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Critiques de Nathan Hill (177)
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Les fantômes du vieux pays

La race des auteurs capables de te tenir en haleine sur 703 pages compte bien peu de d'élus. Nathan Hill en est un, et pas des moindres, crois-moi !



Même John Irving l'atteste, c'est peu dire ; et à sa suite les plus grands écrivains et chroniqueurs sont unanimes : Les fantômes du vieux pays est LE grand roman américain des deux dernières décennies, et Nathan Hill, la révélation du pays.



Et lorsque je parle de cette race d'écrivains bénis des lieux et divinement doués, je ne parle pas de ces auteurs habiles à te tenir en haleine « facilement » à l'aide de schémas narratifs maintes fois utilisés, certes efficaces mais ayant depuis longtemps perdu toute saveur, secs, désespérément fades. Suivez mon regard.



Nathan Hill, lui, court dans le peloton de tête. Il nous livre un premier roman exigeant (oui, tu as le droit de ne pas le croire en refermant le livre, mais je te promets l'information est exacte, c'est un premier roman), affuté et terriblement passionnant. S'il lui fallu dix ans pour le terminer, tu n'auras besoin que quelques jours pour en venir à bout, une semaine tout au plus. Aussitôt embarqué, te voilà chahuté, entrainé dans le tumulte des époques, le vacarme des lieux, le fracas des personnages. A peine as-tu pris tes marques dans une aussi insignifiante que sage banlieue de l'Illinois dans les années 80, que tu te trouves transporté dans le Chicago en ébullition de l'année 1968, bouleversé par les mouvements pacifistes, anarchistes et féministes. Deux secondes plus tard, tu es en Norvège, dans les années 40, et hop, en un clin d'oeil – ou un chapitre, c'est tout comme, tu dévores ses mots comme des pâtisseries, tu engloutis ses phrases comme des pralines – tu te retrouves en 2011 ligoté à Samuel, personnage que tu feras tien et ami durant tout le roman, personnage attachant et intrigant, de ceux que l'on peut qualifier de « dotés d'une belle épaisseur psychologique ». Un homme à la recherche. A la recherche de quoi d'ailleurs ? de vérité, bien sûr. Mais crois-moi, quand c'est bien écrit, ça n'a rien d'un poncif.



Pourtant, la quatrième de couverture ne m'avait pas immédiatement emballée. Je crois même l'avoir relue plusieurs fois pour être sûre d'en avoir compris les mots. L'histoire d'une femme un peu folle qui lance des cailloux sur un politicien en course pour la présidentielle, celle d'un fils abandonnée par ladite femme, professeur de littérature désillusionné par ses étudiants aussi ignares qu'ingrats et se servant de ce fait divers pour renouer avec sa mère en publiant un livre-révélation pour le sortir de la faillite.



Bref, je n'en attendais pas grand chose et j'avais tort. de cette reconstitution aussi hasardeuse que minutieuse du passé, bien des surprises ont été dévoilées et nombreux sont les fantômes à s'être réveillés. En s'emparant de l'Amérique d'hier et d'aujourd'hui, Nathan Hill compose avec beaucoup d'humour et de talent une fresque ambitieuse et terriblement captivante.



Entre les pages des fantômes du vieux pays, l'ambiance est au détail, minutieusement dépeinte, soigneusement établie. Travail d'orfèvre ou d'historien ? de romancier indéniablement! d'une jolie trempe certainement. Alors on se délecte de descriptions truculentes, avec le sentiment de plonger dans les époques comme dans les différents bassins d'une piscine, le chaud, le froid, celui à jets ou avec des remous. Rien n'est laissé au hasard, tout est décrit avec vivacité et fougue ; les personnages, les lieux, les actes semblent prendre vie sous nos yeux. Parfois, trois pages entières sont consacrées à la « quête » de l'un des personnages, lancé à plein régime dans un jeu vidéo, et c'est à s'y méprendre vraiment, on a l'impression de voir courir son avatar sous notre nez. Un chapitre plus tard, nous sommes auprès de Faye et d'Alice dans la chambre de leur pensionnat en 1968, s'échangeant poèmes et petites pilules rouges. Parfois on se demandes même où l'auteur semble vouloir nous emmener, que viennent faire là certains personnages, quel rapport ont-ils à l'histoire. Mais en fait, on se dit que ce n'est rien de moins que la vie, au sein de laquelle gravitent une foultitude de personnages, certains majeurs, d'autres moins. Et encore ! Et puis un peu de patience ! Que dis-je, beaucoup de patience ! Accroche toi, récompense garantie à la fin. D'abord parce que tu auras réponse à tous tes questionnements, retrouvé toutes les pièces du puzzle et qu'en prime tu auras dévoré un roman au souffle éblouissant, parfois drôle, souvent désabusé, tout au long brillant.



