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Critiques de Mikhaïl Boulgakov (584)
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Le Maître et Marguerite

Victime de la censure, Boulgakov mit plus de quarante à pouvoir publier son roman maintes fois remanié. C'est d'ailleurs sa veuve qui le fit pour lui après sa mort. Pourtant il n'évoque pas directement la dictature stalinienne mais plutôt la médiocrité, les bassesses humaines qu'elle a engendrées.

Ce roman mêle trois récits. Celui d'un certain Professeur W qui arrive brusquement à Moscou dans les années 1930. Il s'agit là d'un conte fantastique car W (Woland) sème la pagaille parmi les fonctionnaires et privilégiés du régime corrompus, médiocres, cupides. Il révèle leurs mensonges, bassesses, leur cynisme. Tous se retrouvent hospitalisés dans un même asile où se trouve également le Maître très amoureux de Marguerite. Il tente depuis des années d'achever un roman dont il n'est jamais satisfait (comme Boulgakov lui-même) sur Ponce Pilate qui par intérêt et lâcheté (pire défaut humain selon Woland) sacrifie Jésus qu'il sait innocent.

Ce roman mêle donc un conte fantastique, une histoire d'amour et l'histoire de Ponce Pilate.

La frontière entre réel et imaginaire, Bien et Mal est souvent floue comme une critique de la société rationnelle et bureaucratique dans laquelle vivait l'auteur.
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Le Maître et Marguerite

« Le Maître et Marguerite », le chef d’œuvre de l’écrivain russe Mikhaïl Boulgakov se déroule à la même époque que celle de l’âge d’or de la Maison du Gouvernement. Si le contraste de style entre les livres de Sletzkine et de Boulgakov, entre la patiente reconstruction historique et la critique flamboyante et satirique est frappant, une partie du sujet, la déliquescence d’une élite anciennement révolutionnaire, est semblable.

Le roman de Boulgakov a été rédigé en plusieurs étapes de 1927 à 1939. A cause de la censure, il ne paraîtra en Union Soviétique qu’en 1966 et de nombreuses scènes seront expurgées, mais publiées clandestinement sous la forme de « samizdat (auto-édition)». C’est un livre fascinant, à la fois burlesque et profond, mêlant trois récits qui finissent par se rejoindre. Satan, qui prend les traits du magicien Woland, descend sur Moscou et jette le trouble dans le monde des écrivains officiels de l’Union Soviétique, une nomenklatura de profiteurs, rongée par de mesquines querelles de chapelles et clochers.

Le Maître est un auteur aigri, dont le roman sur la rencontre entre Ponce Pilate et Jésus a été rejeté par la clique des littérateurs en cour. Il se retire du monde, quitte Marguerite, sa bien-aimée, et se fait interner dans un hôpital psychiatrique. Le récit de la fascination que Ponce Pilate se met à éprouver pour celui qu’il va cependant condamner se déroule à Jérusalem et constitue le deuxième axe du roman de Boulgakov. Le personnage de Marguerite devient central dans le troisième récit : elle accepte un pacte avec Satan qui lui donne des pouvoirs surnaturels qui lui permettront survoler Moscou et la Russie et de se venger des persécuteurs de son mari en échange de la promesse de jouer le rôle de maîtresse de maison lors d’un bal qu’il convoque à Moscou le soir du Vendredi Saint.


Lien : http://www.lecturesdevoyage...
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Le Maître et Marguerite

Il est très difficile de parler de ce livre avec fidélité et sans être réducteur d’un côté et sans gâcher le plaisir de sa découverte de l’autre.

Je vais donc vous donner juste un prologue qui j’espère vous mettra l’eau à la bouche : c’est une histoire scindée en deux intrigues parallèles qui se rejoignent magnifiquement à la fin. La première commence un soir de pleine lune, Satan et ses acolytes décident de descendre à Moscou pour un petit séjour, un séjour qui va marquer les moscovites…

La deuxième retrace la rencontre entre Jésus appelé par l’auteur Yeshoua Ha-Nozri et le procurateur de Judée, Ponce Pilate qui l’a condamné au pilori.

