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Critiques de Naomi Klein (94)
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Dire non ne suffit plus

Dernier jour de l'année. ..et j'ai fini le livre de Naomi Klein aux petites heures du matin.



Mon billet aura la forme des voeux que je vous adresse à tous pour 2018!



Je nous souhaite un Katrina dévastateur sur le gang de millliardaires réunis, autour de leur chef, à la Maison Blanche, qui mettent en coupe réglée, pour leur bénéfice personnel exclusif, les ressources naturelles d'une terre qui appartient à tous.



Je fais des voeux pour que cette même tornade de refus décoiffe définitivement le clown à mèche jaune qui est l'actuel président des USA et qu'elle souffle, comme les bougies d'un gâteau d'anniversaire, les étoiles factices qui brillent sur ses tours, faisant oublier jusqu'à son nom.



Je fais des voeux pour que les mouvements de résistance féministes, écologistes, les mouvements de défense des minorités noires, latinos,indiennes, gay, tous les mouvements de protestation civique, fassent leur jonction et pèsent de tout leur poids contre la tyrannie des banques, le règne cynique et impitoyable des marques, la toute-puissance des lobby militaro-industriels, qui s'échinent à poursuivre l'exploitation des énergies fossiles, semant ainsi la misère et la guerre dans les parties de monde les plus fragiles, les plus instables, les plus déshéritées, et qui vont bientôt jeter le masque et s'attaquer sans vergogne à la protection sociale, aux systèmes de santé, aux infrastructures publiques encore debout, et à l'éducation pour tous, si menacée. ..



Je souhaite de tout mon coeur que l'horloge de la planète qui tiquetaque si inexorablement vers la catastrophe, soit rattrapée in extremis par celle d'une prise de conscience collective, mondialisée elle aussi -pourquoi la mondialisation n'aurait-elle pas ses effets vertueux, elle qui en a tant de pervers?- et , face aux dystopies devenues réalité un peu partout dans le monde -car Trump avec son toupet pisseux n'est pas le seul tigre de papier aux manettes, il y en a pléthore. .- je souhaite de tout mon coeur que les peuples dupés et exploités, que les citoyens déçus, blasés, desenchantés retrouvent la parole, la force d'agir et de rêver d'un autre monde, comme disait le chanteur.



Voeux de circonstance? Voeux pieux? Voeux utopiques?



Lisez le livre de Naomi Klein: sans doute serez-vous aussi révoltés, aussi réveillés que moi- pourtant je me suis couchée tard..



Je pense aux protest songs de Dylan... Times are a'changing ...



Je pense à ce brave Gébé avec son An 01.

Allez, les copains : on arrête tout, on réfléchit et c'est pas triste.



Comme disait ce dangereux révolutionnaire de La Boétie: "Soyez résolus de ne servir plus!"



Bonne année 2018, bonne année nouvelle, bonnes lectures à partager, bonnes idées à semer, bonnes nouvelles à récolter!













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No logo

Depuis quelques dizaines d'années, les marques ont pris une importance démesurée dans le paysage commercial. Les entreprises ont tout doucement abandonné l'idée de faire de meilleurs objets pour se consacrer pleinement à l'image de leur marque, qui doit véhiculer certaines valeurs morales que les consommateurs acquièrent également en achetant leurs produits.



L'essai décrit les conséquences de ce changement de paradigme en trois parties :

- Zéro espace : les marques s'insinuent partout. Dans la rue, dans les journaux, à la télévision évidemment, mais aussi dans les manifestations sportives ou dans les écoles (avec des manuels proposant de calculer le volume d'une canette de Coca). Le champ intellectuel est aussi envahi, aucun mouvement n'est épargné : la recherche de nouveaux marchés et la peur de rater le nouveau virage du cool font que les entreprises récupèrent tous les mouvements au stade embryonnaires, même s'ils se veulent alternatifs.



- Zéro choix : les entreprises avec plus de moyen ont la faculté de saturer les marchés de produits, en se permettant même d'être en pertes quelques temps, le temps de faire s'effondrer les concurrents plus petits. C'est toujours surprenant quand on voyage un peu de constater que toutes les gares et les aéroports se ressemblent, et que les supermarchés vendent tous les mêmes produits. Trouver un restaurant traditionnel relève de plus en plus du parcours du combattant !



- Zéro boulot : en choisissant de vendre une marque plutôt que des produits, les usines de production deviennent gênantes : trop encombrantes, pas assez souples. D'où un fort dégraissage pour ne garder que les employés qui s'occupent de l'images pour sous-traiter la production dans les pays bien meilleur marché, et d'une souplesse à toute épreuve.



Si l'auteure accumule beaucoup de faits et m'ont fait découvrir énormément de stratégies commerciales, il y a quand même quelques déceptions : l'accumulation de faits, justement, empêche d'avoir une vision globale, et on ne distingue pas dans cette compilation ce qui existe depuis toujours des méthodes très récentes, ni les stratégies dangereuses pour la liberté individuelle des stratégies globalement acceptables (financer un concert à condition de pouvoir vendre uniquement sa boisson ne me dérange pas, interdire aux gens d'entrer s'ils portent un t-shirt d'une marque concurrente, un peu plus).



La dernière partie, zéro logo, qui donne quelques exemples de résistance aux marques, est plus déprimante qu'autre chose : aucune organisation n'a réellement les moyens de lutter contre le matraquage qu'effectuent les marques, et les quelques coups d'éclat disparaissent rapidement des mémoires. La preuve en est, je ne connaissais aucune des dénonciations décrites contre Nike, Shell, ... alors que le livre n'a que dix ans. Et il faut bien reconnaître que faire plier temporairement une marque, c'est généralement offrir quelques parts de marché à une autre entreprise qui a exactement le même comportement.



