Citations de Nicci French (446)
Avec des maisons , on peut démolir et rebâtir . Pas avec les êtres humains .
L'été, leurs corps prennent chaud. La chaleur s'infiltre par les pores de leur peau nue. Une lumière brûlante pénètre leur intimité obscure ; je l'imagine glisser en elles et tourbillonner, les attiser. Tel un liquide noir luisant qui ondule sous leur peau. Elles se dévêtent, elles ôtent toutes les épaisseurs, les couches superposées quelles portent l'hiver, et laissent le soleil les toucher. Se poser sur leurs bras, leur effleurer la nuque. Il ruisselle entre leurs seins et elles renversent la tête en arrière pour le sentir sur leur visage. Elles ferment les yeux, elles ouvrent la bouche, une bouche peinte ou nue. La chaleur bouillonne sur les trottoirs à leur passage, leurs jambes nues s'entrouvrent, leurs jupes légères frémissent au rythme de leur pas. Les femmes.
Il tenta de crier mais ne réussit qu’à produire le bourdonnement qui lui restait coincé dans la bouche et à l’arrière de la gorge. Il se leva, tanguant, avec le mauvais goût dans la bouche qui ne s’en allait jamais, et sauta sur place, encore et encore, jusqu’à voir rouge, jusqu’à ce que la tête lui tourne, que les murs penchent vers lui et qu’il retombe par terre. Il se cogna la tête sur le plancher. Elle l’entendrait. Sûrement.
Le bon côté c'est que lorsqu'une situation est désespérée elle peut difficilement empirer.
A cet instant précis, s'est élevé un bruit si inattendu que pendant quelques secondes je n'ai pas réussi à l'analyser. C'était comme si mon cerveau refusait de l'accepter. J'ai dû réfléchir de toutes mes forces et là, j'ai compris. On sonnait à la porte de l'appartement. La sonnette a retenti de nouveau. Nous nous sommes dévisagées. J'étais sûre que les mêmes questions avaient dû nous traverser l'esprit. Qui était-ce ? Le ou les visiteurs avaient-ils entendu quoi que ce soit ? Et, plus important que tout, plus important que n'importe quoi au monde : avaient-ils une lé Ma cervelle travaillait au ralenti. Je n'arrivais pas à trouver d'explication
- Je hais le mois de janvier, répondis-je.
- C'est déjà ce que tu avais dit pour décembre.
- Janvier, c'est comme décembre, avec Noël en moins.
Il croyait beaucoup au déni. Selon lui, c'était ainsi que les gens restaient sains d'esprit. (p. 164)
Je pensais que, en fin de compte, j'étais extrêmement seule -et que tout le monde l'est aussi dans ce monde tumultueux. C'est une condition pour être humain. Pendant toute votre vie, vous cherchez l'amour et l'intimité; vous cherchez une loyauté inconditionnelle, et la reconnaissance. De vos parents, de vos amis, de vos associés. Nous nous faisons tous des promesse, et nous les croyons, ou nous feignions de les croire. Et pourtant en ce moments de grande crise et de désespoir intense, la seule personne qui peut vous sauver, c'est vous-même.
J'allumai une nouvelle cigarette et me versai un nouveau verre de vin.
"Je suis devenue une femme disponible. Je commence à me retrouver placée à côté du monsieur divorcé dans les dîners en ville. Est-ce que cela t'arrive souvent aussi ?"
Kim haussa les épaules.
"Plus maintenant".
Je le laissais prendre des photos de moi. Je le laissais me regarder quand je prenais un bain, quand j'allais aux toilettes, quand je me maquillais. Je le laissais m'attacher. J'avais enfin l'impression d'avoir été complètement retournée de fond en comble, de sorte que tout mon paysage intérieur privé, tout ce qui n'avait appartenu qu'à moi, était à présent connu. Je crois que j'étais très, très heureuse, mais si c'était ça le bonheur, alors je ne l'avais jamais connu avant.
Au fond, j'avais toujours cru que j'étais moi-même à l'origine de tout. J'étais tellement embourbée dans ma vie démantibulée, mon travail imbécile et le désastre de mon couple, que j'avais cru, fantasmé, redouté que lui -cet homme à quelques mètres de moi- n'eût reconnu en moi ce marasme accepté. Cru que j'avais foncé tête baissée vers le drame, que je l'avais volontairement attiré sur moi. Et lui l'avait compris, en sorte qu'inéluctablement nous étions faits l'un pour l'autre, avions besoin l'un de l'autre. Parce que je voulais être détruite.
C'était un mot si dur, si acéré : jamais ! Net et définitif comme un coup de poignard, comme une ligne tracée à l'encre à la fin d'un chapitre clos.
Beaucoup de gens prétendent qu'on est plus fort si l'on reste sur son territoire, mais ce n'est pas vrai. Notre territoire est l'endroit où nous sommes le plus vulnérables. On peut jouer les touristes partout ailleurs, mais le lieu où l'on dort est celui qui nous révèle, et parfois nous trahit.
La plupart d'entre nous sommes dépassés à un moment donné de notre vie, malheureux au-delà du supportable ou dysfonctionnels au-delà du tolérable, ou encore simplement bloqués dans une situation.
En entendant sa voix, haut perchée et furieuse, elle songea : on dirait maman de mauvais poil.
Tout n'a pas valeur de symbole. Même Freud disait que parfois, un cigare n'est qu'un cigare.
Mon idée du bonheur, c'est un bain chaud et une chemise de soie.
J'aurais dû avoir peur, ce qui était d'ailleurs le cas, mais ce n'était pas lui, cet inconnu, que je craignais. c'était de moi-même que j'avais peur. Je ne me reconnaissais plus. Je me dissolvais dans le désir que j'éprouvais, comme si les contours de mon corps perdaient de leur substance.
Cet homme est mû par la honte qu’il éprouve de lui-même et la colère, ce qui donne un dangereux mélange.
Certaines personnes n’aiment pas dormir parce que ça ressemble un peu à la mort.