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Critiques de Melvin Van Peebles (63)
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La reine des pommes

J'ai découvert Chester Himes à la faveur de mes veilles sur Babelio, notamment grâce à quelques billets enthousiastes. Si j'ai très vite été tenté, c'est en grande partie en raison de la personnalité de l'auteur, il faut dire que son parcours sort un peu de l'ordinaire...

Né dans une famille d'enseignants, il étudie à l'université de l'Ohio dont il est rapidement exclu pour avoir entraîné d'autres étudiants dans des salles de jeux clandestines, il traîne parmi les arnaqueurs et les maquereaux de Cleveland et fume de l'opium. En 1928 il cambriole la maison d'un riche couple après avoir volé une voiture. Il est pris et condamné à vingt ans de prison. Durant son séjour carcéral, il commence à écrire. Je vous invite à lire sa petite biographie, notons encore qu'il s'installe en France en 1953 où il vivra jusqu'en 1969 avant de partir en Espagne où il décèdera en 1984.

"La Reine des pommes" paraît en 1957 et obtient le grand prix de littérature policière 1958.

Ce qui m'a attiré vers Chester Himes et ce titre, c'est avant tout le contexte de la ville de Harlem, raconté par un auteur afro américain qui a fait de la prison, un gage de crédibilité en somme.

Autant le dire tout de suite, j'ai adoré cette lecture !

j'ai aimé le rythme trépidant, aimé le contexte de Harlem et du Bronx, aimé l'évocation de certaines arnaques comme celle de "l'explosion" ou encore de la "mine d'or", sans oublier soeur Gabrielle dont je ne dévoilerai rien ici afin de garder la surprise pour celles et ceux qui seront tentés de lire ce livre.

Côté scénario, on peut dire sans hésiter que cela tient la route, notre ami Jackson est vraiment la "reine des pommes", difficile d'en dire trop. Je pense que l'essentiel du plaisir de lecture se trouve dans le contexte sociétal de cette ville si particulière où tout le monde ou presque est coupable de quelque chose à différents degrés.

Nous allons côtoyer des individus extrêmement dangereux et l'ensemble se révèle plutôt brutal et délétère, gangsters et policiers n'ayant finalement pas grand chose à s'envier en terme de violence. D'une certaine façon, ce thriller policier et son intrigue pourraient s'appeler, "chroniques ordinaires d'une journée à Harlem", c'est vraiment une lecture agréable et quasi documentaire.

Pour conclure, si j'ai été ravi, j'ai tout de même une certaine réserve à formuler, j'ai éprouvé un sentiment d'anomalie que je pourrais traduire de façon imagée, j'ai eu un peu le sentiment avec cette "pomme" dans ce contexte, d'avoir vu le film "réservoir dog" avec le Pierre Richard de "La chèvre" dans le rôle principal, c'est... perturbant d'une certaine façon.
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La reine des pommes

Chester Himes, c'est l'incarnation d'une lutte contre l'injustice, d'une plume qui se fraye un passage à travers l'ouragan. Ironie de l'affaire, c'est en prison que le jeune homme trouva son moyen d'expression. Il a 19 ans, il est en colère, il découvre la nouvelle garde du polar, Dashiell Hammett ou Raymond Chandler en tête, et c'est la révélation. Un demi-siècle plus tard, Himes est posé comme l'un des plus glorieux héritiers du hard-boiled, le polar tendance bien vif qui cogne sec. Un épigone certes mais dont la patte et l'aura pousseront rapidement les observateurs à le ranger à part. Où précisément ? Eh bien entre ses pères spirituels, disons à mi-chemin entre Hammett et Hemingway. Oui, tout simplement. Intrigué par cette réputation, je me procure l'une de ses œuvres les plus réputées, La Reine des pommes (pas son premier roman, mais sa première incursion vers des rivages où le rire le dispute au désenchantement).



