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Citations de Nancy Huston (1129)


Milo écoute les voix dans sa tête et transcrit les mots avec une justesse sidérante .Le fait d'être à moitié sourd d'une oreille n'a en rien entamé son ouïe intérieure
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Comment filmer tes périodes de détention, Astuto ?
Les prisons ont un avantage par rapport aux placards de ton enfance, c'est qu'on peut y rencontrer d'autres prisonniers. C'est au centre d'accueil des délinquants que tu prends langue pour la première fois avec des Indiens. A l'école, on t'avait appris mille choses sur les Britanniques, les Français et leurs descendants fiers, héroïques et capitalistes en Amérique du Nord... Sur les habitants originaux du Canada, par contre, rien que des bricoles folklo. Or, plus tu rencontres d'Indien, plus tu te mets en colère contre eux. Il te semble que, dans toute l'Histoire humaine, aucun peuple n'a accepté aussi pleinement sa défaite. C'est que les hommes indiens, en plus de se voir spolier leurs terres et anéantir leur mode de vie, avaient vu accaparer leurs femmes les plus jeunes et les plus jolies par des hordes de mâles blancs, laids, agressifs, barbus, puants, cupides, avides de profit et en état de manque sexuel aigu, ayant traversé l'océan sans femme, de sorte qu'en l'espace de quelques petites décennies il existait une énorme population métisse. Alors depuis trois siècles, défaits, les hommes indiens s'étaient renfermés dans un ressentiment aussi alcoolisé que muet.
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De la rue dehors lui parvient le rire d'un tout petit enfant, un vrai "éclat" de rire, étincelant et liquide comme une petite cascade - ah! le mot "rigole" a été inventé pour ce rire-là!
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Pour la pornographie comme pour l'industrie de la beauté, les chiffres laissent sans voix. En ce moment il existe plus de 4 millions de sites web pornographiques, comportant plus de 400 millions de pages (dont plus de la moitié américaines) ; l'âge moyen du premier contact avec la pornographie est de onze ans ; 90 % des enfants entre huit et seize ans ont vu de la pornographie en ligne en faisant leurs devoirs ; 40 millions d'adultes états-uniens regardent régulièrement de la pornographie sur Internet ; chaque seconde dans le monde 30 000 personnes se connectent à un site pornographique ; entre 1992 et 2006 les bénéfices tirés de la vente de vidéos pornos aux Etats-Unis sont passés de 1,60 à 3,62 milliards de dollars... Les revenus annuels de l'industrie pornographique sont supérieurs à ceux, cumulés, de Microsoft, Google, Amazon, eBay, Yahoo !, Netflix et EarthLink.
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Comme votre physique n'est pas le même que celui de l'homme, votre métaphysique n'est pas non plus la même. Vous vous posez mille questions.
Suis-je mon corps, oui ou non ? Et... quel corps suis-je au juste, lequel parmi mes différents corps ? Et pour combien de temps ? Que désire l'homme, quand il dit me désirer ? Qu'aime-t-il, quand il dit m'aimer ? Oui : la beauté peut vous sécuriser, vous donner confiance en vous, mais elle peut aussi vous insécuriser, car la question que la beauté finit par vous poser est celle de l'amour.
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On s’enorgueillit à juste titre des progrès de la modernité (fusées interplanétaires, bombes atomiques, gratte-ciel, voitures, ordinateurs), mais notre cerveau reste celui de nos ancêtres de la préhistoire.
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Je me suis dit que la mort devait être comme ça : la vie continue tranquillement sans toi .
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Je suis vraiment heureux d’être né garçon plutôt que fille parce que c'est plus rare pour les garçons de se faire violer, sauf s'ils sont catholiques ce que nous ne sommes pas.
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Présentation du livre par son auteur, Nancy HUSTON :

" 'Lignes de faille' est un roman construit à rebours. Il est composé de quatre chapitres où nous sommes successivement dans la tête de quatre enfants, chacun étant le parent du précédent. Cela commence en Californie en 2004, avec ce petit garçon qui s'appelle Sol. Dans le deuxième chapitre, on est en 1982, dans la tête de son père, Randall, à New York ; dans le troisième chapitre, dans la tête de sa mère à lui, en 1962 : elle a toujours 6 ans, et on est à Toronto ; finalement en 1944-45, dans la tête de Cristina, l'arrière-grand-mère du premier petit garçon, en Bavière, pendant la guerre. Ce livre a été une expérience assez complexe. Il est difficile, je dois dire, de vivre dans la tête des enfants. J'ai voulu le faire, parce qu'il me semble que même les gens qui n'aiment pas les enfants et qui ne vivent pas avec eux comprennent que l'enfance est une expérience unique, irremplaçable, intense, grave, sérieuse, et gardent des souvenirs très forts de cette époque de notre vie. Au fond, j'ai voulu explorer l'histoire de la deuxième moitié du XXe siècle, à travers ces regards de tout-petits, parce que je suis convaincue que c'est à cette époque-là, dans le chaudron des émotions bouillonnantes, chaotiques de ces petits qui sont en train d'apprendre le monde, que sont forgés nos opinions politiques, nos préjugés, nos haines, nos peurs, parce que nous observons ce qui se passe autour de nous, nos parents surtout et tout ce qui peut les bouleverser : le fait de les voir paniqués ou en conflit ou effondrés ou humiliés a un impact extrêmement fort. Pour résumer le livre, nous pourrions peut-être reprendre la phrase d'un père, Aron, le père de Randall dans le livre, qui dit que le problème avec l'espèce humaine, c'est que les gens ont des tripes à la place du cerveau. Ils pensent avec leurs tripes et pas avec leur cerveau. Je souhaite aux lecteurs un beau voyage en arrière, dans le temps, dans la tête de ces petits, en espérant qu'ils vont pouvoir les prendre dans leur cœur comme moi, je les ai."
