AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Murielle Magellan (192)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Géantes

Avec une inventivité qui séduira les amateurs de fiction, Murielle Magellan nous raconte la vie de Laura, une femme, engagée, tenace, audacieuse aux multiples talents.



Un chapitre sur deux, Laura cède la place à Murielle en miroir, la romancière se raconte alors dans son journal intime. Ce dialogue est magique, comme un échange entre réalité et fiction.



Insolente et burlesque Murielle Magellan égratigne les hommes, fussent-ils des immortels, dans une magistrale destiné une sorte de conte moderne.



Un conte moderne, "Géantes".

Laura est le personnage central du livre de Murielle Magellan, "Géantes". Laura, passionnée de littérature japonaise, travaille modestement pour la petite entreprise de son mari. Sollicitée par la médiathèque de sa ville, Laura y croise l'un de ses écrivains japonais favoris. Le romancier ébloui par cette rencontre parle de Laura sur les ondes d'une grande radio.





La sortie soudaine de l'anonymat déclenche alors alors sur surprenante aventure. Laura va grandir, grandir, mais une ascension peut être la source de merveilles comme de désillusions.

Vous avez eu l'heureuse et même la lumineuse idée de créer, une Laura magnanime, et pleinement libre. Cette ascension elle la doit à ses qualités. Elle découvre ce que l'imagination est capable d'apporter, de belles idées, pour puiser ensuite dans ses propres capacités pour faire réussir une entreprise.





Les grandes romancières, celles qui tricotent de la pure fiction sont imprévisibles, à la façon d'un Andréï Makine, angoissé par la vieillesse. Pour lui, le seul et unique drame d'une femme serait de vieillir !

A travers Géantes on voit se dessiner le futur du féminin, le devenir des femmes. Murielle Magellan évoque page 285 : « On Semble s'habituer peu à peu à sa dimension grandissante, à son influence, à ce qu'elle attribue aux photos d'Eliezer, souvent diffusées et relayées par les jeunes et la presse. »

Le parcours de Laura est étonnant et funeste parfois , de la gloire au désastre, on s'interroge sur une ascension fulgurante, suivi par le chaos. Symboliquement, le Grand CDI est devenu un tout petit CDD. En romancière avisée La romancière ne fait pas de cadeau. Et Laura de hurler :  » Tu te rends compte que c'est terriblement injuste, j'ai travaillé beaucoup plus que stipulé dans mon contrat. »





La découverte du Japon

L'intrusion du Japon est comme un fenêtre ouverte sur le monde.

Le grand écrivain japonais Takumi Kondo, écrit à Laura une magnifique lettre, dans laquelle figure un poème de l'odieux et génial Baudelaire :

" J'eusse aimé vivre auprès d'une jeune géante,

Comme au pied d'une reine un chat voluptueux.

J'eusse aimé voir son corps fleurir avec son âme

Et grandir librement dans ses terribles jeux,

Deviner si son coeur couve une sombre flamme."



La femme chez Murielle Magellen n'a jamais baissé les bras, Laura aura passé tant de temps à lire du japonais. Laura est émerveillée d'apprendre que cette langue parlée est devenue le japonais littéraire classique. le Dit du Genji, relate ainsi la vie d'un jeune prince séduisant, amoureux des femmes. Vous admiriez alors « la prodigieuse finesse psychologique d'une romancière japonaise. » (P; 252).





Laura la féministe

Je suis tombé de mon oreiller, quand effrayé,  j'ai lu le discours de Flaubert sur la poésie de Louise Colet : « Écrire est un acte viril, avec pour seul but noble la recherche esthétique. La beauté à laquelle selon lui les femmes sont insensibles » (page 246). Quel mufle !

Marguerite Duras dont le vin est béni des dieux (le Duras, célèbre vin du Haut Marmandais) lui donne la meilleure des répliques : son silence. « Savoir entendre le silence, le comprendre, il en est incapable le sot ! »





J'ai découvert amusé, sous la plume de Gustave Flaubert, comment discerner une phrase femelle, car « une phrase mâle est saillante. » Cet échange est surréaliste ! Un homme du nom de Eliezer aimerait montrer ses photos et « montrer que la beauté l'emporte sur la peur ». Vous lui avez ouvert votre porte, était il un ange ? La grande victoire d'Eliezer serait que beaucoup d'hommes viennent et constatent avec lui à quel point la grandeur de Laura est une chance pour l'esthétique et le désir et non l'inverse.



A travers vos audaces, un visage s'est inventé au féminin, celui de Laura du conte à la réalité. Une fois encore votre plume de romancière nous offre de grandes surprises, et de délicieux moments de lecture.



Commenter  J’apprécie          291
La Fantaisie

Mais comment vais-je me sortir de cette galère ? Et en plus du retard pour publier mon billet pour ce partenariat. Désolée …



J'ai demandé ce livre car j'avais déjà goûté à la plume de Murielle Magellan avec "Un refrain sur les murs" que j'avais bien apprécié.



J'ai donc choisi lors d'une dernière Masse critique de Babelio, ce titre à la couverture et au titre tous deux attirants.



Et là, ce fût une déconvenue.



Je deviens peut-être difficile, mais je n'ai pas accroché du tout à ce livre.



J'ai persévéré, persévéré et puis là non, je n'ai pas pu, j'ai lâché le livre, je l'ai abandonné vers la page 200 (sachant que je l'ai survolé dès la centième page).



Je n'aime pas abandonner un livre, je pense toujours que je peux enfin trouver quelque chose qui me plairait, mais là je ne sais pas, tout m'a ennuyé. Même l'écriture était plate.