En ouvrant ce livre vous serez une « Alice » qui pénètre au pays des merveilles, ou plutôt au pays du diable et de Satan : vous y croiserez des chats qui prennent le tramway, des rossignols qui dansent le fox trot, des faux billets qui se transforment en abeilles, des sorcières sur leurs balais et vous pourrez même assister à un bal chez Satan …

Je me suis baladée entre deux dimensions de ce livre : celle où je me suis juste régalée par les situations complètement burlesques et improbables, qui m’ont provoqué bien des éclats de rires et celle où je me suis retrouvée à analyser, à faire des recherches sur la vie de Boulgakov afin de mieux le comprendre … Je me suis rendue compte que ce livre raconte beaucoup de choses de sa vie, de ses expériences, de ses souffrances et que les 12 années qu’il a passées à l’écrire, il y a distillé toute sa souffrance, sa révolte et surtout son courage.

Quoi dire de plus ? Lisez- le, vous en sortirez changés.

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Le roman de monsieur de Molière

Mickaël Boulgakov, auteur de romans, de nouvelles, de livrets d'opéra et de pièces de théâtre, persécuté par Staline et censuré, ayant connu les affres de la création et la difficile relation avec le pouvoir, ne pouvait qu'être le seul à rendre un si vibrant hommage à Molière. Certes un temps le protégé du roi Louis XIV, Molière connut aussi la censure et les rebuffades que son impétuosité et sa liberté de penser provoquaient. Boulgakov nous montre ici un Molière que les délicates relations avec la cour et ses sbires, les amours malheureuses, le travail acharné, les nuits blanches, la dépression puis la maladie ont fini par faire sombrer. le dernier acte de la vie de Molière est écrit par Boulgakov d'une façon extrêmement belle et tragique, très cinématographique ; ainsi, nous le voyons le regard perdu, sa femme infidèle enfin touchée, les valets courant en tout sens pour essayer en vain de trouver un médecin, la mort qui s'approche inexorablement et enfin le cortège funèbre, improvisé par ses quelques amis fidèles admirateurs (dont La Fontaine, le peintre Mignard ou encore Boileau) pour l'emmener en terre , cheminer le soir tombé, flambeaux à la main, sous le regard désabusé de quelques badauds qui ne savent pas alors quel génie disparait.

Ne vous attendez pas, en ouvrant ce livre, à une biographie linéaire , il est surtout là question de la création et de ses doutes. Cela donne envie de relire Molière et , pour ma part, de découvrir Boulgakov.
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Le Maître et Marguerite

Ce célèbre roman, conte fantastique , mythe faustien, est servi par une écriture magistrale, un style époustouflant.

Une folie littéraire où Satan détruit la vanité et la bêtise et glorifie l'amour et le talent.

Mikhaïl Boulgakov , écrivain maudit sous Staline , a mis onze ans pour créer ce chef d'œuvre .

Un des monuments du Panthéon de la littérature mondiale.
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Récits d'un jeune médecin

Quel plaisir que ce livre ! Il m'a servi de porte d'entrée dans l'oeuvre de Boulgakov puisque l'ouvrage est aussi abordable (nouvelles) que biographique. Après une formation en médecine et des expériences professionnelles aussi ardues que philanthropes dans ce domaine, Boulgakov a en effet tourné le dos à la science pour se consacrer à la littérature.... en artiste maudit et persécuté par le régime. Sa vie est donc un roman en soi et cet ouvrage est un réel voyage car ses descriptions, aussi réalistes que brèves, transportent le lecteur dans un hôpital de campagne isolé de toute société. Le rêve d'un lampadaire, l'espoir d'une soirée en société, la répétition d'un quotidien usant, le bruit lancinant de la tempête sont autant de prétextes à une nostalgie typiquement russe.

