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Critiques de Olivier Truc (824)
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Le dernier Lapon

Découvert par le biais du club de lecture Babelio , cet excellent polar nordique nous transporte on ne peux plus au nord. Immense plaines glacées de la Laponie nous voici .

Lecteur frileux au propre comme au figuré s’abstenir de suivre cette enquête de la police des Rennes. Et oui cela existe bel et bien. Enfourchons notre moto neige pour suivre un duo de choc dans une investigation mêlant meurtre ésotérique et découverte de ressources naturelles dans un pays où le respect de la terre est primordiale.

Une belle écriture découpée en chapitre assez court pour un rythme d’enquête soutenu. Les régions dont décrites avec beaucoup de brio ce qui aide au dépaysement.

C’est aussi en quelque sorte une chasse aux trésors géante assorti d’un ultimatum assez court .

Un polar dépaysant et bien foutu qui vous empêchera de geler sur place .
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Le détroit du Loup

De même que le détroit du loup des premières pages était trop large pour que les rennes le franchissent sans encombre, ce livre était trop long et trop compliqué pour que je l'apprécie totalement...



C'est l'intrigue qui pèche à mon sens, avec tant de crimes qu'on ne sait plus sur lesquels porte l'enquête de Nina et Klemet, des digressions dans tous les sens, histoires de famille, de rennes ou de pétrole, et des rebondissement cousus de fil aussi blanc que la neige sur le vidda !



Heureusement, la Laponie et les samis ont sauvé ma lecture ! Lire les horaires de lever et de coucher du soleil qui rythment les chapitres suffisait à me donner le sourire. Pareil pour les descriptions des balades en scooter des neiges ou en hélicoptère dans la toundra. Ou encore les allusions à toutes les traditions samies, celles des rochers sacrés, des joïks ou de la vie en itinérance derrière les troupeaux de rennes...



Car ce livre, tout comme son prédécesseur Le dernier lapon, a l'immense mérite d'attirer notre attention, au-delà du folklore, sur le drame qui se joue dans le grand froid, celui d'une modernisation forcenée qui met en danger le mode de vie du peuple sami, la faune, la flore, les paysages, et même les individus qui pourraient se mettre en travers de son chemin, qu'il s'agisse de plongeurs, de magnats du pétrole ou de vieillards déglingués.



Ca, c'est glaçant... et pas seulement à cause du froid !



Challenge PAL, challenge Multi-Défis 15/15 et challenge Pavés 15/25
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L'inconnue du port

Quelques mois après avoir rencontré Olivier Truc dans le cadre de la sortie de son livre "Les sentiers obscurs de Karachi", je suis contente de pouvoir lire "L'inconnue du port" dont il nous avait brièvement parlé ce qui avait éveillé ma curiosité. En effet, cette nouvelle a été écrite à quatre mains dans le cadre du quai du polar 2023 mettant à l'honneur cette année l'Espagne. De quoi en donner l'eau à la bouche !



Dans ce court roman se lisant en une soirée, une jeune femme est retrouvée inconsciente dans un conteneur dans la région barcelonaise. Qui est-elle ? Pourquoi et comment c'est elle retrouvée dans cette prison amenée par bateau ? C'est à ces nombreuses questions qu'Anna Ripoll va devoir répondre, l'inspectrice à la PJ espagnole en lien avec Érik Zapoli, son correspondant français l'aidera lors de son enquête.



Rapidement, nous sommes happés par cette histoire qui va se dérouler à un rythme effréné où il est difficile de reprendre son souffle.



J'ai trouvé cette nouvelle intéressante, mais, je regrette qu'elle n'ait pas été plus longue. L'intrigue aurait pu être plus développée, là j'ai une sensation que celle-ci a été un peu de bâcler et d'avoir trouvé trop rapidement les aboutissants de l'intrigue.

Pourtant, ces constats résultent d'une double contrainte. En effet, ce texte a été rédigé en très peu de temps avec l'obligation de respecter un nombre réduit de caractères. Malgré ce ressenti, je suis cependant admirative par le travail d'écriture fait par les auteurs en quelques mois qui ne laisse penser qu'ils étaient deux à écrire cette intrigue policière.
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Le cartographe des Indes Boréales

Le XVIIème siècle est une période historique particulièrement mouvementée en ce qui concerne les enjeux politiques et les échanges commerciaux entre états.

La cartographie, naissante, se révèle un atout indispensable au développement de la navigation dans les contrées éloignées telles l'Asie ou le Grand Nord.

Des contrėes qui regorgent de richesses inexploitées et convoitées par les puissances coloniales de l'époque : Espagne, Portugal, Pays-Bas, France...

C'est aussi le siècle de l'inquisition, des luttes entre protestants et catholiques, des chasses aux sorcières et des violences qu'elles génèrent.



On sait moins que la Suède, sous le règne de Gustave II Adolphe, roi protestant, connait alors son apogée territorial avec le développement de Stockholm qui s'impose tout doucement comme capitale.

De même que les pays d'Europe occidentale s'intéressent à l'Orient, la Suède lorgne les richesses de la Laponie peuplée par les Samis et leurs croyances ancestrales.



C'est dans ce contexte qu'Izko, jeune Français de passage à Stockholm où il assiste au naufrage du Vasa, sera amené à jouer à la fois le rôle d'espion pour le compte de son pays et de cartographe au service de la Suède, au détriment de sa passion pour la chasse à la baleine.

De confession catholique, il se verra confronté à l'intransigeance et au mépris des pasteurs luthériens, mais il nouera également des liens forts avec quelques indigènes.



Une époque qui n'était tendre pour personne, un récit âpre, marqué par la violence et les massacres de populations autochtones au nom du profit et de la religion.

700 pages de voyage à travers le siècle et des contrées rudes et froides, à la rencontre de personnages intenses.

Une lecture qui suscite parfois la révolte et l'indignation...

Non, notre époque n'est certes pas facile, mais quand on fait le compte de toutes les exactions passées, on se dit qu'on est quand-même pas si mal lotis.
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Le détroit du Loup

Des années après le premier tome, j'étais ravie de retrouver Klemet et Nina, pour une histoire qui se passe dans une petite ville de Laponie, Hammerfest.



Après le décès d'un jeune éleveur suite à un accident, le maire de la ville est retrouvé mort, ainsi que plusieurs rennes.



C'était un véritable plaisir de retrouver notre police des rennes (oui, ça existe !) et d'en apprendre plus sur leurs histoires respectives.



Malheureusement, je n'ai pas été captivée par l'enquête menée dans ce livre. J'ai perdu le fil à plusieurs moments, et j'en garderais un souvenir moins bon et moins net que pour Le dernier Lapon.



