AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Omar Khayyâm (54)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Robâiyât : Les quatrains du sage Omar Khayyâm de ..

Le grand poète et homme de science perse vécu au coeur du Moyen-âge iranien. de son oeuvre, on retient principalement les quatrains persans ou « rubaiyats » que j'ai lu (éditions de minuit). Enfin, lu… pas sûr. Plus que jamais, la guerre des traducteurs fait rage de sorte que je n'ai pas la certitude d'avoir lu Omar Khayyâm. Mais ce que j'ai lu est résolument fluide, agréable, métaphorique peut-être.



Ces réflexions sceptiques sur le monde social sont presque des avertissements de moraliste : « Souffre seul », « il vaut mieux que tu te fasses peu d'ami », « l'anxiété du lendemain est inutile » etc.



« Si la raison me tourmente encore, je lui cracherai au visage Une gorgée de vin... pour qu'elle dorme ! ». Mais le thème principal de ces vers m'as littéralement « saoulé ». Khayyâm fait les louanges du vin à longueur de strophe car « le vin est un rubis liquide, et la coupe en est la mine ». Aviné, le poète encourage son lecteur à boire, contre le coeur qui saigne de chagrin, contre l'assaut des doutes et du monde.



« Bois du vin... c'est lui la vie éternelle ». On comprend aisément le malaise, dans un Iran où même un panaché n'est pas au menu, d'assumer un héritage aussi provoquant, le scepticisme religieux de Khayyâm, la sensualité de ses poèmes et sa provocation à l'ébriété comme remède interpelle : dans quelle mesure est-il encore enseigné ? Ou est-ce une interprétation occidentale ? En effet, certains traducteurs s'insurgent, le vin est métaphorique, s'agirait-il d'une parabole théologique ?



Quoiqu'il en soit, et malgré la frustration de pas savoir très bien à quel point ce qu'on a lu est fidèle à ce qu'a écrit Khayyâm, l'expérience est agréable, simple et imagée. La récurrence du thème, qui jamais ne se dépasse ou ne s'approfondi véritablement, peut éventuellement lasser alors, c'est comme pour ce que vous savez…à lire avec modération.



Qu'en pensez-vous ?
Commenter  J’apprécie          8816
Robâiyât : Les quatrains du sage Omar Khayyâm de ..

En apparence, une poésie simple et sympa qui chante l’ivresse et le Carpe diem, une irrévérence mélancolique qui invite à se réjouir et qui clame la sagesse de ne pas être sage.

Irrévérencieux au point que, d’après ce qu’Amin Maalouf écrit dans son livre-hommage à Omar Khayyam, après sa mort en 1131, en Perse « chaque fois qu’un poète composait un quatrain pouvant lui attirer des ennuis, il l’attribuait à Omar; des centaines de faux vinrent ainsi se mêler aux robaïyat de Khayyam, si bien qu’il devint impossible, en l’absence du manuscrit, de discerner le vrai. »

Les Robaïat sont donc peut-être l’œuvre de toute une bande de poètes indociles, ce qui, contrairement au narrateur du livre d’Amin Maalouf, me réjouirait plutôt.

Les quatrains de Khayyam (& co?) sont sans doute moins simples qu’ils n’y paraissent: ils font l’objet d’un travail considérable d’interprétation et de traduction - au moins une cinquantaine en Français -, certains soulignant par exemple l’utilisation d’un vocabulaire soufi qui donnerait aux poèmes une dimension plus spirituelle que pochtronne. Bon, l’un n’empêche pas forcément l’autre, comme Omar Khayyam l’a dit bien avant avant Boris Vian:

« Amoureux et buveurs, dit-on, sont voués à l’enfer.

À cette absurdité l’esprit ne peut se faire.



Si vont en enfer qui aime et qui boit,

Le paradis demain

comme la paume de la main

sera désert. »
Commenter  J’apprécie          572
Vivre te soit bonheur ! Cent un quatrains d..

