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Critiques de Ninni Holmqvist (64)
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L'unité

Quand on ne veut plus de personnes âgées dans la société...

*

Whouah! Encore un COUP DE COEUR ♥♥♥ dans la catégorie de la SF ! Une auteure suédoise met en fiction un problème qui préoccupe le gouvernement suédois.

D'autres écrivains en ont déjà parlé, par exemple dans Les oreilles de Buster de Maria Ernestam.

La population vieillit. Passé un certain âge, l'être humain est contre-productif. Cette société où le capitalisme est poussé à l'extrême (je grossis le trait volontairement), la catégorie des "non-actifs" pose problème.

Un vrai casse-tête politique, économique et sociétal.

*

Cette dystopie glaçante et effrayante pourrait bien voir le jour. Et Ninni Holmqvist en a imaginé (voire anticipé) une histoire.

*

Dorrit, une (jeune) cinquantenaire, écrivain-artiste, célibataire sans enfants, rejoint l'unité. Une EHPAD de luxe, tout confort, mise sous dôme , caméras de surveillance partout et complètement isolée du reste du monde.

Dorrit est classée "superflue" (qui ne produit plus rien, n'a plus de valeur intrinsèque) par opposition à ceux qui ont des enfants. Pour "gagner" sa vie, Dorrit doit proposer ses organes (cornée, rein, don du sang, moelle, ovules jusqu'au fatal coeur-poumon) qui iront aux "actifs". Dans cet univers "résidence à Miami", elle évoluera tant bien que mal, connaitra l'amour et une amitié indéfectible. Mais le tic-tac est lancé.

*

Je pensais lire quelque chose de glauque, de malsain ou de sinistre. Mais j'ai été happée dans un tourbillon éblouissant d'amour. J'ai été touchée en plein coeur. Dorrit m'a émue. A travers elle j'ai suivi son parcours. Terrorisée, frustrée, désespérée, fragile, remplie de rage contre l'institution. Mais aussi amoureuse et bienveillante. Dorrit a mûri plus vite en 12 mois qu'en 50 ans de vie.

*

Ce livre interpelle. Il amène une réflexion sur notre place dans la société. Ce roman est un lanceur d'alerte, une sonnette d'alarme. Qu'en-est-il de notre mémoire, notre expérience, notre sagesse? Au rebut? C'est terrible....

*

Une lecture inoubliable car dérangeante. Mais aussi pourvoyeuse d'émotions fortes. Flûte, moi dans 5 ans, je suis cinquantenaire....



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L'unité

Happy Birthday to you Dorrit, happy birthday to you Dorrit, happy...oui, je sais, à la longue, ça devient chiant...



Bref, Dorrit, 50 ans depuis l'avant-veille au soir , célibataire sans enfants, doit y goûter bien peu à ce chant des sirènes n'ayant pour seul et unique objectif que de la rappeler à l'ordre : elle est devenue " superflue ",le temps est venu d'intégrer l'Unité !

Sans aucun moyen de communiquer avec l'extérieur, les nouveaux arrivants devront rapidement se faire à l'idée qu'à moins de pratiquer le Garcimore Copperfield steil, aucun moyen d'en réchapper.



Contrairement au club Med, le créneau de la boîte serait plutôt le bonheur si je peux !

Des activités ludiques et variées sont dès lors proposées pour contenter le plus grand nombre. Jugez par vous-même :

- courrier, internet, iPhoune 56 PQ, nada.

- happy hour sur les expériences scientifiques dont vous êtes le héros histoire de faire avancer la médecine et par la même le rencart avec la grande faucheuse.

- enfin, l'incontournable mais toujours ultra plébiscité don d'organe contraint à volonté, qui son poumon, qui son foie, qui son œil, qui sauraaaa...♪ aloue-tteee gentille aloue-tteeee ♫.

Autant dire un ravissement journalier quasi insoutenable jusqu'à ce que ne survienne le legs final, synonyme de nuit éternelle.

Le compte à rebours est lancé. Le générateur de peur et de souffrance activé.



Un premier roman époustouflant, rien de moins !

Une dystopie glaçante de vraisemblance qui pourrait laisser une légère amertume en bouche. Habile mélange de Soleil Vert version 2.0 et de la série télévisée Le Prisonnier, Holmqvist cultive un univers anxiogène jusqu'au-boutiste tout en y insufflant une prodigieuse espérance.

La donne a changé. Le temps est désormais compté d'où cette impérative urgence d'amitié, d'amour, de consistance pour tous ces morts en sursis. Ce nouvel environnement totalement hermétique devient paradoxalement un accélérateur de vie.

L'histoire est habile. L'écriture captivante. Le propos et le questionnement induit très loin d'être inconcevables. Un excellent moment de lecture !



L'Unité : mériterait de se vendre à la pelle !

4,5/5
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L'unité

Attention ! Chef d’œuvre !

En Suède, dans un futur indéterminé.

Vous êtes une femme de 50 ans, vous êtes un homme de 60 ans, vous n’avez ni conjoint, ni enfant.

Que voulez-vous que l’on fasse de vous ? Vous coûtez cher à la société, vous êtes devenus des « superflus ».

L’unité est une structure prête à accueillir les personnes comme vous. Vous y serez heureux, de beaux jardins, des salles de sport, des restaurants des salons de massage, de coiffure. Des pédicures et autres manucures sont à votre disposition.

Le bonheur pour passer tranquillement les quelques dizaines d’années que vous pouvez encore raisonnablement espérer.

Pas si simple !

Dans un roman éblouissant Ninni Holmqvist donne la parole à Dorrit, son héroïne qui a dû quitter sa vie, sa maison, son chien, tout ce qu’elle aimait. Désormais elle, comme les autres pensionnaires de l’unité, vont servir à quelques expériences et dons d’organes en faveur de « ceux de l’extérieur » qui sont encore utiles.

A travers ces êtres vont se nouer de belles histoires d’amour ou d’amitié.

Ce livre m’a bouleversée, il m’a emmenée jusqu’au bout de l’émotion, jusqu’aux larmes libératrices.

Je le referme, mais il fait désormais parti de la poignée de livres que je n’oublierai jamais.

Il faut savoir en ouvrant ce livre que vous allez faire une lecture éprouvante, qui peut être perturbante pour des personnes très sensibles.

Un premier roman magistral.



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L'unité

Cinquante ans ? Poubelle !