Ce livre est une mine d'information, mais se cantonne un peu trop à un rôle journalistique de description de ce qui se passe actuellement (enfin... il y a dix ans!). Par contre, peu de propositions ou de pistes pour changer quoi que ce soit, ce qui est un peu décevant.
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La stratégie du choc : La montée d'un capitalis..

Les livres de Naomi Klein sont des pavés (861 pages avec les notes et les références pour La stratégie du choc) qui expliquent de manière claire et bien documentée les problèmes économiques et sociaux de la fin du XXème siècle et du début du XXIème siècle.



Après No Logo (1999) qui décortiquait la mondialisation et le phénomène des "marques", La stratégie du choc (2008) démonte le néo-libéralisme, qui s'impose de manière brutale dans le monde depuis le coup d'Etat de Pinochet au Chili en 1973 jusqu'à la guerre en Irak et les suites de l'ouragan Katrina à la Nouvelle-Orléans aux Etats-Unis, en passant par le Royaume-Uni de Margaret Tatcher et la Russie d'Elstine (entre autres).



Plus de 10 ans après sa parution, ce livre n'a rien perdu de sa pertinence et de son importance pour comprendre notre société et notre époque.

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No logo

Une lecture ancienne en langue originale, donc je ne parle pas de la traduction. Le livre parle pour moi essentiellement de l'omniprésence de l'argent (le nerf de la guerre, comme disait le regretté Bernard Maris), surtout à travers les médias voire l'art mondialisés. Une démonstration plus convaincante dans ses constats que dans son appel à la résistance. Je devrais essayer de trouver une histoire de l'argent ou de la monnaie : je pense que le constat de sa croissance serait une lecture possible de l'histoire de l'humanité.
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Dire non ne suffit plus

En 2016, l'élection de Donald Trump est un électrochoc pour bon nombre d'Américains et Naomi Klein. Elle délaisse alors le journalisme d'investigation pour reprendre son rôle de militante. Elle décrit comment les anti-Trump se fédèrent, qu'ils soient féministes, anti-racistes, écologistes ou simplement victimes du système ultra-libéral engendré par cette élection.

Ecrit en 2017, Naomi Klein n'a donc pas pu voir tous les dégâts causés par la présidence de Trump au cours des quatre années aux causes qui lui sont chères. Mais le constat est accablant et les séquelles encore bien présentes, alors que le candidat Trump semble favori pour l'investiture républicaine de novembre 2024. La population américaine aura-t-elle la mémoire courte ?
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La stratégie du choc : La montée d'un capitalis..

Un livre a surtout mettre entre toutes les mains!

Naomi Klein nous décrit comment les grandes institutions (FMI, Banque mondiale) censées aider les pays pauvres ou en difficultés ne font finalement que les enfoncer encore plus dans la misère en leur imposant des mesures terribles et contraires à une économie stable et juste; comment nos hommes politiques sont à la botte des industriels et autres entrepreneurs qui n'en veulent qu'à l'argent public mais pour leurs propres poches; comment les stratégies du choc et de l'effroi ont servis les intérêts personnels au détriment d'une population qui n'avait rien demandé...

Ce livre est lui-même un choc, mais indispensable à parcourir pour enfin ouvrir les yeux sur ce qu'on ressent, qu'on peut deviner, mais sur lequel nous n'avions pas vraiment d'exemples et recherches faites. Naomi Klein l'a fait pour nous et cela devrait permettre de mettre en branle une riposte populaire. Celle-ci existe déjà dans les pays qui ont du subir ces terribles moments de dictatures ou de guerre, mais il faut aussi qu'elle se mette en place dans les pays plus épargnés, si l’on peut dire...

C'est pour cela que ce livre doit être mis entre toutes les mains, en parler, en débattre mais le diffuser!!!

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Tout peut changer : Capitalisme & changemen..

Naomi Klein étant canadienne connait bien les ravages environnementaux causés par l'extraction tant des pétroles bitumineux que du charbon dans les territoires du nord canadien . Elle soulève le paradoxe qui veut qu'après la crise dite des subprimes de 2009 ont ait trouvé les capitaux nécessaires au ' sauvetage des banques alors que le capitalisme ne se soucie même pas d'imaginer une source de financement pour tenter de régler les dégâts présents et à venir du changement climatique . Ouvrage dont la lecture est parfois lassante dans la répétition des méfaits de l'industrie pétrolière mais tout de même fort instructif .
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No logo

Livre essentiel de l’altermondialisme, essai très documenté sur le fonctionnement des grandes marques, ces multinationales qui utilisent et profitent d’un marché mondialisé pour manipuler la société de consommation et les consommateurs. Livre fondamental qui donne envie (si on n’en avait pas déjà envie avant) de devenir un consomm’acteur rebelle . Néanmoins cet essai a mal vieilli : non pas que les choses aient changé, bien au contraire, hélas ! Cet essai qui se voulait grand public a-t-il atteint un public non déjà informé ? J’en doute. C’est très documenté, mais du coup assez indigeste. Et le temps n’arrange pas les choses, certaines des marques cités ayant disparues (remplacées par d’autres, faut pas rêver !), pourtant les constats de Naomi Klein restent valables. Les capacités de récupérations en tous genres n’ont pas faibli, loin de là. Ce n’est pas mal écrit, mais je pense que l’on peut certainement trouver moins dense et plus léger sur le même sujet (peut-être en allant voir du côté de Bernard Maris). A ne pas lire quand on n'a pas le moral !
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Dire non ne suffit plus



Dire non ne suffit plus , nous sommes d'accord , il faut agir , chacun avec ses armes et celles de Naomi Klein sont le courage de dénoncer , son talent d'analyse et son réalisme . Ce livre décortique les ressorts du discours libéral , les ententes financières des "élites " US et la technique de Trump pour divertir les médias pendant que ses équipes se remplissent les poches sur le dos du peuple .