On retrouve l'écriture sèche et visuelle héritée de l'école Hammett avec grand plaisir. L'ouvrage est bien parsemé d'un humour aux portes du burlesque, rien à dire c'est parfois à se tordre. Pourtant, le coup de maître est ailleurs. À vrai dire il est partout, ce truc qui fait la différence. C'est juste qu'on ne le remarque pas d'emblée. Puis, petit à petit, il devient de plus en plus apparent jusqu'à devenir une évidence : la toile de fond. Alors que Jackson (le malheureux héros) n'en finit plus de courir d'un coin à un autre, d'une combine à une autre, c'est un instantané sur le Harlem d'alors que Chester Himes imprime dans notre inconscient. L'air de rien, sans avoir l'air d'y toucher, derrière son substrat comico-policier, La Reine des pommes ne parle que de ségrégation raciale, d'injustice et de misère. Pas de discours enfiévrés, de plaintes déchirantes mais ce cadre dévorant, ouvert sur un cloaque rude et désespéré qui finit par contaminer l'ouvrage tout entier.

Comptines de l'époque esclavagiste, descriptions de quartiers mal-famés, d'immeubles insalubres, de la pourriture qui suinte à chaque rue, de ce mystérieux Homme Blanc, spectre fantomatique qui hante ce monde en perpétuelle déliquescence...Himes sait de quoi il parle puisqu'il en revenait au moment de signer cet opus, véritable tournant pour sa carrière dont l'idée lui fut soufflée par son éditeur français Marcel Duhamel. À ce moment là, l'écrivain s'était éloigné d'un pays natal dont il n'avait retenu que les préjudices et l'inégalité. Cela étant dit, ne pas réduire la manœuvre à un virage à 180°. L'homme de lettre regarde dans le rétro avec plus de gouaille certes, mais sa peinture sociale conserve un réalisme parfois choquant (un des rebondissements en particulier). C'en est même incroyable d'arriver à rire des mésaventures de ce benêt au grand cœur (Jackson) qui crapahute dans l'environnement le plus inhospitalier qui soit. Il n'est vraiment pas aidé car le cercle du désœuvrement est vicieux. Si l'instinct de conservation ne pousse les victimes à se révolter face à leur oppresseur, la loi de la jungle s'instaurera entre elles. Arnaques, crimes et tutti quanti ; buffet ouvert à tous. Le frère de Jackson se déguise en bonne sœur pour appâter le quidam et se rencarder sur les coups pendables, sa compagne joue sur tous les tableaux, les camés le détroussent et les policiers afro-américains n'hésitent pas à se défouler sur ce beau monde, Jackson compris. Ce mélange étonnant de comédie survitaminée sur fond de tragédie sociale laisse un souvenir réjoui quoiqu'une pointe d'amertume surnage dans ses dernières lignes, aussi amusantes que sadiques.



Chester Himes a bien l'étoffe du génie qui s'est construit sur son vécu et a su en faire un élément fondamental de ses livres, qu'il pouvait aborder sans détour ou avec humour. La Reine des pommes est une balade qui transporte autant qu'elle imprègne son lecteur. Une de ces lectures qui sait distraire avec brio tout en ménageant quelques bonnes secousses. Pour un inconditionnel du roman hard-boiled, c'est un délice. Il est indéniable que Himes est un digne héritier de ses pairs, en cela qu'il a su saisir l'essence du genre et se le réapproprier avec ses codes à lui. Certains avaient à cœur de révéler la crasse sous le tapis, ou de lever le voile sur la corruption enracinée, ou plus généralement de dénoncer un monde courant à sa perte. Himes ajoute sa pierre à l'édifice de cette quête intemporelle. Ce qui suffit largement pour en faire une curiosité et plus encore, un incontournable.
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La reine des pommes

Après « Les femmes de Brewster Place », je me suis plongée dans le premier roman policier de Chester Himes « La reine des pommes », roman écrit, en 1957, à la demande de Marcel Duhamel pour la collection « Série noire ». L’auteur vivait alors à Paris et l’a écrit en français.



Ce polar m’a embarquée, ou plutôt réembarquée car je l’avais lu il y a près de deux décennies, à New-York dans le quartier noir de Harlem où la naïveté incroyable du héros malgré lui, Jackson, dit la Reine des pommes tant sa crédulité flirte avec la bêtise consommée, va entraîner une succession de situations aussi rocambolesques que burlesques avec une pointe de cruauté.



