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Critiques de Nicolas Le Roux (16)
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Guerres et paix de religion (1559-1598)

La quarantaine d’années des guerres de religion en France, de la mort d’Henri II en 1559 à l’édit de Nantes en 1598, m’était largement inconnue. Voilà une lacune sainement comblée.

Avec ce livre extrait du pavé « Les guerres de religion » chez le même éditeur, Nicolas le Roux balaie sans longueurs inutiles cette période funeste de l’Histoire de France. Il met à mal les inévitables fausses idées qu’une vie de télé et de romans d’aventures peut apporter.



L’on voit ainsi que la question dogmatique entre catholiques et huguenots, quoique importante, n’est qu’une facette du conflit ; la vision politique s’en mêle quand les réformés souhaitent une monarchie plus « constitutionnelle » quand un Henri III a une visée plus absolutiste. Également, frontières confessionnelles et entre combattants ne se confondent pas toujours : la huitième guerre de religion voit s’affronter des Ligueurs catholiques extrémistes et les Royaux qui groupent des hommes des deux confessions.



Le rôle des participants célèbres est diversement évoqué. Charles IX paraît effacé derrière sa mère Catherine de Médicis qui est décrite comme recherchant souvent le compromis avec les huguenots. Henri III en revanche est largement détaillé. Le regard d’hommes célèbres n’ayant eu aucune part au conflit, comme Montaigne ou Jean Bodin, montre comment la dureté du temps a pu influencer les philosophies ou la justice.



Bien entendu, ce qui marque le plus ce sont les massacres perpétrés par les uns ou les autres, dont le point d’orgue est évidemment la Saint Barthélémy. L’homme est capable de la plus grande cruauté envers son voisin s’il se sent menacé ou s’il veut se venger, et les raisons religieuses sont un puissant catalyseur de ces comportements.

Notre actualité semble entrer en résonance avec ces temps anciens. A nouveau les opinions se crispent en France au sujet de la religion. Le fait que nous soyons un pays tolérant et laïc ne semble pas être d’une grande aide. L’équilibre de la tolérance est instable et il suffit de quelques malades d’un côté ou de l’autre pour retomber dans les horreurs du XVIème siècle.

En y pensant, ça me fait froid dans le dos.

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1515. L'invention de la Renaissance

Cette année 2015 fête le 500e anniversaire de la bataille de Marignan, victoire clé du roman national français. Les rayonnages des librairies fleurissent d’ouvrages célébrant cet événement : "1515, l’année des fractures" de Jacky Lorette ; "1515, Marignan" de Amable Sablon du Corail ; "Marignan, 1515" de Didier Le Fur ou encore "1515, l’invention de la Renaissance" de Nicolas Le Roux dont il est question ici. Son auteur, professeur d’histoire moderne à l’université Lyon II est un spécialiste du XVIe siècle qui a réalisé sa thèse sur « Courtisans et favoris : l’entourage du prince et les mécanismes du pouvoir dans la France des guerres de Religion ». Universitaire reconnu, il participe avec "1515, l’invention de la Renaissance" à la démocratisation de l’histoire, à sa popularisation. Cet ouvrage est donc accessible à tous et n’est pas inintéressant pour les universitaires. Ce n’est pas de la recherche pure mais plutôt un condensé bibliographique agrémenté de nombreuses sources mettant en avant l’idée d’une année 1515 comme tournant de l’histoire moderne et non l’énoncée d’une simple histoire bataille. Les faits sont analysés et contextualisés permettant ainsi au lecteur de comprendre les causes et conséquences de Marignan. Les nombreuses sources archivistiques justifient les propos de l’auteur même s’il est dommageable que l’éditeur préfère mettre ces notes en fin d’ouvrage ce qui ne facilite pas la lecture. Nicolas Le Roux a décidé d’appréhender 1515 dans un contexte de première mondialisation en tenant compte des conquêtes américaines, africaines et asiatiques. Deux chapitres sont donc consacrés à la découverte des nouveaux mondes et les conséquences pour ceux-ci comme pour l’Europe. Enfin, le dernier chapitre de l’ouvrage intitulé « Paix, humanisme et christianisme » met en avant les changements de mentalité en ce tout début de XVIe siècle et la naissance de la Réforme. Ces trois derniers chapitres sont intéressants mais peuvent donner le sentiment d’être là pour augmenter le volume de l’ouvrage.

