AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Nicolas Pegon (34)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Hound Dog

Nicolas Pegon a choisi comme titre de sa BD, celui d’une chanson du King, Elvis Presley, à savoir Hound Dog de 1956. D’ailleurs l’album s’ouvre sur les paroles du magnifique refrain :

You ain't nothin' but a hound dog

Cryin' all the time

Well, you ain't never caught a rabbit

And you ain't no friend of mine

avec sa traduction :

T’es rien qu’un chien de chasse

Toujours à chialer

T’as jamais chopé de lapin

Et t’es pas mon pote.

Ce polar social va ainsi se dérouler avec l’apparition récurrente d’Elvis devenu pour le coup un dieu pour Alex, l’un des deux compères, ce dernier le voyant apparaître dans ses rêves et de belles planches lui sont consacrées. Une sorte de fil rouge qui se termine avec une question d’Elvis…

Si les premières pages paraissent n’avoir aucun lien entre elles, certains des éléments vont ensuite réapparaître au fil de la BD.

Tout démarre vraiment avec le réveil de César, un matin, avec auprès de son lit un chien venu de nulle part, un chien quelconque, pataud, pour qui il aura cette réflexion « Dire que ce truc descend du loup… ». Ce chômeur hypocondriaque vit en colocation avec un gars accro aux jeux vidéo qui, bien évidemment ne sait comment le chien est arrivé là, tout occupé qu’il est à cramer tout un village. César n’aura de cesse de retrouver le propriétaire du chien et c’est avec Alex, tout aussi paumé que lui qu’ils partent mener l’enquête dans cette petite ville américaine de Saint-Louis. Ils finissent par le trouver mais il est mort, dans des circonstances non élucidées. Voilà donc nos deux compères, qui jusque-là trompaient leur solitude en se retrouvant parfois autour d’une bière, chacun dans son monde bien à lui, prêts à jouer les détectives.

Accident, meurtre ou suicide ? La découverte de la vérité sera au-delà de toute supposition, mais le prix à payer pour cette résolution s’avère très lourd… trop lourd…

Mais plus que l’intrigue elle-même, c’est l’ambiance, glauque et sombre à souhait, la présence outre nos deux losers, de personnages tout aussi improbables et décalés, à la vie tout aussi terne et sans relief qui caractérisent ce roman graphique, portrait d’une Amérique désenchantée et assez désespérée.

Difficile cependant de ne pas s’attacher à ce personnage de César qu’on devine fragilisé, lorsqu’on le voit errer, pour des douleurs au bras, de généraliste en spécialistes, et vouloir coûte que coûte trouver quelqu’un pour s’occuper du chien, ne voulant en aucun cas l’abandonner. Il va ainsi en dernier recours se rendre à la SPA et l’accueil et les quelques pages consacrées à cette visite sont à la fois absolument hilarantes et effrayantes de vérité. En effet, l’association n’ayant plus de place, la très « sympathique » hôtesse d’accueil finira par conseiller à César « Vous pouvez toujours l’abandonner sur le bord de la route, c’est ce que les gens font en général »…

J’ai beaucoup aimé la maîtrise graphique de Nicolas Pegon dans la représentation des personnages, leurs traits de caractère soulignés par le noir, bien exprimés sur leurs visages. Quant aux couleurs ocre et brun alternant avec les gris et bleu, elles parviennent à merveille à peindre cette Amérique peu réjouissante que l’auteur a voulu rendre perceptible dans Hound Dog.

Je remercie sincèrement Lecteurs.com et les éditions Denoël Graphic pour cette belle découverte !


Lien : https://notre-jardin-des-liv..
Commenter  J’apprécie          801
Hound Dog

Après une nuit bien arrosée, César en plein rêve de son dieu Elvis, se réveille interloqué, un chien bedonnant et flasque lui renifle les pieds.

A qui est le clébard, that is the question ?

" Quand on pense que ce truc descend du loup !"

Avec Alex, son pote de galère, ils vont mener leur petite enquête.

Ils ont comme point de départ, la certitude que ce clebs doit appartenir à un gros con...

A l'instar du Big Lebowsy des frères Coen, Hound dog de Nicolas Pegon

nous immerge dans une Amérique périurbaine avec deux losers magnifiques. Cette BD bien allumée swing comme Hound dog la chanson d'Elvis Presley et se lit comme un polar. Son scénario à la Twin Peaks et son graphisme m'ont bien emballé. Hound dog, ça a du chien, je recommande !