Si ce genre de pratiques délétères n'étaient que celles de Trump ce serait déjà grave , mais il y a des répliques ailleurs : Erdogan , Poutine et autres convaincus du néolibéralisme tels que Macron , Rajoy , Orban et consorts



Que chacun donc se serve de ses talents personnels pour réduire voire supprimer ce système pervers qu'est le capitalisme qui inévitablement mutera en une dictature financière et policière . D'autres l'ont déjà dit , souvent taxés d'utopistes , mais un monde meilleur et plus juste est possible .
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Tout peut changer : Capitalisme & changemen..

Un ouvrage de Naomi Klein ouvert c'est la certitude de prendre une gifle gigantesque et salutaire .

Cet opus confirme cela .

Tout d'abord , il convient de saluer la grande qualité de la recherche de Mme Klein.

Quelque soit le livre , il y a chez elle une volonté et un attachement â ce que le sujet abordé soit traiter avec la plus grande rigueur .

Dans le cas présent , elle s'attaque à un sujet fondamental pour notre génération et pour celles à venir .

Il est certain que la préservation de la planète doit être au coeur d'une réflexion majeure et profonde .

On ne peut vouloir changer la situation de délabrement de l'environnement actuel sans prendre en compte les racines du mal .

Nos modes de vie , centrés sur une consommation frénétique et encouragée par les politiques actuelles , sont â l'origine d'une catastrophe majeure qui impacte nos vies , celles de nos enfants , et celles futures de nos petits enfants.

Une prise de conscience mondiale , est indispensable.

Il faut sortir de manière réaliste , pragmatique , de l'idéologie productiviste.

La domination des marchés financiers est à la base d'une perte de repéres entrainant un recul de la capacité de l'homme à comprendre l'ampleur de son impact sur l'environnement.

Mme Klein fait une fois de plus preuve d'une pédagogie , d'une absence totale de langue de bois , remarquable .

Cet ouvrage participe à la démolition de l'imagerie d'Épinal mise en avant par Pernaut , TF1 dans son ensemble , et apporte aux lecteurs une vision pertinente du monde .

Indispensable.
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La stratégie du choc : La montée d'un capitalis..

Ce gros livre (plus de 800 pages en livre de poche) est proprement effarant. Il décrit avec une profusion de détails la brutalité et la violence avec lesquelles le néo-libéralisme s’est implanté dans le monde depuis les épouvantables dictatures des années 70 en Amérique du sud (Chili, Equateur, Argentine, etc), en Russie après l’effondrement de l’Union Soviétique en 1991, en Irak avec la seconde guerre du Golfe de 2003 jusqu’au tsunami du Sri Lanka en 2004 ou l’ouragan de la Nouvelle Orléans en 2005.



C’est une véritable thèse que propose l’auteure, la canadienne Naomi Klein. Elle repose sur ce qu’elle appelle la stratégie du choc ou le capitalisme du désastre.



Le néo-libéralisme repose sur trois piliers : Privatisation, déréglementation, réduction des dépenses publiques. Développée par l’économiste Milton Friedman et l’Ecole de Chicago, cette politique économique s’oppose frontalement à celle de l’économiste John Maynard Keynes pour qui le capitalisme doit être régulé par l’Etat pour permettre une redistribution des richesses des plus riches vers les plus pauvres, capitalisme qui s’est imposé après la seconde guerre mondiale permettant une nette réduction de la pauvreté et le développement d’une importante classe moyenne (nos trente glorieuses en France).



Le problème de Milton Friedman et de ses élèves était que le néo-libéralisme, qui amène l’enrichissement phénoménal d’un petit nombre et l’appauvrissement de tous, ne pouvait s’implanter que contre les peuples et leur fâcheuse tendance à préférer l’amélioration de leur condition à leur détérioration. Le génie de Milton Friedman fut de comprendre que l’on pouvait imposer cette nouvelle voie quand la population était mise en état de choc et de sidération par un événement terrifiant et traumatique. Cet événement peut être soit provoqué (dictature, guerre) soit naturel (ouragan, tsunami, épidémie, etc). C’est la stratégie du choc ou le capitalisme du désastre.



Evidemment, pour parvenir à mettre en place ce capitalisme destructeur, il faut la complicité des gouvernements. En l’occurrence, pour tenter la première expérience de néo-libéralisme, il a fallu la complicité active du gouvernement des Etats-Unis (CIA, services secrets, etc) qui a préparé le coup d’Etat de Pinochet au Chili en étroite symbiose avec l’Ecole de Chicago et Milton Friedman. En aucun cas il ne s’est agi d’un simple coup d’Etat d’une armée désireuse de prendre le pouvoir pour le pouvoir, mais bien de mettre fin à l’expérience de socialisme démocratique du président élu Salvador Allende et de la remplacer par le néo-libéralisme. Tout était prêt au moment du coup d’Etat et, profitant de la terreur infligée par l’armée, la transformation économique commence aussitôt sous la houlette des économistes américains de l’Ecole de Chicago mais aussi d’économistes chiliens formés à Chicago par un programme universitaire financé par les USA plusieurs années auparavant. Les violences atroces perpétrées au Chili à cette époque pour briser toutes les résistances et anéantir l’idée même de révolte, permettront sans difficulté de privatiser toutes les compagnies d’Etat, de déréguler l’économie et de réduire les dépenses publiques à leur plus simple expression. Les grandes multinationales américaines dépèceront le pays en s’emparant à bas prix des entreprises nationales chiliennes. La grande bourgeoisie chilienne profitera également de cette curée, bien heureuse de s’être débarrassée de Salvador Allende, mort dans la prise du palais présidentiel par l’armée.