Cependant, je vais tout de même poursuivre ma lecture de cette série (qui contient trois tomes actuellement et, bien qu'ils soient indépendants, il y a des personnages récurrents) parce que l'écriture d'Olivier Truc me plaît beaucoup et que j'ai apprécié ce nouveau voyage en Laponie.
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Le dernier Lapon

Le soleil disparu depuis 40 jours, va pointer ses rayons

petit à petit chaque jour.



Nous sommes en Laponie, sous un froid polaire et l'auteur nous fait voyager en scooter des neiges avec les Samis, guidés par deux détectives de la police des rennes, Klemet et sa coéquipière Nina.



La vie des éleveurs de rennes, la modernité qui éloigne les traditions.



Un irréductible, cependant, le dernier lapon, Aslak,

Aslak, mystérieux, courageux et solitaire.



Le joïk, chant traditionnel ancestral, dit la tristesse, le malheur et l'amour ; seuls, peu d'anciens en connaissent

encore le langage.



L'intrigue policière se déroule, suivant les traces laissées par les scooters des neige dans cette immensité sauvage, glacée et blanche.



Le tambour Sami volé, sera la clé de cette tragique énigme, d'un peuple sacrifié au nom de la cupidité des hommes.



L'écriture de l'auteur dit l'essentiel mais de façon extrêmement bien documentée, qui nous fait découvrir

un peuple aux antipodes de notre façon de vivre.



La poésie se trouve dans les images évoquées tout au long du livre, les immensités glaciales du Grand Nord ; la lumière, les coutumes ancestrales, et dans le ciel dont l'obscur se dispute à la clarté, de magnifiques aurores boréales.



Le joïk souligne le beau, le mélodieux et le tragique de page en page.



Ambiance rafraîchissante par la chaleur ambiante de ces jours derniers !
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Le dernier Lapon

Beaucoup beaucoup de belles critiques sur ce livre sorti depuis quelques années, Le dernier Lapon d'Olivier Truc.



Au début du récit j'ai été un peu refroidie, vous me direz vu le lieu pas étonnant. Dans les premières pages je pensais me retrouver dans Stöld, les problèmes récurrents entre les Samis et la police.



Puis l'histoire s'est accélérée, Toujours en Laponie, à Kautokeino, deux évènements viennent troubler la tranquillité de ses habitants.

Un tambour Sami est volé dans le musée de la ville, il allait être exposé lors d'un évènement important.

Le lendemain, un éleveur de rennes Mattis Labba est retrouvé mort, poignardé et les oreilles tranchées.



Klemet Nango, l'unique sami de la police des rennes, et Nina Nansen sa coéquipière sont chargés de l'enquête.

Elle est très complexe, certaines personnes bien placés vont tout faire pour les dissuader d'aller jusqu'au bout.



Beaucoup de questions et de remous vont occuper les journées et les nuits de la population.



Est-ce un conflit ou une jalousie entre éleveurs de rennes ? ou un lien avec l'expédition de Henry Mons en 1939 en Laponie ?



Un livre très prenant, Olivier Truc arrive à nous faire ressentir, la vie de ces gens dans des conditions très dures, le froid terrible, le manque de lumière.

Il nous dépeint des paysages fantastiques, majestueux.

Les Samis, qui essaient toujours de préserver leur mode de vie, leurs traditions, mais la modernité et le monde occidental ronge tout, petit à petit.



Un très bon moment de lecture et je lirais ses autres livres.





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Le détroit du Loup

L'année dernière, je faisais connaissance avec Olivier Truc , que je présentais à cette occasion comme un nouvel auteur de polar français avec qui il faudrait désormais compter.



Car ce journaliste français vivant à Stockholm et correspondant pour divers journaux des pays scandinaves, nous emmènait avec le Dernier Lapon, son premier polar publié, sur les traces des ski-doo de deux flics de la Police des rennes, là haut, tout en haut, à Kaütokeino, là où Norvège, Suède et Finlande s'enchevêtrent par dessus ce qui était la Laponie.



Nina et Klemet font partie de la police des Rennes. Ils sont chargés de veiller à ce qu'aucun incident ne vienne troubler l'ordre public. Les rennes ont en effet la fâcheuse manie de se balader où bon leur semble. Les policiers sont également amenés à gérer les conflits entre les éleveurs et la population urbaine.



Après ce Dernier Lapon qui mettait pour la première fois en scène avec une vraie réussite cette police des rennes dont j'ignorais l'existence , Le Détroit du Loup, son second roman d’Olivier Truc, toujours paru chez Metaillié , confirme son aura de raconteur d’histoires et sa capacité à nous emmener sur des terrains peu usité par la littérature, policière ou traditionnelle.



Ce roman est donc avant tout extrêmement instructif puisqu'il nous amène dans une région que l'on connait que très peu. Les thèmes du premier récit sont à nouveau présents, notamment celui de l'éternel conflit entre la tradition contre et la modernité, sans oublier évidemment une lutte contre les menaces environnementales, qu'elles soient économiques, technologiques ou financières. Bref, même sil m'est arrivé de me perdre parfois parmi la mutltide de personnages différents, on peut dire qu'encore une fois, Olivier Truc sait nous faire réfléchir sur une population peu connue des occidentaux, tout en maitrisant parfaitement son intrigue policière.. L'apanage des grands auteurs de polars, n'est ce pas?
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Le détroit du Loup

Quelle furieuse idée peut pousser des hommes à habiter le Très Grand Nord. Des jours sans fins, ou un dépaysement lumineux, le goût du blanc ou le plaisir de vivre au contact des rennes capables de supporter des froids intenses et de traverser des détroits aux eaux tumultueuses pour aller chercher de nouveaux pâturages avant le prochain hiver ?

Ces hommes on les appelle les samis, plus connus dans le langage courant comme lapons, terme toutefois péjoratif.



Le récit d'Olivier Truc, est intéressant à plus d'un titre, car le Pôle Nord, en Norvège notamment, a connu ces dernières années des bouleversements considérables. Ça s'appelle le pétrole en mer de Barents. Ce pétrole il faut aller le chercher, profond. très profond.



A ces profondeurs on sait pas comment y aller !



Alors des kamikazes, des fous, pour des salaires de la peur vont y aller, au fond, par défi, par orgueil, ou par ce qu'ils sont Samis. Ils ont été, oh, juste un peu trompé sur les normes, car il n'y avait pas encore de normes à ces profondeurs ( durée de la plongée, paliers, dangers, décompression... )





Voilà une minorité, avec des traditions bien ancrées dans la toundra gelée et dans la glace vive, qui a pu se maintenir grâce à l'élevage des rennes depuis des siècles.

