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Citations de Mathilde Levesque (46)


- Ma parole, vous avez un baobab dans la main ! Je n'en peux plus !
- J'avoue Madame : j'ai la main verte
( p92)
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On n'est souvent pas trop de dix pour trouver des mots qui soutiennent plutôt que des mots qui brisent.
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Je me demande parfois s'il y a une taille spéciale pour le cœur des profs avec tout ce monde à loger dedans.
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Derrière la colère des élèves se cache souvent un immense chagrin, qu'ils mettent un soin infini à dissimuler, tout en nous haïssant de ne pas le voir.
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- Anis il s'en bat beaucoup les couilles, non ?
- De ouf
- Ouais
- Grave
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Le choix du dessin n'est pas anodin. Certaines postures, certaines ambiances, certains regards font tellement notre quotidien qu'on finit parfois par ne plus les voir. Pourtant, ils disent beaucoup. À mes souvenirs se superpose donc la fine observation de Minh, posté dans un recoin ou un autre du lycée : le lien, est, aussi, celui de la collaboration.
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Dans une classe de 35, il n'y a pas assez de place pour que cohabitent l'enthousiasme et la tristesse.
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Adapter (s’)

Parmi les nombreux sujets dont la Terre entière est spécialiste, on trouve depuis un an l’épidémiologie, et depuis des siècles le football et l’école.
Je dois confesser ne rien connaître ni à la première ni au deuxième, mais m’amuse souvent en écoutant mes congénères pontifier sur mon métier, qui m’a quand même demandé dix années d’études pour avoir un minimum de recul.
Je pense pouvoir dire que, si tout le monde a un avis sur l’école, c’est parce que tout le monde y est passé ; chaque adulte reste par ailleurs un éternel écolier, dans la mesure où il porte en lui le souvenir d’un prof qui l’a révélé, ou d’un autre qui l’a découragé.

Le métier d’enseignant est, comme pour tout orateur, une affaire d’adaptation : on doit à la fois s’accorder avec notre sujet et avec notre public. Cicéron et Quintilien ont bien montré l’importance de l’inventio : il faut en permanence s’assurer que les arguments déployés ainsi que la manière dont ils sont organisés sont adaptés à l’objet du discours.
De même, il est important de prendre en compte son public, au nom d’un idéal de clarté théorisé sous l’Antiquité et réintroduit par le classicisme. C’est cette exigence de clarté qui, dans un métier comme le nôtre, permet d’aborder des contenus parfois très exigeants : on peut étudier tout, avec n’importe qui.

Pour convenir, un discours doit s’adapter à des circonstances toujours singulières, mais selon des modalités globalement inchangées depuis la Rhétorique à Hérennius.

S’adapter à son sujet, c’est d’abord une histoire de style : difficile d’émouvoir sans un style noble, difficile d’être didactique sans un style simple, compliqué de faire rire sans un style agréable. En dehors d’expériences littéraires sans conséquences, on sait à quel point un sujet traité avec un style inconvenant peut perturber : on peut rire de tout, mais pas… n’importe comment.
De même, en fonction du thème que l’on souhaite aborder, on veillera à respecter les codes des trois grands genres de discours (voir cette entrée) : le judiciaire pour accuser ou défendre, le délibératif pour exhorter ou dissuader, le démonstratif pour louer ou blâmer. Il est parfois vertigineux de se dire que, depuis toujours, n’importe quelle cause prend l’un de ces trois visages.

Mais ce qui importe par-dessus tout, c’est de prendre en compte son public. Pascal a très bien montré qu' »il y a deux entrées par où les opinions sont reçues dans l’âme » : le discours changera donc selon que l’on veut toucher l’esprit ou le cœur. Et c’est ainsi que j’en reviens aux souvenirs d’école, car l’une des particularités de notre métier est que l’on doit parler aux deux, sous peine de finir au fond du tiroir des « mauvais profs », démagogues s’ils parlent trop au cœur, et inhumains s’ils ne s’adressent qu’à l’esprit.

Il existe finalement un paradoxe dans l’éloquence, qui consiste à prendre la parole pour modeler son public, mais qui impose pour cela de se modeler soi-même afin d’être au plus près de ceux que l’on veut changer. Sans ce principe, c’est l’échec assuré.

