?Miroirs?, la web-série : Mikaël Ollivier .
13 écrivains de la nouvelle vague de la littérature pour ados et Young Adult font face à de jeunes lecteurs, âgés de 14 à 17 ans, pour des portraits chinois croisés en 13 capsules vidéo. Scénariste et réalisateur : Andrés Jarach sur une idée originale du Salon du livre et de la presse jeunesse
J'aime sortir du cinéma dans un état second, ébloui par la lumière du jour, presque étonné que le monde ait continué sa ronde sans moi.
Depuis que l'homme est homme, malgré la faim, le froid, la jalousie, la canicule, l'argent, la misère, la maladie, la guerre, le deuil, la conscience de la mort, il fait du beau. Il peint, il chante, il compose, il écrit, il sculpte, il joue la comédie... Envers et contre tout.
Quand Brice a franchi la porte, nos regards se sont croisés, et dans ses yeux il y avait comme un appel au secours. Et de la peur. Une peur effrayante, paralysante, qui l'empêchait de se débattre ou de crier comme il aurait dû le faire.
L'un des policiers est resté. Il nous a annoncé qu'un collègue allait le rejoindre et qu'ils devaient fouiller la chambre de Brice. Maman était complètement perdue. Moi, je me suis rassis à ma place. J'avais compris que notre vie, ma vie, ne serait plus jamais la même
- Tu sais quoi ? Eh ben tu devrais sortir avec moi, plutôt. Clara et moi, on se ressemble beaucoup, sauf qu'avec moi, t'y gagnes parce que j'ai que huit ans! ça fait neuf de moins que Clara! Maintenant, tu dois me prendre que pour une gamine, mais tu verras, quand on sera mariés depuis longtemps, tu seras bien content d'avoir une femme jeune! Comme le père de Nelly, ma meilleure copine, qui a changé sa vieille femme contre une neuve l'année dernière.
(Le poète) est humain et veut partager ce qu'il comprend à la vie. Retenir ce qu'il y découvre de précieux. Illuminer ce qu'il y trouve d'odieux. Propager ce qu'il y voit de miraculeux. Dénoncer ce qu'il y remarque d'injuste.
Je suis timide : les personnages des romans parlent pour moi. Je suis casanier : ils me font parcourir le monde. J'ai peur de déplaire aux femmes : ils les séduisent à ma place. Je comprends mal le monde : ils me l'expliquent en s'y frottant à ma place. Je me sens lâche : ils sont héroïques. Vaniteux : ils m'enseignent l'humilité, la fragilité, l'humanité.
Le collège a repris deux jours plus tard et j’y suis retourné tel un automate, en me demandant s’il était censé se passer autre chose dans la vie que l’écoulement du temps. Si un jour, devenu sans même m’en rendre compte un vieil homme, j’allais jeter un regard en arrière pour constater que rien ne m’était vraiment arrivé, que j’avais oublié mes rêves, mes ambitions, que je m’étais résigné à seulement exister.
J'ai quitté le banc et tourné le dos à la mer qui s'en foutait, elle, du bonheur, de la solitude et de l'amour, qui continuait sa danse, son flux, son reflux, et qui le poursuivrait bien après que je serai mort, bien après que l'humanité se sera éteinte. Et il y en aurait des millions et des millions de rayons verts à l'horizon, avec ou sans témoins. La beauté n'a pas besoin qu'on la voie pour exister.
Brusquement, [mon père] a fondu en larmes. C'était comme si toutes ses forces l'abandonnaient d'un coup, sans prévenir, à la manière d'un ressort qui lâche.
J'étais désemparé. J'avais envie de le prendre dans mes bras mais est-ce qu'on est capable, à seize ans, de serrer son père pour le consoler ?
Il y a deux façons de vivre, Hugo. En se laissant porter sans se poser de questions par le temps qui passe, ou en essayant de comprendre qui l'on est et où on va. La deuxième solution est certainement la moins confortable, mais de loin la plus intéressante. La seule qui vaille, pour moi.