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La prière, c'est un peu comme une conversation privée entre soi et Dieu sauf qu'on n'entend pas les réponses, il faut juste y croire.
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Dieu qui nomme les premiers hommes, etc., c’est une fiction. Nous ne sommes pas Sa création, Il est la nôtre.
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Souvent, quand la mère meurt trop tôt, c'est ad vitam æternam que l'enfant s'acharne à se prouver digne de son amour, notamment en collectionnant des preuves que les autres l'aiment.
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Ils se sont presque perdus en ce moment, chacun noyé dans le sang de ses souvenirs, drainé de tout espoir et de tout désir, échoué dans l’immuable solitude du malheur.
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Parfois on voudrait juste appuyer sur le bouton stop. puis fast-forwarder jusqu'a un moment un peu plus supportable du film de notre existence. Oui, faisons cela. Oublions les démarrages les ratages les demi-tours les hésitations les tensions les soupirs les arrêts-pipi le sang qui déborde malgré les tampons les coups de fil infructueux en raison de la barrière de la langue, oublions les tâtonnements les misères les excuses les mauvaises odeurs les chambres sordides, oublions la tristesse dans les yeux des petites filles prostituées en Thailande les montagnes de déchets dans les quartiers nord de Dakar l'inénarrable méchanceté des officiers de la douane à Alger qui, en guise de bienvenue à Aziz venu visiter le pays de ses parents pour la première fois - c'était en 1993, il venait de fêter ses dix-huit ans - ont ouvert et retourné sa valise, flanquant par terre ses habits soigneusement pliés, oublions les enfants qui sniffent de la colle à Durban et dorment dans les tunnels des voies express, oublions le chaos de notre vie que l'on s'efforce de raconter avec un semblant de cohérence, dont on s'efforce de faire sens, oublions tout, tout, tout, au fur et a mesure...
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Nous sommes coupables dès que nous nous levons le matin : d’où viennent les oranges de notre jus d’orange, le café de notre café, le chocolat de notre chocolat, et le chrome de la radio que nous allumons pour écouter les mauvaises nouvelles du jour ? Tout en nous affranchissant fièrement des dogmes de la religion, nous nous sommes fabriqué un péché originel bien à notre image : insidieux, omniprésent, hégémonique.
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Enfin, plusieurs centaines d'autres Algériens, cette nuit-là, ont disparu. Peut-être ne sont-ils pas morts, il faut toujours rester optimistes. Peut-être en avaient-ils assez de vivre dans leurs bidonvilles puants et ont-ils décidé d'aller se couler la vie douce à Tahiti. Ca aussi, c'est la France.
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L'expatrié découvre de façon consciente (et parfois douloureuse) un certain nombre de réalités qui façonnent, le plus souvent à notre insu, la condition humaine. le caractère totalement singulier de l'enfance, par exemple, et le fait qu'elle ne vous quitte jamais: difficile pour un expatrié de ne pas en être conscient, alors que les impatriés peuvent se bercer toute leur vie d'une douce illusion de continuité et d'évidence.
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Quelle est à mes yeux la quintessence de l'ennui à la française ? C'est l'apéritif. Un apéritif servi avec lenteur et ostentation par des hôtes aux attitudes empesées.
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Jour après jour, mon mari s’étonnait : “Comment un peuple aussi calme et souriant a-t-il pu perpétrer le pire auto génocide de l’histoire humaine ?” Moi aussi j’étais déroutée par la courtoisie et la douceur extrêmes des Khmers. Je ne savais pas encore que mines doucereuses et génocide pouvaient traduire un même détachement, que le légendaire sourire des Khmers (tout comme le mien) était souvent un masque, servant non à projeter mais à protéger l’intimité de qui le porte.
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Notre esprit se met dans les pas de l'auteur, apprend à entendre la musique spécifique de ses mots et, peu à peu, si la magie fonctionne, il décolle, se met à voler, et finit par participer à cette prérogative divine qu'est la création. Oui, par la littérature, il nous est loisible d'expérimenter la part du divin qui se trouve en chacun de nous (...)
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