Tout va bien dans le meilleur des mondes, dans ce monde ordinaire qui ressemble tellement au nôtre. Sauf que, non, tout ne va pas bien ; sauf que, dans ce monde pas si ordinaire que ça, tout compte fait, il y a un élément qui n'existe pas (pas encore ?) dans le nôtre : l'unité. C'est là qu'un matin est - très courtoisement - conduite Dorrit, cinquante ans, célibataire.



Elle avait jusque là mené une vie tout à fait normale, vivant seule à la campagne dans sa petite maison avec son chien, son travail et un amant épisodique qui l'aime “presque”... mais pas tout à fait assez pour faire d'elle sa concubine officielle et lui épargner le sort qui l'attend, le jour de son cinquantième anniversaire.



Car dans ce monde, être - pour une femme - célibataire et sans enfant à cinquante ans (ou soixante pour un homme) n'est pas anodin : cela signifie, très concrètement, que votre vie n'a aucune valeur, qu'elle ne manquera à personne, que vous ne faites pas tout à fait partie de la communauté des humains, que vous êtes “superflu”. Mais puisque vous êtes encore en vie, autant que vous serviez à quelque chose… Et l'unité, où l'on conduit Dorrit par cette belle matinée d'hiver, va la prendre en charge, l'installer dans un petit appartement bien cosy, truffé de caméras et de micros, entièrement coupé du monde extérieur, et subvenir désormais à tous ses besoins, gratuitement.



Gratuitement, vraiment ? Dans notre monde, rien n'est gratuit, et dans celui de l'unité - dont le nom complet est “unité de la banque de réserve de matériel biologique” - encore moins ! Car la prise en charge des besoins, la satisfaction des désirs, le confort illimité se payent cash et au prix fort : en organes prélevés les uns après les autres - jusqu'au don ultime d'un organe vital. Comment en est-on arrivé là ? Comment une société a-t-elle pu, démocratiquement et par référendum, se choisir, délibérément, un tel avenir ? Et comment survivre malgré tout, pour Dorrit et sa petite communauté de “superflus” au sein de laquelle se développe peu à peu une solidarité bouleversante, au milieu de ce cauchemar ?



Avec "l'unité", Ninni Holmqvist construit une dystopie effrayante de cynisme et de lucidité, un univers d'autant plus glaçant que le monde qu'elle décrit, en fait, c'est le nôtre. Ici, pas d'extraterrestres, pas de “visiteurs” utilisant les humains comme banque alimentaire, pas de distorsions spatio-temporelles ou de créatures malfaisantes… Mais juste notre monde, un peu comme dans “Soleil vert”, notre monde quotidien, ordinaire, banal, simplement poussé jusqu'au bout de sa fuite en avant et de sa logique comptable. Et c'est ce qui fait toute la puissance et l'intérêt de ce roman qui, sous couvert de dystopie, est en réalité une réflexion politique et sociétale et un vrai cri d'alarme sur un futur possible.



Car enfin… Quand nos politiques, la main douloureusement crispée sur le portefeuille, se “réjouissent” de l'allongement de la durée de vie tout en déplorant le coût des EHPAD, dans une société qui idolâtre l'apparence, sacrifie au jeunisme, licencie sans états d'âme ses actifs à cinquante ans (cinquante ans, justement !) parce que trop gradés et trop chers et planque ses vieux (pudiquement rebaptisés “seniors”) dans des mouroirs en oubliant qu'ils sont aussi, par leur expérience, notre mémoire et notre sagesse… alors “l'unité”, dans ce monde cynique et froid qui est le nôtre, est-elle vraiment une dystopie ? A moins qu'ils ne prennent un jour le mors au dents, “les vieux”, et qu'ils ne fassent la peau de quelques arrogants, à grands coups de déambulateurs ! 😆



En attendant ce jour béni (ou pas !), j'ai vraiment passé un bon moment avec ce roman où tout est, à mon avis, de très haut niveau : l'écriture, l'élaboration des personnages, la construction du récit - habilement mis dans la bouche de Dorrit -, la mise en oeuvre des idées et la pertinence de la réflexion, qui interpelle et qui dérange. Une lecture inoubliable et un excellent premier roman que je recommande sans réserve, tout comme je recommande - sur le même thème du prélèvement d'organes - la dystopie de Kazuo Ishiguro “Auprès de moi toujours”... où ce sont les jeunes qui constituent des réserves vivantes d'organes au bénéfice du reste de la société.



[Challenge MULTI-DÉFIS 2019]

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L'unité

Dorrit vient tout juste d'avoir 50 ans. Célibataire, sans enfant et n'ayant pas de parents à charge ni un poste important, elle n'est plus d'aucune utilité dans la société. Elle est devenue "superflue". A ce titre, elle se voit contrainte de rejoindre l'Unité, un endroit où sont réunies toutes les personnes comme elle. Dans cet environnement bien spécial, coupé du monde extérieur, tout le monde est aux petits soins pour les résidents. Aussi, dès son arrivée, on lui met à disposition un appartement équipé et confortable. Elle a accès à toutes sortes de loisirs, que ce soit le théâtre, le cinéma, la piscine ou le sauna. Elle mange et s'habille gratuitement et les soins médicaux sont également pris en charge. En contrepartie de tout ça, des caméras et des micros surveillent tous ses faits et gestes et elle n'a aucun moyen de communiquer avec l'extérieur, que ce soit par téléphone ou par courrier. Mais, surtout, elle est considérée comme une sorte de cobaye et doit participer à des expériences scientifiques en tout genre ou doit faire don de ses organes aux personnes extérieures jugées "nécessaires" à la société, jusqu'au terrible don final. Une réunion de bienvenue est organisée dès l'arrivée des derniers résidents. Parmi eux, Dorrit reconnaît une amie d'enfance Elsa. Des liens d'amitié et d'amour se créent mais comment vivre lorsque l'on sait que ses jours sont comptés ?



