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Critiques de Nathalie Sarraute (279)
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Théâtre

Le présent volume contient l’intégralité des pièces de théâtre de Nathalie SARRAUTE, de 1967 à 1980. L’une des figures majeures du nouveau roman en a écrites six, toute d’une petite trentaine de pages, en un seul acte.



Ce qui saute aux yeux, c’est la structure même : hormis pour une pièce, aucune ne donne de nom à ses personnages, qui restent anonymes. De plus, le lectorat a l’impression d’entrer dans une pièce en plein milieu d’une conversation, jouant le rôle d’un spectateur-voyeur (ce dont se délecta le nouveau roman). Le point d’achoppement a eu lieu avant la scène première, et parfois nous ne savons pas du tout de quoi ou de qui les personnages dialoguent.



Une phrase lancée au hasard, (mais avant, en off) on imagine que le ton est monté entre deux, trois ou quatre personnes, rarement plus. Nous surgissons au beau milieu de la dispute, ne sachant prendre position (ce qui est la force de ses textes). « Tout à l’heure, quand nous discutions… enfin, on ne peut pas appeler ça discuter, nous étions du même avis… enfin vous et moi… mais elle… elle était là quand nous parlions, elle écoutait… ».



Les points de suspension n’en finissent plus, jusqu’à la chute, qui d’ailleurs n’en est pas une. Comme nous avons pénétré au cœur de la conversation, nous la quittons avant qu’elle ne soit close, c’est-à-dire que nous avons assisté à une bribe de discussion plus ou moins tendue et passionnée, et que nous nous séparons des protagonistes sans en savoir bien plus.



L’erreur fut peut-être de lire les six pièces à la suite. Au final, on y voit un exercice de style, une manière de présenter six pièces d’un même squelette, où les personnages (anonymes donc) pourraient être les mêmes d’une pièce à l’autre, et continuer leur échange entamé lors de la pièce précédente. Un seul mot peut être un simple prétexte pour que la discussion s’enflamme, comme si le débat devait avoir lieu coûte que coûte.



Nous pouvons parfois nous croire plongés dans du BECKETT (par les situations absurdes ou les insignifiances des personnages), plus rarement dans du KAFKA : « On a su qu’il m’est arrivé de rompre pour de bon avec des gens très proches… pour des raisons que personne n’a pu comprendre… J’avais été condamné… sur leur demande… par contumace… Je n’en savais rien… J’ai appris que j’avais un casier judiciaire où j’étais désigné comme « Celui qui rompt pour un oui ou pour un non ». Ça m’a donné à réfléchir… ».



Le théâtre de SARRAUTE se caractérise par le poids, la signification et la puissance des mots, des tonalités. Chaque débatteur recherche un appui, bien ancré dans sa mauvaise foi. L’échange n’est que de surface, chaque protagoniste semblant bien camper sur ses positions. Trouver le bon mot, la bonne expression pouvant éviter les sous-entendus, nombreux dans ces textes, tout comme peuvent l’être les conclusions hâtives, les silences étant interprétés et catalogués.



Les disputes donc : elles n’interviennent jamais totalement en direct, la raison a été évoquée avant l’entrée en scène. Sur celle-ci, si disputes il y a, elles ne sont qu’un reste de ce qui s’est déjà joué hors champ. Les phrases restent souvent en suspens, tranchent pourtant.



Il se peut que nous spectateurs, entrions au cœur d’une action mouvementée dont nous ne possédons pas les codes : « Dénigrement ? Dé-ni-gre-ment. Oui, c’est ça : dénigrement. C’était du dénigrement, ce que nous faisions là. Vous auriez pu dire : médisance. Ou cancans. Mais vous avez choisi dénigrement. Je comprends… À vrai dire, je m’y attendais. Toi aussi, tu t’y attendais, n’est-ce pas ? Nous nous y attendions tous les deux. Depuis déjà un moment… ».



