sauves.

« Ma mère porte ma vie mais la Mort danse autour d’elle en ricanant ».

Cela n’arrête pas le couple versé côté communisme, de continuer à publier et distribuer des tracts, jusqu’à les cacher dans les couches-culottes de Maryam. Elle servait de boîte à lettres.

Un jour, pourtant, il a bien fallu partir, s’exiler. Avant, ses parents enjoignent Maryam à donner ses jouets, dont une fameuse poupée, à ses voisins, d’où le titre Marx et la poupée.

- Pourquoi je dois donner mes jouets ?

- Parce qu’on ne peut pas les emporter avec nous là-bas.

- Mais je veux pas.

- Ecoute, c’est beau de donner, tu comprends ?

- Non, je suis obligée de donner, c’est pas la même chose. Je veux pas !



Pas facile d’expliquer le communisme, le partage à une fillette qui ne veut pas se séparer de son petit monde. Elle les enterre comme ses parents enterrent les livres interdits (Marx, Makarebki, Che Guevara)

L’exil l’amène en France retrouver son père. La séance à l’aéroport est aux petits oignons.

La chute dans ce pays inconnu est rude, les croissants n’ont pas le goût du lavâsh, le camembert sent les chaussettes. La petite fille est complètement perdue lors de sa première journée de classe. Personne ne lui explique. L’angoisse la pousse à se sauver, sortir de l’école. Elle ne parle toujours pas, s’abreuve de français, écoute, digère… ne dit rien jusqu’au jour où elle accouche de la langue française et déserte le farsi.

Soudain c’est sorti : j’ai enfanté mon français. Je me suis mise à parler en français sans m’arrêter avec un enthousiasme et une vitesse fulgurants.

Adulte, elle séduira les hommes en jouant l’orientale, leur récitant des poèmes persans. Ils tomberont dans ses bras.

« Je module ma voix, je mets mon costume de femme persane, je secoue mes voiles et, sous les feux de ses yeux déjà conquis : je lui récite Omar Khayyâm. Je commence toujours en persan et je donne ensuite la traduction française. »



A la faveur de sa thèse, elle réapprend le persan, se réapproprie la langue qui l’a vue naître. Ce sera sa troisième naissance et son premier retour en Iran.

« C’était le premier voyage, le premier retour à la terre-mère, la première descente vers l’origine. Une descente ou une chute, je ne sais pas. J’ai failli perdre la tête, j’ai glissé sur mon identité et je suis tombée. »

Sa vie sera faite de ces allers-retours avec son passeport français.

« Il y eu aussi le soulagement d’un autre retour : le retour en France et le sentiment de m’y sentir un peu chez moi malgré tout. L’Iran, dépouillé de mes fantasmes et de mes idéalisations, était de plus en plus difficile à supporter. Je n’ai jamais idéalisé la France. »





Mais toujours l’Iran m’appelle, voix en sourdine, présence derrière mon dos, il me tapote l’épaule pour me rappeler à lui. Par devoir, par culpabilité, par peur de ne plus revoir les vieux, par rituel, par amour peut-être aussi, je me sens poussée à y retourner régulièrement.



Souvenirs éparpillés restitués dans cette autofiction éclatée, où elle raconte une vie, une famille dispersée par l’exil, mais toujours avec deux soutiens, le persan et sa grand-mère.

Un très bon premier livre à la fois tendre, triste, drôle, original d’une très belle plume, qui se lit d’une seule traite : un petit bonheur de lecture.

Livre lu dans le cadre des 68 Premières fois


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Marx et la poupée

Voilà un nouveau roman qui marque ! Maryam Madjidi nous raconte son enfance d’exilée, ses douleurs, ses rancœurs et ses années de doutes sur cette binationalité qu’elle n’a pas choisie. Ce livre est très actuel même si l’histoire a commencé il y a 30 ans. L’intégration à l’école, les migrants, ..., tous ces sujets évoqués par les candidats aux présidentielles et qui divisent la France sont évoqués de façon simple et très poétique. Je garderai un très bon souvenir de ce livre et regarder le passage de l’auteure à la grande librairie maintenant que je l’ai lu ! Merci les filles des 68 premières pour cette découverte.
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Marx et la poupée

1979, la révolution iranienne bat son plein..;

Maryam , fœtus, puis bébé nous livre ses premières impressions face à ce monde qui s'écharpe.. On la suit tout au long de sa jeunesse en Iran puis dans son exil en France...

Elle évoque son passé, sa vie actuelle de façon entrelacée entre ses 2 pays.., tels des fragments de vie qui la composent. On voit une petite fille perdue entre 2 cultures, 2 pays, rejetant l'une puis l'autre. elle cherche sa place dans ses mondes

Elle narre ses expériences avec des mots durs, moelleux sur ses vécus, ses sentiments. Elle oscille entre appartenance et rupture, entre intégration et volonté de se raccrocher aux fantômes de son passé.

L’imagination, mêlée au réalisme des situations pleines de regards, de saveurs, de voix, de gestes, agit comme un révélateur.

Maryam Madjidi « voudrait semer des histoires dans les oreilles de tous les êtres ».
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