Bref, tu l'as compris, en faisant le choix d'ouvrir Les fantômes du vieux pays, c'est dans une grande fiction américaine comme seul ce continent semble pouvoir en offrir que tu t'apprêtes à plonger. Un chef d'oeuvre, incroyablement libre, empli de bruits et de bourrasques, débordant de vie, rageusement grandiose. Un petit pavé à la fin duquel tu arriveras malheureusement trop vite. Bon sang, on en aimerait encore tellement ! Pas facile de rebondir sur autre chose après cela ! de revenir à sa pile de livres à lire en s'interrogeant sur ce qui pourrait avoir autant d'ampleur que ce roman ! Une chose est sûre, ce livre va continuer de nous hanter et de faire de même avec les pages des autres livres que nous commencerons ensuite.



Parfait, je crois que l'idée me plait.
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Les fantômes du vieux pays

Je souhaite tout d'abord remercier Babelio et les éditions Gallimard de m'avoir permis de découvrir cet ouvrage.

C'est le premier roman de cet auteur célébré aux Etats Unis lors de sa sortie, à juste titre.

J'ai adoré ce livre que j'ai complètement dévoré. Difficile de s'arrêter tellement la lecture en est addictive.

Nous sommes plongés tour à tour dans l'enfance de Samuel avant que sa mère ne les quitte, puis dans l'aventure de sa mère Faye à Chicago, le tout en passant du présent au passé.

L'écriture de l'auteur (et la traduction ensuite) est merveilleuse, c'est fluide tout en étant précis, percutant et amusant. Il nous embarque dans son récit, passe du présent au futur, d'un personnage à l'autre, sans jamais nous perdre. Ponctué de moments clés qui nous donnent envie de continuer pour avoir le fin mot de l'histoire, ce livre est un vrai plaisir de lecture, et une vraie réussite pour son auteur. Quel excellent premier roman!

Je suivrai dorénavant Nathan Hill avec intérêt!
Lien : https://piccolanay.blogspot...
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Les fantômes du vieux pays

Roman fleuve par excellence.

Ce livre c'est Babel : un mélange de voix, de vies, de langues, de parcours, un labyrinthe humain inextricable où tous les parcours sont liés mais on ne le sait que si on prend du recul.

L'histoire démarre avec le récit de Faye et de Samuel, la mère et le fils. L'une se retrouve affublée du surnom "Calamity Parker" suite à l'agression d'un candidat à la présidence, l'autre est professeur de littérature anglaise en faculté et est confronté à la médiocrité passive de ses élèves et évacue son stress, son ennui (sa vie même?), dans un jeu en ligne "elscape" avec lequel il rencontre Pwnage, un otaku américain.. Et à partir de là plusieurs personnages clés du passé et du présent, chacun avec leur voie / voix forte (Bishop, Bettany, Laura, Frank, Alice, Sebastian..) se mettent à exister, vivre entre 1968 et 2011. le roman parle de famille, du secret, de l'héritage, de la transmission, de l'amitié, des choix que l'on fait par facilité, par nécessité, passivité, lâcheté, sans y penser réellement tout en espérant très fortement que les choses soient autres... le tout sur un fond historique documenté (les manifestations de Chicago, le mouvement hippie, la guerre du Vietnam, l'après 11 septembre...).

Bref, il ne faut pas avoir peur du format brique de 707 pages de ce roman et se laisser emporter!
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Les fantômes du vieux pays

Alors là... Les bras m'en tombent ! J'ai trouvé cela tellement racoleur. Certes, c'est une assez belle critique de la société américaine (voire même occidentale)... Mais nom d'un pim's ! L'écriture en devient redondante, et comme le premier chapitre à mon sens n'en finissait pas...

Je m'en suis arrêtée là. A la page 20 plus précisément.



Bref, je serais par contre ravie que l'on en débatte. Si vous poussez plus ou moins loin que ce nombre fatidique, venez me conter votre ressenti.



Bonne lecture :)
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Les fantômes du vieux pays

Donc c'est un premier roman ?

On est sûr ? On a vérifié ? On a des preuves ??

