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Citations de Michèle Gazier (162)


Jamais elle ne s’est sentie si blanche, si vulnérable, nue comme un escargot dont on aurait arraché la coquille, une limace. Trois jeunes femmes noires boivent des Coca en bavardant dans cette langue créole dont elle ne comprend rien, qu’elles ponctuent de français, pépites identifiables dans un magma sonore. Elles sont rondes, volubiles. Leur chair généreuse, de ce brun qu’on nommait pain brûlé, est ferme dans l’échancrure de leurs corsages. Pas l’ombre d’une sympathie dans leurs yeux qui évitent ces Blancs si blancs. Lucie éprouve le sentiment d’une frontière entre « eux et nous ». Eux, les légitimes, et nous, les intrus.
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Elle enseignait le français à des lycéens plus ou moins motivés. Elle avait des amours violentes et brèves. Rien qui mérite d’être retenu. Ses vacances, elle les passait en Italie, à Venise, même si l’abondance croissante des touristes et l’inflation des tarifs tendaient à l’en chasser.
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Elle savourait simplement le plaisir de la solitude, de l’éloignement. Elle sentait son corps détendu sous le drap, pleinement consciente de son épanouissement qu’aucune des habituelles tensions du quotidien n’entravait. Comme si la violence des éléments dénouait sa propre violence, ses angoisses. Rien de mal ne pouvait lui arriver. Elle était inatteignable. Et, pour la première fois, il lui a semblé comprendre que partir loin de son existence ordinaire relevait plus de la quête de soi que de la fuite du monde. Partir pour se retrouver…
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Jamais elle ne s’est sentie si blanche, si vulnérable, nue comme un escargot dont on aurait arraché la coquille, une limace.
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Il y a longtemps, je lisais des livres et dans l’un d’eux quelqu’un avait écrit : « J’aimerais arriver à un endroit d’où je ne voudrais pas revenir. » Cet endroit-là, tout le monde le cherche. Moi aussi.

MANUEL VÁZQUEZ MONTALBÁN
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Odile dessinait comme on respire : pour vivre.
Il était évident qu’elle avait du talent. Mais en ce temps-là, on se souciait peu du talent des filles. Il était déjà bien beau qu’on leur fît la classe…
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On n’oublie pas un premier amour, mais on en a d’autres…
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Ici, dans cette vallée humide qu’a creusée la Juine, la nature devient vite folle. Privilège de la nature sur l’homme : lorsqu’elle devient incontrôlable, on dit qu’elle reprend ses droits.
Le chemin qui conduit à cette bâtisse oubliée qui fut pour tous, à des âges divers, et ce depuis plus de cent ans, le château, est lui aussi envahi de graminées, de pissenlits et d’orties blanches et vertes.
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_Où que je sois,j'habite mon œuvre,pas un pays.Où que je sois,j'habite l'Allemagne.Pas la géographie de l'Allemagne,son histoire.
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Claude Ribaute n'en concevait aucune amertume.Ici,il serait toujours le fils,le petit-fils,le neveu des Ribaute.Des gens pour la majorité desquels il n'éprouvait pas plus de sympathie que n'en éprouvaient les villageois.
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Chaque fois qu’il refait mentalement le chemin et qu’il arrive à ce moment crucial où il a décidé de laisser à d’autres les Platon, Kant, Hegel, Kierkegaard qui l’avaient nourri jusque-là, il éprouve un malaise semblable à celui de sa jeunesse lorsque, l’aïeul décédé, ses parents lui avaient annoncé son inscription au collège Saint-Joseph, où il était admis en pension. Il avait dix ans. Un an d’avance sur ses petits camarades. Contrairement à la pension, le choix de la sociologie lui appartenait en propre. Personne ne l’y avait poussé. Hormis ses lectures, sa maturation politique, et l’image tutélaire de son glorieux professeur et modèle Pierre Bourdieu.
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Il a quitté Paris sur un coup de tête. Quelque chose entre le ras-le-bol et le burn out. Le sentiment d’étouffer comme au temps du pensionnat, lorsqu’on lui faisait avaler ces platées de riz au lait dont il avait horreur. Trop ! Tout était trop.
