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Citations de Maylis Besserie (41)


Du haut de ses dix-huit ans, ce petit est un piège à garçons, du pollen pour gros bourdons.
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"À Berlin, m'écrit-il, aucun amour n'est interdit- le vin pétille, le désir est assouvi."
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Il faut dire que les taiseux dont je suis ont, en général, une propension incroyable à se trouver face à des individus dont l’art a ceci de particulier qu’il consiste à dire très peu avec un nombre incalculable de mots.
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C'est vrai, les gens disent « l'âme, l'âme » - ah, quand ils disent l'âme, ils ont l'impression d'avoir tout dit -, mais le corps, ça compte aussi. D'ailleurs, d'aussi loin que je me souvienne, quand ma pauvre maman est morte, ce n'est pas son âme qui m'a le plus manqué, eh non. Croyez-vous que du haut de mes quinze ans j'attendais de ma défunte mère qu'elle me fasse de longs discours ? Que nenni. Ce qui me manquait le plus, ce que je voulais encore de ma mère, c'était qu'elle peigne mes longs cheveux, qu'elle me caresse du dos de la main, me claque la cuisse pour me taquiner sur son passage, voilà ce que j'attendais d'elle - de la mère si brutalement partie. Je voulais pouvoir embrasser sa joue tannée par les vents furieux des Cornouailles, me réchauffer entre ses bras - ces bras si familiers qu'il me semblait parfois que c'étaient les miens, et que blottie contre elle, enveloppée par sa force paisible, je parvenais, par on ne sait quel miracle, à m'enlacer moi-même. Longtemps après la mort de ma mère, je faisais encore le doux rêve que je lui sautais au cou, que je m'enivrais de son odeur de linge, que je posais ma tête sur ses genoux.
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Autoportrait- Francis
Tu jettes ton épaule sur la peinture encore fraîche, souilles ta bouche, scies ton menton, l'ouvres en deux, en fait une autre bouche. L'être que tu vois désormais ne ressemble à personne, n'aura jamais ni père ni successeur. Il est ce que tu as fait de toi. Ton monstre.
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Il n'échappera pas à la malédiction qui frappe les garçons de cette famille, qui leur ferme les yeux avant qu'ils aient de la barbe au menton.
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Elle est encore là, prise dans les nuages, la prophétie de l’enchanteresse qui a guidé mes vers. Qui a tracé mes lignes. La prophétie de Blavatsky plane au-dessus de moi, six pieds au-dessus de mon nuage. Je l’entends avec sa voix qui tourne. Sa voix de ruisseau qui soulève les pierres. Les maîtres invisibles prêtent leurs mots à l’enchanteresse. Ils parlent à travers elle, les anciens, les pères. Ils racontent tous la même histoire. Celle de Maud Gonne, la femme debout qui a mené mes rêves. Qui m’a tenu serré dans ses filets. Qui me tient toujours cloué à mon nuage. Ce n’est pas fini. Je bois les paroles de la femme qui voit. Elles me ramènent auprès de ma belle. Mon amour n’a pas disparu. Il vibre encore dans la voix de l’oracle. Maud is not gone.
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Qui donc s'est permis de disperser les os, de balayer les âmes ? Qui s'est assis sur le mort et ses innocents voisins ? Qui a osé se faire parjure du poète couché ? Il n'est pire malheur que celui du mal-mort, du mal-enseveli, de celui qui, parti, jamais ne revient. Son sommeil tourne à l'insomnie éternelle, affaisse les grands yeux du fantôme sous son drap, nourrit sa soif de vérité. (p102-103)
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Comment auraient-ils pu reconstituer avec certitude le bon corps ? Ont-ils pris des ossements au hasard, ceux qui leur tombaient sous la main ? Un crâne par-ci, un tibia par-là ? les bouts de défunts cohabitaient-ils dans la boîte, formait-ils une créature unique faite de dizaine de corps ? Se pouvait-il que le poète en soit totalement absent ? (p41)
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Le bébé éternel de la photo. Saisi au moment où il en était encore un. Dans les bras de son père. Ça n’a pas duré longtemps. Une ou deux années tout au plus. Time is flying. Le temps a filé à la vitesse du vent, emportant avec lui son flot de poussière. Poussière de l’enfance. On croit toujours que ça file, mais c’est interminable. Combien de temps tout cela va-t-il encore durer ? Personne ne sait. Tu n’aurais pas parié cher sur ta propre durée. Pourtant tu n’en finis pas. Malgré tout. Malgré les blessures. Malgré la guerre. Malgré tes jambes. Alors que les autres, tous les autres, si solides, se sont couchés, bouche ouverte. La tienne gémit encore.