Un vrai bonheur donc qui a été suivi d'une découverte encore + enthousiasmante : Le maître et Marguerite ! mais ce sera pour un autre soir :-)
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Le Maître et Marguerite

Le Diable apparaît dans le Moscou des années vingt. A travers l'histoire d'un manuscrit interdit, Boulgakov sous la dictature stalinienne, écrit une formidable satire des milieux littéraires et nous offre une méditation profonde sur l'art et le pouvoir, la lâcheté et la rédemption.

Publié 27 ans après sa mort (!), le Maître et Marguerite élève son auteur comme l'un des plus importants du XX ème siècle.
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Le roman théâtral

On pourrait dire du "Roman théâtral" qu'il est "Le château" de Boulgakov; l'univers kafkaïen étant ici transposé dans les coulisses labyrinthiques d'un grand théâtre moscovite qui symbolise à lui tout seul la situation du monde culturel russe à l'époque stalinienne. Boulgakov fait ici une éblouissante démonstration de la manière dont une bureaucratie peut réussir à paralyser toute créativité. Comment il est possible de faire s'activer fébrilement toute une population, dans le seul but de dissimuler l'effroyable néant qui l'accompagne.

L'humour (noir) de Boulgakov brille ici de tout son éclat désespéré; car l'aspect autobiographique du récit est ici évident et de même que son personnage qui voit sa pièce disparaitre aux oubliettes, à chaque page qu'il rajoutait à son livre, il ne pouvait qu'être davantage conscient de l'impossibilité croissante de sa publication. Pour vraiment connaitre ce prodigieux écrivain qu'est Boulgakov, ne vous arrêtez pas à l’excellent Maitre et Marguerite car ce " Roman théâtral" tient également du chef-d’œuvre.
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Le Maître et Marguerite

Je ne sais absolument pas ce que je viens de lire mais je suis certain d’une chose : j’ai l’impression d’avoir rêvé les yeux ouverts.



C’est un roman-monument, à la fois onirique et cruellement réaliste.



C’est une féerie macabre, un voyage littéraire qui nous emporte très loin.
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Le Maître et Marguerite

Lorsque j'ai commencé ma lecture de ce livre, j'ai été assez surprise de ne pas retrouver au fil des pages ce qui était annoncé en quatrième de couverture. Imaginez ne rencontrer les personnages évoqués — que j'avais supposés être centraux à l'histoire — qu'après avoir lu plus de 250 pages du roman ! J'étais tout naturellement un peu perdue. En le terminant, j'ai toutefois compris qu'il était difficile de parler de cette œuvre et encore plus de la résumer. L'histoire est dense, parfois un peu trop, mais si bien menée. La plume est fluide, les descriptions incroyablement vivantes, le ton empli d'humour, les scènes étonnamment crues et versant souvent dans l'absurde. J'ai trouvé que certains passages traînaient un peu plus en longueur, mais un élément finissait toujours par me happer de nouveau dans l'histoire. C'est un livre tout à fait unique en son genre qui, sans que je sache vraiment pourquoi, a su m'envoûter.
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Récits d'un jeune médecin

whaouh, quel écrivain extraordinaire , je suis en train de lire "récits d'un jeune médecin", et c'est tout simplement magnifique, ça ressemble à Gogol, n'ayant lu qu'un seul livre de Boulgakov, je ne peux pas dire pour l'instant si je le préfère à Gogol, mais peut être bien, oui !
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Le Maître et Marguerite

Ce livre est, aux premiers abords, difficile. J'avoue d'ailleurs qu'il m'aura fallu plus de 200 pages pour m'y attacher tant la multitude de personnages aux noms russes rallongés porte à confusion. Mais, une fois conquise, impossible de le lâcher. 12 ans de travail pour l'écriture de ce livre, c'est dire s'il est complet !