Dorrit prend ici la parole et nous raconte sa vie, ses journées dans cette "bulle", ses relations avec les autres et quelques bribes de son passé. Elle vit, telle une recluse, dans ce monde parallèle où la personne n'est plus maître de son corps. du fait que les femmes de 50 ans et les hommes de 60 savent pertinemment qu'ils devront aller dans cette Unité, la colère n'est pas le sentiment qui prédomine ici mais plutôt une certaine forme d'incompréhension, d'injustice (en quoi ma vie serait-elle moins importante que celle de mon voisin ?), parfois de désarroi. Une toute autre vie à laquelle ils ne sont pas toujours préparés s'offre à eux. Malheureusement, les expériences scientifiques menées sur chacun leur rappelle qu'ils ne sont pas comme tout le monde. Ninni Holmqvist nous enferme dans cette dystopie pour le moins originale où cette société future qui, pourquoi pas, pourrait s'avérer réelle. Elle décrit un monde où l'utilité économique de chacun prend une grande valeur, que ce soit en tant que donneur ou personne productive. Ce roman fait inévitablement réfléchir sur notre propre place dans la société. Sommes-nous utiles ? A partir de quel moment une personne peut-elle être considérée comme tel ou non ? D'une écriture simple mais efficace, l'auteur signe un premier roman redoutable.



L'Unité... des volontaires ?
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L'unité

J’ai acheté ce livre il y a au moins deux ans grâce aux offres reconditionnées d’Amazon. J’aurais dû le lire en LC avec la personne à qui je l’avais pioché mais elle a oublié de me signaler quand elle le commençait. Elle semble néanmoins l’avoir beaucoup apprécié. Je crois qu’à l’époque de son achat, je l’avais déjà remarqué sur Babelio grâce à certaines critiques favorables.



Comme d’habitude, je ne me souviens pas du résumé de ce roman, je me souviens juste qu’il s’agit d’une dystopie. Les chapitres sont courts et l’écriture est vive. Nous suivons Dorrit, le personnage principal et narrateur, après son 50ème anniversaire. Elle revient de temps en temps sur son passé tout en nous expliquant le monde dans lequel elle vit. Au début, nous suivons tranquillement Dorrit dans son nouvel environnement, nous le visitons en même temps qu’elle. L’auteur a un style très simple où la monotonie ne s’installe pas durant cette visite, les pages défilent quand même assez vite tant je voulais en savoir toujours plus. J’ai imaginé bien des alternatives tout en suivant Dorrit mais l’auteur préfère nous donner une vision très sombre de l’être humain et de l’humanité à venir. C’est finalement un roman qui donne à réfléchir sur notre futur possible quand on sera en carence de dons d’organes et de fluides corporels. Que va devenir notre monde si nous continuons à le détruire sans nous préoccuper du lendemain ni des conséquences pour notre santé ? Ce roman mériterait également d’être plus connu et comme le dit un journaliste, c’est une histoire de femme impossible à lâcher. Malgré tout, la fin est très dure à lire comme pour tout livre prenant où on souhaite une autre fin au personnage qu’on vient de suivre sur 270p.



Comme vous l’aurez compris, ce roman est un coup de cœur pour moi, il est le premier de cet auteur et je dis « Chapeau bas madame ! ». Cette histoire m’aura tenu en haleine tout le long, Dorrit est un personnage agréable à suivre, franche mais tendre avec ses amis. Si vous êtes amateurs de dystopies sortant de l’ordinaire, je vous conseille très fortement de découvrir ce roman. Je ne lis finalement assez peu de dystopies, je n’ai toujours pas lu « les classiques » qui sont passées au cinéma. Je préfère celles dont les auteurs ont une imagination débordante : Le Mnéménol, Marqués, Terres des Origines, Le jeu du monde, …. Pour ma part, je regrette juste que l’auteur n’ait pas sorti d’autres romans depuis.



Sur ce, bonnes lectures à vous :-)
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L'unité

"L'unité" c'est l'endroit où les hommes et les femmes qui sont devenus "inutiles" à la société sont envoyés au delà d'un certain âge.

Dorritt vient d'avoir 50 ans, elle n'a pas de mari, pas d'enfant et plus de parents à charge, elle va donc devoir quitter sa maison, son amant, son chien, pour rejoindre ce lieu où désormais elle va devenir moins inutile. En effet, tous ceux qui sont envoyés à l'unité deviennent des sortes de réservoirs d'organes, leur corps ne leur appartient plus, et jusqu'à la fin, ils vont devoir se plier à diverses expériences scientifiques et à des dons d'organes afin de sauver des gens qui eux, auront été jugés "utiles".



Ce roman fait peur, il interroge sur le sens de la vie, est-on sur terre dans un but précis ? Doit-on rentabiliser notre vie ? Et surtout, notre corps et notre vie nous appartiennent-ils réellement ou doit-on rendre à la société ce qu'elle nous a donné ? Y a t' il vraiment des gens utiles et d'autres qui ne le sont pas ou plus ? La vie a t' elle la même valeur pour chacun de nous ?



Dorritt m'a émue, j'ai été en colère avec elle, j'ai été terrorisée à ses côtés, j'ai eu des poussées de rage à cause de l'impuissance et de l'injustice, j'ai été tentée de me battre, de trouver un moyen d'échapper à cette règle établie et finalement, j'ai été triste de la quitter à la fin du livre, comme on quitte quelqu'un qu'on a aimé et dont on sait qu'on ne le reverra plus.

Je sens que ce livre va me rester longtemps en tête et que je n'ai pas fini de me poser des questions....
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L'unité

Dorrit vient de fêter son cinquantième anniversaire mais, malheureusement, elle n’a aucun enfant. Cela ne signifie qu’une chose : l’Unité. Dans cette Suède futuristique, toutes les personnes qui atteignent cet âge vénérable sans avoir à s’occuper d’un enfant sont jugées « superflues ». Une dépense inutile pour la société. Elles sont envoyées dans un complexe où elles passent le temps, en attendant le don final, c’est-à-dire le moment où elles feront don de leurs organes vitaux destinés à de jeunes personnes.



À travers les yeux de Dorrit, le lecteur découvre un peu cette Suède dystopique. Pas si loin dans le futur, mais suffisamment. Je regrette un peu que l’auteure Ninni Holmqvist ait limité son univers à l’Unité. J’aurais aimé découvrir à quoi ressemble l’avenir en dehors de ce complexe pour « personnes âgées ». D’ailleurs, c’est mon deuxième bémol : j’ai de la difficulté à croire qu’on puisse juger inutile une personne de cinquante ans. Actuellement, les gens dans cette tranche d’âge sont encore des travailleurs actifs dans la société et leur forme physique leur permet d’accomplir des tâches journalières lourdes. Mais bon…



Dans tous les cas, il s’agit de la prémisse de l’histoire alors on ne peut rien y faire. L’action se déroule presque entièrement dans l’Unité, elle n’est pas particulièrement enlevante. Tout le long de ma lecture, j’avais d’horribles flashbacks d’une lecture précédente, La montagne magique, de Thomas Mann. Fort heureusement, Holmqvist nous a épargé toutes les longueurs et discussions philosophiques et métaphysiques de Castorp et de ses amis ! Sa protagoniste, Dorrit, est plus sympathique, terre à terre. Son parcours professionnel et son vécu personnel, bref, son passé, peut être celui de n’importe quelle personne de cinquante ans. Elle avait sa belle petite maison, son chien, son désir d’écrire un livre… Vraiment touchant. Mais elle n’est pas une grande héroïne et par moment je me lassais de lire ses impressions et états d’âme sur son quotidien somme toute assez banal.