Le style de SARRAUTE peut paraître pénible ou sublime, c’est selon. Il en est de même de son univers, très particulier, avec un pied au moins en Absurdistan. Toutes les trames semblent être tissées pareillement, d’où ce sentiment de redite, de relecture. Il n’est peut-être pas nécessaire de se farcir les six pièces, mais au moins une devrait pouvoir vous permettre de trancher sur les questions ci-dessus, en suspens elles aussi, comme tout le théâtre de Nathalie SARRAUTE.



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Enfance

Gros coup de coeur pour cette autobiographie à la lisière du roman.

Sous la forme originale d'un dialogue entre l'auteure et son double, «Enfance» explore les onze premières années de la vie de Nathalie Sarraute.

Enfance morcelée entre une mère quasi absente, un père aimant et une belle mère pas très adroite. C'est délicieusement et délicatement suranné mais cela a un charme fou…



Un témoignage poignant où se dessine déjà la fibre littéraire de l'auteure. Sous forme de petites scènes isolées Sarraute nous convie à entrer dans sa vie où elle joue subtilement avec sa mémoire .



D'un style fluide ce roman est une petite pépite, un concentré d'émotions... il est lumineux, sincère, bouleversant... Tendre... d'une sensibilité rare…j'ai adoré
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Enfance

Étrange photo, en couverture de l'édition de poche de ce texte de Nathalie Sarraute : elle doit avoir été cette petite fille, engoncée dans son manteau galonné avec son drôle de chapeau et ses bottines, équipée pour parcourir à traineau les paysages givrés de la Russie d'un autre temps, celui du début de sa vie.

Récit à double voix, mais d'une même personne, dans un dialogue intérieur avec elle-même qui ressuscite les déchirures d'une petite fille ballottée entre ses parents séparés et leurs cultures respectives. Les souvenirs surgissent de la mémoire de l'écrivain, reformulés et analysés, pour retrouver au plus juste la sensation originale de l'enfant.

Ce récit du monde d'hier débute en 1900 et s'interrompt en 1911. On est avant la guerre de 14, encore au XIXe siècle, en quelque sorte. Mais il nous parle tout autant du monde d'aujourd'hui. Car les roueries, les chagrins et les fiertés de la petite fille pour affronter le monde sont de tous les temps. L'écriture de soi devient aussi l'écriture des autres.

Les saynètes sur la première leçon de bicyclette (p. 149), la dictée (p. 166), la récitation (p. 180), la leçon d'histoire (p. 220), les poux (p. 238) ... sont des pièces d'anthologie à la Pagnol qui réjouiront petits et grands lecteurs. Ils se reconnaitront souvent ! Il est même question de laïcité (p.236), sujet plus brûlant aujourd'hui qu'au début du siècle passé !

C'est dire que le texte se démarque des "Malheurs de Sophie" d'une comtesse née Rospotchine, à laquelle on pense dans les premières pages, pour se rapprocher des "Mots" de Jean-Paul Sartre et de la grande littérature. Dans les deux cas, une belle langue, d'une limpide clarté, bien loin du style habituel de la prêtresse du nouveau roman ou du philosophe de l'Être et le Néant.

Les élèves des lycées, qui ont la chance d'avoir le livre au programme, trouveront à le lire autant d'intérêt que leurs parents à le relire.


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Tropismes

On ne lit pas les oeuvres de Nathalie Sarraute pour l'histoire.



Sarraute elle-même est la première à reconnaître que, dans ses ouvrages, « après les différentes phases par lesquelles on passe, tout se termine presque toujours par rien (...) : qu'est-ce qu'il y a, qu'est-ce qui s'est passé ? Mais rien ».



Apparemment affranchie des contraintes de l'histoire, elle affirme qu'en écrivant elle erre « à l'aventure, dans la solitude, sans soutien. Je m'avance je ne sais où ».