"1515, l’invention de la Renaissance" est un ouvrage à lire, agréable grâce au style de l’auteur comme aux propos tenus. Je suis très contente de l’avoir reçu dans le cadre d’une masse critique, un grand merci à Babelio et aux éditions Armand Colin.

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Un régicide au nom de Dieu : L'assassinat d'H..

Cet ouvrage, écrit par l'éminent historien Nicolas le Roux, fait parti d'une ancienne collection des années 60 intitulée « les trente journées qui ont fait la France » créée par les éditions Gallimard, et qui se proposait de livrer une analyse nouvelle et inédite d'une date majeure ou particulière qui eut un retentissement ou des conséquences notables pour l'histoire de France.

Collection malheureusement quelque peu tombé dans l'oubli, mais qui récemment grâce à une reprise en 2005 sous le nom « les journées qui ont fait la France » et à plusieurs rééditions, notamment chez Folio, retrouve un certain écho.

Dans l'ouvrage présent, et comme son titre l'indique, l'historien se penche sur le régicide de Henri III. Évènement absolument inédit dans l'histoire de France car de mémoire d'homme et depuis les mérovingiens aucun roi de France n'avait jamais été assassiné. C'est donc à ce titre, mais aussi de par ses conséquences — l'avant/après —, une journée effectivement marquante de l'histoire de France.

Nicolas le Roux va présenter dans cette ouvrage les tenants et les aboutissants exactes qui conduiront à ce tragique évènement.



Dans une première partie il va commencer par nous dresser le portrait d'Henri III, un portrait à la fois juste et touchant mais surtout nécessaire. Car comme le Roux l'écrit « Henri III fut le plus mystérieux de tous les monarques de l'ancien régime ». Il était un roi ambiguë, contradictoire, soucieux, différent. Un roi qui avait la volonté de conjuguer douceur et obéissance, qui voulait réunir ses sujets à tout prix, inquiet de leur salut, mais qui a finit par s'attirer la colère et l'incompréhension de tous et se déconnectant peu à peu des normes de son temps ; présence des Mignons, instauration d'une étiquette, excès de mysticisme, auquel on ajoute une attitude jugée trop tolérante à l'égard des huguenots, auront raison de son image auprès de son peuple.

L'historien va ensuite expliquer comment tous ces éléments conduiront à un processus de désacralisation progressive de la personne du roi, et comment l'idéologie de résistance au « tyran » issu au départ des protestants se transfèrera peu à peu chez les catholiques zélés. Et on assistera là à une bascule inédite vers une théorisation (textes et pamphlets), et in fine, une légitimation de l'acte régicide.

Une première partie captivante et capitale, qui pose les jalons, et permet ensuite de pouvoir comprendre les parties suivantes à travers desquelles on entrera dans le détail de la poudrière des guerres civiles et de religion jusqu'à l'aboutissement du processus.



La seconde partie sera consacrée à présenter la montée de l'Union Catholique, appelée la Ligue. Une faction qui a commencé à se former dès 1584 lorsque Henri de Navarre devient l'héritier du trône, suite à la mort du dernier frère de Henri III. Navarre est prince du sang certes mais prince protestant, et son accession potentielle au trône provoquera une telle indignation que les catholiques ultra décideront de se soulever. Cette absence d'héritier sera vraiment l'un des plus grands fléau du règne et de la vie personnelle de Henri III ; elle créera une crise dynastique sans précédent dans le royaume, qui sera elle-même à l'origine d'un nouveau niveau de crise religieuse et politique interne.

Le duc de Guise, ami/ennemi de Henri et issu de la très haute noblesse, prendra la tête de cette révolte et gagnera en pouvoir au point qu'Henri sera acculé, obligé de composer ou de se plier aux exigences d'une ligue toujours plus puissante. D'autant plus que la ville de Paris se constituera également en ligue indépendante et se soulèvera aussi contre le roi.