C’est que l’intrigue prend du temps à se former. Pendant plus de la moitié du roman, Dorrit découvre l’Unité et ses nombreux loisirs récréatifs, développe de nouvelles amitiés (destinées à disparaître rapidement) et doit participer à des expériences... Après tout, elle doit se rendre utile pour la société. C’est l’occasion idéale pour le lecteur de réfléchir sur le sort que l’on réserve à nos ainés, sur la place de plus en plus prépomdérante de l’économie (l’argent, les rendements) dans notre société, sur le sens de la vie tout court. Dérangeant ! Malheureusement, ces thèmes abordés ne sont pas appuyés par les multiples pistes (auxquels le roman d’anticipation se prête) que l’auteure aurait pu exploiter. D’un point de vue strictement littéraire, je suis resté sur ma faim. Somme toute, L’unité est un roman plaisant mais sans grande prétention…
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L'unité

L'heure approche. Tic-tac tic-tac … Dorrit, une femme célibataire, écrivain-artiste, sans enfant, avec pour seul compagnon, son chien, vient tout juste d'avoir cinquante ans. Âge ô combien fatidique pour les femmes comme elle, devenues « superflues » pour la société. Dorrit n'a pas le choix, elle doit tout abandonner, son compagnon à quatre pattes, mais aussi, sa maison, durement acquise au fil des ans.

Un bel appartement tout confort l'attend à l'Unité. Elle y vivra cloîtrée, parmi d'autres « superflus », sans aucun contact avec l'extérieur, surveillée en permanence par des caméras et des micros disséminés partout dans son nouvel environnement. Tout est prévu pour qu'elle s'y sente bien. Dorrit pourra s'adonner à ses activités préférées, manger au restaurant, aller au théâtre, lire, se promener, nager … Elle pourra même s'y faire de nouveaux amis.

Cependant, ses jours sont comptés. Sa vie ne lui appartient plus. l'unité se sert des "superflus" afin de mener sur ces derniers, des expériences médicales ou pour leur prélever des organes, destinés aux « utiles ».



Une intrigue qui fait froid dans le dos ! Dans un futur proche, en Suède, si à cinquante ans pour les femmes, et soixante pour les hommes, vous n'êtes pas mariés, parents ou n'exercez pas un métier nécessaire, votre vie ne vaut plus rien. Vous atterrissez dans un grand bunker luxueux où vous servez de cobaye pour expérimentations humaines ou de banque d'organes pour les personnes jugées utiles.



"Notre vie quotidienne dans l'unité de la banque de réserve tournait vraiment autour d'expérimentations scientifiques sur des spécimens humains. C'était essentiellement à cela que nous étions utilisés en réalité. Ils s'efforçaient de nous maintenir en vie aussi longtemps que possible et certains individus en pleine forme avaient vécus six ou sept ans à l'unité avant leur don final. "



La plume de l'auteure est légère et addictive. Tout sonne vrai, ce qui rend le récit très intime, touchant et très dur à la fois. Une envie folle d'aller sauver ces pauvres "superflus" vous prend aux tripes.



"J'aurais aimé vivre à une époque où les gens croyaient encore que le coeur était l'organe central contenant tous les souvenirs, les émotions, la capacités, les défauts et les qualités qui font de nous des individus spécifiques. J'avais envie de retourner à cette période d'ignorance avant que le coeur perde son statut et soit réduit à un organe vital mais remplaçable parmi d'autres."



Challenge multi-auteures SFFF 2022

Challenge féminin - item 27. L'action se déroule dans un pays existant, excepté la France

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L'unité

Parce qu’elle vient d’avoir cinquante ans, qu’elle n’a pas d’enfant, pas d’époux et qu’elle n’est nécessaire à personne, Dorritt doit intégrer l’Unité. « Il n’y a plus d’excuse pour ne pas procréer. Il n’y a plus d’excuse non plus pour ne pas se tuer au travail lorsqu’on est parent. » (p. 39) Dans l’Unité, désormais, tous ses besoins sont pris en charge : elle est logée dans un bel appartement, nourrie, habillée et a accès à tous les loisirs qu’elle désire. En contrepartie, elle doit participer à divers programmes de recherche scientifique et donner ses organes dès qu’ils sont utiles à une personne nécessaire, à l’extérieur. Enfin, tout contact avec l’extérieur lui est désormais interdit. Si Dorritt semble d’abord accepter sa réclusion volontaire, l’arrivée d’une nouvelle personne va tout bouleverser.



Dorritt est la narratrice de ce récit très angoissant. Si la fin, comme dans de nombreuses dystopies, voit la victoire du système sur l’individu, il y a tout de même un vent de changement qui souffle et la machine semble à deux doigts de se gripper. « Apparemment, nous coûtons cher à entretenir. / Exactement… et pourquoi en définitive ? […] Nous sommes comme des poulets ou des porcs élevés en plein air. La seule différence, c’est que les poulets et les porcs vivent – espérons-le – dans une heureuse ignorance de tout ce qui n’est pas le présent. » (p. 72 & 73) Mais le luxe et le confort ne peuvent en aucun cas acheter la vie ou compenser la douleur.



Je n’en dis pas davantage pour ne pas déflorer ce très intelligent roman d’anticipation. L’intrigue est relativement simple, mais tout à fait glaçante. Dans une Suède du futur, parfaite démocratie où la liberté d’expression est strictement respectée, le rendement économique est devenu une obsession, à tel point que la valeur d’un être humain est mesurée à l’échelle de la production et de la consommation. Les adultes nullipares, en ne procréant pas, sont pointés du doigt et qualifiés d’improductifs. Ils ne sont pas mis au rebut de la société, mais intègrent une gigantesque banque d’organes. « Je ne suis qu’un intendant veillant sur les organes vitaux. » (p. 163) Se posent alors de nombreuses questions. Comment mesure-t-on la valeur sociale d’un être au sein d’un système ? Qu’est-ce qui détermine l’utilité d’un homme dans la société ? Est-ce un crime d’être inutile et à la charge du système ?



