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Critiques de Maurice Pons (156)
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Délicieuses frayeurs

Court, petit, jolie couverture fleurie, un parfait entremets entre deux romans plus conséquents. En réalité, je n'en attendais pas tant! Ces jolies fleurs sur la couverture sont en réalité des plantes qui piègent les insectes dans sa fleur dans un but de reproduction et bien sûr, ce choix n'est pas fortuit.

Dans ces 9 nouvelles, Pons nous appâte par un début en général assez simple, sans vrai suspens mais suffisamment intriguant pour qu'on veuille lire la suite. Petit-à petit on se laisse happer par la beauté et la concision d'un style classique et on se retrouve, à la fin, piégé, victime d'une impression diffuse de cauchemar.



Toutes ces nouvelles, pour moi, ne se valent pas; j'ai trouvé les ficelles de " A l'Ombre d'un Bouleau" trop grosses, "Noël au Champagne" ennuyeux, malgré le dénouement final.

En revanche, les nouvelles suivantes, et en particulier "La Vallée", "Un voyage de Noces" et "le Violon" sont envoûtantes, ensorcelantes.



Ces nouvelles reflètent un monde absurde et énigmatique, où les mystères ne seront sans doute jamais résolus. Tout comme la plante de la couverture a pour objectif la reproduction, ces nouvelles poussent à la réflexion.



Je pense que Les Saisons, le grand succès de Pons, sera bientôt sur ma table de chevet!
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L'oiseau bariolé

J’ai essayé de raconter L’Oiseau bariolé mais, dès que l’on commence à vouloir narrer ce livre, on donne l’impression à celui qui nous écoute qu’on est en train de résumer les malheurs du bon petit diable ou d’un orphelin de Dickens, et ce n'est pas cela.

Un petit garçon est livré à lui-même dans un monde noir, où les hommes n’ont pas de bonté. Il est le « bohémien », le juif ? On sait qu’il peut être pris par les Allemands et il erre de village en village, témoin de toutes les cruautés.

Je ne crois pas être d’une sensibilité accrue quand il s’agit de lire ou de voir des horreurs mais là, j’ai été mal à l’aise, dérangée. J’ai parfois dû sortir la tête du livre et attendre un peu, n’en croyant pas mes yeux.











Jamais on n’entrera dans les camps : on restera à vagabonder à l’Est, regardant passer les trains bondés d’êtres humains, qui se jettent sur les rails ou tentent parfois de sauver leur progéniture. On aura un aperçu des actes inhumains qui peuvent s’y dérouler seulement quand on observera le comportement abominable de toute cette nature humaine.

Par exemple, une jeune juive parvient à tomber du train. Les villageois votent à l’unanimité pour la livrer aux Allemands dès le lendemain. Une scène de viol, d’une violence inqualifiable, prolongera son supplice :

« Il monta à califourchon sur sa victime prostrée. Elle gémit, et prononça quelques mots dans une langue inintelligible, lorsque son emprise se fit plus violente. (…) Elle ouvrait et refermait les doigts dans le vide, comme pour chercher un secours invisible. » (147)



Le plus terrible est de se croire sauvé quand on revient parmi les siens. Mais cette guerre, au dehors comme au-dedans, met à nu l’inhumanité de l’homme.

L’oiseau bariolé, c’est celui que Lekh peint pour tromper son désespoir : il capture les oiseaux, en badigeonne un de toutes les couleurs. Quand celui-ci s’envole pour retrouver les siens, il se fait assassiner par ses frères…

Le dehors est un repaire de loups. Aucune pitié pour les bêtes ou pour l’orphelin qu’on bat, qu’on utilise…









Au fur et à mesure des pages, le jeune narrateur devient, au contact de ses pairs, un bloc de béton.

Je ressors de cette lecture profondément marquée. Difficile d'entrer dans un conte et de s'apercevoir que les sorcières et les ogres existent vraiment...
Lien : http://edencash.forumactif.o..
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Les Saisons

L’écriture pour magnifier un monde atroce et grotesque.



« Il arriva par le sentier de la cluse, vers le seizième mois de l’automne, qu’on appelait là-bas : la saison pourrie. »



Sous des stries ininterrompues d’une pluie drue, Siméon, un étranger échappé des flammes de l’enfer, arrive dans un village hostile et boueux, au creux d’une vallée encerclée de montagnes.



Malgré la misère et l’agressivité des villageois, créatures hideuses et souvent estropiées, qui ont tous fermé portes et volets à son approche, il pose son havresac et, saisi d’une émotion naïve, veut voir dans ce village un lieu de grâce et de bienfaisance.