Henri tentera de reprendre la main, difficilement, jusqu'à convoquer les états-généraux en 1588 mais qui aboutiront là aussi à une impasse et à encore plus de tension. Jusqu'à ce qu'en décembre de la même année, Henri III soit poussé à la plus terrible extrémité : faire assassiner Guise et son frère le Cardinal de Lorraine. Ces deux exécutions susciteront un choc et un émoi considérable dans le royaume, et à partir de là les choses prendront une tournure plus dramatique encore car dorénavant va se répandre, et de façon décomplexé, l'idée que le roi est un odieux tyran auquel il faut mettre un terme. Triste ironie quand on sait que le salut de ses sujets lui tenait particulièrement à coeur.



Puis on plongera dans la dernière ligne droite du terrible engrenage, l'auteur va nous faire vivre les évènement jour par jour, presque heure par heure, la dernière bataille que mènera Henri III pour rétablir son autorité dans un royaume à feu et à sang.

Mayenne, troisième frère Guise, deviendra le nouveau leader de la ligue, tandis que Henri sera contraint de faire une trêve avec Navarre et les protestants afin de s'allier et contrer ensemble la puissante Ligue qui dorénavant a pris possession de Paris. Et c'est durant cette bataille de reconquête, qui devenait de plus en plus favorable au roi, qu'un jour un jeune moine souhaitera s'entretenir avec lui. Henri, pour qui il est impensable de congédier un homme d'Église, le recevra personnellement. Il le poignardera et le roi succombera à ses blessures le lendemain matin.

Le Roux nous expliquera comment le moine est arrivé à ce passage à l'acte tout en nous précisant les nombreuses zones d'ombres qui persiste quand à d'éventuels complices ou commanditaires.

Enfin, dans la dernière partie l'historien s'attèlera à nous montrer l'après de ce régicide. Un acte qui a amené l'avènement de Henri IV mais qui n'a pas calmé les tensions, Jacques Clément sera fêté comme un héros dans une débauche de joie pour le moins sidérante à lire. la Navarrais devra apaiser et pacifier son nouveau royaume par la conquête militaire, et une longue patience, et il parviendra grâce à ses partisans mais aussi les catholiques modérés à retourner l'opinion contre les ligueurs.



On comprend grâce à cet ouvrage que l'assassinat de Henri III est l'aboutissement d'une longue histoire violente, qu'elle est le résultat de la sommes des différents troubles qui ont secoué le royaume et son règne : les guerres de religion, la ligue, la crise de la succession et la désacralisation de sa fonction. le régicide devient collectivement envisagé et théorisé pour la première fois de l'histoire à ce degré, une fois que le roi a perdu à leurs yeux sa dimension sacrée.

La loi salique finira par prévaloir sur la catholicité et fera de l'avènement de Henri IV presque vu comme un moindre mal, d'autant plus que cela sera vu comme un choix de la Providence. Henri III sera en quelques sortes le martyr de l'Etat royal reconstruit. Et c'est sur les cendres des Valois, que les Bourbons initieront dans une nouvelle ère ; celle des rois absolus.

C'est un livre qui m'a absolument fasciné. J'ai adoré de A à Z et je pense le relire très souvent, car ma passion des Valois et du XVIe siècle ne se tarit vraiment pas.

Il faut néanmoins préciser que c'est un livre très dense, érudit et très poussé dans l'analyse mais comme pour ses autres ouvrages, Nicolas le Roux a une plume fluide et très agréable lire. Même si, j'en conviens, pour la lecture de celui-ci il faut tout de même avoir quelques bases, pas extravagantes, mais connaitre au préalable les guerres de religion et des protagonistes de la scène politique, en ayant cela la lecture ne posera pas de soucis majeur.

Bref, un livre absolument excellent et passionnant pour lequel le coup de coeur est sans appel !
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Les Guerres de religion (1559-1629)

J’en suis déjà (ou seulement, selon qu’on soit de nature optimiste ou pessimiste) au sixième des treize volumes de la collection Histoire de France éditée chez Belin sous la direction de Joël Cornette. Après La France avant la France (481-888), Féodalités (888-1180), L’âge d’or capétien (1180-1328), Le temps de la guerre de Cent Ans (1328-1453), et Renaissances (1453-1559), ce sixième volume est intitulé Les guerres de religion (1559-1629).