Milton Friedman est à la manœuvre et ira même jusqu’à rencontrer Pinochet à Santiago en 1975 qu’il assurera de son soutien dans la poursuite des réformes économiques, lui déclarant en prime (on dirait une boutade cynique) une sorte d’épitaphe concernant Allende et son régime : « Selon moi, l’erreur principale fut de croire qu’il était possible de faire le bien avec l’argent des autres ». Le résultat, hélas, est bien connu. Privatisation (licenciement de dizaines de milliers de salariés, baisse des salaires), dérégulation et réduction des dépenses publiques amenèrent un effondrement du niveau de vie de l’immense majorité des Chiliens. Qu’importe ces résultats catastrophiques, les grandes compagnies font des profits considérables et la richesse s’accumule (en haut…) sans jamais profiter à la population.



Je ne vais pas décrire ici tous les exemples donnés par Naomi Klein à l’appui de sa thèse. Elle passe en revue d’autres dictatures du même tonneau en Amérique du sud à la même époque où la même transformation économique s’exerce sous la terreur de l’armée avec l’Ecole de Chicago et Milton Friedman à la baguette. Ensuite, deux exemples sont particulièrement édifiants, celui de la Russie et celui de l’Irak.



Au cours des années 80, Gorbachev arrive au pouvoir à la tête de l’Union Soviétique. Il comprend vite que les choses doivent changer et que la dictature totalitaire dans son pays n’est plus viable à long terme, au risque d’une déflagration sociale qui mettrait en péril tout le système. Il décide de s’orienter vers une nouvelle voie qu’il imagine proche de celle de la Suède, une social-démocratie progressiste, telle que celle orchestrée par le premier ministre de cette époque (Olof Palme). On pourrait dire aussi proche du socialisme démocratique de Salvador Allende. Il engage des réformes basées sur ce qu’il appelle la Perestroïka (reconstruction) et la Glasnost (transparence). Il fait élire librement un parlement représentatif de toutes les régions de la Russie.



Ces changements, appréciés par la population, se brisèrent sur une tentative de putsch de militaires réactionnaires, hostiles aux changements. Quelques chars encerclèrent le parlement nouvellement élu. Boris Eltsine, récemment élu au suffrage universel Président du Soviet suprême de la république socialiste soviétique de Russie, devint célèbre dans le monde entier à cette occasion en montant sur un char et en exigeant le retour des troupes dans la caserne. Curieusement, ceux-ci, sans tirer un coup de feu, obtempèrent et abandonnent la place. Voilà des putschistes peu déterminés dira-t-on, et on peut effectivement s’étonner de la facilité avec laquelle cette tentative de coup d’Etat fut stoppée… Quoi qu’il en soit, Eltsine profite de sa notoriété nouvelle et de son immense popularité dans la population à la suite de ce fait d’armes pour écarter Gorbachev de la présidence du parti communiste, prendre le pouvoir et obtenir les pleins pouvoirs du parlement en 1991.



Il se lance aussitôt, sous la férule des USA, du FMI, de l’Ecole de Chicago et de Milton Friedman, dans des réformes libérales d’une brutalité extrême (privatisation, dérégulation et réduction des dépenses publiques). C’est là que les choses se corsent. A l’époque, selon un sondage, 67% des Russes pensaient que les coopératives de travailleurs étaient la façon la plus démocratique de privatiser les actifs de l’Etat. En 1992, le parlement librement élu s’opposa à ces réformes. Il limogea le ministre de l’économie et retira à Eltsine les pleins pouvoirs qu’il lui avait accordés un an auparavant. La démocratie faisait obstacle au néo-libéralisme.



Eltsine décréta l’état d’urgence et, malgré la Cour constitutionnelle qui statua (à neuf membres contre trois) qu’Eltsine violait la constitution, ce dernier s’engagea dans ce qu’on appelait à l’époque « la solution Pinochet ». Il dissout le parlement et le fait encercler par les militaires. Les moscovites qui venaient soutenir le parlement furent au cours d’une de leurs manifestations pacifiques accueillis par l’armée qui tira dessus à la mitrailleuse (cent morts parmi les manifestants). Puis, Eltsine fit donner l’assaut au parlement. Le Boston Globe relate ainsi cet assaut : « Dix heures durant, hier, environ 30 tanks et blindés de l’armée russe ont encerclé l’immeuble du parlement et l’ont pilonné à coups d’explosifs tandis que les troupes d’infanterie l’arrosaient de tirs à la mitrailleuse ». La résistance de la population et du parlement est brisée et Eltsine reprend les réformes néo-libérales à marche forcée.



La stratégie du choc fonctionne parfaitement, les sociétés d’Etat russes sont démantelées, rachetées par des sociétés américaines et d’anciens apparatchiks de l’ex Russie soviétique (qui formeront les fameux oligarques dont on parle encore). Le chômage devient vertigineux, le niveau de vie des Russes s’effondre, le pays est dévasté par ces réformes qui provoquent un enrichissement faramineux des sociétés occidentales et des oligarques russes. Quand Eltsine plus tard quittera le pouvoir au profit de son premier ministre Poutine, celui-ci continuera la même politique économique. Avec une nuance, il mettra au pas les oligarques qui le défiaient dans sa dérive dictatoriale, en mis un certain nombre en prison (d’autres prirent le chemin de l’exil) et ne conserva que ceux qui lui firent allégeance.