Et pourtant, il y a bel et bien une histoire dans les écrits de Sarraute. Mais elle tourne autour d'un « rien » qui se dérobe tout en se désignant. La littérature de Sarraute se donne pour but de « ra conter » l'histoire impossible des tropismes — ces mouvements fuyants, rythmiques, à peine conscients, qui participent d'un ordre de « réalité » que, dans les essais de l'Ère du soupçon, l'auteur nomme le : « noyau dur (...) un foyer de chaleur qui irradie (...) quelque chose (…) qu'on ne sait désigner autrement que par des termes imprécis, tels que « la vérité » ou « la vie ». C'est à cette réalité-là qu’avec Nathalie Sarraute nous revenons toujours.



Les Tropismes contient en germe tout ce que cet auteur allait développer dans ses ouvrages suivants, c’est « la substance de tous mes livres ».

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Tropismes

L'auteure a expliqué les tropismes comme étant « des mouvements indéfinissables, qui glissent très rapidement aux limites de notre conscience ; ils sont à l'origine de nos gestes, de nos paroles, des sentiments que nous manifestons, que nous croyons éprouver et qu'il est possible de définir ». De fait dans ce premier livre de Nathalie Sarraute composé de vingt-quatre textes très courts il s'agit de situations banales, sans trame romanesque, où des personnages anonymes semblent mus par la seule volonté de faire les choses du quotidien ou de passer le temps. Et pourtant sous cette banalité apparente il existe une intensité sous-jacente des sentiments, des rapports humains complexes et violents qui donnent une force inouïe à ces Tropismes.
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Pour un oui ou pour un non

Cette pièce de théâtre très courte d’une cinquantaine de pages « Pour un oui ou pour un non » de Nathalie Sarraute, est créée comme pièce radiophonique en décembre 1981, publiée en 1982 et représentée pour la première fois au théâtre en 1986. C'est la pièce la plus jouée de Nathalie Sarraute, avec plus de 600 représentations professionnelles depuis sa création. (Wikipédia) Elle met en scène deux personnages qui ne sont pas nommé et pourraient être n’importe qui : H1 autoritaire, très sûr de lui et H2 peu sûr de lui, susceptible… Alors qu’ils étaient très liés, H1 souhaite des explications de la part de H2 qu’il lui semble fuyant. H2 finit par admettre qu’une phrase de H1 l’a profondément vexé : « C'est bien, ça ». S’en suit une conversation et des échanges autour de la signification et du ton employé pour dire cette phrase. L’explication devient ubuesque a-t-elle point qu’au lieu d’améliorer la relation entre eux deux, elle la complique ! Pour le lecteur, cette scène peut prêter à sourire par le comique de certaines répliques de H2 mais on reste aussi témoin d’une certaine cruauté de la part de H1. On ne peut alors qu’admirer cette capacité de l’auteure à tourner autour de cette formulation toute faite et à réfléchir aux conséquence de certaines phrases qui passent pour anodine mais qui peuvent être ressenties de façons différentes selon chaque individu. C’est la première fois que je lis un texte de Nathalie SARRAUTE et j’ai trouvé intéressante cette réflexion autour des enjeux et des conséquences de la communication.
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Enfance

Nathalie Sarraute nous le confirme, l’enfance s’arrête le jour de l’entrée au lycée. Après cette étape de la vie, les souvenirs perdent de leurs spontanéité et naïveté. Ils s’imbibent des influences externes comme le buvard de l’encre sur la page écrite à la plume.



A 80 ans passés, Nathalie Sarraute ressent la nécessité figer sur le papier ce qui lui reste de ses souvenirs enfouis sous la « couche protectrice qui les conserve, de ces épaisseurs blanchâtres, molles, ouatées qui se défont, qui disparaissent avec l’enfance… ». Une façon de les cristalliser pour … pour qui, pourquoi d’ailleurs ?



Sans doute pour faire connaître à qui s’intéresse à cette auteure ce qui a pu faire germer et fertiliser l’œuvre qu’elle abandonne à la postérité. Enfance est un ouvrage qui ne présente à mes yeux d’intérêt que pour approfondir sa connaissance d’une auteure qu’on a pu apprécier à la lecture de son œuvre. Un ouvrage qui met bout à bout des séquences de la prime jeunesse de son auteure, séquences certes fondatrices de la personne, mais qui ne présentent pas grand intérêt à qui fait du vagabondage littéraire et une incursion fugitive dans la bibliographie d'un auteur.



