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Citations de Michel Hulin (95)


Chant I
Le désarroi d'Arjuna

12. Alors, pour sa plus grande joie, l'ancien des Kuru, l'aïeul illustre, poussa un rugissement de lion et souffla dans sa conque.

13. Aussitôt, conques, tambours, tambourins, cymbales et cors retentirent dans un vacarme assourdissant.
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Le contenu de l’expérience du brahman ne se laisse pas exprimer par des mots car le langage découpe la réalité non duelle indivise en sujets, objets, actions, qualités, relations, etc. A ce titre, il a partie liée avec la nescience.
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…cependant, à partir du moment où les hommes ont commencé à soupçonner que des tels moments privilégiés ne leur étaient peut-être pas simplement octroyés par les dieux selon leur bon vouloir mais relevaient aussi d’un certain conditionnement mental et physiologique, il était inévitable qu’ils cherchent à développer de véritables techniques d’extase, aux fins de reproduire à volonté ces états aussi exceptionnels qu’ardemment désirés.

Or ce qui, à juste titre, choque les détracteurs des voies chimiques vers l’extase, c’est le nivellement radical qu’elles paraissent impliquer : l’extase devenant, au même titre, par exemple, que le sommeil artificiel de l’anesthésie, le résultat d’une manipulation appropriée du cerveau humain. Ils mettent volontiers en contraste la facilité dégradante de ces voies avec l’immensité des sacrifices exigés dans les voies religieuses traditionnelles, immensité qui serait seule à la mesure du caractère transcendant du but recherché – à savoir, la Vision béatifique.

On oppose ainsi à la séduction fleurie et menteuse, véritablement satanique, des voies chimiques ou techniques en général, l’austérité sublime des voies ascétiques. (pp. 113-114)
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Parce qu’il cherche moins à « sauver les phénomènes » qu’à dissoudre le sentiment de la finitude humaine, le Vedanta ne s’est jamais présenté comme une explication rationnelle du monde, une cosmologie. Il n’a jamais -pas plus que le bouddhisme mais à la différence du christianisme- comporté de dogmes relatifs au moment et aux circonstances de la création du monde, à la fixité des espèces vivantes, etc. Par là même, son image contemporaine ne saurait être celle d’une pseudo-science ou d’une vision préscientifique du monde, mais plutôt celle d’une discipline spirituelle jouant le rôle d’un indispensable contrepoids à l’expansion illimitée de la science et de la technique. Enfin, sur un plan plus strictement philosophique, le Vedanta non dualiste se présente comme un intermédiaire entre, d’une part, la tradition de la métaphysique occidentale enracinée en Grèce et, d’autre part, les disciplines spirituelles, délibérément non conceptuelles et rebelles à toute formulation ontologique de l’Extrême-Orient (taoïsme, bouddhisme, zen). Lié organiquement à la langue sanskrite, sœur de la langue grecque, il exprime lui aussi l’être comme substance, action, sujet, etc., mais demeure en même temps ouvert à tout un régime d’expériences spirituelles dans lequel ces catégories ontologiques perdent leur pertinence.
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Un moine zen, Rinzai, atteignit l’Éveil, et la première chose qu’il dit alors fut: " Ou est mon corps ? Où est passé mon corps ?» Et il commença à chercher. Il appela ses disciples et leur dit : "Mettez-Vous en quête de mon corps ; je l’ai perdu. » C’est qu’il avait atteint le Sans-Forme.

Vous aussi êtes une pure existence, dénuée de toute forme. Mais vous ne vous connaissez qu’a travers le regard d’autrui, jamais directement. Vous vous connaissez au moyen d’un miroir. De temps à autre, en regardant dans le miroir, fermez les yeux et pensez: "S’il n’y avait pas de miroir, comment pourrais-je connaitre mon Visage ‘? » S’il n’y avait pas de miroir, il n’y aurait pas de Visage.

Vous n’avez pas de Visage ; c’est le miroir qui vous en dorme un. Imaginez un monde sans miroirs. Vous y êtes seul. Pas le moindre miroir à l’horizon, pas même celui que constitue le regard d’autrui. Vous êtes seul sur une ile déserte ou rien ne peut refléter votre Visage. Aurez-Vous alors encore un Visage ? Et même un corps ? Vous ne pouvez pas en avoir un.
Nous ne nous connaissons que par l’intermédiaire d’autrui, et autrui ne connait que notre forme extérieure. C’est pourquoi nous nous identifions à elle.

