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Critiques de Mathieu Simonet (31)
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Les carnets blancs

Pour s'installer chez son nouveau compagnon, Mathieu doit faire du ménage, se délester de tous ces 'papiers' encombrants.

Chiche, il va se défaire de ses journaux intimes, il en a des dizaines, puisqu'il a commencé à en écrire à l'âge de onze ans. Plutôt que les brûler tous afin que personne ne tombe dessus (le risque avec les poubelles de tri sélectif), il décide au contraire de les disperser un peu partout, d'en donner certains, quitte à ce qu'ils soient lus. Certains seront incorporés à des oeuvres (transformés en recette de cuisine, vêtement, parfum...). Certains iront à l'autre bout du monde. La 'disparition' de chacun répond à un scénario précis.

Mais avant de s'en défaire, Mathieu Simonet a relu ces carnets. Ils ont donc aussi servi de matériau à l'élaboration de cet ouvrage. Sans souci de chronologie, l'auteur en livre ici des fragments bruts, il les explicite parfois, revenant ainsi sur certains épisodes de sa vie et réfléchissant au travail d'écriture - qui n'est pas son 'métier', l'auteur est avocat de profession.



Même si l'ouvrage a des allures de patchwork, même si Mathieu Simonet s'y livre de façon très/trop personnelle, même si la démarche peut sembler nombriliste et prétentieuse, une trame intéressante à portée plus générale se dessine, notamment sur l'évolution des relations mère-fils. Et bien sûr, le fruit de ce travail de synthèse est passionnant, si l'on s'intéresse à l'écriture, pour soi ou pour les autres - et à la création artistique, de manière plus générale.

Il faut quand même aimer l'introspection pour apprécier pleinement ce texte, il me semble, et sans doute éprouver plus d'empathie pour le personnage que je n'ai réussi à le faire.



Une excellente idée, en fin d'ouvrage : quelques pages vierges invitent le lecteur à se lancer à écrire - je ne me sens pas prête.



• Merci L. ! 🎁😊
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Anne-Sarah K.

Après avoir réalisé un documentaire consacré à Anne-Sarah Kertudo, Mathieu Simonet a choisi le roman pour coucher leur histoire sur le papier. Le récit de leur rencontre et de leur amitié devient celui de leurs combats et de leurs engagements.



Cela commence comme un roman d’amour, une quête initiatique. Quand le narrateur, encore collégien, rencontre Anne, il est immédiatement sous le charme. « Je me souviens du choc que j'ai ressenti. Anne était incroyablement belle. Elle avait une classe, avec ses bras, ses jambes, ses mains, qui me sidérait. Même ses yeux, ses grands papillons noirs, la rendaient belle. Tout son visage était classique (nez droit, belle bouche, cheveux bouclés, mâchoire féminine et affirmée), seuls ses yeux étaient atypiques, et c’était cette fausse note, ce truc en plus, ce truc bizarre, qui la rendait incroyablement lumineuse. » Ce verre pris ensemble va transformer sa vie. Ce qu’il va appeler «un vrai coup de foudre amical» marque le début d’une relation, d’une intimité, d’un échange qui va durer toute la vie.

Très vite, ils partagent tout, à commencer par leurs «secrets», son homosexualité et son handicap. Anne, qui a décidé de se faire appeler Anne-Sarah, perd progressivement l’ouïe jusqu’à devenir sourde. Mais elle refuse d’être stigmatisée, de parler de handicap. Comme nous sommes aussi durant les années où le virus du sida se propage, on comprend très vite que ce sont leurs hontes qui les rapprochent, qu’ils vont en faire des forces. Mieux, le combat d’une vie auxquelles leurs relations respectives vont devoir s’adapter. C’est l’époque du militantisme, c’est aussi celle où tous deux choisissent d’embrasser une carrière juridique. Avec bien des obstacles pour Anne-Sarah. Ensemble, ils vont lutter, intenter un procès pour qu’Anne-Sarah soit autorisée à devenir avocate, créer la première permanence en langue des signes, refuser le handicap, à la fois comme mot et comme objet de discrimination.

Bien qu’intéressante sur le plan politique et social, cette partie du récit tient davantage de l’essai que du roman. Je préfère les parties plus intimes. Quand par exemple, Anne-Sarah perd la vue. «Anne-Sarah et moi dormions dans la même chambre, dans le même lit. On aimait bien se toucher pendant qu'on se parlait. Raconter des horreurs sur les gens qu'on aimait. Hurler de rire. Notre humour me semblait universel, ouvert sur les autres. Il ne l'était pas. On se repliait dans notre tanière. Là où personne ne pouvait nous atteindre.»