Son auteur, Nicolas Le Roux, est professeur d’histoire moderne à Lyon et a notamment travaillé sur les règnes des derniers Valois et sur l’assassinat d’Henri III, le dernier d’entre eux. Il était donc parfaitement légitime pour prendre en charge cet opus de la collection Histoire de France couvrant la période connue sous le nom des guerres de religion.



Après une préface signée Joël Cornette, Nicolas Le Roux adopte pour cet ouvrage une approche chronologique qui revient sur les grandes phases des guerres de religions. C’est particulièrement bienvenu pour un lecteur comme moi qui n’avait qu’un vague souvenir de mes cours d’Histoire sur cette période.



Ainsi, l’auteur commence par décrire la crise de la monarchie de la Renaissance, notamment la crise religieuse avec l’affirmation de la foi calviniste, les menaces sur l’autorité temporelle et morale du roi, les premiers troubles liés à la religion, les premières tentatives de conciliation, et le premier édit de tolérance.



La deuxième partie décrit la « paix impossible », avec des tensions qui s’exacerbent, des violences qui s’accroissent et les affrontements qui opposent catholiques et protestants. Cette montée des tensions et des violences atteint son apogée tragique dans la troisième partie consacrée au massacre de la Saint-Barthélemy, que ce soit ses sources, son déroulement et ses conséquences.



La quatrième partie est entièrement consacrée au règne d’Henri III, à travers son portrait, la description de son mode de gouvernement, l’organisation de sa cour (avec ses fameux « mignons »), son rapport à la religion, mais aussi l’état du royaume sous son règne.



Dans la cinquième partie, le règne d’Henri III s’achève tragiquement par son assassinat et Henri IV monte sur le trône dans un pays plus divisé que jamais, entre protestants, catholiques royalistes et catholiques de la Ligue, hostiles à l’avènement du nouveau monarque.



Le sixième chapitre montre la reconstruction du royaume, avec le rétablissement progressif de la paix, la réaffirmation du pouvoir monarchique, et l’application d’un régime de tolérance civile à travers le fameux édit de Nantes qui garantit la liberté de conscience tout en laissant les protestants dans une position de minorité fragile. Meilleur signe de de la maigre étendue de mes connaissances sur cette période, j’ai découvert ou redécouvert qu’avant d’être roi sous le nom d’Henri IV, Henri de Navarre était un prince protestant, qui abjura et se convertit au catholicisme pour conquérir la couronne royale.



Comme son prédécesseur, Henri IV fut assassiné par un fanatique catholique, ce qui provoque de nouveaux troubles décrits dans la septième partie. Son épouse Marie de Médicis assure la régence avant que, dans la huitième et dernière partie, son fils Louis XIII, atteigne sa majorité et assure son rôle de monarque, conseillé par le célèbre cardinal de Richelieu. Les dernières étapes de ce récit, qui voient l’éclosion de la monarchie absolutiste, servent parfaitement de transition vers le tome suivant, consacré aux rois absolus que furent Louis XIII et Louis XIV.



Dans les désormais traditionnels ateliers de l’historien, spécificité toujours bienvenue de cette collection, l’auteur revient d’abord sur la multitude des sources disponibles sur cette période, en mettant en avant certaines. Il relate ensuite les étapes successives de l’historiographie de la période des guerres de religion, à travers les travaux de plusieurs historiens plus ou moins connus. Enfin, Nicolas Le Roux présente les recherches et les débats passés et actuels sur cette période, à travers quelques thématiques : la Saint-Barthélemy, l’édit de Nantes, l’Etat et le roi, etc.



En sortant de cette lecture exigeante mais passionnante, je crois que ce sixième volume est pour le moment mon préféré ou l’un de mes deux préférés de la collection Histoire de France. Le tout premier volume, La France avant la France, m’avait déjà passionné et j’ai retrouvé dans celui-ci la même sensation d’apprendre énormément sans m’ennuyer. Le plan chronologique et le style abordable de l’auteur y sont certainement pour beaucoup, alors que cette période n’était pas forcément celle qui m’attirait le plus a priori. Contrairement à certains autres volumes de la collection, toujours érudits et globalement intéressants à lire, celui-ci m’a semblé à la fois accessible, captivant et riche.