Mona, le personnage principal, découvre dans son nouvel appartement, un petit appartement étudiant dans un immeuble, caché sous l'escalier de la mezzanine, un manuscrit.



Ce manuscrit va l'emmener à rencontrer celui qui l'a écrit, en premier par le livre qu'elle commence à lire avidement et qui semble lui parler directement et après en voulant rencontrer l'écrivain. Enfin, ce n'est pas un écrivain ce Philippe Sandre-Lévy,



C'est un homme pas du tout intéressant… Ce personnage ne m'a pas captivé, non.



Pfff et alors elle pouvait me plaire cette histoire… Pourtant ce livre m'est tombé des mains…



Environ au milieu, je m'ennuyais profondément … Ce n'est pas souvent mais je n'avais plus envie de cette lecture. Et lire ce n'est pas s'ennuyer.



J'ai tenté de poursuivre, voulant honorer mon partenariat avec Babelio. Par correction



Mais en fait, je n'ai pas accroché aux personnages. Ils sont trop lisses et leur rencontre est si fade... Même ce livre écrit dans la jeunesse ne m'a pas accroché… Je n'ai pas adhéré à ces deux récits enchâssés.



De la fantaisie ? Non, je ne l'ai pas vu. Pour l'auteure seule la jeunesse offre la fantaisie ? C'est ça le message ? Que c'est triste…



La jeunesse ce sont les joies des découvertes, c'est le droit de se tromper, oui bien sur.



Je m'excuse donc auprès de Babelio, auprès de l'auteure aussi,



mais je vais en rester là pour ce roman.



Ma fantaisie à moi sera de m'accorder le droit de l'abandonner



et de ne pas pouvoir vous en dire plus…



Vous pouvez découvrir d'autres avis chez Babelio qui seront peut-être plus positifs que le mien.



Les lectures sont des rencontres et là, ça n'a pas du tout fonctionné entre moi et ce livre.



Tant pis !
Commenter  J’apprécie          282
Les indociles

Pour résumer Olympe Delbort, il n’est besoin que de trois extraits du roman.



« Olympe a trente-sept ans et elle n’a jamais vraiment écouté une phrase jusqu’au bout. On n’est pas l’une des galeristes les plus en vue de paris, à trente-sept ans, sans avoir un fond d’impolitesse, un mépris de la lenteur, une persistante hâte. » (p. 12)



« Rien n’est jamais plus simple que la sexualité d’Olympe, désirer et être désirée, le dire, le faire. Elle s’étonne que cela puisse chez certains engager tant de choses, alors que c’est pour elle un pétillement, une récréation. » (p. 28)



« Elle ne croit pas l’homme capable d’amour même si elle le croit capable d’avoir inventé l’amour. » (p. 29)



Loin d’être réducteurs, ces extraits conjugués dressent le portrait complexe d’une femme moderne et libre, éprise de séduction et d’art pictural. Son prénom fait clairement référence à la révolutionnaire féministe et indépendante qui perdit la tête sous la guillotine. Olympe, c’est aussi un traumatisme sexuel niché dans l’enfance et de nombreux articles de presse qui tentent de percer le mystère de son succès et de son originalité. Quand Olympe veut, elle obtient : un tableau, un artiste, un homme. Elle assouvit ses désirs avec la même impatience goulue que le marcheur qui avale un verre d’eau fraîche après une journée dans le désert. « Prendre le plaisir puisqu’on peut le prendre. » (p. 46) Et l’amour dans tout ça ? Justement, l’amour, Olympe n’y croit pas. Elle croit au rapprochement et à la friction des corps, pas à celles des cœurs.



Puis elle rencontre Paul Anger et Claude Solal. Le premier est marié, heureux dans une existence calme et un rien bourgeoise. L’autre est artiste, écorché par la vie et encore riche d’une créativité qui ne demande qu’à s’exprimer. Au premier, elle va demander ce qu’elle n’a jamais attendu d’aucun autre partenaire. Au second, elle va promettre la gloire et la reconnaissance. D’abord réticents, inquiets de quitter leur tranquillité, les deux hommes rendent les armes face au désir d’Olympe.



Évidemment, il y a quelque chose des Liaisons dangereuses dans les échanges entre Olympe et Paul, mais la galeriste est plus Valmont que Merteuil puisqu’elle ne se grise jamais de la souffrance qu’elle peut infliger à l’autre et qu’elle ne cherche en aucun cas à la susciter. Sans aucun doute, Olympe préfère conquérir plutôt que posséder. Don Juan en jupons et au corps androgyne, elle découvre brutalement les élans du cœur. « Elle est jalouse et on n’est pas jaloux ainsi d’un ami. Elle est jalouse donc. Elle est jalouse donc elle aime Paul ? » (p. 152)



La fin, la suite, elles importent finalement assez peu quand on a compris que Paul et Claude sont les deux faces d’un même homme et qu’en perdant l’un, Olympe ne sait pas garder le second. Il n’y a pas de miracle, personne ne change : au mieux, on se réinvente avec les briques de son ancien moi. Ce n’est qu’un réaménagement. Olympe reste fidèle à ce qu’elle est. Elle connaissait le pouvoir de création de l’art, elle a découvert celui de l’amour, mais aussi leur folle puissance destructrice.



Cette lecture m’a intriguée. J’ai observé Olympe comme je l’aurais fait d’un animal exotique. Sans m’être antipathique, Olympe ne m’a pas touchée, au contraire de Paul que j’ai largement plaint. Olympe est la part violente de mon être dont j’ai depuis longtemps compris qu’elle ne m’intéressait pas. Les indociles est un roman étonnant sur le désir, l’amour et l’art qui sont trois forces dynamiques dont il faut se méfier autant qu’il faut les admirer.