Je remercie Babelio, Masse critique et les édtions Denoël graphic pour la découverte.
Commenter  J’apprécie          430
Hound Dog

Un homme est mort de façon suspecte. Cesar et Alexandre, deux chômeurs, mènent leur propre enquête en parallèle avec la police. La bande dessinée commence de façon étrange, une réunion dans une agence publicitaire pour la campagne d’une marque de whisky, avant que l’histoire ne commence véritablement.



Le dessin est en trait épais, réguliers, avec des aplats de couleurs intenses, de grandes surfaces de couleurs lourdes et saturées, un style réaliste, péremptoire, pas de détails inutiles, à la façon de Brüno (Tyler Cross). Ce style s’accorde parfaitement au récit, j’aime beaucoup.



Très inspiré du cinéma des Frères Coen, c’est un polar pas du tout innocent, un polar qui est avant tout une critique de la société, décrivant une Amérique profonde, sombre et désœuvrée. Cesar et Alexandre, sont deux symboles de cette Amérique pathétique et décadente, un hypocondriaque, un mystique, “des survivants”, comme ceux que la publicité veut leur faire croire. L’auteur joue sur les symboles de cette culture, la consommation, la religion, le showbiz, les apparences, les façades cachant un grand vide culturel. Dieu apparaît dans leur rêves sous l’apparence d’Elvis Presley, logique, ce sont les nouvelles icônes de cette nouvelle culture où règne l’hypocrisie du consumérisme.



Hound Dog est une bande dessinée imposante par son style et sa grande force, subtile dans sa narration, pleine de détails à traduire, de second degré à dépouiller, et critique et génialement cynique dans le fond. Un coup de maître pour un auteur qui n’a pas encore un CV immense, mais qu’il faudra suivre avec une grande attention.
Commenter  J’apprécie          240
Hound Dog

Je tiens à remercier Babelio pour son opération Masse critique et les éditions Denoël graphic pour cette découverte.



Un matin, César, américain moyen hypocondriaque et un paumé, découvre un chien au pied de son lit. L’animal le regarde, battant sa queue pour montrer sa satisfaction. Seulement voilà, César n’a pas de chien.

Que fait ce chien dans sa chambre ? À qui est-il ? Et surtout son propriétaire est-il mort de mort naturelle ?

En compagnie d’Alexandre, tout aussi paumé mais dans un autre genre, il va essayer de résoudre ce mystère, mais surtout de se débarrasser du cabot.

Moins poétique qu’un Bukowski pur jus mais tout aussi glauque, Hound Dog plonge le lecteur dans cette autre Amérique, toujours nostalgique du King, où le chrome des Cadillac a terni, et où la misère a remplacé la magie.

Polar burlesque, fresque social déprimante, histoire d’anti héros ? L’album repose entièrement sur la grande maîtrise graphique et narrative de Nicolas Pegon. On appréciera plusieurs cases que n’auraient pas renié un Big Lebowski à son meilleur. Le lecteur portera également son attention à trouver le fil conducteur de chacune des séquences qui composent le récit (la première par exemple étant la bouteille de whisky)

Un album à contempler plus qu’à lire.
Commenter  J’apprécie          190
Hound Dog

César et Alexandre, deux paumés magnifiques, qui marchent sans fin dans un paysage américain desertique, se lancent à la recherche du propriétaire d'un chien sans nom qui les suit à la trace depuis de longues heures..



Connu pour ses films publicitaires et ses courts métrages, et arrivé dans le monde de la BD avec le macabre Les Os creux, la tête pleine chez les Editions Réalistes d'Ugo Bienvenu, le touche-à-tout Nicolas Pegon propose ici une BD assez formidable découverte le week end dernier lors du dernier quais du Polar.



Son récit cinématographique qui vire mine de rien au polar impavide se déploie dans une amérique superbement crépusculaire mais aussi un peu glauque, un peu lugubre, pas loin de l'esprit d'un Bukowski ou d'un David Lynch.



Une tragicomédie inattendue et toujours un peu décalée, qui fait du bien..
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          190
Hound Dog

Hound Dog, c’est l’histoire étrange de César, un homme à la santé vacillante, se réveillant un matin un chien à côté de lui, alors qu'il n'a pas de chien, et dont la nouvelle mission sera, en toute logique, de retrouver le maître de celui-ci. Au fil de ses recherches, et de la découverte de l’entourage de notre homme, notamment d’Alexandre, qui l’accompagne de bout en bout, force est de constater que sa vie n’est qu’insignifiance, ennui. Alors, lorsque l’identité du propriétaire est faite et mène à de nouveaux mystères, les deux compères ne perdent pas de temps pour se lancer à l’aventure, enfin aventure toute relative dans ces États-Unis des marges géographiques et sociales.