Siméon est lui aussi pathétiquement laid, mais il est porté par son espoir de devenir écrivain, et le seul objet immaculé dans ce bourbier de cauchemar est le beau papier blanc et satiné qu’il transporte. Mouton noir malhabile, les éléments vont se liguer contre lui, lui l'étranger inadapté qui prétend écrire, qui brûle de raconter sa vie, qui ose imaginer un destin pour son œuvre.



«Le brigadier, pressentant cette fois que la prise était de taille, s’appliqua à cerner davantage le suspect : il alla jusqu'à demander à Siméon « quelle sorte d’écriture il faisait ».

- Ce n’est pas facile de l’expliquer en deux mots, fit Siméon embarrassé – car dans la seconde même, il avait perçu une sorte de vision globale et cependant indéfinie du livre qu’il voulait écrire, avec la brûlure sombre de son soleil et l’ombre des cages sur le désert, avec la sable épars de sa musique aigüe, avec ses larmes, avec ce visage hagard, avec les cris de sa sœur Enina… et il entendait le chef du camp, dans sa soutane blanche, qui hurlait ses jurons démentiels : Crucifixus ! Alléluia ! Eleison !»



Rien ne nous sera épargné dans ce livre d’une noirceur totale. Dès la première phrase, et pendant seize mois d’automne et quarante mois de gel, «Les saisons» enfoncent le lecteur dans un univers de sauvagerie et d’incompréhension. On se divertit par moments de voir les habitants se réchauffer avec des animaux vivants attachés à leur taille, on sourit de la timidité naïve de Siméon, obsédé par une villageoise qu’il a entraperçue tandis qu’elle se baignait nue, mais quelques lignes plus tard, le bestiaire grotesque n’est tout à coup plus qu’atrocités et barbarie.



«Siméon, naturellement amène et sachant la déférence due aux vieillards, descendit prudemment la pente raide et détrempée et, s’approchant de l’entrée, se trouva en face d’un étrange spécimen humain – si peu humain en vérité que la première image qui lui traversa l’esprit fut celle d’une de ces tortues océanes dont on affirme qu’elles peuvent vivre deux cents ans. Mais peut-on imaginer une tortue coiffée d’un bonnet ? Il contemplait avec stupeur ce visage noir et crevassé, on aurait dit l’écorce d’un érable séculaire, dans lequel s’ouvraient faiblement deux petits yeux allongés comme ceux des reptiles. Les lèvres avaient complètement disparu à l’intérieur d’un pli du visage un peu plus marqué, un peu plus humide aussi, qui avait dû être une bouche. Siméon, qui avait pourtant connu de bien étranges horreurs, demeura à ce point fasciné par ce visage qu’il fut un long moment avant de s’apercevoir que la pluie qui ruisselait du talus entrait en force par-dessous la porte et que la vieille femme, assise sur sa chaise devant l’entrée, baignait dans l’eau, comme lui-même, jusqu’au-dessus des chevilles.»



Livre de l’espoir gangrené qui meurt, sombre questionnement sur la place de l’écrivain, éternel étranger, sur la possibilité d’écrire dans un monde insoutenable, ce roman épuisant publié en 1965 aux éditions Juillard et réédité par Christian Bourgois en 1975, incroyablement beau malgré la laideur du monde qu’il décrit, mérite sa réputation de roman culte et inoubliable.



Un livre à lire de préférence avec de grosses chaussettes, pour se prémunir d’éventuelles phobies pédieuses.

Retrouvez cette note de lecture, et toutes celles de Charybde 2 et 7 sur leur blog ici :

https://charybde2.wordpress.com/2015/09/10/note-de-lecture-les-saisons-maurice-pons/

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Les Saisons

L'eau coule de partout. Elle tombe du ciel, ruisselle, s'infiltre dans les murs et dans les os. Quand viennent les rigueurs de l'hiver, elle gèle, littéralement à pierre fendre, ou bien elle se mue aux flocons de neige dont la poésie n'apparente n'empêche pas le réel enfermement qu'elle induit. L'eau apparaît comme un poison quotidien - est-ce d'ailleurs le quotidien ? ou plus philosophiquement, la condition humaine ? - qui s'insinue insidieusement en chacun de nous, en chacun des personnages de cet étrange et puissant roman qu'est Les saisons. Paru en 1965, il détaille l'arrivée d'un homme seul dans un village de montagne, isolé naturellement et pauvre, dans lequel il n'y a que deux saisons. La première est la saison des pluies, la seconde est un hiver extrêmement rude et long. Ainsi celles et ceux qui vivent là ne sont jamais à l'abri. Leurs vies sont ternes, rythmées par la nature implacable et guère généreuse, n'offrant à ces braves que des lentilles comme nourriture mangeable et buvable. Toutes et tous se connaissent, détiennent un rôle social déterminé : ainsi les douaniers qui représentent une autorité molle avec les habitants mais dure avec l'étranger ; ainsi le Croll, sorte de rebouteux aussi utile que marginal, Mme Ham l'aubergiste ou encore Louana, une enfant terrible, messagère et colporteuse malicieuse. Quant à l'étranger, il se prénomme Siméon. De son passé, on devine qu'il fut terrible, qu'il perdit sa famille - dont sa sœur - dans des événements politiques qui font penser à l'univers concentrationnaire ou aux régimes fascistes. Siméon veut trouver la paix pour écrire un livre, un livre de paix qui parlera pourtant de guerre et de souffrances. Mais son installation au village sera marquée du sceau de la suspicion, et rien ne lui sera épargné. Brillant par son inventivité qui le fait ressembler à certains romans du réalisme magique sud-américain, Les saisons est pourtant un roman sombre où la noirceur de l'homme laisse à peine entrevoir l'espérance.