Commenter  J’apprécie          270
Changer le sens des rivières, également paru so..

J'attendais mieux !

Je lis Murielle Magellan pour la première fois, les critiques étaient élogieuses et je me suis procuré le livre en toute confiance.

Marie, titulaire d'un bac pro en chaudronnerie (quelle idée !) est serveuse dans un bar au Havre, elle s'occupe de son père qui, suite au décès de sa femme est devenu hypocondriaque sévère. Elle est organisée, surtout du point de vu financier, elle gère sa petite paye afin de vivre (ou plutôt survivre) et subvenir aux besoins de son père. Elle fait la connaissance d'Alexandre, étudiant en art cinématographique, et très vite elle en tombe amoureuse et c'est là que commencent les ennuis. Je n'irai pas plus loin pour ne pas spolier.

Si le contenu du livre commence d'une façon posée, il se corse rapidement, ça devient un peu fouillis. Je n'aime pas trop cette façon qu'ont certains auteurs de mélanger tout. Entre le juge, Alexandre, son père, sa soeur et j'en passe la vie de Marie devient un enfer.

Murielle Magellan a une façon de raconter les choses que je n'apprécie pas tellement, certes, elle écrit bien mais elle n'a pas su m'accrocher, j'ai lu facilement le livre mais je n'ai pas trop aimé. Pour moi il est fade.

Il a malgré tout remporté le Prix du Salon du livre du Mans.
Commenter  J’apprécie          260
N'oublie pas les oiseaux

Ce roman est le portrait d'un amour, un amour d'une saisissante vérité. Son éclosion. Ses tâtonnements. Ses humeurs. Ses soubresauts. Ses palpitations. Ses flottements. Ses tiraillements. Sa volupté. Sa sensualité. Son audace. Sa mélancolie. Sa détresse. Son poids. Sa légèreté. Sa force. Sa fragilité. Ses brèches. Son ébullition...

Un amour vrai parce que vécu, apprivoisé, effeuillé, décrypté, analysé.

Un amour mis en mots. Des mots sincères, authentiques. Des souvenirs lointains toujours présents. Des fragments bruts de sentiments notés sur des carnets d'écolier au fil des années par Murielle Magellan elle-même puisque que c'est de sa propre histoire dont il s'agit ici. De son amour pour l'homme slave. En partant de ces bribes, elle tisse le récit d'un amour véritable et passionné où règne la sincérité, l'émotion, la violence et la fantaisie.

Un roman irradiant une lumière naturelle tour à tour douce, flamboyante et foudroyante qui s'étiole peu à peu sans pourtant s'éteindre. Même par delà la mort, elle vacille encore.

Vingt ans d'un amour. De l'innocence de la jeunesse à la sagesse de la maturité, de l'admiration à la déconvenue, du rêve à la réalité, de l'espoir aux tourments.

Murielle n'a que dix-sept ans lorsqu'elle tombe sous le charme ténébreux de son professeur. Il a le double de son âge. Il est beau, brillant, fascinant, désarmant, abyssal, désirable. Il est aussi libre comme l'air, infidèle, séducteur, ensorceleur.

Elle décline leur amour en mouvements. Ces mouvements que font les vagues sans doute... le ressac, le va-et-vient incessant, les aller-retours des sentiments. Un amour tumultueux. Mais toujours ce lien indefectible entre eux, scellé à jamais par l'enfant qu'ils auront ensemble.

Une histoire intense, envoûtante, romanesque, désarçonnante et émouvante.
Lien : http://lesmotsdelafin.wordpr..
Commenter  J’apprécie          260
La Fantaisie

«Il faut accepter le palimpseste»



Avec la Fantaisie qu'on lui connaît, Murielle Magellan nous offre un nouveau roman pétillant. La rencontre inattendue d'une ex-dépressive et d'un ex-écrivain misanthrope va faire des étincelles. Et nous réserver de belles surprises. Un régal!



Mona se remet d'une grave dépression. Après avoir perdu son travail, elle s'était enfoncée dans une spirale qui avait vu son mari demander le divorce. Elle était alors retournée chez ses parents à Toulouse avant un long traitement psychiatrique qui avait fini par porter ses fruits. Désormais elle se sentait prête à reprendre le travail, à retrouver la région parisienne et à renouer des liens avec sa fille.

C'est dans une cité de Rosny-sous-Bois qu'elle emménage. Et va faire une belle découverte dans une marche scellée, le manuscrit d'un roman intitulé Jonas is born, Alléluia et signé d'un certain Philippe Sandre-Lévy.

En commençant à le lire, elle y découvre certes un style un peu exalté et pédant, mais va très vite s'attacher à ce Jonas, personnage qui multiplie les tentatives pour effacer sa misanthropie.

En parcourant les réseaux sociaux, elle va parvenir à retrouver l'auteur. Elle lui propose alors de lui rendre son manuscrit, car elle a bien envie de faire sa connaissance. Las! La rencontre s'avère décevante et Mona repartira dépitée, mais toujours en possession du manuscrit qu'elle pourra continuer à lire, car elle s'est trouvée bien des points communs avec Jonas.