Des quatrains limpides qui expriment le plus simplement du monde la course inexorable du temps, la fatale issue de la mort pour chaque être, la nécessité de vivre intensément l'instant présent...

Le titre est en lui-même explicite de la philosophie de ce poète oriental du moyen-Age, que j'avoue n'avoir jamais lu jusqu'à ce jour !



" Tant de souci des richesses,

tant de regret des grandeurs,

A quoi bon ? Une vie est-ce

beaucoup plus que quelques heures ?

Ce souffle en ton corps ne t'est

que pour un instant prêté :

Avec un bien emprunté

il faut vivre en emprunteur" (p. 99)



Un très joli volume , couverture sobrement illustrée de papillons dessinés, sur papier mat, dans la collection , "Folio Sagesses"....



Le poète exprime de façon constante la finitude humaine, son absurdité, l'absence de sens à notre présence ici-bas. Comme tout est vanité, profitons de l'instant présent, sans chercher raison...ou signification.



Je me permets de transcrire des informations sur ce poète, présentées dans

l'intoduction:

" Grand poète persan de l'époque médiévale , Omar Khayyâm (1048-1131) est aussi mathématicien, astronome et philosophe de grand renom. (...)

Célèbre de son vivant pour son activité scientifique, Omar Khayyâm ne sera connu comme poète que longtemps après sa mort. le présent recueil reprend cent un de ses quatrains, traduits et choisis par Gilbert Lazard. Ils sont le reflet de sa philosophie: la vie est brève, alors jouissons du peu de temps qui nous est octroyé ici-bas, même si le scandale de la mort est susceptible d'obscurcir les instants les plus lumineux. (...)

Khayyâm adresse en libre penseur un camouflet aux docteurs de l'Islam et prend le risque d'affirmer un art de vivre allant à l'encontre des moeurs et des lois de son temps.L'hypothèse existe selon laquelle , pour cette raison, ses -robâïs- (quatrains) sont restés secrets de son vivant et n'ont commencé à être diffusés que près de soixante-dix ans après sa mort. (p. 8)



Heureuse et très touchée par la lecture... des poèmes de cet artiste....



"Oui, j'ai belle et fière mine,

j'ai la grâce du cyprès,

La fraîcheur de la tulipe,

l'éclat de la rose, mais

Qui donc me dira pourquoi

le Peintre de l'univers,

Dans ce mauvais lieu, la Terre,

a daigné former mes traits ? (p. 62)
Commenter  J’apprécie          431
Vivre te soit bonheur ! Cent un quatrains d..

Après avoir lu Samarcande d’Amin Maalouf, j’ai eu envie de goûter aux rubaïyat d’Omar Khayyâm, ce poète, astrologue et savant perse du 11ème siècle. J’ai choisi ce Folio Sagesses simplement parce qu’il était disponible dans ma librairie.



Première chose : je conseille de ne pas essayer de tout avaler d’un coup car ces 101 rubaïyat tournent autour des mêmes thèmes et cela devient vite monotone. Sans que l’abus soit dangereux pour la santé, trois ou quatre par jour cela suffit ; à consommer comme une friandise.

Il est à noter que l’on n’est pas certain que tous les quatrains attribués à Khayyâm soient vraiment de lui. Et je me sens bien incapable de séparer le grain et l’ivraie.



Ces rubaïyat professent une philosophie plutôt positive. La notion de plaisir terrestre, surtout incarné par le vin et les galipettes, est centrale. L’épicurisme, voire l’hédonisme, ne sont pas loin (pardon pour les calés en philosophie, je fais des comparaisons naïves faiblement éclairées par mes pauvres connaissances en philo). La deuxième notion, toujours associée, est l’éphémère de la vie humaine. Omar Khayyâm emploie des images assez fortes pour nous le rappeler. Celle de l’argile que l’on pétrit, composée des corps des hommes du passé, m’a marqué.