Le grand garçon que je suis doit confesser n’avoir pas été passionné par les histoires de petites filles que Nathalie Sarraute relate dans cet ouvrage bien nommé, même si le procédé narratif est original et l’écriture agréable. Je pense qu’il ne faut pas faire connaissance avec l’œuvre de Nathalie Sarraute avec cet ouvrage. Il doit en revanche trouver tout son intérêt en éclairage sur les sources d’inspiration qui ont pu être à l’origine de tel ou tel autre ouvrage de son œuvre.

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Théâtre

Les mots me manquent...



Théâtre de Nathalie Sarraute, recueil de pièces plus ou moins courtes, est pour le moins déroutant.

J'ai presque envie de dire que cette œuvre si particulière vient de déconstruire en peu de temps toute l'idée que je me faisais du théâtre.



Les personnages n'en sont pas vraiment. Disons qu'ils sont si anonymes qu'ils pourraient être vous, moi, le quidam qui passe dans la rue. D'ailleurs Nathalie Sarraute ne leur donne pas souvent de nom. Ils sont des couples, des hommes, des femmes sans passé ou presque, sans avenir, sans caractéristique particulière, sans volonté propre. Ils sont le plus souvent identifiés par Lui, Elle ou encore H.1, H.2, H.3 , F.1, F.2, F.3 ...



Les décors sont inexistants. Les lieux se définissent par les dialogues eux-même mais l'auteure ne les précise jamais.



L'histoire qui se déroule est intemporelle mais quand je dis "histoire" , je me fourvoie. Il n'y a pas d'histoire à proprement dit.

Les dialogues partent d'un rien. D'un tout petit rien, les répliques s'emballent, les vérités qui ne veulent pas être dites finissent par fuser, les émotions s'expriment, les regrets, les colères, les rancunes...



Nathalie Sarraute développe l'art du non-dit, des points de suspension à répétition.

Qu'il doit être difficile d'interpréter une de ces pièces pour y mettre toute l'intensité et la profondeur qui existe dans ces silences. Et quand on sait que certaines pièces ont été écrites pour la radio, cela parait un pari encore plus fou !





Plus encore que pour toutes les autres pièces de théâtre que j'ai déjà lues sans les avoir vues, j'ai eu besoin de voir, d'entendre les acteurs. Merci Youtube ! J'ai pu y regarder l'admirable interprétation d'André Dussollier et de Jean-Louis Trintignant de la pièce Pour un oui ou pour un non.

Par leur talent, le texte prend tout son sens !





En me documentant un peu sur Nathalie Sarraute, j'ai pu lire ça et là, qu'elle utilisait le terme de "tropismes" pour évoquer des mouvements instinctifs, déclenchés par la présence des autres ou encore par leurs paroles.

Les pièces qui composent ce recueil sont effectivement un parfait reflet de la complexité des rapports humains régis par une codification sociale, une part importante de non-dits ou de phrases stéréotypées qui peuvent conduire à des comportements parfois étranges et inexpliqués, ou encore à des disputes sans queue ni tête déclenchées pour un oui ou pour un non ...



En conclusion, je dirai qu'il est bien difficile de dire ce qu'on n'a pas envie de dire mais il est encore plus compliqué de le cacher complètement !

Alors ne me faites pas dire que je n'ai pas aimé ce recueil...et on restera bons amis !



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Tropismes

J'avais déjà lu ce livre en février 2012 et je l'ai relu avec un grand plaisir en 2021.

En 1939, Nathalie Sarraute a publié ses premiers textes exprimant son ressenti , ce qui lui a permis de décrire ce qui se passe dans son for intérieur. C'est avec les textes courts de ce recueil intitulé "Tropismes" que j'ai vraiment compris ce qu'était l'introspection.

S'il n'est pas facile de rentrer dans l'univers de Nathalie Sarraute, quand on écoute bien, la profondeur des propos apparaissent.

