Diane vient de se faire opérer, elle a reçu deux consignes capitales : ne pas utiliser d'écran pendant une semaine, et surtout : ne pas travailler.
Son organisme doit s'adapter doucement pour que le traitement qu'elle a reçu soit un succès.
De quel traitement s'agit-il?
En lisant ce livre, vous allez très vite le deviner.
Je n'en dis pas plus pour ne pas vous enlever le plaisir de la découverte. Cette lecture était plutôt agréable.
Elle traite de la métamorphose, du culte de la performance, du capitalisme, de la compétition entre employés, de la nature. Du fait que l'être humain en définitive ne peut même plus imaginer ce que c'est d'être Libre.
Un chapitre sur trois amène un nouvel élément de compréhension sur les lièvres d'Amérique et j'en ai appris une pas commune sur la hase : elle possède deux cornes utérines et peut procréer en superfétation ( je ne connaissais pas ce mot ) c'est-à-dire qu'elle peut avoir une nouvelle grossesse dans un utérus qui en contient déjà une !!!
J'ai apprécié cette lecture originale, où vous trouverez quelques très courts chapitres sans ponctuation ! L'écriture est fluide, la lecture est rapide, les thèmes de réflexions cités plus haut sont intéressants. Au début, nous pouvons nous perdre dans la chronologie... pour revenir rapidement dans le passé de Diane : son adolescence avec Eugène, puis le moment de son traitement, et enfin Diane après le traitement...
Une lecture qui peut faire légèrement penser à la métamorphose de Kafka.
Je vous le conseille !
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Diane vit une vie routinière et solitaire; perfectionniste et souffrant de tocs elle subit une opération visant à améliorer son efficacité au quotidien.
J'ai beaucoup aimé ce petit roman très original et percutant. Les courts chapitres alternent avec pour sujet: le quotidien de Diane avant l'opération (texte écrit sans ponctuation), et après celle-ci mais aussi avec un souvenir marquant de son adolescence passée sur une île sauvage, et des informations documentaires sur le comportement du lièvre d'Amérique. J'ai aimé l'écriture, l'originalité de l'histoire qui est à la fois tragique mais aussi comique car surréaliste. L'édition est aussi très sympa avec une illustration en double page et qui se répète comme des trous noirs dans la narration.
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Ce court roman, mi fantastique mi conte, est un petit bijou.
Le lièvre d’Amérique est un petit mammifère largement répandu au Canada et au Québec. Dès le premier chapitre, le ton est donné, on va retrouver ce lièvre et ses mœurs tout du long. La route de l’animal va croiser celle de Diane, jeune femme victime d’un burn-out dans une société où la performance au travail est question de survie.
Diane a confié son corps à la science pour qu’il devienne plus performant. C’est là qu’on atteint une dimension fantastique plutôt effrayante. Elle veut se surpasser toujours plus mais le prix à payer pour cette transformation n’est -il pas exorbitant ?
Diane revit son adolescence à l’Isle aux Grues, en compagnie d’Eugène le risque tout qui sait tout sur les animaux en voie d’extinction. Leur amourette s’arrêtera là et Diane quitte son île natale pour un travail exigeant dans une grande ville où elle découvre la solitude.
Entre souvenirs de Diane, amours perdues et monde du travail, l’histoire se déroule en quelques bonds…de lièvre.
D’une écriture ample et forte, ce roman nous embarque dans une histoire folle avec des narrations bien distinctes dans chaque partie de l’histoire bien compartimentée.
Un premier roman à découvrir.
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Nous avons l'habitude des récits à deux voix qui s'alternent d'un chapitre à l'autre. Ici la construction de ce roman aussi court que percutant est très originale : il s'ouvre sur un chapitre qui nous apprend quelques aspects du Lapin d'Amérique dans un style très documentaire et informationnel; suit la vie intrépide (pas de ponctuation pour respirer) et insoutenable de Diane et puis un retour en arrière dans son enfance. Ces 3 étapes se succèdent jusqu'à la fin, tel un mille feuille. Et ces 3 chapitres ont un thème commun (survie, fuite...)
De l'originalité, de la poésie, une certaine profondeur en peu de pages, de la science fiction, du documentaire et de la romance. J'en oublie probablement.
Ce très -trop- court roman se dévore littéralement.
