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Citations de Maurizio Serra (34)


Toute détente faisait horreur à Mussolini, et s’il y aura un Duce torse nu, il n’y aura jamais de facisme en pantoufles.
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Churchill encore, pour terminer.

À un dîner bien arrosé, comme d'habitude, il se tourna vers son gendre, le jeune ministre Duncan Sandys un peu interloqué : « Tu sais ce que j’ai admiré chez that old fellow Musso ? La façon dont il s'est débarrassé de Ciano... »
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Maurizio Serra
La question n'est pas tant de savoir pourquoi il y a des dictatures, mais plutôt pourquoi le peuple y adhère.

L'Histoire.
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Le mythe selon lequel la marche sur Rome a sauvé l’Italie du bolchevisme triomphe donc. Mais comment juger l'événement en soi ? S'agit-il d'une subversion révolutionnaire ou d'un expédient pour légaliser une révolution qui n'eut pas lieu ?

Au fond, les deux thèses ne sont pas incompatibles, surtout pour Mussolini. L’ère fasciste commence, même si la dictature ne débutera officiellement que trois ans plus tard.

Cette tragi-comédie aura au moins inspiré un chef-d'œuvre d'humour grinçant : le pamphlet La Marche sur Rome.. . et autres lieux, rédigé au début des années 1930 à Paris par l'exilé Emilio Lussu. Il s'agit, avec Fontamara (1933) d'Ignazio Silone et Le Christ s’est arrêté à. Eboli (1945) de Carlo Levi, d'une des œuvres marquantes de l'antifascisme militant.
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Ayant détruit tout leur matériel, les quelques centaines de parachutistes survivants de la division, dernier anneau de l'armée italo-allemande d'El-Alamein, cessèrent le combat sans hisser le drapeau blanc, refusant formellement de se rendre.

Ils attendirent immobiles, au garde-à-vous, les Anglais qui leur rendirent les honneurs militaires
. La guerre du désert, nous l'avons dit, était une guerre de seigneurs.

On peut lire sur l’ossuaire d El-Alamein cette phrase de Rommel : « Le soldat allemand a surpris le monde. Le soldat italien a surpris le soldat allemand. »
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À Badoglio, qui se montra meilleur diplomate que stratège et passa outre aux dernières revendications de la délégation italienne en abrégeant : « C'est firme [sic, pour signé], donc ça suffit comme ça», le plénipotendaire français, le général Hutzinger, répondit, les larmes aux yeux : « Vous êtes un soldat, Badoglio, et pas seulement un maréchal. »
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Un diplomate belliciste est un peu comme un chirurgien qui s'efforcerait d'obtenir la... mort de son patient
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La France, en revanche, fût le véritable réceptacle de ses amours et de ses rancunes. Malgré son engouement pour le romandsme allemand, la culture française était au cœur de sa formation : Victor Hugo et Napoléon bien sûr, mais aussi Stendhal lui tiendront compagnie jusqu'à ses derniers jours.

Nous verrons plus loin à quel point l’obsession d'avoir été éconduit par les gouvernements successifs de la Troisième République le poussera vers l'alliance avec Hitler.
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Comme toutes les haines pathologiques – les psychiatres le savent mieux que les historiens —, celle de Hitler est dominée par la crainte obsessionnelle de disparaître sans laisser sa propre marque. Tout à sa vengeance, il ne veut pas seulement dominer le continent ; il veut l'« hitlériser »: « Quiconque s'oppose à l'ordre social que je veux établir (en Allemagne et en Europe] sera impitoyablement détruit. »
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Pourtant, Neville arrivera à s'imposer comme le leader le plus populaire de son pays depuis le duc de Wellington, le vainqueur de Waterloo. Aujourd'hui, le jugement est bien différent : dans tous les sondages que les Anglais aiment conduire parmi les académiciens, les parlementaires, les journalistes, etc., Chamberlain figure aux derniere places, parfois à la dernière, dans le classement des Premiers ministres britanniques du XXe siècle, C'est une démonstration du relativisme de l'histoire, dont il faut toujours tenir compte si on veut essayer de la comprendre.
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Aucun drame, parmi les événements qui ont conduit l'Europe vers la Seconde Guerre mondiale, n'aura été plus prévisible que la fin de la Tchécoslovaquie en 1938-1939, qui a fait suite à l'Anschluss et anticipé l'agression nazie contre la Pologne. Pour ne citer qu'un témoin parmi d'autres:« Le seul caractère original de la crise de Munich est que tout le monde sy attendait», ou, plutôt, aurait dû s'y attendre... Il suffisait d'ouvrir Mein Kampf bonnes pages et de prendre au sérieux ce pavé illisible, où tout était annoncé avec une « sincérité » inouïe chez un dictateur... et quel dictateur! Dès le milieu des années 1920, dans ses contacts avec les premiers émissaires mussoliniens, l'encore marginal agitateur antiweimarien ne leur avait pas caché que l'avenir des Allemands des Sudètes - qui n'était, en réalité, qu'un prétexte à ses yeux - passait par l'éclatement du « factice » État tchécoslovaque. En même temps, il essayait de rassurer son « maitre et modèle » italien sur le fait que le rattachement de l'Autriche à un futur grand Reich germanique n'était pas dans ses intentions ; ce en quoi il mentait, et le Duce le subodorait déjà.