L'oeuvre est divisée en 3 parties : l'une à Moscou dans les années 1920-30 où le diable lui-même rend visite aux Moscovites et sème le trouble dans la ville, une autre propose l'histoire de Ponce Pilate et enfin la troisième raconte celle du Maitre et Marguerite, ma partie favorite. Un écrivain, le Maître, s'est vu refuser la publication de son récit sur Ponce Pilate et sombre dans la folie, malgré l'amour de Marguerite qui fera tout pour le sauver.



L'histoire se veut originale, fantastique (l'auteur déborde d'imagination !) et fait naturellement la satire sociale de l'époque, sous l'ère de la dictature stalinienne. On y voit combien l'espionnage y est omniprésent et les nombreuses disparitions et apparitions magiques rappellent ici les fréquentes disparitions et arrestations soviétiques mystérieuses qui avaient lieu sans que nul ne sache pourquoi. La terreur y est donc légion, la folie aussi, provoqués essentiellement par le Mal alias Woland, le diable en personne accompagné de ses étranges acolytes Béhémoth, Azzazello et Koroviev. Boulgakov nous offre sa propre version de l'histoire de Ponce Pilate dans laquelle il dévie de l'histoire biblique traditionnelle sur plusieurs points.



Par ailleurs, une kyrielle de références à différentes oeuvres est faite, notamment au Faust de Goethe et à des auteurs russes, qui nous incitent à les découvrir et enrichissent incroyablement le roman. A noter : pour apporter un véritable plus à cette lecture et vous ouvrir à la culture russe, il existe un site Internet entièrement dédié au livre, une véritable mine d'or : www.masterandmargarita.eu.



Enfin, j'ai beaucoup apprécié le vol de Marguerite, le bal de Satan et ses traditions originales, la fameuse crème d'Azzazello aux pouvoirs ô combien miraculeux, l'histoire d'amour du Maitre et Marguerite, l'appartement maudit n°50 de la rue Sadovaïa, le côté loufoque et drôle des personnages (Satan n'est pas dépourvu d'humour !) et j'en passe... Au final, un concentré d'aventures, de drôleries et de clins d'oeil qui résument bien la société de l'époque. Ce roman gagne à être connu.

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Le Maître et Marguerite

« Elle arracha un feuillet à un bloc et y inscrivit au crayon ce message, d'une grosse écriture rapide, sans ratures :

" Pardonne-moi et oublie-moi le plus vite possible. Je te quitte pour toujours. Ne me cherche pas, c'est inutile. Je suis devenue une sorcière à cause du chagrin et des malheurs qui m'ont frappée. Je dois partir, c'est l'heure. Je te dis adieu,

MARGUERITE. »

.

Dans la catégorie "Chef d’œuvre", littérature classique russe, je me suis lancée grâce à Julie dans Le maître et Marguerite de Boulgakov. Ma connaissance de la littérature russe s'arrête à Tolstoï (que je n'ai jamais fini), Alexandre Soljenitsyne (jamais terminé non plus), Anton Tchekhov(euh... en fait entamé et abandonné). On a donc bien compris que cette lecture n'était pas gagnée et que j'ai lu les premières lignes pleines d'appréhensions en me disant "Mon dieu, est ce que je vais tenir les 520 pages". .

La question qui a suivi a été : comment je peux résumer tout ça ? .

Il est très difficile de faire un pitch rapide ce roman tant il est inclassable et indescriptible. Il y a des livres comme celui ci, qu'il faut lire pour comprendre, pour le vivre. Le diable débarque à Moscou, Woland, c'est son petit nom. Autour de ce personnage se tisse trois récits, l'amour du maître et de Marguerite, l'histoire de Ponce Pilate et celle de Moscou dans les année 1930.

Le récit est faussement éparpillé, on est promené entre les différents protagonistes, dans des époques différentes. Les situations sont loufoques, les personnages parfois absurdes, Satan, un chat géant, Jésus, Ponce Pilate etc.

