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Critiques de Michel Bernanos (44)
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La montagne morte de la vie

J'avoue avoir un peu de mal à comprendre les critiques dithyrambiques autour de ce bouquin. Non pas que je le trouve mauvais, mais disons, juste OK.

Le style est très classique, rien de palpitant de ce côté. Je reconnais que l'ambiance est travaillée, mélange d'étrange et de malaisant, voire un petit côté Lovecraft par moments, en surface. Mais c'est tout.

J'ai mis un peu de temps à le terminer malgré sa taille, et je l'ai fermé sans plus de ressenti que ça. J'avoue que je m'attendais à mieux.
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La montagne morte de la vie

De l'image mentale, plus ou moins précise, que l'on se fait d'une maison d'éditions, du style de textes qu'elle publie, certains livres viennent l'enrichir ou l'infléchir, la confronter ou plus généralement la conforter.

Ce roman est terriblement, profondément, Jean-Jacques Pauvert.

Pas celui des scandales judiciaires, des défis à la censure, celui qui a sorti le Marquis de Sade du placard, « Le Château de Cène » ou bien « Histoire d'O »…

Plutôt celui qui s'est toujours intéressé à une étrange forme de symbolisme fantastique à la française, présent en second rideau de cet érotisme transgressif, voyante carte de visite.



Mais il est ici question de sa ré-édition chez l'Arbre Vengeur, avec l'appui plus ou moins assumé de Juan Asensio (oui, encore lui… ), qui en signe une préface de seulement 30 pages cette fois-ci… qui n'a d'ailleurs pas été conservée dans sa version mini-poche « véhémente » (nom de la collection… ça lui va pourtant comme un gant…), dont il aurait sûrement mieux fallu en faire une postface, lui qui ne se gène pas pour écrire qu'il trouve celle de Dominique Roux « étrange, moins fulgurante qu'obscure », alors qu'elle colle parfaitement à ce texte, et ce dès sa première parution, justement chez J.J. Pauvert.



S'attarder à parler d'éditions — celle-ci réunissant le roman éponyme ainsi qu'une courte variation médiévale, habile complément aidant à saisir le sens de toute cette entreprise — signifie ne pas avoir pas trop envie de se lancer dans le fond de l'histoire…

S'ouvrant classique récit de marine à voile au temps de sa prédominance, prétexte à un naufrage menant on ne sait où… île déserte, autre dimension ou bien les Enfers ?… duo de personnage type maitre et élève, père et fils, ou encore jeune et vieux, lâchés dans un environnement incompréhensible, poisseux de symbolisme sans grandes destinations, accouchant d'une petite épopée sans grande saveur, peinant à donner quelques reliefs malgré la promesse de cette montagne.



On appréciera justement l'ajout de cette nouvelle, « Ils ont déchiré son image », utile préquelle ( ou antépisode au Québec ) à l'impression d'ensemble, ainsi que sa sensible postface.

On pourra alors lire avec plus d'attention la préface, surtout pour y glaner d'utiles conseils de lectures, le genre fantastique en ayant souvent bien besoin.



Pour le reste, on laissera aux autres le soin de deviser sur l'identité de son auteur, sa vie tragique, ainsi que l'ombre forcément pesante de son patronyme.



De ces éditeurs français férus de surréalisme, symbolisme et autre fantastique, la « patte Pauvert » a souvent quelque chose de malaisant, enjoignant le lecteur un peu plus carré à se pencher vers les collections de son confrère Henri Parisot…

Tout ce ci restant bien-sûr fruit d'une impression… bien que tenace…

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On lui a fait mal

Cette œuvre inédite, difficile à dénicher, mérite pourtant d'être accessible. "On lui a fait mal" est un roman âpre, sans issue, d'une noirceur rarement atteinte chez l'auteur. L'action se déroule dans un Paris glauque, dans les rues désertées la nuit, les égouts, les appartements misérables, les bureaux ternes de la police judiciaire. Le récit démarre avec un double meurtre mystérieux. L'une des victimes égorgées, un homme massif, avec une grande balafre au visage, réapparaît dans un bar à proximité. Est-ce un frère jumeau ? Une hallucination ? Bientôt, d'autres meurtres tout aussi horribles secouent la capitale, et l'affaire intéresse les plus hautes sphères de l'Etat. Michel Bernanos puise dans ses souvenirs et les horreurs de la seconde guerre mondiale, qui resurgit de façon inattendue lors de cette enquête criminelle. Le récit policier se rapproche alors de l'espionnage, mais on retiendra surtout le style excellent, l'atmosphère fantasmagorique, étouffante, et la violence du système qui écrase et broie les âmes. Un roman qui rappelle les meilleurs films de Jean-Pierre Melville.
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La montagne morte de la vie

Quel fantastique recit !