Ce sont des pensées du commun dont il s'agit. Elle y évoque par exemple ce qu'elle éprouve au cours d'un repas lorsqu'une personne est présente et qu'il faut éviter de dire certaines choses qui fâche en sa présence ou lorsque l'on souhaite quitter la table discrètement.

Ses pensées peuvent aussi vagabonder au cours de promenades ou de rencontres mais pas seulement car dans le monde intérieur de Nathalie Sarraute, la famille et surtout les enfants tiennent une grande place : on les devine donnant la main aux passages cloutés, regarder les vitrines, écouter avec fascination les grandes personnes se parler...

Mais plutôt que le contenu des textes c'est la façon dont elle expose les sujets qui est exceptionnelle dans ce livre excellent parce qu'unique et inclassable dans une catégorie littéraire.





Challenge Riquiqui 2021

Challenge XXème siècle 2021

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Enfance

L’autrice nous raconte ici ses souvenirs d’enfance, une enfance écartelée entre son père et sa mère. Elle raconte aussi ses peurs, ses inquiétudes, partagée entre les deux parts de sa famille chacune si proche et si différente.

La proximité avec son père la touche et la rassure, les relations avec sa mère sont plus compliquées.



J’ai démarré cette lecture n’en sachant rien, je n’ai pas lu la quatrième de couverture, et n’ai jamais rien lu de Nathalie Sarraute avant ce livre. Et j’ai été très surprise par le procédé d’écriture et un peu désarçonnée au départ mais au fil de la lecture les dialogues coupables se sont révélés utiles et donner de la vie au récit.
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Enfance



Un petit coup de cœur pour ce beau livre ❣

Nathalie Sarraute nous relate ses souvenirs d'enfance entre la Russie et la France, entre des parents séparés, une mère distante qui l'abandonne à son père.

L'écriture est classique mais la démarche est originale. Nathalie Sarraute s'invente un double qui la questionne, l'interroge et l'amène à donner des précisions, un peu comme le ferait un thérapeute.

C'est un travail introspectif sur la mémoire et sur la mise en mots des bribes du passé.

Pas de psychologie dans ce récit un peu froid et sec et pourtant beaucoup d'émotions entre les lignes.

Passionnant 👏
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Enfance

Un récit de souvenirs très singulier. J'ai beaucoup apprécié.

Déjà la forme interpelle. Ce sont des fragments de souvenirs précis où l'auteure revit des situations fondatrices. Fondatrices car le livre paraît quand l'auteur a 83 ans, donc on peut penser que les souvenirs d'enfance ayant résisté au passage du temps ont marqué notre auteure.

La narratrice évoque ses souvenirs, aidée par son double qui l'aide à mieux comprendre les faits relatés. On mesure l'importance du poids de chaque mot ; l'analyse des situations s'en trouve enrichie.

L'enfance cosmopolite de cette immense écrivaine ayant vécu très jeune le divorce de ses parents m'a vraiment captivée.

Je connaissais un peu son théâtre ( expérience géniale ! ). Il me faudra approfondir l’œuvre de cette auteure trop oubliée.
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13 récits d'enfance et d'adolescence

Même si j'ai cessé d'enseigner le français depuis 5 ans, j'avais conservé quelques spécimens que j'avais encore la curiosité de lire. Celui-ci ne m'emballait pas au départ, car je trouvais les choix trop convenus, les textes archi-connus. Malgré tout, cela s'est révélé une bonne surprise, car j'ai redécouvert la plupart des textes, d'une part avec un regard neuf, n'ayant plus la vision utilitaire de l'enseignante, mais la vision d'une simple lectrice ; d'autre part j'ai retrouvé du sens dans certains textes que je connaissais peut-être trop, et qui m'ont de nouveau accrochée, séduite.



Ce court recueil traite du thème "récits d'enfance et d'adolescence" et du genre de l'autobiographie au programme en classe de 3ème. C'est un genre que j'ai souvent estimé peu adapté aux élèves de cet âge, car à mon sens, ils n'avaient pas forcément envie de se projeter dans leur passé, autant que l'adulte dans la maturité éprouve le besoin de reconstituer son parcours, retrouver sa jeunesse, peut-être avec une certaine nostalgie.