Comme tout bon livre russe, on apprécie ses longues (très très longues) descriptions avec cette accumulation propre de détails. On note les citations, les écrivains, les références musicales, autant dire qu'un carnet est parfois nécessaire !

Une atmosphère particulière qu'il est difficile de quitter. Un scénario complexe aidé par une narration limpide et impeccable. Du grand art !
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Coeur de chien

Entre poésie burlesque et satire sociale violente, Boulgakov dresse l'étonnante transformation d'un chien en homme. Violence, vocabulaire d'alcoolique, instincts révolutionnaires, rien n'est épargné à cet errant du socialisme, perdu dans une époque oppressante. Cette longue nouvelle n'a rien perdu de son mordant !
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Le Maître et Marguerite

J'ai beaucoup aimé être plongée dans le monde intellectuel russe. De grands noms peu souvent cités. Boulgakov dénonce le systeme totalitaire de son époque à travers la fantastique aventure du diable et ses étranges compatriotes. Une histoire souvent délirante mais fraiche et vive!
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Le roman de monsieur de Molière

Boulgakov a pour coutume d'alterner oeuvres d'inspiration réaliste (la Garde Blanche, Récits d'un jeune médecin) et récits où le fantastique domine largement (le Maître et Marguerite, Coeur de chien, Endiablade). Le roman de monsieur de Molière appartient à la première veine.





Ce roman est sans doute unique chez Boulgakov en ce sens qu'il s'éloigne radicalement de ses sources d'inspiration habituelles, à savoir la société soviétique, sa propre vie (son expérience de médecin notamment) ainsi que le fantastique ou la science-fiction. Les liens avec ces thèmes ne sont perceptibles que de manière indirecte, à savoir la passion de Boulgakov pour le théâtre ainsi qu'un possible écho de ses relations avec Staline.





Les premières pages du roman sont d'une vivacité étonnante et d'emblée captivante, par le saisissant contraste qu'elles établissent entre la naissance d'un enfant encore inconnu et la conséquence que celle-ci aura sur la littérature mondiale, y compris russe (Boulgakov enfile un chapelet de dramaturges russes redevables à Molière: Gogol, Griboiédov, Tchékhov...)





L'on assiste en direct aux prémisses, puis à l'éclosion d'une vocation, favorisée par le grand-père maternel, Cressé...Bien entendu, l'on connaîtra les tribulations plus ou moins classiques que vit tout artiste débutant: de longues années de vaches maigres avant le succès.





Trois grands motifs se dégagent du roman: la nature de la vocation littéraire, le lien entre la vie de l'artiste et son oeuvre, les relations de l'artiste avec le pouvoir politique.

Le portrait de Molière dressé par Boulgakov accrédite l'idée que chaque artiste, aussi génial soit-il, ne saurait aller au-delà des dons qui lui sont en quelque sorte accordés de naissance. Cela est illustré par l'inaptitude de Molière à la tragédie, confirmant que son génie ne s'exprime pleinement que dans la comédie.



Quant à la relation existante entre la vie de l'artiste et son oeuvre, Boulgakov casse ici un mythe (du moins en ce qui concerne Molière), à savoir l'idée que les auteurs d'avant le romantisme au sens large, c'est à dire d'avant la seconde moitié du 18ème siècle, ne s'inspiraient que peu de leur propre vie, ne le faisant que de leurs prédécesseurs de l'Antiquité grecque ou latine (Racine en est l'exemple achevé). Certes Molière tirait parti des ressources léguées des Romains (Amphitryon en est l'illustration), mais Boulgakov établit que plus d'une fois, il est possible de relier des évènements de sa vie à ses pièces (une pièce comme l'Ecole des Femmes est un écho de sa vie conjugale passablement orageuse).





Le thème de la relation entre l'artiste et le pouvoir est sans doute celui qui a appelé le plus de commentaires, aussi ai-je choisi de le traiter en dernier.