C’est dans ces lignes que Mathieu Simonet retrouve sa plume de romancier et réussit à faire partager ses émotions.


Lien : https://collectiondelivres.w..
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Anne-Sarah K.

Dans son dernier roman, qui est plutôt un récit, Mathieu Simonet nous raconte Anne-Sarah K, amie rencontrée au collège, comment leur amitié s’est forgée et sa force de caractère pour être comme les autres, avec eux. Handicap ou non.

"Anna était un bloc.

Je la fuyais comme je fuyais toutes les personnes atypiques. On se moquait d’elle aussi mais elle semblait hermétique à la violence, à la critique".



Anne-Sarah a un handicap qu’elle cherche à cacher, mal-entendante elle devient peu à peu sourde, lorsque nouveau coup du sort elle perd peu à peu la vue, impossible pour elle d’accepter la canne blanche. Mathieu Simonet s’est fait réalisateur pour raconter le drame et le combat de son amie dans un documentaire touchant .



On retrouve dans ces pages les personnages qui ont fait les écrits de Mathieu Simonet. Son père ( Barbe rose), sa mère ( La maternité), des débuts difficiles dans la vie ( Les corps fermés) Tout ceci se retrouve un peu peu en désordre, sans chronologie, dans des paragraphes courts mais percutants.



Dans ce livre on parle beaucoup de Anne-Sarah, de son courage et de sa force rayonnante mais moins que l’on pourrait le croire. Mathieu y raconte aussi ses amours et rencontres, sa vie dans ce microcosme parisien si étonnant. Il a beaucoup hurlé de rire dans ce livre avec son amie dit-il.



Ce qui m’aura marquée, ce sont les copies d’Anne-Sarah, lors de son examen d’entrée à l’école d’avocats, barrées d’un grand H, et non corrigées comme le découvrira par la suite l’auteur. On lui avait dit pourtant qu’elle n’aurait pas cet examen, tenté trois fois….



Un livre intéressant où l’auteur nous parle de handicap, de discrimination, de vies atypiques comme il sait si bien le faire avec sincérité sans doute même si quelquefois cela nous bouscule un peu.



Dans Les carnets blancs Mathieu Simonet écrivait

« L’écrivain est un impudique en quête de pudeur, un menteur en quête de vérité »



Belle route à Anna-Sarah Kertudo qui se bat avec succès aussi pour les autres et pour que les choses bougent.
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Les corps fermés

"J'avais fait mon deuil du désir et le seul espoir que j'entretenais c'était celui de pouvoir coucher avec un garçon au cours d'un rêve."



De la fin du collège aux années lycée, ce livre nous parle de l'éveil à la sexualité d'un jeune à qui on n'a rien dit et qui se pose beaucoup de questions. En seconde la rencontre avec une fille et un garçon qui l'attire lui donnera l'occasion de sortir de son statut de " coincé moyen", selon les codes du collège.

Un parcours raconté avec sincérité et une certaine naïveté entre amour et amitié. C'est direct, cru et touchant tant l'éveil à l'homosexualité est un passage à la fois douloureux et jouissif pour lui.

Les corps fermés à cause du regard des autres peut-être...





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Barbe rose

" J'ai aimé passionnément mon père. "

le psychiatre a levé la tête.

"Je suis heureux de vous l'entendre dire ! "



Mathieu Simonet dans ce roman ( récit, texte..) raconte son père. Lui qui s'est rêvé écrivain mais n'a jamais publié. Comme dans son précédent livre l'auteur nous écrit une étrange autobiographie dans le désordre. Il se raconte à son psychiatre. " Je ne pense que mon père m'ait violé, mais j'aimerai savoir "



Il a eu des parents peu ordinaires, déjantés, une famille totalement éclatée. Son père a été interné pour schizophrénie, mais était-il vraiment victime de cette maladie ? Échange de courriers, de mails et discussions autour de toutes les questions que se pose Mathieu sur ce père totalement fantaisiste. le livre est rythmé par des extraits des écrits de ce dernier et ses échanges de courrier avec Jean Cayrol.



Quête étrange de l'auteur qui veut comprendre ce père, angoissé mais aimant, déphasé mais présent . Amour et haine s'opposent…L'écriture les rapproche.