Jackson vit à la colle avec la sulfureuse Imabelle, une superbe femme « à la peau couleur banane ». C’est un bon gars, pas très malin mais sympathique, petit, rondelet et un peu chauve. Il travaille dans une entreprise de pompes funèbres dont il conduit un des corbillards. Il est tellement épris qu’il ne voit absolument pas que sa dulcinée le dupe de manière éhontée. D’ailleurs il souhaite l’épouser et pour ce faire il faut de l’argent. Or, sa fortune ne s’élève qu’à 1500 dollars. Il est pauvre, fauché et désespéré. Mais, la belle et splendide Imabelle a un plan, elle qui connaît un type qui connaît un type qui lui-même connaît un gus qui peut transformer un billet de dix dollars en un billet de cent. Rendez-vous est pris dans une chambre louche pour la transformation des billets et la route vers la richesse. Sauf que, au beau milieu de tout, alors que Jackson peut atteindre la richesse, la police débarque et notre héros malgré lui se fait épingler tandis que Imabelle et ses amis se font la malle, l’abandonnant à son triste sort. Il est plus que fauché et une seule solution s’offre à lui afin de recouvrer la liberté : « emprunter » dans le coffre-fort de son entreprise de quoi verser le bakchiche. Notre naïf Jackson met le doigt dans un engrenage qui l’emmènera de Charybe en Scylla, toujours persuadé qu’il doit sauver Imabelle des griffes des escrocs. Il croisera la route de deux flics de Harlem réputés pour avoir la gâchette facile, Ed Cercueil et Joe Fossoyeur, versions noires de l’inspecteur Harry, ce qui veut bien dire ce que cela veut dire … quand on tombe entre leurs mains impitoyables on peut faire ses prières. Au cœur du sac de nœuds, une malle remplie de pépites d’or, une malle qui fait courir beaucoup de monde, la nuit, dans les rues de Harlem. De cavalcades en planques, de frayeurs en découverte de cadavre, Jackson, aidé par son frère Goldy, petit escroc junkie traversti en bonne-soeur, tentera de retrouver sa belle et de reprendre une vie normale.



Avec « La reine des pommes », roman policier jubilatoire, Chester Himes observe et raconte avec justesse et une énorme dose d’humour les travers de la situation des Noirs sans avoir recours au cynisme et encore moins à la caricature. Ed Cercueil et Joe Fossoyeur sont noirs mais avant tout ils sont là pour faire respecter l’ordre dans un milieu qui a perdu nombre de ses repères, notamment moraux. Derrière l’humour, parfois grinçant, l’auteur pointe le sordide, le glauque et la misère sociale et culturelle d’une population abandonnée à elle-même. Derrière le rire, car je dois souligner que le rire est à chaque détour de page, Chester Himes montre combien l’Amérique blanche bloque les Noirs dans leur désir d’émancipation et leur envie de décrocher les meilleures places dans la société.



Nota Bene : j’ai eu, plus d’une fois, l’impression de me trouver dans un film de Quentin Tarentino avec en bande son la musique de James Brown.
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La reine des pommes

La reine des pommes. (For love of Imabelle 1957)

En cette periode estivale, révisons les fondamentaux des polars americains.

Un polar sociologique? écrit par Chester Himes

à la demande(?) de Georges Duhamel pour sa nouvelle coll. Série Noire chez Gallimard.

L'auteur dépeint son ancien milieu social.

La communaute noire de Harlem est décrite sans complaisance. C'est une véritable étude sociologique du quartier de Harlem. Toutes les turpitudes:vols, prostitution, agressions, jeux de tripots, escroqueries en tous genres sont présentées , moyens de survie local.

Apparaissent les 2 inspecteurs noirs Ed Cercueil et Fossoyeur Jones.

Le pitch : Jackson, honnête et très chretien employé de pompes funebres, est rondouillard, naif et honnête.c'est un anti heros auquel on s'attache , et par dessus tout amoureux d'Imabelle. Il se fait escroquer par une bande dont fait partie sa charmante compagne. Son frère, moins scupuleux tente de localiser les arnaqueurs, et de récupérer le magot, pour son propre compte.