Il y a une grande part de tragicomique et d’absurde, pas désagréables à suivre, dans cette histoire de losers à la Big Lebowski, avec un dénouement finalement inattendu, le tragique prenant davantage le pas sur le comique auquel l’on aurait pu s’attendre. Une grande part de cinématographie aussi, pas désagréable non plus, tant dans les plans choisis par Nicolas Pegon, que dans la manière d’instiller du suspense au fil des planches – et sûrement dans certaines références plus précises à côté desquelles je suis passée.



S’il n’était question que de l’aspect narratif, j’aurais grandement apprécié ma lecture. Mais j’ai été malheureusement moins réactive aux graphismes, que j’ai trouvé parfois trop sommaires, et vraiment trop rigides, pour m’en imprégner pleinement. L’histoire m’en a semblé perdre en force d’évocation, ce qui est cependant contrebalancé par des choix de couleurs permettant de donner un peu plus de dynamisme à ces graphismes un peu trop figés.



Je remercie les éditions Denoël Graphic et Babelio de m’avoir permis la découverte de ce roman graphique qui fut un très bon moment de lecture malgré mon manque d’adhésion aux graphismes de l’ensemble.
Commenter  J’apprécie          160
Hound Dog

Après Nicolas Dehghani et son « Ceux qui brûlent » sorti l’an passé, son camarade des Gobelins et cofondateur du collectif CRCR, Nicolas Pegon, s’attaque lui aussi au polar urbain dans un ouvrage a priori déroutant mais carrément jubilatoire paru ce printemps aux Éditions Denoël Graphic.



C’EST L’HISTOIRE D’UN MEC …



Les premières séquences s’enchaînent en apparence sans lien entre elles : on assiste ainsi au brainstorming d’une agence de pub pour le relooking d’une bouteille de whisky, à un show d’Elvis période las Vegas et au réveil du héros de l’histoire : César. Malgré son prénom impérial, celui est un laissé pour compte du rêve américain. Chômeur, dans la cinquantaine, célibataire, il vit en coloc avec un jeune accro aux jeux vidéo et à la réalité virtuelle. Ce dernier s’abrutit en « dézinguant » des viets, César lui ne peut que constater sa décrépitude physique : il perd ses cheveux, prend du bide et ressent des douleurs inexpliquées au bras qui l’empêchent de le bouger. Pour oublier, il s’étourdit de bières, d’antalgiques et de somnifères. Erre de médecin en médecin aussi. Bref, il existe mais ne vit pas.



MON CHIEN STUPIDE



Le grain de sable dans ce quotidien plutôt désespérant, va être l’arrivée imprévue d’un « hound dog » (chien de chasse) venu d’on ne sait où qui va suivre César comme son ombre. Il faut dire qu’ils sont plutôt bien assortis : le premier est quasi mutique, le second n’aboie presque pas et est tout aussi mal proportionné et bedonnant que son nouveau maître… Alexandre (tiens, tiens, un autre prénom prestigieux), le voisin, va se joindre à son ami pour essayer de retrouver le propriétaire du chien. Lui, il a des visions : Dieu lui parle et prend l’apparence du King. Et il a visiblement raté sa vocation ou regardé trop de séries policières car il s’improvise enquêteur pour le meilleur … mais surtout pour le pire !

C’est donc une histoire âpre et désenchantée à la John Fante. Les personnages sont souvent en plans rapprochés et cadrés en plongée. Comme écrasés. On ne voit quasiment jamais le ciel dans les vignettes. Le graphisme souligne à l’encan la désespérance ambiante : malgré les aplats de couleur, le noir domine ; les teintes sont crues et les traits taillés à la serpe à la manière d’un Brüno dans « Tyler Cross » ou « L’homme qui tua Chrys Kyle ». D’ailleurs, comme dans ce dernier ouvrage, la mythologie américaine est mise à mal : ici pas de glamour mais une description au scalpel des petites gens victimes de la malbouffe, de la pollution et de l’omniprésence de la société de consommation, des armes et de la publicité. On retrouve d’ailleurs des attributs iconiques américains (dinners, stations-services vintage, gratte-ciels, maisons en bois, forêts, panneaux publicitaires et même les couleurs du Mac do en couverture …) mais, à y bien y regarder, ces lieux jamais nommés sont universels et certains plans dans lesquels apparaissent des barres d’immeubles font penser aussi aux banlieues françaises … la déprime aussi est mondialisée !