"Les tambours ont été brûlés mais tu ne brûles pas un rocher sacré".

Cette minorité, les samis connaît un drame identique dans les différents pays qui se partagent le pôle Nord, norvégiens, suédois, russes ou finlandais.





À cause de leurs traditions, de leur langue et de leur culture, ils sont devenus les empêcheurs de tourner en rond et les principaux opposants à l'exploitation des ressources gazières et pétrolières. En quelques mots on peut affirmer que les samis sont aujourd'hui utilisés ou persécutés par les populations du Grand Nord, comme bien des minorités.



C'est le contexte passionnant de ce thriller, où vont se mélanger coutumes, pouvoirs des sociétés pétrolières, guerre entre les promoteurs immobiliers et les éleveurs de rennes qui eux devraient conserver un droit d'usage sur les terres consacrées à nourrir les animaux.





L'administration navigue, en naviguant en eaux troubles, en essayant de sauvegarder la meilleure cohabitation possible, au prix de promesses intenables, de permis d'exploiter accordés en toute discrétion, afin que l'or noir arrose ces territoires gaufrés de blanc.



Le point de départ choisi par Olivier Tronc pour lancer son récit nous plonge dans les affres rencontrées par ces éleveurs aux énergies si farouches, nous initie à leur capacité de piloter des troupeaux entiers et leurs épiques transhumances, nous ouvre les yeux sur les courants marins aux températures proches de zéro.



Un renne tenace, endurant, reconnu par sa bravoure, est un jour choisi par la meute comme le chef du troupeau. C'est lui qui par son instinct se lancera le jour et à l'heure propice dans le Détroit du Loup. Tous le suivent comme les jeunes faons.

Ce jour là un événement inattendu survient le chef fait demi tour, puis le courant se retourne contre lui en un tourbillon entraînant dans la mort le troupeau, un jeune sami Erik Steggo va au devant et redresse la transhumance marine, mais pris dans un cordage il meurt de noyade.





C'est le début implacable des tensions qui éclateront au grand jour faisant d'autres victimes, et parmi elles des plongeurs professionnels. 

Ce décor parfois lunaire de glace, va révéler des hommes héroïques comme les malfrats près à tout. Des femmes surgiront de ce récit, dans la douleur, la veuve Anneli Steggo pour avoir perdu son compagnon dans cette traversée du détroit, et Nina de la brigade de police des rennes. Deux femmes exceptionnelles d'origine sami, prêtes à défier les compagnies pétrolières.



Il y a aussi ces plates formes et ces installations démesurées nécessaires à la production pétrolière, comme des plaies que les promoteurs immobiliers cherchent à s’approprier. Que reste t-il pour eux les samis des retombées dites économiques dans leur bien être au quotidien, souvent la honte et le désespoir d'avoir cru à ces balivernes de progrès.





Un livre étourdissant de clameurs et de désillusions. Des hommes broyés par la vie, un quelque chose qui s'enfonce dans l'oubli, une croyance, une foi dans la nature, une ville Hammerfest, pourrait aussi s'effacer, à la moindre étincelle venue d'un géant du pétrole, aux éphémères plates-formes.





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La Montagne rouge

C'est une enquête pour amateur d'Histoire et de sociologie que nous livre Olivier Truc en nous emmenant sur la spectaculaire Montagne Rouge. Et comme ce genre de sujet me passionne, je n'ai pas été gênée du tout par les longs développements explicatifs des personnages qui ont parfois dérangé d'autres lecteurs. L'aspect journalistique de sa série de romans fait son originalité .



On est en Suède, au sud du pays Sami, nouvelle affectation de la brigade des rennes. Un conflit oppose depuis des lustres éleveurs et forestiers. Il vire souvent au pugilat. Le mort découvert ce jour là , est mort depuis quelques siècles et savoir qui il est et depuis quand vraiment il repose dans l'enclos des rennes, serait un argument important dans un procès qui doit arbitrer le droit d'usage sur une terre.



Nina et Klemet plongent dans les archives et musées du pays. Les peuples aborigènes du monde entier, qui vivent en symbiose avec la nature, en se déplaçant laissent peu de traces. D'où la difficulté de nos enquêteurs confrontés aussi très vite aux politiques ségrégationnistes du passé, sources de spoliations diverses, et de discriminations durables, avec la caution de scientifiques douteux.



Olivier Truc nous fait voyager dans la complexité de la Scandinavie, loin de nos représentations naïves. Les Vikings ne sont pas plus des anges que les autres et les lois eugénistes du XXe siècle, après la fin du nazisme, font froid dans le dos, et nous disent beaucoup sur les dérives mortifères du nationalisme. Inquiétant ....



Toutefois, J'ai beaucoup aimé voir la nature sauvage grandiose au travers du regard de Petrus, le chef du sameby Balva, pour décoder le paysage, sur les traces de ses ancêtres.



Une petite nostalgie, c'est fini on dirait bien . Mais on peut espérer un peu...où va nous emmener la brigade des rennes maintenant ....en Finlande ? En Russie ? Mystère
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L'inconnue du port

L'inconnue du port, un petit policier, très vite lu et que je n'ai pas pu lâcher jusqu'à la dernière page. Il est coécrit par deux auteurs talentueux Rosa Montero et Olivier Truc.



Durant une ronde, au port de Barcelone, Julieta, la chienne du gardien de nuit Ferran, tombe en arrêt devant un container, impossible de la faire bouger.

L'alerte est donnée, craignant de découvrir des migrants.

"Ils forcent facilement la serrure et la porte s'ouvre, révélant non pas un noeud dantesque de corps agonisants, comme le craint Ferran, mais une image beaucoup plus sereine : la grande boîte est entièrement vide, à l'exception d'une personne allongée sur le côté en position foetale juste au centre. C'est une femme à la peau très blanche dans une robe noire à bretelles. Sa chevelure, courte, épaisse et très foncée, laisse voir un profil en lame de couteau. Elle est pieds nus. Si vous ne faites pas attention au ruban adhésif qui lui couvre la bouche, ni aux brides qui ligotent ses poignets et ses chevilles, on dirait qu'elle dort paisiblement, une perle au sein de sa coquille métallique dans la lumière délavée de l'aube. Un mosso se penche sur elle et annonce :

- elle respire. "



Qui est-elle ? d'où vient-elle ? droguée, amnésique, elle ne peut pas aider les policiers. On l'appellera Maria.

Anna Ripoll, inspectrice à la PJ, est chargée de l’enquête qui s’avère ardue.



Suite à un indice, un lien est établi avec une société à Lyon. Erik Zapori, flic à la brigade des mœurs, se rend donc à Barcelone, pour aider Anna. Cela l'arrange bien, de quitter Lyon pour quelques jours, car il est visé par une plainte déposée par son indic. Il a les Les bœuf-carottes sur le dos.