Il est donc impossible, sous peine de mort à plus ou moins long terme, de ne pas avoir d’enfant, qu’on en ait ou non le désir. Mais quand la survie sociale dépend de la procréation, dans quelle mesure les parents peuvent-ils aimer/vouloir leur enfant ? Devient-il un sauveur ou un être imposé qui entrave un style de vie qui diffère du canon social ? L’unité pose des questions très actuelles, notamment si je le rapproche de l’attitude de certains parents devant mon absence d’enfants – qui est loin d’être un choix. Pour eux, je suis moins, pas tout à fait, pas vraiment, pas encore. Ou encore je ne sais pas, je ne peux pas savoir et mon quotidien est moins important, mes activités sont moins primordiales et mon emploi du temps est forcément plus malléable. Faut-il donc avoir un enfant pour obtenir une place et une reconnaissance dans la société ? Hélas, il semble bien que oui.

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L'unité

Un roman habile qui nous interroge, nous dérange, nous bouleverse aussi. Malgré des héros et héroïnes (ou plutôt anti-héros) très soumis, très peu de rébellion ... le lecteur est touché par Dorrit, ses souvenirs, ses espoirs, ses nouveaux amis.

Cette dystopie glaçante nous est racontée par Dorrit elle-même. Dorrit, 50 ans, est restée célibataire et sans enfant. Elle s'est retrouvée enceinte très jeune mais a avorté pour pouvoir étudier, vivre sa vie, pensant avoir du temps devant elle. Puis elle a vécu une vie professionnelle parfois difficile, aléatoire, et une vie sentimentale complexe aussi. Les dernières années, à la quarantaine, elle avait un amant, Nils, mais déjà marié et père d'un enfant, déjà "nécessaire" pour la société, il n'a pas souhaité qu'elle ait un enfant de lui, pour échapper à son sort de "superflue".

Dorrit a aussi perdu de vue rapidement ses frères et sœurs, la plupart ayant choisi de vivre à l'étranger, loin de la Suède, avec leurs enfants.

Quand elle arrive à l'Unité, à 50 ans, elle sait qu'elle va servir de cobaye pour plein d'expériences scientifiques, elle comme ses amies dès 50 ans et les hommes de 60 ans et plus.

Dorrit, rêveuse et artiste, se sent encore pleine de vie. Ecrivain, sportive, elle se demande quelle sera désormais sa vie, et quel en est le sens.

Ce roman d'anticipation pose un grand nombre de questions dérangeantes : sur le sort réservé aux anciens, aux childfree, sur nos sociétés de consommation, sur l'utilitarisme, sur les essais de médicaments, le don d'organes et les greffes, sur les artistes et les personnes hors norme ...

Dérangeant mais aussi émouvant et intelligent.
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L'unité

Encore un roman trop peu connu qui mérite d'être mis sur le devant de la scène. Ou alors est-ce moi qui vit dans une caverne et n'avait pas encore entendu parlé de cette pépite ?

Il a sa place à côté de 1984, le meilleur des mondes, Days, un bonheur insoutenable, la servante écarlate et tous ces autres romans de science fiction qui ne parlent pas de robots ni de batailles intergalactiques, mais ceux plus intimistes, qui pointent du doigts les travers et les déviances dangereuses que peuvent prendre nos modes de vie.

Celui-ci fait froid dans le dos et est assez étouffant, car l'on suit la vie de Dorrit, qui est devenue, sans enfant et sans famille proche, une superflue. Eh oui, à 50 ans pour les femmes et 60 pour les hommes, les superflus sont extraits du monde réel pour être enfermés dans un sous-sol doré. Et ils sont bichonnés dans ce sous-sol : équipements culturels, sportifs, gastronomie, frivolités, tout leur est accordé. Mais ils ne sont plus tout à fait des humains. Ils sont sous strict contrôle vidéo, car ils sont un stock. Un stock pour faire des expériences, prélever des organes pour les humains de dehors qui eux sont nécessaires. Alors comment trouver son identité humaine dans ce monde des superflus ? Comment nouer des amitiés, des histoires d'amour que l'on sait fugaces ? Quelle est la frontière entre nécessaire ou superflu ?

Comment gérer son identité face à cette frontière ?

Comment les nécessaires qui s'occupent des superflus acceptent ou pas cette situation ?

Pire : et si un jour il y avait risque de pénurie de superflus pour soigner les nécessaires ?



Et puis il y a les manques.

Il manque le froid, au printemps perpétuel et artificiel.

Il manque la lutte pour gagner sa vie, à la liberté de consommer sans limite.

Il manque le chien qu'on promenait sur la plage.

Il manque la fenêtre devant laquelle regarder les saisons changer.

Il manque la liberté. La liberté de souffrir, de partir, de choisir, de donner la vie.



Alors, faut-il le lire ? Oui. Lecture nécessaire. Absolument pas superflue. Le genre de roman dont les réflexions vous poursuivront longtemps et viendront vous titiller à des moments auxquels vous ne vous attendiez pas.



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L'unité

Voici typiquement le genre de roman dont l’idée de départ, ambitieuse et innovante, a été mal exploitée. Mon jugement apparaît cinglant mais je ne vois pas comment l’aborder autrement. Moi l’allergique à la littérature SF ou d’anticipation ou « postApo » (ça en jette comme terme pas vrai ? ;)), j’ai décidé depuis quelques mois de me jeter dans le grand bain et de ne pas me fermer à de belles découvertes. Du coup, j’ai par exemple entamé Tolkien et je ne le regrette pas.