DU COTE DES FRERES COEN



Pourtant, on rit beaucoup en lisant cet album. « Houndog », c’est, en effet, également le titre d’une des chansons les plus emblématiques et rythmées du rock des années 60 immortalisée par le King et sa sémillante chorégraphie. Le refrain est placé en citation inaugurale et on a ainsi dès l’exergue un « tube » au tempo joyeux qui nous trotte dans la tête. Ensuite parce que Pegon, rompu à l’animation, adopte un découpage varié, trépidant, surprenant parfois, et très cinématographique en jouant du gaufrier avec maestria.

Ensuite parce, dès que l’ambiance est un peu trop glauque, survient une scène plus légère - telles celles des rêves dans lesquels apparait Elvis- qui rappellent les séquences oniriques de « The Big Lebowski » ou celles du chien. Enfin, parce que l’auteur met en scène toute une galerie de personnages déjantés (mention spéciale à la voisine survivaliste bodybuildée !) qu’on croirait sortis de « Fargo ». Le duo principal donne lieu à de savoureux échanges comme, par exemple, lorsqu’après avoir entendu une énième version du rêve d’Alexandre dans lequel Elvis lui demande d’être un nouveau Noé, César demande à son ami « il t’a pas demandé de construire un bateau ? » et que ce dernier rétorque « Bah, si, mais bon j’ai déjà du mal avec une étagère Ikea … ». Enfin, l’on goûte aussi bien sûr à la résolution progressive de « l’énigme » qui permet de comprendre à postériori l’hétérogénéité des séquences inaugurales et invite d’emblée à une savoureuse relecture …



« Houndog » est donc une excellente surprise : un album totalement maîtrisé tant sur le fond que sur la forme, moins polar que drame social, jamais larmoyant, divertissant et plus profond qu’il n’y paraît par son jeu sur la sémiotique et les stéréotypes ! A consommer sans modération car à la différence du whisky « Pale Horse » il ne vous vaudra pas de gueule de bois mais une bonne dose de rire (jaune !)
Commenter  J’apprécie          130
Hound Dog

Une bd qui me laisse une drôle d’impression. Ai-je aimé ou pas ? Je serais tentée de dire « plutôt pas » et pourtant j’ai de nombreux éloges à en faire.



Je commence par les trois points que je trouve particulièrement réussis et qui à eux seuls mériteraient un 20/20:

Le dessin (vous me direz que pour une bd c’est assez fondamental), les couleurs et l’ambiance. Les trois collent parfaitement. Il y a une vraie alchimie entre le trait de crayon, les teintes sombres ou ocres et l’atmosphère crépusculaire d’une Amérique marginale et désenchantée. L’ensemble forme un maelstrom lancinant et hypnotique qui correspond parfaitement à la promesse de la quatrième de couverture : Twin Peaks, Bukowski…



Le hic c’est le scénario qui pour le coup ne tient pas la comparaison avec les références citées plus haut. Où est la complexité d’un Twin Peaks ? L’intrigue est plutôt pauvre et si je n’ai rien contre les ellipse dans la narration, ici c’est l’histoire en elle-même qui finit par être une ellipse. Le début du récit est prometteur sauf que au fil des pages on n’avance pas et on frôle l’inconsistance. Il restait donc à espérer une conclusion qui viendrait tel un bouquet final éclairer les pages précédentes mais ça n’a pas été le cas.



Il y a tellement de choses positives dans ce roman graphique que j’ai une impression de gâchis. Les dessins de Nicolas Pegon accompagnés d’une histoire plus travaillée autour de ses loosers auraient sans doute pu faire de cet album un grand album.
Commenter  J’apprécie          120
Hound Dog

L'histoire : Dans une Amérique désenchantée, à la fois intemporelle et anachronique, on cherchera à en savoir plus sur ce chien apparu mystérieusement dans l'appartement de César et Alexandre. Deux paumés itinérants.