Commence alors une enquête à cent à l'heure, entre Lyon et Barcelone, à chaque page, de nouvelles découvertes, des courses-poursuites, des secrets qui se dévoilent. Une lecture trépidante qui m'a ravi.

Le seul petit bémol, c'est que j'ai découvert assez rapidement qui était le méchant, mais cela n'a pas gêné ma lecture.



Si vous voulez un petit moment d'adrénaline, je vous le conseille.

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Le dernier Lapon

Pas mal du tout ce polar polaire !

J'ai beaucoup aimé cette enquête de la brigade des rennes au fin fond de l'Europe. Elle s'est retrouvée de fil en aiguille avec plein de morts sur les bras. Ça fait désordre dans la toundra. On apprend plein de choses sur la Scandinavie, l'élevage des rennes, les difficiles relations des populations avec les peuples autochtones sames, le conflit entre l'économie minière et l'activité pastorale.

Nina Nansen, la blonde norvégienne du sud, et Klemet Nango, le policier same suédois forme un binôme d'enquêteurs qui résument à eux seuls les problématiques ethniques du grand nord européen. Une galerie de personnages énigmatiques à souhait. Mention spéciale pour l'oncle musicien de Klemet et mademoiselle Chang, sa dernière conquête qui apportent la note d'humour nécessaire à un récit assez noir.

L'auteur nous balade dans des grands espaces avec neige, glaces et aurores boréales par moins Quarante. Il est rare qu'un polar soit aussi documenté, avec le risque de ralentir un peu le rythme de la narration avec du sur-place descriptif . Maintenant que la stratigraphie du coin n'a plus trop de secrets pour nous, J'enfile une petite laine et je vais lire la suite, il se passe des choses bizarres au Détroit des Loups …

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Le détroit du Loup

Les éleveurs de rennes en Laponie, c'est comme le village gaulois d'Asterix!

Ils résistent, ils résistent mais pour combien de temps?



Devant l'intérêt stratégique industriel que représentent leurs pâturages de transhumance, la bataille est féroce face aux municipalités, aux compagnies offshore d'exploitation pétrolière et gazière et à la manne financière de la vente de terrains à bâtir.



J'ai retrouvé avec plaisir les deux enquêteurs de la police des rennes, Klemet et Nina, engagés à résoudre un imbroglio de confits entre éleveurs traditionnels et intérêts pétroliers dans la petite ville de Hammerfest, sur la mer de Barents.



Le dépaysement est assuré, avec un souci du détail dans le contexte géographique et culturel, dans cette lumière sans fin qui lamine et épuise les individus dans les nuits blanches du printemps polaire.

Plus qu'un roman policier, c'est la transformation inéluctable de la région qui est décrite ici, un conflit des anciens et des modernes, où l'industrialisation réduit peu à peu les traditions identitaires d'un peuple. Un livre qui assume son aspect militant en matière d'environnement, dénonçant une mondialisation faisant peu de cas des minorités et des employés, menu fretin remplaçable.



L'aspect documentaire est donc toujours passionnant et visuel, les personnages d'une belle densité, les images de troupeaux de rennes traversant des détroits magnifiques...et l'envie du voyage s'intensifie au détour des pages pour découvrir paysages et mode de vie.



J'ai pourtant été un peu déçue par une intrigue laborieuse, et qui tourne en boucle à force d'avoir peu à dire sur 400 pages. En dépit d'une belle aisance narrative, l'histoire peu crédible de vengeance, sur fond de chasse au trésor compliquée et de traumatismes des pionniers de la plongée sous-marine, m'a un peu perdue en route. Je ne suis restée accrochée que par le contexte dépaysant de la culture Sami et l'ambiance lymphatique que la nature, le gigantisme du pays et le climat imposent à la région.



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Le dernier Lapon

Police montée sur scooter des neiges, moufles et Thermos de café impératives!



Bienvenue au delà du Cercle Polaire et ses quelques minutes de lumière solaire en janvier. Dépaysement assuré en Laponie.



A coté du dépliant touristique, qu'y a -t-il de commun entre le meurtre d'un éleveur de rennes et la disparition d'un tambour sacré de chaman?



La réponse dans une enquête sympathique mais dont tout l'intérêt réside dans la découverte de la culture lapone, communauté hors du temps, entre coutumes, mode de vie, croyances ancestrales et cohabitation difficile entre populations autochtones scandinaves.

Une lecture passionnante et dépaysante avec paysages immaculés sous nuit polaire, éclairés par les aurores boréales.



Même la géologie est intéressante et les techniques d'exploitation des minerais, science quelque peu ardue pour le profane, deviennent limpides.



Prix Quais du polar 2013 et Prix Mystère de la critique 2013 mérités pour ce premier roman policier.
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L'inconnue du port

Si vous cherchez un polar court et addictif, je vous conseille ce petit inédit chez Point, L'inconnue du port.

Signé du duo franco-espagnol, Olivier Truc et Rosa Montero.

Un roman qui vous happe dès les premières pages, un récit à cent à l'heure, sans temps morts et aux multiples rebondissements.

Port de Barcelone. Un container. Un chien qui a du flair. Une jeune femme bâillonnée et ligotée qu'on retrouve à l'intérieur.

Amnésique.

Une enquête qui s'annonce difficile.

Anna, inspectrice à la PJ, côté espagnol, et Erik, flic lyonnais, vont devoir collaborer.

C'est efficace, ça se lit très vite et parfois, c'est tout ce qu'on demande...

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Les chiens de Pasvik

Le Pasvik du titre n’est pas un être humain qui posséderait des chiens… Non, Pasvik, c’est une réserve naturelle, à cheval sur la Norvège et la Russie.



C’est aussi le nom de la rivière qui sépare la Norvège, la Finlande et la Russie, en pleine Laponie, dans le Nord !



Ah, cette foutue frontière… Lorsque les rennes la franchissent, c’est l’incident diplomatique, comme si des animaux pouvaient connaître une invention humaine, qui n’a de sens que pour nous (et encore, les frontières bougent au gré des conflits).



Ensuite, ce sont des chiens errants, en provenance de Russie, qui franchissent la frontière. Ils sont soupçonnés d’être porteurs de la rage et les voilà entrés en Norvège. My god, on a déclenché des guerres pour moins que ça. Il va falloir faire preuve de diplomatie, car les relations entre les deux pays sont plus tendues que la corde d’un string.