Parce que si c'est ça, plus la peine de te crever Nathan Hill, ton chef-d'oeuvre est derrière toi.

Tellement dense et ambitieux comme roman que je ne sais même pas comment en parler. Ça part dans 27 directions différentes dont pas une est moins intéressante que les autres. Y a un fil rouge tout de même pour garder l'ensemble cohérent (même si finalement arrivé à la fin, la cohérence se fait d'elle-même, je n'en dis pas plus, mais attention au twist inattendu, quand y'en a plus...) le fil conducteur donc : Samuel Anderson, professeur de lettres de son état. Une existence tout ce qu'il y a de fadasse, un boulot ingrat le confrontant quotidiennement à des étudiants abrutis qui semblent ne venir à ses cours que pour bâiller, sommeiller, râler et surtout, surtout ne pas écouter, un amour (platonique) de jeunesse à qui il semble avoir juré fidélité, une vie sociale réduite au néant, le tout emmailloté dans le souvenir d'une mère qui l'a abandonné quand il n'était encore qu'un tout petit môme sans qu'il ne comprenne jamais vraiment pourquoi.

Bref, de quoi se mettre la tête dans le four et on en parle plus... s'il n'y avait pas cette petite passion un peu honteuse pour un jeu vidéo en ligne. Dès qu'il peut Samuel se connecte et retrouve sa chère guilde d'elfes dont les missions diverses consistent à s'unir pour, au choix, tuer des orques et des dragons, trouver des trésors, gagner des armes... Voilà la vie du professeur Samuel Anderson. Ou en tout cas, sa vie avant que sa mère ne fasse une réapparition fracassante dans son existence par le biais médiatique en tant que dangereuse terroriste, rien de moins. Faut dire qu'elle a quand même balancé une poignée de graviers sur un gouverneur en campagne (han !! Eh oui, ça pétrifie, c'est normal)

A partir de là, tout va changer pour Samuel grâce à un rapprochement obligé avec sa mère qui lui permettra enfin de répondre à tant d'interrogations sur sa jeunesse. On y reviendra souvent à sa jeunesse d'ailleurs, on y fera entre autre connaissance avec le seul ami (et pas des moindres) qu'il se sera fait pendant sa scolarité...



Sautant allègrement les époques, nous transportant aussi facilement en 1988 qu'en 1968 ou en 2011, Nathan Hill sans jamais nous perdre sur le bord de la route, nous raconte l'Amérique des révoltés, des émeutes de Chicago, des adeptes d'Allen Ginsberg qui devaient sinon changer le monde, tout au moins essayer, et puis hop, nous voilà avec l'US Army en mission en Afghanistan avant de faire un détour par la Norvège et ses croyances folkloriques pour finalement revenir dans un petit coin perdu de l'Iowa où on enseigne aux jeunes filles comment bien nettoyer ses chiottes afin de rendre un potentiel mari heureux et fier de son épouse (!!)

Ça ne s'arrête jamais. Ou si, malheureusement, malgré le petit pavé qu'est ce roman, on arrive quand même trop vite à la fin, bon sang on en voudrait encore tellement. Dur dur après ça de rebondir sur autre chose, Les fantômes du vieux pays vont hanter un moment les pages des autres livres qu'on ouvrira, dont on lira une page et qu'on reposera... Non, pas encore le moment de se jeter dans autre chose. Trop tôt.

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Les fantômes du vieux pays

J’ai fini « Les Fantômes du vieux pays » de Nathan Hill il y a déjà plusieurs jours et je ne sais pas encore trop qu’en penser. Un roman ambitieux de sept cents pages qui sur toile de fond d’un drame familial est un grand récit sur les États Unis d’hier et d’aujourd’hui. La politique, les manifestations de la fin des années 60, les manifestations à Wall-Street d’aujourd’hui. Les universités, les jeux en ligne et leur dépendance, les médias sociaux.



En se promenant dans un parc de Chicago, le gouverneur Sheldon Packer, candidat républicain à la présidence, est insulté et visé avec du gravier par une femme d'âge mûr. Le clip vidéo de l’incident, devient viral et rapidement l'agresseur est surnommé " Calamity Packer ".

Samuel Andresen-Anderson, professeur adjoint de littérature de 30 ans, qui passe plus de temps dans un jeu en ligne que de travailler sur son livre, découvre que la suspecte n’est autre que sa mère, Faye. Il ne l’a pas revue depuis qu’elle a abandonné le foyer familial, il y a plus de 20 ans.

