AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Michel de Montaigne (124)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Bac 2020 : Des cannibales - Des coches

Je me suis trompé !

Je ne lis pas Christine Bénévent, mais Michel de Montaigne.

. Oui, j'ai connu des maîtres de conférence et des professeurs d'université passionnants : Georges Vigarello [ également auteur de grande qualité ], Christian Pociello.

.

Mais je préfère, comme beaucoup d'entre vous, critiquer le texte original, que de passer par des préparateurs de textes. Je n'ai pas lu ce qu'a écrit Christine Bénévent.

Comme d'habitude, ce livre de philo est agrémenté de commentaires.

Ce qui est fort de café, c'est que l'auteure s'est appropriée l'ouvrage !

Comme je veux un truc de Montaigne, je reprends le même livre, dans une autre édition, dont Montaigne est l'auteur, et je pourrai ainsi faire des citations de Montaigne, et une critique de Montaigne !



Ah-là-là !



( mille excuses )
Commenter  J’apprécie          241
De l'amitié

Le chapitre du livre I des Essais, que Montaigne consacre à l'amitié, aurait dû servir de préface aux écrits d'Etienne de la Boétie, ami de l'auteur, mort trop jeune. Montaigne projetait donc de placer au centre de son livre le livre d'un autre, à savoir "Le discours de la servitude volontaire". Il en fut empêché parce que des éditeurs genevois du parti protestant publièrent l'écrit de la Boétie avant lui, et il est probable qu'il ne voulut pas paraître leur donner raison en pleine guerre civile. Il se décida alors à publier, après "De l'amitié", vingt-neuf poèmes d'amour de son ami, dédiés à une dame. Mais quand Montaigne mourut à son tour, travaillant encore à son livre, son éditrice et héritière intellectuelle, Marie de Gournay, trouva les sonnets de la Boétie biffés dans l'édition finale que Montaigne préparait et qu'elle publia en 1595.

*

"De l'amitié" est donc une préface aux écrits absents de la Boétie, et un hommage de l'auteur à son ami mort trop tôt. On n'y trouvera pas le détail, ni le récit, du peu de temps que dura l'amitié des deux hommes : Montaigne, dans ses Essais, n'a aucune intention autobiographique et les rares fois où il parle de lui-même, c'est à titre d'exemple parmi d'autres de la parfaite amitié qu'il se sent favorisé d'avoir vécue. C'est donc parmi d'autres exemples d'amitiés tirés des Anciens que l'on trouvera le témoignage personnel de l'auteur, ce qui n'empêche pas ces pages de vibrer d'une profonde émotion, d'autant plus belle qu'elle est mieux retenue. Mais le but est de définir la parfaite amitié en s'appuyant sur l'expérience personnelle de l'auteur et sur ses lectures : c'est la méthode même de l'essai.

*

C'est à la politique qu'il faut revenir pour aborder correctement ce chapitre : Aristote, de toute son autorité, nous enseigne que rien n'est plus dangereux pour un état tyrannique, que l'amitié véritable de deux hommes. En effet, deux vrais amis se font absolument confiance, alors que le tyran appuie son pouvoir sur la peur et la méfiance que chacun a pour son prochain. La véritable amitié que forgent deux citoyens est donc le premier pas vers la liberté.
Commenter  J’apprécie          150
De l'amitié

On a tous connu, à un moment de sa vie, une relation exceptionnelle comme celle de Montaigne et La Boëtie, puis on l'a perdue, oubliée, que sais-je....

En écrivant ces lignes, je plains ceux qui prétendent n'avoir jamais connu ce sentiment ou pire encore n'en avoir jamais éprouvé le besoin.

Montaigne confessera après la disparition de son ami, qu'il n'aura jamais écrit les essais, s'il avait continué à échanger des lettres avec lui.

Cet essai de Montaigne sur l'amitié a un style particulier, plus intimiste, loin des déclarations empreintes de puissante logique. Cet écrit cherche à expliquer l'inexplicable, pour quoi lui pourquoi moi, et y répond simplement par le fameux "parce que c'était lui parce que c'était moi".

Le texte cherche aussi à explorer les différences entre amour et amitié, combien de fois ce sujet n'a-t-il été rabâché, avec maladresse et pathos, par tout ce que la terre compte de psychologues, conseillers, philosophes et autres individus mal intentionnés.

