Citations de Michel Pastoureau (581)
La couleur n’est pas tant un phénomène naturel qu’une construction culturelle complexe, rebelle à toute généralisation, sinon à toute analyse.
À la question : « Que signifient les mots rouge, bleu, noir, blanc ? », nous pouvons bien entendu montrer immédiatement des choses qui sont de telles couleurs.
Le 13 octobre 1131 ne compte pas au nombre des « Trente journées qui ont fait la France », pour reprendre le titre d’une ancienne et célèbre collection d’ouvrages consacrés aux événements fondateurs de l’Histoire de France.
Dans ces associations entre une couleur et un concept, une triade se dégage nettement et représente la véritable force symbolique de la couleur verte dans les sociétés occidentales contemporaines: la santé, la liberté, l'espérance. (p.221)
Tout un courant de pensée semble avoir confisqué l'usage et la symbolique du vert. Celui-ci n'est plus tant une couleur qu'une idéologie. (p.218)
Sur une surface verte une décision est prise, un destin se décide, la fortune choisit son camp. [...] Le vert est la couleur du jeu et de l'enjeu. (p.214)
[A partir du XIXè siècle], le vert n'est plus seulement la couleur de la nature, de l'espérance et de la liberté, c'est aussi celle de la santé, de l'hygiène, des loisirs, de l'agrément et même du civisme. (p.184)
Un drapeau est toujours un lieu de mémoire et une invitation au rêve. Mais c'est aussi un objet qui se prête à toutes les interprétations, tous les égarements, toutes les trivialités. (p.181)
Comme souvent au Moyen-Âge, le rituel semble plus important que le résultat, et les nombres sont plus des qualités que des quantités. (pp.150-151)
Héritière des lois somptuaires et des morales religieuses de la fin du Moyen-Âge, la Réforme protestante déclare de bonne heure la guerre aux couleurs qu'elle juge trop vives ou trop voyantes et donne en tous domaine priorité à un axe noir-gris-blanc. (p.142)
Les métiers de la teinturerie sont en outre spécialisés et compartimentés selon les matières textiles (laine, lin, soie) et selon les couleurs. Les règlements interdisent d'opérer dans une gamme de couleurs pour laquelle on n'a pas licence. (p.119)
Le but de la chasse médiévale n'est pas tant la quête de nourriture que l'accomplissement d'un rituel dont le vacarme est l'élément essentiel. Cela vaut aussi bien pour les chasses littéraires que pour les chasses véritables. (p.117)
C'est en effet une erreur de croire que les affaires de sorcellerie appartiennent au monde médiéval et à son prétendu "obscurantisme". Non, les affaires importantes et les grands procès n'apparaissent qu'au XVè siècle et concernent bien davantage les deux siècles suivants. (p.108)
Tout au long de l'Histoire, dans les guerres des emblèmes et des symboles, le regard de l'autre a toujours été déterminant. (p.57)
Dans la Grèce comme dans la Rome antique, la polychromie était violente et recouvrait presque tout. (p.34)
Les Grecs voyaient parfaitement les couleurs mais avaient aussi un goût bien marqué pour les teintes vives et contrastées. (p.26)
Dans les usages du lexique,l'écart est souvent grand entre la couleur nommée et la couleur réelle des êtres et des choses.Quand il qualifie le vin l'adjectif "blanc" est synonyme de "clair" .Il ne renvoie pas à la coloration du liquide mais à sa clarté ,sa limpidité , sa luminosité .
...Il demeure dans le blanc quelque chose de secret et d'inaccessible ,à la fois attirant et angoissant ,fascinant et paralysant, comme si cette couleur , contrairement aux autres ,n'étaient pas encore dégagée de toutes ses dimensions surnaturelles. Faut-il s'en réjouir ou s'en inquiéter?
Mais d'une manière générale, les grands peintres des jaunes sont plus récents : Turner, Gauguin, Van Gogh, la plus part des fauves , Schiele, Kupka.
Une couleur n’existe que parce qu’on le regarde. Elle n’est en sommer qu’une pure production de l’homme. A méditer.