Samuel veut comprendre qui est cette mère et commence à enquêter sur sa vie. Sa jeunesse en Iowa, sa période en tant qu'étudiante à Chicago en 1968, les années qui précèdent sa fuite. Ce qui le pousse à regarder son propre passé et son futur.



Nathan Hill est un conteur talentueux, son roman se lit facilement, le lecteur est accroché par l’histoire. Mais les nombreuses « Trop » ont gâché mon plaisir. Mon impression est que l’auteur a voulu trop en mettre dans ce premier roman. Trop d’histoire, trop de personnages, trop de descriptions, d’observations. Des histoires parallèles mal connectées au récit et inutiles. Des passages drôles, gâchés par le trop « burlesque ».

Malgré tout c’est un roman à lire, chacun pourra se faire son opinion.
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Les fantômes du vieux pays

Titre : Les fantômes du vieux pays

Auteur : Nathan Hill

Editeur : Gallimard

Année : 2018

Résumé : Samuel Anderson est professeur d’anglais à l’université de Chicago. Trop occupé par ses jeux en ligne, il est l’une des seules personnes du pays à ne pas avoir entendu parler d’un fait divers qui défraie la chronique : le gouverneur Packer – candidat à la présidentielle Américaine – vient d’être agressé par une certaine Faye Andresen. Samuel ne pourra pourtant pas échapper au déferlement médiatique puisque cette femme n’est autre que sa mère. Poussé par son éditeur, le professeur va devoir plonger dans le passé de celle qui l’a abandonné des années auparavant.

Mon humble avis : Lire des romans pendant les congés est une chose merveilleuse. Disponible, calme, l’état d’esprit est souvent idéal pour profiter d’un texte. Je garde d’excellents souvenirs de lecture pendant ces périodes, notamment la trilogie Lloyd Hopkins par le grand James Ellroy ou certains Maurice G Dantec à côté duquel je serais peut-être passé en temps normal. Le moment était donc parfait pour m’attaquer au premier roman d’un certain Nathan Hill, un pavé auréolé d’une excellent réputation, un bouquin que l’auteur mit plus de dix ans à écrire. Les fantômes du vieux pays est un roman ample, le genre d’ouvrage qu’en général j’affectionne. Couvrant tout un pan de l’histoire américaine, de l’assassinat de Martin Luther-King à aujourd’hui, de la contre-culture aux revendications contre la guerre du Vietnam, le texte de Hill est précis, parfois cocasse et toujours brillant sur les événements qui ont marqué cette époque et sur les travers de celle dans laquelle vivons actuellement. Comme souvent dans ce type de roman, la petite histoire se mêle à la grande et c’est l’une des caractéristiques des auteurs US que de plonger la plume dans les cicatrices communes de tout un peuple. Et oui les américains sont les spécialistes de l’introspection, combien de romans sur la guerre du Vietnam alors que ceux relatant le conflit Algérien sont – à ma connaissance – plutôt rare ? Question de culture certainement mais revenons maintenant à ces fantômes et à cet auteur particulier qu’est Nathan Hill. Tout d’abord sur la forme, avec une construction ambitieuse, faite de flash-backs, de va-et-vient incessants entre les époques où l’on croise notamment Allen Ginsberg et d’autres leaders de la contre-culture hippie de cette époque. C’est brillamment ordonné, logique, les chapitres s’imbriquent parfaitement et finalement la lecture de ce pavé se révèle facile et plutôt fluide. Ambitieux est le terme qui me paraît le plus juste pour parler de ce bouquin. Trop ambitieux ? C’est probable pour un texte qui a tendance à s’essouffler dans sa seconde moitié, plombé par trop de précisions et de longueurs peut-être. Mais avant quel plaisir ! Hill est sans conteste un auteur brillant et Les Fantômes du vieux pays un grand roman, une oeuvre aboutie, foisonnante et dense, un roman aux personnages marquants où l’auteur excelle à décrire une époque, des hommes et des femmes pris dans le tourbillon de l’histoire, des hommes et des femmes blessés par la vie, par l’abandon, la trahison et le poids du passé – Le passage du retour en Norvège sur ce thème, est notamment l’un des plus réussi – . Au-delà de tout cela, les fantômes est aussi un roman politique, dénonciateur, faussement cynique, le roman d’un homme, d’un pays, d’une époque. Bref un excellent roman Américain à défaut d’être LE grand roman américain.

