Citations de Olivier Germain-Thomas (59)
Nous y voilà soyez prudents (p 32) j'aime beaucoup cette citation car il vont attaquer des personnes avec un roi
Bal Bunyamin 5E3
L'âme est le génie de la vie, sa part de ciel. La déchéance de l'époque n'est pas celle des moeurs, elle est d'avoir enfermé l'âme dans une cage.
Devant une autre culture, on est soumis au risque de l'à-priori: la saisir en fonction d'idées toutes faites qui masquent la réalité. C'est sournois, courant, récurrent. Autre méfait: l'éclairage à posteriori qui décrypte hier sous la lumière d'aujourd'hui.
Sélectionner sur terre des paysages pour les ériger en paradis est la preuve d'un manque d'imagination, autrement dit, de sens métaphysique.
Sur le chemin il y a des rencontres et des retrouvailles. mais on chemine seul.
Les chants de l'Ile à dormir debout. Le livre de Centhini.
Qui cherche l'universel le trouve devant l'océan.
Le vide si important pour les cultures indienne, chinoise et japonaise, est reçu de travers chez nous. En remontant on retrouve le latin vacuus, "libre" et "vacant". Etre vide est un état de disponibilité, d'attente, état poétique sans colle aux pieds. C'est un état fragile à la merci de la moindre distraction. Soyons vacant, nous saisirons le murmure des choses.
A l'exaltation qui pourrait naître de cet instant serré entre deux mondes, je dis "Au trou!" Dans la gare terminus, je me concentre sur les seules questions matérielles. Derrière moi, des montagnes en forme des cônes glacés dont mes filles sont friandes dessinent une ligne aussi dansante que la carapace d'un dragon; devant, l'inconnu. La gare vietnamienne de Lang Son est quasi déserte. A l'approche de la frontière chinoise, le train s'est peu à peu vidé. Je guette un moyen de transport avec le souci mesquin de ne pas me faire arnaquer. Une moto se présente; faute de cheval ou de palanquin, prenons.
Pendant des années on s'est évertué à m'apprendre à devenir un intellectuel. Tout mon effort est maintenant à le désapprendre. Ce n'est pas forcément du gâchis.
Si les indiens dorment si facilement même au milieu des fifres de la fête, comme ce jeune homme allongé quasi nu sur un muretin, c'est qu'ils ignorent l'inquiétude; ils font confiance à la vie. De notre côté, nous leur apportons les bienfaits de notre civilisation névrosé sur laquelle ils se jettent à corps perdu.
En Inde, rien n'est jamais clos, ni les réincarnations des dieux, ni les légendes, ni la nature, ni un poème, ni une croyance, ni une maison, ni une famille. Jamais de limites, de cadres ou de point final. C'est une des raisons de son exceptionnelle capacité d'absorption.
Voyager
pour retrouver les yeux de l'enfant.
Pour apprendre à être confiant et méfiant, généreux et avare, dynamique et dilettante.
Pour, au retour, être interloqué par le ciel habituel.
Pour se demander où le présent disparaît quand, dans un train, dos au mouvement, on voit partir le paysage.
Pour avoir un livre d'images avec soi si on est un jour aux mains des rebelles.
Pour apprendre à jouer avec l'enfant des favelas.
Pour apprendre à parler avec les mains.
Pour revenir.
Pour savoir que personne n'est le centre du monde et qu'on ne peut jamais aller au bout du monde.
Pour apprendre que la terre est plate, qu'elle parle notre langue, qu'elle est fâchée contre l'homme.
Pour rencontrer des yeux qui regardent le ciel comme nous le faisions il y a mille ans.
En indonésien, marcher se dit "makan angin", littéralement manger le vent. Réflexions, contemplations et découvertes culturelles sont au rendez-vous. Si ce récit de voyage nous invite à découvrir Java et le temple de Borobudur, l'auteur nous livre aussi ses questionnements au gré des rencontres.
Encore une fois, je constate, comme dans l'Attapu, que le réel de ces pays est écrit en encre sympathique. Aussitôt apparu, il s'efface pour laisser place aux pelleteuses. Seule la mémoire pourra garder les images d'un pays encore relié à l'Antiquité, et qui court derrière nous, dans l'ignorance de notre essoufflement. Mais la mémoire, elle aussi, écrit parfois en encre sympathique. Devenir un bon limier quand les images seront cachées dans l'inconscient...
" Le diable est l'ombre de l'ange". Ce constat apaise. L'angoisse provient d'un désir sans espoir. Plus de désir, plus de névrose. Nous voici au cœur du bouddhisme.
La femme au bébé était à nouveau assise comme au premier jour sur la terrasse de sa maison. Nos regards se sont croisés. Trois secondes, une ouverture, une chute... J'ai repris mon souffle. (Folio - p.107)
... je me dirige vers les bâtiments administratifs qui servent de frontière, cette ligne dont l'existence possède des vertus, sauf quand elle s'érige dans notre esprit. (Folio - p.85)
Pour nous que vivons dans une époque coupée de toute tradition, il nous reste la poésie comme guide de voyage.
Je continue à me croire chez moi, mais avec un sourire. Je sais que le fossé ne sera jamais comblé. L’amour propose une semblable énigme. Seuls les mystiques comblent les fossés. Comment? On se tait.
(…)
Le plus difficile: penser hors de toute trace. Les traces sont fallacieuses: on tire à elles chaque fait nouveau. Penser dans le blanc.