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Citations de Matéi Visniec (81)


Ce qu'est un roman ? Avant tout, c'est une quantité de temps. Quand vous voyez un roman dans une librairie, si vous êtes un peu attentif, vous pouvez évaluer immédiatement la quantité de temps qu'il contient. Et cela dans un double sens : le temps qui a été nécessaire à l'auteur pour l'écrire et le temps qu'il vous faudra pour le lire. [..]
Mais il y a encore quelque chose, quelque chose que personne ne peut évaluer...C'est combien de temps vous serez marqué par un roman après l'avoir lu. Il y a des romans qui vous accompagnent durant toute une vie, qui entrent en vous, qui durent...Voilà pourquoi je dis qu'un bon roman est une victoire dans le temps.
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Moi aussi j'aime fouiner au milieu des livres, m'avoua le vieux petit homme poliment. Lorsque je farfouille, c'est comme si je cherchais une perle rare au milieu d'un tas de cerveaux. Avez-vous déjà pensé que telle pourrait être la définition d'un livre ? Un bout de cerveau ambulant, un fragment de méninges mis en circulation...Les gens qui écrivent beaucoup transfèrent presque toute leur matière grise dans leurs livres. P46
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En Amérique, l'espace est un personnage. D'ailleurs, le roman américain, même s'il a aussi une vocation psychologique, est un roman des grands espaces, c'est un roman fasciné par l'espace, à la différence du roman européen qui est fasciné par le temps. Les deux mondes romanesques ont développé des instruments d'investigation différents. C'est comme si certains avaient fabriqué de préférence des binocles et d'autres des monocles. Rien de plus typique du roman européen que Proust et sa Recherche du temps perdu. Rien de plus typique du roman américain que Sur la route de Jack Kerouac.
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Notre ville a été envahie par des papillons. Ils sont grands, beaux, carnivores. On n'a jamais vu tant de papillons dans la ville. Ils ont tout couvert : les rues, les toits, les voitures, les arbres. Les gens qui se trouvaient dans la rue pendant l'invasion ont été mangés. De ma fenêtre, je vois trois squelettes d'hommes et un squelette de chien parfaitement nettoyés. [...]

Pour l'instant, toute la ville est paralysée. Les gens se sont retranchés chez eux et regardent la rue couverte de papillons, par leurs fenêtres couvertes de papillons. Les bestioles semblent s'installer définitivement chez nous. Elles continuent même d'y affluer. La couche de papillons est de plus en plus épaisse, on dirait de la neige colorée.

Notre armée n'a rien pu faire contre les papillons. On a dû s'habituer à eux. On s'est finalement rendu compte que les papillons ne dévorent que les êtres vivants qui font des gestes brusques. Si on bouge très lentement, les papillons ne réagissent pas. On peut même les écraser sous les pieds, ils restent tranquilles et meurent en silence. D'ailleurs, on ne peut avancer dans la rue qu'en les écrasant. [...]

À cause de tout cela et de notre pensée ralentie, on se parle au rythme d'un mot par jour. Et quand nous faisons l'amour, tout va tout aussi lentement.

Extrait de LA FOLLE TRANQUILLE
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- La première phrase d'un roman est le cri irréfléchi qui provoque l'avalanche...C'est l'étincelle qui déclenche la réaction en chaîne...Une première phrase n'est jamais innocente. Elle contient le germe de toute l'histoire, de toute l'intrigue. La première phrase est comme l'embryon de tous les possibles, comme un spermatozoïde chanceux, si vous voulez bien me permettre cette comparaison...


( Incipit ! )
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L'HOMME DANS LE CERCLE ( extrait )

Si je veux être seul, je m'arrête, je sors la craie noire de ma poche et je trace un cercle autour de moi. Dans mon cercle, je suis à l'abri. Personne n'a le droit ni le pouvoir de m'adresser la parole si je me trouve dans mon cercle. Personne n'a ni le droit ni le pouvoir d'y entrer, de me toucher ou de me regarder trop longuement.

Quand je suis dans mon cercle, je n'entends plus les bruits de la rue, les vagues de la mer ou les cris des oiseaux. Je peux y rester, sans bouger, aussi longtemps que je veux. Rien de ce qui se passe autour de moi ne m'intéresse plus. Le cercle m'isole du monde extérieur et de moi-même. C'est la félicité totale, c'est la paix.

A l'intérieur du cercle on ne sent plus ni le froid ni la faim ni la douleur. Le temps s'arrête, lui aussi. On plonge dans l'abstraction comme dans un rêve protecteur. On devient le centre du cercle.

Quand je veux sortir du cercle, je tends simplement la main et je coupe la ligne du cercle. Personne ne peut le faire que moi. De l'extérieur, personne ne peut couper le cercle pour moi. Le miracle du cercle consiste dans la sécurité totale qu'il nous offre.

Depuis que le cercle a été inventé, le monde va mieux. Il n'y a plus ni guerres, ni famines, ni catastrophes. La criminalité a baissé. Dès qu'on est pris de nausée, on s'entoure d'un cercle. Dès que quelqu'un nous embête, on entre dans le cercle. Si un voleur pénètre, la nuit, dans notre maison, on s'enferme vite dans le cercle.