J’achète ? : Oui sans aucun doute. Les fantômes du vieux pays restera sans conteste l’un des romans marquants de 2018. Un bouquin foisonnant, rare, un texte dénonçant le cynisme d’une certaine Amérique, la prise en otages de la population par la société de consommation et les réseaux sociaux. Sacré programme ? Sans aucun doute et cela tombe bien car Nathan Hill ne manque pas d’ambition.
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Les fantômes du vieux pays

Ce roman aurait pu s'intitulé "Histoire (un peu trop longue) de la famille Andresen-Andreson". Les fragments de la vie de ses protagonistes sont peu à peu dévoilés sans avoir parfois grand rapport entre eux, comme si l'auteur voulait raconter plusieurs histoires et les avaient ensuite rassemblées en un patchwork cohérents.
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Les fantômes du vieux pays

« Les fantômes du vieux pays » est un roman très surprenant dans sa construction narrative. Samuel, professeur et écrivain est sommé par son éditeur d’écrire une histoire à sensation sur sa mère Faye nommée « Calamity Packer » par les médias depuis qu’elle a lancé des cailloux en direction du gouverneur. Cette mère l’a quitté lui et son père, du jour au lendemain et sans explication alors qu’il n’avait que 11 ans. Samuel ne la connaît donc pas et il devra chercher à retracer son parcours.

Voilà l’intention de départ. L’auteur Nathan Hill embarque alors le lecteur dans des allers-retours entre le présent, l ‘année 2011 aux Etats-Unis, et le passé, l’enfance de Faye dans l’Iowa, ses débuts universitaires à Chicago en 1968 au moment des manifestations étudiantes, l’enfance de Samuel. Dans ce récit s’invitent de nombreux personnages secondaires qui toutefois prennent une place importante, que ce soit dans la vie de Samuel - Pwnage, addict de jeu vidéo, Laura Pottsdam, une étudiante, Bishop et Bethany des amis d’enfance, Guy Periwinkle son éditeur – ou dans la vie de Faye – Frank son père, Alice et Sébastien étudiants rencontrés au Cercle, Charlie Brown policier puis juge.

Si l’on peut par moments s’interroger où Nathan Hill veut en venir dans cette quête à chemins détournés, tout un chacun est à sa place, une ambiance s’installe, ainsi qu’ une proximité avec ses personnages, qui contribuent à comprendre des interrogations, motivations et caractéristiques de deux générations, et l’auteur illustre au final à merveille une phrase clé de ce roman « Il arrive qu'on soit tellement enfermé dans sa propre histoire qu'on ne voit pas le second rôle qu'on occupe dans celle des autres. »
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Les fantômes du vieux pays

Une fresque réjouissante et incroyablement rythmée !



Voici un premier roman qui se présente d'abord comme un défi : un pavé de 700 pages, dans la prestigieuse collection "Du monde entier" de NRF/Gallimard. Oscillation entre l'appréhension de se perdre dans les méandres d'une épopée interminable et la jubilation anticipée dictée par la confiance en cette collection, dont les choix exigeants déçoivent rarement. Une autre crainte, celle de l'écueil du premier roman : celui qui part dans tous les sens, dans lequel l'auteur a voulu rassembler trop d'histoires, trop de ficelles et d'émotions, collecter comme "cadavre exquis" les bribes de ses multiples manuscrits de jeunesse morts-nés. 



Rien de tout cela dans la somme de Nathan Hill. Ce premier roman happe le lecteur dès les premières pages et ne le lâchera plus. Une véritable réussite, qui se dévore et se déguste, pour de multiples raisons.



Inutile d'en rajouter davantage sur l'histoire, l'éditeur ayant pris le parti d'une présentation assez exhaustive de celle-ci. Il s'agit de Samuel Andresen, professeur de littérature dans une université modeste, un peu désabusé, qui tue le temps en jouant en ligne et passe ainsi à côté de l'information qui défraie la chronique : l'agression dans un parc du candidat républicain à la présidentielle par une femme, sa mère, qui l'a abandonné à l'âge de onze ans. Pour éviter de couteuses poursuites judiciaires de l'éditeur qui lui a versé dix ans auparavant un colossal à-valoir pour un livre jamais écrit, il accepte d'en écrire un nouveau : l'histoire de sa mère, celle que les médias présentent comme une anarchiste ayant attenté à la sécurité d'un candidat à la présidentielle. 