Un autre exemple édifiant et terrifiant est celui de l’Irak. Après le choc traumatique des attentats du World Trade Center le 11 septembre 2001, Bush n’eut aucune peine à convaincre la population américaine qu’il fallait combattre le terrorisme. Il envahit d’abord l’Afghanistan pour débarrasser le pays des Talibans et l’Ecole de Chicago fit le reste, dépeçant un nouveau pays au profit des multinationales américaines. Là encore, la thérapie de choc fut brutale, appauvrit dramatiquement une population déjà pauvre et, au lieu d’affaiblir les Talibans chassés du pouvoir par l’armée américaine, les renforça. On connaît le résultat : 20 ans après, ils sont revenus au pouvoir et les américains ont quitté le pays la queue entre les jambes. Mais pourquoi donc, en 2003, attaquer Saddam Hussein, un dictateur laïque qui opprimait les religieux et représentait objectivement une aide dans la lutte contre le terrorisme islamique ?



La raison en est hélas fort simple. Washington pensait qu’il était temps, profitant du traumatisme du 11 septembre dans la population américaine (prête désormais à gober n’importe quelle propagande) d’implanter le néo-libéralisme dans le monde arabe qui constituait un ilot non encore gagné à la « bonne cause » du profit des grandes entreprises privées. A partir d’un seul pays, le néo-libéralisme pourrait ensuite se répandre dans tout le monde arabe, pensaient-ils. On sait maintenant, grâce à de nombreux documents déclassifiés, que les Américains hésitèrent. La Syrie ? le Liban ? L’Irak ? Le choix se porta finalement sur l’Irak. Les mensonges les plus absurdes déferlèrent alors sur les médias américains pour préparer l’opinion (armes de destruction massive en Irak, une armée irakienne si puissante qu’elle était la deuxième armée du monde, menace d’un conquérant islamique (Saddam Hussein) se prenant pour un nouveau Saladin sur le point de se lancer dans la conquête de tout le Moyen-Orient, etc).



Sans l’aval de l’ONU (on se souvient du discours de Dominique de Villepin à l’ONU dénonçant le mensonge des armes de destruction massive), les américains et quelques alliés (la Grande-Bretagne comme toujours) attaquèrent l’Irak. Appliquant la stratégie du choc, Bagdad fut bombardé comme jamais. Une terreur aveugle (pire encore que les Russes en ce moment en Ukraine) s’abattit sur la ville. En 2003, on lança parfois plus de 380 missiles de croisière Tomahawk en une journée. Entre le 20 mars et le 2 mai, les américains laissèrent tomber sur l’Irak plus de 30 000 bombes et plus de 20 000 missiles de croisières, soit 65% de la production totale de tels engins depuis leur invention. Ecrasés sous les bombes, toutes communications coupées (plus de téléphone, de radio ou de télévision), incapables de savoir même ce qui se passait, les Irakiens se terraient dans leur cave n’ayant pour seul but que de survivre à cette apocalypse. On imagine mal l’horreur subie par cette population, elle qui de plus souffrait déjà depuis de nombreuses années de la dictature de Saddam Hussein. La résistance de l’armée irakienne fut brisée en quelques semaines. Le champ était libre pour imposer le néo-libéralisme au pays tout entier.



La curée commence aussitôt. Prenant en main la gouvernance du pays, les américains vendent à bas prix aux sociétés étrangères (américaines presque exclusivement, même si quelques miettes seront laissées aux alliés) les dizaines de sociétés d’Etat de l’Irak et s’emparent de tous les marchés de la reconstruction du pays (infrastructure type routes, bâtiments, télécommunication, eau, électricité, etc). Ces multinationales licencient à tour de bras et baissent les salaires. Echaudées par l’expérience des oligarques russes dont la plupart ont finalement été éliminés par Poutine et craignant qu’un futur pouvoir nationaliste en Irak ne fasse de même, les autorités d’occupation interdisent aux irakiens (même aux riches irakiens donc) de racheter quoi que que ce soit au moment des ventes d’entreprises ou des prises de marché dans la reconstruction, la totalité des entreprises irakienne et du marché de la reconstruction passant ainsi sous le contrôle exclusif des américains (et de quelques alliés). Les entreprises américaines vont jusqu’à refuser d’embaucher des irakiens dans les grandes enseignes qui débarquent en Irak et n’utilisent pratiquement que de la main d’œuvre étrangère. Bref, les irakiens sont exclus à la fois du pouvoir et de la reconstruction de leur pays. La misère et le chômage s’installent, le ressentiment et la haine contre les autorités d’occupation aussi.



Il faut bien comprendre le processus complet de cette nouvelle étape du néo-libéralisme ouverte par la guerre d’Irak. Les grandes multinationales privées américaines profitent financièrement de la totalité du processus. De la guerre (par la fabrication et la vente d’armes et par leur industrie dite de la sécurité), puis de la reconstruction des infrastructures que leurs armes viennent de détruire, et enfin de la prise en charge médicale des blessés que ces mêmes armes ont occasionnés. Qui paye tout cela à ces multinationales ? Le gouvernement américain essentiellement (c’est-à-dire les contribuables américains), qui transfèrent ainsi l’argent public vers le privé (cf plus loin).



Certaines multinationales émargent sur les trois plateaux, tirant d’immenses bénéfices de chaque étape. Lockeed Martin est un peu le champion de ce capitalisme vertical morbide. Cette énorme société (armes, bâtiments et santé) a profité non seulement de la vente des bombes et des avions de chasse qu’elle fabrique, mais aussi de la reconstruction des infrastructures qu’elle a détruites et des soins prodigués aux personnes blessées (par ces propres armes) et aux soldats et civils traumatisés par les horreurs de la guerre.