Cela dit, le principe même du débat ou de la prise de parole hors de l’entre-soi est un sacré défi : en effet, l’histoire de la rhétorique est émaillée de tentatives infructueuses, le désaccord prenant le plus souvent la forme stérile de deux routes parallèles qui ne parviennent jamais à se rencontrer. Il en faut du courage, pour construire des carrefours.
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C’est pourquoi vous trouverez dans ce dictionnaire plusieurs types d’entrées, qui tentent d’illustrer la plasticité de la notion.
Il était difficile de faire l’impasse sur les fondations antiques de l’éloquence, et sur leur résurrection au siècle classique : il faut rendre à César ce qui lui appartient.
Mais à ces entrées académiques répondent aussi les portraits de certains de mes élèves, ou de proches qui incarnent à mes yeux des visages de l’éloquence. Comme dans Les Caractères peut-être, vous reconnaîtrez derrière la leur une autre voix que vous avez un jour croisée ; j’espère qu’à leurs prénoms vous en substituerez d’autres.
Il y a aussi dans ce livre un peu de notre monde actuel – celui qui fait réfléchir et avancer, pas celui qui se périme en même temps que la polémique qu’il a instaurée.
D’autres entrées vous surprendront sans doute, ou vous sembleront à première vue hermétiques et, en l’occurrence, peu éloquentes. Ne les fuyez pas : volontairement mystérieuses, elles sont des portes d’entrée vers d’autres mondes qui vous seront sans doute plus familiers. C’est de cette manière que j’ai à mon tour cherché à gommer les frontières entre les multiples univers de l’éloquence.
Ne soyez pas surpris, non plus, de voir souvent se glisser mes élèves dans des entrées où on ne les attendrait pas. Car telle est la réalité : ils sont toujours là où on ne les attend pas.
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C’est en commençant à écrire ce livre que j’ai compris à quel point mon sujet, que je croyais avoir circonscrit par des années d’études, était en réalité infini.
Longtemps je me suis cantonnée au seul domaine de la rhétorique, en étudiant l’éloquence comme un travail. C’est aussi comme cela que je l’enseignais à mes élèves : savoir construire un discours et savoir le décrypter.
Mais s’il n’y a pas d’entrée « Éloquence » dans ce dictionnaire, c’est bien parce que la réalité de cette notion demande l’espace d’un livre.
« Art de bien parler », « art de persuader », « facilité pour le faire » : l’éloquence est pourtant tellement plus que cela, ne serait-ce que parce que ce qui nous parle n’a pas forcément choisi de le faire.
Je suis tombée dans l’éloquence comme d’autres dans la marmite. Très tôt, j’ai éprouvé le besoin de prendre la parole pour ceux que la société laissait de côté : le temps du journal du lycée est un peu loin, mais je le garde toujours dans un coin de mon cœur, comme le premier qui m’a permis de sortir de l’intimité de mes cahiers de poèmes. L’enfance est une période de la vie où, qu’on le veuille ou non, on n’a la main sur rien : même si l’on veut changer le monde, on n’a aucun moyen de le faire. Alors il reste la parole. Cela m’est très tôt apparu comme une évidence autant qu’une nécessité ; j’avais l’impression qu’à ma toute petite échelle je pouvais faire changer les choses.
Et puis il y a eu les premiers pas dans mon métier. Mutée il y a dix ans en Seine-Saint-Denis, je ne savais à quoi m’attendre, et j’ai découvert une tout autre éloquence que celle, académique, de mes années de formation.
Je suis arrivée à mon bureau le sac et la tête pétris d’Antiquité et de classicisme ; mais il m’a fallu éprouver face à mes élèves l’étendue de mon ignorance lexicale, en même temps que je découvrais un art de la débrouille qui se manifestait aussi dans l’improvisation verbale. J’observais une véritable intuition de l’éloquence chez mes élèves. Peut-être pas celle des discours, mais celle de la repartie : car, pour faire des discours, il faut la tribune.
C’est donc par mon métier que j’ai véritablement accédé aux arcanes de l’éloquence. Je parle d’arcanes car mes études en avaient laissé tout un pan dans l’ombre ; je ne connaissais que l’éloquence intellectuellement, universitairement et donc socialement validée. Place à tout le reste !