C'est une course effrénée à travers ce quartier déshérité, le rythme est soutenu :bagarres au couteau et fusillades, courses poursuites en corbillard ! et une petite prière chez le prêtre grand-guignol pour conforter l'âme de notre rondouillard héros ! "Mais, mon pauvre ami, vous le prenez pour qui le Seigneur ? Faut aller de ce pas vous remettre entre les mains de la police ! Jamais le Seigneur ne voudra intervenir dans un pareil mic-mac."

Pas très reposant, mais captivant.

Donc 4/5.
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La reine des pommes

Une superbe découverte - faite complètement par hasard alors que, comme souvent, je flânais à la librairie.



Classé dans la catégorie "roman noir", ce polar fait rire, horrifie, et divertit tout à la fois grâce à une intrigue riche en rebondissements. le récit se déroule dans le Harlem noir des années 50 et nous présente plusieurs personnages hauts en couleurs - à commencer par Jackson, une "pomme" qui se fait arnaquer de tous les côtés sans s'en apercevoir le moins du monde. L'humour noir est omniprésent, il est question de course-poursuites en corbillard, d'un frère magouilleur déguisé en bonne soeur qui vend des places pour le paradis, d'un révérend qui ne manque pas de répartie... Le roman se lit avec grand plaisir et m'a souvent donné l'impression d'être en train de regarder un film, tant les dialogues et descriptions sont imagés et vivants. J'ai très envie de découvrir d'autres livres de cet auteur!



Une petite critique, le livre est décrit comme "une enquête d'Ed Cercueil et Fossoyeur Jones" mais on les voit assez peu. On sort du livre sans les connaître et j'aurais aimé en savoir plus sur leur psychologie et leur motivation.
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La reine des pommes

Dans ce roman noir, il est question d'arnaques, de pépites d'or, de Harlem, d'un corbillard et de Jackson incrédule benêt qui traverse toute cette histoire pour l'amour de sa belle à la peau couleur de banane.

C'est drôle, sanglant, trépidant et aussi un témoignage de la vie des noirs aux États-Unis en dehors des clichés.
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La reine des pommes

Découverte d'un auteur méconnu semble-t-il et d'un policier des années 50 qui sent bon les films ou séries télévisées de mon enfance.



Harlem. Dans une piaule défraîchie, Jackson, accompagné de sa moitié Imabelle, est convaincu d'avoir enfin le bon filon : par un procédé chimique, ses billets de 10$ vont se transformer en billets de 100. Mais ... tout va basculer ... intervention d'un flic véreux, fuite des arnaqueurs, vol de son patron pour rembourser une dette, etc. Tout va s'enchaîner tout au long du roman. Basculant du loufoque dans le sordide.



Et pourtant, Jackson, c'est le bon gars. Bon chrétien, honnête, amoureux de sa moitié, mais surtout d'une naïveté confondante. Un poissard. Quoi qu'il fasse, ça tourne à la catastrophe. Plus on avance, plus Jackson s'enfonce.



Au final, le tout donne un rompol presque touchant avec ce personnage attachant. Et en filigrane, Chester Hilmes dresse le portrait de la société de son temps. Une sorte de chronique sociale sous couvert d'un aimable divertissement. Intéressant.
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La reine des pommes

Jackson à des problèmes d'argent, comme tous les noirs d'Harlem, quartier de New York... Alors la tentation est grande surtout quand Hank et Jodie lui propose le super plan : transformer des billets de 10 dollars en 20 dollars, contre 10% de la totalité des économies que Jackson est prêt à transformer (15000 dollars...). Mais, patatras, ça foire ! Hank et Jodie s'échappent, Imabelle sa sublime femme disparaît et Jackson se fait arrêter , puis relâcher contre 300 dollars (tisndans le coffre de Clay)... A partir de là, c'est le bordel ! On est emporté dans une course poursuite à travers les avenues, les quartiers pourris de New York à bord dun corbillard que Jackson a "emprunté" à Clay, son patron... Jackson veut retrouver sa belle et terminer le deal pour devenir "riche". On rit de sa naïveté, de son frère Goldy travesti en nonne heroinomane, on craint les coups de lames perdues et les flics corrompus... Tout ce petit monde des malfrats, ces prolos dépassés par la dureté de la vie, gardent la foi en Dieu ou au diable pour se faire la malle (remplie de pépites d'or) poursuivis par Ed Cercueil et le Fossoyeur, deux flics déterminés.