Enfin, pour en finir avec cette triste histoire, les Irakiens, à la suite de la chute de Saddam Hussein, dans un élan de liberté retrouvée, avaient élu des assemblées locales. Dès que les Américains s’apercevront que ces assemblés souhaitaient retrouver les sociétés d’Etat pour être embauchés et retrouver leurs jobs, ils annulèrent ces élections et réprimèrent les récalcitrants. Cette répression sera féroce et n’aura rien à envier à celle de l’ancien dictateur Saddam Hussein. Puis, ils finiront par nommer un gouvernement irakien à leurs bottes, constitué essentiellement d’anciens dignitaires du régime de Saddam. C’est le début de la fin. Le mécontentement des Irakiens est capté par les mouvements religieux. Peu à peu, la révolte gronde et s’amplifie. Résultat final : le début d’une résistance armée et enfin la constitution de l’Etat islamique avec les horreurs que l’on connaît. Beau résultat en vérité, jusqu’au départ précipité des Américains incapables de tenir le pays (car il est une chose de noyer un pays sous un tapis de bombes, il en est une autre de combattre efficacement une guérilla terroriste).



Je voudrais terminer (et en passant je remercie les rares lecteurs qui auront eu la patience de me lire jusqu’au bout) par la manière dont le néo-libéralisme a évolué pendant cette guerre d’Irak et à la suite. Les gouvernements néo-libéraux sont constitués de plus en plus par des hommes et des femmes qui ne cessent de faire des allers et retours entre de grandes entreprises privées et le gouvernement. Leur action dans ces gouvernements consiste à défendre les intérêts du vrai monde qui est le leur, à savoir celui des multinationales. Les gouvernements sont ainsi, en quelque sorte, privatisés. De plus en plus, ces gouvernements deviennent une sorte de guichet où ces grandes entreprises viennent chercher le pognon (celui des contribuables) sans aucune contrepartie.



Pour conclure, je voudrais dire que, bien qu’ayant été très long, je n’ai donné qu’un aperçu du livre de Naomi Klein. D’autres cas sont traités en détail, en particulier la manière dont le néo-libéralisme se sert des catastrophes naturelles ou des épidémies pour imposer son modèle délétère. Un chapitre sur Israël est aussi particulièrement édifiant.



Un livre magistral, une documentation énorme (presque 100 pages de références), un travail de titan, Naomie Klein a écrit là le livre le plus remarquable et le plus didactique sur l’effrayant capitalisme qui s’est implanté peu à peu depuis les années 80. J’ai appris tellement de choses que j’en reste estomaqué. S’il y a un seul ouvrage à lire sur les méfaits du néo-libéralisme, c’est celui-là.

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La stratégie du choc : La montée d'un capitalis..

Tiens aucune critique pour cet essais?

Étonnant, puisqu'on est face à 50 ans de notre histoire contemporaine. Ce n'est pas prise de tête, ni gonflant. .Ok ça parle d"économie. Mais ça raconte bien la mise en place du néo-libéralisme. C'est une enquête captivante du fonctionnement de notre monde moderne. Klein fait oeuvre d'humanité en déposant à nos pieds ce poignant témoignage qui l'ensemble des mouvements sociaux et libérales de la planète. C'est facile à lire, fascinant, révoltant, surprenant. On sort de là changé. Différent et notre regard à jamais ouvert d'une autre manière... Et pour info je ne connais rien à l'économie... Et là, j'apprends, je comprends... Et c'est limpide, fou, génialement bien expliqué... Presque le livre de la dernière décennie... Mais je n'irais pas jusqu'à là... Quoique j'hésite...

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Tout peut changer : Capitalisme & changemen..

Le chat de Schrödinger ! L’énergie du chat de Schrödinger qui coule ET vibre en nous la vie, en nous les humains, comme elle coule ou vibre dans le Cosmos, soit l’univers anthropique augmenter des dimensions de l’information et de la vie néguentropique.

Je t’aime ET je suis en colère !



Naomi travaille plus sur la colère. Sa colère est légitime. On comprend que certain extrémisme naissent de profonde injustice (La Shell contre le golf du Niger), On comprend que l’on ne peut plus faire confiance ni au propriétaire, ni au capitalisme, ni au superman (ou ceux qui se présente comme tel), ni au gouvernants. On comprend que l’on doit se mêler au monde et à la vie localement. Que puis-je faire ici et maintenant ?

Lire « Tout peut changer » en ayant en tête qu‘on lit une somme sur les structures qui créer les injustices et le danger pour notre humanité.

Il faudra chercher ailleurs et localement nos portes de sortie.

Il faut le lire, mais ne pas lire uniquement cela, allé chercher un peu de lumière ailleurs aussi. Et c’est ce que je vais faire maintenant ! Chercher la partie « Je t’aime »



Sa conclusion me plait :

L’histoire a frappé à ta porte, lui as-tu répondu ?

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No logo

Voici un livre de notre temps. "No Logo" offre certainement quelques clés de compréhension du monde d'aujourd'hui. Pour faire simple, voici un livre sur l'effet papillon de notre mode de vie.



"No Logo" décrit de manière plutôt détaillée le mécanisme de ce que nous appelons le "merchandising" (les marques) et donne un état des lieux des conséquences épouvantablement destructrices de ce système à l'échelle planétaire. Le plus terrible est sans doute de se rendre compte à quel point nous (prenons un Belge moyen, un Français moyen) acceptons plus ou moins de participer à cette machinerie aliénante au quotidien.



Si notre mode de vie actuel, le modèle occidental, était tellement enviable (?), voire le parangon du progrès et de la civilisation (??), et que la globalisation fut le plus beau des projets de société (???), comment expliquer alors tant de souffrances, les crises économiques systémiques, le chômage, les emplois précaires, les délocalisations, le travail des enfants, les guerres du pétrole, l'obésité des uns et la malnutrition des autres (???)