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Comme lecteur je me sens rarement floué. Mais j'avoue que si j'avais eu le malheur d'acheter ce livre, heureusement emprunté à la bibliothèque, j'aurais demandé un remboursement. Car à mon sens la recette suivante ne fait pas un livre: réunir un trentaine de pages concernant une brève rencontre passée de Diane, personnage énigmatique, une autre trentaine sur ses obsessions actuelles, entrecouper tout cela de fiches scientifiques sur le lièvre et de quelques pages de charabia genre exercice de style pondez-moi une page sans aucune ponctuation, le fond on s'en fout. Le comble: insérer à plusieurs reprises deux pages pleines de barbouillages noirs sans aucune signification; peut-être y a-t-il un nombre minimal da pages pour avoir une subvention à l'édition? En 4e de couverture on peut lire: ”Ce roman, une fable animalière néolibérale, s'adresse à celles et ceux qui se sont égarés”. Honnêtement je ne vois pas comment cette chose peut ramener qui que ce soit vers un graal quelconque . . .
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Merveilleux premier roman !
3 histoires croisées, dont deux dans lesquelles nous voyons Diane, à 15 ans d’intervalle.
Nous avons donc Diane, qui a tellement besoin de temps pour travailler encore et encore plus, ne prend même plus la peine de ponctuer ses phrases
La seconde c’est toujours Diane mais sur son île et adolescente
La dernière nous évoque la vie et les caractéristiques du lièvre d’Amerique.
Mélangez le tout et vous obtenez une superbe fable sur notre monde et sur ceux qui ne savent plus pourquoi ils vivent .
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livre étonnant et plaisant...étonnant par le vocabulaire et expressions québécoises florissant les pages , par le thème biensur et la construction.
On se laisse facilement porter par l'histoire ....et on y croit ,tout simplement ...à devenir lièvre nous mêmes . merci!
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Dans les petits pots, les meilleurs onguents? Bon, ce n’est pas une panacée mais dans ce petit récit, un a un bijou ici.
Petites réflexions, à travers les protagonistes du roman, sur nos modes de vie « à la vitesse du lièvre ».
Le dénouement se déroule sur une minuscule île, longue de 10 km et large de 1.5 km.: un havre mystérieux et enchanté qu’est l’Isle-aux-grues (environ 150 habitants).
Laissez-vous portez par cette fabuleuse fable…
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Pour un premier roman de l'auteure québécoise Mireille Gagné, je trouve « le lièvre d'Amérique » particulièrement réussi.
J'avais d'abord repéré la magnifique couverture avec ce lièvre qui accroche le regard. Et les avis de nombreux lecteurs ont fini de me convaincre.
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« le lièvre d'Amérique » est une fable animalière qui m'a surprise par sa modernité, son étrangeté et son originalité. Elle nous invite à nous interroger sur les dérives de la vie moderne, la souffrance au travail qui incite à toujours plus de performances, mais occasionne par la même, anxiété, stress, fatigue et dépression.
« Elle s'assoit devant son ordinateur et ouvre ses courriels. Déjà cent-vingt-huit non lus ; deux-cent-vingt-quatre notifications. Et ça la frappe en plein visage. L'humain pourra-t-il survivre à ça encore longtemps ? »
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Ce roman est court, rythmé, mais surtout très surprenant par sa construction que je trouve vraiment brillante, très curieuse par son aspect fragmentaire et le changement de style littéraire. Ce procédé littéraire est une grande réussite et m'a tenu en haleine jusqu'au bout.
Le lecteur suit Diane à trois moments clés de sa vie. Chaque temporalité s'adapte à merveille à chaque période de sa vie, offrant un mode de narration différent, des émotions différentes.
Le récit est entrecoupé de petits textes documentaires sur le lièvre d'Amérique, permettant de faire sens avec l'histoire de la jeune femme.
« le lièvre d'Amérique (Lepus americanus) est un petit mammifère … largement répandu au Canada et au Québec… À l'opposé de son cousin le lapin, le lièvre préfère fuir plutôt que de se cacher pour échapper aux prédateurs. »
Si le début du roman demande un petit temps d'adaptation à cause de l'écriture et de l'intention de l'auteure de nous laisser dans le flou, l'envie de comprendre le lien entre Diane et le lièvre d'Amérique est la plus forte.
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Diane, quelques jours avant l'opération chirurgicale
Diane est perdue, proche du burn out.
Un texte sans ponctuation, une succession ininterrompue d'actions montrant Diane au bord de la rupture, courant après le temps et son désir de perfection.
L'aliénation par le travail.
« Elle se réveille toujours à la même heure se douche s'habille se prépare déjeune s'en va travailler sept jours sur sept emprunte le même chemin ne parle à personne sauf si c'est pour exécuter une tâche sept jours sur sept ne possède aucune relation en dehors du travail fille unique ça fait au moins quinze ans qu'elle n'a pas vu ses parents ni ne leur a parlé bosse dur toute la journée sept jours sur sept exécute toujours davantage de tâches que les autres ne montre aucun signe de fatigue ni de défaite … »
Jour 0
Diane se réveille chez elle après voir subi une opération chirurgicale.