Comment écrire sur celle qui vous a abandonné sans jamais donner signe de vie ? Comment rendre transférer sa colère d'enfant, intime et personnelle, sur un personnage désormais public ? Points de départ du roman, ces questions nous conduisent sur des chemins inattendus, sans jamais perdre un fil qui ne se tissera que progressivement.



La construction de ce roman est parfaitement réussie : découpé en dix parties, elles-mêmes subdivisées en une dizaine de courts chapitres à chaque fois, le lecteur ne s'ennuie jamais, passant d'une époque à l'autre. le temps du roman est celui de 2011, mais aussi celui de la jeunesse de Samuel, avant le départ de sa mère ; celui de 1968, des années étudiantes de Faye, en pleines émeutes de Chicago. C'est ainsi que se dessine une fresque individuelle : pas un livre d'Histoire mais un recueil d'histoires, individuelles et ciselées, ou les événements sociaux éclairent des caractères d'abord tranchés, finalement toujours plus subtils et complexes, souvent paradoxaux. C'est là toute la force narrative de Nathan Hill : si la construction de la narration cède aux canons du "grand roman américain moderne" (Joël Dicker l'a parfaitement expliqué dans de très nombreux entretiens après la sortie de la vérité sur l'affaire Harry Quebert), elle est parfaitement employée et d'une redoutable efficacité.



Le portrait américain ainsi brossé, au travers d'une galerie de personnages finalement assez peu nombreux pour le volume de l'ouvrage (une petite dizaine retiendront notre attention), permet à la fois d'éclairer un passé récent mais surtout de jeter une lumière crue sur les questions les plus actuelles. Les émeutes de Chicago en disent moins sur la jeunesse des années 60 que sur l'attitude de la police américaine ; le projet littéraire de Samuel écorne davantage l'édition américaine qu'il ne questionne la fidélité filiale ; et le "grand abandon", celui du fils, est rapidement mêlé à la détresse solitaire d'une mère qui n'a pas su faire les bons choix, parce qu'elle n'en a jamais vraiment eu la possibilité. 



L'immense originalité de ce roman se trouve dans ce déplacement des interrogations. Alors que l'on croit longuement autopsier "le Mal", la cruauté (de la mère, de l'éditeur, d'un jumeau intenable et meilleur ami de Samuel enfant), l'auteur adoucit, lisse, arrondit chaque portrait, non par facilité mais, bien au contraire, pour accentuer les plus petites aspérités. Celles qui rendent leur humanité à tout choix, à tout acte. Rien n'est simple, tout n'est qu'humain. Les plus profondes blessures ne sont-elles jamais qu'un choix mal éclairé, hasardeux, fataliste aussi, avec lequel il faut bien composer bon gré mal gré ? 



Ce grand roman est un véritable coup de coeur, une découverte réjouissante, dont un film sera nécessairement tiré, tant il crée d'images fortes. A lire absolument !



Je remercie Masse critique de Babelio et les éditions Gallimard de m'avoir adressé gracieusement ce roman en vue de sa chronique.
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Les fantômes du vieux pays

Un premier roman porté par une construction narrative impressionnante, mais aussi par une galerie de personnages haut en couleur. Nathan Hill bouscule la saga familiale en racontant l'histoire d'une mère apparemment indigne et d'un fils paumé. Jouant sans cesse sur le lien entre réalité et imaginaire, vérité et mensonge, il met en place une satire de la société américaine d'hier et d'aujourd'hui.
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Les fantômes du vieux pays

Je viens de terminer ce roman, commencé  en octobre 2020, ponctué  de pauses... J'en  attendais beaucoup , trop peut être . L'auteur,  Nathan Hill a mis 10 ans pour écrire ce roman de 960 pages. Avec bien sûr  des faits historiques  et inventés,  romancés  dont il nous les expliquent en remerciement. 



Son roman a été colossal,  beaucoup de travail  d'écritures,  de lieux,  de pensées, riche en personnages bien décrits.  Des situations  difficiles aussi mais j'étais  toujours  en attente de quelque  chose  de plus corsé... 



Samuel, professeur d'anglais à  l'université  de Chicago ,  abandonné par sa mère à  l'âge de 11 ans me semble t il , reconnait cette dernière  à  la télévision  lors d'une  agression du gouverneur Packer dont elle est l'instigatrice.  Tout démarre donc de là.  Il est en plus acculé  par son éditeur qui le menace en justice si il ne sort pas le livre plein de révélation que lui a promis Samuel en échange d'avance financière conséquente ...