Murielle Magellan est passée maître – maîtresse? – dans l'art de la rencontre entre personnes d'horizons très différents. Comme dans Changer le sens des rivières (qui vient d'être adapté au cinéma par Jean-Pierre Améris sous le titre Marie-Line et son juge avec Louane et Michel Blanc dans les rôles-titre), elle réussit parfaitement à marier la carpe et le lapin (j'aimerais bien connaître l'origine de cette expression) et à démontrer combien une rencontre, même improbable, peut être enrichissante, pour peu que l'on prenne le temps de s'intéresser à son interlocuteur. «Deux hommes (en l'occurrence ici un homme et une femme), c'est l'arrivée du doute, du double, de la joute, du soutien, de la moquerie.»

Mais la scénariste n'oublie pas non plus son sens de la dramaturgie, en construisant le roman dans le roman et en nous en offrant ainsi deux pour le prix d'un. Et peut-être davantage: «Ce roman raconte l’histoire de Jonas peut-être, mais il en trimballe une autre, non écrite, intime, que ce texte, par sa simple existence, l'incite à «relire». Cette période ancienne surgit parfois dans ses rêves, déformée, imprégnée d’un voile de brume ou d’une lumière trop crue, inexacte et distordue.»

NB. Tout d'abord, un grand merci pour m'avoir lu! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre. Vous découvrirez aussi mon «Grand Guide de la rentrée littéraire 2024».Enfin, en vous y abonnant, vous serez par ailleurs informé de la parution de toutes mes chroniques.




Lien : https://collectiondelivres.w..
Commenter  J’apprécie          250
Changer le sens des rivières, également paru so..

Jeanne connaît les fins de mois difficiles. Confinée entre un père hypocondriaque et un travail au bar routinier, elle s'embrase vite pour Alexandre, bien qu'il soit bien plus cultivé qu'elle. Malheureusement, pour le jeune homme, cet obstacle est rédhibitoire. Alors c'est la descente aux enfers, Jeanne dérape et, ironie du sort : le seul être qui lui vient en aide est le juge qui la condamne avec sursis.

L'auteure cherche un équilibre entre amour, justice... et culture - non pas le vernis mais celle qui transforme.

Une quête menée avec naturel. Les personnages sont bien dessinés et présents dans leur rôle. La vie bifurque sur des chemins de traverse... et finalement, on accueille l'étincelle de félicité avec plaisir.

Une pépite.
Lien : https://partagerlecture.blog..
Commenter  J’apprécie          240
Un refrain sur les murs

Roman choral : Isabelle en 1987. Sa fille Romane, trentenaire, en 2010.



C’est sur Isabelle qu’est centré le récit, le temps d’un mois d’août en solitaire. La voix de la fille adulte apparaît sporadiquement, toute en révolte, exprimant sa haine, son rejet envers l’existence figée, étriquée qui fut celle de sa mère. En effet, cette femme semble n’avoir pas vécu – au sens où l’entendent Romane et nos conventions sociales (sortir, avoir plein d'amis, voyager, acheter...). Elle s’est frileusement enfermée dans une routine, qui la rassurait et l’étouffait à la fois.



Vision intéressante des relations mère-fille, du hiatus entre leurs modes de vie, qui finissent parfois par se ressembler dans leurs différences, quelles que soient les aspirations à se démarquer l'une de l'autre.

Beaucoup de réflexions pertinentes, également, sur les craintifs, ceux qui traversent la vie de manière passive, en observateurs, discrètement, s’efforçant de passer inaperçus, soucieux de ne pas déranger, et qui n’osent pas prendre leur envol, pas même en rêver. Des individus qui se sentent différents, en décalage perpétuel avec « les autres ». Qui ne s'est jamais estimé "en-dehors" comme cela, ne s'est jamais demandé comment ils font, ceux qui semblent si confiants, si à l’aise en société et dans l'existence ?



Rapidement, on peut craindre qu'une inévitable histoire d’amour convenue et neuneu vienne tout gâcher. Cela ne sera pas si simple. Ouf.

Je reste donc sur une bonne impression : un roman agréable à lire, riche, dans lequel on peut rencontrer des échos.



--- avis : 4,5/5 - légère réserve sur quelques aspects un peu naïfs, gentillets
Commenter  J’apprécie          210
Changer le sens des rivières, également paru so..

Je me souviens avoir repéré ce roman et son joli titre lors de sa sortie l'an dernier grâce à un billet de Delphine ; sa parution en poche était donc une parfaite occasion pour faire ce que je m'étais promis à la lecture de cette chronique : découvrir la plume de Murielle Magellan. Et la rencontre s'est très bien déroulée, je dois dire. Sur un contexte très actuel, l'auteure tisse les fils de son intrigue avec habileté et sensibilité, grâce notamment à des personnages finement campés, loin des stéréotypes. J'avoue m'être beaucoup attachée à Marie.



Une petite nana qu'on aurait tort de cataloguer trop tôt dans le clan des naïves. Certes, la façon dont elle pense que son Alexandre est un passeport pour l'ailleurs amène le lecteur à se dire qu'on connait déjà l'histoire, mille fois répétée. La petite serveuse, coincée entre ses fins de mois difficiles et un père malade dont elle doit subvenir aux besoins après la défection de sa sœur ainée, envolée loin du Havre a forcément du mal à imaginer un horizon un peu plus joyeux. Alors le bel Alexandre qui rêve d'intégrer une école de cinéma à Paris... Elle s'accroche à cet espoir. Se prend l'humiliation en pleine face. Déraille juste quelques secondes. Pourtant, cet épisode va déboucher sur un parcours plein de surprises et lui révéler que rien, dans la vie, n'est forcément inéluctable, pour peu que l'on prenne les bonnes décisions à chaque carrefour.