Selon certains exégètes, il faudrait voir dans la relation entre Molière et Louis XIV une décalque de la relation entre Boulgakov et Staline. Pour ma part, sans la nier totalement, cette thèse présente des limites à plusieurs titres:

-Louis XIV, tout monarque absolu qu'il ait été, ne saurait être assimilé au dirigeant d'un régime totalitaire que fut Staline. Je ne dis pas cela par royalisme ou quelque prétexte fallacieuse de ce tonneau-là: je le dis parce que c'est historiquement inexact, ne serait ce qu'en comparant la manière dont la répression s'exerçait envers les opposants au régime (Fouquet et les protestants ont été emprisonnés ou exilés, et non exécutés en masse).





-Le soutien de Louis XIV à Molière apparaît constante, et ce y compris lorsqu'il fut question de lui accorder une sépulture chrétienne (la manière dont le Roi-Soleil a négocié cela avec l'Eglise est un chef d'oeuvre de compromis: puisque la terre consacrée s'étend jusqu'à quatre pieds de profondeur, alors il suggère de creuser un tombeau de cinq pieds). On peut mesurer l'ampleur de la différence entre leur fortune littéraire dans le fait que Molière connut la gloire durant sa vie de dramaturge, soutenu par Louis XIV là où Boulgakov, censuré par Staline ne l'atteignit que de manière posthume.

Staline a certes soutenu Boulgakov et admirait un certain nombre de ses oeuvres, mais il s'agit d'un soutien à minima: s'il lui épargne de manière constante le pire (le goulag voire la mort), il exercera sur la majorité de ses oeuvres une censure qui se pérénnisera jusqu'à sa mort...





Au final, j'aurais davantage tendance à voir dans la relation entre Molière et Louis XIV un reflet de ce que Boulgakov aurait souhaité, plus qu'un reflet de ses relations réelles avec Staline. On peut ainsi tout à fait imaginer qu'en vérité, Boulgakov aurait préféré avoir affaire à un tsar (ses sympathies profondes allaient vers une monarchie constitutionnelle, respectueuse de l'orthodoxie autant que des libertés fondamentales...)





Le débat reste bien entendu ouvert. Pour vous faire votre propre idée, un seul conseil: lisez-le!
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Le roman de monsieur de Molière

Dès le titre, le ton est donné. En effet, il ne s'agit pas là d'une simple biographie. Boulgakov, que je ne connaissais pas (honte à moi ! Oui, oh, ça va, je sais bien que c'est celui qui a écrit Le Maître et Marguerite.... On ne peut pas avoir tout lu non plus, hein ?! ), met en scène la vie du sieur Molière, la romançant pour le plus grand bonheur des lecteurs qui dévorent ce livre à la vitesse de la lumière. Car s'il s'est basé sur des éléments réels - et je puis vous assurer que j'ai appris des choses - il ne pouvait pas rentrer à un tel point dans la peau et les pensées du personnage. Et pour que ce texte soit fluide, rien de tel que d'ajouter de-ci de-là quelques touches personnelles, fictives. Tiens, mais voilà qui me rappelle quelqu'un que j'aime beaucoup: Jean Teulé. Attention, je ne parle pas du style bien sûr, les deux étant radicalement différents. Mais le procédé est bel et bien le même. De ce fait, je suis allée faire des recherches pour démêler le vrai du faux. Et moi qui croyais connaître Molière.... je me trompais lourdement ! Vous découvrirez la vie de cet homme qui, finalement, s'est toujours battu, ou plutôt débattu, tant dans sa vie privée, avec les sœurs Béjart (et l'accusation d'inceste), que dans sa vie professionnelle, notamment avec les comédiens de l'Hôtel de Bourgogne.



Je vous conseille vivement ce livre qui se lit vraiment très facilement. Il permet également une immersion dans ce monde du XVIIe siècle où pouvoir et culture ne faisaient pas forcément bon ménage.




Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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Le Maître et Marguerite

C'est avec beaucoup de regret que j'ai tourné la dernière page de ce livre.