Lorsque le plaisir domine, l’auteur rappelle qu’il faut profiter de l’instant car le temps passe et la faucheuse n’est pas loin. Un petit côté Ronsard.

Lorsque l’éphémère domine, j’ai senti du regret de cette durée de vie si courte. Parfois même l’auteur interpelle les Cieux, questionne sur le but de l’existence. Lorsque le quatrain était un pur hymne à l’instant, où l’idée même d’envisager l’avenir était questionnée, je me suis demandé pourquoi alors l’auteur s’intéressait à des matières comme les mathématiques ou l’astrologie. Mais le quatrain est lui aussi l’empreinte d’un instant, pas un résumé de vie.



Je suis impressionné que cette philosophie ait pu exister en terre musulmane. Les extrémistes devaient mourir d’envie de voir Khayyâm terrassé. Certains quatrains répondent à leurs préceptes en les ridiculisant. Le paradis ? Qui est déjà revenu nous confirmer son existence. La vie paradisiaque où rien ne nous sera interdit ? Pourquoi nous les interdire dans la vie terrestre alors ?



J’ai trouvé que la lecture de quelques quatrains le matin préparait bien le terrain à une bonne journée. C’est un chouette héritage que le poète nous a laissé.

Commenter  J’apprécie          422
Robâiyât : Les quatrains du sage Omar Khayyâm de ..

Khayam était un grand savant perse. Né au milieu du XIème siècle, il s'est intéressé entre autres aux équations du trois et quatrième degré , à l'astronomie (et à instaurer les années bissextiles), aux coefficients binomiaux. Un homme en avance sur son temps.

Parallèlement , il écrivait des quatrains (Rubayat).

Lecture très agréable , où l'auteur ne peut s'empêcher de boire du vin à chaque ligne ou presque , demandant à Dieu de regarder la bonté de son coeur et non ses beuveries ou ses courses trépidantes derrière les tulipes , à savoir les filles.

Khayam veut croire à Dieu, à sa bonté mais n'en veut aucune contrainte. Lui il croit au jus de vigne , va à la mosquée pour changer ses tapis et pense que l'on devrait jeûner de prière plutôt que de vin.

Bon , il a eu quelques soucis avec les religieux durant sa vie.

Il y a aussi de l'autodérision puisque l'auteur n'hésite pas à se mettre en scène.

Une lecture agréable , forcément dépaysante, et qui remise dans son contexte est sacrément surprenante.

Khayam , un peu comme les poètes Tang Li Baï ou Du Fu est un épicurien.

Il croit en un Dieu que jugera la bonté de son coeur et non pas son asservissement.

J'ai découvert cet auteur , non pas en lisant l'histoire des mathématiques ! , mais dans le dictionnaire insolite de la Turquie dont je vous ai déjà parlé. Qu'encore une fois, je ne saurais trop vous conseiller.
Commenter  J’apprécie          346
Robâiyât : Les quatrains du sage Omar Khayyâm de ..

Né en Perse dans la région du Khorasan vers 1050, fils d'artisan (son père était fabricant de tentes), Omar Khayyam, de son vrai nom Omar Iben Ibrahim el-Khaiami (littéralement Omar, fils d'Abraham, fabricant de tentes) est un des plus grands poètes célébrés encore aujourd'hui dans tout le Proche et le Moyen-Orient.



C'est tout d'abord en tant que mathématicien, géomètre et astronome qu'il acquière une grande renommée. Dès 1074, il publie de nombreux traités d'algèbre qui font autorité. C'est bien plus tard que le savant homme connaîtra une renommée littéraire, notamment en publiant les Robâiyât (Quatrains), textes courts composé de quatre vers. Oeuvre essentielle d'Omar Khayyam, les Quatrains seront découverts tardivement en Europe. La première traduction est faite en 1851.