J’ai donc cherché des romans du genre anticipation qui me permettraient de me familiariser en douceur avec cet univers et je suis tombée sur ce roman suédois plutôt court à l’idée intéressante : imaginez un pays (la Suède en l’occurrence) où passés 50 ans (pour les femmes et 60 ans pour les hommes), les célibataires sans enfants seraient sacrifiés sur l’autel de la science. Parqués dans des résidences High Tech où ils pourraient couler une fin de vie « paisible », ces donateurs forcés seraient petit à petit dépouillés de leurs organes dans le but de sauver les gens utiles : les pères et mères de famille ou ceux dont le métier est jugé indispensable (médecin etc). Sacrifiés sans scrupule pour aider la communauté, ces personnes sont donc « superflues » car leur comportement jugé égoïste (n’ayant pas voulu avoir d’enfants) choque l’opinion publique. Dorrit, notre héroïne, fait partie de cette classe superflue. A peine ses 50 ans célébrés, elle intègre l’Unité. Abandonnant son fidèle chien, elle quitte sa demeure campagnarde et devient membre de cette communauté très particulière où tout le monde se serre les coudes. Ce qui lui semblait terrifiant au début finit petit à petit par lui plaire : un appartement tout confort, des boutiques et complexes sportifs à ne savoir qu’en faire, tout accessible gratuitement, le pied. Elle se fait des amis pour la vie (je sais c’est cynique) et rencontre l’amour. Mais il se passe forcément quelques chose, je n’en dis pas plus.



Alors pourquoi n’ai-je pas aimé. C’est assez simple, je me suis ennuyée. Personnellement, le détail des repas pris par Dorrit (des pages entières en sont truffées) je m’en moque comme de ma première paire de chaussettes et mon dieu comme tout est long à se mettre en place (seules les 30 dernières pages m’ont enfin réveillée). Ninni Holmqvist a semble-t-il voulu ménager le suspense et amener le lecteur à se sentir autant bercé d’illusions que l’est Dorrit. Mais un moment il faut savoir passer la deuxième. Or la quasi-totalité du roman stagne en première. L’implacable machine à tuer est à peine évoquée. J’aurais aimé connaître les circonstances exactes ayant amené à la création d’un tel système, comment ce pays a basculé vers une telle vision : des gens utiles et des gens superflus, thématiques qui pourraient donner lieu à des développements d’une richesse incroyable. Au lieu de cela, nous suivons le quotidien de Dorrit, entre séance de natation, bons restaurants entre potes et séances coïtales. Cela va quelques pages.



J’ai lu les avis des autres blogueurs et beaucoup ont admiré la manière dont la figure de Dorrit est traitée : portrait de femme tout en nuances, rattrapée par le temps. Cet aspect-là m’a peu touchée j’ose l’avouer. Plus d’actions, plus de drames, de pleurs, que sais-je mais un électrochoc pardi ! Qui n’aura pas eu lieu. C’est ainsi
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L'unité

Suède, dans un futur proche. Le taux de natalité est au plus bas, l’état instaure un projet pour la relancer et crée l’Unité. Le concept est simple, toute femme de plus de 50 ans et tout homme de plus de 60 ans, célibataires et sans enfant est intégré dans le programme de sauvegarde des êtres utiles à la société. Ces « superflus » seront cobayes lors d’expériences scientifiques ou se verront retirer les organes nécessaires aux soins destinés à un être considéré comme « utile ».



Dorrit vit seule, mais a un amant, un homme marié qu’elle aime, et qui l'aime "presque" mais cela ne suffit pas. Le jour de son cinquantième anniversaire étant proche, elle va devoir quitter sa maison, abandonner son chien et rejoindre l’Unité. Doritt est maintenant passée dans la catégorie des superflus.



Arrivée là-bas, à son grand étonnement elle constate qu’une véritable cohésion de groupe y règne. Elle s’y fait vite des amis avec lesquels elle partage de nombreux moments agréables. Leur vie entre obligations médicales et loisirs est plus douce que ce qu'elle avait imaginé. Même s’ils ont conscience que leurs jours sont comptés, la plupart d'entre-eux vivent normalement et apprécient la qualité des services qui leurs sont offerts . Mais, tous savent qu’un jour ils devront faire leur don final, celui d’un organe nécessaire à leur vie.



Malgré la surveillance constante qui règne dans les lieux, Dorrit peut vivre une ultime histoire d’amour, de celles qui auraient pu lui éviter d’être une « superflue ».



C’est un très bon roman d’anticipation que j’avais déjà lu il y a deux ans, lorsqu’il faisait partie de la sélection littérature « Prix des lecteurs 2014 des éditions Le Livre de Poche ». Je l’ai proposé comme lecture commune au club de lecture que j’anime, car je trouvais le sujet intéressant :



Quelle est notre place dans ce monde ? En quoi sommes-nous utiles à la société ? S’il passe par la solitude, faut-il renoncer à notre épanouissement personnel et contraint et forcé, être amené à fonder une famille ? Sommes-nous des sous-hommes si nous n’avons pas d’enfant ?



Ninni Holmqvist a réussi à traiter l’expérimentation humaine d’une façon assez douce, évitant une approche gore qui aurait été trop facile. Les sentiments des résidents sont bien analysés et les choix auxquels ils sont confrontés de nature cornélienne. Je me pose encore la question à savoir si oui ou non, j’aurais pris les mêmes décisions que Johanes ou Dorrit.



Un roman qui m’a interpellé et que j’ai beaucoup aimé malgré le fait que je ne suis pas une grande adepte de science-fiction. C’est très probablement parce qu’il est criant de vérité et qu’un jour peut-être, nous en viendrons à de tels agissements, qu’il m’a tant touché.


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L'unité

Dès les premières pages nous sommes confrontés à la cruauté et l'injustice de ce que l'Unité fait vivre aux femmes de plus de 50 ans et aux hommes âgés de plus de 60 ans. Très vite le contexte est posé et nous enfonce dans un monde angoissant et troublant. Cette histoire nous fait réfléchir au monde qui nous entoure. Jusqu'où va nous mener le capitalisme ? Détruire la vie de celles et ceux qui n'ont rien pour faire survivre les mieux lotis dans le seul but d'une économie florissante ?! Aussi, différentes questions sur la vie, la famille, l'amour et l'amitié se posent au cours de ce livre. C'est une vraie remise en question de la vie que nous menons.



Ce qui est dérangeant dans ce livre est que les superflus et notamment Dorris semblent s’accoutumer à ce nouveau style de vie. J'ai vraiment eu du mal à comprendre ce qu'elle pensait de tout ce système. Personne ne semblait réellement s'en plaindre ni ne cherchait à s'enfuir. Je suppose que L'Unité met tout en oeuvre psychologiquement pour que ces habitants ne cherchent à se rebeller. Ou alors pensaient-ils qu'il valait mieux vivre ainsi plutôt qu'une vie plus misérable à l'extérieur ? Finalement, je me suis posée plusieurs questions de ce type sur leurs sentiments et les réponses m'ont manqué. Il en va de même pour un manque de profondeur sur la vie à l'extérieur. L'auteure survole le système et j'ai trouvé cela dommage.