Le Grand Nord, le froid polaire, les rennes, la culture Sami, les policiers Klemet et Nina, de la culture, de la politique, les us et coutumes, les jours faibles en lumière, la Laponie, la Russie, les vieilles querelles, rancœurs,…



Bref, j’étais contente de retrouver ce qui m’avait enchanté dans les trois précédents romans, me délectant à l’avance du fait que j’irais me coucher moins bête après cette lecture.



Et effectivement, j’ai appris des choses sur la politique, sur les corruptions, ordinaires ou grandes, j’ai remis à jour mes connaissances sur la culture Sami, l’élevage des rennes, la difficulté qu’a le peuple Sami pour survivre, puisqu’ils ont de moins en moins de pâturages pour leurs bêtes.



Malheureusement, il faut attendre près de la moitié du roman pour que cela commence à bouger et que l’enquête débute vraiment. Klemet et Nina ne font plus équipe, Klemet semble encore plus paumé qu’avant, comme s’il n’était pas réellement là.



De plus, l’auteur se répète souvent, notamment avec Klemet et ses problèmes d’ombre, sur le fait que dans le tome précédent, Nina, sa collègue, l’avait surprise en train de se mesurer le crâne… La répétition, ce n’est pas bon.



Les personnages qui gravitent autour de Klemet et de Nina sont bien campés, sans manichéisme, avec de la profondeur, des contradictions, des blessures profondes et hormis le vrai méchant, ses sbires pouvaient être touchants. Oui, un comble, mais c’est ce que j’apprécie dans les personnages.



Ce polar du Nord (bien qu’écrit par un Français) est comme tous les polars nordiques : il prend son temps. En fait, l’enquête policière ne commencera qu’après une bonne moitié du récit et ne sera pas tout à fait conventionnelle.



D’ailleurs, cette enquête n’est là que pour permettre à l’auteur de parler de géopolitique, de politique, de l’Histoire entre les pays du Grand Nord, de la Russie, des problèmes des éleveurs Sami, du communisme et de quelques-unes de ses dérives, des territoires qui ont appartenu un jour, aux Samis et où leurs rennes broutaient, avant qu’on ne les foute plus loin, comme s’ils n’étaient que des fétus de paille qui dérangeaient.



Les conflits, la collaboration avec les Allemands, les traités, les vainqueurs, ont retracé les frontières, sans prendre en compte les gens qui vivaient sur ces territoires.



La Guerre Froide est terminée depuis longtemps, mais dans ce roman, dans ces territoires, des remugles en provenance de l’Histoire s’échappent encore et toujours. Durant ma lecture, j’ai souvent eu l’impression d’être toujours dans cette période, tant ça y puait.



Un polar nordique qui s’attache plus à la politique, aux différentes populations, à la cohabitation difficile entre tous ces peuples, de culture Sami, à la difficulté de vivre de l’élevage des rennes, sur la recherche de son identité, sur le patriotisme exacerbé, sur le fait qu’une partie du peuple russe vit dans la pauvreté, tout en continuant de porter son pays aux nues.



C’est très documenté, très approfondi, les paysages sont bien décrits, on ressent bien le froid et le fait que tout le monde se retrouve le cul entre deux chaises, dans ces confins glacés où le soleil est soit ultra-présent ou soit au minimum syndical.



Malgré tout cela, la première partie a été assez longue à lire et contrairement aux précédents romans, ce ne fut pas le coup de cœur, sans doute dû au fait que Klemet et Nina n’enquêtent plus ensemble et qu’ils m’ont semblé un peu pâlots, comme effacé, dans ce roman.



Cela ne m’empêchera pas de lire la suite, si suite il y a un jour…


Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Le dernier Lapon

Un policier scandinave atypique d'abord parce qu'il a été écrit par un .... Français.

J'avais découvert Olivier Truc avec "Le cartographe des indes boréales", qui m'avait passionnée. On retrouve ici une partie des thèmes évoqués et je pense que cette lecture précédente qui décrit la colonisation de la Laponie et l'exploitation des mines par les Suédois, m'a permis de mieux comprendre le contexte de ce polar.

Je dirais que l'intrigue policière n'est pas l'attrait principal du roman, on devine assez vite certains éléments de la solution.

Ce roman est extrêmement bien documenté, les personnages sont complexes à quelques exceptions près et l'auteur s'attache à les décrire, même s'ils restent secondaires par rapport à l'intrigue. J'ai aimé le duo d'enquêteurs, qui vont apprendre à se découvrir et s'apprécier.

L'auteur mêle habilement passé et présent et va dénouer lentement les fils qui relient tous les évènements. Ce n'est pas un thriller haletant, qui vous fait tourner les pages à toute vitesse, c'est une promenade plus lente qui vous permet d'apprécier tout ce que vous découvrez sur le pays, son histoire, les relations compliquées entre lapons et scandinaves, l'influence du protestantisme, les paysages, l'atmosphère, …

Un très bon moment de lecture

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Le cartographe des Indes Boréales

Dans Le Cartographe des Indes boréales, de 1628 à 1693, pendant quatorze parties et 109 chapitres, nous suivons les traces de Izko Detcheverry, et on ne peut que constater qu’il a la bougeotte ! Olivier Truc va nous entraîner avec son héros du sud du Portugal jusqu’au Spitzberg, avec des « séjours » épisodiques et plus ou moins longs en France, à Saint-Jean-de-Luz où il vit avec ses parents, au Portugal, aux Pays-Bas, et dans cette Europe nordique aux territoires mal déterminés et aux frontières encore assez floues (Suède, Norvège et Finlande), surtout quand on monte vers le cercle polaire et au-delà. Izko, dont le rêve est de devenir chasseur de baleines, comme son père, subira (c’est à dessein que j’emploie ce terme) une formation longue et mouvementée de cartographe. Sa réputation, due à son talent, lui vaudra quelques déboires et le conduira à changer d’allégeance de plus ou moins bonne grâce, mais lui permettra aussi de rebondir à plusieurs reprises. Les richesses de ces contrées encore inconnues et particulièrement inhospitalières sont tentantes pour les gouvernements et les négociants ; on dit qu’elles sont comparables à celles des Indes orientales. Mais les conditions de vie sont aussi difficiles que les conditions climatiques extrêmes. Les Européens, à commencer par les Suédois, aveuglés par l’appât du gain et portés par une foi fanatique, vont tenter de coloniser et d’évangéliser les Lapons, plutôt de force que de gré, pour les réduire en servitude, bouleversant les croyances et les modes de vie ancestraux, les vouant ainsi sans remord à la misère ou à un quasi esclavage, l’un n’empêchant pas l’autre.