Et les surprises, le lecteur les découvre lui aussi avec plaisir. Celles qui se cachent derrière les façades des personnages, rappelant au passage à quel point on ne peut saisir la réalité d'un individu à partir des bribes qu'il laisse transparaitre. Le courage peut changer de camp. La culture s'acquérir. L'auteure illustre de façon très harmonieuse l'idée de se rendre maître de son destin, montrant peu à peu à Marie que la sensation d'indépendance, de maîtrise et de liberté qu'elle éprouve au volant de sa voiture, ce plaisir qu'elle prend à piloter, elle peut les élargir à l'ensemble de sa vie. Mais pour que cela soit possible, il lui faut une dose de confiance, quelques regards bienveillants posés sur elle. L'audace d'envisager des destinations inconnues. La part de l'humain. Et la conscience que le reste lui appartient.



Une fable sociale qui parvient à transcender le réel sans en nier les difficultés, servie par une héroïne lumineuse et courageuse. Un roman agréablement subtil.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
Commenter  J’apprécie          190
Géantes

Laura travaille avec son époux dans son entreprise de peinture. Elle est passionnée de littérature japonaise et c'est lors de la venue d'un auteur japonais à la bibliothèque qu'elle arrive à parler de sa passion.

Sa vie change, elle quitte son travail de comptable d'avec son mari pour travailler dans une cave. C'est le bonheur absolu pour elle sauf qu'elle commence à grandir de façon inexpliqué.

L'auteur entrecoupe son récit de ses réflexions sur l'essai d'un nouveau roman.

On comprend dans les deux récits qu'être une femme est compliquée.

Commenter  J’apprécie          180
La Fantaisie

Un roman qui porte bien son nom : fantaisie.

Mona sort peu à peu d'une dépression et lors de la découverte d'un manuscrit d'un roman un peu fantasque, elle va tout faire pour connaitre l'auteur.

Le roman est entre coupé du texte découvert par Mona. Un roman plein d'humanité et de justesse. On y croit et je trouve que ce roman est très cinématographique.

Une belle surprise.
Commenter  J’apprécie          160
Changer le sens des rivières, également paru so..

"Je chante un baiser

Je chante un baiser osé

Sur mes lèvres déposé

Par une inconnue que j'ai croisée

Je chante un baiser"



C'est un air, ne me demandez pas pourquoi, qui m'a accompagnée le long de ma lecture; je ne savais pas encore que le titre du roman était aussi tiré d'une chanson de Souchon (La Beauté d'Ava Gardner, pour les plus curieux).



Et le titre, déjà, parlons-en. C'est lui qui m'a attirée vers ce roman et qui m'a poussée à le demander lors de la dernière masse critique. Et il prend tout son sens au fil de la lecture.



Ce roman est d'abord l'histoire de Marie.

Marie a 23 ans.

Marie est jeune, jolie, un peu naïve.

Marie a perdu sa mère à l'adolescence et a pour père un hypocondriaque professionnel.

Marie ne peut pas compter sur grand monde, sa soeur s'est barrée on ne sait où, et Marie est en quelque sorte devenue le parent de son père.

Marie, qui n'a pour seul bagage qu'un bac pro chaudronnerie, dont elle a raison d'être fière, travaille dans une brasserie du Havre et n'a d'autre horizon que la ligne grise du ciel et son petit appartement.

Mais Marie va s'enticher d'Alexandre, un client de la brasserie. Alexandre le Grand; Alexandre le Conquérant. Alexandre qui vient d'un milieu social un peu plus élevé, qui a des rêves plein la tête et qui va faire tourner celle de Marie. Alexandre le prince charmant. Jusqu'au drame...



Et il y a Gérard.

Gérard est un vieux juge, proche de la retraite.

Et pour Gérard, les drames, c'est son quotidien, il n'en a malheureusement vu que trop défiler dans son bureau.



Gérard et Marie, qui n'auraient jamais dû se côtoyer, vont se reconnaître et un lien singulier va s'instaurer entre eux.

Chacun saura alors se nourrir de ce que l'autre a à lui apporter.



C'est un roman qu'on lit d'une traite, on a envie de suivre les déambulations et l'évolution des personnages, de savoir où va nous mener l'auteure.

C'est un roman, réaliste, que j'ai trouvé à la fois poétique et visuel. J'imaginais le film qu'on pourrait en tirer, sorte de comédie sociale sur fond d'humanité. Le Juge a eu tour à tour les traits de Gérard Depardieu (ce qui ne serait pas possible, ceux qui liront le roman comprendront) puis de Fabrice Luchini, même si son physique ne correspond pas au personnage.



La plume de Murielle Magellan est très agréable, j'ai souri à divers endroits en imaginant le double sens des phrases et mots utilisés. J'ai d'ailleurs relu certains passages plusieurs fois.



C'est un joli roman, loin des clichés et bourré d'optimisme. Il donne la parole aux gens lambdas, qui pourraient tout aussi bien être votre voisin ou votre collègue. J'ai refermé le livre le sourire aux lèvres. Après l'avoir lu, je crois en effet qu'il peut être possible de changer le sens des rivières.





Merci à Babelio et à la Masse critique du 16 janvier 2019

Merci à Murielle Magellan et aux éditions Julliard
Commenter  J’apprécie          143
N'oublie pas les oiseaux

L'histoire d'un amour fou d'une adolescente de dix-sept ans pour un homme de vingt-cinq ans son ainé, une histoire qui durera dix-huit ans., l'histoire de l'auteure elle-meme.L'homme est infidéle et instable et une bête du travail , donc catégorie compagnon difficile; Murielle jusqu'au bout ne lachera pas.Son écriture est lumineuse et nous entraine comme un tourbillon dans ce délire amoureux.
Commenter  J’apprécie          142
Changer le sens des rivières, également paru so..

