Un livre voyageur à fait escale chez moi, j'adore les livres voyageurs qu'elle belle idée de partage dans la lecture !
Merci à Sandrine (son blog Les pages de Sandrine) d'avoir fait voyager son livre !
Question thème je restais dans le même que "Des vies d'oiseaux" de Véronique Ovaldé, puisque Murielle Magellan parle dans ce livre des relations entre mère et fille et aussi de la vie des femmes.
Le traitement est un peu différent puisque l'auteur s'intéresse à la vie de la mère Isabelle en tant que femme durant l'été 1987 et retrouve alors la fille Romane plus de 30 ans après essayant de comprendre la vie de sa mère qui est décédée par l'intermédiaire d'un graffiti découvert sous la tapisserie de sa chambre d'enfant.
J'ai eu de la compassion pour cette femme discrète et sans bruits, cette femme moyenne qui s'est laissé attraper par la routine de la vie. Isabelle m'a touchée dans sa stricte banalité.
"Isabelle soupira. Son œil frémit. Elle s'en voulait d'être ainsi suspendue aux mots d'un homme, son cadet de surcroît, comme s'il était le principal, ou l'inspecteur d'académie. Pourtant c'était bel et bien ainsi qu'elle fonctionnait. Quand elle n'était pas immobile et qu'elle avançait un peu, chaque pas craignait l'explosion de la mine, attendait la note, espérait la moyenne, le regard de son père, ou de Pierre (son ex mari père de ses deux enfants Romane et Adrien), ou de Dieu. Elle s'en voulait et se dit qu'un jour, elle aimerait avancer sans l'appel d'un autre ou d'une autre. Seule."
J'ai eu plus de mal à entendre et comprendre cette Romane criante, accusatrice, mal dans sa peau, qui sera brûlée !!! J'ai eu du mal car j'ai pris cette rage en pleine face sans en comprendre vraiment l'origine ... Enfant de parents divorcés, elle n'a pas eu l'air d'avoir une enfance si malheureuse alors pourquoi cette blessure et cette rage gratuite...!!!?
" Romane : Oui je l'ai admiré ma mère. Petite et puis quelques années encore. Jusqu'à ce que ses quinze tonnes de banalités me sautent à la figure. Icône de l'incapacité à bousculer, à désobéir, à mordre. L'anonymat érigé en victoire." page 85
Enfin cette fille était comme à l'opposé de sa mère, elle a construit sa féminité à l'inverse. Le Ying et le Yang. L'eau et le feu.
Et puis le feu va s'apaiser, par la flamme créatrice de Romane qui cherchera "So What" cet homme que sa mère a rencontré un été et qui l'a bousculé dans sa vie dans son ronron quotidien.
Cet homme par qui l'imaginaire et les possibles d'Isabelle se sont révélés.
"Sur le seuil de la chambre de ma fille, So What s'insurge. Certes, j'ai raison. Certes, il n'y a rien à dire à des balivernes pareilles, mais si on crée pas un peu d'inutile dans ce monde, de l'inutile gratuit bien sûr (car l'inutile lucratif ne manque pas "achetez du vide, braves gens !") on va l'encourager dans sa pente naturelle, l'efficacité, le profit, la performance. Selon lui (So What) il faut dresser des statues en l'honneur de l'inutile, du bavardage, des fadaises et du chahut : Il est de notre devoir de citoyen de continuer de parler pour ne rien dire, et à brasser de l'air ! Si !" page 77
"Les talons mi-hauts d'Isabelle, claquèrent sur le bitume. Ils quittaient parfois les trottoirs trop étroits pour s'enfoncer dans le goudron tiède de la rue. La nuit n'était pas encore dans la place, mais elle s'approchait, main douce et enveloppante qui prend son temps pour vous étreindre. La chaleur pesait et et le silence aussi. So What était beau. Sa longue silhouette flânait avec un déhanché un peu animal qu'Isabelle n'avait pas encore remarqué. Il flottait dans une chemise en lin bleu ciel et un jean élégant. Ses yeux ronds souriaient doucement." page 125
L'été d'Isabelle fût un bel été, un été différent et chavirant. Ouvert à l'imaginaire.
Et puis cette fin qui me laisse dans le doute, comme Romane qui se demande au fond qui était vraiment sa mère et si tout ça est bien vrai...
Même si j'ai bien envie d'y croire à cette belle histoire moi. Après tout il est bien nécessaire de s'arranger parfois avec la vérité et de s'imaginer de douces et folles choses pour faire comme des parenthèses véritables.
Respiration et refrain entrainants d'une vie ordinaire... So What !
Lien :
http://imagimots.blogspot.fr..