***

J’avais vraiment beaucoup aimé les trois romans précédents d’Olivier Truc. Le Cartographe des Indes boréales n’est pas un coup de cœur, et je le regrette parce qu’il y a beaucoup d’aspects de cette histoire qui m’ont plu… J’ai aimé suivre les aventures d’Izko sur fond d’Inquisition, de dénonciations de sorcières, de rivalité entre les différentes obédiences protestantes et les catholiques, de pasteurs sadiques, de négociants prêts à tout, de marins suicidaires (à mes yeux) et d’authentiques illuminés. Du côté des Lapons (on devrait dire Samis prévient l’auteur dans ses « Précisions »), on rencontre aussi de beaux exemples d’humanité, du pire au meilleur. On retrouve ici l’intérêt de l’auteur pour le chamanisme et les tambours rituels, sujets qu’il présente déjà dans ses romans policiers. L’importance et le rôle des cartographes m’ont aussi vivement intéressée. Izko se retrouve presque inéluctablement à jouer les espions, et, volontairement ou non, à travailler sur de fausses cartes pour tel ou tel pays, afin que le pays rival ait l’avantage ou pour des raisons plus personnelles... Pourtant, je ne me suis attachée à aucun des personnages, pas même à Isko, un peu à Issat, mais on ne le rencontre finalement que brièvement. Je crois que les nombreuses ellipses temporelles, parfois très longues, y sont pour quelque chose, comme d’ailleurs certains motifs répétitifs : on retrouve le héros après plusieurs années, marié sans passion et père de famille attentif sans que l’on comprenne vraiment le pourquoi de cette situation. Je sors de cette lecture un peu déçue, sans doute parce que j’en attendais trop, mais c’est un roman d’aventures instructif, original et sans concession à quelque forme de facilité, que je conseillerai volontiers.
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L'affaire Nobel

L’affaire Nobel dont je n’avais pas entendu parler concerne l’année

2018 , le scandale arrive , il n’y aura pas de prix Nobel de littérature décerné cette année là .

En effet ,

dans le sillage du mouvement féministe de dénonciation d’agressions sexuelles , de graves accusations seront portées

contre le français Jean- Claude Arnault , qui sera poursuivi pour des faits d’agression sexuelle et sera condamné à deux ans de prison ferme , sa femme qui est académicienne le défendra bec et ongles , devra démissionner.

L’auteur pointe les changements survenus en Suède , l’immigration massive est passée par là .

Il y a même du changement chez IKEA : 21 novembre 2018 : préavis de licenciement dans l’entreprise suédoise mondialement connue .

Ce qui est intéressant c’est l’histoire même du prix Nobel .

Alfred Nobel , inventeur de la dynamite , fut le créateur du prix qui porte son nom , il avait envie de laisser une image de lui moins négative que celle de son invention . Lorsqu’un de ses frères meurt , il y a confusion , la presse de l’époque croit que c’est Albert Nobel qui est mort , celui ci lit que le marchand de mort vient de décéder .

A ce moment il décide de donner une autre image à la prospérité ,

Il crée le prix Nobel et ses cinq volets : médecine , paix , littérature , chimie , physique .

Les membres de sa famille ont un choc à la lecture du testament qu’ils essayent de contester en vain , ils n’hériteront finalement que d’une infime partie de l’héritage .

En 2016 c’est Bob Dylan qui remportera le prix Nobel de littéraire , ce sera très controversé

L’auteur Olivier Truc , français marié et père de deux enfants , a rejoint la femme qu’il aime en Suède il y a plus de 20 ans .

Dans ce livre qui est une enquête et non pas un roman , il nous explique les différences culturelles entre les deux pays .

La Suède un pays de rêve , pas pour tout le monde ....

A chacun de se faire sa propre opinion .

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Crimes de sang-froid 2018



La plupart des lecteurs qui me lisent régulièrement ne seront pas surpris de savoir que j'ai des tendances un peu schizophrènes.

Aussi, pour cette critique, je vais laisser le champ libre à Antyryios, qui est un peu mon Mr Hyde.



* * *



J'ai des envies de meurtre aujourd'hui. Pas vous ?

Un chef de service un peu borné qui ne veut rien comprendre à votre situation familiale, une ex qui vous a abandonné comme une vieille chaussette sous prétexte que vous n'étiez pas stable psychologiquement, de riches parents qui n'ont en tête que de vous déshériter...

Vous avez le choix. La jalousie, l'argent ou la vengeance sont les plus vieux mobiles du monde.

A moins de laisser faire le hasard : Une petite vieille, un clochard, une joggeuse qui auront commis l'erreur d'être au mauvais endroit au moment où vous, vous étiez là.

Il paraît qu'il n'y a rien de plus proche de l'amour que la haine.

J'arrive très bien à haïr sans jamais avoir aimé.



Cependant, je n'ai jamais tué personne. Mes pulsions, je m'efforce de les contrôler, et c'est de plus en plus difficile. Je n'ai pas du tout envie d'aller en prison ou de devoir me suicider une fois mon crime perpétré. Ou d'attendre caché vingt années durant que mon meurtre soit prescrit.

J'ai besoin de conseils. Sans guide je finirai forcément par faire des erreurs qui me seront fatales.

J'en étais là de mes réflexions lorsqu'en passant sous une arcade, je remarque une affiche discrète.

"Crimes de sang-froid, séance de dédicace de 14h00 à 17h00"

Etrange. Un rassemblement de tueurs en série ?

Et puis je vois les noms. Hervé Le Corre, Marcus Malte, Olivier Norek ...

Que des écrivains de thrillers venus promouvoir leur recueil de nouvelles.

Et il y a du beau monde.

Qui pourrait être mieux placé que tous ces allumés pour me conseiller ?

Ces auteurs ils connaissent tout. ADN, balistique, législation. Mobiles, alibis, procédures. Ils ont l'érudition pour commettre les plus horribles assassinats sans jamais être inquiété.

A coup sûr ils pourront me conseiller.



Après avoir descendu les marches jusqu'à un second sous-sol, j'entre dans une salle obscure éclairée par quelques bougies. Les dix écrivains sont là, chacun installé à une table. L'ambiance est macabre et intime à la fois. Seuls quelques rares visiteurs sont présents, sans doute à l'affût comme moi du meilleur moyen de tuer sans jamais être inquiété.



Je me dirige lentement vers Dominique Manotti, le seul nom qui m'est inconnu malgré ses nombreuses publications chez rivages ou en série noire.

Forcément, je m'empare du recueil "Crimes pour sang froid", le seul livre disponible en ces lieux, et en prenant un air innocent, j'engage la conversation.

- Bonjour madame Manotti, elle parle de quoi votre nouvelle "Une affaire de femmes" ?

