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Citations de Nicolas Bouvier (737)


"Devenir invité muet (…) avant de piper mot" : au premier sens des termes ou avant de vouloir nommer ce qu'on voit ?

Avant de vouloir nommer ce qu'on voit parce que dans une certaine mesure, si on veut convoquer les choses dans leur fraîcheur native, il faut avoir soi-même quasiment disparu. Exactement comme les chasseurs, zoologistes ou photographes qui veulent voir un ours. Ils se cachent. Ils font une petite cabane qui ressemble à s'y méprendre à un bosquet de sapins, et c'est ainsi qu'ils parviennent à voir. Je trouve qu'entre le voyage et l'écriture il y a un point commun, pour moi c'est très important. Dans les deux cas, il s'agit d'un exercice de disparition, d'escamotage. Parce que quand vous n'y êtes plus, les choses viennent. Quand vous y êtes trop, vous bouffes le paysage par une sorte de corpulence morale qui fait qu'on ne peut pas voir. Vous entendez des voix qui vous disent : Ôte-toi de là" – comme dans les points de vue on engueule les gens corpulents parce qu'ils cachent le Mont Blanc ou le Mont Rose. Et du fait que l'existence entière est un exercice de disparition, je trouve que tant le voyage que l'écriture sont de très bonnes écoles.
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Ce n'était pas délibéré, mais alors que j'écrivais "Le Poisson-Scorpion", j'ai dû écouter au moins deux cents fois le premier quatuor à cordes de Debussy, pour moi un exemple de la félicité qui peut exister dans la musique occidentale.

– Cela vous arrive-t-il souvent de travailler en écoutant de la musique ?

Dans ce cas, c'était un peu particulier parce que l'air que j'écoutais sans cesse, le troisième mouvement, l'andante, est très étroitement lié à la macération solitaire que j'ai vécu à Ceylan. J'entendais toujours cette musique dans ma tête, qui était comme un florilège des vertus de l'Europe. Je n'avais pas le mal du pays, mais j'avais besoin de ces joyaux d'équilibre et de bonheur que sont certaines pièces de musique et c'était celle-ci que j'entendais, sans du tout en avoir fait le choix. Je l'avais découverte sur la fouille archéologique du Nord-afghan, où j'ai passé quelques semaines très heureuses. On avait un petit tourne-disques et ce disque-là. Ensuite, à Ceylan, ce quatuor a été comme un infirmier à mon chevet, comme un garde-fou. Sans aucun doute, il m'a empêché de perdre totalement la raison. Et quand, de retour, j'ai voulu me mettre à écrire tout cela – les rues style baroque tropical torride, les nuits de velours noir pelucheux de Galle –, cette musique leur était associée.
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Pour tout ce qui avait trait à Colombo – il y a un chapitre sur cette ville, "La capitale"–, c'était la première sonate pour piano et violon de Fauré, qui est aussi un véritable trésor. Pour des raisons qui défient la logique, c'était exactement le climat.
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La misère se partage, et c'est grâce à cela que les misérables vivent encore. L'égoïsme n'est pas dans leurs moyens, trop coûteux. La prospérité ne se partage pas.
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NOUVELLE ZELANDE Eté 1992.
(…)Le brouillard se lève, ciel bleu. Superbe route côtière très sinueuse avec des îles qui flottent sur la brume – et des rochers où se posent toutes sortes d’oiseaux bizarres. Puis la côte ouest de la presqu’île devient montagneuse, collines en forme de soufflés, formations basaltiques, petits cols qui dominent et révèlent soudain des baies superbes. J’ai pris un auto-stoppeur demi-maori d’Auckland qui va retrouver sa copine, jardinière d’enfants à Coromandel. Il ne se tient pas de bonheur et nomme, comme au septième jour de la Création, et comme Saint François d’Assise aurait pu le faire, tout ce qui se présente à nous : un agneau, trois moutons, un petit geyser, et effectivement une petite fumerole s’échine toute seule à envoyer des ronds de vapeur au cœur d’un immense pâturage qui descend en cascade vers la mer.
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Lorsque le voyageur-arpenteur est parvenu à se débarrasser à la fois de l'attendrissement gobeur et de l'amertume rugueuse que suscite si souvent "l'estrangement", et à conserver un lyrisme qui ne soit pas celui de l'exotisme mais celui de la vie, il pourra jalonner cette distance et peut-être, si le coeur est bon, la raccourcir un peu.
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Enfin, ces deux verres offerts tout de go enfreignent sans doute plusieurs points d'étiquette que j'ignore et que j'espère ignorer toujours.
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Fainéanter dans un monde neuf est la plus absorbante des occupations. (p. 84)
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Il y a de très beaux arbres à Kyoto, mais ils vous laissent vous débrouiller tout seul.
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Êtes-vous des Voyageurs ?
"L’argent manquant, peut-être va-t-il s’animer un peu ce voyage ! Toujours – sauf au bordel- on paie pour que rien n’arrive, pour ne pas dormir à la belle étoile, pour ne pas partager les récits, les délires et les puces d’un dortoir de dockers, pour poser ses fesses – je l’ai fait avant-hier par fatigue – sur le velours inutile d’un compartiment face à des usagers que l’éducation a rendus trop timides pour qu’ils n’osent ou qu’ils daignent vous adresser un mot."
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Ella Maillart, Olivier Weber, Afghanistan, aventure, récit de voyage
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Si l'on a quelque chose à dire qui puisse résoudre ce conflit là : la rapidité des révolutions célestes et des saisons et la lenteur de la compréhension humaine, leur optimisme comme une arche de Noé sur une mer de pessimisme, qu'on le dise ici et à tout venant.
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Ici, hégémonie du mâle, mais il n'est pas roi, il est plutôt adjudant et se décharge parfois sur les femmes de tous les petits affronts qui lui ont été hiérarchiquement distribués dans la journée. J"ai vu, ou plutôt entendu tout à l'heure un jeune gaillard de vingt-cinq ans gifler sa femme en pleine rue.
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