Le scénario dans ses grandes lignes : La scène inaugurale s'ouvre sur une réunion de pubards, grands adeptes du brainstorming. Qui rime avec mindfucking, car c'est bien connu la publicité façonne tout à son image en se foutant ouvertement de vous. Un concept vieux comme le monde libre qui vaut son pesant de dollars. Une belle métaphore du pays où tout fout le camp entraînant l'humanité ou ce qu'il en reste à la dérive. Toute une civilisation décline et la fin des temps approche. le dieu Elvis esquisse quelques pas de danse et… Ouaf ! On embraie sur la vie de merde d'Alex et César. Puis focus sur ce fameux clébard venu d'on ne sait où et dont nos lascars n'auront de cesse de vouloir se débarrasser. Tout au long d'un road movie désabusé, absurde et rocambolesque, entre Pieds nickelés et chevaliers de l'Apocalypse, les comparses promènent leurs silhouettes donquichottesques – César est le grand échalas, Alex le petit gros –, l'animal scotché aux basques. Une bête dont personne ne veut, pas même la SPA ! On apprend aussi que l'ancien maître du chien se serait suicidé en mettant le feu à sa maison. Meurtre, suicide ou accident ? La quête se fait alors enquête pour découvrir la vérité.



L'atmosphère : le rythme redondant de ce récit crépusculaire et quelque peu lancinant comme un bon vieux blues donne l'impression de traverser un immense terrain vague où tout est dévasté. Noir c'est noir, on connaît la musique. Dans ces vignettes, tous les gens sont fatigués, éteints, lessivés, à bout de souffle. Et le paysage déprimant à souhait est à l'avenant. Dans pareil climat de déréliction, César traîne misérablement sa carcasse. Aux prises avec une médecine aussi présomptueuse qu'impuissante. Une situation qui trouve une terrible résonance avec… enfin vous savez quoi…



L'inspiration : L'auteur Nicolas Pegon a été biberonné au polar, au rock'n'roll et surtout aux comics. Bien que fasciné par les States, il livre ici une image plus conforme à une réalité cafardeuse qu'au rêve américain. Par ailleurs, les références sont multiples. Outre Elvis Presley, Charles Bukowski et David Lynch évoqués en quatrième de couverture, on pense spontanément à John Fante, Edward Hopper, Quentin Tarantino et j'en passe. Autant d'allusions qui pourraient inspirer un sentiment de déjà-vu, déjà lu. Malgré cela, le Frenchie trouve son style. Sa voie même. Peut-être sa voix. Comme un air chanté faux sous la douche. de l'inventivité, de l'humour et du talent, l'auteur en a à revendre en effet. Sans rien spoiler, mention spéciale à sa sortie savoureuse sur les hamburgers. Pas sûr que les plus gourmets des végans apprécient et que les défenseurs de la cause animale y trouvent leur compte, mais c'est quand même très amusant.



Merci à Babelio et aux éditions Denoël Graphic pour cette découverte.


Lien : http://scambiculturali.over-..
Commenter  J’apprécie          100
Hound Dog

Je poursuis mon focus sur la sélection pour le fauve polar du fibd 2023. Place à "Hound dog" , sorti en avril, un album que je n'avais pas lu et que je n'aurais, à priori, pas placé dans la catégories polar.



Un récit qui met en scène deux losers et un chien.Enfin, d'abord on suit le brainstorming d'une agence de pub autour d'une bouteille de whisky... une bouteille qu'on retrouvera plus tard. Puis à quelques pas de danse d'Elvis... forcément pas bien loin vu le titre de l'album.



Enfin, César, loser n°1 donc, trouve un chien au pied de son lit à son réveil. César, la 50aine, chômeur, décrépi, coloc avec un jeune geek, a le bras droit qui ne répond plus et va de médecin en médecin. Il se lance avec Alexandre, un voisin loser n°2, à la recherche du propriétaire de ce hound dog - un chien de chasse, moche et bedonnant.



Les deux se prennent au jeu, voire même se prennent pour des flics. Et enquête il va y avoir... Dans une Amérique périurbaine morose et fataliste, entre complotisme pré apocalypse et néant quotidien.



Le graphisme est sombre, aux aplats puissants dans des grandes cases très cinématographiques. On pense aux frères Coen, l'humour, noir le plus souvent, étant bien présent lui aussi.