- Eh bien c'est l'histoire d'une épouse qui a la belle vie, entretenue pas son mari, un richissime cadre supérieure. Et un jour sa vie va basculer lorsqu'elle apprendra que son conjoint est retenu aux Etats-Unis. Il est arrêté et emprisonné. Par ailleurs, elle découvre que la boîte qui l'emploie est plutôt du genre magouilles et compagnie, et que son époux apprécie la cocaïne et la compagnie de très jeunes filles lors de ses voyages d'affaire.

Je baille tellement elle m'ennuie…

- Et le crime il est où ?

- Vous le verrez, il s'agit d'un odieux chantage.

- Euh ... Moi je veux du sang et tripes, pas des histoires soporifiques.



Après cette déception, je m'en vais voir Sandrine Collette.

- Madame Collette ? Je suis ému de vous rencontrer enfin, j'ai lu tous vos romans !

- Merci ! La dédicace, je la fais à quel nom ?

- Antyryios. Dites Sandrine, je suis moi-même en train d'écrire un livre où j'imagine un meurtre parfait, vous auriez une idée à me proposer ?

- Vous savez, me répond-elle en me tendant mon exemplaire de Crimes de sang-froid, moi mon truc c'est plutôt la nature, les grands espaces, la réécriture moderne de contes. Est-ce que vous avez songé à un volcan qui provoquerait un tsunami tellement énorme que la terre se verrait totalement inondée ?

- Non. Mais dans votre texte là, "Le tracteur", il n'y a pas une idée dont je pourrais m'inspirer ?

- A vous de voir. De mon côté j'ai essayé d'imaginer l'histoire d'un agriculteur, Mathurin, le premier de son village à posséder un tracteur. Un homme particulièrement dur et odieux, notamment avec sa famille. La machine lui permettra de multiplier la production de son exploitation, jusqu'au jour ... de l'accident. Mais vous le découvrirez par vous même.

Je me mets alors à imaginer offrir un tracteur à ma future victime, dont j'aurais bien sûr saboté les freins au préalable. Mais je n'y connais rien en mécanique et je n'ai pas non plus la trésorerie requise.

Sans compter qu'un accident à 30 km/h risque d'être tout sauf mortel.



Dépite, je me rends sur le stand de Ian Manook.

Ou si vous préférez l'appeler Roy Braverman ou Patrick Manoukian, c'est comme vous voulez.

- Je pense que vous allez beaucoup aimer ma nouvelle, "Dust Pine, Texas, 1958". Un genre de western avec détective privée, femme infidèle, Indien, shérif, Italien mafieux, standardiste ... Et un butin de 200 000 dollars qui intéresse quasiment tout ce petit monde !

- C'est intéressant. Et euh ... Il y a des meurtres dans votre récit ? demandais-je, l'air de rien.

- Y a que ça ! Au final, croyez-moi, cette jolie bande d'hypocrites va tellement se tirer dessus qu'il ne va plus rester grand monde.

J'ai hâte de me plonger dans cette histoire qui va apparemment à cent à l'heure, et je réfléchis à la meilleure façon de me procurer une arme à feu.



Je change pourtant d'avis lors de ma rencontre avec Marcus Malte.

En effet, le principal personnage - Jean-Baptiste Foulque - de sa nouvelle "Cocotte" est un ancien tueur à gages avec à son actif une moyenne de six contrats par an, et ce pendant quarante ans.

Ca en fait des morts !

Mais l'idée d'engager un homme de main s'estompe rapidement. Le dénommé Jean-Baptiste a pris sa retraite et fait des cauchemars toutes les nuits, rêvant de zombis. Il est en quelque sorte obsédé, voire hanté, par les cadavres qu'il a empilé tout au long de sa carrière. En outre, financièrement, c'est pas donné ce genre de transaction. Faut aller sur le darknet et je ne sais pas du tout comment on fait. Et surtout, je n'aurais pas vraiment l'impression d'être un dangereux criminel si je ne sens pas la vie s'échapper doucement de ma proie en lui serrant le cou et en sentant son souffle s'éteindre pour toujours.

Décidément, j'ai fort peur de repartir bredouille malgré mes courts entretiens avec tous ces experts du crime.



La lassitude commence à me gagner. Je ne dois peut-être pas essayer d'être aussi subtil. Autant poser la question directement. Après tout, ces auteurs sont au moins aussi tordus que moi, si ça n'est pas davantage.

- Bonjour Olivier Truc. Dites, comment vous vous y prendriez pour commettre le meurtre parfait ?

- Vous devez procéder exactement comme je l'explique dans mon texte "Le café de Vivalla" : Vous servir des réseaux sociaux.

- Je ne comprends pas.

- Vous voulez une dédicace ?

- Oui, mais je vous en prie, continuez, dis-je en lui tendant mon livre ouvert la bonne page.

- Eh bien mon histoire, qui se déroule en Suède, met principalement en scène deux personnages : Fehmi, qui soutient les Kurdes, et Mubarik, qui recrute pour Daech à son retour de Syrie. Les deux hommes ont grandi ensemble mais ne sont plus du tout sur la même longueur d'ondes. Ils sont ennemis désormais. Alors quelle meilleure idée que de faire courir des rumeurs sur facebook ? Combien de temps pensez-vous que Mubarik peut survivre si de nombreux bruits circulent sur sa trahison envers Daech et sa sympathie envers les Kurdes de Kobané ?

Oulah, ça me semble un peu trop politique pour moi.

Mais l'idée a du potentiel.

Je pense un instant aux folles rumeurs que je pourrais faire circuler sur internet.

La magie de la toile, avec quelques propos bien sentis et photos compromettantes trafiquées, pourrait par exemple transformer ma coiffeuse en alcoolique notoire, mon facteur en tortionnaire de chats, mon contrôleur fiscal en harceleur sexuel.

J'insinuerai que certains babelionautes n'ont jamais lu un seul livre de toute leur vie.

Je pourrais faire le Mal avec un M majuscule.

Je ferai passer mon énervant voisin pour un pédophile, ma tarée de collègue pour une dangereuse terroriste, mon banquier pour un raciste homophobe.

Les gens les lyncheraient ( j'espère au sens propre ) sans que je n'ai rien d'autre à faire que d'assister au massacre en prenant moi aussi un air scandalisé.

Sauf que pour lancer des rumeurs, il faut être nombreux, et que je suis plutôt du genre tueur solitaire. Pourquoi les gens m'évitent-ils ainsi ?

J'ai parfois la difficile impression d'être rejeté.



Je rejoins ensuite Caryl Ferey qui me fait quant à lui la promotion de sa nouvelle intitulée "Cavale".