Ces Quatrains n'ont pas été écrits dans le silence et la solitude que requiert le travail d'écriture mais composés lors de soirées de retrouvailles que l'auteur organisait dans sa demeure avec ses amis. Ces textes courts sont comme des sentences, des pensées douces mais toutes empruntes de scepticisme, de pessimisme voire de blasphème. En Perse, à une époque où les pouvoirs religieux et politique exerçaient une forte influence sur les esprits, les textes d'Omar Khayyam, circulaient en secret auprès de ses lecteurs.



Épicurien, goûtant aux plaisirs de l'éphémère mais rejetant toute forme de vie mondaine, penseur critique envers son époque et ses contemporains, contemplatif face au divin mais très méfiant à l'égard de tout dogme et du pouvoir religieux, Omar Khayyam apparait aujourd'hui encore comme un esprit libre, un penseur tout à fait à part.



Les thèmes de ses Quatrains sont toujours liés à l'impermanence de la vie, des êtres et du temps, à la nécessité de vivre pleinement les plaisirs et les saveurs de l'amour, de l'amitié et de tout ce que nous offre la nature (l'auteur fait dans ses textes une grande place au vin, symbole d'un attachement à la terre mais aussi rempart contre les vicissitudes de la vie).



La lecture d'Omar Khayyam agit comme un révélateur d'une époque, de consciences très attachées à leur condition, à leur quotidien, aux usages en cours dans une société dirigée par un pouvoir politique et religieux omniprésent.



Plusieurs siècles plus tard, les résonnances de la Perse du XIème siècle sont nombreuses qui viennent jusqu'à nous, lecteurs, témoins d'un monde actuel en quête de sens.



"Ô coeur, puisqu'en ce monde le vrai même est une hyperbole,

Pourquoi t'inquiéter à ce point de ce trouble et de cet abaissement ?

Livre ton corps au destin, et ton âme à la merci des heures ;

Ce que la plume a écrit ne sera pas raturé pour toi."
Commenter  J’apprécie          344
Robâiyât : Les quatrains du sage Omar Khayyâm de ..

Voilà une réédition récente des poèmes d’Omar Khayam, dans la collection bien nommée « Habiter le monde poétiquement ». Tout un programme. Un défi, même.



Khayam, je connaissais de nom. Comme tout le monde. Mais la lecture du très beau roman de Victoire De Changy, « l’ile longue », m’a incité à découvrir cet auteur au-delà de tout ce qu’on peut en lire ici ou là. Car la poésie d’Omar Khayam ne laisse pas indifférent …



Et quelle excellente idée, car la poésie de Khayam est un véritable vent de fraîcheur, d’originalité et liberté, en ces temps empesés d’opinions à deux balles, de majorité faisant loi, de diktats de vie saine et de jeunesse éternelle, de détournement de la foi à des fins politiques ou privées … Et j’en pense bien sûr.



Cela fait du bien de recevoir cette invitation à boire le vin auprès de jolies jeunes tulipes ou roses (euh j’ai transposé bien sûr, j’opte pour ma part les jeunes acrobates, bergers ou poètes, mes préférés …) et à s’enivrer tant qu’il en est encore temps, avant qu’on ne retourne à la poussière.



À lire et à relire sans modération, en savourant un verre de vin … Ou de bière, bien sûr.

Commenter  J’apprécie          339
Robâiyât : Les quatrains du sage Omar Khayyâm de ..

Omar Khayem est un grand savant su Moyen-Age .Il est à la fois poète, mathématicien , astronome et philosophe .

En tant que mathématicien, il est le premier qui traita systématiquement des équations cubiques .

En tant qu' astronome , il mesura avec une grande précision la durée de l' année .

Sa notoriété , il la doit surtout à ses beaux et célèbres poèmes "Robâiyate"ou " Les Quatrains ".

le poète Khayem est poète mystique ou soufi .Il a été frappé par la petitesse de l' homme comparée à

l' immensité de l' Univers !

Pour le poète ce qui compte c' est l' amour de la créature pour son créateur !