Les saisons se passe dans un environnement littéralement pourri. La météo est infecte, ne laissant pas même le soleil se refléter sur les pages que tourne le lecteur. La pluie succède à la neige, qui elle-même suit la glace. Les corps gèlent, les maisons disparaissent sous les couches de neige, la boue dévale les rues et, comme la glace, rendent les ascensions et les descentes pénibles au plus haut point. Le narrateur évoque des saisons de quarante mois, pendant lesquels même les plaisirs de la table sont inconnus. L'environnement paraît désespérément fantastique et, tout au long du récit, Maurice Pons glisse des éléments qui font penser au réalisme magique des Gabriel Garcia Marquez ou Juan Rulfo. Ainsi l'âne du Croll qui dévore le pied pourri de Siméon, ou encore ces animaux que l'on garde au plus près de soi, telles des couvertures vivantes, pour supporter les rigueurs de l'hiver. Il y a encore cette main qui pourrit et ressemble à un immense cactus noir, et cette grenouille qui prolonge un coït public particulièrement humiliant et douloureux. Ce monde est fictionnel, et pourtant il existe : les maisons basses et ternes des villages montagnards, les regards lourds qui se posent sur l'étranger dès qu'il entre quelque part, la croix monumentale qui imprime la place des hommes dans le paysage, les rêves d'un monde meilleur, ailleurs, l'alcool que l'on boit par automatisme pour tromper l'ennui. Tout paraît vrai, et pourtant le récit a les apparences d'une fable triste qui vient montrer au lecteur le vrai visage de l'humanité.



D'une horreur à l'autre, Siméon balade son espoir. Il a connu les chaleurs du désert et les douleurs physiques, psychologiques et morales d'une guerre ou d'une détention, et peut-être des deux. Au village, il connaît l'isolement absolu - il loge au-dessus de la salle de l'auberge, sans véritable autorisation de Mme Ham, qui le tolère à peine - et le désaveu permanent. Les douaniers lui vouent une hostilité franche, les villageois le moquent et le briment. Son arrivée au village est placé sous le signe de la malchance : un crâne de mouton est jeté à ses pieds et, voulant s'en débarrasser par un coup de pied, Siméon se blesse méchamment au gros orteil. Suivront l'amputation dudit orteil, du pied, et même du pénis, sans compter la pourriture d'une main et l'aveuglement final : Siméon disparaît peu à peu physiquement, en même temps que son ambition littéraire et humaniste. Pons le dit dur au mal, et pourtant Siméon vit un véritable calvaire. Les deux cent cinquante pages du roman sont son chemin de croix. Mais Siméon n'a pas la carrure d'un messie. Tout juste souhaite-t-il écrire son livre où, relatant les horreurs passées, il espère s'en servir comme lumière pour les peuples pour un monde plus juste et plus apaisé. Le livre ne verra jamais le jour. La méchanceté des hommes, d'abord, le prive d'assez de papier, dont la vue provoque une surprise dégoûtée chez les douaniers : la pureté blanche du papier, c'est sa richesse, l'indéfendable richesse, qui va de pair avec l'inutilité. Puis la pluie, la fonction de météorologue attribuée à Siméon par le conseil du village, le froid vont empêcher Siméon d'écrire

, sinon les rares mots de sa première phrase. Abandonnant le projet livresque et se muant, contre son gré, en Moïse emmenant le peuple élu à travers le Sinaï, Siméon adoptera finalement la figure christique, à ceci près que sa mort ne rachète rien, ne promet rien, et ne fait entrevoir aucune lumière.