Laquelle ?
L'auteure reste très vague pour le plus grand plaisir du lecteur qui intrigué, va reconstituer petit à petit le cheminement de la jeune femme qui la conduise à désirer cette opération et à subir les conséquences sur sa vie future.
Les jours suivant l'opération
Les effets secondaires apparaissent rapidement.
Le lecteur suit jour après jour ses transformations physiques, mais aussi les changements de personnalité et de comportements.
La vie de Diane bascule peu à peu alors que ses rêves la ramènent, adolescente, sur son île natale et à son premier amour, Eugène, un jeune adolescent fasciné par les animaux en voie de disparition.
Je me suis demandée si Mireille Gagné n'avait pas choisi le prénom d'Eugène en rapport avec le courant de pensée eugénique.
« J'aurais pu te dire qu'il n'y a réellement rien d'anormal sur cette île. Sauf peut-être la solitude qui s'abat quand l'hiver ne veut plus partir. D'abord toute petite, puis du jour au lendemain, intolérable. Et le temps qui se morfond. Les insulaires doivent se terrer chez eux. le sentiment d'oppression aussi qui grandit avec l'étale de la marée. L'attente qui devient insupportable. Des fois, on a l'impression d'être prisonnier, que le plein de l'eau ne veut plus nous quitter. »
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L'épilogue donne une interprétation intéressante de cette histoire à travers une vieille légende amérindienne.
« Diane s'agenouille et prend une poignée de terre dans sa main, la renifle. Elle l'étend sur ses avant-bras, ses joues, son cou, pour effacer son odeur aseptisée. »
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Pour conclure, en dressant le portrait de Diane, « le lièvre d'Amérique » est une percutante critique de nos modes de vie. Ce roman réussit de manière subtile et efficace à nous interroger sur notre place dans la société, sur notre rapport au travail et nos difficultés à concilier métier, vie personnelle et vie familiale.
Oscillant entre conte fantastique et fable animalière, ce premier roman est une belle réussite littéraire qui puise dans l'imaginaire des légendes pour comprendre le monde d'aujourd'hui. Je vois dans ce texte une quête d'un retour à la nature et à nos racines.
Peut-être vous reconnaîtrez-vous dans Diane ?
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On suit la vie de Diane sur différentes étapes. Plus jeune, quand elle est tombée amoureuse sur l'île de son enfance. Plus tard, au boulot, complètement surmenée. Et après une opération qui semble lui avoir donné des capacités physiques et mentales exceptionnelles.
Un roman court mais saisissant sur l'envie d'être toujours plus productif, sur le rapport à la nature. Une fable moderne intéressante. Vraiment différent de ce que j'ai l'habitude de lire de par son contenu mais aussi sa forme. J'ai lu plusieurs critiques qui reprochent à ce roman son format très court. Je dois dire que je ne suis pas d'accord : ça fonctionne très bien comme ça. Je ne pense pas qu'il en fallait plus. Les éléments suggérés sont suffisants et le message est passé. Une expérience littéraire intéressante !
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Une fable moderne et dystopique : et si on pouvait modifier notre organisme et le rendre plus performant ? Plus besoin de sommeil ni de repos, parfait pour une carriériste comme Diane, qui veut en faire toujours plus...
Alternant passages avant et après "l'opération", mais aussi passages de l'enfance et de l'adolescence, ce roman aux allures de fable m'a un peu perdue et vaguement ennuyée.
Pas mal comme idée de départ mais vite oublié !
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Un joli moment d’évasion. Au-delà de sa chouette couverture, Le lièvre d’Amérique vaut le détour par sa construction originale qui sert vraiment bien le message de l’ouvrage. Le roman est structuré en sections, toutes composés de quatre courts chapitres : un chapitre présentant une caractéristique du lièvre d’Amérique, un deuxième chapitre écrit à la 3e personne décrivant le personnage principal, Diane dans les jours suivant une opération censée la rendre plus performante (moins besoin de sommeil, plus de capacité de concentration), un troisième chapitre écrit à la première personne nous ramène à l’adolescence de Diane, entre mers, forêts et amours naissantes, et le dernier chapitre écrit dans un style lapidaire et essoufflé décrit les moments qui ont conduit Diane à prendre la décision de l’opération précédemment mentionnée. Cette construction permet de mettre en tension la Diane transformé par la société néolibérale urbaine et la Diane proche de la nature et prend tout son sens au fur et à mesure du récit. Avec Watership Down et le lièvre de Vatanen, je commence à me dire que ces petites bêtes sont vraiment de beaux sujets de roman !
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