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- madame, mais "oxymore", si on veut pas que ça soit un pléonasme, faut dire "Oxyvivant", non ? (p.137)
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- Et donc, comment s'appelle ce courant dont on a coutume de dire, partiellement à tort, qu'il place l'homme au centre de tout ?
- Le sexisme ! (p.81)
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- Pouvez-vous me relever une caractéristique du discours amoureux dans ce texte ?
- Ben oui : ils se parlent sans se comprendre. (p.56)
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- Non mais c'est insupportable : vous êtes encore en retard !
- Mais non, madame, c'est l'heure qu'est en avance !
#Astuce !
(p.54)
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Parfois, on envisage de transformer la provocation en énergie renouvelable. (p.29)
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- En fait, madame, quand vous utilisez l'ironie pas antiphrase, c'est pour faire le tri quoi : genre, t'es premier degré tu dégages ?? (p.24)
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- La prochaine fois que vous dites "l'auteur" au lieu du narrateur, j'envoie votre 06 à un taxidermiste !!
- Ah ben pour une fois qu'on viendrait pas nous chercher en charter ! (p.21)
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Ce livre montrera peut-être pourquoi j'aime mon métier.
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Il m’est arrivé, alors que je célébrais l’à-propos de mes élèves, de me faire taxer de « démago » incapable de percevoir l' »insolence » de ces ados révoltés ; je peine toujours à voir dans ces reparties un « manque de respect, oubli ou mépris des égards, ressenti comme une impertinence, une insulte ou une injure », selon la définition consacrée de l’insolence. Il me semble au contraire que ces élèves, qui pourraient en effet choisir facilement l’option de la subversion, choisissent celle du ralliement dans le savoir partagé.
La prise de risque, lorsqu’elle reste respectueuse de l’interlocuteur, est donc à la fois une manière de ne pas subir et de reprendre la main sans recourir à l’agressivité : le must de la classe.
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La première fois que j’ai entendu parler d’autodéfense intellectuelle, je n’ai moi-même pas compris l’expression.
C’était pourtant une évidence dans mon travail de tous les jours. Enseignante dans un établissement dit « difficile », dans un lycée dit « de banlieue », j’avais remarqué depuis bien longtemps – et je n’étais évidemment pas la première – que mes élèves étaient très souvent sur la défensive. J’ai longtemps cherché à comprendre pourquoi, jusqu’à ce qu’on me suggère de travailler sur les formes que pourrait prendre l’autodéfense intellectuelle dans notre société. Telle que je l’approchais intuitivement, cette notion représentait la possibilité d’offrir aux plus faibles les moyens de ne pas se faire écraser, dans une interaction hiérarchique par exemple.
Mes recherches l’ont conduite tout d’abord à une célèbre pensée du linguiste Noam Chomsky : « Un vrai système d’éducation donnerait des cours d’autodéfense intellectuelle. » Je me suis alors dit que l’autodéfense intellectuelle devait désigner quelque chose comme la « nécessité de se construire un esprit critique ». C’est ce sens-là que je retrouvai dans les deux principaux ouvrages consacrés à cette notion : les Petits cours d’autodéfense intellectuelle de Normand Baillargeon et le Manuel d’autodéfense intellectuelle de Sophie Mazet.
L’ensemble de ces travaux constitue une aide précieuse pour notre défi quotidien en tant qu’enseignants : apprendre à nos élèves la distance critique face à l’information – et c’est d’ailleurs l’objectif que s’est fixé Sophie Mazet avec ses propres élèves, dans le cours qu’elle a monté en Seine-Saint-Denis.
En dépit de l’apport scientifique indéniable de ces études, je me trouvais face à un manque : il me semblait que l’autodéfense intellectuelle, telle qu’elle était entendue par ces trois auteurs, ne prenait pas en compte la violence ordinaire des échanges humains de laquelle il faut, aussi, savoir se protéger. C’est donc dans cette perspective que se place essentiellement ce livre.
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