J’ai pris beaucoup de plaisir à lire cet ouvrage, tout en apprenant énormément sur les guerres de religion. J’espère que les prochains volumes de la collection seront du même niveau, en terme d’érudition et d’accessibilité, que celui-ci, qui me semble être un modèle à suivre.
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1515. L'invention de la Renaissance

Dans le cadre de la MasseCritique, la lecture de "1515 - L'invention de la Renaissance" s'est vécue en plusieurs étapes. Tout d'abord celle de la découverte, où l'on admire le livre sous toutes ses coutures après l'avoir soigneusement déballé de son emballage bullé. S'ensuit ensuite une période d'examen, où l'on explore le livre dans ses moindres détails. L'étape majeure de lecture peut alors débuter... D'un premier abord on se sent happer par une sorte de biographie historique qui s'enracine sous l'âge doré du règne glorieux de François Ier. En débutant la narration par un événement aussi marquant, le roman ne peut qu'hypnotiser tout amateur et adorateur de l'ère Renaissance. Pour autant, le roman s’essouffle rapidement et s’enlise dans des détails peu captivants. Le piège réside ainsi dans la mention de la date « 1515 » inscrite dans le titre, qui laisse miroiter, consciemment ou inconsciemment, une description fidèle de la fameuse bataille éponyme. Que nenni ! En réalité, 1515 n’est qu’une vulgaire excuse pour blablater à loisir sur des périples historiques méconnus du grand public. Car la plus grande déception de cet ouvrage est finalement de trop s’attarder sur des détails inutiles qui sapent le rythme de lecture et c’est avec peine que l’on parvient à la fin.



Cet ouvrage rend hommage au 500e anniversaire de la fameuse bataille de Marignan mais au final il ne s’attarde pas tant sur le conflit en lui-même que le contexte historique européen dans lequel il s’est inscrit. Si l’ensemble propose un large panorama sur les différents centres politiques de l’époque, Nicolas Le Roux s’est un peu trop concentré sur une énumération à la chaîne de détails. Face à un manque évident de style, l’ouvrage manque de fluidité pour laisser le soin à chaque lecteur de se laisser porter en toute tranquillité par la plume de l’auteur. Nettement destiné à un public déjà averti si ce n’est universitaire, « 1515 – L’invention de la Renaissance » dresse avant tout un portrait complet mais parfois bien trop rapide de l’Europe au sortie du Moyen Âge tout en cherchant, parfois vainement, à garder sa trame autour de Marignan. Au final, le piège historien à se laisser porter par la passion n’a pu être évité et l’auteur s’est laissé transporter par son élan à retracer des événements qui débordent du cadre historique au préalable fixé.



Marignan est une victoire que l’ouvrage n’a pas su faire retentir, la faute à un manque crucial de rythme. L'événement 1515 marque ainsi les faits et les esprits non par sa version littéraire mais bel et bien par son impact historique. Toutefois, l’ouvrage se laisse lire pour les plus téméraires grâce à ses récits anodins qui font apprécier une histoire relativement cachée du grand public.
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Les Guerres de religion (1559-1629)

Quelle qualité, quelle richesse, quelle densité.



La collection Histoire de France par Belin n'est plus à présenter ; collection ambitieuse et d'une exceptionnelle qualité qui s'est donnée pour objectif d'écrire une histoire de France nouvelle, vivante, moderne et surtout réactualisée grâce à une nouvelle génération d'historiens spécialistes et talentueux. Une collection ambitieuse dans le fond donc mais aussi la forme; les ouvrages sont des petits bijoux esthétiques où la richesse iconographique a été mise au centre de la conception. Les illustrations abondantes et de grande qualité donnent au livre une indéniable valeur supplémentaire. (et que dire de la beauté de la couverture, la qualité du toucher et du papier qui sont remarquables et font du livre une pépite que l'on aime à admirer, à toucher et avoir près de soi !)

La collection se compose donc de treize tomes divisés en différentes périodes marquées/signifiées dans le titre par une année de début et une année de fin, allant de 481 jusqu'à 2005. Chaque tome est très dense, faisant en moyenne 500 pages, donc c'est dire le niveau de complétude et d'érudition de la collection. Ils sont souvent considérés comme un excellent outil pour les étudiants néanmoins ce sont ils sont aussi adressés aux passionnés d'histoire qui y trouveront une extraordinaire source de savoirs !