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Pourtant cette nuit, dans sa chambre, dans le dernier souffle qui a précédé sa mort, elle a crié son nom comme s’il allait venir. Comme s’il était déjà là, sous ses yeux. L’amour perdu, revenu juste à temps, avant que la lumière devenue insignifiante ne s’éteigne. Tu délires, pauvre vieillard. Tu réécris la fin. Tu ne peux pas t’en empêcher. Personne ne sait ce qu’elle a voulu dire. Personne ne connaît la fin.
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Suzanne les a tous vus. Les éditeurs, les metteurs en scène – ceux qui m’ont sorti du trou que j’avais creusé moi-même. Pas un trou déplaisant, d’ailleurs. Du moins m’y étais-je habitué sans le moindre effort. Sans qu’il me fasse l’effet d’un trou, je veux dire d’une faille ou d’une déchirure. Non, mon trou ou plutôt le trou dans lequel je me trouvais, au moment où l’on m’en a sorti, s’apparentait plus à une cachette. Une cachette dans laquelle je me plaisais à écrire. Dans laquelle je pouvais enfin écrire tout mon saoul. Sans me préoccuper en rien du reste. Des restes du monde qui se trouvait au-dessus de moi. Dans mon trou, j’étais enterré jusqu’au-dessus de la taille, les mains libres pour noircir frénétiquement les pages. Vannes ouvertes. Débloqué de la plume, telle une palombe – oiseau migrateur – qui, blessée, s’est vue contrainte d’interrompre son voyage et qui, recouvrant son aile valide, décide alors de la déployer. Jusqu’à l’épuisement. Jusqu’à ce que l’ivresse du vol la fasse mollement retomber sur la première branche. À moins qu’une cartouche ne vienne interrompre sa course. Fin tragique. Ce ne fut pas la mienne.
À vrai dire, dans mon trou – le trou que j’avais gratté moi-même et dans lequel je grattais – j’étais, peut-être pas heureux, mais soulagé. Oui, soulagé. Gratter, ça soulage. Au moins sur le coup. J’étais d’autant plus soulagé que l’accumulation trop longue qui avait précédé la période de grattage avait eu pour effet de former une sorte d’abcès qui me faisait souffrir et que le grattage avait libéré. Plaisir du malade. Petit plaisir. S’était ensuivi un déferlement de pus. Ça pissait comme des rapides. Une demi-vie qui s’écoulait, en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Qu’il n’en faut pour tout dire. Qu’il n’en fallait pour l’écrire. Je m’occupais de la fuite. Bottes aux pieds. Tentant de vider le trou à mesure qu’il s’emplissait de la demi-vie qui me revenait à la figure. Qui me revenait. Qu’il fallait que je délivre. Accouchement avec douleur. L’oreille attentive – celle que j’imaginais toujours derrière moi lorsque j’écrivais – était à mes côtés. Dans le trou. À mes côtés, parmi les innombrables personnages, les innommables auxquels il fallait pourtant que je trouve un nom. Ça venait comme ça : Molloy, Estragon, Vladimir, Malone. Ça venait. Ils venaient tous. D’ailleurs, le trou était plein. Comme un œuf frais de la veille.
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J’étais mal parti d’Irlande. D’ailleurs, j’ai été dans l’obligation d’y revenir. Plusieurs fois. À force de partir, je ne suis plus revenu.
