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Critiques de Michaël Prazan (46)
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Souvenirs du rivage des morts

Dans un roman haletant, Michaël Prazan nous plonge dans la grande époque du terrorisme international des années 70.
Lien : https://www.liberation.fr/cu..
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Souvenirs du rivage des morts

C’est un grand-père paisible, veuf depuis peu. Il passe quelques jours de vacances dans un hôtel luxueux avec ses petits-enfants et sa belle-fille, Hiromi. Il n’a pas une grosse retraite mais son fils, qui a bien réussi, paie le séjour. D’ailleurs, ce dernier rejoindra les siens bientôt. Ce papy, Monsieur Mizuno, profite de sa famille, des agréables moments passés avec les petits, apprenant à nager à l’un, racontant des histoires, « tricotant » des souvenirs, se reposant aussi ….

Et puis un regard et tout bascule…. Un regard ce n’est rien pourtant, mais celui-ci va faire office de grain de sable dans la belle mécanique bien huilée de sa vie. Pourquoi ? La personne dont il croise les yeux est un allemand, connu il y a longtemps dans un passé qu’il a voulu oublier, soigneusement enfoui au plus profond de lui.

Un regard et tout change. Les cauchemars reviennent, les nuits agitées se réinstallent, la peur lui noue les tripes, il perd la maîtrise. Il tremble. Et si ce qu’il a construit année après année s’écroulait ? Quel avenir aurait-il ? Il essaie de se faire discret, de ne plus y penser. C’est peine perdue. Les réminiscences remontent, violentes, encombrantes, effrayantes, douloureuses. Elles l’envahissent, le submergent et le laissent vidé, défait… Mais pourquoi ? En plus, Hiromi semble se poser des questions….

Cet homme, dont le véritable nom est Yasukazu Sanso, a été combattant de l’Armée rouge japonaise. Qu’est-ce qui l’a conduit à faire ce choix, lui qui était parti étudier à Tokyo ? Qu’est-ce qui pousse un être humain à commettre l’irréparable, à devenir une machine de guerre ? Comment Yasukazu s’est-il construit ? Quelles ont été ses décisions ? En quoi ont-elles influencé le cours de son existence ? Aurait-il pu faire autrement ?

C’est avec une plume d’une qualité indéniable que Michaël Prazan nous présente le passé et le présent de cet aïeul. Trois jours pour ici et maintenant, plusieurs années (de 1968 à 1974) pour « l’avant Monsieur Mizuno ». On découvre le cheminement de l’étudiant, les raisons qui l’ont poussé à faire sien les combats des activistes de l’Armée Rouge. Monsieur Mizuno est attachant, il semble fragile, fatigué, on s’interroge sur ce qu’il va devenir. En retournant en arrière, le lecteur découvre ce qui a été vécu dans différents lieux du monde (je ne veux pas en dire trop). C’est parfois très dur, et lorsqu’on sait que ça a existé, c’est encore pire.

Remarquablement documenté, (en fin d’ouvrage l’auteur a écrit une note complémentaire), ce récit globalement véridique fait froid dans le dos. C’est âpre, terrible, dur. C’est la folie des hommes dont il est quasiment impossible de sortir indemne. Monsieur Mizuno vit avec ce fardeau sur les épaules. Pendant quarante ans, il a réussi à vivre avec, non sans peine, et puis un regard a tout déséquilibré.

L’écriture de l’auteur est puissante. Les phrases courtes, parfois sans verbe, résonnent en nous. Comme les bruits qui accompagnent certains actes et qui hantent le vieillard. Ils rythment le récit, comme autant de coups de poings reçus pour ne pas oublier, pour ne pas faire « comme si » …. Ce recueil est passionnant, intéressant, il tient le lecteur en haleine sur les deux aspects qu’il présente.

Cette lecture m’a secouée car elle m’a fait connaître des faits que j’ignorais et qui interrogent sur l’homme et ses dérives. Je ne connaissais pas cet auteur et je suis admirative du travail de recherches qu’il a dû effectuer. De plus, tout sonne juste, nous interpelle, et nous captive. C’est un ouvrage à lire absolument !


Lien : https://wcassiopee.blogspot...
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Souvenirs du rivage des morts

Premier roman de la #rentreelitteraire2021 pour moi et quel début! Avec un réalisme à couper le souffle et une précision psychologique troublante, Mickaël Prazan s'attaque dans cette fiction historique à un pan méconnu de l'histoire du Japon.

