Citations de Nikolai Gogol (784)
Dans sa tête, il passait en revue les morts et dénombrait les survivants. Une larme silencieuse perlait à sa pupille et sa tête chenue s'inclinait tristement.
il s'était fait une règle de toujours tirer l'épée dans trois cas : lorsque les commissaires polonais manquaient de respect aux officiers cosaques et restaient couverts devant eux, lorsque la foi orthodoxe était bafouée et les coutumes ancestrales foulées aux pieds, et enfin lorsque l'on avait devant soi des mahométans et des Turcs, contre lesquels, selon lui, il était toujours permis de lever les armes pour la gloire de la chrétienté.
Que diable ai-je à attendre ici ? Que je devienne un semeur de sarrasin, un patron de ferme, que je garde les moutons et les porcs, que je m'enjuponne avec ma femme ? Mais qu'elle aille au diable, je suis Cosaque, je ne veux pas !
A l'oeuvre, à l'oeuvre, enfants !
Hâtez vous sans vous presser !
C'est une qualité propre à la race slave, race grande et forte, qui est aux autres races ce que la mer profonde est aux humbles rivières.
Buvons aussi du même coup à la stech, afin qu'elle soit longtemps debout pour la ruine de tous les païens, afin que chaque année il en sorte une foule de héros.
Pas une belle action ne se périra, et la gloire cosaque ne se perdra point comme un grain de poudre tombé du bassinet.
Sa tête grise ne condamnait qu'au feu et à la potence, et son avis dans le conseil de guerre ne respirait que ruine et dévastation.
Tentietnikov avait été attiré dans cette société par ses deux amis qui appartenaient à la classe des esprits aigris, braves garçons dont les toasts trop fréquents à la science, à l'instruction, au progrès, firent de parfaits ivrognes.
La patrie est ce vers quoi tend notre âme, la patrie est ce que nous avons de plus cher au monde. Ma patrie, c'est toi !
On a l'impression que jamais ils ne consentiront à démordre de leurs idées, que pour rien au monde on ne leur fera dire qu'un sot a de l'esprit, que jamais surtout ils ne consentiront à danser au son de la trompette d'autrui. Mais finalement il se révèle que leur nature est des plus malléables, qu'ils admettent précisément ce qu'ils reniaient, confondent l'homme d'esprit et le sot et dansent on ne peut mieux au son de la première trompette venue. En un mot ils taillent bien mais cousent mal.
Il manquait éternellement quelque chose dans sa maison. Le salon avait son meuble tendu d’une belle étoffe de soie, qui, sûrement, lui avait coûté une somme assez forte ; par malheur l’étoffe avait manqué pour deux fauteuils, qui avaient, en attendant, été couverts de deux nattes de til. Le maître de ce beau meuble ne manquait pas, depuis plusieurs années, d’avertir ses visites de ne pas s’asseoir sur la grosse enveloppe poudreuse de ces sièges, et il disait : « Ce sont deux fauteuils qui ne sont pas prêts. » Dans une autre pièce, il n’y avait pas de meuble du tout, quoiqu’il eût été dit, dès les premiers jours après le mariage de Manîlof :« Ma chère amie, il faut que je songe à meubler cette chambre au moins d’un meuble provisoire, et j’aviserai après. »
Mais il perdit sa femme ; ce fut dans la famille une perte immense ; une partie des clefs et des menus soins de ménage incomba à Pluchkine. Il devint soucieux, et, comme tous les veufs prédisposés à la lésine, plus soupçonneux et plus chiche. Il ne pouvait compter sur sa fille aînée Alexandra ; il se défiait d’elle, et elle ne tarda pas à lui donner raison en s’enfuyant avec un officier d’un régiment de cavalerie, qui l’épousa en toute hâte dans quelque église de village ; le père ne pouvait souffrir les officiers, persuadé que ce sont tous des joueurs et des dissipateurs. Il envoya à sa fille sa malédiction et ne songea pas un instant à la faire poursuivre. La maison se trouva bien vide, et le maître tourna plus évidemment à l’avarice.
Chez nous, l’on chante sous les fenêtres à la veille de Noël des strophes que l’on appelle koliadki. Le maître de maison, ou la ménagère, ou enfin les gens restés au logis jettent à ces chanteurs qui une andouille, qui une miche, ou une pièce […], enfin chacun selon ses moyens.
Le dernier jour avant Noël venait de prendre fin. Une nuit claire d’hiver était née ; des astres entrouvraient leurs paupières ; la lune se levait au ciel, majestueuse, pour annoncer aux hommes de bonne volonté et au monde entier que chacun pouvait aller joyeusement chanter des noëls sous les fenêtres […].
Mais, dès que j’eus senti que je pouvais rendre autant de services comme écrivain que comme fonctionnaire, j’abandonnai tout : mes anciennes occupations, Pétersbourg, la société de gens sympathiques, la Russie même, pour examiner, au loin et dans la solitude, comment m’y prendre, comment montrer que, moi aussi, j’étais citoyen de mon pays et désirais le servir. Plus je méditais sur mon œuvre, plus je sentais qu’elle pourrait vraiment être utile. Plus je réfléchissais, plus je voyais qu’il me fallait, non prendre les caractères au hasard, mais choisir ceux-là seulement où sont plus profondément gravés nos traits essentiels, foncièrement russes. Je voulais surtout mettre en évidence les côtés supérieurs du naturel russe, qui ne sont pas encore appréciés équitablement par tous, ainsi que les côtés inférieurs, qui n’ont pas été suffisamment raillés et stigmatisés par tout le monde. Je voulais ne rassembler que des phénomènes psychologiques frappants, consigner les observations que j’avais faites depuis longtemps en secret sur l’homme, sans les confier à ma plume encore novice ; car, fidèlement représentées, elles eussent aidé à déchiffrer bien des choses dans notre vie.
Ah ! si je tenais tous ces barbouilleurs de papier ! ah ! ces écrivassiers, ces maudits libéraux, cette engeance du diable ! je vous les mettrais dans un sac, et je les écraserais en poussière ; au diable ce qui serait dedans.
"Tout le désordre humain commence lorsque les êtres ou les choses ne connaissent plus leurs places." in Préface, Georges Nivat, Éditions Folio, page 25
…les bourgeois et les marchands m’inquiètent un peu. Ils disent que je les ai écorchés, et Dieu sait pourtant que si je les ai, disons…démunis, c’était vraiment sans aucune méchanceté
Ils pouvaient donc fort bien l'avoir laissé échapper de Sainte-Hélène, et Napoléon parcourait la Russie sous le nom de Tchitchikov.