J'ai  donc attendu,  entre des chapitres très longs sur le passé de sa mère Faye en 1968, ses idées,  ses craintes,  ses peurs, ses mauvaises décisions,  sur fond de crise de 1968... 



Des passages sur l' enfance de Samuel , ses amis dont Bishop, bethany et ses partenaires de jeu virtuels , plus tard dont Pwnage , dont j'ai  trouvé ce passage  convaincant , structuré  et même attachant . Le reste n'est  que "gentillet", les fantômes du passé ne sont au fond,  pour ma part , que le reflet de la perception  de la vie de chacun.... 





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Les fantômes du vieux pays

Extraordinaire récit d'un abandon filial. A travers le parcours de Samuel et de ses névroses, s'écrit petit à petit l'histoire de sa mère Faye, tragique, épique et finalement cathartique. Un portrait époustouflant des fragilités, des travers et des quêtes de chacun, entre abandon, fuite, acceptation et résilience. Bouleversant !
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Les fantômes du vieux pays

Ce premier roman rencontre un franc succès et cela ne m’étonne pas. Pour un premier roman, c’est réussi.

Samuel est écrivain et professeur de littérature dans une petite université. Ou plutôt c’est un écrivain raté, incapable d’écrire quoique ce soit depuis une nouvelle prometteuse et il tente d’enseigner la littérature à des étudiants qui s’en fichent royalement. Son poste à l’université est d’ailleurs menacé à cause d’une étudiante qu’il a accusée de tricherie et ses relations avec son éditeur sont tout aussi précaires. Le dos au mur il accepte alors d’écrire un livre sur sa mère qui l’a abandonné des années plus tôt et qui fait alors la une de l’actualité après avoir jeté des cailloux sur un gouverneur conservateur. Ce sera l'occasion pour lui d’en savoir plus sur sa mère.

A partir de l’histoire de Samuel et de sa mère, l’auteur dresse une fresque des Etats-Unis sur une quarantaine d’années. C’est une fresque assez cynique, soulignant les illusions successives de chaque génération, les magouilles de la justice et de la politique, les mensonges des médias,… Une dénonciation d’un système visant de plus en plus à uniformiser la population tout en glorifiant l’individualisme. Une société où le virtuel prend le pas sur le réel. Une société où les artistes disparaissent au profit des starlettes.

Les personnages secondaires (Pawne et Laura) s’ils ont leur place dans l’histoire de Samuel, voient leur histoire personnelle racontée en parallèle. Ultra-connectés, ils ont perdu tout sens de la réalité. Leurs relations humaines ont presque totalement disparu, ne laissant que des relations virtuelles et désormais vides de sens. Ce sont des personnages pitoyables et effrayants, réalistes malheureusement.

Les personnages sont nombreux tout comme les sujets abordés : les violences policières, la pédophilie, les réseaux sociaux, les addictions, les multinationales, les médias, les mouvements contestataires des années 60, la drogue, le mariage, l’immigration, le féminisme, la guerre, l’écologie, la malbouffe… Et bien sûr les relations mère-fils, père-fils, l’amitié, l’amour, la mort. On pourrait craindre qu’une telle multitude de sujets donne un résultat brouillé et confus, mais ce n’est pas le cas. Au contraire, tout s’imbrique avec logique. Et le tout porte un regard désabusé sur notre société.

C’est un roman intéressant, bien écrit, ironique et intelligent auquel on pourrait toutefois reprocher quelques longueurs. Pour un premier roman, c’est prometteur (souhaitons à Nathan Hill un destin différent de celui de son héros)
Lien : https://tantquilyauradeslivr..
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Les fantômes du vieux pays

Je crois que ce livre est le premier que j’avais noté dans ma wishlist en amont de la rentrée littéraire. 700 pages plus tard, je ne peux pas dire que j’ai eu un immense coup de cœur mais indéniablement, Nathan Hill est un vrai raconteur d’histoires comme je les aime.

« Les fantômes du vieux pays » est un roman qu’on lit de façon gourmande en suivant les péripéties de Samuel et les retournements de situations. Certes, c’est parfois un peu longuet mais j’ai adoré me promener dans 50 ans de vie américaine couverts avec brio et avec talent.