Une histoire très intime, écrit avec passion et beaucoup de douceur. J'aime les histoires de famille que nous raconte cet auteur même s'il est comme un chercheur d'or, fouillant jusqu'à l'impudeur pour nous dire la vie et le quotidien.



Très beau récit que l'on lit très rapidement.



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La maternité

Quel titre étrange pour un livre qui raconte la maladie et la mort de la mère. L'auteur se raconte dans ce roman, qui n'en est visiblement pas un.

La maternité précède de quelques années Barbe rose où Mathieu Simonet reparle de sa famille et dresse le portrait de son père. J'aurais dû commencer par Barbe rose, il me manquait quelques clés pour comprendre cette famille mais ce n'était pas très important.

Roman coup de poing j'ai aimé découvrir l'écriture de cet auteur qui se raconte avec une franchise étonnante.



" Maman : " Je suis allée sur ton site pour penser à autre chose.C'est la première fois que j'allais sur ton blog. je suis restée quatre heures" Elle me parle de mélancolie et de douceur. Je passe par toutes les couleurs. Elle me dit :

" Non. rien ne m'a choquée.

- Je parle de ton intimité. de celle de papa.

- Non, ce n'est pas notre intimité. C'est la vérité brute. "



C'est un livre terrible sur la maladie de cette mère qui continuera à fumer et arrêtera tous les traitements pour mourir avec ses cheveux et ses ongles comme elle le dit. En parallèle l'auteur a interrogé des professionnels autour de la fin de la vie. Il leur donne la parole par bribes dans ce texte poignant et douloureux.

le roman commence en 1994 lorsque la mère décide de partir pour soigner son alcoolisme.

Ensuite ce sont des échanges verbaux, des mails, la présence épisodique du père, la maladie et ses ravages. C'est un livre qui semble fait de collages. Des courts paragraphes qui paraissent s'intercaler.

L'image de la mère est surprenante, personnage à part entière on ne peut avoir que de l'admiration pour cette femme qui fait appel à ses souvenirs pour dire sa vie peu banale. Elle dont la mort approche....



J'ai détesté les pages sur l'agonie de sa mère. le lecteur n'est pas épargné par les détails terribles.

Mais j'ai aimé découvrir ce livre que j'ai vraiment trouvé superbe, Mathieu écrit avec simplicité mais son écriture est puissante.

Si vous ne craignez pas d'être bousculé je vous conseille de lire cet auteur qui n'est pas " grand public", malgré le sujet c'est un roman (autofiction) étonnant.
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Marc Beltra, roman autour d'une disparition

En 2003, Marc Beltra a 20 ans. Il est jeune, il est beau, il est étudiant à l'université de Bogota. Heureux à l'idée de découvrir un nouveau pays, il profite des grandes vacances (novembre / décembre) pour organiser un périple en Amazonie. Ce qu'il aime, c'est multiplier les expériences, rencontrer les gens, se mêler aux autochtones. Il arrive début décembre à Leticia, une petite ville colombienne, frontalière du Pérou et du Brésil pour une virée sur le rio Javari à la rencontre des tribus indiennes qui peuplent les bords du cours d'eau. Il a prévu d'être de retour à Bogota le 15 décembre pour une fête entre amis. Mais il ne revient pas, sa trace se perd à Leticia. Ses amis s'inquiètent et préviennent sa mère. Immédiatement, elle se rend sur place avec son frère, sa fille et son ex-mari. Mais Marc est introuvable. Michel, son oncle, contacte l'avocat et écrivain Mathieu Simonet, pour ouvrir une instruction judiciaire en France. Commence alors un parcours du combattant pour intéresser les autorités à l'affaire, pour se mettre en rapport avec les autorités des trois pays concernés, pour tout simplement retrouver Marc. Françoise, sa mère, s'installe à Leticia, persuadée que son fils est toujours vivant et qu'il va finir par se manifester.

Dix ans après la disparition, Mathieu SIMONET publie ce livre qui raconte toute l'histoire telle qu'il l'a vécue et qui paraît le jour des 30 ans de Marc.





Des témoignages, des mails, des pensées, des questions, des hypothèses, des extraits du journal intime de la mère de Marc se mêlent dans un livre qui donne, a priori, une impression décousue de vaste fourre-tout. Et pourtant, quand on referme cet étrange ouvrage, on constate qu'il a laissé des traces : la dignité, l'espoir, les larmes parfois, d'une mère-courage et surtout la personnalité, la fougue, la joie de vivre, le sourire de Marc, présent à chaque ligne. Il en ressort aussi un puissant sentiment d'injustice, c'est si terrible pour une mère de ne pas savoir. Peut-être qu'en Colombie certains savent mais tout le monde se tait ou ment et le mystère reste entier et Françoise continue d'espérer, même quand le dossier est clos et que les enquêteurs concluent à la mort de Marc.