Ce roman se déroule de nos jours, au Havre.



Marie, diplômée d'un bac pro en chaudronnerie, est serveuse dans une brasserie. Très organisée elle gère la maladie de son père, lui consacrant une partie de sa vie et de son maigre budget. Jusqu'au jour où elle croise Alexandre qui rêve de devenir réalisateur. Marie ne connait pas François Truffaut, et Alexandre coupe les ponts.



Marie dérape et va devoir payer son acte violent. Elle ose demander de l'aide au juge, client de sa brasserie, et se retrouve "chauffeur particulier". Il la rabroue et la secoue mais l'incite à chercher.



Ce sexagénaire, bien cabossé lui aussi par la vie, sera son puiseur de merveilles, celui qui va lui donner le goût de..



Je me suis attachée aux personnages : Marie a un profond sentiment d'infériorité envers sa soeur aînée, Victoria, qui a quitté la maison, Alexandre, Gérard le juge. Elle n'a aucune conscience de ses capacités, se contente de survivre et se contenter de peu.



Gérard, le juge, se veut équitable et droit. Sans pitié mais juste.



Il y a aussi Charlie, transexuelle qui a osé s'assumer



Et il y a le bonsaï de grenadier que Marie va découvrir,acquérir et cultiver.



Marie a osé : ne pas suivre Victoria et Inge, demander de l'aide, découvrir, s'émerveiller, partager, aimer, se cultiver, apprendre, évoluer, rêver et agir.



Et sans le savoir, elle est devenue "le point d'orgue" du juge, a donné du sens à la vie d'Alexandre,



Quel bel exemple à suivre !


Lien : http://www.unebonnenouvellep..
Commenter  J’apprécie          130
Changer le sens des rivières, également paru so..

Voici un roman dont j'ai tellement entendu parler que j'ai eu l'impression de l'avoir déjà lu lorsque j'ai commencé ma lecture...Heureusement très vite cette impression s'est dissipée et j'ai pu poursuivre agréablement ma découverte.



Marie jeune femme fragile et forte à la fois, travaille comme serveuse bien qu'elle ait un bac pro de chaudronnerie. Il faut dire aussi qu'elle ne peut s'éloigner du Havre où elle habite dans un quartier populaire, car elle doit s'occuper seule de son père hypocondriaque, alors que sa sœur a fui devant les responsabilités familiales.

A 20 ans, sa vie quotidienne n'est pas drôle et elle est obligée de calculer pour mettre de côté quelques rares euros par mois et se faire plaisir.

Alors quand Marie rencontre le charmant Alexandre, beau parleur et cultivé, elle se prend à rêver et tombe amoureuse. Le jeune homme la trouve jolie, rêve de devenir réalisateur, et d'intégrer une école à Paris. Il lui parle de cinéma, mais elle n'y connaît rien. Dès le début de leur relation, il reste profondément déçu qu'elle ne connaisse pas Truffaut, son idole dont il connaît tous les films par cœur.



Jusque-là, Marie ne se posait pas de questions sur son avenir, menait une vie tranquille, ne se sentait pas particulièrement inférieure aux autres, et pourtant, ce qu'elle ressent est d'une rare violence. Elle se sent méprisée, humiliée...et tout bascule dans sa vie.

Persuadé que leur relation est vouée d'avance à l'échec, Alexandre qui en tant que fils d'instituteurs a eu la chance d'accéder à une certaine forme de culture, va fuir, au lieu de lui dire en face qu'il ne désire pas poursuivre.



Elle lui en veut et décide de l'affronter mais pour un geste malheureux, elle se retrouve en comparution immédiate devant le juge Doutremont.

C'est un juge aigri, taciturne, qui ne lui fait pas de cadeau et Marie se retrouve bien incapable de payer l'amende qu'on lui demande...

Alors elle va oser le lui dire, puisqu'il fréquente le café où elle est serveuse. Le juge va décider de lui prêter l'argent, mais aussi de la prendre à son service pour qu'elle lui serve de chauffeur, jusqu'à ce que sa dette soit remboursée.

La vie de Marie prend alors un virage surprenant. Elle qui au début du roman était loin d'avoir toutes les cartes en main pour aborder un changement de vie, va peu à peu, tandis que tous deux s'apprivoisent et apprennent à communiquer, se laisser tenter.



C'est un roman qui se lit très vite et facilement. Il permet de passer un bon moment. Le titre, qui est un clin d’œil à Alain Souchon, nous met sur la piste du sujet principal qui est bien le changement de vie.

Vous l'aurez compris le roman aborde aussi le sujet du déterminisme social et des difficultés pour en sortir. Mais rien de caricatural dans les trois personnages ou dans les propos.

L'auteur parle avec beaucoup de délicatesse de ces différences sociales, des voies que l'on choisit d'emprunter et qui peuvent faire déraper ou pas une vie, la transformer, et l'enrichir.



Rien de spectaculaire pour autant dans ce livre, mais des personnages touchants qui savent devenir attachants au fil des pages et qui par petites touches, nous invitent à les suivre et à entrer dans leur quotidien.

Un roman qui fait du bien, tout doux et empli d'humanité que j'ai lu avec beaucoup de plaisir.
Lien : http://www.bulledemanou.com/..
Commenter  J’apprécie          130
Changer le sens des rivières, également paru so..

C'est une palette de couleurs toute en nuances que nous offre Murielle Magellan avec son roman.



On commence avec le rose, comme les Converse que Marie veut s'acheter. Marie, serveuse dans une brasserie du Havre, est amoureuse d'Alexandre, étudiant. Il la remarque, l'invite et la romance commence, éclairant le tableau un peu sombre de son quotidien.