Montaigne épousera plus tard Françoise de Chassaigne une jeune fille de bonne famille,  "L’amour me soulagea et retira du mal qui m’était causé par l’amitié » « Et tout licencieux qu’on me tient, j’ai en vérité plus sévèrement observé les lois du mariage que je n’avais ni promis ni espéré.» 

Si son mariage présente toutes les apparences de la réussite, les biographes de l'auteur s'accordent à dire que l'amour n'était pas au rendez-vous, même si quelques années plus tard Françoise devenu veuve cultivera avec compassion, la mémoire de Michel Montaigne.

Lisez, relisez, faites lire et relire cet ouvrage admirable qu'est "de l'amitié" de Michel Montaigne ; une oeuvre aux accents contemporains dont la lecture ne me lasse jamais.


Lien : http://desecrits.blog.lemond..
Commenter  J’apprécie          7713
De l'amitié

Écouter Michael Lonsdale lire "De l'amitié" de Michel de Montaigne est un pur bonheur. Il s'agit d'un texte extrait du gros volume des célèbres "Essais".

Le philosophe humaniste du 16ème siècle plaçait très haut l'amitié notamment celle partagée avec Étienne de la Boétie. C'est pour lui qu'il a écrit "Parce que c'était lui, parce que c'était moi" et cela fait plaisir de recontextualiser les citations apprises dans ma jeunesse.



Dans ce texte introspectif, Montaigne oppose l'amitié, plus tempérée et constante, à l'amour pour les femmes, plus fiévreux et volage. Il la distingue aussi au mariage comparé à un marché restreignant la liberté et l'égalité. L'amitié est pour lui le seul lien vraiment libre entre deux individus, un sentiment sublime mais pas dans le sens ordinaire plutôt un idéal qui unit deux grandes âmes au point qu'on ne peut plus les distinguer. Cela revient à penser que Montaigne et La Boétie étaient prédestinés l'un à l'autre avant de se connaître.



Quel beau texte même si l'amitié de ces deux hommes est certainement trop idéalisée.

On comprend pourtant que Montaigne n'aurait certainement pas écrit les "Essais" inspirés par son ami, de son vivant et même après sa mort. J'imagine que sa perte a dû être douloureuse.





Challenge Riquiqui 2023

Challenge Temps modernes 2023

Commenter  J’apprécie          110
De la vanité

Ô rage ! ô désespoir !

Que les philosophes écrivent mal !

Pourtant "Les essais" sont une oeuvre plusieurs fois remaniée, de 1580 à 1592."De la vanité" fait partie du livre III. De quoi est-il sujet ? De beaucoup de choses,mais peu de vanité. Montaigne parle d'oisiveté, de conscience, de "dette " , de cette misérable guerre civile ( catholiques / huguenots ), d'avidité "sous l'ombre des lois" ( j'adore l'expression très justifiée et toujours très actuelle ), de la France, de Socrate, des voyages, de la place des femmes, des sages, de l'amitié, d'une mort qu'il voudrait en paix, de la politique pour laquelle il faut quitter le droit chemin, de Rome universelle, de la fortune ( Dieu ou le hasard, on ne sait pas )...

.

Ce livre a été compliqué à déchiffrer, car même si l'on comprend tous les termes, certains étant marrants ( échanguette, commourants, impollu, les branles du ciel, m'embesogne ), la plupart des tournures des phrases reste peu compréhensible. D'autre part,il y a beaucoup de bla-bla, et enfin beaucoup trop de citations, qui décalent le lecteur par rapport à la pensée de l'auteur. Cette pensée est beaucoup trop vagabonde. Les philosophes ne savent pas écrire, et soit ils écrivent à vau l'eau comme Montaigne, soit ils ordonnent leurs pensées d'une façon incompréhensible comme Spinoza ou Nietzsche. Pour les deux façons, j'ai un manque de contexte évident. Nous avons heureusement de très bons philosophes-écrivains.

.

Cependant, des passages sont bien agréables, Montaigne me fait l'effet d'un Jean d'Ormesson de la Renaissance, publiant une espèce de bulletin du XVIè, d'états d'âmes, d'introspection. J'ai beaucoup aimé son passage sur la presse ( la politique). Il sait de quoi il parle, ayant été maire de Bordeaux.

.

Enfin, pour ce qui est de la vanité, il paraît hors sujet tout au long du livre, mais il se rattrape à la fin, je ne vous dis pas comment !
Commenter  J’apprécie          303
De la vanité

On avait un super prof de français cette année là. Il m’avait emballé avec Montaigne.