Je me suis laissée emportée par cette aventure et n'ai qu'un regret, celui de ne pas avoir pu en découvrir plus sur les mystères et l'univers que nous dépeints l'auteur !

Un chef d'œuvre pour les amateurs de contrées étranges, écrit avec beaucoup de simplicité et d'efficacité !

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La neige qui tue

Publié en 1963.

S'il comporte certains ingrédients du roman policier, il s'agit plutôt d'un excellent roman d'aventures, mené à un rythme effréné. La première partie, lumineuse, se déroule dans un Brésil réaliste des années 60, de Manáos à Rio, de la jungle étouffante aux palaces de Copacabana. "L'étranger", personnage à la fois cynique et tragique, en pleine vendetta, a tout de l'archétype du roman noir. Nous le suivons dans les plantations de pavot (la fameuse "neige" du titre), les bars glauques et les favelas. Le contraste avec la seconde partie est d'autant plus fort. Dès lors, nous nous retrouvons dans un Paris terne et obscur. Michel Bernanos ne néglige pas pour autant son style soigné et sa narration menée tambour battant, riche en rebondissements. En arrière-plan, on reconnaît cette tristesse familière, ce désespoir tragique qui irrigue toute l'œuvre de Michel Bernanos.

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Le Grande Bauche

C'est toujours un plaisir de se glisser dans un roman de Michel Bernanos. La narration si fluide, à la forme élégante, vous prend par la main dès la première phrase et ne vous lâche plus. Dans un grand manoir entouré d'un marécage, une famille ancienne se dispute un héritage maudit. Si on retrouve ici les ingrédients classiques du genre policier baignant dans une atmosphère fantastique, l'Amazonie de Michel Bernanos n'est jamais loin, ainsi que certaines obsessions... En effet, une chambre est horriblement décorée d'armes et d'objets rituels de tribus reculées. le passé trouble du propriétaire des lieux remonte aux années passées au Brésil. Et les meurtres affreux semblent avoir été commis par une bête sauvage, peut-être un jaguar... Quant à la dite famille, elle compte deux épileptiques effrayants, de nombreux secrets et beaucoup de haines réciproques. le récit est rythmé par les rebondissements de l'enquête policière dans une atmosphère tendue, paranoïaque. le romancier organise un monde parallèle, invisible, que l'on découvre au fil des passages secrets qui traversent le manoir. Un excellent divertissement, qui mérite le détour si on s'intéresse à l'oeuvre de Michel Bernanos, encore trop confidentielle.



(Lu en version superpoche grâce à l'envoi de la petite-fille de Michel, Anne-Charlotte que je remercie)
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Les nuits de Rochemaure

Michel Talbert, alias Michel Bernanos, est avec Kurt Steiner, un des meilleurs stylistes de la collection angoisse du Fleuve Noir. Il parvient sans peine à créer une belle atmosphère fantastique dans une vieille bâtisse au milieu d'une pinède, à mettre en scène des apparitions inquiétantes lors des fameuses nuits. C'est aussi un huis-clos, avec un professeur enfermé dans son laboratoire, sa jeune épouse boudeuse, une cuisinière au fort caractère et l'arrivée d'un cousin jaloux. Comme "Le mort veille", il s'agit d'un roman policier à la résolution surprenante et soignée, baignant dans l'étrange. Seul bémol, le traitement des personnages féminins, caractéristique de l'époque.
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La montagne morte de la vie

Cela commence comme un roman d'aventures maritimes, quelque part entre l'île au trésor et les aventures d'Arthur Gordon Pym.

Le jeune narrateur, dont nous ne connaitrons pas le nom, se retrouve embarqué en qualité de mousse sur un galion en route pour l'Amérique du Sud.



Devenu le souffre-douleur d'une large partie de l'équipage il est protégé par Toine le cuistot du bord qui s'est pris d'affection pour lui.

Le galion est alors bloqué dans une zone sans vent ; c'est le début des ennuis...