Les saisons semble une farce grotesque, où l'on rit volontiers, y compris des scènes les plus terribles - du moins dans la première partie du roman. La vie de ce village est décrite avec férocité - Siméon n'est pas le seul marginal ; le Croll est aussi à l'écart, de même que Louana, cette enfant mongoloïde dont la curiosité et la vivacité permet à tout le village de s'informer des événements les plus marquants -, et il y a quelque chose d'obscène dans ces scènes nombreuses où l'on devine la bassesse des uns, la cruauté des autres. On rit jaune au défilé de ce veau mort-né, pourri et dévoré par les chenilles ; on prend en pitié ce rat fondu dans sa cage par la flamme du Croll ; on méprise ces gens rendus obséquieux par l'arrivée impromptue de deux jeunes et beaux cavaliers qui promettent le soleil, la richesse et la satiété. A ces mots, c'est l'espoir qui germe dans chacun des esprits et permettra, à la fin, l'exode pathétique vers un ailleurs hypothétique. L'espoir, c'est aussi ce qui anime Siméon, qui lui le porte en l'art. En cela, Siméon ressemble au Croll. Tous les deux sont des hommes de science, ou plus généralement de l'art. Pour cette raison, tous deux sont marginalisés, dénigrés et respectés à la fois - l'un pour ses savoirs médicaux, l'autre pour son art oratoire et sa culture supposée. Pourtant, si l'art médical trouve quelque grâce aux yeux des villageois, l'art de Siméon - la littérature, qui use des mots pour transcrire les émotions et la profondeur métaphysique des hommes - ne trouve quasi aucun écho chez eux. Ainsi le roman de Maurice Pons apparaît-il fondamentalement pessimiste. La nature des hommes les pousse à satisfaire leurs besoins essentiels, et les incline vers le confort - matériel, bien-sûr, mais aussi moral. Tout essentiel qu'elle soit, la littérature n'a que le rôle que les hommes veulent bien lui assigner. En d'autres termes, les hommes n'entendront que ce qu'ils veulent. Quant à celui qui voudra les éclairer, il pourrait bien devenir leur bouc-émissaire. Les hommes de l'art n'y peuvent rien. La condition humaine s'impose à eux.
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Les Saisons

J'ai trouvé ce livre sur l'étagère des "livres voyageurs" de mon village, une façon comme une autre de choisir sa lecture, et je ne sais pourquoi je l'ai choisi, car ce n'est qu'en l'ajoutant à mes livres sur Babelio que j'ai appris qu'il s'agissait d'un livre culte. Personnellement, je n'adhère pas du tout au genre, je ne sais d'ailleurs trop dans quel genre le classer. Gore ? Pessimisme ? Fantastique ? Absurde ? Quoi qu'il en soit, et sans pour autant renier le talent d'écrivain de Maurice Pons, je n'ai pas réussi à trouver une sens à cette histoire.

Déjà, il faut avoir envie de se plonger dans la grisaille et la pluie qui servent de cadre à l'intrigue, puis à supporter toutes les horreurs décrites sur la pourriture des chairs ainsi que celle des âmes. J'ai essayé, espérant être "récompensée" de mon effort par une soudaine révélation, du genre ah oui mais c'est bien sûr ! Mais non, cela n'a pas été le cas, donc je m'éloigne en reculant de la "confrérie" des lecteurs de "les saisons".
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Les Saisons

Comme je le disais en introduction, le livre de Maurice Pons est un chef d’œuvre de morosité, tant par son humour sinistre que par son ton lugubre, son décor maussade, ses personnages méchants et pitoyables ou encore par la justesse et l'acuité de sa langue ou par sa dimension poétique. Cette fable féroce et amorale, qui semble avoir été écrite avec l'énergie du désespoir, qui parvient à faire du beau avec du moche et dans laquelle l'absurde et la folie côtoient le pessimisme le plus macabre, saura parler au neurasthénique qui sommeille en vous.

L'article complet sur Touchez mon blog, Monseigneur...
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Les Saisons

Quelle claque ! Voilà un roman qui n'usurpe en rien son titre de livre "culte".

Je ne savais pas à quoi m'attendre en parcourant les premières lignes de "Les Saisons", mais bien vite le style de Maurice Pons m'a emporté. En quelques pages le décor était brossé : la vallée fouettée par les vents, martelée sous les trombes d'eau, les habitants d'un bourg sans nom, aux caractères âpres, au physiques ingrats. On se trouve là au coeur d'un grand vide putréfié. Siméon, le personnage central, va tenter de se faire une place dans ce havre décrépi, et d'imposer aux villageois une respectabilité à laquelle il peine lui-même à croire. Ses espoirs, ses rêves, son destin, vont lentement, inéluctablement, fondre sous les averses répétées.