En outre, j'ai trouvé la plume de l'auteure très agréable. L'histoire nous ait raconté par Dorrit et un élément vers la fin du livre nous donne l'impression que l'histoire est vraie. Dorrit est un personnage vraiment très attachant tout comme les personnages secondaires. Vraiment, leurs histoires nous touchent profondément et la tristesse nous submerge tant de fois ... Ce sont des personnes très courageuses et d'une grande sensibilité. Le personnel de L'Unité fait preuve aussi d'une grande gentillesse... hypocrisies ou non de leur part, c'est très troublant.



L'Unité est un livre touchant et à la fois vraiment dramatique. Jusqu'aux dernières pages nous ne savons pas le fin mot de l'histoire. Et ce dernier amène des émotions vraiment fortes : positives ou négatives, vous le saurez en vous plongeant dans L'Unité. Oui, car je vous le conseille vraiment.



La suite sur : https://paroledelea.wordpress.com/2014/04/23/avis-sur-lunite-de-ninni/
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L'unité

Cela faisait un moment que je songeais à lire ce roman, intriguée par son postulat. Dorrit, célibataire de 50 ans aux ambitions littéraires et donc dispensables, vient de voir son espérance de vie diminuer sensiblement, puisque dans cette version dystopique de la Suède, les citoyens jugés "superflus" sont logés dans une unité bien particulière. Les quelques années qui leur restent, trois ou quatre avec de la chance, seront consacrées à faire avancer la science par des expériences médicales et à donner leurs organes à des personnes encore en mesure de devenir utiles pour la société. En contrepartie, ils ont accès gratuitement à tout le confort qu'on peut souhaiter, jusqu'au jour de leur don final, celui d'un ou plusieurs organes vitaux.



J'en ressors satisfaite. Il y a quelques longueurs par moments, quelques incohérences aussi, c'est plus un livre d'observation que d'action. Mais il fait réfléchir sur des dérives possibles dans un monde où notre corps ne nous appartiendrait plus, où devenir parent signifie être un atout pour l'économie, où l'art et la culture ne sont pas des corps de métiers dont la valeur est reconnue. Et il soulève des questions intéressantes sur les relations entre les résidents d'une telle unité, sur les amitiés qui se créent, les amours naissants, le regard des uns sur les autres, des intervenants extérieurs aussi.



En conclusion, une lecture édifiante qui ne m'aura pris qu'un weekend et qui méritait bien ce petit détour.
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L'unité

Dorrit a suivi l'éducation féministe donnée par sa mère, conseillant à ses filles de ne pas faire d'enfants avant d'être économiquement autonomes, ou de veiller à ne jamais dépendre d'un homme, mais un gouvernement populiste arrivé au pouvoir dans un avenir non précisé, secoue le cocotier de la liberté individuelle et de la démocratie, décide d'éliminer tous ceux qui pourraient devenir des gouffres financiers pour la société et rappelle à ceux qui ont choisi des chemins de traverse, que le modèle validé est d'avoir un mari, des enfants, une maison, une voiture et un chien, de préférence dans cet ordre. Faute d'avoir accepté le schéma dominant, les déviants sont annihilés, écrasés et parqués dès leur date d'obsolescence programmée atteinte - 50 ans pour les femmes, 60 pour les hommes dont les spermatozoïdes ont une plus longue espérance de vie que les ovules - dans un abattoir de luxe, une banque de réserve, un vivier d'organes, un garage où l'on prélève des pièces détachées sur des inutiles pour rapetasser les utiles, osselets, rétines, reins, ovules, bouts de foie, et la tête alouette, jusqu'au don final, rien à voir avec la lutte finale.





En effet, la société suédoise si libertaire en son temps, est désormais divisée en citoyens « nécessaires » et « superflus » et la vie devient un capital à exploiter, une marchandise, une manière de gérer le déficit budgétaire, ou d'éliminer tous ces vieux qui ne demandent pas l'euthanasie. Les couples pondeurs sont privilégiés pour le réarmement démographique, on ne sait jamais, une guerre est si vite arrivée, la chair à canons pourrait avoir rapidement une valeur ajoutée (ma touche personnelle).





Malheureusement pour elle, romancière vivotant de son travail, habitant une maison délabrée et humide partagée avec son chien, Dorrit ne peut pas compter sur son amant, marié et père de famille, puisqu'ils ne forment pas un couple au sens capitaliste et que de surcroît, il l'aime « presque », c'est-à-dire pas suffisamment pour qu'elle obtienne un report de déportation parce qu'elle s'occupe d'un homme. Ils ne se sont jamais rencontrés en public et aucun membre de la famille ou du cercle d'amis de l'adultère ne connaissent l'existence de Dorrit. Mauvaise pioche pour obtenir un sursis ! Mais enfin, être presque aimée est ce qui se rapproche le plus d'être aimée.





Dorrit intègre un bunker de luxe, les arrivants sont bien soignés, on est gentil avec eux, ils mangent bien, ont gratuitement accès à tout ce qu'une vie de luxe peut offrir, cuisine, habillement, culture. En contrepartie, ils doivent se doucher ou aller aux toilettes sous l'oeil indiscret de caméras dirigées depuis une tour de contrôle ; la température est constante à 24° ; il n'y a plus de saison ; seule subsiste l'alternance jour/nuit. Et Dorrit rêve de son chien abandonné, de leurs promenades dans le vent et le froid quand la mer gronde et rugit ; du printemps en Scanie, des prairies fleuries ; du bruit des tracteurs, du chant des merles et rossignols.