Le personnage principal, M .Mizuno est en apparence un grand-père attentionné que l'on découvre en famille au bord de la piscine d'un hôtel de luxe de Bangkok. Mais rapidement, la rencontre fortuite d'un ancien camarade de lutte fait remonter les relents nauséabonds d'un passé qui le hante jusque dans ses cauchemars. Ce retraité n'est pas ce qu'il prétend : dans une autre vie, il s'appelait Yasukazu Sanso, fut activiste pendant les mouvements universitaires des années 60, avant de rejoindre les rangs de l'Armée Rouge Japonaise dans les années 70. Par conviction idéologique, il a intégré la violence et la terreur comme des moyens au service d'une cause qui lui semblait correspondre à ses idéaux.

Des campus de Tokyo aux camps d'entraînement de l'Armée rouge japonaise, de l'Ambassade de France à La Haye à l'aéroport de Tel-Aviv, Mickaël Prazan relate à travers son personnage les pires atrocités commises par ces terroristes japonais, dans leur pays mais aussi de par le monde.

J'ai été happée par la descente aux enfers du personnage de Yasukazu, mais aussi médusée par les méthodes ultra-violentes de purge au sein de l'Armée rouge japonaise autant que par l'internationalisation des luttes armées. Grâce à un travail de documentation et de recherche incroyable, Mickaël Prazan restitue dans un style incisif et implacable ces années sombres et la douleur infinie des familles, des innocents sacrifiés sur l'autel des idées. Il parle aussi brillamment des anciens bourreaux, de ceux qui se repentent en vain et de ceux qui meurent avec la conviction d'avoir fait le bien.

« On peut considérer cela comme des erreurs de jeunesse ; il y a prescription... - Pour nos victimes, il n'y a pas prescription. Je suis persuadé que leurs familles pensent encore chaque jour au mal qu'on leur a fait ».



Un roman qui marque et un auteur à suivre !



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Einsatzgruppen : Les commandos de la mort n..

Un livre qui retrace à la fois l'histoire des einsatzgruppen et de leurs multiples complices locaux (les einsatzgruppen, seuls, n'auraient jamais suffi pour fusiller, lyncher ou brûler vif un million et demi de Juifs, de handicapés, de Tziganes, de prisonniers soviétiques…) et le tournage d'un film (qui porte le même nom que le présent ouvrage).

Je n'ai pas souvent rencontré un bouquin consacré à la Seconde Guerre mondiale (ou, tout au moins, à l'un de ses aspects) dont la lecture soit aussi éprouvante et, en même temps, aussi… addictive. Sa double nature de livre d'histoire bien documenté et de récit de rencontres (témoins, rescapés, assassins) donne non seulement à cet ouvrage un caractère rigoureux mais également une dimension humaine qui fait souvent défaut à des études plus « académiques ».

Un coup de poing.
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La passeuse

L’écriture se concentre autour des différents membres de la famille de l’auteur, victimes des camps de concentration et de la déportation nazie.

Le récit autobiographique est assez factuel au début, l’auteur n’a jamais connu ses grands-parents, ce qu’il découvre c’est grâce aux recherches qu’il a effectué et qu’il livre dans son ouvrage près de 75 ans après la Shoah.

On entre très rapidement dans cette enquête, à la recherche de pistes pour enfin découvrir la vérité.

Enquête est à la fois historique et intime où l’auteur met en avant sa propre famille meurtrie par ce drame.

La deuxième partie du livre est principalement portée par le témoignage de Thérèse, celle qui a eu le rôle de passeur pour le père de l’auteur.



Le mot qui m’a marqué et que je ne connaissais est « Pitchipoï », qui signifient "là-bas" en yiddish. Je suis toujours autant touchée par l’espoir que les gens portent en eux, quitter ses repères, sa famille, pour parfois trouver injustice, haine et mort. Ces mots raisonnent avec l'actualité qui nous rend spectateur passif de migrants en quête d'un nouveau monde et dont la désillusion est glaciale. Deux histoires et une même souffrance.



Lecture nécessaire et douloureuse qui nous confronte une nouvelle fois à l’Histoire par le biais de cette famille unique et multiple à la fois.