Sous la plume de Maurice Pons, ce monde morne et angoissant prend les couleurs d'un théâtre chatoyant, où les acteurs, grotesques, drôles, pitoyables, se débattent dans la fange.

"Les Saisons" est un livre enlevé, rythmé, traversé par un humour noir fulgurant, comme j'en ai rarement lu dans la littérature Française, un livre qui penche vers les abîmes de l'absurde, sans jamais glisser. Une œuvre fascinante, à la poésie noire, qui laissera un souvenir durable dans mon esprit.
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Les Saisons

Je l'ai lu il y a longtemps et c'est le temps pourri que nous avons en ce moment qui m'y a fait repenser. Quand je dis je l'ai lu, c'est faux. Je l'ai abandonné à mi-chemin trop déprimée par cette histoire. Je ne suis pas parvenue à m'extraire des sensations négatives que faisait naitre en moi la lecture de ce texte.

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L'oiseau bariolé

J'ai éprouvé un réel malaise à la lecture de ce livre... Trop de violence, trop de cruauté, et finalement le sentiment d'une certaine complaisance de l'auteur à nous décrire tout cela ! Une recherche rapide sur internet m'ayant appris que l'auteur a reconnu au bout de 10 ans que ce livre était une pure fiction, cela a encore ajouté au malaise. Que penser alors de la description des paysans polonais, présentés comme particulièrement cruels et arriérés ? Pour ce qui est du comportement des armées d'occupation, ou bien de la pauvreté des gens pendant la guerre, la description semble malheureusement plus réaliste. Enfin, le style est puissant et efficace, mais le parti pris (récit fait par un enfant de 6 à 12 ans) n'est pas toujours crédible.
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L'oiseau bariolé

L'Oiseau bariolé est l'un des livres les plus poignants écrits sur les horreurs de la Seconde Guerre mondiale. Le héros du livre est un petit garçon dont nous n'apprenons jamais le nom, et de toute façon, cela n'a pas d'importance, puisque son identité devra être cachée. Au début de la Seconde Guerre mondiale, il a six ans (l'âge qu'avait Jerzy Kosinski en 1939). Ses parents l'envoient dans un village éloigné, comme des milliers d'autres parents, pour le protéger des ravages de la guerre et de la discrimination qu'il pourrait subir en raison de son apparence différente. Il a les yeux sombres, il est peut-être juif, peut-être gitan, son identité ethnique n'est pas non plus révélée. Son apparence, cependant, le désigne dès le départ comme un danger pour les autres et une victime potentielle. Le thème de la non-acceptation de ceux qui sont différents et de la persécution qu'ils subissent dans les conditions extrêmes de la guerre est l'un des thèmes centraux du livre. La zone exacte dans laquelle se déroule l'action n'est pas identifiée, mais on peut deviner qu'il s'agit de la région des montagnes qui chevauchent les frontières de la Pologne, de la Slovaquie et de l'Ukraine.



L'écrivain Jerzy Kosinski utilise une métaphore très puissante tirée du monde des oiseaux, qui donne son nom au livre. L'une des personnes que le garçon rencontre en chemin est un oiseleur, qui, parfois, par ennui, choisit un de ses plus beaux oiseaux, le peint de couleurs fantastiques et le lâche. Poussé par un instinct impérieux, " l'oiseau bariolé " rejoint ses congénères, mais eux ne le reconnaissent plus pour un des leurs, lui arrachent les yeux et le déchirent avec leurs becs.



La mort de la femme à qui il avait été confié et la destruction de sa maison déclenchent une succession d'épisodes qui semblent faire partie d'une édition révisée de l'Enfer de Dante. Le jeune garçon de six ans comprend rapidement que ses parents ne viendront pas le chercher de sitôt, ou peut-être jamais, et qu'il doit survivre dans une nature sauvage souvent hostile. L'enfant est témoin, victime et parfois participant à des horreurs et des cruautés que seuls les humains peuvent inventer pour d'autres humains. La mort est présente à chaque tournant et l'innocence de l'enfant est rapidement détruite par l'instinct de survie. Le garçon va essayer de comprendre quelles sont les lois de ce monde cruel, mais l'absurdité de l'univers dans lequel il vit annule tout système auquel il essaiera de faire appel pour obtenir de l'aide. Les prières sont inutiles, car Dieu semble fermer les yeux sur tout ce qui se passe. Le pacte avec le diable n'est pas mieux. La seule raison d'exister pour l'enfant reste la survie, et peut-être, en plus, le désir de ne rien oublier et d'être, un jour ou l'autre, un témoin.