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Au Tiers- Temps ---29 juillet 1989

J'ai si peu de mots. Ils sont tous usés jusqu'à la moelle. On ne le croirait pas comme ça, mais ça s'use les mots. Comme les fonds de culotte. Comme le coeur. Combien m'en reste-t-il au juste ? (p. 29)
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Ce que j'aime le mieux, c'est quand il me lit ses tragédies machin-chose, vous savez ? Est-ce qu'elles sont grecques ? Il me semble, en tout cas de par là - oh, des histoires qui ne datent pas d'hier, mais je dois dire que ça me plaît tout autant que si j'étais moi-même une antique. Je n'aurais pas cru au début, non, je n'aurais pas misé une feuille de menthe là-dessus, mais je dois dire qu'il m'a bel et bien convertie. Chaque soir, j'attends la suite avec impatience, j'y suis encore plus accro qu'aux feuilletons de la TSF. Il s'y passe de ces choses, mon Dieu - et vas-y que je te fais des petits coups en douce, des tromperies de derrière les fagots (même des meurtres !), tout le monde couche avec tout le monde, le père, la mère, les enfants -, pas un pour sauver l'autre. Il faut voir l'ambiance. On croit toujours qu'ils vont se rabibocher et ça repart pour un tour, jusqu'à ce qu'ils
se zigouillent tous. Je dois dire que je ne m'en lasse pas. Francis non plus, d'ailleurs. Au départ, il a fallu qu'il prenne soin de tout m'expliquer bien comme il faut, mais maintenant j'arrive à suivre sans difficulté, sans même qu'il ait besoin de s'interrompre.
C'est qu'elle n'est pas simple, l'histoire de la famille d'Agamemnon. Pour commencer, ils ont tous des noms à coucher dehors, un vocabulaire, je ne vous dis pas, et puis il leur arrive de ces aventures. Entre celui qui a mangé ses enfants sans le savoir et celui qui a tué sa mère et s'en revient des Enfers, croyez-moi, on n'a pas le temps de s'ennuyer.
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Lui, il est comme Mamie, il a besoin que ça vive autour de lui, qu'il y ait des gens, que ça tangue, que ça secoue dans tous les sens. Il a besoin que ce soit carnaval et feu d'artifice tous les jours. Sinon l'angoisse le reprend, se met autour de son cou et l'étouffe comme un serpent.
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Lui le chassé, le banni, il n’est pas près de laisser son père avoir sa peau. Il sait voler de ses propres ailes. Il fera lui-même son trou.
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Voilà ta punition. Orphelin de tous. Bon qu’à compter les cadavres. À les empiler sous tes pieds. À faire fleurir les tombes sur lesquelles tu ne peux aller. Sur lesquelles croissent la mousse et le lichen. Parasites aussi immortels que le boiteux impénitent qui te regarde dans le miroir. Tu es venu à bout de tout. À bout de tous. Le temps a fait de toi un assassin, matricide, fratricide. Un veuf infidèle. Tu as tant désiré ta solitude de chien. Ta solitude de loup.
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Pourquoi faut-il que même dans ses vieux jours, à l’hiver de son existence – hiver de son déplaisir -, l’homme qui n’aspire pourtant plus à grand-chose, si ce n’est un peu de paix, soit confronté, bien malgré lui, à tant de bêtise ? Je veux dire : comment se fait-il que le vieux – dès lors qu’il se voit contraint de fréquenter une population qu’il tentait de fuir jusqu’alors : personnel médical, garçon coiffeur, etc. – devienne un animal de compagnie devant lequel on déblatère ? Pas tellement différent du caniche ballot, le vieux auquel on confie ses petites opinions sur les choses. Réceptacle des déchets du langage et de la pensée. Victime des niaiseries de tous, et en prime, devant témoin. Un privilège de plus.
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Il faut dire que c’est une condamnation que nous recevons dès la naissance : être les fils de nos pères et de nos mères. Naître sous eux. Sous May.
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