Citations de Michèle Gazier (162)
Sachez garder en vous ce que j'ai trop vite perdu et qui vous illumine.
Non, ma mère n'était pas la Vierge Marie et je ne suis pas née par génération spontanée.
L'aînée qui la berce encore et encore essaye de lui dire que l'amour se joue à deux. Il n'y a pas un actif et un passif mais deux personnes qui vont l'une vers l'autre. Devant l'incompréhension visible de sa cadette, elle ajoute que l'on peut choisir de vivre dans la sécurité et renoncer à l'amour mais quelle que soit la solution adoptée, elle émane d'un choix, pas d'une fatalité. (p.148)
Attendre, c'est à cela que se résume sa vie. Attendre le prince charmant, attendre le bon vouloir maternel, attendre que le monde bouge autour d'elle. Attendre… Est-elle consciente de sa passivité ? (p.148)
Cousin était l'ombre d'un homme. Un garçon sans volonté. Un éternel orphelin. Un raté. (p.124)
Comment ne pas imaginer que, dans sa tête bien faite de femme forte détestant le genre masculin, elle n'ait pas monté une sorte de stratégie consistant à protéger Marthe des intrus susceptibles de la détourner d'un bon mariage difficile à négocier ? (p.114)
L'avenir, parfois, lui paraît d'une telle évidence qu'elle se demande s'il n'est pas déjà passé. (p.68)
On ne sait jamais, dit-elle toujours lorsqu'elle interdit quelque chose sans argument valable. (p.46)
Marthe découvre ainsi que, dans l'amour, le partage du silence est un langage. (p.40)
Elle vient d'avoir dix ans. Elle est bonne élève, très pieuse, d'une sagesse exemplaire. Le curé a dit à sa mère qu'elle pourrait recevoir la communion privée dans quelques mois. Elle est si pure. Elle se demande comment on peut être SI pure ou TRES pure. Il y a donc des degrés dans la pureté. cette idée la trouble. (p.30-31)
Ce n'est qu'après sa mort que les langues se sont enfin déliées. Comme si tous ceux qui détenaient une part de son histoire avaient préféré lui en épargner le récit. (p.15)
Devant Jésus mort sur la croix, elle jurait que de cet homme il ne serait plus question dans son histoire ni dans sa vie. Elle serait veuve et libre pour l'éternité. (p.11)
Les fantômes n’ont pas de nom.
Pour elle, tout était périssable puisque son amoureux avait péri
Vivre sur une île minuscule, c’est pouvoir se sentir seule au monde, délicieusement perdue et loin. Une île comme un radeau dont on vient de couper les amarres et sur lequel on se sent inaccessible. Car on ne laisse pas de trace dans l’eau. Rien ne peut disparaître sur une île… Rien ?
Ellle n’est vraiment pas faite pour l’écriture… Elle ne saurait vraiment pas écrire un roman. Pas plus qu’elle ne sait raconter ce qui lui arrive, même si c’est drôle ou étonnant. Elle panique tout de suite. Comme si les mots la mettaient en danger, qu’ils risquaient de l’entraîner sur un terrain périlleux. « Écrire, dit-on, c’est voir derrière les choses et les êtres. » Et c’est peut-être cela qui la bloque. Elle n’a pas envie de voir ce qu’il y a derrière.
Se sentir riche en voyant vivre ces pauvres, regarder leurs taudis, leur misère tellement authentique… Et puis, à bien y réfléchir, le bout du monde, la pauvreté sont souvent si près de chez soi, le dépaysement est à nos portes.
Étrange mot que celui de disparition. On l’utilise pour évoquer le sort d’une personne qui s’est soustraite au regard d’autrui mais qui continue à vivre, dans un lieu inconnu de ses proches, une nouvelle vie dont ils ignorent tout. Mais il est aussi, souvent, le synonyme pudique de mort. De même dit-on parfois, pour des raisons semblables, partir au lieu de mourir.
Elle savourait simplement le plaisir de la solitude, de l’éloignement. Elle sentait son corps détendu sous le drap, pleinement consciente de son épanouissement qu’aucune des habituelles tensions du quotidien n’entravait. Comme si la violence des éléments dénouait sa propre violence, ses angoisses. Rien de mal ne pouvait lui arriver. Elle était inatteignable.
À son âge, elle n’a pas de comptes à rendre. Elle ne sait pas ce qu’elle cherche. Ni ce qu’elle peut ou veut trouver. Rien sans doute. Elle a le sentiment qu’il lui faut d’abord s’imprégner de cette île, se gorger de chaleur, de lumière, de mer, de voix. Comprendre pour voir.