"La montagne morte de la vie" est un étonnant roman, cruel avec ses personnages qui sont confontés à un lieu déconcertant et effrayant.

Ici, pas de monstres, c'est l'environnement tout entier qui est source de peur.

Le curieux titre trouve une explication à la fin du livre, cette montagne pourrait être celle de la destinée des hommes, plongés dans un inconnu qui les bouleverse et les terrifie, jusqu'à l'inéluctable.



Un livre original et fort à découvrir !
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Le mort veille

Comment Michel Talbert, alias Michel Bernanos, l'auteur des saisissants "La Montagne Morte de la vie" et "Le murmure des dieux", allait-il s'adapter au format de la collection angoisse du Fleuve Noir ? Dans "Le mort veille", il choisit une intrigue très (trop?) classique du genre. Un manoir inquiétant, cerné de la forêt Fénétrange, reçoit des invités cupides ; divers héritiers venus écouter le notaire à la suite du décès du maître du lieux. L'atmosphère est réussie, les personnages sont à la limite de la caricature. Les membres de la famille doivent naturellement demeurer une quinzaine de jours sur place, au risque de perdre leurs droits à l'héritage. Bernanos se moque ostensiblement des codes du genre gothique, faisant planer une douce ironie sur son roman. Les événements bizarres se multiplient ; bruits nocturnes, évocations fantomatiques, tentatives de meurtres, incendie surnaturel. Peu à peu, le récit se détourne du fantastique pour devenir un excellent roman policier, avec un mystère et une résolution dignes du canon holmésien. Mêlant avec justesse et distance des genres cousins, Michel Bernanos livre un divertissement de haute volée, atteignant un équilibre qui me fait penser à "La cité de la peur" de Jean Ray ou "L'initiation à la peur" de Thomas Owen. Il se hisse sans peine parmi les meilleurs auteurs de la collection.
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Le murmure des dieux

Depuis Joseph Conrad, je n'avais pas lu de pages aussi hallucinées sur la jungle mystérieuse. Michel Bernanos a grandi au Brésil et dès son premier roman, il livre ses visions de la forêt équatoriale, d'une violence magnifique. Elles hypnotisent, surprennent, jouent sur les contrastes entre la dangerosité de la nature et sa beauté irréelle. Dans un style riche, très imagé, et d'une fluidité rare, l'auteur se lance dans un grand récit d'aventures. Lors de la remontée d'un affluent de l'Amazone, une amitié solide entre le Docteur Lopez et l'ingénieur Eudes se noue face à l'adversité. Ils sont à la recherche d'une civilisation disparue, et croiseront des bêtes sauvages, des plantes mortelles, des tribus de chasseurs de têtes, des idoles maudites. Un voyage mental en pirogue aux confins de la forêt, avec toujours ce désespoir latent qui traverse toute l'œuvre de Michel Bernanos et menace de l'emporter. Quelques défauts mineurs, typiques d'un premier roman, n'entachent en rien sa puissance d'évocation.
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Le murmure des dieux

Qui aime les vrais bons romans d’aventure ?

Une histoire de quête d’une civilisation encore inconnue en pleine Amazonie, ça vous tente ?

Le murmure des Dieux c’est un court roman qu’on dévore à la même vitesse que s’écoulent les eaux du fleuve Amazone.

Nos deux personnages principaux partent sur une pirogue à l’assaut du fleuve changeant, tumultueux, dangereux et parfois mortel. Crocodiles, serpents géants, tarentules meurtrières et marécages mortels les guettent à chaque étape et c’est sans compter des villages indiens habités par des « chasseurs de tête ».

Michel Bernanos nous offrait avec ce roman l’exemple type de l’épopée aventurière dans une zone encore sauvage (à l’époque) de notre planète. C’est un vrai bon divertissement où l’on découvre une Nature qui n’a vraiment pas l’intention de se laisser faire.

A lire parmi le fond très riche des éditions de L’Arbre Vengeur.