Une histoire bouleversante qui met le coeur en larmes.
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La fin des nuages

La fin des nuages ....(Ne sont-ils pas éphémères?)

Ce petit livre est venu perturbé mes prévisions de lecture; c'est un cadeau inattendu voire improbable.Et la perturbation nuageuse est plus longue que prévue...

A qui appartiennent les nuages?

C'est une question que je ne m'étais jamais posé et à laquelle je ne me permettrais pas de répondre.

Est-ce un manifeste politique comme le veut Georges SIMONET, son auteur?

Si la notion de propriété est acceptée, on débouche sur la possible manipulation des nuages.L'enjeu est politique, sanitaire et environnemental.

Tout comme l'est l'implantation des centrales nucléaires prés des frontières , de l'utilisation de pesticides qui finissent via les rivières qui passent chez le voisin, dans les océans qui n'appartiennent à personne.Qu'en est-il du vent, des cyclones, ouragans ou typhons qui changent de nom en fonction du pays où ils soufflent et détruisent?

C'est aussi un livre qui évoque le souvenir, la disparition de l'être cher et c'est ce qui relie avec la souveraineté des nuages.Va-t-il pleuvoir sur tel lieu, tel concert? Peut-on repousser les nuages (et jusqu'où)?

Et oui, depuis des décennies, certains apprentis-sorciers appelés scientifiques font la pluie et le beau temps!!Pour plus de pluie... ou plus de soleil.. ou provoquer des famines chez le voisin!!!

Pour ma part, je continuerais à rêver sous la pluie d'un ciel bleu en espérant qu'on cesse de vouloir tout manipuler.
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La maternité

" La maternité" est un livre digne, droit dans ses bottes, que j'ai reçu comme un témoignage d'une grande sincérité. Il nous raconte les dernières années de la vie d'une femme, la mère de l'auteur, atteinte d'un cancer. Là où plein d'auteurs auraient versé dans le pathos le plus absolu, Mathieu Simonet fait éclater sa narration en une multitudes de petits paragraphes tournant autour de notre relation avec la mort, mais aussi, la vie, l'amour, ... Tout en décrivant au plus près les derniers mois de vie de cette femme tant aimée, l'auteur intercale dans son récit le vécu de personnes vivant au jour le jour avec des morts ( personnel soignant, employé de la morgue, chercheurs ). Il rajoute à cela les réponses d'artistes à qui on a demandé d'évoquer le premier mort qu'ils ont rencontré. Aussi étrange que cela puisse paraître, ces passages sont des respirations tout à fait indispensables à ce texte au ton très personnel et intime.

Ce qui est le plus intriguant mais aussi le plus réussi, c'est la sensation que le lecteur n'est jamais mis en position de voyeur dans ce voyage personnel, n'hésitant jamais à verser dans l'impudeur.. Mathieu Simonet ne se gêne pas à demander à ses parents de raconter la première fois qu'ils ont fait l'amour ensemble ou de décrire la déchéance du corps nu de sa mère, abîmé par les lavements et les escarres.

L'écriture, sans fioriture, raconte ce chemin de souffrances. Toute la charge impudique est ici irriguée par une douceur et un amour filial exemplaires. Heureusement, comme dans la vie, les moments de rire ont aussi leur place. La mère est formidable d'humour noir et le père, au passé psychiatrique lourd, est absolument insensé.

Mathieu Simonet a su trouver les mots justes et vrais pour décrire ce passage vers la mort.

La fin sur le blog
Lien : http://sansconnivence.blogsp..
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Les carnets blancs

J'aime le côté déstructuré, désorganisé, inclassable, hors-norme... L'écrit est vivant, simple (pas simpliste, ni facile...), réel, modeste, plaisant. Les sujets abordés m'ont beaucoup touchée (la maladie, l'homosexualité, le matérialisme...).

Cela fait maintenant 3 ans que j'ai lu ce livre, et il est encore très présent dans mon esprit. C'est un livre qui m'aide à avancer, à travers une réflexion et une démarche personnelle.

