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Citations de Michel Le Bris (112)


Je ne considère pas que la science-fiction soit une littérature "populaire", ni au reste "noble". Je pense que la distinction entre "littérature populaire" et "noble est entièrement arbitraire.
Il y a la mauvaise et la bonne littérature, et il y a des textes de qualité intermédiaire. (Norman Spinrad)
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Nous pensons – ou l’on s’obstine à nous faire penser – dans les catégories du stable, Etat-nation, territoires, frontières, opposition intérieur-extérieur, familles, communautés, identités, concept.
[…]
Que serait une histoire à l’inverse de celle enseignée, qui se penserait d’abord à partir de ces circulations de marchandises, de personnes, d’argent, d’idées, de croyance, de rêves, au fil des routes ?
Penser en termes de flux et non plus de structures, oser sortir des catégories du stable pour se risquer à une pensée du mouvant : il se pourrait bien, souligne le philosophe indien Arjun Appadurai dans Après le colonialisme (Payot, 2001) que le monde qui vient nous y oblige très vite. Flux de populations, comme jamais le monde n’en connut, migrations, volontaires ou subies, flux de capitaux, flux d’images, de sons, d’informations, dont nous voyons bien qu’ils traversent toutes les structures qui tentaient jusque là de les contenir ou de les réguler, qu’accompagnent de fantastiques téléscopages culturels : un maelström, où meurt un monde et s’engendre un nouveau, dont nous ne commençons qu’à peine à discerner les contours mais d’où nous sentons bien qu’il exigera de nous un changement de coordonnées mentales. Où l’imaginaire individuel et collectif, paradoxalement, pourrait retrouver une place centrale de puissance de création, poursuivait Appadurai, par la création de communautés imaginaires, fluides, plurielles, en perpétuelles recompositions, mais aussi par la création de soi : chacun, de plus en plus au carrefour d’identités multiples, ne se retrouve-t-il pas mis en demeure d’avoir à inventer un « récit personnel » articulant pour lui, en une forme cohérente, cette multiplicité.
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Dans la salle enfumée du bistrot de marins, des noms passaient, que l’on aurait dit des soupirs portés par le vent battant les volets clos : Mascareignes, Terre de Feu, Veracruz – et c’était comme si les murs, alors, se reculaient jusqu’au bout de la terre…
Le jour revenu, je courais de rocher en rocher, tandis que les cargos s’éloignaient vers le large, et je restais des heures à fixer l’horizon : là-bas, derrière la ligne bleue où ils disparaissaient, il y avait des mondes, effrayants et splendides, et, à n’en pas douter, des îles de corail sous les cieux sans nuage. Un jour, moi aussi, je m’en irais !
Je m’en allais déjà, le nez dans la poussière de mon grenier, avec pour seul témoin le ciel, par l’étroite lucarne, pour seuls complices les grands chevaux de l’empire des nuages, tandis que je tournais les pages de mes trésors, Curwood, Stevenson, Jack London, le Journal des voyages – et chaque livre, alors, m’était comme une porte qui ouvrait sur des mondes…
Je suis parti. Du moins j’ai essayé.
Voici quelques fragments de ce qui m’attendait, derrière la ligne d’horizon…
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C'est par lui qu'un jour, furetant dans le désordre d'un grenier, sous une voile de misaine tachée de rouille, au fond d'une malle ventrue, je découvris Robert Louis Stevenson.
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Le malheur peut se figer en ressentiment : il est alors la ruine de l'âme, effondrement continu de l'esprit. En quoi il n'est pas de révolution simplement "réactive", produit mécanique d'une accumulation de malheurs jusqu'à l'insupportable : il faut une opération de transmutation, un sursaut de l'Esprit, ce mouvement par lequel le malheur peut se convertir en force de subversion, en liberté joyeuse, nouvelle - celle-là même que nous appelons "révolte"...
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Ce contact à chaque fois singulier : voilà ce que la librairie peut proposer d'unique. Avec ceci, dont on ne mesure pas toujours l'importance, que nul site ne peut offrir : que l'on peut y trouver ce que l'on ne cherche pas.
Ce que l'on ignorait, ce que l'on imaginait pas, qui vous surprend, vous ouvre de nouvelles pistes.