Le récit est une sorte de documentaire qui met des mots sur des silences. La mémoire ravivée est primordiale afin de combattre les disparitions passées et cela est finement exécuté par Michaël Prazan qui inscrit son discours dans une émotion pudique.
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La passeuse

D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours pratiqué la lecture alternée, ce qui --- je trouve--- délasse tout en stimulant l'interêt . Plongé en plein" lambeau" de Philippe-Lancon, j'ai pensé me détendre en lisant "La passeuse" de Michaël Prazan . Ce livre m'a ( beaucoup ) intéressé mais pour la détente je repasserai .

Ce n'est pas un roman, c'est un récit, complexe et douloureux dont je ne suis pas certain qu'i intéressera la "masse lectorale"car le thème, loin de tout romantisme échevelé, est celui de la recherche par un fils du destin de son père et de sa famille (juive ) pendant et après la seconde guerre mondiale ( "l'après" ne concernant bien sûr que les survivants ) .

Je me suis toujours intéressé à l' Histoire et à la Shoah, j'ai vécu, gamin, cette époque aux relents nauséabonds et je trouve que Michaël Prazan a remarquablement rendu l'ambiance, l'atmosphère de la période tout en effectuant un gigantesque travail de recherche,il recueillera les suffrages des mordus de l'Histoire comme il a recueilli les miens et je me suis rendu compte en le lisant que si "le diable se niche dans les détails", la vérité peut s'y glisser aussi . Un bouquin vraiment intéressant donc,mais qui ne sera pas forcément goùté par tout le monde
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La passeuse

Enorme coup de cœur pour ce livre dont les personnages me hantent encore plusieurs jours après la fin de ma lecture. Tirée de l’histoire vraie de Bernard, gamin juif de 6 ans en 1942 dont Michael Prazan, son fils, mène l’enquête pour savoir ce qui s’est réellement passé sur le quai de cette gare des Aubrais durant cette année 42. La première partie est consacrée à son père dès lors qu’il l’amène à l’INA pour qu’il y raconte sa vie d’enfant juif pendant la guerre. La deuxième partie raconte le destin de Thérèse, la passeuse, durant cette période. Tandis que la troisième partie parle des retrouvailles qui auraient eu lieu entre Bernard et Thérèse dans les années 60. Ce livre est bouleversant car il raconte la vie des enfants juifs durant la guerre comme aucun autre livre ne l’avait raconté. J’ai appris énormément sur cette période et sur ce que les enfants juifs avaient dû affronter. Et aussi décrit de façon crue ce qu’était la vie dans les camps de concentration et d’extermination et ce que les rescapés avaient subit. Y est également narré le comportement de certains Français collabos comme ce salopard de Pierre Lussac qui utilisait le titre de passeur pour remettre des juifs à la Gestapo. J’ai tellement eu l’impression de vivre cette histoire que dès le livre terminé, je suis allée voir sur Arte le document-témoignage que Michael Prazan avait tourné. Cela m’a fait bizarre de voir "en vrai" Bernard, Thérèse, la tante Gisèle, la cousine Rosalie directement gazée à son arrivée à Auschwitz. Un livre magnifique, une histoire bouleversante et des gens dont je me souviendrais longtemps.
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La passeuse

Un récit poignant et bouleversant, servi par une belle écriture. A la fois roman autobiographique (sur la vie du père de l'auteur) et enquête documentaire, Michaël Prazan retrace l'histoire de Thérèse qui a fait passer son père et sa sœur en zone libre pendant la guerre et essaie de démêler le vrai du faux.

Une belle lecture, que je vous recommande !
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La passeuse

Bonjour les lecteurs ...



Ce livre n'est pas une roman mais un document sur la vie du père de l'auteur.

Celui-ci, enfant juif a été un enfant caché pendant la durée de la guerre et s'est retrouvé en zone libre avec sa sœur grâce aux services d'une " passeuse "



Le livre comporte 2 parties .. la première retranscrit les souvenirs du père de l'auteur ( persuadé que la passeuse était de mèche avec la gestapo ), la seconde est la version de la passeuse , retrouvée par l'auteur.

Qui était Thérèse qui a sauvé le père de l'auteur ?



Les deux point de vue sont passionnant, l'écriture maintient le lecteur en haleine.