Bref, je vous le dit tout net: c'est un coup de cœur que je vous recommande vivement!!!
Lien : http://minifourmi.blogspot.f..
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La fin des nuages

Est-ce que le dernier souffle de l’être aimé peut avoir une répercussion sur le climat? Mathieu Simonet extrapole la théorie de l’effet papillon pour tenter de garder une trace vivante de son amoureux récemment décédé. Sorte de carnet de l’endeuillé qui tente de sublimer son chagrin, ce livre est aussi un important manifeste en faveur de la protection des nuages. Sans statut juridique, les nuages peuvent être manipulés à des fins malveillantes et non seulement en temps de guerre. Cet ancien avocat français nous rappelle aussi avec délice que le Québec est la première nation à avoir voté une loi, dans les années 60, qui interdit de faire pleuvoir un nuage sans autorisation préalable. Les dangers de l’ensemencement du ciel soulèvent des enjeux majeurs - autant géopolitiques, sanitaires, qu’environnementaux - et veiller à leur conservation est un devoir tout simplement naturel.
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Marc Beltra, roman autour d'une disparition

» Marc Beltra a disparu à la frontière de la Colombie, du Brésil et du Pérou. Ce livre est un puzzle pour le retrouver »



C’est le visage souriant de Marc qui ouvre ce livre. Témoignage d’une affaire douloureuse qui n’aura pas trouvé de réponse. A la demande de Françoise Olivès, mère du disparu, l’auteur qui est aussi avocat est parti sur les traces de ce jeune étudiant, il avait 21 ans, et a disparu en Colombie en 2003. Ce livre-enquête a été écrit pour que l’on n’oublie pas Marc, pour découvrir son histoire aussi. Lui, qui a été si peu médiatisé.. C’est le souhait de sa famille qui s’est battue pendant des années pour connaître la vérité.



Ce témoignage se lit d’un souffle. Avec de nombreux aller et retour dans la chronologie. Avec des personnages qui nous parlent de ce garçon joyeux et enthousiaste. Avec d’autres qui se taisent ou disent n’importe quoi… Il y a de l’espoir et du découragement dans cette quête douloureuse. Mathieu Simonet y intercale des pages du carnet que tient Françoise.On est dans la moiteur insoutenable d la ville de Leticia ou dans la forêt amazonienne, au bord du fleuve.



Que cherchait Marc? où est-il ? Mort ou vivant? Que lui est-il arrivé? Des chamans ont parlé…il y a eu des visions.



Et dans ce livre, comme toujours, il y a la mère de l’auteur, son père, Baptiste son amoureux…Alexandre, un policier, qui est parti pour enquêter, un juge…. Tant de personnages qui font un filet dont les mailles trop distendues n’ont pas permises de répondre aux nombreuses questions.



Mathieu Simonet a laissé des blancs dans ces pages, il écrit avec des phrases brèves mais où l’émotion est perceptible. Flash rapide pour expliquer, présenter. Bribes et comme il le dit » des bouts de poussière de l’enquête »



« Qu’est-il arrivé à Marc Beltra? »



Pas un roman, ni un livre scientifique. Juste une histoire vraie. Je ne sais si ce roman a été beaucoup lu, mais il mérite qu’on s’y attarde. Pour la sincérité qu’y a mis l’auteur. Pour Marc aussi.
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Les carnets blancs

Mathieu Simonet écrit depuis très longtemps. Sur des carnets il a raconté l'intime, ses parents, des extraits de vie… Des histoires sentimentales et familiales égrenées au fil de pages…Et puis un jour il s'est débarrassé petit à petit des carnets.



Mais pas d'une façon très classique…Après les avoir relus il les a laissés dans différents endroits ( bibliothèque, musée, pays lointains, fleuve..) et puis il les a donnés pour que les dépositaires s'en débarrassent à leur guise.



« Chloé m'a appelé. Elle s'est décidée à se séparer de mon carnet de poèmes. J'ai arraché les pages. Je les ai scotchées rue du Liban à Paris. Avec j'ai écrit le mot FIN »



« Un chimiste parfumeur a transformé mon carnet en odeur »



C'est cette aventure peu banale que raconte ce livre. On y retrouve la franchise de Mathieu Simonet, les visages de son père et de sa mère qui le hantent toujours et le désordre de son écriture. Rien n'est linéaire.