Mais tout est foireux, tout dérape, la loose totale, l'échec magnifique car les dés du jeu sont pipés dès le départ dans ce roman à 100 km/h. Le scénario est assez simple, on y retrouve les fondamentaux du polar américain des années 50 et 60 : bandits sanguinaires, alcool de contrebande, belles pépés, prostitution, grosses bagnoles, et surtout l'appât du gain, le sacro-saint Dollar à égalité avec le révérend Gaines qui ne sait plus où donner de la tête ! ) Et puis des flics qui tirent dans le tas... Rien d'original aujourd'hui, mais à la sortie du roman sûrement. C'est bien écrit, ça se lit vite comme cette cavalcade catastrophe

et invraisemblable New yorkaise. Alors, laissez vous porter par la foi inébranlable (et border line) de Jackson car les voies de la rédemption sont parfois tordues et impraticables, noyées dans le sang. Mais comme les voix du Seigneur sont, elles, évidemment impénétrables tout peut "réussir" à celui qui croit à sa bonne étoile un peu et l'amour ? c'est à voir ! Amen !
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La reine des pommes

Dans ce récit déjanté, plutôt que de parler d'intrigue policière , le terme d'imbroglio vaudevillesque serait plus adapté. Dans le Harlem des années cinquante, l'auteur évoque avec un humour cruel le quotidien des laissés-pour-compte et magouilleurs divers de ce ghetto : misère, alcool, drogue, violence . J'avais ignoré jusque là cet auteur, pourtant référence du polar noir ... et c'est un peu comme prétendre être amateur de rock sans avoir jamais écouté Chuck Berry ou Bo Diddley.
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La reine des pommes

La Reine des pommes, des galériens qui rencontrent des galériens, des inspecteurs branquignoles qui font face à des brigands foireux, des combines et du sang et au milieu Jackson, la Reine des Pommes. Chester Himes avec son style bien à lui nous emmène dans ce Harlem poisseux et tragique où tout va vite, surtout la mort. Je ne puis être impartiale, Chester est un pote.
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La reine des pommes

Belle réussite ce livre de Chester Himes, un classique du roman noir dont j’ai beaucoup entendu parler et que j’ai depuis un moment dans la bibliothèque. Le ton de l’auteur est reconnaissable et embarque le lecteur dès les premières pages. J’ai pensé à des auteurs comme Iceberg Slim ou Donald Goines à la lecture de certains passages. Les personnages ont une gouaille d’enfer et l’on retrouve une ambiance poisseuse et réaliste dans le Harlem des années 50.



Il est facile d’avoir le sourire au détour d’une page avant de se faire cueillir la page suivante par une scène plus sombre et plus violente. L’auteur se régale dans cette enquête, l’humour noir se mélange très bien à la sensation d’immersion dans la ville que ressent le lecteur. Le quartier d’Harlem devenant quasi un personnage à part entière.
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La reine des pommes

La reine des pommes est un excellent roman noir. L'un des meilleurs de Chester Himes. L'histoire se passe dans le Harlem des années 30 - 40 avec une intrigue magnifique. Jackson est une vraie pomme (un idiot parfait ) au sens propre et au sens figuré. Apres s'être fait avoir par une bande de truands et sa copine ( sac à problèmes), il entre dans un cycle de malheurs qui vont le conduire dans des situations vraiment incroyables. Je vais éviter de spoiler ... mais c'est vraiment un pur délice ce roman. Le gros tour de force c'est l'humour et les situations ubuesques. Les personnages sont très bien construits : Goldy mais quel phénomène ! Le révérend Gaines qui m'a plié de rires. La bande des friands : Gus, Jodie , Slim de sacrés bandits. C'est vraiment un polar à lire.