Cela faisait longtemps déjà qu’il ne trouvait plus sa place. Universitaire ayant enfin atteint l’âge de la retraite – il se plaisait à retourner la formule consacrée qui voudrait qu’on fût atteint par l’âge de la retraite – il avait quitté ses thésards sans la moindre nostalgie. Il avait passé quarante ans de sa vie à enseigner la sociologie, une discipline si prometteuse après Mai 68. Il avait vite déchanté, et poursuivi son enseignement sans plaisir ni déplaisir, toujours plus seul alors que les amphis se remplissaient de jeunes gens chez qui il ne devinait pas l’ombre d’une passion.
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Éviter le regard de l’autre, plonger en lui, se perdre. Puis elle s’était rhabillée très vite, sans un mot, tandis qu’il allumait une cigarette. Et elle était repartie, presque en courant, à peine rassasiée de tout ce désir qui la rongeait depuis sa rupture.
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Elle n’était plus la timide violette d’antan, celle qui attendait si ce n’est le prince charmant, du moins que l’autre se déclare. Elle avait aimé, souffert, et s’était promis de ne plus se laisser piéger, de prendre plutôt que de donner. Et ce type-là, il fallait juste le cueillir comme un fruit trop mûr sur sa branche morte. Au mieux, il l’aiderait à surmonter sa solitude. Tristesse contre tristesse, cela ferait peut-être de la joie, du plaisir. À la manière de cette règle de grammaire qu’on inculquait en classe, selon laquelle deux négations égalent une affirmation.
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Il existe en espagnol un joli verbe pour fêtards, intraduisible en français : le verbe 'alternar'. Mot à mot : 'alterner', ce qui ne dit rien à personne. 'Alternar', c'est aller de bar en bar pour y vider des verres de vin et des ramequins de tapas, jusqu'à plus soif. Jusqu'à plus faim. On commence en général vers vingt et une heures et on s'arrête si tard qu'on en oublie sa montre et parfois même son adresse.
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Vous aimez les récits bien bouclés, avec un début, un milieu et une fin. Moi, la fin des histoires, des romans, ne m'a jamais intéressée. J'ai toujours préféré l'imaginer. J'aime penser que les choses peuvent finir autrement. Ou ne pas finir. J'aime bien les livres qui commencent par la fin. Après, cap à l'aventure. La fin, on s'en fout. On la connaît la fin, la vraie fin. Elle est programmée dès la conception. Quiconque a un début court vers sa fin. Vous connaissez la vôtre, la mienne... Tout est question de temps et de calendrier.
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Moi, je n'avais pas les connaissances littéraires d'Hugo, son aisance... Question d'héritage : les enfants de bonne famille n'ont qu'un bras à lever pour se fournir dans la bibliothèque parentale. Je n'avais pas, comme eux, caressé des dos de "Pléïade" dès l'enfance, ni senti sous la pulpe tendre de mes doigts la soie ivoire du papier bible.
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"La gloire est le deuil éclatant du bonheur". (page 74)
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En partie parce qu'elle sait qu'au-delà d'une certaine limite d'âge qu'elle frôle déjà, son ticket de terrienne ne sera plus valable. Idem pour René. Jamais elle n'a envisagé de lui survivre. Pas plus qu'il n'a imaginé finir ses jours sans elle. Il serait faux de penser qu'ils sont victimes du complexe de Philémon et Baucis. Il leur est simplement impensable de vivre à demi. Il y a si longtemps qu'ils ne forment plus qu'un.
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Elle s'était attardée un instant autour des tables couvertes des dernières nouveautés de l'automne qu'elle ne lirait jamais à moins qu'on ne les lui offre, et encore. Elle se méfiait comme des microbes, des poux et de la pauvreté des modes romanesques, des livres sortis tout chauds des presses. Elle les appelait les livres beaujolais nouveau. Trop verts, trop acides, pas assez éprouvés par le poids du temps. Montalban, un romancier qu'elle aimait bien - elle avait un goût affirmé pour les romans policiers - avait inventé un détective qui, le soir, brûlait des livres dans sa cheminée. L'idée l'avait amusée. Elle n'avait jamais imaginé pouvoir brûler à son tour un seul des volumes qu'elle possédait mais elle se voyait volontiers jouant à Farenheit 451 avec les tables de nouveautés de son libraire. Cette seule pensée la mettait en joie.
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