Minutieux, précis, cru, touchant…..Une triste et joyeuse balade dans l'univers de cet écrivain qui nous dit » L'écrivain est un impudique en quête de pudeur, un menteur en quête de vérité »



Il y a du silence dans ces lignes, mais aussi un questionnement douloureux…



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La fin des nuages

La Fin des Nuages est un livre fascinant qui combine au fragment autobiographique, point de départ du manifeste politique de Mathieu Simonet (le dernier souffle de son compagnon peut-il avoir eu une quelconque incidence sur la pluviométrie, et dans quel délai, dans quel périmètre?), des recherches fouillées sur la nature et la reconnaissance des nuages.

L’attention particulière portée sur le cas particulier de leur ensemencement peut d’ailleurs créer une confusion sur le propos du livre: le sujet porte-t-il sur les nuages ou s’agit-il d’évaluer les effets nets, négatifs ou positifs, de l’ensemencement ? Ce bémol n’est qu’un détail au regard de l’intérêt du livre de Mathieu Simonet

En effet, l’auteur croise une multitude d’aspects, du local au global: institutionnel (l’UNESCO qui cherche à couper l’herbe sous le pied de l’Union internationale pour la sauvegarde de la nature), géopolitique (les tensions entre le Canada et les Etats-Unis, puis quelques décennies plus tard, entre l’Iran et Israël; la Convention des Nations Unies de 1976, cf. ci-dessous), militaire (l’opération Popeye menée par les Etats-Unis au Vietnam; la préoccupation du Koweït, voir plus loin), économique (la maîtrise des nuages et des pluies peut avoir des répercussions sur la productivité agricole par exemple; le fait que General Electric, le mastodonte américain, s’implique en dit long sur les perspectives économiques), juridique (la convention de l’UNESCO sur le patrimoine culturel et environnemental est-elle pertinente pour protéger les nuages?), scientifique (les recherches sur les nuages mêmes, et ensuite sur les conditions de leur ensemencement et les conséquences potentielles sur l'environnement, les organismes, la santé publique), artistique (les performances de Monsieur Moo), etc. Effarant, n’est-ce pas? Mais, ce n’est pas fini: on découvre que le sujet-ovni débusqué par Mathieu Simonet (nous voyons tous et tous les jours des nuages mais la grande majorité d’entre nous ne s’était pas posé les questions soulevées par l’auteur) a fait l’objet depuis des décennies de discussions sérieuses. Cela fut notamment le cas dans le cadre de la Convention sur l'interdiction d'utiliser des techniques de modification de l'environnement à des fins militaires ou toutes autres fins hostiles (Convention ENMOD). Celle-ci est un instrument de droit international du désarmement s'attachant spécifiquement à la protection de l'environnement en situation d'hostilités et qui fut adopté par l’Assemblée Générale des Nations Unies en 1976 et entré en vigueur en 1978. Le Koweït proposa par exemple “d’étendre l’interdiction à toute technique de modification de la météo pouvant causer un préjudice, que l’intention soit guerrière ou pacifique”. (p.146, Julliard)

A travers son manifeste - parce que c’est bien de ça qu’il s’agit -, Mathieu Simonet milite pour un droit international des nuages en mobilisant d’abord les jeunes.

Le lecteur / la lectrice peut rester sur sa faim car plusieurs liens auraient pu être faits, mais cela sera peut-être le cas à l’occasion d'une réédition de la Fin des Nuages. Tout d’abord, il eut été intéressant que Mathieu Simonet, invité à un colloque dans son ancienne université où il était question du droit des fleuves, des vagues, des nuages et des arbres, se penche justement sur l’article pionnier de Christopher Stone : "les arbres doivent-ils pouvoir plaider?" (1972). Y a-t-il des leçons à tirer ou une alliance nuages-arbres à tisser ?

Il manque également un chapitre sur la protection des nuages à travers l’Accord de Paris. Ces dernières années, plusieurs études ont mis en évidence que les nuages ont des effets différents sur l’effet de serre selon leur hauteur dans le ciel et que la hausse globale des températures pourrait être telle que les nuages aient un effet rétroactif amplificateur sur le réchauffement climatique. Dès lors, le respect de l’Accord de Partis qui limite la hausse des températures de +1,5°C (maximum +2%) nécessiterait d’aborder politiquement la question de la protection des nuages.

Nonobstant ces petites réserves, La Fin des Nuages est un ouvrage passionnant qui fait réfléchir à un sujet a priori anodin mais plein de conséquences, et qui se lit rapidement. Lisez-le, offrez-le.

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Anne-Sarah K.