Chester Himes réussit le tour de force à nous immerger dans Harlem, une description réelle des ghettos, de la population noire de l'époque à Harlem, de l'ambiance, des policiers ripoux et tout simplement de la VIE.

Un conseil : LISEZ LE.
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La reine des pommes

Un roman de Chester Himes qui met en scène des personnages se débattant dans la vie, trépidante jusqu'au délire, au coeur de Harlem. Une magnifique traduction qui vous plonge dans les affres des relations raciales compliquées aux États-Unis. Tout le monde tente de sauver sa peau et c'est pas une sinécure que vous soyez flic ou croque-mort!
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La reine des pommes

Harlem 1950

Jackson vit avec Imabelle. Le moins que l’on puisse dire est qu’il est naïf : il a rencontré une paire d’aigrefins et croit leurs sornettes : les lascars ont la recette pour changer les billets de 10 dollars en billets de 100 !! Comme dira Goldy le frère de Jackson « tu es vraiment la reine des pommes »

J’ai trouvé ce petit roman noir excellent. Tout d’abord l’intrigue est sans faille : une tentative d’arnaque, puis une deuxième.... une course poursuite mémorable...

Les personnages sont fabuleux (dans le sens ils semblent sortis d’une fable) : mention particulière aux frères jumeaux Goldy et Jackson.

Les situations sont cocasses et bien décrites (j’ai vu Jackson dévaler les rues de Harlem en roulant à tombeau ouvert dans son corbillard, oui je sais c’est mal de rire quand le corbillard en question lâche son passager de l’arrière ...)

C’est vraiment un livre très surprenant où on bascule du rire au drame en quelques minutes ...à la fois cocasse par les situations décrites et terribles par la description des années 50 où le racisme est très présent.

A lire !

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La reine des pommes

La reine des pommes, c'est lui, Jackson, un gars de Harlem, "petit personnage gros et noir" et surtout un type plutôt crédule. Jugez-en par vous-même... que penseriez vous d'un gugusse persuadé qu'on peut lui fabriquer des billets de 100 dollars avec des billets de 10 ? Hallucinant, non ? mais ce brave Jackson, pas demeuré mais c'est tout comme, de balancer toutes ses économies, plus un peu du fric de son patron, histoire de se ramasser la grosse galette !

Et qui est-ce qui va se faire plumer ? Eh bien, c'est ce bon Jackson, évidemment, et il va se ramasser des tonnes d'emmerdes, je vous dis que ça ! Par la-dessus son Imabelle chérie va disparaître comme par enchantement et il y tient à sa gonzesse.

Et quand on a aux fesses des flics dénommés Cercueil et Fossoyeur, si, si, c'est comme je vous le dis, on a intérêt à les serrer, ses fesses, et à se tenir à carreau !

Oui, car il paraît "que le pistolet d'Ed Cercueil peut tuer une pierre et celui de Fossoyeur l'enterrer".

En outre, "on tire d'abord et on interroge le cadavre ensuite".



Heureusement, il a un frangin Jackson, un peu plus dessalé que lui, Goldy, qui s'appelle. En fait de frangin, c'est quasi une frangine, vu qu'il quête dans les rues de Harlem déguisé en bonne soeur ; c'est pratique les bonnes soeurs, ça inspire confiance et comme ça on peut en apprendre des choses tout en secouant sa boîte noire pour ramasser la dîme. "Donnez au Seigneur, donnez à ses pauvres".

Voilà, tout cela est fort gai, primesautier, très fleur bleue ...

mais qu'est ce que je raconte comme conneries, moi !

Allez, je vous laisse, allez vite croquer la pomme avec Chester Himes, ça délire sec, ça percute fort, ça passe plein de trucs à la moulinette ... et vous ne le regretterez pas !
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La reine des pommes

Heureusement que Chester Himes était un noir américain sinon il est fort probable que la Cancel culture d’aujourd’hui lui aurait fait un sale sort !