Un autre mystique zen, Hui-Hai, avait coutume de dire à ses disciples: « Si Vous perdez votre tète au cours d’une méditation, venez immédiatement me trouver. Quand Vous commencez a sentir que Vous n’avez plus de tète, n’ayez pas peur et venez aussitôt me Voir. C’est le bon moment, le moment ou il est possible de Vous enseigner quelque chose.
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…on a en vue ici, notamment, une certaine ambiguïté qui est au cœur de la métapsychologie freudienne : à un schéma essentiellement symétrique – le grandiose équilibre cosmique d’Éros, la force qui unit, rassemble et édifie, et de Thanatos, la force qui sépare, disperse et détruit – s’oppose un schéma asymétrique – à savoir, le principe selon lequel l’inorganique ou l’inerte est plus « ancien », en tout cas plus stable, plus probable statistiquement, que l’organique, le complexe, le vivant. Or ce second schéma repose sur une intuition fondamentalement matérialiste et réductrice, présente d’un bout à l’autre de l’œuvre freudienne, et qui aboutit, d’une manière aussi logique que paradoxale, à poser que le principe de plaisir lui-même est au service de la pulsion de mort.

Sans chercher, pour l’instant, à porter un jugement sur cette construction, on peut remarquer qu’elle se traduit, à notre échelle tout au moins, par un privilège évident de la destruction sur la construction. Si les conduites humaines les plus inspirées par l’Éros sont en même temps secrètement animées par une nostalgie du repos, de la non-souffrance, de l’anéantissement, cela implique que sadisme et autodestruction gangrènent le désir, tout désir, et que la vraie paix à laquelle nous aspirons est celle des cimetières.

On comprend alors que Freud, comme s’il devait inévitablement reculer devant les conséquences de ses propres découvertes, se soit mis en quête d’antidote, de moyens artificiels de rétablir, dans l’existence sociale, un certain équilibre entre Éros et Thanatos. (pp. 32-33)
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D'abord, il y a la joie brute, massive, suffocante, indicible. Pendant un bref instant, l'intellect est mis hors circuit, très vite sans doute, se manifeste le besoin de "respirer", de prendre un peu de distance par rapport à l'événement, de comprendre ce qui vous arrive. C'est alors que le sujet renoue avec son monde familier, retrouve son bagage culturel, ses croyances, ses catégories et qu'il tente, avec "les mots de la tribu", d'y intégrer ce qu'il vient de vivre.
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Accéder à ce qui n'est ni extérieur, ni intérieur, qui ne réside ni en haut ni en bas, ni aux points cardinaux ni dans le ciel, n'est ni quelque chose ni rien, n'est ni matière ni pensée, se trouve partout présent et manifeste en même temps que caché, vide comme le firmament, sans commencement ni fin, sans naissance, c'est là le détachement.

Toute démarche de pensée abolie en lui, affranchi de l'unité comme de la dualité, ayant rompu tous les noeuds du coeur et mis un terme à tous ses questionnements, il devient un délivré-vivant.

Sa vie n'est pas éteinte mais elle brille sans flamme, comme une lampe représentée en peinture. Il est vide à l'intérieur et vide à l'extérieur, semblable à une cruche vide dans le ciel de l'espace.