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Mystérieux sont les chemins que se fraie l’imaginaire dans les forêts obscures. Styliste magnifique, essayiste de génie, raconteur d’histoires incomparable, Stevenson déploya tout son talent, jouant de sa maladie, pour échapper à l’école et vivre dans ce qu’il appelait son « royaume de la couette » avec ses magazines, son petit théâtre de figurines en carton, sa ménagerie et ses soldats de plomb, avec lesquels mettre en scène les récits épouvantables que lui narrait sa nurse, Cummy. Il s’initia à la littérature sans autre guide que sa curiosité et sans autre méthode, ignorant résolument contextes, biographie, histoire littéraire, jugement des adultes, que l’approche de ce qui faisait selon lui la singularité de chaque œuvre, autrement dit son style, qu’il s’acharnait à imiter jusqu’à en maîtriser tous les tours. Un cas extrême, direz-vous ? Mais aux résultats pour le moins impressionnants. (…) Esprit d’enfance et esprit de fiction allaient pour lui de pair. Non comme moments de l’existence, passage vers un âge de raison, mais comme « Grand jeu » – voie d’accès à un autre plan de réalité.
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Je peuplais le dehors de mes rêveries, de mes lectures, noircissant fiévreusement les pages de mon cahier de rédaction et chaque chose devenait merveille, bruissait d’histoires nouvelles? Dans un bosquet de saules au coin d’une prairie, j’avais construit un wigwam digne de Chingachgook, que même Magua le traître n’aurait pu déceler, les paisibles laitières de René Deunff devenaient des long horns que, bravant les périls, Indiens ou outlaws, je mènerais à bon port – leur crèche à la ferme, à défaut d’un corral aux portes de Dodge City. À bord du Courlis, canot à misaine sans dérive de mes copains de vacances, j’attaquais le château du Taureau, massif, qui nous narguait au milieu de la baie, quand, réfugiés à l’île Stérec, nous ne jouions pas aux Robinsons, en grillant quelques maquereaux frais pêchés.
Fictionnant le monde, j’apprenais à l’habiter.
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La douleur, comme une vague de froid qui s'abat sur une ville m'envahit. Je décidai de la laisser opérer. Je dis à la peine: Prends tout: mon ventre, mes entrailles, ma poitrine, mon cœur. Je te laisse mon cœur et mon âme en pâture, prends tout. Je te donne cinq heures. Mais si je te survis, j'irai te chercher jusqu'au cœur de ce qui fonde ton essence et je t'éteindrai en moi. Je t'extirperai de tous mes pores pour toujours.
La douleur me tint compagnie jusqu'à ce la fatigue me fît sombrer dans l'inconscience du sommeil. p227
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Et toutes ces tombes qui poussent dans les rues ?
Ces tombes qui fixent vos yeux à chaque coup de feu
C'est moi, monsieur l'Autorité
Mort par noyade, mort par balle
Mort par obus, mort par confusion physionomique
Mort par manque de maîtrise de la langue maternelle
Mort pour avoir aimé un homme.
Mort pour être né au sud du pays d'un père du nord du pays
Et au nord du pays d'une mère du sud du pays
Mort pour avoir aidé un voisin à fuir avec sa famille
Mort pour avoir refusé d'exterminer ma femme qui était de l'autre ethnie
Mort pour avoir refusé d'égorger mes enfants
Parce que leur grand-père maternel est de la même ethnie que le Président déchu
Mort pour avoir protesté à la pendaison d'un voisin
Mort de trouille
Mort pour avoir refusé de participer au viol de réconciliation
Mort pour des locks, mort pour avoir été un punk
Mort par manque de souffle lors de la fuite
Mort après avoir mangé un mouton malade qui aboyait
Mort par honte pour avoir été forcé sous les ordres des armes
De faire une visite guidée dans le musée intime de ma mère, à tour de rôle avec mon frère
Pendant que mon père visitait le hall intime du musée de ma soeur
Mort par impuissance en voyant des vieux se faire braiser la prostate sous les coups de crosse.
Mort par poulet à la dioxine
Mort par mauvais conseil du pape sur les bottines sexuelles
Mort de rire pour ne jamais mourir
Mort par pendaison
Mort par distraction
Mort par curiosité
Mort enterré vivant
Mort à petit feu
Mort électrique
Mort mi-pute, mort mi-soumise.
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- Dis-moi, grand-père, qu'avez-vous fait de l'Afrique, qu'allez-vous nous en laisser ?
[...]
- Le seul héritage que nous pouvons vous léguer, c'est un peu d'expérience et beaucoup d'erreurs.
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On nous annonçait un monde uniformisé : c'est tout le contraire qui semble s'amorcer, malgré les intimations de la "bonne pensée". En cette période de diabolisation de tout ce qui de près ou de loin suggère une connivence avec la "mondialisation" il devient en effet de bon ton de 'se suffire sur place". le temps n'est pas loin où l'on dénoncera en chaque voyageur un colonialiste en puissance, sous le prétexte de "respect de l'autre" - quand il s'agit d'abord, pour ces censeurs, de s'en protéger, en l'ignorant. Mais pour combien de temps, quand le torrent déferle ?
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