- Ca se déroule dans un univers futuriste, une Amérique post-apocalyptique dans laquelle s'affronte les Citoyens d'un côté et de l'autre les SDT : les Sans Domicile ni Travail. C'est un monde dans lequel on doit choisir son camp, où on est soit chasseur, soit chassé et dans lequel les sentiments n'existent plus. Sauf, peut-être, entre mes deux héros : Jake White et celle qui sera toujours surnommée "son ange". Ils sont en fuite avec une valise bourrée de dollars dans ce monde où tout se négocie de façon assez surréaliste. Et où l'espérance de vie des voleurs, de ces sans emploi dans un monde où il n'y en n'a de toute façon plus, est particulièrement faible. Comment va se terminer cette folle virée dénuée de tout espoir ?

Alors j'ignore comment ça va se terminer mais ça fourmille d'idées dans ma tête de psychopathe amateur.

Et si moi aussi je prenais en chasse ma future proie ? Que je prenais une inconnue en stop, l'emmenais en pleine forêt ? Si je la libérais avant de me mettre en chasse ? Mais je dois prendre une personne avec un bon embonpoint ou des difficultés respiratoires parce que si je veux espérer la rattraper ... Mon endurance n'est plus ce qu'elle était.

Et si elle peut en réchapper ça n'est plus du jeu.



Ma rencontre avec Hervé Le Corre est particulièrement instructive. Lui il s'y connaît en ADN.

Il me signe rapidement son texte "Démangeaison".

"A Antyryios, un type un peu craignos".

Il m'explique qu'il a mis en scène un couple dans lequel rien ne va plus depuis longtemps. Enfin, ils arrivent à cohabiter, à échanger des banalités, mais ça fait longtemps qu'ils n'ont plus aucune vie intime.

Le mari a un bandage au bras, et il éprouve sans cesse le besoin de gratter sa plaie au travers. Quel est le lien avec cette femme disparue, le professeur de danse de leur fille Clémentine ? Qu'est-ce que la police va retrouver sous les ongles de cette jeune femme assassinée après qu'une grande battue ait été effectuée dans les bois pour la retrouver ?

Alors je comprends le message que veut me transmettre à tout prix l'auteur.

Le jour où je passerai à l'acte, il faudra que je mette un pull à manches longues, même s'il fait une chaleur à crever.



L'avant dernier écrivain n'est autre qu'Olivier Norek. Je lui passe le bonjour d'Ydamelc qu'il connaît bien histoire d'engager la conversation.

Par contre, son histoire, elle est à dormir debout ! Songez un peu, un individu nommé Pedro Alonso Lopez qui aurait tué 310 fois avant de se faire prendre ! Je me moque un peu de cette exagération. Qui pourrait croire un seul instant à sa nouvelle "Je suis encore là." ?

- Mais comment il a fait ? demandais-je, avec un timbre moqueur.

- Pourquoi, vous aussi vous voulez violer et tuer de pauvres petites gamines ?

- Alors ça jamais, je ne mange pas de ce pain-là. Moi tout ce qui m'intéresse c'est de pouvoir tuer impunément, mais j'ai quand même un code d'honneur. Vous me prenez pour un fou dénué de tout sens moral ?

- Alors un petit conseil allez en Equateur. La peine pour un meurtre ou pour trois cent est de seize ans. Ca ne se cumule pas.

- Merci pour le tuyau. Mais votre histoire est un peu tirée par les cheveux non ?

- Elle le serait. Si Pedro Alonso Lopez, surnommé Le monstre des Andes, était un personnage de fiction. Mais il est bel et bien réel et si son carnage remonte aux années 80, il est probablement toujours en vie aujourd'hui et continue peut-être de sévir.

Brrr … Ca fait froid dans le dos cette histoire.



Pour me remettre de mes émotions, je n'ai plus qu'à aller voir Franck Thilliez. Je m'approche pour lui chuchoter à l'oreille ma demande tendancieuse. Je le vois qui prend la pose.

- Bon alors, vous le prenez ce selfie ?

- Euh, oui, pourquoi pas … Mais je voulais surtout vous demander : Comment pourrais-je accomplir le meurtre parfait ? Avec votre culture, vos idées, vous devez déjà avoir réfléchi à la question ?

- Effectivement. Avant tout, il vous faudra un alibi. Est-ce que par hasard vous auriez un frère jumeau ?

- Euh … pas à ma connaissance.

- Vous ne me facilitez pas la tâche. Ecoutez, vous n'avez qu'à faire comme le personnage de "Je préfèrerais tuer avant la fin du film" et faire semblant d'aller au cinéma pendant que vous commettrez votre forfait.

- D'autres précieux conseils à me prodiguer ?

- Oui, choisissez votre future victime au hasard. Sans mobile personne ne pourra vous soupçonner. C'est ce que va faire Jérémy Lepage dans ma nouvelle. Alors qu'une raison, il en a pourtant bel et bien une : Pourrir les statistiques de son exécrable chef de la brigade d'investigation criminelle, en le laissant partir à la retraite avec une première affaire irrésolue ! Et bien sûr déguisez vous pour qu'aucun éventuel témoin ne puisse vous reconnaître.

- Merci beaucoup monsieur Thilliez, vous m'avez été fort utile !

Et je repars des idées monstrueuses plein la tête avec mon recueil couvert de signatures.



Le soir même je lis les dix textes presque d'une traite. Certains sont excellents, d'autres juste lisibles, et quelques-uns m'ennuient profondément.

C'est souvent le cas avec les recueils : les idées les meilleures côtoient des textes beaucoup plus insipides.



Sans perdre une minutes de plus, Je réserve un vol pour l'Equateur, je mets des pulls, des gants, un grand couteau et une paire de lunettes de soleil dans ma valise, je réserve une place au cinéma, et je suis parti.



Enfin, je serais parti si deux policiers n'avaient pas sonné à ma porte, m'expliquant que de nombreux écrivains avaient trouvé mon attitude de l'après-midi très suspecte et avaient préféré les alerter.

J'ai bien sûr clamé mon innocence et ma simple passion pour les thrillers et leurs auteurs, mais ils me font écouter le dictaphone de Franck Thilliez.

Le petit malin a osé enregistrer notre conversation, averti par ses collègues de ma soit-disante dangerosité !

"Comment pourrais-je accomplir le meurtre parfait ?" m'entends-je prononcer.

- Mais je n'ai encore tué personne !, protestai-je véhément.

- Ca reste à prouver. Et vous allez passer de nombreux tests avec un psychiatre qui vérifiera si votre place n'est pas plutôt dans un asile.



Aussi si je ne chronique plus rien ces prochaines années, c'est que je serai probablement dans une cellule capitonnée, revêtu d'une camisole.

J'aurai alors tout le temps nécessaire pour affiner mes ambitions meurtrières.





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