J’avais aimé ce type du XVIème siècle, déjà très cool pour son époque. M P... avait poussé très loin. Il voulait nous faire comprendre que Montaigne exagérait un peu, avec sa façon de voyager pour rencontrer de vrais Persans ou pas de Gascons en Sicile.

Il nous a raconté un de ses voyages en Allemagne de l’Est.

Dans ce pays, il avait rencontré un M Durand de Vierzon dans l’ascenseur d’un hôtel à Berlin.

Eh bien, nous disait-il, même si je suis d’accord avec Montaigne, je n’ai pas pu m’empêcher de parler avec ce M Durand, auquel je n’aurais jamais parlé si on n’avait pas été tous les deux en Allemagne de l’Est, simplement parce qu’il était français comme moi.

Cette année-là, grâce à Mr P..., j'ai appris la nuance, la modération, la tolérance, l'acceptation des idées des autres.


Lien : http://desecrits.blog.lemond..
Commenter  J’apprécie          192
Des cannibales

Des cannibales est un micro-essai, issu lui-même des Essais de Montaigne.

Ce passionnant petit récit nous montre avec un humour noir grinçant, fantaisie et une didactique légère, le monde intellectuel de la renaissance, décortiquer les peuples primaires du nouveau monde.

Entre réalité scientifique, objective et imaginaire de conte philosophique, l'auteur évoque une peuplade sud-américaine, au travers des dires parfois douteux, de voyageurs ayant vécu ces expéditions lointaines et dangereuses.

Mémoires incertaines de personnages, peu désireux de dresser un portrait flatteur de ces indigènes.

Le génie de Montaigne est justement de prendre le contre-pied de ces individus, en démontrant avec analyses et finesses, que les plus barbares ne sont pas ceux que l'on peut supposer.
Commenter  J’apprécie          221
Des cannibales

Sous prétexte de parler des sauvages cannibales, des barbares du Nouveau Monde, Montaigne retourne le problème.C'est vers les hommes de son temps que se dirigent les critiques. Qui est le plus barbare entre celui qui torture et laisse mourir les indigents et celui qui certes mange ses prisonniers de guerre mais en le tuant de manière franche et qui s'occupe des pauvres ?

Pour mettre en évidence ce contraste, il utilise un procédé qui sera repris par Voltaire dans L'Ingénu ou par Montesquieu dans Les Lettres Persanes : faire venir des étangers (ici des Brésiliens) et les faire déambuler dans une ville française. Et de rapporter leurs réactions et réflexions. Et l'on sait que ce n'est guère flatteur.

Il y a cependant beaucoup de mythe du bon sauvage dans la réflexion de Montaigne. Pour lui les "Indiens" sont plus proches de l'état de nature, donc moins perverti que les hommes du Vieux Continent. Pour les comprendre, il convoque les grands philosophes grecs, plus à même de les comprendre selon lui.

Si ce texte n'est pas exempt de critiques, il a l'avantage de remettre de la distance entre nous et nous, pour nous faire prendre conscience que les autres aussi, ce sont des hommes. Mieux encore, des êtres humains.

Commenter  J’apprécie          50
Des cannibales

Dans "Des cannibales", Montaigne se livre à une comparaison passionnante entre les moeurs des populations supposées barbares ou primitives et celles des européens de son temps et l'on ne peut pas dire que ce soit très flatteur pour les européens, qui voient leur mode de vie critiquée et la supériorité supposée de leur modèle, relativisée ! Ce que j'aime beaucoup, dans ce texte de Montaigne, est la manière qu'a Montaigne de prendre du recul et de rappeler qu'au final, les populations amérindiennes, ne sont sauvages, qu'au sens des européens, qu'elles ne sont barbares que si l'on considère les habitants d'Europe comme civilisés. Cela nous permet de découvrir d'assez beaux moments d'ironie, tout en découvrant une autre vision de ce qu'est la civilisation et de ce qu'est la véritable sauvagerie.

Je reprocherais cependant à Montaigne d'avoir dépeint les populations amérindiennes, de manière tellement idéale, qu'elle ne peut qu'être exagérée et prête même à sourire ; dire que les populations amérindiennes ne sont pas aussi sauvages que le pensait les colons européens (du moins, selon la définition que les colons, donnait de "sauvage") est une chose, dire qu'elles sont quasiment dépourvues de tout vice en est une autre.