L'anthologie s'organise selon cinq axes, comprenant chacun 3 textes, tous des extraits d'œuvres autobiographiques : écrire ses souvenirs d'enfance - figures maternelles et paternelles - l'enfance déracinée - l'enfance et l'adolescence, champs d'expérience - l'enfance heurtée par l'histoire. Le tout est complété par un dossier pédagogique, avec une interview intéressante d'Eric-Emmanuel Schmitt, dont deux textes sont repris dans le recueil (L'Enfant de Noé et Oscar et la dame rose) - c'est également l'auteur qui préface cette présente édition.



Avec combien de plaisir, souvent de rires, ai-je retrouvé certains textes : le bébé immobile ou "Dieu" selon Amélie Nothomb, plus ou moins réduit à un tube digestif dans La Métaphysique des tubes, ou encore l'ironie affectueuse de Romain Gary envers sa mère dans La Promesse de l'aube, parfois des textes plus froids, mais ciselés au mot près, au plus profond du sens des mots et de leurs implicites, comme Annie Ernaux dans La Place, ou Nathalie Sarraute dans Enfance... Ou encore la féroce ironie, l'humour grinçant de Jules Vallès, dans ce texte à la fois si connu et méconnu, parce qu'on ne le cite souvent pas dans son entier, où le narrateur collégien découvre Robinson Crusoé alors qu'il est puni, seul dans l'étude déserte, jusqu'à une heure avancée du soir - et c'est l'enfant battu, maltraité par ses parents qui se révèle. On peut encore vibrer avec des sentiments d'injustice, dans Le Bal d'Irène Némirovski, ou compatir envers les enfants raflés à Drancy dans Voyage à Pitchipoï. Bref : bien que cela soit un petit ouvrage scolaire, il rafraîchit agréablement la mémoire des grands classiques, et personnellement il m'a donné envie de relire chacun des livres (sauf 3 d'entre eux, je les avais tous déjà lus).
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Tropismes

C'est une tentative ambitieuse (surtout pour 1939), qui m'a beaucoup touché. Sarraute fait dans la justesse et dans la minutie, et se donne les moyens de ses intuitions. C'est minimaliste et irréprochable. Il s'agit de lui faire confiance et de la laisser nous guider...
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Oeuvres complètes (coffret)

Nathalie Sarraute a vu ses œuvres publiées dans La Pléiade de son vivant. Ne manque à l'appel que son dernier livre, Ouvrez, publié quelques mois avant sa mort. Bien que cette collection ait tendance à sentir un peu trop l'académisme, "Pléiadiser" Nathalie Sarraute semblait une évidence tant elle a renouvelé et transformé la littérature du XXe siècle.

Lu d'une traite, les romans, critiques, conférences et pièces de théâtre de Sarraute font apparaître des résonances et des continuités fortes. Sarraute avait son univers, son obsession: les tropismes, ces mouvements intérieurs qu'elle a tenté inlassablement et patiemment de transcrire dans des "sous-conversations". Parodiant une image qui lui était chère, Sarraute prenait le temps de s'arrêter sur les mots et leur enchaînement, leurs rythmes et leurs intonations, les prenait dans sa main, les scrutait de tous les côtés pour voir ce qu'ils pouvait dissimuler. Comme dans Enfance, avec sa paire de ciseaux, et malgré les exhortations continues et outrées des critiques et des gens raisonnables, elle n'hésitait pas à transpercer les belles apparences soyeuses du tissu du langage pour en montrer ses dessous inqualifiables et mouvants.