Hound dog est un drôle d'album, déroutant mais efficace, qui parvient à emmener le lecteur, peut-être malgré lui dans une histoire qui ne manque pas de chien. A découvrir !
Commenter  J’apprécie          50
Hound Dog

Nicolas Pegon est un artiste à suivre, assurément. Il a fait l'école des Gobelins section animation, et, ça se ressent. J'ai adoré son découpage, les vues très cinématographiques. Par contre, je remarque qu'il a tout fait de A à Z, les dialogues, comme le désign. Du coup, je pense qu'il a perdu un peu en fluidité sur la fin du récit. Qu'importe, s'il trouve un compère, nous ne serons pas loin de la perfection.
Commenter  J’apprécie          40
Hound Dog

A la lecture du titre, de l'extrait de la chanson et de quelques cases représentant Elvis, nul doute que Hound dog s'est imprimé dans mes neurones et qu'il ressort dès que je croise la couverture. Mais bon, ça va, c'est Elvis...



Étrange album qui débute par un brainstorming dans le monde de la publicité et enchaîne sur une chorégraphie du King puis un réveil difficile pour César. De grands cases muettes succèdent à d'autres qui ont du dialogue, mais assez peu, les (anti)-héros sont peu diserts. J'aime beaucoup. Beaucoup de références, celles de la quatrième de couverture ci-dessus citées, mais aussi Quentin Tarantino qui décrit de merveilleux poissards et d'autres que j'oublie ou que je n'ai pas. J'aime l'ambiance que Nicolas Pegon crée avec ses personnages décalés, has-been, blasés, anachroniques, son histoire assez simple et brillamment menée : grandes cases très colorées, environnement où tout est désolé, cassé. J'aime les gueules qu'il dessine. Le presque immobilisme de César et Alexandre qui s'animent quand ils flairent qu'il n'est pas normal que ce chien les suive sans qu'on lui demande.



"You ain't nothin' but a hound dog



Crying all the time



Well, you ain't never caught a rabbit



And you ain't no friend of mine" (Elvis Presley, Hound dog, 1956)
Lien : http://www.lyvres.fr/
Commenter  J’apprécie          40
Hound Dog

Mais d'où vient ce clebard? C'est ce que se demandent deux losers paumés dans leurs errances entre une cité décrépite, des bars miteux et des paysages dévastés par une industrie disparue. Sur une BO signée Elvis, flingue d'alarme dans la poche arrière, on embarque dans leur berline vers une destination pas si éloignée de Fargo.



Le dessin, traits épais, aplats, couleurs seventies, découpage carré régulier, gros plans cinématographiques, personnages presque mutiques, sert une intrigue de roman noir dans une Amérique aux toponymes et anthroponymes curieusement français. Ce léger décalage colle bien à la tronche du anti-héros, qui pourrait tout aussi bien glander entre HLM et villes nouvelles du grand Paris.



On savait depuis longtemps que "fumer tue". Nicolas Pegon nous le confirme ici avec maestria. Et une bouteille de gnôle.
Commenter  J’apprécie          30
Hound Dog

Nous voilà en plein The big Lebowski version bd.

Deux loosers, chômeurs apparemment, alcooliques sûrement, vivants dans un coin pourri, se retrouve avec un clébard inconnu dans les pattes.

Ils mènent l'enquête à leur façon pour retrouver le propriétaire.

Ça se lit très vite, c'est un bon moment, même si certaines choses ont pu m'échapper je pense.
Commenter  J’apprécie          30
Hound Dog

Dans ce roman graphique on suit l histoire de deux voisins César et Alexandre qui tentent de retrouver le propriétaire d un chien. Ces deux personnages sont complètement perdus et errent dans une Amérique periurbaine remplie de clichés, bouger etc.

Le graphisme est fait vraisemblablement à l'ordinateur ainsi que les couleurs qui sont de grands applats monochromes. Ce point est pour moi le point faible de la bd bien qu elle soit identifiable du premier coup d œil du à cette gestion. En ce qui concerne l'histoire de Nicolas Pegon elle tient la route sans être pour autant transcendante.
Commenter  J’apprécie          30
Hound Dog

- Ouvrage lu dans le cadre du Prix Orange de la bande dessinée 2023 -



Un beau matin, César se réveille et découvre un chien qu'il ne connaît pas dans sa chambre. Avec son ami Alexandre, un fan d'Elvis Presley, ils décident de rechercher le propriétaire de l'animal. Les deux quadragénaires ne travaillent pas et n'ont rien d'autre à faire de leur journée. D'autant que César ne peut plus bouger son bras, sans qu'aucun médecin ne trouve la cause de cette paralysie. Les deux compères mènent leur enquête et découvrent très vite, par hasard, que l'homme a péri dans l'incendie de sa maison. Simple accident, suicide ou crime maquillé ?