Mais il est aussi plein à l'intérieur et à l'extérieur, comme une cruche pleine d'eau immergée dans l'océan. En un sens, il a gagné quelque chose, en un autre sens il n'a rien gagné qu'il ne possédât déjà.
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Chapitre 18
Servitude et délivrance
(...) De même qu'un miroir, bien qu'unique, semble devenir multiple de par la variété des objets qui se reflète en lui, de même, la conscience pure, bien qu'unique, parait se revêtir de diversité. Considère que dans les rêves, l'esprit assume à lui tout seul les trois aspects de voyant, de vision et de chose vue. De la même façon, la pure conscience se manifeste sous une multiplicité d'aspects. (...)
L'esprit (manas) lui-même n'est pas autre chose que la pure conscience. Dans le rêve l'esprit, considéré en tant qu'instrument servant à produire certains effets, est purement fictif, eh bien, il en va de même dans l'état de veille. (...)
De ce point de vue, l'espace et le Soi conscient se ressemblent, bien que la conscience, à la différence de l'espace, soit à elle-même sa propre lumière. Pour le reste, leurs caractéristiques sont identiques : plénitude, subtilité, pureté immaculée, absence de naissance et de contour propres, infinitude, rôle de support universel, absence d'attaches, présence à l'extérieur et à l'intérieur de toutes choses. La seule différence est que l'espace ne pense pas, autrement il serait parfaitement légitime de l'assimiler à la pure conscience. (...)
La suprême Déesse est la conscience en sa forme universelle. Essentiellement lumineuse, elle se distingue de tout ce qui est matériel. Elle repose en elle-même, forme accomplie du "Je". (...)
L'espace en effet, n'est pas autre chose que la dimension du Soi selon laquelle il se présente (fictivement) comme dépourvu du "je pense". (...)
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Noms et formes sont supposés contenus dans le brahman à la manière dont le bloc d’argile « contient » l’infinie diversité des objets que le potier peut en tirer.
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Sous l’empire de la nescience, le Soi unique, identique au brahman, s’agrège, se surimpose toutes sortes de déterminations étrangères ou « conditions limitantes extrinsèques » (upadhi), souvent appelées simplement « noms et formes » (nama-rupa) qui le démultiplient et le particularisent illusoirement.
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Conversation dans la montagne.
Hommage à (la Déesse Tripura), forme suprême de la conscience, essence de la félicité originelle, miroir pensant où se mire toute la diversité de l'univers.
(Haritayana dit) "Tu as écouté avec attention, Narada, la Célébration de la Déesse Tripura. Je vais maintenant te révéler la teneur de la Section de la Connaissance, doctrine admirable qui conduit au Bien suprême. Quiconque a écouté et compris ce texte est à jamais délivré du chagrin.
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Immuablement libre de toute chose,
Libre de toute réalité,
Comment pour lui ici-bas y aurait-il vie, mort ?
Qu’y aurait-il à méditer ou non ?
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Continuellement soumis à la connaissance-ignorance,
Comment s’affranchir de la dualité-non dualité ?
Comment, lorsqu’on est pleinement détaché,
Percevoir une saveur unique, immaculée ?
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Oui, la pensée est semblable au ciel,
Oui, elle est sans limites,
Elle a tout franchi, elle est toute chose,
Mais la pensée n’existe pas,
Du point de vue de la réalité ultime.
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Ainsi, rien de ce qui est perceptible ne peut constituer ta forme propre car cela est éminemment modifiable. Tu n'es donc que la pure aperception, laquelle n'est jamais perceptible. Cette pure lumière, en elle-même toujours exempte des traits distinctifs des choses visibles, est comme irisée par la diversité multiforme que le corps, l'espace et le temps projettent fictivement sur elle. Écarte donc toute espèce de représentation synthétique et considère ce qui subsiste, à savoir la pure essence de la conscience, comme ton propre Soi. Ce dernier une fois repéré, il suffit de ne plus prêter attention au reste (le corps, etc.) pour que se dissolve l'inconnaissance, source de la transmigration universelle. La délivrance ne se trouve pas quelque part sur la terre, ni au fond du ciel ni dans les régions infernales. Elle est, pour chacun, le simple déploiement de sa forme propre, une fois suspendue l'activité mentale.
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Les psychologues, d’abord aux États-Unis puis en Europe, ont pris l’habitude de ranger sous cette appellation collective une multitude, à première vue très hétéroclite, d’états mentaux : y figurent aussi bien la transe médiumnique que l’état intermédiaire entre veille et sommeil, la possession rituelle, l’orgasme, le « rêve lucide », l’impression de quitter son corps, les visions de l’agonie, les effets des hallucinogènes, etc. Dans tous ces états, cependant – et c’est là leur dénominateur commun –, « le sujet a l’impression que le fonctionnement habituel de sa conscience se dérègle et qu’il vit un autre rapport au monde, à lui-même, à son corps, à son identité » .
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Nous sommes bien en présence de deux évidences de sens contraire. La vie humaine s'écoule vers la mort comme les fleuves vont à l'océan. Sa mortalité est sa pente, sa déclivité. Sans cette muette et constante sollicitation, elle se décomposerait dans l'inertie et l'inconscience. Et pourtant, tout semble indiquer que notre rencontre avec la mort prend fatalement l'allure d'un rendez-vous manqué: vivants, nous arrivons trop tôt; morts, nous l'avons déjà laissée en arrière. D'un côté, je ne puis pas « mourir », au sens d'une action transitive qui me ferait passer de l'être-vivant à l'être-mort. De l'autre, je ne puis me saisir autrement qu'en marche vers ma fin. Il nous faut tenir les deux bouts de cette chaîne, nous penser en somme comme des « immortels mourants ».
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Ce qu'il y a de diabolique dans la drogue, c'est sa capacité à mimer le résultat d'une ascèse. L'homme abusé par la drogue est semblable à un acteur qui jouerait sur la scène le rôle d'un saint et s'identifierait à son rôle au point d'oublier, le temps de la représentation, la médiocrité de sa vraie personnalité et de se sentir l'âme d'un saint. La drogue laisse entrevoir à l'homme ce qu'il "pourrait" devenir, mais elle le fait toujours sur un mode hallucinatoire, en escamotant à ses yeux l’immense distance qui le sépare encore de cette possible version glorieuse de lui-même. S'abandonner à la drogue, c'est donc en un certain sens, vivre à crédit. C'est goûter dans l'immédiat des jouissances aux-quelles on n'a pas droit, qu'on n'a pas "méritées". Mais tout se paie.
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Rien n'interdit, à la rigueur, de considérer le Bouddha comme un cas limite (borderline) de personnalité dépressive, mais à condition d'admettre, au moins à titre de possibilité la réciproque : à savoir que la personne dépressive est capable, en tant que telle, de développer une certaine lucidité " pessimiste" qui l'élève bien qu-dessus des illusions partagées par la masse des bien-portants conformistes et l'amène dans les parages - seulement dans les parages - d'une authentique compréhension de la première "vérité sainte".
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