Ils me faisait de l'oeil depuis un certain temps, mais j'avoue que j'avais un peu peur de me lancer, pensant que ce serait peut-être "inaccessible" même à une passionnée d'histoire comme moi. Mais ayant développé depuis le printemps dernier une obsession pour le XVIe siècle, lorsque je suis tombée sur ce tome à la bibliothèque, ma passion a eu raison de moi et je me suis lancée. Au départ je ne comptais que le feuilleter au gré des chapitres qui m'intéresseraient et finalement je l'ai lu en entier !

C'est véritablement l'un des livres d'histoire les plus complet et les plus passionnant qu'il m'ait été donné de lire. Je n'avais jamais lu un ouvrage d'histoire de ce niveau là et ça été franchement un vrai plaisir. Je dirais même un coup de coeur !



L'ouvrage se découpe en neuf grands chapitres, divisées en sous chapitres eux même subdivisés en sous parties. Un découpage assez fourni mais qui permet justement une grande clarté de lecture sur le déroulé de l'époque, pour ceux qui ne la connaissent pas mais aussi ceux qui la connaissent.

L'ouvrage est principalement axé, comme le titre l'indique, sur les guerres de religion, qui sont bien évidemment le grand marqueur de cette seconde moitié du XVIe siècle. L'auteur va en présenter le déroulé, les causes et les conséquences. On y apprendra comment le protestantisme est né et comment il s'est développé et propagé, comment les guerres n'ont cessé de s'arrêter puis de reprendre entrecoupés de multiples édits de paix.

Tout commence à partir de la mort brutal d'Henri II en 1559 qui amorce un temps d'instabilité politique et religieuse, le protestantisme va s'organiser de plus en plus et gagner du terrain tandis que la jeunesse des fils du roi va inaugurer plusieurs régences et accroître les différents troubles et révoltes. Désordres politico-religieux qui émaillent les règnes des trois fils d'Henri II (François II, Charles IX, Henri III) avant que le navarrais et nouveau roi de France de la branche des Bourbons, Henri IV, ne parviennent à ramener une paix toute relative. le livre s'arrête aux débuts du règne de Louis XIII en 1629, roi qui bénéficiera des conséquences funestes des guerres de religion et du double régicide qui a précédé, car le pouvoir royal en ressortira affermi et agrandi.

On balayera aussi tous les autres aspects de cette fin de XVIe siècle des sujets tels que les finances du royaume, la vie à la cour, les relations familiales des Valois, ou les révoltes des princes.

Mais évidemment la priorité à été donnée, contexte oblige, aux aspects politiques et religieux, néanmoins les sous-sujets sont nombreux et absolument passionnants. Nicolas le Roux n'oublie rien de ces sept décennies et il le fait avec une plume remarquable qui m'a emporté : elle est maîtrisée, agréable et surtout fluide à lire. On constate sa très grande érudition sur le sujet, rien d'étonnant puisqu'il est l'un des meilleurs spécialistes de cette époque. Il apporte un éclairage instructif et passionnant sur l'un des époques les plus troubles et complexes de l'histoire de France. Mais également un éclairage nouveau puisque depuis ces dernières décennies les évènements du XVIe siècle ont été revus, réétudiés et délestés des passions et erreurs de jugements qui ont traversé les siècles (notamment sur Catherine de Médicis, Henri III ou la Saint-Barthélemy).

Alors bien-sûr au vu du niveau de cette collection — universitaire — la lecture peut paraître ardue par moments, mais c'est à la fois clair et concis, et pour peu que l'on connaisse un minimum le XVIe siècle et les Valois, la lecture de ce tome ne posera pas de problème majeur et n'en sera que d'autant plus passionnante.



Le livre se termine avec un chapitre présent dans chaque tome de la collection intitulé l'Atelier de l'historien, excellente idée des Éditions Belin, où l'auteur nous éclaire sur les différentes sources existantes et sur l'historiographie des sujets en question. Superbe moyen pour le lecteur de remettre en perspective ce qu'il vient de lire. Et ce n'est pas tout ! L'ouvrage se pare encore de près de 100 pages d'annexes, ô combien utiles, avec tous les arbres généalogique nécessaire à la compréhension lors de la lecture. Mais également des notices biographiques (véritable idée de génie) rangées par ordre alphabétique de tous les grands personnages abordés dans le livre nous permettant de se rafraîchir la mémoire à tout moment lors de la lecture. Ainsi qu'une frise chronologique, et une bibliographie abondante et j'en passe.