(INCIPIT)
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Dans un premier temps, Hitler s'était opposé à tenir les Jeux olympiques à Berlin, en aoùt 1936, d'abord parce qu'il s'agissait d'une décision prise par la honnie république de Weimar, ensuite parce qu'il redoutait l'afflux de délégations et de journalistes du monde entier alors que son régime était encore en phase de consolidation. Goebbels réussit à le convaincre qu'il s'agissait au contraire d'une grande occasion de propagande, martelant le slogan selon lequel le sport est apolitique et rassemble les hommes et les femmes de bonne volonté : une excuse qui a été ressortie encore récemment pour la dernière Coupe du monde de football...
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Après la dissolution de l'empire, deux blocs vont se constituer en Europe centrale, aux contours incertains, au-delà même du tracé des nouvelles frontières, ainsi que nous l'avons anticipé. D'une part, les révisionnistes », insatisfaits du sort que leur ont infligé les traités de paix, Autrichiens, Hongrois, Bulgares, Albanais, se tournent vers I'Italie agressive de Mussolini pour parrainer leurs revendications. De l'autre, les « bénéficiaires » des traités, Yougoslaves, Roumains et Tchécoslovaques, réunis dans la Petite Entente, se réclament de l'aide occidentale pour renforcer des régimes dont seul celui de Prague peut se prétendre démocratique. Enfin, un cas à part est celui de la Pologne renaissante qui, sous la férule autoritaire du maréchal Józef Piłsudski, réclame avec panache d'assumer à nouveau son rôle historique entre Orient et Occident.
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Bronzage à part, Benito, qui vient de fêter ses cinquante-cinq ans, quoiqu'il déteste l'age qui avance, arbore le vernis assez vulgaire de sa période césarienne. L'uniforme de premier caporal de la Milice qu'il revêt désormais presque constamment, surtout dans les rencontres internationales, sied mal à son physique trapu, qui s'est empâté au fil des ans, malgré un régime strict sans féculents, viande ni alcool. Ce dictateur sans affect demeure convaincu, et ses scribes et courtisans en rajoutent, d'incarner au mieux la virilité méditerranéenne face à la décadence physique et morale de ses interlocuteurs anglais et français, qui se reflète dans leur apparence chétive ou bedonnante. Quant la tenue martiale de son compère nazi, elle masque un fond sadique et doucereux qui l'a toujours mis mal à l'aise. Même son vieux compagnon, I'ulcère, lui accorde un répit. Il est cependant de mauvaise humeur. Il n'a pas prévu la crise tchécoslovaque, du moins jusqu'à ce stade aigu, et n'en veut pas.
Or, si les Sudètes sont condamnés, cela ne signifie pas à ses yeux que toute la Tchécoslovaquie doive disparaître au profit de Hitler.
Il n'a jamais visité ce pays, mais croit en connaître I'histoire.
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Le remodelage de l'Europe centrale et danubienne, après les traités de paix, constitue une manifestation de virtuosité diplomatique dont les chancelleries des pays victorieux ne tireront qu'une satisfaction de courte durée. Il est impressionnant de relire, dans les dépêches et les Mémoires de cette époque, l'euphorie qui s'est emparée des capitales au moment de la Finis Austriae : la dissolution d'un empire qui, malgré son refus obstiné de se réformer, avait longtemps contrôlé la partie la plus instable du Vieux Continent. Si le Reich des Hohenzollern avait envisagé en 1914 de conquérir un pouvoir mondial, ou tout au moins l'hégémonie continentale, l'Autriche-Hongrie s'efforçait obstinément de sauvegarder un « monde d'hier», selon la célèbre formule de Stefan Zweig, condamné par l'histoire. L'empire devait périr pour qu'un nouveau Printemps des peuples resurgisse des cendres de l'autocratie et de l'obscurantisme. On oubliait ainsi que Vienne, bien plus que Berlin, et à l'égal de Paris, avait représenté un phare de la modernité. dès le tournant du XXe siècle.
Si ce monde avait cessé d'exister, lequel le remplacerait ?
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Si le général Pugliese avait pu tirer un seul obus, les « marcheurs » se seraient vraisemblablement dispersés avec la rapidité des lyncheurs de Lussu.