Pensez donc, un type qui à longueur de roman se fout des noirs d’Harlem en les considérant comme des jobards prêts à courir dès qu’on leur agite quelques dollars sous le nez, qui les traite de négros et n’a pas plus de considération pour eux que pour des blancs !!

C’est déjanté, complètement louf et on prend un réel plaisir à suivre cette longue course poursuite. Presque du Mack Sennett s’il n’y avait quelques sales cadavres drôlement amochés sur le chemin de cette pauvre bille de Jackson !

Mais derrière le polar humoristique se profile la vision sordide de la plus noire des misères dans les bas quartiers d'Harlem où drogue, prostitution, viols et meurtres sont le quotidien de ces laissés pour compte du capitalisme américain.
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La reine des pommes

Ma première rencontre avec Ed Cercueil et Fossoyeur, deux gars sympathiques et qui ne bégayent pas quand il faut défourailler le 38. Le coup de la levure me fait hurler de rire encore aujourd'hui. Mais je pensais à l'époque que pour trouver une pomme au carré de ce calibre, il fallait être dans un Harlem pauvre et à l'acculturation troublée. Quel ne fut pas ma surprise quelques mois plus tard de lire dans la feuille de chou locale qu'une riche commerçante suisse avait donné dans le panneau avec la même escroquerie. J'ai gardé pendant des décennies l'article découpé dans la tranche de ma reine des pommes. J'en souris encore.
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Un américain en enfer

RÉSUMÉ:"Jeune Noir américain du début du XXe siècle, Abe n'aura connu qu'une courte vie de misère, d'injustice et de prison lorsqu'il meurt à 27 ans.

Expédié en enfer par Jésus Christ en personne, il constate avec stupéfaction que ses congénères y sont privilégiés sur les Blancs, pour mieux les faire souffrir. Abe profite de cet éternel séjour : il s'instruit et tente de comprendre pourquoi le « rêve américain » est resté inachevé.

Sympathisant avec un Blanc, Dave, ancien éclaireur de la conquête de l'Ouest scalpé par les Indiens, lui aussi convaincu de la grandeur de leur nation, Abe persuade le Diable (un manager moderne, amateur de jazz et de partouzes) de les renvoyer tous deux dans l'Amérique de 1938. Séparés, mais promettant de se retrouver, les deux amis vont alors suivre des chemins différents, semés d'embûches.

Pendant ce temps, alors qu'éclate la Seconde Guerre mondiale, avec son gros lot de clients, le Diable se frotte les mains…"



MON AVIS: Une sacrée farce que voilà! Et l'auteur ne se prive pas de fouler aux pieds ce fameux "rêve américain". Car après tout qu'est-ce que l'Amérique sinon un pays bâtit sur le vol, les meurtres et un racisme primaire qui ne s'est jamais vraiment éteint .

On ne rit pas de bon coeur en lisant cette satire sociale des plus réaliste, non on rit jaune de la bêtise humaine et on en pleurerait presque de voir où en est cette fameuse Amérique aujourd'hui parce que si ce livre a été écrit en 1965 il semble tout à fait actuel .

Le bien et le mal se jouent de nous, stupides humains qui n'apprennent rien et ils ont bien raison, nous ne méritons pas mieux.

J'ai apprécié cette lecture et je ne suis pas surprise: rien de nouveau sous le soleil des USA.



Merci à masse critique Babelio et aux éditions Wombat
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Un américain en enfer

Le diable décide de moderniser l'enfer : une grande guerre se prépare et il sait qu'il lui faudra toute la place possible pour accueillir la foule qui va se presser à sa porte. Alors au diable les encombrantes machines à supplicier, vive la torture psychologique !

Et en ces temps de ségrégation raciale , quelle pire torture psychologique pour les blancs que de voir les noirs accéder à une vie plus confortable que la leur ? Abe , jeune homme noir, en bénéficiera et aura ainsi accès entre autre à l'éducation et à la connaissance (Quoi, se disent les blancs, les nègres vont être instruits ?! Et bim énorme pourcentage de dépression dans la fosse de l'enfer dédiée aux américains). Fort de ce savoir Abe souhaite retourner sur terre suivre un chemin différent et accéder au rêve américain.