Si on part pour un long voyage et qu'on est fatigué, on se repose dans le cercle. Si on n'arrive pas à répondre à une question essentielle, le cercle est le meilleur endroit où méditer. Si la mort s'approche et qu'on ne veut pas mourir, on peut végéter à l'infini dans le cercle.
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Matéi Visniec
Le voyageur sous la pluie

Nous devons faire la révolution de la tristesse
nous devons être des voyageurs sous la pluie

nous devons être bien plus tristes
que la vérité et que la solitude du marronnier
et bien plus tristes que le brin d’herbe
privé de vérité, le premier a disparaître
de l’univers

nous devons être les plus tristes voyageurs sous la pluie
nous devons mettre sur nos épaules
de longs manteaux mouillés par la pluie
et passer dans les rues mouillées avec nos bottes mouillées
nous devons être encore plus mouillés qu’un jour pluvieux
et dresser des barricades
de torrents, énormes

nous devons mourir comme de vrais voyageurs sous la pluie
tout en criant avec nos cours mouillés
des flèches mouillées plantées dans les doigts
*
(traduit du roumain par Linda Maria Baros)
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"On ne cesse jamais de communiquer lorsqu'on se tait."
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Un bon début de roman donne de l'élan, sinon il ouvre sur le néant.
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n'ayez crainte, mademoiselle, le poème pour les lèvres
est facile à utiliser
il vous embrasse sur les lèvres quand vous le lisez
il n'y a rien d'autre dans ses gènes
il n'a en aucun cas le droit de descendre plus bas que les lèvres
il n'a pas non plus le droit de vous glisser des mots sensuels à l'oreille
( le poème-boucle d'oreille viendra seulement la semaine prochaine )

le poème pour les lèvres vous embrasse longuement sur les lèvres
sans vous mordre, sans écraser vos lèvres
il est fluide et léger comme une pluie de mots
laissez-le vous embrasser en le lisant surtout à voix basse
une seule chose pourrait vous surprendre et donc je vous préviens
le baiser pourrait durer plus longtemps que
la lecture du poème
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Notre camarade Staline a dit : « la lutte des classes a lieu à tous les niveaux, la lutte des classes entre dans la phase décisive, elle devient de plus en plus aiguë. Sachez, camarades, que dans notre hôpital se cachent pas mal d’éléments subversifs pas mal de contre-révolutionnaires et pas mal de possibles saboteurs. Une partie des arriérés appartient à des classes hostiles. Une partie des idiots sont des éléments louches. Une partie des imbéciles sont des ennemis du peuple. Une partie des débiles mentaux sont des éléments suspects. La plupart des schizophrènes, des mélancoliques et des maniaques proviennent du milieu bourgeois et entretiennent dans le cadre de l’hôpital, une propagande douteuse. Voilà pourquoi je vous prie, chers camarades, de prendre des mesures urgentes, car sous le masque de l’aliénation et de la déficience mentale se cachent des redoutables réactionnaires ! »
(p. 34)
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Camus écrit comme s'il se débarrassait d'une chemise pour montrer ses cicatrices.
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Très souvent, les mots anciens, ceux que nous oublions ou que nous abandonnons avec mépris dans les débarras de la langue sont pleins de charme et de connotations subtiles.
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Le bouffon : De toute façon ça ne fait pas de mal. Une référence à Dieu n'est jamais inutile. Bien dosé, Dieu peut frapper encore…
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"Aujourd'hui, être ou ne pas être un clown, voilà la question !"
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La plus grande maladresse que puisse commettre un écrivain c'est d'agir en juge,en bourreau,en gardien,en interprète pour son personnage .Plus vous êtes visible derrière votre personnage,plus il s'efface....vous finissez par l'appauvrir,par lui voler sa personnalité et,finalement par le tuer.Mais plus vous vous effacez derrière votre personnage,plus il est vivant...et plus vous lui donnez des chances de vie, plus il devient un personnage vrai et il aura des chances de vous survivre. P.17
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Avec vous, madame, je ne peux pas faire autrement. Vous avoir devant moi et garder en même temps mon coeur étouffé dans ma poitrine, ce n'est pas possible. C'est pour cela que je préfère le sortir et le mettre devant vous, au milieu de la table, sur ce joli plateau japonais que vous m'avez offert l'année passée pour mon anniversaire.
Comme ça on pourra parler à coeur ouvert. Comme ça il n'y aura plus de secrets entre nous.
Et en plus, comme ça, je pourrai le surveiller. Parce que vous savez, madame, entre vous et mon coeur, il y a une relation que je ne sais plus maîtriser.
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Billy : Tu veux dire trois putes.
Catherine : Je veux dire trois femmes. Les putes sont des femmes, Billy.
Billy : Les putes ne sont pas des femmes. Les putes sont des putes.
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Trois. Pour sortir de la mère deux, il ne suffit pas de vouloir sortir de la la merde, il faut être unis. C'est ça que le camarade Lénine a dit un jour, en 1915, à Zurich, où il s'était réfugié…
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Car il n’y a que par un discours réactionnaire, subversif et contre-révolutionnaire qu'on peut démasquer les éléments réactionnaires, subversifs et contre-révolutionnaires… C'est aussi simple que ça… Bravo Iouri Petrovski, bravo camarade ! Laissez-moi vous embrasser !
(p. 35)
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