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La montagne morte de la vie

"La montagne morte de la vie" de Michel Bernanos débute comme un roman d'aventures. Dans ce récit à la Stevenson, nous suivons un jeune mousse aux prises avec un équipage cruel. Il trouvera un allié en la figure paternelle de Toine, un cuistot débonnaire. Rapidement, les choses se gâtent ; une mer d'huile, le manque de nourriture, un cannibalisme horrifique et une tempête digne de l'apocalypse. Puis, comme dans le "Psautier de Mayence" de Jean Ray, nous changeons de dimension pour un monde exotique et effrayant. La végétation luxuriante s'avère carnivore. Les montagnes sont peuplées d'étranges statues... Dans un style à la fois limpide et très imagé, Michel Bernanos produit des visions hallucinantes. Des images qui hanteront longtemps le lecteur. Un désespoir magnifique s'en dégage, sans doute parce qu'il s'agit de se confronter à la perdition, et de se résigner à notre sort funeste.
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Ils ont déchiré Son Image

Court roman de Michel Bernanos, situé dans un moyen-âge imaginaire. Le personnage principal, appelé "l'homme" est "défié" par un marquis qui lui montre des horreurs pour tenter de l'impressionner ou de le corrompre. La nature est à peu près la même que dans la Montagne morte de la vie. Je vois bien que cet ouvrage est une métaphore, mais j'hésite : le marquis est probablement une sorte de tentateur, une image du Diable. Une phrase pourtant m'a interpelé et je ne sais qu'en penser, lorsque l'homme dit au marquis : "je te croyais l'Immonde, mais je me trompais, puisqu'il t'arrive parfois d'entendre la pitié !" Cela voudrait dire que le marquis n'est pas le démon, mais qu'est-il alors ? Un simple individu malfaisant qui ne serait même pas le Diable ? Une contestation de la divinité par la contestation du Diable ? Le mystère reste entier. J'ai aimé cette ambiance de taverne médiévale qui sied très bien au style de l'auteur.
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La montagne morte de la vie

Excellent roman fantastique, bien trop méconnu à mon goût. Je le trouve assez proche de certains ouvrages de Poe, d'Arthur Machen ou bien de Lovecraft. Plus récemment, cela m'a également rappelé le passage final de Moravagine, de Blaise Cendrars. On sent qu'un traumatisme diffus habite l'écrivain. Certaines visions du début, notamment la mutinerie du terrible navire sont d'un réalisme horrible où l'horreur est poignante. Même si la vision du monde de Michel Bernanos paraît assez triste, j'ai apprécié la figure rassurante du vieux Toine, sorte de guide et d'image dans laquelle le narrateur voit l'état dans lequel il est réduit. La végétation terrible de la terre irréelle dans laquelle Toine et le narrateur accostent, avec ses plantes carnivores est peut-être inspirée de la jungle brésilienne. Le voyage de Toine et du narrateur pourrait également être rapproché d'un voyage initiatique vers un culte mystérieux, ou bien du grand voyage, selon certains exégètes.
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La montagne morte de la vie

Les collègues de travail m’ont poussé à lire ce roman (2 novellas en fait) de Michel Bernanos. La montagne morte de la vie. Et ce prénom, Michel, n’est pas une erreur de ma part, C’est bien Michel Bernanos, l’un des fils de Georges Bernanos.



Étrange univers que cet auteur développe. La première des 2 histoires (La montagne morte de la vie se déroule en 2 parties) et si la 1re est une histoire de marins qui tend à se durcir, avec une violence allant crescendo, la 2nd bascule dans autre chose, beaucoup plus hallucinée, plus métaphorique peut-être. En tous cas, un sacré périple pour le narrateur.



Tout n’est pas clair. La narration directe qui ne focalise que sur les faits n’en dit pas trop. Pas assez peut-être?



C’est le 2e titre, Ils ont déchiré son image qui peut éclairer ce livre. Quelques éléments sont repris, tournés différemment, donnent certaines pistes mais pas de réponses toutes faites.



Ce que je pense au vu du destin de Michel Bernanos, suicidé à 41 ans, c’est une profonde misanthropie , un dégout de l’homme qu’un syndrome post-traumatique peut expliquer.



La montagne morte de la vie est empreint d’angoisse et de souffrance. Comment ne pas faire le parallèle entre le narrateur, embarquer sans savoir comment, du jour au lendemain, sur un bateau de pêche et celui du jeune Michel Bernanos qui part à la Guerre ?
Lien : http://livrepoche.fr/la-mont..
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La montagne morte de la vie

Michel Bernanos (1923-1964), quatrième enfant de Georges Bernanos, délivre avec « La Montagne morte de la vie » (1967), le troisième volume d'un triptyque avec « Le Murmure des Dieux » (1964) et « L'Envers de l'éperon » (posthume, 1984).