Anne Sarah Kertudo, c’est une femme qui se bat pour conserver la dignité, la sienne, celle des autres, une femme qui n’abandonne pas malgré l’adversité parfois vraiment terrifiante qui s’acharne sur certains. Une femme magnifiée par l’amitié que lui porte l’auteur, une histoire qui vaut le détour par la force qui en résulte et l’exemplarité d’humilité qu’elle transporte.
Lien : https://unmotpourtouspourunm..
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Anne-Sarah K.

Un recueil de confidences personnelles d’où émerge comme un puzzle le portrait parcellaire de la meilleure amie de l’auteur, Anne-Sarah Kertudo. Un journal du soir* titrait à propos d’ASK « Pour le droit au handicap » et le bandeau de l’éditeur reprend platement « L’avocate du handicap ». Pourtant ce livre n’est pas un témoignage sur son combat social. Ses idées — l’aide judiciaire adaptée aux malvoyants et aux malentendants, le démontage des définitions hasardeuses du handicap, « le procès (dans le) noir », « la culture sourde » — ne sont mentionnées qu’en passant. Seulement les images d’une confidente « qui a des problèmes aux yeux et aux oreilles », d’une personnalité alternant le déni, le courage, la fantaisie et la provocation. Le récit est fragmenté : audioprothèses, apprentissage de la langue des signes que la cécité rendra inutile, canne blanche, stages d’adaptation à la malvoyance, aperçus d’actualité, anecdotes personnelles de l’auteur, ses projets, ses amours, ses étapes, un tissu de vie présenté en microchapitres qui dépassent rarement dix lignes. L’auteur et ASK hurlent souvent de rire, mais le lecteur s’ennuie. Quelques passages posent question : « Parfois, j’éprouvais l’envie d’écrire sur Anne-Sarah ; quand j’évoquais ce projet (toujours légèrement, à la manière d’une farce, comme si moi-même je n’y croyais pas vraiment), Anne-Sarah dressait un mur entre nous : il n’en était pas question. Sa vie n’avait pas d’intérêt ; elle n’intéresserait personne. Et, de toute façon, elle ne voulait pas que sa vie privée soit étalée dans les pages d’un de mes romans » (p 136).

*https://www.lemonde.fr/sciences/article/2018/05/13/anne-sarah-kertudo-pour-le-droit-au-handicap_5298360_1650684.html

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Barbe rose

BARBE ROSE DE L’AUTEUR MATHIEU SIMONET MARS 2016 EDITIONS SEUIL 186 PAGES



Résumé :



Après La Maternité, consacré à sa mère, Mathieu Simonet reconstitue dans ce nouveau livre la personnalité de son père écrivain, piégé par la folie. Dans une alternance de scènes assez romanesques et souvent drôles et émouvantes (avec les psychiatres, avec le père bien entendu ou la mère), extrêmement bien dialoguées, mais aussi d'extraits de correspondance de son père avec Jean Cayrol, de fragments de ses journaux et de ses romans inachevés, l'auteur sonde ce père schizophrène et entreprend de donner forme, de son vivant, à l'oeuvre virtuelle qu'il n'aura jamais publiée. Du reste, il se résigne à n'avoir aucune image globale et cohérente de cette figure paternelle et poursuit son entreprise littéraire, à travers ce manifeste pour une écriture fragmentaire et intime, en rendant compte des rapports complexes, d'amour et de rivalité, entre père et fils. Et il se demande, au fond, si cette esthétique de la fragmentation, qui le poursuit jusque dans sa vie personnelle et professionnelle, il ne la tient pas de ce père, attachant et insaisissable. Il lève un mystère de plus sur la personnalité de cet homme angoissé et bienveillant, tolérant et inquiet, trop fantasque pour être classé dans une catégorie quelconque en s'interrogeant sur son appartenance à l'ordre mystique de la Rose-Croix



Mon avis :



L’auteur nous raconte ses relations avec son père, schizophrène, de ses passages en hôpital psychiatrique. Cette maladie qui est si étrange. Elle nous dépasse, nous fait douter de notre propre équilibre mental. Et si nous étions ou si nous devenions pareils…



Sa mère est alcoolique. La séparation de ses parents et le jonglage du relationnel entre les deux va devenir pénible. L’auteur essaye de comprendre, de trouver des réponses à ses questions, sans haine, avec je trouve une tendresse pour ce père qui écrivait des manuscrits mais qui n’a jamais été publié.



Ce roman m’a ému, des larmes au bord des yeux, cette famille est si spéciale… Et ces enfants qui ont réussi à sortir la tête de l’eau.