J'avais très envie de découvrir « Hound Dog » pour son graphisme et parce que j'adore le thriller social. J'ai apprécié l'ambiance et l'humour très noirs de la BD. Le visuel cinématographique m’a fait penser aux films des frères Coen, notamment « The Big Lebowski ».

La construction narrative est singulière et audacieuse. En effet, il faut aller au bout de l'ouvrage pour comprendre le prologue qui évoque une marque de whisky. J'ai beaucoup aimé ces personnages paumés et attachants qui évoluent dans une Amérique des laissés-pour-compte. Les illustrations au cadrage rapproché et la colorisation dans des teintes ternes mais chaudes (marron, brique,) participent à instaurer un univers sombre. L'intrigue fonctionne, tient en haleine et les pages se tournent toutes seules.



Nicolas Pegon, à travers son récit déjanté, témoigne de l'absurdité de la vie et nous dépeint une Amérique dans laquelle la solitude, l’indifférence et l'individualisme règnent.
Commenter  J’apprécie          30
Hound Dog

« Houd Dog » est un drame social plus qu'un polar, mettant en scène deux anti héros, Alexandre et César ainsi qu'un chien venu de nulle part qui va les extraire de leur quotidien insipide dans une banlieue sordide. Enfin le dernier personnage est Elvis qui apparait dans les rêves de nos deux compères tel un Dieu.

L'album commence par une scène de brainstorming commercial autour du slogan pour la mise sur le marché d'un whisky. Cette séquence qui parait parachutée a en fait son importance.

L'histoire donc, César, cinquantenaire, hypocondriaque et probablement au chômage, se réveille un matin et trouve au pied de son lit un chien venu de nulle part qui ne va plus le lâcher d'une semelle. Parti, avec son pote César ,à la recherche de son maître, ils voient une photo passée à la télé d'un bar et apprennent que justement le maître du chien a été retrouvé calciné dans les décombres de sa maison. Meurtre, meurtre déguisé en suicide ??

A partir de là César va mener l'enquête et entraîner Alex et le chien, bien sûr, à sa suite afin de refourguer ce dernier à quelqu'un. Nous allons ainsi suivre l'avancée de l'enquête menée par de nos compères jusqu'au dénouement final.

Cet album nous plonge dans une Amérique périurbaine désenchantée. L'ambiance sombre et glauque, voir désespérante est retranscrite par des vignettes où on ne voit pratiquement jamais le ciel, par des couleurs sombres où le noir domine et par des plans rapprochés qui semblent écraser les personnages.

« Hound Dog » est un album divertissant et profond qui pose un regard impartial sur une classe sociale américaine désabusée qui vit en périphérie de tout, même de la vie.

Commenter  J’apprécie          30
Hound Dog

Livre reçu dans le cadre de l'opération Masse Critique.



Un homme se réveille. Un chien lui lèche les pieds. Ce n'est pas son chien. Ni celui de son colocataire, un geek qui n'avait même pas vu le chien arriver dans l'appartement. Au hasard d'un rendez-vous chez un médecin, car l'un de ses bras ne peut presque plus bouger, César - c'est le nom du type qui a récupéré le chien - voit sur le panneau défilant d'une chaîne télévisée le visage d'un homme, accompagné du même chien. L'homme, un certain Cortez, a été retrouvé mort dans sa maison incendiée. Avec son ami Alexandre, César se rend sur les lieux du drame. La police, sur les lieux, a conclu à un suicide. Pour Alexandre et César, cependant, l'important est ailleurs. César veut trouver un proche de Cortez pour lui confier le chien, tandis qu'Alexandre décide de mener l'enquête sur cette mort qu'il juge suspecte : comment un homme qui se suicide peut-il, en même temps, brûler sa maison ?



D'un point de vue graphique, l'album se présente sous la forme d'un roman graphique sous influence comics. La lecture est aérée, avec environ trois à six cases par planche, et le visuel offre un rendu plutôt lisse et net. Sans être taiseux, l'album est marqué par des dialogues succincts. On remarque aussi l'absence de tout narrateur : le déroulé narratif ne dépend que des personnages. Le récit, justement, est marqué par les ambitions radicalement opposées de César et d'Alexandre. Le premier cherche donc à se débarrasser du chien, et à résoudre son problème de bras, le second tente de trouver la clé du mystère. Il obtient d'abord des informations de la part d'une amie policière, puis glane une précieuse cassette de vidéo-surveillance auprès d'une voisine survivaliste, avant de penser toucher au but avec un dealer. Polar sans en être, Hound Dog laisse ainsi son lecteur dubitatif quant à son but. Cette impression est renforcée par la structure éclatée du récit dont, là encore, on peine à comprendre la raison.



