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Citations de Michael Cunningham (184)


Il s’approche d’elle. Tout arrive plus vite que d’habitude ; aucun geste de séduction, même bref. Il reste un instant à la dévisager, impuissant et implorant, et l’instant d’après il presse ses lèvres sur les siennes, comme si sa bouche était un masque à oxygène. Elle accepte le baiser, le lui rend, sans avidité ni retenue. Ses lèvres sont souples mais vigoureuses, il y a une volonté derrière son baiser, elle n’est pas avide, mais pas soumise non plus. Sa bouche est fraîche avec un goût d’herbe en particulier, mais qui donne une impression de nature exubérante. Tyler se presse contre elle, la renverse sur le dos. Il peut respirer à présent, on dirait. Il peut respirer à nouveau. Il prend un de ses seins dans sa main, d’abord par-dessus de son chemisier, puis en dessous. Il déboutonne le chemisier, enveloppe un sein dans sa paume. L la remplit entièrement. Les ses seins de Liz sont si petits qu’ils ne se sont pas affaissés, il n’y a rien chez elle qui puisse s’affaisser. Quand Tyler le caresse, le mamelon (plutôt grand pour de si petits seins, couleur framboise) se raidit. Elle laisse échapper un son qui est davantage un soupir qu’un gémissement. Elle enfonce ses doigts dans les cheveux de Tyler.

Il se redresse sur les genoux, ôte son jean et son caleçon. Il bande. Liz envoie valser ses bottines, tire sur son jean et son string, les fait glisser sur ses chevilles et les repousse du pied, écarte les jambes. Il jette un regard rapide à son sexe – les poils sombres épilés en une ligne verticale, le rose vif des lèvres – avant de se plaquer sur elle.

Ils savent tous deux qu’ils doivent faire vite. Il glisse sa bite en elle. Elle soupire plus fort, mais c’est encore un soupir, pas un gémissement de plaisir, bien qu’accompagné d’un léger halètement à la fin. Il la pénètre, sent la chaleur, l’étreinte humide, et, putain, il va jouir. Il se retient, reste immobile en elle, allongé sur elle, son visage pressé contre sa joue (il n’arrive pas à la regarder en face jusqu’à ce qu’elle dise : « n’attends pas.

- Tu es sûre ?

- Je suis sûre. »

Il la pénètre une fois, prudemment. Il s’enfonce à nouveau et il part dans un néant convulsif. Pendant quelques secondes, il éprouve cette déchirante perfection. Il n’y a que ça, seulement ça, il se perd, il n’est personne, il est annihilé, il n’y a plus de Tyler, il y a seulement… Il pousse un cri étouffé. Il s’enfonce dans une béatitude brûlante, extasiée, il est en train de se perdre, il est perdu, inexistant.

Et c’est fini.
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Barrett a toujours été fasciné par le corps de son frère. Tyler et lui ne sont pas particulièrement semblables, pour des frères. Barrett est plus fort, pas empâté (pas encore) mais massif, les yeux et les lèvres rougis, le poil gingembre, et doté (se plaît-il à croire) d'une irrésistible et sensuelle malice, un prince transformé en loup ou en lion, docile et somnolent avec ses grosses pattes, guettant, de ses yeux jaunes avides, le premier baisers de l'amour.
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Elle caresse un rêve de gâteau qui se manifesterait sous la forme d'un gâteau réel ; un gâteau qui serait une véritable source de réconfort, de générosité.
Elle voudrait avoir confectionné un gâteau qui chasse les chagrins, même momentanément.
Elle voudrait avoir créé quelque chose de merveilleux ; qui semblerait merveilleux même à ceux qui ne l'aiment pas.
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Mais restent toujours les heures, n'est-ce pas? Une heure et puis une autre, et il faut passer celle-ci et puis, oh mon Dieu, en voilà une autre.
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"Je suis vaste, je contiens des multitudes."
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Oui, pense Clarissa, il est temps que le jour prenne fin. Nous donnons nos réceptions ; nous abandonnons nos familles pour vivre au Canada ; nous nous escrimons à écrire des livres qui ne changent pas la face du monde, malgré nos dons et nos efforts obstinés, nos espoirs les plus extravagants. Nous menons nos vies, nous faisons ce que nous avons à faire, et puis nous dormons - c'est aussi simple et banal que cela. Certains se jettent par la fenêtre ou se noient ou avalent des pilules ; plus nombreux sont ceux qui meurent par accident ; et la plupart, d'entre nous, la vaste majorité, est lentement dévorée par une maladie ou, avec beaucoup de chance, par le temps seul.
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Cet hôtel, ce hall, c'est précisément ce qu'elle recherche - la froideur impersonnelle, l'absence totale d'odeur, les allées et venues, rapides et indifférentes. Elle a l'impression immédiate de faire partie des lieux. Si fonctionnels, si neutres. Et, cependant, elle est là sous un faux prétexte, pour ne pas dire inexplicable - elle est là, confusément, pour échapper à un gâteau.
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S'il arrive malheur à Clarissa, elle, Sally, continuera à vivre, cependant, au sens strict du terme, elle ne survivra pas. Elle n'ira plus jamais bien. Ce qu'elle voudrait dire concerne la félicité et également la peur constante, envahissante, qui est l'autre face de cette félicité. Elle peut supporter la pensée de sa propre mort, mais pas celle de Clarissa. Leur amour, avec ses habitudes casanières et ses silences confortables, sa permanence, a directement enchaîné Sally au processus même de la mortalité.