Bref, la richesse de cet ouvrage est simplement hallucinante, sa densité extraordinaire et sa qualité incroyable !

J'ai hâte de découvrir les autres tomes, même si l'historien sera différent (en espérant que leur plume sera aussi agréable que le Roux), mais je suis déjà sûre de retrouver un ouvrage d'une qualité au moins égale !
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Un régicide au nom de Dieu : L'assassinat d'H..

Henri III est resté à ce jour un roi à l'image dégradée. Si quelque fois on se rappelle de ce fils de la grande Catherine de Médicis, quelque part entre François 1er et et Henri IV, tellement plus prestigieux, c'est pour évoquer ses "Mignons", ces courtisans supposés être ses amants. Il est aussi un roi détesté par son peuple, contre lequel Paris s'est soulevé et qu'il devra assiégé ; enfin le premier roi oint par Dieu à être assassiné.

N'a t'il vraiment laissé que cela à l'histoire de France ; n'était-il que ce roi faible et soumis à sa mère et à son entourage ? Forcément, non car il est rare de ressembler totalement à sa caricature.



Nicolas Le Roux en donne une image évidemment plus complexe. Et évacuons le sujet, il ne se préoccupe pas ici de sa relation avec Epernon ou Joyeuse.



Henri III fut avant tout préoccupé de rétablir la concorde dans le Royaume entre les catholiques et les protestants, après le drame de la Saint Barthélemy. Il apparait comme un roi tolérant et libéral, qui joue une partition difficile entre la Ligue catholique et les protestants menés par le roi de Navarre. La propagande catholique est largement responsable de l'image d'hypocrite, de faible et de corrompu qui lui restera.



Henri III est prisonnier de la surenchère des extrémistes catholiques pour lesquels aucune discussion n'est possible avec les huguenots, ce qui le poussera à faire assassiner les leaders du parti catholique, les Guise. Cet assassinat provoquera le soulèvement de Paris et de quelques villes acquises aux Guise. Cet événement viendra conforter l'idéologie qui permet de rendre licite l'assassinat du roi en s'appuyant sur Thomas d'Aquin et sa théorie du tyrannicide. En effet, Henri III fait la preuve qu'il est un tyran, un roi illégitime puisque favorable aux protestants et assassin de bons catholiques.



Mais Henri III n'a pas d'enfants et l'héritier légitime est un Bourbon huguenot avec lequel Henri III s'associe pour reprendre Paris et, contrairement aux espoirs des ligueurs qui ne devaient pas imaginer possible qu'un protestant devienne roi de France, la force de cette légitimité est malgré tout encore suffisamment grande pour qu'il soit reconnu légitime par une majorité et devienne Henri IV, amorçant la marche vers l'absolutisme.



L'ouvrage est classique dans la forme mais fort intéressant car l'auteur décrypte un moment de violence extrême de notre histoire et, sous nos yeux, la marche inéluctable (?) des événements se dévoile. L'idéologie du tyrannicide qui se diffuse complète la lecture de l'histoire absolutiste qui va suivre.



N'oublions pas la difficulté des fauteurs de paix à agir dans un monde où la rhétorique des extrémistes et fauteurs de guerre de tout poil a largement pignon sur rue, tellement plus facile à entendre.

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Les guerres de religion

Dans ce petit ouvrage savant, Nicolas Le Roux nous offre une histoire actualisée des guerres de religion en France au XVIe. L'auteur a ici la grande intelligence de replacer ces affrontements dans le contexte des guerres de la Renaissance et d'une période où la violence est omniprésente dans le quotidien des peuples européens. On retrouvera également une lecture politique des événements et débats qui entourent la réflexion sur les notions de souveraineté, de destitution et de tolérance dans un contexte de construction idéologique de l’État moderne.
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1515. L'invention de la Renaissance

1515 ?