Un documentaire à lire ou la petite histoire rejoint l'Histoire
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La passeuse

Merci à net galley et aux éditions Grasset de m'avoir permis de lire La passeuse de Michaël Prazan.

Cet ouvrage n'est pas un roman, c'est un documentaire en deux parties, la première avec le témoignage du père de l'auteur : Bernard Prazan, et la seconde partie est sur la passeuse, qui a aidé Bernard a passé en zone libre pendant la seconde guerre mondiale.

C'est très intéressant car nous avons deux points de vue, celui de l'enfant devenu adulte. Mais aussi celui d'une vieille dame qui n'a pas oublié les risques pris pour faire passer Bernard et sa sœur, tous deux juifs.

Le narrateur est Michaël, fils de Bernard, qui a fait toute une enquête pour découvrir qui était vraiment Thérèse. Car son père était persuadé que celle-ci jouait un double jeu et qu'elle allait les livrer aux allemands !

J'ai beaucoup aimé La passeuse, très bon documentaire dont l'enquête est passionnante.

C'est bien écrit, bien ficelé et le fait que ce soit en deux parties distinctes est une très bonne idée.

Je m'attendait à un roman, ce n'en n'est point un mais c'est malgré tout un bon ouvrage, captivant, à qui je mets quatre étoiles.
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La passeuse



À la gare des Aubrais, non loin de la ligne de démarcation, Thérèse lance un regard ambigu aux 2 jeunes enfants qui l’accompagnent. Il s’agit de Bernard et Jeannette. Ils sont juifs, nous sommes en 1942 et ils ont été confiés à cette femme pour être mis à l’abri en zone libre.

Bernard n’oubliera jamais ce regard et dans les récits parcimonieux qu’il fera plus tard de cet épisode, il évoquera toujours sa conviction : Thérèse était de mèche avec la Gestapo et pourtant, ce jour-là, elle a décidé de faire passer les enfants.

Ce récit n’est pas un roman. Le narrateur est le fils de Bernard et par l’intermédiaire d’une enquête sur les enfants juifs rescapés, il va obtenir de celui-ci des détails encore non transmis sur ce passage.

Dans une seconde partie, c’est la retranscription de l’entretien avec Thérèse, finalement retrouvée et qui va mettre en lumière les circonstances de ce périple mais aussi ses conséquences.

Ce récit fait suite à un documentaire, La passeuse des Aubrais, diffusé sur Arte en juin 2017, multi-primé.

Je m’attendais à un roman. J’ai trouvé un récit bouleversant sur l’histoire de ce jeune garçon devenu homme, les multiples circonstances qui l’ont épargné, ses relations avec son fils, avec la vie. Et encore plus inattendu dans ma lecture, l’entretien avec Thérèse, femme âgée de plus de 90 ans qui apporte des détails poignants sur le prix qu’elle a payé pour son acte de bravoure, sur l’affection qu’elle a toujours gardée en son cœur pour ce jeune garçon.

C’est doux, c’est touchant, c’est bouleversant, c’est une somme de coïncidences, de rencontres. C’est la vie.

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La passeuse

J’ai commencé ma lecture pensant lire un roman, et en faisant une recherche sur l’auteur je me suis aperçue qu’il s’agissait de l’histoire de son père: Bernard Prazan et qu’en parallèle de ce livre, il y avait eu un documentaire pour l’INA: La passeuse des Aubrais. Bernard, né en 1935 de parents juifs évoque le début de la guerre, les rafles de Paris, le départ de son père, la rafle de sa mère et la mort qui les attendait à Auschwitz. Il nous parle de sa tante et des gens qui lui ont permis à lui et sa sœur d’être emmenés en zone libre. Il évoque entre autres une femme, qui les accompagne dans un train et dont il sentira dans son regard qu’elle devait les trahir et les livrer à la Gestapo. Elle ne l’a finalement pas fait. Michaël Prazan part alors à la recherche de cette femme, qui par chance est encore en vie et peut à son tour nous retracer ses années de guerre et livrer une toute version. Mais qui croire?



