Citations de Mathieu Menegaux (371)
La Justice vous intime de la condamner lourdement. L'Humanité devrait vous conduire à la clémence envers cette femme qui a reconnu les faits et qui a déjà été punie. Alors, que choisirez-vous ? Serez-vous des justicier ? Ou serez-vous justes ?
... : à l'hôpital Lariboisière, le centre du planning familiale est
est en secteur "violet". Il faut quand même être vicieux avec autant de couleurs dans l'arc-en-ciel pour choisir "violé".
Autour de la table se mêlent sidération et allégresse. Myriam Belhaj et Adrienne Huet n'en reviennent pas, stupéfaites et radieuses. Elles ont visiblement le sentiment d'être en train d'écrire l'histoire. Elles sont Rosa Parks dans son bus le premier décembre 1955 à Montgomery, Alabama. Elles ont refusé de céder leur place. Elles sont entrées en résistance et ne comptent pas s'arrêter en si bon chemin.
Si seulement je croyais en Dieu. Au moins pourrais-je prier. Au lieu de quoi, je suis seule; à moisir dans cette cellule aveugle de trois mètres sur quatre, aux murs de béton brut, si loin des moulures et des dorures qui ornent le reste du palais de Justice. Depuis le début de mon procès, c'est ici que je suis installée le matin avant que l'audience ne soit ouverte, c'est ici que les gendarmes m'accompagnent à chaque suspension, et c'est en ce lieu enfin que le pénitentiaire vient me chercher le soir pour assurer le transfèrement en fourgon vers la prison.
Rien n’a été épargné à Gustavo. Il s’est pourtant senti soulagé quand les policiers lui ont retiré les menottes, presque humain à nouveau.
L' hypocrisie américaine le revulse; il lui préfère les secrets à la française, bien enfouis.
J'avais épousé un monstre et il fallait que je sorte mes filles de ses griffes sans plus tarder.
Etais-je victime d'une dépression telle que mon imagination avait transformé un incident mineur en catastrophe nucléaire?
Submergée par l'émotion, j'ai failli craquer. J'ai été à deux doigts de tout lui avouer. Je me suis tue.
Ce fut un instant rare, un de ceux qui justifiaient ma résolution de vouloir continuer à vivre. Oui, je devais expier, être punie et coupée du monde pour mon crime abominable, mais j'avais raison d'avoir confiance dans le fait que cette vie pourrait me réserver encore quelques moments d'absolu, après la peine.
Toutes et tous ont de bonnes excuses à servir à leurs conjoints, en lieu et p,à de leur présence : un comité d’investissement le lendemain matin, une présentation pour le comité exécutif, un ”pitch” pour un deal à plusieurs milliards d’euros. Les forçats sont attachés à leurs bancs et rament, rament produisant des graphiques à la chaîne, effectuant des calculs de retour sur investissement, choisissant l’illustration qui fera le mieux passer le message.
Comme les homosexuels jadis, qu'il fallait soigner ou exorciser, les femmes qui avouent aimer le sexe relèvent de la pathologie. Je ne connais pas d'équivalent à " nymphomane" pour un homme.
Esther n’a pas ouvert la bouche. Elle essaie de se donner une contenance, mais se tord les mains au point de se faire mal. Les jointures blanchissent. Des larmes coulent. Depuis qu’Étienne a commencé son monologue, une faille s’est ouverte en elle. Chaque mot d’Étienne élargit un peu plus cette fissure.
… En une seconde toute cette foule s’est figée. Les joyeux drilles se sont statufiés. Le cri les a glacés. Tous ont tourné la tête, cherché à localiser d’où il provenait. Il retentissait encore, alors qu’il n’avait duré que quelques secondes. Un hurlement de femme, primitif et inoubliable. Certains, rares, ont vu le corps chuter. La plupart n’en ont pas eu le temps. Mais, au silence qui a suivi le choc, tous ont compris qu’elle était morte.
Je n'ai pas tenu jusque-là pour révéler en public que j'avais joué à l'apprentie sorcière, que j'avais cru pouvoir fabriquer de toutes pièces un miracle, que j'avais échoué lamentablement à être plus forte que le destin et qu'au fond c'était l'idée que ce constat d'échec allait m'accompagner jour après jour qui m'avais conduite à choisir une prison avec quatre vrais murs et des barreaux plutôt que l'enfer d'être confrontée chaque jour au regard de mon violeur. (p126)
Penser à autre chose. Laisser le cerveau s'oxygéner.
Tout est impressionnant dans cette salle. Ses dimensions, le formalisme, les costumes, tout est fait pour rappeler au justifiable combien il est infiniment petit devant l'institution et qu'il lui faudrait un miracle pour échapper au courroux de la justice.
Je ne pouvais plus avancer, plus parler, plus communiquer. Tout ce que j’avais en tête, c’était « vite, mettez-moi en prison, condamnez-moi, isolez-moi, je veux me retirer des vivants, quitter ce monde rationnel où il faut une explication à tout, tout le temps, partout, je n’aspire qu’à la paix, oui, foutez-moi la paix, quel qu’en soit le prix.
excellent, tres bien ecrit. L auteur, un homme, se met dans la peau d une femme violee et analyse les consequences de cet acte. Remarquable, glacant.
Il est l’illustration vivante de la désuète expression « raide comme la justice », et nulle situation personnelle ne le fait dévier de sa ligne de conduite : le droit prévaut.
Il n’a pas toujours été cet homme pressé, supérieur, obsédé par la performance.
(...) Etre une victime honorable, pleurer, accepter d'être examinée par un collègue gynécologue, encore souillée, parce que c'est la seule façon de faire reconnaître la parole d'une femme, puis répondre aux questions tendancieuses sous-entendant par ici ou par là que je les avais un peu provoqués, quand même, non, ces deux hommes ?