Marignan....Un nom qui claque...Point barre. Nicolas le Roux raconte, tel un Dumas érudit, les tenants et aboutissants de cette victoire sans lendemain.



Une Histoire Bataille qui vous colle au livre avec en écho la naissance d'une Renaissance française , moment heureux dans un monde en plein bouleversement, chamboulé par la découverte d'autres continents, travaillé en profondeur par le choc religieux érasmien, prélude au luthérianisme, soulevé par de féroces appétits d'enrichissements et d'exploitation sans pitié ni quartier, secoué par des ambitions royales d'hégémonie...



L'idéal chevaleresque brillant de mille feux au moment où il s'éteint...Un superbe moment d'Histoire...A lire
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1515. L'invention de la Renaissance

Un bon ouvrage de vulgarisation. Nicolas le Roux nous présente le contexte politique et culturel du XVIème siècle en Europe et dans le monde.
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1515. L'invention de la Renaissance

Un événement fondateur de la mémoire nationale relu sous l’angle de l’histoire : essai d’« histoire synchronisée ».
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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1515. L'invention de la Renaissance

Un grand merci à Babelio et l'opération Masse critique qui m'ont permis de lire cet ouvrage historique.

Le texte est très intéressant, enrichi d'extraits de textes d'époque, il éclaire la contexte et le rôle de la bataille de Marignan, il renseigne sur l'état d'esprit de cette époque et les conditions de règne de François premier.

Un roi dont on apprend l'histoire, dont on découvre le charisme et le rôle dans cette ouverture à l'art, dans cet éveil d'une sensibilité qui a fondé la Renaissance.
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Penser et vivre l'honneur à l'époque moderne

Alors que depuis vingt ans, les travaux des historiens ont fait de l’honneur une catégorie heuristique, le colloque revient sur les raisons de l’honneur avant d’en aborder ses codes.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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Les guerres de Religion: Une histoire de l'..

Il s’agit d’un ouvrage d’une grande érudition et donc pour le lecteur, d’un formidable outil de culture générale. Les auteurs de ce livre proposent une approche globale à la fois nationale et transnationale, et soulignent le poids des échanges à travers l’Europe, en cela ils offrent une nouvelle histoire du continent européen au XVIe siècle.
Lien : https://marenostrum.pm/les-g..
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Les guerres de Religion: Une histoire de l'..

Ce qu’on appelle « guerres de Religion » fait en général référence aux conflits qui se sont déroulés en France au XVIe siècle (de 1562 à 1598) et qui se sont terminés par huit paix. Mais ces dissensions religieuses ont touché aussi le reste de l’Europe. En effet, il y eut de nombreux affrontements en Suisse, dans le Saint-Empire germanique, en Italie, en Espagne ou encore au Pays-Bas et en Angleterre. Ainsi, cet ouvrage montre que les conflits religieux ne se sont pas arrêtés aux frontières françaises mais se sont au contraire propagés dans une partie importante de l’Europe. Les différents historiens ayant collaboré à cet ouvrage reviennent également sur le poids des circulations et des échanges entre les différents pays mais aussi sur leurs rivalités ou leurs alliances pour expliquer l’expansion de ces guerres de Religion.

On comprend que le XVIe siècle est, pour toute l’Europe, une période de haine et de conversions forcées. Car ils étaient persuadés que le salut de chacun est tributaire du salut de tous ; donc il fallait nécessairement éradiquer l’hérésie. Cette croyance répandue a débuté avec Luther et son soulèvement contre la cupidité du pape. La nouvelle vision chrétienne qu’il instaurait basée sur une foi sincère et non sur une accumulation des mérites créa un clivage dans le champ religieux, ce qui provoqua de nombreux conflits armés. Des conflits qui se transformèrent pour la plupart en guerre civile et divisèrent l’Europe mais aussi la politique interne de chaque pays.

Ce livre revient ainsi sur les conflits religieux qui ont entaché et divisé l’Europe au XVIe siècle. Il permet d’offrir une vision plus panoramique et réaliste de ce qu’étaient les guerres de Religion à cette période de réforme.
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Ce sont ces circulations à l’échelle d’un continent que ce riche volume retrace, analysant la manière dont elles ­dessinèrent le destin de l’Europe.
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