Ce texte m’a vraiment touché pour toute les émotions qui en ressort. Un texte plein d’humanité, qui amènent à se poser pleins de questions. J’ai trouvé déjà surprenant que Bernard, qui a toujours refusé de se confier sur son histoire accepte finalement, comme un besoin de vérité tellement d’années après les faits sans doute. On ressent dans son témoignage toute la culpabilité que porte les « survivants », comme on peut le lire dans d’autres témoignages similaires. On ne peut être insensible à ses révélations. J’imagine comme cela a du être difficile et émouvant à entendre pour Michaël Prazan. J’ai aimé la façon dont l’auteur retrace son enquête pour essayer de retrouver cette femme. Cette femme qu’on a envie de croire par moments, mais en même temps j’avais en tête le récit de Bernard Prazan qui n’était pas le même. Alors qui croire? Où se situe la vérité?
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La passeuse

ds quelle étagère
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Pierre Goldman : Le frère de l'ombre



Le 20 septembre 1979, Pierre Goldman est assassiné à Paris, à 35 ans, fauché par les balles de trois tueurs inconnus. Ainsi meurt un juif polonais militant, délinquant, intellectuel et écrivain, né en France. Cette énumération d’identités a une histoire, dont l’épisode le mieux connu – le plus public en tout cas, à défaut d’être l’essentiel – est d’ordre judiciaire. En effet le 14 décembre 1974, la Cour d’Assises de Paris condamne Pierre Goldman à la réclusion criminelle à perpétuité pour trois attaques à main armée, qu’il reconnaît, et pour le meurtre de deux pharmaciennes du Boulevard Richard Lenoir. Deux ans plus tard, le verdict est cassé pour vice de forme. Le 4 mai 1976, Pierre Goldman comparait devant la cour d’assises de la Somme ; les jurés l’acquittent du double meurtre et le condamnent à douze ans de réclusion pour les hold-up assumés. Une licence de philosophie et une maîtrise d’espagnol obtenu en prison sa bonne conduite et une grâce administrative lui valent une réduction de peine. Le 5 octobre 1976, Pierre Goldman sort de la prison de Fresnes. Quelque guetté par l’intelligentsia parisienne, anxieux de se débattre contre toute récupération, toute facilité de mode ou de vogue, ne craindra pas de dérouter ses amis par une âpreté une rigueur intellectuelle et une vigilance politique de tous les instants. Personnage attachant et controversé, il reste l’archétype du Juif Diasporique, de ce Juif du ghetto dont les murs d’enceintes subsistent dans les têtes, quand bien ils auraient été balayés par la civilisation. «Comme chacun, j’ai voulu comprendre pourquoi ce procès me fascine. C’est en raison de la personnalité de Goldman. Certains en ont fait un héros des Possédés de Dostoïevski. Je ne partage pas cette impression. Avec son mélange d’ambiguïté, il est banalement un homme du XXe siècle. Or nous lui faisons un procès du XVe siècle. » Georges Kiejman, plaidoirie du 4 mai 1976.
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La passeuse

Dans une enquête fouillée et minutieuse, à la fois personnelle et historique , l'auteur remonte le fil intime , singulier de la mémoire familiale persécutée, infiniment meurtrie par la guerre et la déportation....



Mêlant l'histoire de son père, Bernard Prazan, devenu un galériste connu, qui, en 1942, à l'âge de 7ans , échappait à la Shoah, en devenant un enfant caché....et le destin de-La-passeuse , cette inconnue, qui les a fait passer , lui et sa soeur , en zone libre.

Dénoncée à son tour et déportée, elle reviendra ( elle a côtoyé dans les camps : Charlotte-Delbo" et Maryse-Vaillant-Couturier....entre autres....)

L'auteur l'a retrouvée et interrogée.

Bernard Prazan, de son vivant a toujours affirmé qu'elle travaillait pour la Gestapo?

Qui était - elle vraiment ?

Collabo repentie ?

Une juste ignorée ?

Ce livre- Document, lu d'une traite, est animé par la volonté farouche, vibrante, de comprendre enfin, ce père, celui, qui, une grande partie de sa vie, resta fermé, taiseux,silencieux, pudique, muré, paralysé dans le silence.....

Un témoignage viscéral, bouleversant , puissant, un sauvetage énigmatique.

Une enquête qui bouscule et montre que L'Histoire n'est pas Peuplée que de Héros ou de Salauds.

Ce serait trop simple !

Je n'en dirai pas plus .

" L'histoire, c'est la passion des fils qui voudraient comprendre les pères "

Au final, un récit passionnant et dérangeant , pétri d'émotions où l'héroïsme se mêle aux actions les moins avouables.