Le cours des choses peut-il être changé ? ...

Ce roman est une critique de l'Amérique raciste et il recèle quelques idées savoureuses et amusantes, notamment concernant l'enfer et le Diable ou les griefs de Marie, Joseph, Gabriel et le Saint-Esprit à l'encontre de Dieu. Malheureusement j'ai trouvé le récit du retour sur terre un peu longuet. Et le roman est assez misogyne, il a été écrit en 1976, ceci explique sans doute cela.

Ces quelques points négatifs mis à part, j'ai pris plaisir à découvrir ce roman publié par les éditions Womblat avec une très belle couverture à rabat.

Merci à eux et à babelio pour cette masse critique.
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Un américain en enfer

Avertissement : le livre dans sa version anglaise (The True American, A Folk Fable) a été publié aux Etats-Unis en 1976.



Un conte américain moderne. Ou comment Abe et Dave, tous deux morts tragiquement, l’un victime du racisme des blancs, l’autre d’indigènes qui essayaient de se protéger des mêmes blancs, se retrouvent en Enfer à alimenter les brasiers. Triste destin que de se voir refuser l’accès au Paradis, sauf que le royaume de Satan n’est pas pire que le monde des vivants, surtout pour les Noirs puisque ce sont les Américains blancs qui sont discriminés et que c’est leur frustration qui fait monter les « compteurs de désespoir » ! Abe peut ainsi y rencontrer des gens intéressants, y chanter des negro-spirituals et y forniquer avec des femmes blanches (ce qui provoque une forte montée des compteurs) et même y faire des études, ce qui est une punition car le Malin sait bien que c’est l’éducation qui fait le malheur des hommes.



« Je t’ai déjà dit que le Diable était malin… Eh bien, il a calculé que plus un homme était instruit, sur l’état du monde et le reste, plus sa propension à souffrir était grande. »



Mais comme l’Enfer commence à avoir des problèmes d’accueil avec le début de la seconde guerre mondiale – magnifiquement assimilée à un jeu de poker dans lequel les mises et les relances se font en vies humaines – et que, finalement, le Diable n’est pas un mauvais bougre, il va autoriser Abe et son ami Dave à tenter à nouveau leur chance sur la terre. Les voici donc de retour sur le lieu de leur trépas respectif, avec quelques surprises pour Dave qui constate que les Indiens ont disparu de ce qui est devenu Chicago !



Inutile de dire que rien ne sera facile, surtout pour Abe qui doit faire face à nouveau au racisme et à la ségrégation. Car même si les choses ont commencé timidement à changer dans les années soixante, l’application des lois n’est pas acquise, surtout dans le Sud des Etats-Unis, et les mentalités n’ont pas évolué. En témoigne à la fin du récit l’implication d’Abe dans le mouvement des « Freedom Rides » qui visait à faire constater la ségrégation dans les transports.



Un américain en enfer est un conte populaire iconoclaste et amer sur ce qu’était l’Amérique autour de 1976 et sur ce qu’elle est encore aujourd’hui. Avec son rêve américain fondé sur la réussite personnelle et la recherche du bonheur qui satisfait tout à fait Dave – « Je suis simplement un bon vieil Américain. Un vrai Américain. » – mais qui est gangrené par le racisme et la ségrégation. Un rêve inachevé, finalement, qui rendrait presque vivable l’Enfer pour avoir pris le parti des opprimés contre leurs oppresseurs. Un Enfer qui ne risque guère de désemplir :



« Néanmoins, nous ne devons pas nous reposer sur nos lauriers…. Pour ma part, je suis convaincu que l’homme est un fils de pute né et que le potentiel de malfaisance qui se terre dans son esprit reste encore à explorer. Nous devons le dévoiler et lui mettre le nez dedans. Je pense parler au nom de nous tous, vous et moi, réunis autour de cette table aujourd’hui quand je dis : Viva le Malheur ! »



Un grand bravo aux Editions Wombat pour avoir publié enfin ce livre en français. Merci aux animateurs de Babelio pour leur soutien et leur confiance.

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