En effet, à l'intrigue principale - cette double résolution en cours, celle du devenir du chien, celle de la véracité du suicide -, sont raccrochés trois récits secondaires. Cohérents narrativement avec l'intrigue principale, à laquelle ils apportent des éléments d'explication, ces récits ne manquent pas, là non plus, d'interroger le lecteur quant à la structure générale qu'ils dessinent. Le prologue, d'abord, met en scène une séance de brainstorming dans une agence de publicité, qui a pour but de trouver la meilleure des manières de vendre un whisky dont on veut indiquer le caractère haut de gamme. C'est ce même whisky que l'on retrouvera dans les débris de la maison incendiée de Cortez. Ensuite, il y a l'épilogue, qui explique entièrement le mystère de la mort de Cortez. Si le but est louable - livrer au lecteur les clés de l'énigme -, on se demande toutefois pourquoi ces clés n'ont pas été données au sein du récit principal, comme s'il n'y avait pas eu le temps, ou la place, pour les y mettre. Il y a, enfin, cette présence, à intervalles irréguliers, d'Elvis Presley, qui paraît toujours se déhancher sur son endiablé Hound dog, qui donne son titre et son exergue à l'album. Chanson de faux-semblants - littéralement le chien de chasse ne sait pas ramener un simple lapin, et métaphoriquement c'est un homme éconduit par son amante -, le titre d'Elvis colle au propos de l'album : un faux polar (puisque César ne veut pas résoudre une enquête qu'il ne veut même pas considérer comme telle), un faux suicide, un faux molosse ... Il demeure une impression d'un récit décousu, qu'on a plaisir à lire, mais dont ne sait, au final, pas vraiment quoi en tirer. Même la toile de fonds d'une Amérique marginale, si elle est parfaitement visible et compréhensible d'un point de vue graphique, n'est pas assez développée pour en faire un thème marquant de l'album. Quant aux personnages, les auteurs les dotent de caractère pleinement affirmés, mais ils demeurent des stéréotypes, lisses et sans histoires. On rouspète alors, en pensant que, à la manière de nombreux romans graphiques du moment, les auteurs de Hound dog ne lui ont pas laissé la place pour se développer convenablement, de manière à donner de la profondeur aux personnages, de la densité à cet Elvis métaphysique, et peut-être même une fin heureuse au chien.
Commenter  J’apprécie          30
Hound Dog

J’ai du mal avec ce genre de dessin, dans la veine d’un Ugo Bienvenu, comme sorti d’un ordinateur, froid, avec des couleurs lisses. Ça ne me parle pas plus que ça, ça ne me touche pas.

Par contre, l’histoire est prenante. Deux white trash d’une vague banlieue états-unienne se retrouvent à enquêter sur la provenance du chien qui s’est invité chez eux. Ça balaie plein de thématiques sous-jacentes : la nullité du système médical, le chômage, les jobs pourris, la solitude, la drogue… et ça donne le récit d’une enquête atypique finalement assez agréable à lire.
Commenter  J’apprécie          30
Le feu de saint antoine

Je ne saurais résister à de l'encre fluo ! 💗

Le récit commence en noir et blanc, avec une touche de rose pour le texte. Notre héros, un moine est pris par le doute...

Le doute n'étant pas vraiment permis, dès lors qu'il comprend que son secret est éventé, il part à la poursuite du malheureux témoin.



Après une course poursuite dans les méandres de l'abbaye, il s'effondre l’ergot a pris possession de son esprit. Il est maintenant en partance pour un bad trip vers le futur. 😵



Le découpage change alors radicalement pour prendre les codes du graphisme psychédélique : couleurs flashy, vagues ondulantes, ambiance cloudy, frontières du temps et de l'espace de plus en plus flous...



Un travail formidable sur les contrastes et les couleurs, qui manifestent à merveille les changements de points de vues et les tourments de l'esprit !

Et ce fluo ! 💚💗💚
Commenter  J’apprécie          20




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Nicolas Pegon (146)Voir plus

Quiz Voir plus

Fantômes

Dans quelle pièce de W. Shakespeare le héros est confronté avec le spectre de son père ?

Le marchand de Venise
Richard II
Hamlet
Titus Andronicus

10 questions
53 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}