Toutes les familles ont leur secret.La Passeuse, un livre à lire absolument .Merci à Marie , ma libraire de la taverne du livre à Nancy.!

Ce n'est que mon avis, bien sûr !
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Einsatzgruppen : Les commandos de la mort n..

Si je mets trois etoiles a cet ouvrage,c'est que je reconnais tout le travail de recherche,d'interview,car il y a de nombreuses passees dans les documents,les photos,les enregistrements.

Par contre,l'auteur m'a mise mal a l'aise a plusieurs reprises par ses commentaires désobligeants quand il rencontrait un SS responsable de massacre de masse.

Je comprends sa frustration,sa colere en tant qui juif,son desir plus qu'intense que ces hommes soient emplis de remords,d'excuses,son besoin de laisser des traces pour qu'on n'oublie pas,qu'on reconnaisse les massacres.

Je trouve que maltraiter verbalement des personnes agees qui le recevaient avec beaucoup de courage manque de professionnalisme;il n'a pas su mettre la distance necessaire avec son sujet de recherche,je trouve ca dommage car ce livre me laisse triste,et je n'aime pas etre triste quand je lis un ouvrage documentaire

Dommage.
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Le massacre de Nankin : 1937, le crime cont..

Un ouvrage qui englobe la question du "Massacre de Nankin" et qui pointe du doigt les problèmes japonais et chinois par rapport à ce fait historique.



Toutefois, l'ouvrage peut être déroutant pour quelqu'un qui ne connait ni l'histoire de la Chine, ni celle du Japon, tant les noms et références sont nombreux.
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Une histoire du terrorisme

Ce documentaire très récent, ils a été imprimé en 2012 retrace le parcours de différents mouvements terroristes à partir de la fin de Seconde Guerre Mondiale. Celui-ci est divisé en trois partie: Les années libération, les années de poudre et les années jihad. Dans ce document unique ont cette fois-ci le point de vue d'anciens terroristes de Black Panther Party en passant les membres féminins du FLN algérien puis l'Armée rouge japonaise. Ce voyage autant dans la littérature car il existe des livres qui forment comme Karl Marx, ceux sur la révolution française etc. L'auteur à pu interviewer toute ses personnes et avoir à la fois l'image qu'ils projetaient à la face du monde mais aussi celle à l'intérieur afin de comprendre leurs motivations. Beaucoup de groupement terroriste viennent d'une certaine haine aux colonisateur qu'ils soient français ou Anglais et maintenant les Américains deviennent les nouvelles cibles de ses terroristes extrémistes (mots comportant différentes variantes que ce soient celui qui pose les bombes que le gouvernement lui-même). À lire pour ceux qu'ils veulent découvrir les vrais fondement du terroristes moderne.
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Le massacre de Nankin : 1937, le crime cont..

Le massacre de Nankin est un événement de l Histoire, dont j avais certes entendu parler mais dont je ne connaissais pas exactement le contenu. Passionnee par le Japon et sa culture, je me devais de lire ce livre.



Michael Prazan nous plonge dans l histoire du Japon, avant 1937, année du massacre, et permet donc a ses lecteurs de connaitre le contexte et de comprendre les raisons de l invasion de la Chine par l armée japonaise.



Avec ce qui est arrive au Japon en 1945 (bombardements atomiques de Hiroshima et Nagasaki), nous avons tendance a victimiser les japonais et a oublier cette période. De plus, la plupart des japonais n arrangent pas les choses en niant ce qui s y rapporte, alors que les chinois veulent qu ils reconnaissent ce massacre.



L auteur a recueilli beaucoup de témoignages, qui ponctuent l histoire. Des témoignages de chinois, de soldats japonais, d occidentaux (par exemple, John Rabe, un allemand du Parti Nazi qui a sauve environ 200.000 chinois, et qui pensait naïvement que Hitler les aiderait).



Je ne pensais pas que j aurais eu du mal a le lire. Mais, des que le récit est devenu vivant avec les témoignages, j étais presque captivee. Tout y est décrit : les massacres comme les viols qui ont eu lieu pendant ces fameuses six semaines. Les chinois se faisaient tuer un peu au hasard, juste parce qu ils ressemblaient a des soldats… Ils étaient assassines en rang, les uns après les autres. Les viols sont indescriptibles, horribles. Cependant, je ne regrette pas ma lecture, cela me permet de mieux comprendre le Japon et de ne pas connaitre que les cotes positifs de ce pays.