Enfin s'agitent aussi les adeptes de la décroissance, les gangs anti-pub, les alter-mondialistes, des hommes et des femmes qui réfléchissent, militent ou remettent simplement en question leur façon de vivre… Parce qu'il en va du mode de vie comme des actes, cela a des conséquences…



C'est aujourd'hui et je n'ai pas dis que c'était simple...











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No logo

No Logo de Naomi Klein a été publié pour la première fois en l'an 2000. C'est le premier livre de cette journaliste canadienne spécialisée dans le suivi des mouvements altermondialistes.

Pour les plus jeunes, à l'instar de Greta Thunberg, qui se demandent ce que faisaient la génération précédente pour la planète, il serait bon de lire ce livre, qui nous parle de la décennie 90, celle qui a suivi la chute du Mur de Berlin (1989) et l'effondrement de l'URSS (1990).

Depuis les années 80, le néo-libéralisme prôné par l'équipe de Ronald Reagan avait amené le démantèlement de l'industrie aux Etats-Unis : les usines et les emplois partaient vers les pays à bas salaires au Mexique ou en Asie du Sud-Est, alors que les bénéfices des entreprises se multipliaient à coup de publicité ou de sponsoring pour valoriser une marque plutôt qu'un produit.

Zéro espace, la première partie de No Logo montre comment la marque s’est répandue en colonisant de plus en plus l’espace public : des panneaux publicitaires géants le long des rues et sur le toit plat des immeubles aux terrains de baskets communautaires où même dans les écoles. L’exemple le plus drôle est la mise en place de publicités sur la porte des toilettes dans les écoles et les universités.

Zéro choix se focalise sur la disparition des petits commerces indépendants au profit de franchises de chaînes, allant parfois même à se concurrencer l’une l’autre dans une même ville.

Zéro boulot explique comment la fabrication a été délocalisée vers les pays du Tiers-Monde où les coûts de la main-d’œuvre sont faibles et les règlementations en matière de pollution et de respect des lois du travail sont inexistants ou non appliqués. Dans les pays développés, les emplois sont souvent à temps partiel, des stages ou des jobs étudiants, mais rarement adaptés à des parents. Les revendications sur les salaires ou les conditions de travail, ainsi que tentatives de syndicalisation se soldent souvent par des mises à pied ou à la délocalisation du magasin.

Zéro logo, la quatrième partie, explique le mouvement de résistance qui s’est organisé, en utilisant la notoriété des marques contre elles et en sensibilisant l’opinion publique.

La conclusion de l’édition de 2002 parle du 11 septembre 2011 et le fait que la guerre à l’Islam ait détourné la presse des sujets relatifs au consumérisme et aux droits de l’homme dans les pays d’Asie du Sud-Est pour se focaliser sur le Moyen-Orient.

En fait, ce qu’il a manqué au mouvement antimondialiste, c’est une figure populaire telle Greta Thunberg pour mobiliser et donner un visage humain à ce qui a souvent été considéré comme les mouvements de quelques anarchistes violents.



Challenge Pavés 2022 - item 39 - essai ou non fiction
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Plan B pour la planète : Le new deal vert

Notre absence de réaction, surtout dans les pays riches et donc les plus pollueurs, face à l’urgence de la crise écologique est mise en évidence par différents textes de Naomi Klein, écrits sur une décennie (2010 - 2019) et réactualisés. Il est temps pour nous de réagir. C’est maintenant que nous devons nous engager dans des transformations et des luttes contre le dérèglement climatique liées à celles contre les inégalités sociales et raciales. D’où ce programme radical de New Deal vert défendu par l’auteure.

Lecture très instructive qui sensibilise à l’urgence de la situation et la globalité des problèmes à prendre en compte.
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La stratégie du choc : La montée d'un capitalis..

"Ordo ab chao : l'ordre naît du chaos" si l'on devait écrire une seule phrase concernant "la stratégie du choc" ce serait peut-être celle-çi

Un livre d'une grande richesse au niveau des recherches, analyses..

au même rang que ceux de Noam Chomsky, ce n'est pas par hasard s'ils ont collaboré pour ce livre : "11 septembre 2001, La fin de « La fin de l'histoire »".

L'enquête commence avec les expériences qu'on effectué des agents de la CIA : privation sensorielle, etc. Cela doit peut-être continuer en notre époque, voir pour info : "KUBARK Le manuel secret de manipulation mentale et de torture psychologique de la CIA."

Naomi Klein (journaliste canadienne) expose ensuite sa théorie avec comme exemples pour étayer ses écrits, des événements historiques. (catastrophes naturelles, changements de régime, attentats), qui conduisent à des chocs psychologiques, permettent aux capitalistes d'appliquer leurs lois.

Après les 700 pages lus, j'ai eu envie de me documenter un peu plus sur le sujet, et je suis "tombé" sur des livres tels que "Gouverner par le chaos - Ingénierie sociale et mondialisation" (Anonyme). "L'insurrection qui vient" (Comité invisible). ou encore l'excellente bande dessinée : "Une histoire populaire de l'empire américain". (Paul M. Buhle et

Howard Zinn).

Je recommande cette lecture pour ceux et celles, souhaitent comprendre un peu mieux les rouages de la géopolitique.

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La stratégie du choc : La montée d'un capitalis..

Quel est le point commun entre la technique de reconditionnement psychologique par la voie de chocs (utilisée notamment par des services de renseignement) et les énormes mutations économiques de ces quarante dernières années voyant l'hyper-capitalisme financier se répandre partout sur la planète ? Réponse dans ce livre de Naomi Klein, cette excellente journaliste canadienne récompensée par le Prix Pulitzer.