Cette épopée en osmose avec un style absolu, classique et vénérable honore le fantastique. On fusionne d'emblée avec les quatre éléments, l'eau, le feu, l'air et la terre.

Magnétique, frénétique, la trame complice de deux protagonistes , Mousse, un jeune garçon embarqué par méprise et par force, voire naïveté, sur un bateau, et Toine, le cuisinier, marin aguerri, pétri d'humanité et d'expériences. Il sera tout au long de la fusion de cette histoire, le protecteur de l'enfant.

« Allez petit, ça suffit comme ça, maintenant. Viens, on va donner un coup de main aux hommes...Toine par contre leur parlait presque amicalement. J'en fus sur le moment étonné, puis j'appris par la suite, à nos dépens, que l'homme est vulnérable devant la souffrance, comme devant la joie. »

D'embruns et de ressacs, les rebellions enivrées de faim et de soif, de violence et d'une endurance à bout de souffle, le bateau s'égare dans les affres intestines.

L'écriture olympienne radoucie les moeurs, cherche les latitudes de la sérénité, des ferveurs de fraternité. Ils ne sont plus qu'eux deux sur le ventre cannibale de ce bateau. Périls et soupirs, craintes et lames de fond.

« Je regrette vraiment pour toi, petit, de te voir avec moi dans mon cauchemar d'homme éveillé. Ici, tout est inexplicable. Et ne compte pas trouver la solution. »

Ils naviguent à vue, imaginent une terre accueillante, une ligne d'horizon, un point d'appui, dans les flots remontés et le temps tempétueux et virulent.

Tout change. L'atmosphère est trouble. De brouillard et de silence, l'opacité criante et les angoisses à fleur de peau.

Le naufrage prédestiné.

« On aurait dû apporté avec nous de quoi faire du feu. Dans un endroit pareil, on ne trouvera jamais de bois sec. Tout reste vert à mourir. »

La nature semble maîtresse des lieux. Dans un onirisme étrange qui interpelle Toine et le jeune Mousse. Soudés dans ce méconnu, entre les lianes dévoreuses, les pierres figées qui deviennent cendres. La fureur d'une mystique déboussolée. L'épuisement qui happe ces exilés, égarés sur une terre troublante, risquée, et dont le magnétisme foudroie leurs espérances.

La montagne grogne, les étoiles changent de place, affirment la déroute de la voie lactée. L'arborescence d'un ciel qui élève son chant lugubre.

Fantômes de l'entre-monde, les messages tels des pièges, la sauvagerie sanglante d'un ésotérisme bousculé par la venue de Toine et de Mousse. L'appât d'une montagne morte et plein de vie. On ressent une bataille sourde. Les plaintes sournoises d'une montagne symbolique et dévoreuse.

L'édénique n'est pas. Ici, règne la puissance des roches. Avaleuses et ténébreuses, l'effigie de l'Île de Pâques.

Ce récit apocalyptique est captivant, intriguant, fébrile et de haute précision. Ce classique surdoué affirme un auteur inoubliable tant il dévoile dans un hors norme grandiose, les turbulences confrontées aux normalités. Les épreuves ne sont pas hasardeuses mais prédestinées pour Toine et Mousse.

Assignées à la force et au combat, elles dévorent ce livre qui incite à la réflexion.

Où se trouve notre place dans la vie ? Où se love la raison ?

« La Montagne morte de la vie » est un livre périlleux et efficace. Visionnaire, il semble un mythe né d'une main de maître. Envoûtant.

Publié par les majeures Éditions de L'Arbre vengeur. Une collection : L'Arbuste véhément à suivre des yeux.
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La montagne morte de la vie

Incroyable roman! On est dans du Lovecraft mais avec l'univers de l'auteur bien à lui. Après m'être renseigné j'ai pu voir que Michel Bernanos est un ancien résistant, engagé très jeune dans les FNFL et décédé de manière tragique. On ne peut pas rester indifférent à ce type d'écrit, il interroge, il choque, il reste! L'écrit d'un héro de guerre qui peine à s'intégrer dans la vie civile après la libération, le tout formidablement bien imagé. La portée psychologique et spirituelle de cet écrit et intense, c'est une œuvre exigeante à laquelle on ne peut pas rester insensible! Je ne suis pas étonné qu'il soit autant apprécié par la critique, quel dommage de découvrir ce genre d'œuvre par hasard, elle mérite un travail de communication plus poussé. Merci à l'auteur pour ce formidable moment de lecture, on a aussi envie de remercier tous ceux qui se sont battus à ses cotés au risque d'y laisser leur âme pour notre liberté. Un bel hommage, je recommande!
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La montagne morte de la vie

La montagne morte de la vie, court roman ou longue nouvelle, suit les aventures lugubres d'un jeune mousse sur un gallion voué à la damnation. Un cas d'école de récit fantastique.

