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Citations de Mathieu Lindon (219)


Les livres me protègent. Je peux toujours m'y recroqueviller, bien à l'abri, comme s'ils instauraient un autre univers, entièrement coupé du monde réel. J'ai le sentiment paradoxal que rien ne m'y atteint alors qu'ils me bouleversent d'une façon maladive.
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La phrase de Proust qui ouvre une édition de Contre Sainte-Beuve : « Chaque jour j’accorde moins de prix à l’intelligence », prend son sens de ne pas être écrite par un imbécile patenté et ça me frappe de voir cette remarque faite dans une nouvelle édition des Essais de Proust parce que je me rends compte de quelque chose se référant autant à mon intelligence qu’à mon imbécillité et de mon rapport aux livres tel qu’il m’a été inculqué : quand je lis dans un livre quelque chose que j’ai déjà pensé, aussitôt je trouve que ça le dévalue, comme si quelque chose que j’avais déjà pensé n’avait pas sa place dans un lieu aussi sacré. Je dis ça à mon amie Nathalie, spécialiste de Proust, qui me répond que Proust a écrit quelque chose comme ça et, surtout, évoque Groucho Marx assurant qu’il ne restera pas une minute de plus dans un club où on accepte des gens tels que lui.
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Il faut du temps pour comprendre ce qu'aimer veut dire.
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La dernière phrase de la lettre posthume de mon père est : « J’espère seulement que j’aurai le sentiment, le moment venu, de ne t’avoir causé aucun tort grave, ce qui me donnera le droit de te demander, en t’embrassant, de m’oublier. »
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Un homme tremble au bas de l'immeuble. Le froid, la peur, Parkinson?Faut- il appeler les services sociaux, la police, les urgences?
L'alcool, ça n'a vraiment pas l'air. La faim? Faut- il lui offrir un sandwich?
Y a t- il quelque chose à faire ou rien, comme d'habitude?
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De même, j'ai été frappé quand Irène m'a dit un jour :" Jérôme aurait été surpris qu'Annette lui survive aussi longtemps "- Elle est morte treize ans après lui.Ma mère racontait souvent ce que lui avait raconté la directrice de l'école où nous étions enfants avec qui elle avait sympathisé, que ses parents à elle avaient vieilli dans une extrême proximité et que, un soir, l'un était mort, et l'autre au matin suivant- c'est comme ça que ma mère disait vouloir mourir, elle qui a toujours aimé le romanesque. Les deuils sont ininterprétables.


( p.72)
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Jerôme ( Lindon) avait d'abord théorisé l'inverse, qu'au livre que la publicité présente comme " celui que tout le monde attendait ", il préférait celui que personne n'attendait ni ne voyait venir
( ce n'est pas lui qui aurais pris pour slogan " déjà traduit en quatorze langues, un succès international ", comme si c'était aguicheur)

( p.44)
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Pour mon bonheur et mon malheur, j'adore lire, la solitude m'est une amie qui me délivre de la peine d'en chercher d'autres.
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Jerôme ne voulait pas que les éditions s'agrandissent pour être sûr de rester chez soi, un lieu dont on est propriétaire et dont on connaît les coins et recoins, où on est partout à l'aise comme c'est plus le cas dans un appartement que dans un palais.

( p.206)
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J'ai vingt ans.Je ne sais pas quoi faire de ma vie et, déprimé, apeuré, j'ai une discussion avec lui dans son bureau des éditions. Pour faire comprendre mon état, je lui dis que même si on me proposait d'être président de la République, ça ne me tenterait pas.
" Alors ne sois pas président de la République ", me dit-il.

( p.53)
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J'ai grandi dans une vision à la fois légendaire et quotidienne des éditions de Minuit.Elles représentaient une sorte d'humilité triomphante, le petit faisant la nique aux gros, qui profite de leurs manques pour y tracer son grand chemin en s'en nourrissant, se faufilant entre eux dans une indépendance perpétuellement préservée. Cette image a été diffusée à juste titre bien au-delà du cercle familial.

Il n'était qu'un fils de famille quand il reprit les éditions en 1948 après y être entré un an plus tôt comme chef de fabrication.Elles avaient été créées durant l'Occupation, et Vercors s'était révélé aussi mauvais gestionnaire que grand résistant.
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Lorsque j’étais jeune, je trouvais que j’étais intelligent. Puis je me suis rendu compte que j’étais bête, aussi, mais cette constatation m’a parue un signe d’intelligence. puis je n’ai pu faire autrement que de découvrir que quand j’étais bête, j’étais bête, le savoir n’y changeait rien.

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Désormais il faut espérer moins de l’existence. Je croyais avoir accédé à quelque chose d’éternel et cet éternel s’est dérobé. Je croyais que c’était la vie et c’était la jeunesse.

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Ma calamiteuse adolescence infinie, j'en avais enfin vu le bout pour m'immerger dans la vie, comprendre que des êtres humains partageaient la même planète et avaient donc quand même un certain degré d'accessibilité, tout simplement que le bonheur était possible, et c'est comme si cette découverte, dépassée, n'avait soudain aucune valeur. Désormais il faut espérer moins de l'existence. Je croyais avoir accédé à quelque chose d'éternel et cet éternel s'est dérobé. Je croyais que c'était la vie et c'était la jeunesse.
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Pour qui a été élevé dans les normes familiales, manquera toujours de ne pas avoir rencontré ses parents ni été rencontré par eux. Il n'y a pas eu de coup de foudre naturel, objectif, ni libre apprentissage de l'autre. L'amour préexiste d'un côté, est nécessité de l'autre – c'est un plus et c'est un moins. Seule l'adolescence m'avait échappé, je comprenais soudain pouvoir vivre dans le bonheur et la constance une manière d'arrière-saison qui n'aurait pas eu de printemps, comme bienheureusement arrêté dans l'été.
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"Il aurait détesté que l'on parle trop de lui. Mais il aurait vraiment détesté qu'on n'en parle pas assez." On doit vous archiver juste comme il faut.
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" Un homme du livre" a titré " Libération " à la mort de Jerôme parce qu'il en était fait, de livres, et une idée de la liberté le constituait si fort qu'elle attentait à sa liberté, paradoxe qu'on ne peut pas éviter.

( p.139)
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Je suis nécrophile : je persiste à aimer des morts.
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Le monde est divisé en deux catégories: ceux que le manque terrorise et ceux à qui il fait quand même moins peur que l'addiction.
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Vivre, c’est vivre autrement.
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