Mais les couleurs se ternissent lorsque Alexandre ne rappelle pas Marie. Les événements se succèdent et de fil en aiguille, le destin de Marie vire au noir.



Acculée, elle a le courage de chercher une solution inédite qui permet de redonner des couleurs à son existence et de lui ouvrir de nouveaux horizons.



C'est la relation à l'autre sous toutes ses formes et à soi-même que ce roman explore et de fort belle manière en se demandant si les différences culturelles sont des barrières insurmontables.

Peut-on changer ? La voie de chacun est-elle tracée par avance ?



La plume de Murielle Magellan y répond avec lucidité et humour et un brin de poésie. Elle nous donne envie de suivre ses personnages auxquels nous nous attachons ... mais aussi de revoir Truffaut et d'écouter Alain Souchon.
Commenter  J’apprécie          132
Changer le sens des rivières, également paru so..

Murielle Magellan nous présente à travers ses personnages trois classes sociales, trois milieux assez différents. Le personnage principal, Marie a une vingtaine d'année. Elle a terminé ses études par un bac pro de chaudronnerie. Issue d'un milieu très modeste, orpheline de mère, elle tente de se débrouiller au quotidien grâce à son boulot de serveuse. Son salaire bien maigre lui permet tout juste de subvenir à ses propres besoins et de s'occuper de son père qui souffre d'hypocondrie maladive. Bref, elle vit une galère quotidienne. Elle va tomber amoureuse d'Alexandre, nettement mieux loti. Fils d'instits, il a eu la chance d'accéder à une certaine culture, et il est fou de cinéma. Il se voit réalisateur, comme Truffaut, son idole. Il estime que son histoire avec Marie est vouée à l'échec : elle ne sait pas de quoi il parle, ne connaît rien au cinéma, ne comprend pas ses références. Il s'éloigne donc d'elle, mais, lâchement, ne lui dit rien et se contente de ne pas répondre à ses sollicitations. La colère de Marie, blessée, humiliée, rejetée, s'exprime violemment : ils se disputent dans la rue, elle le pousse, et Alexandre se blesse à la tête en tombant. Marie se retrouve alors devant le juge, le troisième personnage important du roman. Gérard Doutremont ne vient pas non plus d'un milieu aisé, mais il est tombé dans une famille de surdoués : tous les enfants exercent des professions qui les ont tirés plus haut sur l'échelle sociale. Marie est condamnée à une amende conséquente qu'elle ne peut payer. Pour ne pas se retrouver avec un interdit bancaire, elle va demander de l'aide au juge : il lui propose de devenir son chauffeur jusqu'à ce qu'elle ait remboursé la somme qu'il lui prête pour régler l'amende.

***

Un très beau titre en forme de clin d'oeil à Alain Souchon ! Ce joli roman en huit parties se lit agréablement, facilement et rapidement. Un narrateur à la troisième nous fait vivre toute cette histoire par les yeux de Marie. On ne sait des autres personnages que ce qu'ils veulent bien lui raconter ou, dans le cas du juge, ce qu'une amie lui explique. Les trois personnages présentent des failles, bien sûr, ce qui leur donne à chacun certains aspects attachants. Mais Marie doit se battre contre le déterminisme social qui pèse sur elle. On peut voir dans ce livre, je crois, une sorte d'ode à la culture bien qu'elle soit, sous toutes ses formes, un des marqueurs sociaux les plus évidemment perceptibles et clivants. C'est paradoxalement la culture, justement, qui servira de pont entre Marie et Alexandre ainsi qu'entre le juge et Marie. La quatrième de couverture présente le roman comme « une fable urbaine », et c'est ce statut de « fable » qui légitime, me semble-t-il, un final bien improbable et un peu trop de bons sentiments à mon goût.
Commenter  J’apprécie          130
Changer le sens des rivières, également paru so..

Quelle drôle d'idée que cette illustration de couverture que d'aucuns pourraient trouver hideuse et peu vendeuse ! Elle ne ressemble en rien à ce que l'on pourra découvrir derrière sauf peut être la Ford Fiesta ( mais dans cette silhouette noire, difficile de reconnaître un modèle particulier), la vieille quasi épave de Marie l'héroïne. Certes sa vie n'est guère sautillante, même si le roman débute par une jolie scène de séduction qui tournera court. Mais qui peut se targuer d'enchaîner les jours avec un bonheur constant ? Sûrement pas les trois personnages principaux de cette histoire. Pas Marie, jeune serveuse qui doit s'occuper d'un père hypocondriaque, ni Alexandre étudiant qui cherche à percer dans le cinéma, ni Gérard, juge obèse et très taciturne. Tous ne se rencontreront pas forcément mais seront liés par un film de François Truffaut ( "Le dernier métro") qui leur permettra de trouver des liens que l'étanchéité d'une société bien cloisonnée ne leur aurait sans doute pas permis. Il faut dire que ces trois sont à des stades différents de l'échelle sociale. En haut, Gérard, rejeton d'une famille de surdoués, exerce la profession enviée de juge, plus bas, Alexandre, jeune homme très cultivé, vient d'un milieu plus modeste avec ses deux parents instits et occupe pour le moment une place au milieu, tandis que Marie, issue d'un milieu ouvrier passé à côté de toute culture qui brille ou qui pétille, se contente du dernier barreau, en bas.