Ayant eu accès à des documents longtemps classés top secret, la journaliste met en évidence comment les USA ont fait en sorte de répandre dans le monde les idées de l'Ecole de Chicago (Milton Friedman et consorts), lesquelles se sont imposées petit à petit à la fin des "trente glorieuses" et, particulièrement, à partir du choc pétrolier et des soubresauts subis par le dollar au cours des années 70. Bien sûr les deux ambassadeurs "par excellence" de ces idées furent, à cette époque, Ronald Reagan aux USA et Margaret Thatcher au Royaume-Uni, ces deux pays ayant une histoire et une culture commune de même que, last but not least, les marchés financiers les plus puissants de la planète qu'il importait de développer plus encore.

Par conséquent un aspect de la politique que d'aucuns dépeignent de "vassalité" des USA a consisté à faire en sorte, notamment via son allié (certains disent: son caniche) britannique en Europe mais aussi par des méthodes nettement moins avouables (rôle de la CIA dans l'instauration de dictatures hyper-capitalistes en Amérique latine, notamment), d'imposer un régime économique qui ferait du monde son "marché", tout en protégeant leur propre économie par des barrières protectionnistes (faut pas déconner quand même...).

A cet égard la thérapie du choc fut transposée sur le plan économique, avec des succès très discutables, dans divers pays, notamment en Amérique latine (déjà évoquée) mais aussi dans l'Afrique du Sud post-apartheid et dans les pays d'Europe sortant de décades de communisme et d'économie planifiée.

Au rang des méthodes plus douces la dispersion de la "bonne parole" étasunienne fut également assurée par la formation de milliers d'étudiants étrangers bénéficiant de bourses fédérales.

Klein montre que, prudents, les étasuniens se gardèrent, dans un premier temps, d'appliquer ces méthodes de choc chez eux mais n'hésitèrent plus à le faire au cours des années plus récentes, notamment à l'occasion de l'ouragan Katrina à New Orleans, qui permit de mener à bien une politique de gentrification de la région dont on réussit à chasser une bonne part des habitants noirs ou à revenus modestes.

Je l'ai lu en anglais en vacances et je ne le conseillerais pas car ce livre vous accroche comme un roman mais, en même temps, tout ceci est tellement déprimant (le cynisme, la cupidité du genre humain qui ne connaissent décidément pas de limites) que cela vous gâche une partie du plaisir de vos vacances.

Néanmoins à lire absolument pour comprendre, du moins selon une perspective (one view on the cathedral, comme aiment à le dire les étasuniens), ce qui nous arrive aujourd'hui.
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Dire non ne suffit plus

On ne va pas se le cacher, les 3 premières parties sont un peu plombantes. Klein revient sur les différents événements qui ont permis à Trump d'arriver au pouvoir et surtout sur les conséquences qui en découlent. Paradoxalement, toutes ne sont pas négatives : il a permis de dépasser les clivages, a réuni des personnes et des causes qui ne pensaient pas s'unir un jour : les nouveaux mouvements pour les droits des noirs et des Autochtones, la lutte pour le climat, les féministes... Klein part du postulat que la montée de Trump vient de la conjonction de plusieurs phénomènes, qu'elle explique vraiment bien, de manière très claire : la montée des marques creuses (celles qui vendent un style de vie et apposent leur logo sur tout et n'importe quoi, de préférence produit dans des ateliers de misère. Je pense à une pomme), une société plus fragmentée, un capitalisme de plus en plus sauvage qui fragilise et détruit les services publics, la militarisation de la police, une crispation de plus en plus forte autour des manifestations civiques, sans parler de la négligence vis-à-vis du climat. Ce que disent (disaient) Silvia Federicci ou Howard Zinn (entre autre) depuis longtemps : les résultats sont là. Autant dire que la privatisation et les mépris de toutes sortes ne sont pas près de s'arrêter.

Mais surprise ! La partie 4 est porteuse d'espoir, pour peu qu'on se bouge : des propositions de la société civile, des solutions concrètes... Et là, on retrouve les idées de Starhawk. Comme quoi, les sorcières (et les Autochtones) n'ont pas toujours tort : il faut refaire du lien entre les humains, entre les humains et la Terre. Il faut réparer (et se donner un coup de pied au cul)
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No logo

La "bible " des altermondialistes . Et il faut reconnaitre que cet ouvrage est des plus importants . Naomi Klein dresse ici un bilan exhaustif de l'emprise des marques sur la société de consommation , qui est d'ailleurs critiquée ellle aussi pour l'ouverture de portes qu'elle fait a ces sociétés qui ne respectent rien , ni personne et ne voit que le gain comme finalité . Etablir un résumé complet de ce livre s'avére bien difficile tellement le tout est dense en informations , en éléments qui viennent appuyer les théses de Naomi Klein . Ce que l'on peut dire , c'est que l'on comprend ici que nous sommes tous des pions avec lesquels jouent ces sociétés qui n'on aucune sorte de morale . L' on voit bien la destruction humaine que cela entraine , avec ces ouvriers qui viennent par milliers pour gagner une misére dans des conditions indignes . L' on voit bien les méthodes de ces sociétés qui monopolisent la part d'esprit libre qu'il reste au consommateur . Cet ouvrage a le mérite de ne pas étre a charge , il y a une réponse des sociétés concernées , ce qui évite de partir dans de la'propagande du type du film " Les nouveaux chiens de garde " . Un pamphlet salutaire contre la main mise de l'économie de marché sur un monde qui finit par s'éteindre . Un regard lucide et critique sur des réalités trop souvent oubliées. Ce n'est pas Pernaut et cela fait du bien !!
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