A lire pour comprendre, oui, rien n’est « rose » dans la vie et cette vie a été réelle pour Mathieu. Un livre choc pour moi, je le conseille. Il a osé en parler, coucher des mots sur un papier pour apaiser ses maux, témoigner.



Go en librairie !

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Les corps fermés



La 1ère phrase : "J'avais quatorze ans et je n'aimais pas être seul"



Ce court roman est publié en numérique par une toute nouvelle maison d’édition spécialisée dans le format court, "Emoticourt".



L'auteur aborde sous le voile de l'auto fiction l'éveil d'un adolescent à son homosexualité. Une narration chronologique qui couvre la fin du collège et les années lycée. Ecriture moderne, simple, phrases courtes, vocabulaire parfois cru mais jamais vulgaire. Le narrateur raconte son parcours intime sans emphase, mais avec une pointe d'exaltation, celle de la jeunesse.
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La maternité

Dans ce récit aux traits autobiographiques, le narrateur raconte, sous forme de journal de bord, l'évolution de la maladie de sa mère. On peut aperçevoir, dans son écriture, que cette période fut, pour lui, assez troublante, en raison des nombreuses questions qu'il pose à son père, aux médecins, etc, comme pour se sentir accompagné. Quoi qu'il en soit, le pilier du roman est clairement la mère de l'auteur; En témoigne le mot Maman, repris à, plus ou moins, 380 reprises au fil du texte.







L'écriture de La maternité est fluide, claire et dépouillée, comme l'est le cours des choses dans le roman. Toutefois, la figure maternelle est décrite avec une certaine pudeur. Un retrait qui se noie petit à petit dans l'émotion, et qui se déshinibe, au fur et à mesure que l'état de la mère évolue. On sait que la mort est la fin probable, on nous l'annonce explicitement page 18 :



"Quel est son pourcentage de guérison ?



- Aucun. Votre mère ne guérira pas."





Par ailleurs, la figure médicale, souvent porteuse de mauvaises nouvelles dans le récit, n'est pas maltraitée. Les médecins sont uniquement des personnages secondaires qui viennent donner au roman cet aspect réel.



C'est alors le temps pour le narrateur de se replonger dans des souvenirs, de par des questions posées à sa mère, à son père - peu présent en réalité - etc, mais également de par une introspection filiale. Une partie du roman semble ainsi se transformer en réceptacle à souvenirs.







Cependant, les événements présents rattrapent très vite le passé. A chaque étape franchie dans le récit, on sent croître cet amour filial, qui finira par être dénué de retenue. En effet, la narrateur aura très vite à voir le pubis, les fesses de sa mère, qui elle-même avoir : Je n'ai pas de pudeur. Je n'ai pas de gêne. À travers le regard d'un fils sur sa mère, on constate une déchéance physique, parfois morale. En témoignent des phrases comme Elle ne peut plus parler. Elle ne peut plus dire si elle a honte. C'est ainsi une vision objective de cette figure maternelle qui nous est livrée ici, peut-être non sans difficultés.







À travers un thème assez restreint du point de vue narratif, Mathieu SIMONET délivre un roman familial, sous forme de manifeste de l'amour filial. Sans trop de pathos, il parvient à intégrer le lecteur à son histoire, et - de par la forme du journal de bord - donne presque à son roman une forme d'échéance avant la fin. En somme, un hommage à la figure maternelle, pilier nécessaire pour l'auteur.
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Marc Beltra, roman autour d'une disparition

Le hasard a voulu que je termine la lecture de "Marc Beltra, roman autour d'une disparition" le 4 janvier, jour de l'anniversaire de Marc Beltra ... je n'ai pas pu m'empêcher d'espérer qu'il puisse le fêter où qu'il soit .

Ce roman, cette autobiographie collective, comme le dit Mathieu Simonet m'a beaucoup émue, notamment les passages tirés du journal de la maman de Marc, Françoise Olivès, qui sont emplis d'amour, de douleur mais aussi d'espoir. je ne peux imaginer l'horreur pour une mère que de ne pas savoir ce qu'est devenu son enfant.

Mathieu Simonet relate ici l'histoire telle qu'il l'a vécu et parvient à entrer dans l'intimité des proches de Marc avec beaucoup de pudeur.

Malheureusement la disparition de Marc reste sans explications, les questions sans réponses mais ce livre reste un bel hommage qui lui est fait.
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