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Le massacre de Nankin : 1937, le crime cont..

Aujourd’hui, on a tendance à voir la Chine comme le grand méchant et le Japon comme une nation pleine de paradoxes mais pacifiste dans l’ensemble. Or, la réalité est un peu plus complexe et l’ouvrage de Michaël Prazan permet de mieux comprendre les relations qui unissent la Chine, le Japon et la Corée.



Dans la première partie, on comprend mieux l’organisation du Japon et les raisons pour lesquels les Japonais sont partis à la conquête du monde. Car tel est bien leur volonté. Bon ils veulent se contenter de l’Asie mais c’est déjà pas mal, non ? Comme beaucoup de pays, dont la France, le Japon souhaite coloniser des terres. Et comme nous, cela ne s’est pas fait sans heurts. Cependant, il est parfois difficile pour le lecteur néophyte de comprendre réellement l’organisation des différents pays asiatiques. Il faut bien l’avouer, on ne connait que le système dans lequel on vit. Mais une fois cet obstacle surmonté, le « récit » prend le dessus.





Au départ, c’est un récit presque froid, mais scientifique. On ne voit que peu émerger l’ampleur du massacre et des viols, même si on le pressant. Mais la deuxième partie, traitant du massacre est difficile à supporter. L’auteur décrit d’abord l’élimination systématique des Chinois. On les prenait au hasard et on les fusillait, les noyait ou encore les décapitait. Mais la partie la plus insoutenable, à mon sens, est celle concernant les viols. Bien qu’il y ait peu de détails (heureusement, l’auteur nous a épargné des passages sordides), il est difficile de lire certains passages. Je pense ici aux viols d’enfants. Le viol est déjà un crime horrible, mais quand il porte sur des enfants, il n’y a pas de mot assez fort pour dire à quel point cela est abjecte.

Dans la dernière partie, c’est de la mémoire du massacre et du viol dont il est question. Elle renvoie étrangement à notre vécu avec la guerre d’Algérie qui est qualifiée jusque dans les années 1990 d’ « évènements ». Ici, deux points de vue sont examinés : celui du Japon et celui de la Chine. De part et d’autre, le massacre de Nankin est instrumentalisé. En Chine, pour unifier le pays contre un ennemi commun et au Japon par des nationalistes radicaux d’extrême droite, dont la voie se fait de plus en plus entendre (cela ne vous rappelle rien ?).





Mais cette instrumentalisation a eu des répercutions inattendues en Chine. Avec la médiatisation du massacre, les Chinois se sont intéressés aux droits de l’Homme. Et des contestations se font entendre. Bien évidemment, cela n’a rien à voir avec le massacre de Tien an men, dont les jeunes chinois ne connaissent pas l’existence.

Ce silence autour de Tien an Men est proche de ce qui se passe au Japon. Bien qu’il y ait eu un procès comme celui de Nuremberg mais à Tokyo, la majorité de la population japonaise semble douter de la véracité du massacre et des viols. De plus, le parti d’extrême droite nie totalement le massacre et encore plus les viols. Pour ces membres, ce n’est que de la propagande chinoise et américaine. Ils s’appuient en particulier sur l’absence de preuve. Bien évidemment qu’il n’y en a pas puisque le Japon a détruit les papiers et autres photographies avant l’arrivée des Américains en 1945 ! Le Japon faisant face depuis de nombreuses années à la montée du nationalisme, c’est propos trouvent un large écho.





Michaël Prazan, utilise à merveille les témoignages. Chaque grand argument est soutenu soit par un témoignage de survivant, d’historien, de politiques soit par des ouvrages d’historiens ainsi que de sources directes. Cela se ressent surtout dans la deuxième partie où les témoignages forts marquent votre esprit. L’auteur reste objectif en donnant tour à tour les points de vue des deux parties et en soulignant leurs incohérences.



C’est un ouvrage dur émotionnellement à lire mais très enrichissant. Un livre à ne pas manquer pour qui veut mieux comprendre le monde d’aujourd’hui.
Lien : http://wp.me/p3uBku-gq
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