Dès sa sortie, L'oiseau bariolé a suscité des controverses, le livre étant même interdit en Pologne jusqu'en 1989. Des nombreuses variantes ont été publiés, avec ou sans préface/postface explicative, avec ou sans notes. Personnellement, j'ai lu ce livre dans une édition en langue roumaine, sans autre ajout, seulement l'histoire, telle quelle, ce qui m'a permis d'apprécier et de juger le texte lui-même, ce qui est finalement l'essentiel.
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Les Saisons

Roman réputé comme culte... Je ne sais pas ce que cela signifie mais une chose est sure : il s'agit d'un roman qui je n'oublierai pas.



Une atmosphère pesante dans un village dans lequel on devine d'emblée que rien d'heureux n'arrive et n'arrivera. La survie à son stade animal le plus primaire.



Assez vite, j'ai eu le pressentiment de l'avenir de Siméon, mais cela s'est avéré encore pire qu'escompté.



Malgré cela, avec une belle écriture classique et fluide, j'ai pris une magnifique claque. Voilà un roman admirablement construit et qui m'a laissé pantois par tant d'obscurantisme des protagonistes, et tant de cynisme émanant de Maurice Pons.



Livre absolu...



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Mademoiselle B.

Quelle étrange histoire que cette "Mademoiselle B" !

Je me suis lancé dans un cycle Maurice Pons, qui, après m'avoir estomaqué avec son roman "Les Saisons", a continué de me surprendre avec ce récit, écrit en 1973.

L'auteur se met lui-même en scène dans une histoire qui décide de ne pas choisir entre le roman policier, la chronique d'une France rurale des années 70's, et le conte fantastique.

Et quelle idée originale que celle d'avoir inséré des éléments réels de sa vie d'écrivain, de faire de sa personne un personnage à part entière dans un récit bercé de poésie et de divagations fantastiques.

Le roman est imprégné de cet humour, de cette justesse des situations, de cette faculté à raconter une histoire macabre servie par un verbe léger et truculent, propre au style de l'auteur. Un régal.

Je m'en vais découvrir avec impatience le reste de son œuvre car Maurice Pons est, à coup sûr, un auteur sinon sous-estimé, injustement oublié.



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Les Saisons

Siméon, artiste et écrivain, arrive dans un pays quasi maudit où il n’y a ni été ni printemps, uniquement 18 mois de pluie et quarante mois de gel et de neige. Il y a 26 habitants « Rabelaisiens » dont la plus grande distraction est de se retirer les immenses vers (points noirs) du nez. Chacun pourrait être un personnage sorti d’un conte et seul Siméon semble réagir normalement. Obsédé par sa sœur torturée dans un désert, Siméon veut écrire et décide qu’ils seront ses lecteurs, il possède du beau papier blanc (j’avais peur qu’il soit sali) au milieu de toute cette boue noirâtre. Mais la collectivité doit lui trouver une raison d’être et sa fonction assignée sera de changer ou non les saisons. Au début, le pauvre Siméon inadapté est totalement différent des autochtones et il ne comprend rien à ces gens. On dirait Gulliver qui arrive chez les lilliputiens, complètement étranger aux us et coutumes locales. Mais il doit s’adapter à la collectivité et au lieu de les tirer vers le haut, vers l’imaginaire et la beauté c’est lui qui sombre dans la pourriture. Il parle bien notre Siméon et leur donne le faux espoir d’une vie meilleure ailleurs mais l’espoir tue. Un livre entêtant. Une question peut-être « Faut-il tenter de tirer les autres vers le haut, ou les laissez être ce qu’ils sont ».
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Les Saisons

Difficile de résumer en quelques mots cette œuvre.

Et trop de mots ne lui rendraient pas justice.

C'est une perle, elle est inclassable.

Sur un ton absurde, drôle et caustique, toute la bêtise humaine y est exposée dans une fable oscillant entre le drame et la comédie.
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Les Saisons

Quel bonheur d'être lecteur pour découvrir, au hasard des rayonnages, tel chef d'œuvre qui nous emmène très loin et très profond au cœur du monde humain, bien plus que notre regard usé par les habitudes ne sait parfois nous montrer.



Comme beaucoup, j'ai été hypnotisée, envahie par ce récit déroutant, que je ne peux rapprocher de rien de ce que je connais. Dire qu'il est noir ("un diamant noir" dit la quatrième de couverture) est injuste car cela induit de le comparer à d'autres romans que l'on qualifie de noir. Cela a quelque chose d'une dystopie : un voyageur, venu d'un monde qu'on sait violent, chaud et désertique et dans lequel il a connu de grandes souffrances, arrive dans un village perdu, qui semble n'avoir aucun contact avec le reste du monde. Ce village perdu ne connait lui que la pluie continuelle pendant 16 mois et le froid glacial pendant 40 mois. Il évoque quelque peu un village montagnard européen des temps reculés.