Boulgakov a un style envoûtant, spontané. Il vit ce qu'il écrit et transmet par conséquent à son lecteur cette sensation de quasi réalité.

La limite entre le réél et le fantastique, entre le mal est le bien nous semble bien floue après cette lecture.



Honte à moi, jusqu'à il y a quelques mois en arrière, je ne connaissais pas du tout Boulgakov et c'est grâce aux internautes que je l'ai découvert.

La littérature russe est décidément très riche et ce que j'ai pu en lire jusqu'à maintenant m'a vraiment marquée.



Je suis mitigée quant à la présence et la structure du prologue dans l'édition que je posssède.

Le contenu est certes très intéressant mais révèle certaines choses sur l'auteur qui poussent à certaines interprétations du livre.

En effet, je retiens pour ma part une sorte de règlement de compte de Boulgakov avec le milieu littéraire et particulièrement celui du théâtre.

Dénigré, critiqué , ses écrits ont été maintes fois refusés et censurés. L'édition que je possède est intégrale et l'on voit entre crochets les passages qui avaient été supprimés.



Le maître et Marguerite est un livre à multiples facettes. Nous y trouvons une histoire d'amour très probablement inspirée d'éléments autobiographiques, une critique du fonctionnement de la société russe de cette époque avec en particulier la relation des écrivains avec le pouvoir en place et en filigrane une réflexion générale sur les notions de malet de bien.



Satan et sa bande nous livrent un spectacle des plus hilarants et en deviennent carrément attachants.

Les esprits maléfiques vengent quelque part l'écrivain incompris et libèrent la femme qu'il aime des attaches qui entravaient leur relation.

Quant à l'histoire de Ponce Pilate et Ye shoua , sa symbolique demeure peu claire pour moi. Est-ce pour aborder encore une fois cette limite entre le bien et le mal. Est-ce un parallèle entre l'écrivain, « le prophète » et le sacrifice des deux ?



Je vous conseille très vivement cette lecture !
Lien : http://partage-lecture.over-..
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Une séance de spiritisme

Une séance de spiritisme de Mikhaïl Boulgakov

Une dizaine de courtes nouvelles, des feuilletons sur la vie en Russie sous les bolcheviques dans les années 1920/1923.

La complexité des autorisations à obtenir pour aller d’un lieu à un autre, de Vladikavkaz à Tiflis par exemple…

Une séance de spiritisme pendant laquelle Napoléon se manifeste, on lui demande combien de temps les bolchéviques vont rester au pouvoir, puis Socrate apparut,…ainsi que des manteaux gris, la prison n’était pas loin…

L’inflation galopante on gagne deux ou trois milliards par moi, passer chez le barbier coûte vingt millions. Un médecin fait débardeur en plus pour survivre…

Différence entre les Kieviens et les Moscovites…

À Kiev les vieilles femmes vendent ce qui leur reste, il n’y a plus d’argent, beaucoup d’hommes sont morts ou partis à l’étranger…

Souvenir personnel de son arrivée à Moscou, le service d’habitation lui attribue une chambre pour dans deux mois après six heures de queue…

La NEP se met en place à partir de 1921, redémarrage de la production privée après les famines du printemps…

Réunions de quartiers sur l’évolution des travaux sur les voies ferrées, prétexte à des règlements de compte personnels…

Les idéologues envahissent les réunions publiques…

Un chinois devient le meilleur mitrailleur du régiment…

Si certaines de ces très courtes nouvelles ne manquent pas d’humour et de charme, il y a bien plus intéressant à lire chez lui( que j’admire énormément) mais qui, sur ce livre, ne m’a pas emballé.
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Le Maître et Marguerite

J'ai été happé par cette histoire. On traverse le temps, on vole au dessus de Moscou. C'est féerique, enchanteur, fou, théâtral.

. Ça ne plaira pas a tout le monde. On adore ou on déteste, cette histoire de diable et d'amour. Le passage en Galilée est absolument magistral.
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