A travers la vie de Samuel et avec un humour féroce l’auteur critique la politique Américaine, le marketing, l’éducation, la justice, l’université, les réseaux sociaux….bref tout y passe (mention spéciale pour les parties du roman qui parlent des jeux vidéos ).

Le récit alterne passé et présent, personnages principaux et seconds rôles, et d’anecdotes en digression l’histoire de Samuel et de sa famille se dessine.

Un récit qui parfois semble partir dans tous les sens mais qui est en fait un exemple de maîtrise, à tel point qu’il est difficile de croire que c’est un premier roman. Œuvre ambitieuse qui rebutera sans doute certains lecteurs mais qui risque de compter dans la littérature américaine.

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Les fantômes du vieux pays

Ce roman est porté par pas mal de lecteurs , mais franchement je ne vois pas tellement pourquoi .

Il n'est pas désagréable ni dans sa lecture , ni dans son contenu, mais je pense qu'il aurait gagné a être beaucoup plus court.. la moitié aurait largement suffit, à mon sens.



Je me suis bien souvent demandée mais ou est ce que l'auteur veut en venir et j'avoue n'avoir trouvé un réel plaisir à la lecture que vraiment vers la toute fin.

Les personnages ne m'ont pas semblé très sympathiques et je n'ai pas eu l'envie réelle de connaître leurs histoires.

J'ai plutôt bien apprécié la critique la société américaine, et également les différentes idées qui en ressortent.



Je dirais donc pour faire court, roman agréable, mais qui pour moi ne mérite pas l'engouement qu'il y a autour.

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Les fantômes du vieux pays

C'est un roman phénoménal, foisonnant de rebondissements, avec une multitude de destins qui s'entrecroisent. Un panel de personnages majoritairement attachants, mais également parfois détestables. A travers ces 950 pages, Nathan Hill traite dans cette fiction d'un grand nombre de sujets qui ont marqués l'Amérique depuis 1968 jusqu'à l'année 2011. C'est fascinant par la richesse de la documentation, des sentiments, des émotions.

A Chicago, en 2011, une femme jette quelques gravillons sur le gouverneur Sheldon Packer, en campagne électorale pour élection présidentielle. Immédiatement les médias, s'empare de l'affaire, et révèlent que l'auteur de ce pseudo-attentat est une femme Faye Andressen-Anderson. Parallèlement, dans une université de Chicago, un professeur accroc pendant ses loisirs, au jeu vidéo en ligne Elfscape, rencontre des difficultés avec une de ses élèves, Laura Pottsdam à qui il reproche d'avoir copié un devoir sur Hamlet sur Internet.. Cet enseignant se nomme Samuel Anderson, et rapidement il découvre que celle que toutes les télés nomment Calamity Packer n'est autre que sa mère qui l'a abandonné depuis 1988 et dont il n'avait aucune nouvelle. Dans les révélations diffusées concernant sa mère, elle est décrite comme une prostituée, mais également comme une activiste des événements de 1968 à Chicago, manifestations étudiantes contre la guerre du Vietnam, manifestations féministes, qui ont fait l'objet de répressions violentes de la part de la police et de la Garde Nationale. Samuel va rencontrer sa mère, et entreprendre une enquête sur son histoire, en 1988 au moment de leur séparation, puis en 1968 sur la période des manifs et sur le vrai rôle de sa mère, et au delà sur l'arrivée aux USA de son grand père, émigrant du nord de la Norvège. Il faut ajouter que Samuel a également l'espoir de devenir écrivain, il doit fournir un roman à l'éditeur Periwinkle dont il découvrira le passé et le lien qu'il a avec sa mère. Sa quête sur le passé de sa mère est entrecoupé de plongées dans la vie virtuelle du jeu vidéo dans lequel il s'est fait un ami en la personne d'un des leaders du jeu, « pseudo. Pwnage ». Cette relation montre la détérioration de la santé des individus qui sont victimes d'addiction à ces jeux en ligne. Au cours de ses recherches sur son enfance , Samuel révèle son amitié avec Bishop dont il apprend le destin tragique par une longue lettre terriblement émouvante, et sur l'amour qu'il éprouvait pour Bethany, la sœur jumelle de Bishop. Au cours de ses investigations il rencontre Alice, une amie de manifs de sa mère, qui lui révèle le rôle trouble de l'agent de police Brown.

Lorsque l'on referme ces 950 pages on est un peu sonné, tant l'intrigue est forte. On a le souffle coupé par le croisement entre les personnages. Le nombre de événements traités à travers cette fiction est incroyable.
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