L'homme arrive plein d'espoir avec la volonté de devenir écrivain, confiant dans l'accueil et la pureté des villageois, pensant trouver un lieu " de grâce et de merci". Mais il rencontre la dureté de ces êtres frustres soumis à une nature terrible et nourris exclusivement de lentilles. Les personnages sont à la fois extrêmement rugueux et extrêmement marquants : Croll, le rebouteux, Louana la petit fille délurée, Mme Ham l'aubergiste acrimonieuse et corsetée, les douaniers hostiles, (peut être les moins étranges de l'histoire). Plusieurs scènes sont difficilement soutenables entre le grotesque et l'horreur : l'ablation du pied de Simeon par le rebouteux assisté de son baudet, une scène de vêlage, les moyens de contraception adoptés par les femmes du lieu. Et la pourriture s'insinue partout, surtout dans le corps même de Siméon et dans son cœur, le rendant incapable de poursuivre son objectif de sauver le monde par les mots. Ce sont les maux du monde qui s'insinuent en lui.

"Quand un monde est inhabitable, on le change ou on en change" (page 230). Rien n'est moins sûr, se dit-on en refermant le livre.

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Les Saisons

C'est après avoir lu les deux posts de @martin_knosp et @palir_au_soleil que je me suis décidé à acheter ce livre. Qu'est-ce que cette couverture aux contrastes bien marqués recelle ? Premières observations, les couleurs criardes et ce personnage, cette esquisse de personnage flottant dans un claque rouge elle-même superposée sur le bleu. Un bleu qui semble s'éclaircir au fur et à mesure de sa fuite vers le bord. Le personnage quand à lui semble immobile et seul, un bras se détache de sa silhouette compact.

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On dit souvent d'un livre que sa première phrase va être déterminante : « Il arriva par le sentier de la cluse, vers le seizième mois de l'automne, qu'on appelait là-bas : la saison pourrie. »

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Les saisons c'est un conte horrifique, celui de la littérature et de l'auteur. De la souffrance et de l'absurde. Dans un monde hostile comment une âme pure peut-elle s'en sortir ? Grâce à la littérature ? Ne me faites pas rire. Là où tout gèle et où les cœurs eux-mêmes sont gelés où trouver du réconfort ? Les saisons c'est ça, cette quête de la réunion entre humains, de la chaleur et de l'acceptation. Comment s'aimer et se faire aimer sous le prisme de la littérature dans un monde hostile et rancunier ?

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Maurice Pons déploie un style poétique et unique afin de rendre la quête de notre personnage principale pathétique. Prêt à tout pour écrire et se faire accepter il ira jusqu'au bout de ses idées et c'est ça qui encore une foi l'angle parfait d'attaque, le jusqu'au boutisme du personnage. Il ne fait rien à moitié tout est fait avec passion, ardeur et enrôlement d'engagement, le comique c'est que la plupart du temps il se confronte à un mur de glace d'épaisseur stricte.

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Violence après violence, échec après échec il continuera son entreprise de vouloir sauver ce peuple, sacrifice après sacrifice son entreprise d'écriture est vouée à un échec cuisant et il continuera coûte que coûte, corps et âmes avec une passion qui embrassera le pathétique et le morbide, le tout sous une couche d'humour bien salée.

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L'écriture est un procédé qui épuise et qui fait souffrir. Le corps expulse des émotions qu'il ne peut plus garder en lui. Maurice Pons créé un personnage qui est entier dans ses intentions, prêt à tout face à ce pays aux saisons hostiles. Un récit poétique avec une dose d'humour noir bien nécessaire pour désamorcer le processus d'écriture.
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Les Saisons

Alors que le seizième mois de l’automne est arrivé et que les pluies ininterrompues inondent une vallée perdue, Siméon arrive dans un village oublié. Seule deux saisons existent : celle des pluies et celle du gel. Et les habitants ne sont pas particulièrement accueillants pour les étrangers. Siméon s’y installe pourtant, se déclarant écrivain et avec l’objectif d’écrire son grand roman. Pourra-t-il y parvenir dans ce lieu hostile où tout, des habitants aux éléments, semblent être ligués contre lui ?



Quel livre étrange que ce roman de Maurice Pons, paru initialement en 1965, réédité dix ans plus tard et disponible depuis juin dans la très jolie collection Titres de Christian Bourgois Éditeur en format poche. 



J’ai été déroutée tout au long de ma lecture par ce récit à la fois perturbant et envoûtant. 