p. 194
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Je vends de la camelote, voilà ce que je fais. Si les femmes cessent un jour d'avoir l'air ridicules, je n'aurai plus de job."
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Peter regarde la neige dehors. Ô, homme inconséquent. Tu as détruit ton foyer non par passion mais par négligence. Toi qui osais te considérer comme dangereux. Tu es coupable non de transgressions héroïques mais de crimes minuscules. Tu as échoué de la manière la plus indigne et la plus humaine - tu n'as pas su imaginer la vie des autres.

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C'est sans doute ça être un fantôme. C'est un peu comme lire, n'est-ce pas - avoir la sensation de connaitre les gens, les décors, les situations, sans jouer de rôle particulier, excepté celui de l'observateur attentif.
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Je voulais une vie établie et scandaleuse. A la Van Gogh, avec des cyprès et des flèches d'église sous un ciel grouillant de serpents. J'étais le fille de mon père. Je voulais être aimée par quelqu'un qui ressemblât à ma solide et raisonnable mère et je voulais courir en hurlant dans la lumière des phares, une bouteille à la main. Tel était le sort jeté sur la famille. Nous étions prédisposés à nourrir des désirs effrénés qui s'entrechoquaient et s'éliminaient mutuellement.
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En un an et demi, j'avais appris que si je pouvais imaginer les colères, les chagrins ou les déceptions que me causerait Rebecca en grandissant, je ne concevais pas une seconde qu'elle pût jamais devenir une étrangère. Même si elle devait peser cent kilos. Même si elle se mettait à adorer un insecte en guise de dieu, ou commettait un meurtre par intérêt. Nous étions unis l'un à l'autre; nous avions tissé un lien qui ne pourrait se défaire tant que nous serions en vie.
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C'est ce que Peter attend de l'art.Cette maladie de l'âme,cette impression d'être soi-même en présence de quelque chose de magnifique et d'évanescent,de quelque chose(de quelqu'un) qui brille à travers la fragilité de la chair,oui,comme la déesse-putain de Manet,une beauté débarassée de sentimentalité parce que Mizzy est (n'est-ce pas?)un dieu-putain à sa manière-il serait moins fascinant s'il était le personnage bienveillant, brillant,spirituel qu'il dit vouloir être.
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Mrs Dalloway dit qu’elle se chargerait d’acheter les fleurs.Car Lucy avait bien assez de pain sur la planche. Il fallait sortir les portes de leurs gonds; les serveurs de Rumpelmayer allaient arriver. Et quelle matinée, pensa Clarissa Dalloway: toute fraîche, un cadeau pour des enfants sur la plage. Laura Brow essaie de se perdre. Non, ce n’est pas tout à fait exact - elle essaie de rester elle-même en gagnant l’entrée d’un monde parallèle. Elle pose le livre ouvert contre sa poitrine. Déjà sa chambre (non, leur chambre) paraît plus habitée, plus réelle, parce qu’un personnage du nom de Mrs Dalloway est sorti acheter des fleurs.
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La scène entière occupe le pont, résonne à travers les pierres et le bois, et pénètre le corps de Virginia. Son visage, pressé de profil contre le pilier, absorbe tout : le camion et les soldats, la mère et l'enfant.
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"But there are still the hours, aren't there? One and then another, and you get through that one and then, my god, there's another."
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Nous avions vaguement espéré tomber amoureux, mais sans nous en préoccuper vraiment, car nous pensions avoir tout le temps devant nous. L'amour nous paraissait tellement irrévocable, morne – c'était lui qui avait saccagé nos parents. C'était l'amour qui leur avait valu une vie d'hypothèques et de travaux ménagers ; de jobs sans intérêt et de courses à deux heures de l'après-midi sous les néons du supermarché. Nous avions espéré un amour d'un genre différent, un amour qui connaissait et pardonnait notre fragilité humaine mais n'amoindrissait pas les idées ambitieuses que nous avions de nous-mêmes. Cela paraissait possible. Si nous évitions de nous montrer avides ou précipités, si nous ne cédions pas à la panique, un amour riche et stimulant pouvait survenir. Si l'objet de cet amour était concevable, alors il pouvait exister.
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Elle regarde le réveil sur la table. Presque deux heures se sont écoulées. Elle se sent toujours forte, sachant pourtant que demain elle relira peut-être son travail d'aujourd'hui et le trouvera sans matière, creux. On a en permanence en soi un meilleur livre que ce que l'on parvient à coucher sur le papier.
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Il reste à acheter les fleurs. [... ]
La porte du vestibule s'ouvre sur une matinée de juin si pure, si belle que Clarissa s'immobilise sur le seuil ainsi qu'elle le ferait au bord d'une piscine, regardant l'eau turquoise lécher la margelle,dans les profondeurs bleutées. Et, comme si elle se tenait debout au bord d'une piscine, elle retarde un instant le plongeon, l'étau subit du froid, le choc de l'immersion. New York, avec son vacarme [...]
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