Toutefois, malgré ce petit défaut, c'est un texte intéressant, dans lequel Montaigne fait montre d'une ironie qui fait plaisir à voir.
Commenter  J’apprécie          200
Des cannibales - Des coches

S'il fallait lire deux essais de Montaigne ce seraient ces deux-là: pas une ride!



Quelle clairvoyance, quelle prescience des catastrophes à venir, quelle vigoureuse ironie et quelle vibrante indignation! La colonisation et le fameux "choc des civilisations" fantasme commode pour l'exploitation de l'une par l'autre -devinez lesquelles- y sont abordés à l'occasion d'une ambassade de Montaigne auprès de ces fameux cannibales et d'une méditation sur les dégâts irrémédiables -déjà- des conquistadores, plus tard évoqués par Hérédia "comme un vol de gerfauts hors du charnier natal"...



On est loin du mythe du bon sauvage de notre Jean-Jacques, idéaliste et un peu naïf, qui donnait envie à qui le lirait de "marcher à quatre pattes", disait cette peste de Voltaire.



La sagesse, la culture, le raffinement des civilisations amérindiennes ne le laissaient en rien à leur courage, ni à leur droiture. Culturellement et moralement, ils éclipsaient largement leurs futurs vainqueurs. Ce sont seulement la poudre et les balles qui ont prouvé leur "supériorité" sur ce nouveau monde à qui nous n'avons pas laissé la moindre chance de revigorer notre vieux monde perclus et corrompu. S'en suivra un déséquilibre que nous n'en finirons pas de déplorer. mais il sera trop tard: le mal sera fait, nous dit en substance Montaigne.



La fin des "Coches" - quand, sous les coups de feu des conquistadores, s'effondre au sol le "coche" humain des guerriers portant sur leurs épaules, en pleine bataille de Cusco, leur dernier roi, je n'ai jamais pu la lire à haute voix: ma voix s'étrangle.



D'émotion, d'indignation.



Lire Montaigne devrait être obligatoire, ordonné par la loi, remboursé par la sécurité sociale, comme une vaccination contre la bêtise, la violence à front de taureau et l'intolérance ordinaire.
Commenter  J’apprécie          120
Des cannibales - Des coches

Montaigne a été en relation avec l'explorateur français Villegagnon qui, traversant l'Atlantique, fit terre en ce qu'il appela "France Antarctique", et qui s'appelle aujourd'hui Rio de Janeiro.

Montaigne en a fait un Essai appelé "Les Cannibales" dans son premier livre édité en 1580.

Il démonte les préjugés des Européens contre les précolombiens ( cannibalisme, polygamie ) en prenant des contre-exemples.

Il va même plus loin : il fait témoigner deux indiens "importés" : ceux-ci constatent l'illogisme d'obéir à un enfant ( Charles IX ), ou d'être riche et de ne rien donner aux pauvres qui vivent à côté.



.

Dans "Des coches", paru dans le troisième livre, celui de 1588, Montaigne revient sur ce sujet qui lui tient à coeur.

C'est un essai au départ sur les ustensiles à roues (coches, carrosses ), précisant qu'il n'aimait que se déplacer à dos de cheval.

Après une digression sur les arènes, les mythes et la réalité, il en vient à écrire qu'on ne sait vraiment pas grand chose du passé des hommes : le passé nous échappe.

Il revient alors sur son essai "Des cannibales" : les précolombiens vivent sans avoir ni le cheval, ni la roue, ni le fer ( quelle disparité avec nous ! ), c'est un "monde-enfant", et malgré tout, ils sont plus Sages que nous, les Européens du XVIè siècle !

.

J'ai dû m'y reprendre à deux fois pour comprendre le style d'écriture du XVIè siècle, mais la deuxième fois, c'était bien plus clair. J'ai préféré "des cannibales", vraiment axé sur le Nouveau Monde. Cependant, le deuxième essai m'a permis des recherches sur le niveau technique des Indiens. Mais...

"Peut-être serait-ce seulement une question d'utilité. L'Amérique précolombienne ne connaît aucun animal de trait : ni cheval, ni boeuf pour tirer les charrettes. La roue ne leur aurait tout simplement servi à rien."

( Dailygeeks ).

En effet, ayant le poisson et les fruits en abondance, il n'avaient pas besoin de cultiver.

.