L'écriture de Ninni Holmqvist est plate, presque blanche. Seule la monotonie des jours est restituée dans les actes les plus essentiels et triviaux de la vie, toujours empreints de solidarité entre déportés. Loin d'engendrer l'ennui du lecteur, cette répétition lancinante dans un style sans aucune fioriture, procure un sentiment d'inquiétude, puis de malaise, de même que cette fausse compassion et joie forcée de la part de ceux qui programment les expériences médicales, répondant à une éthique dont ils sont les seuls à détenir les clés. L'action, la gesticulation des personnages ne sont pas nécessaires pour déclencher la terreur ou l'envie de réfléchir. L'auteure excelle par la lenteur de son récit à montrer comment la volonté peut être anesthésiée, comment des individus peuvent être placés sous soumission chimique ou mentale ; comment leur libre-arbitre, leur liberté individuelle, leurs choix de vie peuvent être captés et rendus illégaux par un pouvoir rétrograde. A lire d'urgence, et surtout à méditer car sous la dystopie émouvante, Ninni Holmqvist propose une réflexion affûtée sur les dérives d'une société en perte de repères bien proche de la notre  ! Enfin, c'est mon avis.
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L'unité

Vous êtes une femme de plus de 50 ans ? Vous n'avez pas de mari, pas d'enfants et pas un travail assez important aux yeux de la société ??



Alors vous êtes SUPERFLUES ! Et vous êtes "condamnées" à intégrer l'Unité !

Joli monde merveilleux où tout est gratuit, accessible, verdoyant...

MAIS (bin oui, il y a un MAIS !), votre corps est à la disposition des gens dits nécessaires. Vous voilà devenus rat de laboratoire et même une banque d'organe encore bien vivante. Oui oui, à tout moment on peut venir vous prendre un rein, un morceau de foie, une cornée (ça va on peut vivre comme ça) ou alors bien pire, votre coeur, vos poumons, tout votre foie (plus compliqué de vivre sans tout ça, non ?).



Effrayant, non ???



C'est le monde imaginé par l'auteur... un monde glaçant, à l'éthique toute particulière... Un livre intéressant et prenant !
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L'unité

Attention ! Roman remarquable et essentiel.

Dorrit a 50 ans. Elle n'aura pas de cadeau.

Depuis qu'une loi suédoise oblige les gens "superflus" (femmes de plus de 50 ans et hommes de plus de 60 ans, qui ne sont pas des soutiens de famille et / ou qui n'ont pas de poste à haute valeur ajoutée) à se retirer de la société, ils doivent se rendre à l'Unité - un centre médical spécialisé dans lequel ils subiront des tests thérapeutiques très très expérimentaux et devront faire des dons d'organe à destination des "nécessaires" (des gens qui sont soutien de famille et / ou de bons postes).

Alors non, pour Dorrit, jugée superflue car elle est artiste, avoir 50 ans n'est pas un bon moment: elle doit abandonner son chien, sa maison, son amant...

Mais à l'Unité, il y a encore de la vie: une petite communauté de "superflus" solidaires se forme et, au fil du temps absorbe les nouveaux arrivants et tentent de se remettre des "départs" (les superflus qui font un don final - don d'organe vital - et qui ne reviennent pas). Des amitiés profondes se créent et des belles histoires d'amour naissent aussi parfois.

Roman essentiel à plus d'un titre:

Tout d'abord, parce que ce livre est un enfant de 1984: une société fondée sur la rationalité mais qui se nourrit de son peuple, lequel ne parvient même plus à vouloir combattre le système ou s'en échapper.

Ensuite parce qu'on nous explique qu'il a fallu à peine dix ans pour que ce programme politique, marginal et décrié, soit accepté et voté démocratiquement, ce qui devrait - logiquement - nous donner matière à réflexion. Mais le ferons-nous?

Et pour finir, parce que les braves citoyens ont bien compris et qu'ils font tout pour être "nécessaires", et que de ce fait, il n'y a plus assez de "superflus": il faut donc élargir les critères, notamment ceux des postes à haute valeur sociale ajoutée: les infirmières, institutrices etc. ne sont désormais plus "nécessaires" mais "superflues"...



NB: c'est le second roman (nordique qui plus est) que je lis et qui évoque un état eugéniste qui, avec la bénédiction des citoyens, s'autorisent à exterminer une partie de sa population. Ce qui me fait réfléchir... y aurait il un message???

Je vous conseille donc vivement de lire l'autre roman aussi: Asa Ericsdotten, l'épidémie.
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L'unité

Avant de parler du livre, je voudrais remercier Le Livre de Poche pour m'avoir permis de le lire dans le cadre d'un partenariat !



Le monde a profondément changé. Afin d'augmenter la consommation et la productivité, la population a été classée en 2 catégories : les superflus et les utiles. Les personnes n'ayant pas d'enfants à l'âge de 50 ans pour les femmes ou 60 ans pour les hommes et n'ayant pas un poste important sont jugées superflues. Elles sont alors conduites dans une unité pour y servir de réserve d'organes pour les utiles.

Dorrit vient d'avoir 50 ans. Elle vivait pauvrement de ses revenus d'auteur. Mais c'est maintenant le passé, un 4x4 l'attend à sa porte, il est temps pour elle de rejoindre l'unité.



Ce thriller dystopique nous entraîne dans une société particulièrement cynique. Un monde où tout est fait pour le profit et le confort des puissants. Votre corps ne vous y appartient plus. Une propagande puissante et habile manipule les masses qui se soumettent sans oser se rebeller.



« Il n’y a plus d’excuse pour ne pas procréer. Il n’y a plus d’excuse non plus pour ne pas se tuer au travail lorsqu’on est parent. »



Les laissés pour compte sont nombreux et on trouve bon nombre d'artistes parmi eux. Quand ils restent célibataires, ils sont considérés comme non-productifs et pourraient représenter un danger pour les décideurs.



«Il y a tellement d’intellectuels ici. Les gens qui lisent tendent à être superflus. À l’extrême.»



L'unité est un livre passionnant avec des personnages très attachants et de multiples rebondissements. On est vite passionné par les aventures de Doritt. L'écriture de Nini Holmqvist est fluide et percutante. Les sujets abordés sont percutants et glaçants. Dans notre monde qui accorde de plus en plus d'importance à l'argent au détriment de l'humain, on pourrait bien voir apparaître des idées aussi folles. J'ai déjà rencontré ce thème (la "récolte" des organes d'êtres vivants) dans des livres ou dans des films, mais rarement de façon aussi noire et implacable. On ne parle pas dans ce livre de puissants qui exploitent la pauvreté ou la faiblesse des gens, mais d'une société qui, en cherchant à améliorer sa propre productivité, est devenue une «machine inhumaine». On a l'impression que toute lute est perdue d'avance. Implacablement, la société devient folle sans la moindre chance de retour en arrière.



L'unité nous fait réfléchir sur nous-mêmes et sur la société. Je vous le conseille vivement.



Note : 8/10
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