Pourquoi vouloir lire ce livre ? Déjà parce que Olympe de Gouges me fascine pas mal. Je ne savais presque rien d’elle avant d’ouvrir ce petit livre, mais associez les mots « femme », « écrire » et « XVIIIème siècle » et généralement vous avez toute mon attention. Olympe était l’une des premières féministes, dont le mouvement naîtra véritablement au cours du XIXème siècle. Je ne sais pas si je suis une féministe. J’en partage sans conteste certains credo, et en même temps je ne suis pas d’accord avec tout ce qui est revendiqué par les différentes mouvances qui le composent. C’est néanmoins une question très intéressante, et revenir aux sources avec un texte qui revendiquait, dans un monde extrêmement patriarcal où la femme était une mineure sous la tutelle du père/frère/mari/fils, qu’au contraire la femme est tout l’égal de l’homme, eh bien c’est passionnant.
Quelques mots rapides sur ce que j’ai retenu de l’auteure. Née dans la petite bourgeoisie de province, elle a été mariée contre son gré à un homme qui, fort heureusement, l’a laissée veuve très rapidement. Elle a donc élevé seule son fils et décidé de l’instruire en même temps qu’elle s’instruisait elle-même, car son éducation était restée très sommaire. Elle est montée à Paris et a fait des pieds et des mains pour entrer dans le monde intellectuel. Elle a commencé par écrire des pièces de théâtre, puis des romans, et peu à peu a aiguisé sa conscience de femme. A l’approche de la Révolution, elle a mis les deux pieds en politique en rédigeant de cours textes destinés à éveiller les esprits sur la condition de la femme et de la société en général. Son texte qui a traversé les siècles est cette Déclaration, dédicacé à la Reine et dont elle a demandé l’adoption à l’Assemblée constituante (qui évidemment lui a ri au nez, hein). Autre fait intéressant que je sais depuis ma première année de droit grâce à mes cours d’histoire du droit (qui me manquent, d’ailleurs) : elle s’est proposé pour défendre gratuitement Louis XVI, ce qui lui a été là aussi refusé.
Le livre contient également d’autres courts textes qu’elle placardait ans les rues de Paris. De tout ça, je retiens que son écriture était bien celle d’une femme qui n’est pas née une plume dans les mains et qui a fait son chemin avec courage. C’était sans conteste une personne intelligente, et née trop tôt… Un siècle plus tard, elle aurait pu participer au combat avec acharnement et n’aurait pas perdu la tête pour ça (le Comité de Salut public a fini par la trouver gênante et l’a passée sous la Guillotine).
La Déclaration d'Olympe de Gouges reprend chaque article de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen du 26 août 1789 et les adapte en prenant compte de l’intérêt des femmes et aussi à quelques moments des enfants, notamment quand elle sous-entend le besoin de réformer la filiation. Sa phrase la plus célèbre, et la plus belle, est « La femme a le droit de monter sur l'échafaud, elle doit avoir également celui de monter à la tribune ». J’ignore si elle avait conscience du potentiel prémonitoire d’une telle phrase, mais je crois qu’elle avait bien conscience des risques qu’elle prenait. Elle espérait que la Révolution, qui se voulait dans un premier temps libérale, serait l’occasion de libérer aussi la femme. Mais comme pour tous ceux qui se lancent dans de telles entreprises, les chances de réussite sont minces et le bout du chemin est souvent sanglant…
En bref, La Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne a enflammé mon petit cœur de femme, m’a donné envie de mieux connaître Olympe de Gouges (la BD qui lui est dédiée et une ou deux biographies me font de l’œil) et son œuvre. Donc oui, je vous conseille ce titre !
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