Perturbant car on ne sait jamais où nous sommes exactement ni à quelle époque ni quelle est la véritable histoire de Siméon même si l’auteur nous en livre des bribes. Perturbant aussi par la violence, la crudité voire la bestialité et la monstruosité de certaines scènes ainsi que de ces habitants étranges et extrêmement frustes. 



Mais aussi envoûtant par la force qui se dégage de cette nature hostile et de ces villageois qui survivent à tout, malgré tout. Envoûtant par l’espèce de naïveté qui habite Siméon tout à son projet d’écriture qui doit changer le monde, lui redonner de la beauté. Envoûtant enfin par toutes les questions que le roman soulève sur la place de la littérature, le pouvoir des mots, l’importance de l’ouverture d’esprit. 



En cela il demeure totalement contemporain et on comprend que chaque réédition trouve son public.



Attention, ce livre n’est pas facile à apprivoiser, il faut accepter de lâcher prise et de se laisser embarquer dans cet univers particulier pour l’apprécier. 
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Le passager de la nuit

Ce petit roman roman n'est sans doute pas à mettre au même niveau que le reste de l'oeuvre de Pons. Il n'en demeure pas moins que c'est un fort beau récit, bien mené avec une lente montée de suspense. Et surtout c'est, à l'époque, un acte militant en faveur du FLN et contre la Guerre d'Algérie.
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Les Saisons

Ces derniers jours, j’ai eu l’impression d’être dans Les saisons de Maurice Pons. J’ai d’ailleurs profité d’un samedi apocalyptique pour faire la photo 🙃. Ce roman, il traine dans ma PAL depuis au moins 2021, et nous avons enfin trouvé une date avec @b.a.books 😉 !

 

Par où commencer ? Ce récit est totalement inclassable. Dans les premières pages, nous pensons être dans une dystopie, puis nous basculons dans une atmosphère teintée de réalisme magique, à la limite d’un conte, avec une fin digne d’une fable. Un univers kafkaïen, qui nous a également fait penser à L’homme qui savait la langue des serpents. Bref, j’ai été captivée du début à la fin! J’ai été complètement plongée dans ce village, ces personnages singuliers, aux mœurs étranges, des êtres hostiles et taciturnes, et pour quelques-uns estropiés. Malgré la saleté et la pourriture omniprésentes (et pourtant je suis plutôt Monk dans la vraie vie), j’étais hypnotisée. « Tout est vraiment pourri dans le royaume de Pourriture ! ». J’avais envie de savoir où l’auteur nous conduisait, et je n’ai pas été déçue avec cette fin comme je les aime (c’est-à-dire une vraie fin😆) qui illustre parfaitement que l’herbe n’est pas plus verte ailleurs. « Quand un monde est inhabitable, on le change, ou on en change."

 

Nous suivons Siméon, un jeune écrivain arrivé de son désert, qui débarque dans un village inconnu, à une époque indéterminée. Oui, nous ne savons pas grand-chose, si ce n’est que nous sommes au seizième mois de l’automne en pleine saison des pluies, la saison pourrie pour les locaux. De toute façon, c’est simple, il n’y a que deux saisons dans ce royaume: la pluie et le gel bleu. Chacune avec son lot d’évènements et de traditions loufoques ( En y réfléchissant, leurs comportements sont peut-être le reflet d’un déficit en vitamine D, hypothèse à creuser 🤣). Autre particularité de l’endroit, il n’y que des lentilles qui y poussent. Du coup, vous y retrouverez tous les dérivés possibles, alcool y compris.



Siméon est donc l’émigré, l’étranger qui tente tant bien que mal de s’intégrer. C’est dans son écriture que le beau transparaît parce qu’à côté tout n’est que laideur (lui y compris). Y parviendra-t-il ? Je vous laisserai le découvrir…

 
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Les Saisons

Un conte pour adulte complètement loufoque !



Merci à Sandrine Collette qui m’a conseillé ce roman lors d’une rencontre dédicace. Alléchée par la quatrième de couverture, je l’ai de suite commandé ... et dévoré !



Entre conte et dystopie, cette histoire nous mène dans une vallée hostile où se succèdent deux saisons : un automne de seize mois de pluie interminable et un hiver de quarante mois de gel.



C’est ici que Siméon, écrivain en herbe, décidera de poser ses valises, voyant en ces lieux un eldorado propice à la création.

Peuplé par des habitants complètement dégénérés, il tentera d’y trouver sa place.



Un récit où la noirceur côtoie la beauté, où la poésie se mêle au vulgaire et où au fil des pages on alterne entre bon nombre d’émotions contradictoires, entre rire et dégoût parce que c’est drôle et glauque à la fois.



Un récit effectivement inclassable et vraiment burlesque à découvrir absolument !



















Effectivement un récit
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