Le livre se découpe en deux parties : une première, avant que tout sur le gallion ne bascule, saisissante et efficace ; une deuxième gâchée par une écriture pauvre et décousue. Loin de bâtir progressivement la tension du fantastique jusqu'à l'apothéose, le style peine dans les dialogues et agace, de répétitions et errements en dialogues caricaturals, jusqu'à un dénouement que j'ai trouvé décevant. Une lecture en diagonale sans doute rapidement oubliée.
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Le murmure des dieux

Dans la famille Bernanos, je voudrais le fils.

Fervent catholique, Papa Georges n'a pas fait que râler, se désespérer avec brio des temps modernes, défendre la liberté, la monarchie et les combats spirituels des curés de campagne. Il s'est aussi efforcé de perpétuer cette espèce qui le désespérait tant et qui n'est pas composée que d'enfants de choeur.

Comme Papa, Michel à la bougeotte. Il a suivi son père lors de son exil en Amérique du Sud avant de rejoindre la France libre et de participer au débarquement en Normandie.

Fasciné par le Brésil, poète et auteur de romans policiers et fantastiques, Michel Bernanos a écrit cet excellent roman d'aventures qui se déroule au milieu de la forêt amazonienne. Sortez les machettes et lisez ce roman sous une moustiquaire.

La déforestation fait déjà des ravages à l'époque (alors que les tables de jardin en teck n'étaient pas encore à la mode !) et un gros malin a abattu un arbre sacré. Plus aucun autochtone ne veut depuis approcher la forêt maudite mais il faut toujours compter sur la cupidité de certains hommes pour braver les superstitions. Un jeune botaniste qui vient d'Europe se fait piéger et il est contraint de partir en stage d'oxygénation dans le poumon de la Terre avec un chercheur qui veut retrouver une civilisation perdue… et pas franchement pacifique.

Au menu, pirogues pour ramer, anacondas pour serpenter, piranhas pour animer les baignades, chutes d'eau pour la séance rafting, araignées comme animaux de compagnie, dîners Koh-Lanta, maladies tropicales faute de Covid, sacrifices humains à la plancha et repos du guerrier avec une beauté sortie d'un pub pour Tahiti douche.

Derrière cette synthèse à peine caricaturale, une histoire haletante et un propos en avance sur son temps (roman écrit en 1960) qui fait de la nature un personnage vivant qui se défend contre son principal envahisseur : le bipède à poil rasé.

Ce qui distingue ce roman d'un énième « Allan Quatermain et le temple perdu ou… contre les cannibales qui entre nous, auraient pu bouffer Richard Chamberlain pour épargner les hommes de la série Les oiseux se cachent pour mourir d'ennui » (un peu long comme titre !) ou de l'extraordinaire « A la poursuite du diamant vert », c'est la psychologie tourmentée du héros dont les fièvres de toutes sortes apportent une atmosphère onirique très réussie au récit. Autre différence, Michal Bernanos décrit de façon réaliste des lieux qu'il connait puisqu'il a aussi travaillé à Manaus dans l'exploitation des hévéas. ll est donc loin dans ses descriptions de la jungle de mes clichés et références cinématographiques douteuses, même si l'action nécessita une certaine concentration de bestioles peu fréquentables.

Lecture divertissante d'un roman méconnu qui mériterait plus qu'un murmure de postérité.

Je vais mettre ma tenue d'explorateur (surtout le bermuda beige de gardien de zoo) et partir à la recherche d'autres titres de cet auteur disparu en 1964 dans une autre forêt, celle de Fontainebleau.

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Le mort veille

Un groupe réuni au sein d'une maison angoissante avec un héritage à la clé et un meurtrier qui s'y déplace. Le plan machiavélique du vieil Oncle décédé apporte finalement une touche d'humour quand on prends conscience de la personnalité des protagonistes. L'intrigue est très bien menée, on ne devine pas l'issue, bien ficelée.
Lien : https://michelbernanos.com
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