Avec ses trois personnages, Murielle Magellan va tresser une très jolie histoire qui verra chacun se débattre dans une vie qui semble inexorablement tracée mais que chacun, inconsciemment ou pas, essaiera de faire sortir des rails. Il y sera question d'ostracisme social, d'altérité ( mot à la mode mais ici traité avec une profonde humanité), de différences culturelles. Avec une écriture claire et limpide, sans jamais tomber dans l'angélisme ni dans les clichés de la lutte contre les élites, le lecteur se trouve embarqué, non pas dans un des nombreux cargos ( quoique...) mouillant dans le port du Havre où se déroule cette histoire, mais dans un récit qu'on ne lâche pas. En brossant parfaitement ses personnages, les rendant ainsi immédiatement crédibles et attachants, l'auteure parvient avec talent à nous faire frémir, trépigner, râler, lorsque son héroïne prend une direction qu'on ne lui souhaite pas ou nous émouvoir fortement lorsque les paroles de certain(e)s se libèrent. On referme "Changer le sens des rivières" ( titre extrait de la chanson "La beauté d'Ava Gardner" d'Alain Souchon) avec le sentiment heureux d'avoir lu une très jolie histoire, à l'émotion constante et au message plein d'espoir : Il existe pour tout le monde, quelque part, souvent dans la culture, une petite clé qui peut changer une vie...
Lien : https://sansconnivence.blogs..
Commenter  J’apprécie          130
N'oublie pas les oiseaux





Oh ! comme j'ai savouré ce "Le connard"p253, comme j'ai dégusté, "cet En...." plus épicé, puis "ce blaireau" p291, autant de gentillesses lancées par Murielle Magellan au "Russe", "l'Homme Slave", Francis Morane. Ce cri du cœur, enfin! Le cœur a fini par craquer. Comme cela fait du bien à nous autres lecteurs



Portait au vitriol d'un homme du spectacle, à l'Égo jupitérien, contrait de tomber amoureux de toutes les femmes belles de vingt ans plus jeunes que lui, qui par "fidélité" à chaque nouvelle égérie, doit forcément aller au bout de ses caprices amoureux.

Son immense talent, est au service de ses seules conquêtes féminines, il les faut belles, intelligentes, séduisantes et mieux encore si elles ont du succès, mais pas trop. Murielle a 17 ans, lui 25 de plus, elle se découvre amoureuse d'une passion dévorante.



Ces cris du cœur sont bienvenus, comme un réveil ou un rappel, prendre du recul pour ne pas sombrer, relire ses propos ampoulés avec retenue, tenir une distance pour que germe la critique, « je suis moins aimée que je n'aime ». La phase fissure chère à Roland Barthes. Murielle Magellan n'aura plus que des miettes, "2 jours par semaine" et encore pour l'enfant.

La femme amoureuse de cet homme était au bout de la compromission, parfois elle lançait un, ne me quitte pas, " Laisse-moi devenir, L'ombre de ton ombre, L'ombre de ta main, L'ombre de ton chien", elle était  mélancolique, douloureusement et devenait l'inutile.



Comment qualifier ce que ressent l'Homme Slave ?

Un grand amour à lire les déclarations mielleuses et enfiévrées de l'Homme Slave, ? Ou un grand mépris quand on l'entend téléphoner à sa nouvelle conquête, devant celle à qui il vient de dire "je t'aime dans l'illimité de notre amour".



Sa chienne ? Pas capable de s'en occuper de la vielle faustine, chez lui tout est faux ses engagements comme de ses déclarations de revenus, tout est truqué, il faut alors ce cri "je m'en tape pour qu'il retrouve un peu de décence."

Addict aux jeux, au luxe, aux conquêtes, aux compliments le voilà qu'il offre à Murielle une parure Cartier en lui avouant "j'en aime une autre et je ne peux pas au nom de l'amour faire autrement."



Roman d'amour cependant, Murielle Magellan par fragments de conscience sait quelle doit se réaliser sans lui. A-t-elle lu Roland Barthes ? Chaque séquence amoureuse est aussi une conquête de la femme qui se libère, qui s'assume. La naissance de Samuel, l'enfant tant désiré par Murielle l'éloigne de l'Homme Slave qui ne sait pas donner par Amour, il aime Samuel mais de loin, de temps en temps. le déclin du compagnon est aussi le choix de la vrai lumière, intérieure, faisant fit de son amour propre le futur de Samuel est à ce prix.



Un très beau texte sur le monde du spectacle, l'envers du décor, sur les papillons de nuit, et le besoin absolu d'amour de l'enfant, sur les actes, pas les promesses, sur le don absolu et non sur la passion destructrice, sur la vrai liberté...



Je pense en finissant ce livre de libération écrit bien après les événements, au souffle de vie qui se dégage de ses lignes, ou de ses mots. Une belle promesse de futurs écrits, pièces, films romans.

A suivre



Commenter  J’apprécie          130
Changer le sens des rivières, également paru so..

Une drôle de rencontre. Un juge et une jeune fille qui se rencontrent au tribunal.

Ils vont faire un bout de chemin ensemble, s'apprivoiser et apprendre à se connaitre même si tout les sépare au départ.

Muriel Magellan nous montre avec habileté que rien n'est définitivement écrit, qu'on peut changer le cours de sa vie.

L'écriture est toute en nuances, très agréable.
Commenter  J’apprécie          110




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Murielle Magellan (616)Voir plus

Quiz Voir plus

Harry Potter à l'école des sorciers

La famille Dursley vit à Privet Drive, à quel numéro exactement?

3
4
6
8

15 questions
6664 lecteurs ont répondu
Thème : Harry Potter, tome 1 : Harry Potter à l'école des sorciers de J. K. RowlingCréer un quiz sur cet auteur

{* *}