Pour Montaigne, pour la majorité des philosophes et pour moi, la richesse est un fléau, un manque de Sagesse : il retourne la situation : les Indiens sont plus Sages que les Européens.

Et ça n'a pas changé :

Quand on voit d'une part, l'Indien Raoni défendant sa forêt amazonienne, et la famille Rothschild d'autre part, étouffant sous les actions, à côté des 8 millions de pauvres en France ( revenu inférieur à 880 euros par mois ), qui a raison ?



Je ne peux m'empêcher de rapprocher ces deux essais du superbe livre de Jean-Claude Carrière, "La controverse de Valladolid" : sur la demande de Charles Quint, des experts se réunissent en 1550 pour savoir si les Indiens sont des animaux (sans âmes ) ou des humains avec une âme donc !

Bouquin essentiel !

C'est avec lui que j'ai compris que la religion catholique avait fait autant de mal à la population terrestre que les islamistes.

Mais ceci est une autre histoire...



Qui c'est les barbares ?

Commenter  J’apprécie          521
Des cannibales - Des coches

Ces deux chapitres, parmi les plus célèbres des Essais, sont une véritable leçon de tolérance. Montaigne nous apprend que les sauvages ne sont pas forcément ceux que l’on croit. Les chrétiens s’entretuant durant les guerres de Religion sont tout aussi sauvages que les Sauvages. «Chacun appelle barbarie ce qui n’est pas de son usage» : nous sommes tous le Cannibale de quelqu’un.

C’est aussi le récit d’une curiosité et d’une fascination : Montaigne nous parle de la découverte du Nouveau Monde, des récits des voyageurs qu’il a lus, et de sa propre expérience de l’altérité.

Montaigne invente ici ce que l’on nomme le relativisme culturel : une société n’est pas meilleure qu’une autre ; pour comprendre des usages qui ne sont pas les nôtres, il faut simplement se mettre à la place de l’autre. Ce décentrement, ce regard éloigné, cette défense radicale de la différence sont aujourd’hui plus que jamais nécessaires
Commenter  J’apprécie          40
Des cannibales - Des coches

Relecture.

Extrait de ma note de lecture :

Il tente, dans "Des Cannibales" de disculper (on sent le juriste !) avec talent les Tupinambas, peuple que Villegagnon a trouvé dans les terres derrière la baie qui sera celle de Rio de Janeiro. Ces derniers sont qualifiés de "sauvages" et de "barbares". Montaigne va stratégiquement encadrer de volées d'éloges et d'exemples de valeur le fondement principal de cette accusation - leur cannibalisme. L'appellation de Cannibale (qui vient de kaniba, kariba : hardi, courageux => Caraïbes) a désigné l'ensemble des Amérindiens, dans un premier temps, après l'abordage d'Hispaniola (la future St-Domingue), et s'est donc appliquée un temps aux Tupinambas. Les références à l'Antiquité, son argument d'autorité, sont omniprésentes ils ont la simplicité du mode de vie des épicuriens, ne dédaignent pas l'ardeur belliqueuse ni amoureuse ("[Le prêtre] ne leur recommande que deux choses : la vaillance contre les ennemis et l'amour pour leurs femmes"), leur langue ressemble au grec et certains de leurs textes évoquent, promet Montaigne, le style d'Anacréon. Il s'étend beaucoup sur les circonstances au cours desquelles sont tués et mangés les ennemis des Tupinambas car elles permettent paradoxalement d'évacuer le pathétique : les ennemis ne demandent pas grâce, ils défient même leurs vainqueurs de les tuer, et ceux-ci les traitent bien pendant la détention. Très fort, Montaigne, très, très fort...
Lien : http://aufildesimages.canalb..
Commenter  J’apprécie          30
Des cannibales - Des coches

Qui aurait cru que je relirai un jour des extraits des « Essais » de Montaigne ? « Des cannibales » et « Des coches » portent un regard très intéressant sur la notion d’ethnocentrisme. N’est pas forcément barbare qui est pointé du doigt, quand bien même il serait porté sur des pratiques cannibales. Montaigne va à contre courant de ses contemporains pour cibler la véritable barbarie, celle de l’esclavage, de la torture, de la violence contre l’autre simplement parce qu’il est différent. Et même quand il digresse lorsqu’il évoque son mal des transports, Montaigne fait mouche et n’épargne pas sa « civilisation ».