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Ici

Peut-être que Nathalie Sarraute aurait apprécié cette image, elle qui jouait si bien des expressions métaphoriques, "prendre une claque"... Car j'ai bien pris une claque à la lecture d'Ici. J'en suis encore tout retourné. Mais une claque qui ne laisserait place qu'à la sidération et non à la douleur. Pourtant, Ici ne se démarque pas radicalement des autres œuvres de Sarraute, on pourrait même penser à un retour aux sources avec une composition en courts textes qui rappelle celle de Tropismes. Mais il y a comme une force qui se dégage de ces mots, de ces enchaînements de mots, une force que l'on pourrait nommer poésie ou beauté et qui fait monter un frisson et donne envie de dire merci. Merci pour ce don, ce moment magique et essentiel.
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Tu ne t'aimes pas

Après la lecture d'un livre de Sarraute, on ne peut être que vigilant et circonspect dans l'emploi des qualificatifs que nous serions impulsivement tentés d'accoler à son univers, à sa création. Car l'œuvre de Sarraute s'évertue justement à lutter contre toutes formes de réduction, de catégorisation et de pétrification par les mots et le langage. Pronoms personnels, adjectifs, noms, formules, sentences et clichés, nous sommes les jouets dociles d'une permanente assignation verbale: "tu ne t'aimes pas", "disent les imbéciles", "chez moi c'est pathologiques"... venant de soi et des autres, on se fige dans un rôle, on s'installe dans le confort d'un personnage. Alors puis-je poser en douceur, sans fracas, les mots fidélité et ironie devant ce "roman-chant-poème"? Oui, je... nous le pouvons, car après le succès d'Enfance, qui rassura les lecteurs et la critique par un apparent "raisonnable" alignement sarrautien aux pré-requis romanesques, elle leur a répondu en quelque sorte par la création d'une œuvre encore plus profondément déraisonnable et déconcertante.
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Le Planétarium

Après portrait d'un inconnu, et Martereau, Le Planétarium reprend le principe des tropismes, ces mouvements souterrains presques inconscients qui régissent finalement tous nos rapports, rapports de soi à soi, de soi à l'autre, de l'autre à soi, de l'autre à l'autre.

Ici, les tropismes ne dépendent plus d'un Je subjectif, qui les ressent, les interprète, mais d'un Il, plus général. Nous passons d'une subjectivité à une autre, là où les précédents ouvrages se limitaient à une subjectivité fixe, qui suivait, imaginait ce qu'elle ne pouvait voir. Il y a une volonté d'objectiver finalement ces tropismes, de ne plus les rendre simplement dépendant d'un individu hypersensible,de les sortir de l'ordre du pathologique. Les rapports entre les individus sont donc vus sous tous les angles, ce qui permet de mesurer l'écart qui parfois existe entre ce qu'un personnage croit percevoir de l'autre, et ce que l'autre perçoit réellement. Puisqu'il n'y a plus de fusion possible entre les personnages, qu'ils sont en quelque sorte, dans leur solitude intérieur, les tropismes prennent un caractère incertain, ils ne sont plus là manifestation objective d'une réalité cachée, mais le fruit de la confrontation entre les différentes subjectivités. Pourtant, les tropismes du Planétarium sont moins profonds, parfois proche de la ratiocination, que ceux des autres ouvrages. Parfois, ils apparaissent comme plaqués artificiellement sur le récit, qui a malgré tout une structure plus classique que les précédents livres.

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Pour un oui ou pour un non

Deux bons amis se fuient... Pourquoi? C'est ce qu'essaye de découvrir l'un d'eux... A partir de là, les dialogues vont dans tous les sens, à partir de mots, d'expressions ou d'intonations pas toujours comprises de la même manière.



J'avoue que la sauce n'a pas pris et que je referme ce petit livre en restant sur ma faim.
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Pour un oui ou pour un non

Dernière pièce écrite par Nathalie Sarraute et son plus gros succès sur les planches, Pour un oui ou pour un non est aussi la pièce la plus "populaire" sur Babelio. Pourtant, elle ne se démarque pas véritablement des œuvres précédentes: effacement des personnages et de l'intrigue au profit des tensions et des vibrations tropismiques, et jeu d'amplification de ces situations de langage qui déclenchent le ridicule et le rire. Beaucoup pensent à Beckett, mais cela peut aussi faire écho à Kafka.
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