L’histoire est parfois faite par l'action, plus souvent par l'inaction, c'est-à-dire la lâcheté.
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Après 1933, estimer que quelques concessions pourraient suffire à Hitler relevait de la cécité pure et simple.
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car le but ne changeait pas : diviser le camp occidental et gagner du temps pour permettre à l'URSS de poursuivre l'édification du « socialisme dans un seul pays » avant de reprendre sa politique traditionnelle de conquête et retrouver son rôle hégémonique de puissance mondiale. En résumé, « alors que la France et le Royaume-Uni semblaient dormir par intermittence, la Russie dormait avec un oeil bien ouvert ».
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Au cours de la fatidique année 1933, un étudiant britannique entreprend, sac au dos, une traversée à pied du continent qui doit le conduire de Vienne à Istanbul en logeant chez l'habitant au gré des rencontres. Il se plait tout particulièrement dans la région qui borde la Ruthénie subcarpathique, la Moravie et la Slovaquie dans un brassage de langues et de dialectes, et il en décrit les mœurs pittoresques : les ours dressés par les Tziganes, les marchés où des Juifs barbus vendent des oiseaux encagés et des colifichets, les jeunes filles en robes brodées qui dansent le dimanche dans les villages. Pourtant, au détour d'une conversation ou d'une beuverie, par quelques signes avant-coureurs, des mots péjoratifs prononcés en patois dans une taverne, la hargne d'un grand seigneur dépossédé, il perçoit que ce monde idyllique et paisible « is rife with future trouble », est mûr pour l'orage qui va éclater.
Ce témoignage, parmi d'autres, nous montre à quel point les enjeux la grande politique se greffent toujours sur des préjugés ancrés et des rancunes longtemps enfouies, qui n'attendent que le moment tétu exploser au grand jour.
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La culture italienne des années 1930, je ne parle pas des intellectuels qui s'étaient exilés, mais bien de ceux qui avaient choisi de rester, fut foisonnante et souvent d'un très haut niveau, malgré la dictature. Dédaignée dans son propre pays après la montée du néoréalisme d'après-guerre - qui n'existerait pas, c'est l'évidence même, s'il n'y avait pas eu auparavant le réalisme ! -, on commence seulement à la redécouvrir, alors qu'elle reste presque ignorée en France, mais non aux Etats-Unis ni en Allemagne. La peinture a donné Sironi, Casorati, Scipione, Balla, de Pisis, Rosai, Campigli, sans oublier la phase classique (et point mineure) des frères ennemis De Chirico et Savinio. Le grand cinéma italien a fait ses débuts avec Blasetti, Camerini, Genina. L'architecture rationaliste, le design industriel, l'ameublement, la mode même, tout ce qu'on appelle un peu abusivement le "style" italien sont nés alors, avec Piacentini, Brasini, Terragni, Nervi, Gio Ponti. En musique Nono, Maderna ou Berio ne seraient pas concevables si Malipiero et Casella, Petrassi et Dallapiccola ne les avaient précédés. En littérature, on admet Ungaretti et Montale, et bien entendu Moravia dont nous reparlerons. Mais que dire de Bontempelli, Bacchelli, Alvaro, Comisso, Cardarelli, Palazzeschi, Papini, Trilussa ? Et où se sont formés, sinon dans ce climat, Buzzati, Vittorini, Brancati, Delfini, Piovene, Guido, Bilenchi, Bassani, Pavese, Tobino ? Lorsque nous sortirons enfin de la damnatio memoriae, propre des idéologies quand elles descendent au plus bas de leur courbe, nous pourrons revenir à une vision plus objective de cette époque. Et la série complète de Prospettive (N.d.Siladola : revue fondée et dirigée par Malaparte) sera un outil précieux pour nous aider à le faire.
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