Très honnêtement, je sais qu’à l’heure actuelle je n’irais pas plus loin dans les écrits de cet auteur. Je suis quand même plus familier de la fiction et du roman. Mais l’expansion de ma collection Librio permet des petites piqûres de rappel bienvenus avec ces titres parascolaires.
Commenter  J’apprécie          00
Des cannibales - Des coches

Quand il s’agit d’essais philosophiques, je suis à la fois curieux et paresseux.

Donc, plutôt que de lire l’ensemble des Essais de Montaigne, je me contenterai de cet extrait qui, apparemment, a fait l’objet du Bac Français 2020. Le livre fait partie de la collection Étonnants Classiques et se veut une aide pour le lycéen : explication de texte, questions, chronologie, illustrations, texte originel à gauche, en français actuel à droite. Faut avouer qu’à l’époque du bac, tout cela m’ennuyait profondément ; je n’avais d’yeux que pour la science. J’y viens sur le tard et Babelio n’y est pas pour rien.



Les deux extraits présentés ici ont un atout pour me plaire : ils sont de l’ordre du commentaire historique. Il y a moins d’un siècle que deux mondes se sont rencontrés : l’Europe et les Amériques. En quelques décennies, le premier a sans pitié ratiboisé le second. On pense d’abord aux empires Aztèque et Inca, mais Montaigne s’intéresse aussi aux civilisations rencontrées en France Antarctique, éphémère colonie française du Brésil.

La force de ce récit vient de la capacité de l’auteur à se projeter dans « l’autre civilisation », à s’imaginer en être un représentant et, ce faisant, à justifier le plus naturellement du monde les rituels et comportements considérés comme étranges voire répugnants lorsque observés à travers le prisme européen. Vus par Montaigne, les Indiens ne sont pas les Barbares de l’histoire, ce sont bien les Européens, et plus précisément les Espagnols (je me suis d’ailleurs demandé si l’attaque contre les Espagnols avait une arrière pensée politique, France et Espagne étant à couteaux tirés à l’époque). Les mœurs simples, l’absence de volonté d’accaparation, même le comportement cannibale trouvent leur justification naturelle. L’approche m’a rappelé ma lecture de Azteca, de Gary Jennings.



Bien sûr, on pourra objecter que toute tradition trouve sa justification naturelle dans sa propre culture. Selon cette approche, tout est acceptable et on ne peut rien critiquer, de la corrida à la soumission des femmes iraniennes à une interprétation religieuse extrémiste et masculine. Bref, on ne peut pas vraiment justifier une généralisation de la méthode. Cependant j’ai le sentiment que, appliquée par Montaigne à la destruction de peuples qui n’avaient rien demandé à personne, et ce pour des raisons d’avarice bien plus que religieuses, la technique a un rôle bénéfique de remise en question de notre propre barbarie camouflée sous des habits de grandeur nationale ou d’orgueil personnel.



Je fais des phrases trop alambiquées aujourd’hui. Stop ! Je termine en disant que, une lecture en appelant une autre, j’ai bien envie de lire Rouge Brésil de Jean-Christophe Rufin, qui conte l’histoire de cette France Antarctique.

Commenter  J’apprécie          246
Des cannibales - La peur de l'autre

cannibales pas aussi cruels qu'on le croit

antropophages

à notre image

la barbarie fut de vous exterminer

pour vous voler

sans pitié
Commenter  J’apprécie          120
Des mots pour dire

Un recueil de textes et d'illustrations par thématique: l'amour, la révolte, l'injustice, l'amitié la liberté... idéal en littérature jeunesse et pour redécouvrir de très belles phrases de grands auteurs.



Ludique à feuilleter par ces illustrations colorées.
Commenter  J’apprécie          50
Essais de Michel de Montaigne, nouvelle éditi..

Un classique. Certaines citations issues de ces essais ont imprégnées ma personnalité depuis des années. Merci à Montaigne. :-)
Lien : https://joy369.unblog.fr/
Commenter  J’apprécie          00
Essais de Montaigne suivis de sa correspond..

A relire
Commenter  J’apprécie          00
Essais de Montaigne suivis de sa correspond..

A relire
Commenter  J’apprécie          00




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Michel de Montaigne Voir plus

Quiz Voir plus

Les fourberies de scapin

Pourquoi Scapin joue-t-il le faux mort

Pour faire la fête
Il le fait pour que tout le monde lui pardonne ses fourberies
Pour faire style qu'il est blessé

10 questions
33 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}