Pour le soufi ou le mystique, il doit arriver à un état où la créature se confond avec son créateur c' est à dire arriver à l' extase ! le poète Khayem est un adepte de Bacchus, la divinité du , car la boisson du vin le mène vite à l' état qu' il veut atteindre .

En lisant ce poète, il ne faut être réducteur et voir en lui un alcoolique loin de là car ce poète est un philosophe et un sage .

Les " Robâiyates" de Khayem est un merveilleux poème et sa lecture est toute plaisir et sagesse .

Commenter  J’apprécie          313
Robâiyât : Les quatrains du sage Omar Khayyâm de ..

Omar Khayyâm, poéte persan, astronome et soufi.

Comme toute poésie, il faut laisser du temps entre deux poèmes pour atteindre la profondeur de la pensée et des mots, comme il faut du temps à la poussière pour se déposer.
Commenter  J’apprécie          300
Robâiyât : Les quatrains du sage Omar Khayyâm de ..

Grand mathématicien du Moyen-Âge, astronome, Omar Khayyam est aussi poète et philosophe. Dans ses quatrains, il prend ses distances avec la recherche scientifique qui l'a motivé dans sa jeunesse pour se plonger dans une contemplation toute épicurienne, se contentant de prendre la vie comme elle vient et de picorer les petits moments de bonheur qui se présentent.



Les seuls plaisirs qui trouvent grâce à ses yeux sont l'amour d'une femme et le vin, breuvage qui fait souvent son apparition dans ses poèmes.

« Je bois du vin comme la racine du saule boit l'onde claire du torrent.

Allah seul est Allah. Allah seul sait tout, dis-tu ?

Quand il m'a créé, il savait que je croirais au vin.

Si je m'abstenais de boire, la science d'Allah serait en défaut. »

Pas sûr que les théologiens soient parfaitement en accord avec ce raisonnement !



Poèmes à déguster sans modération, à l'ombre d'un arbre, un verre de vin à la main.
Commenter  J’apprécie          270
Robâiyât : Les quatrains du sage Omar Khayyâm de ..

J'ai découvert ce poète persan du 11éme-12ème siècle grâce au bel ouvrage d'Amin Maalouf : Samarcande. et depuis je suis sous le charme. ces quatrains sont beaux, légers parfois avec des vers consacrés au vin qui sont très beaux mais que l'on pourrait lui reprocher au nom d'une interprétation dure de l'Islam.



cet ouvrage est paru chez Albin Michel avec une traduction de Omar Ali-Shah.

je ne sais pas si j'ai coché le bon dans la liste car il y a eu beaucoup de traductions....
Commenter  J’apprécie          256
Robâiyât : Les quatrains du sage Omar Khayyâm de ..

J'ai siroté ces quatrains dans la traduction d'Omar Ali-Shah, érudit soufi du siècle dernier. A la fois juge et partie mais non dépourvu d'arguments convaincants*, il soutient qu'Omar Khayyām est resté fidèle au soufisme, branche mystique de la religion musulmane qui s'oppose à une lecture littérale du Coran et permet certaines métaphores telles que le vin, pour désigner le principe fondamental de l'ivresse spirituelle. C'est possible, étant donné la proximité culturelle et chronologique de Khayyām avec de grandes figures du soufisme telles que Rûmî ou Saadi. Quant à savoir s'il ne s'est pas détourné ironiquement de la religion pour chercher un plaisir plus terrestre, c'est toute l'ambiguïté qui agite encore les commentateurs. L'inspiration poétique de Khayyām conserve une part de mystère, qui rejaillit dans les brefs quatrains exhalés comme des épigrammes :



« Un souffle sépare l'infidélité de la foi ;

Un autre distingue la certitude du doute.

Alors, chéris le souffle, ne le traite jamais à la légère -

Un tel souffle n'est-il pas la moisson de notre être ? »



Là où certains traducteurs tels qu'Edaward Fitzgerald ont donné de ce poète une image proche d'un nihiliste athée (ce qui fait dire à Fernando Pessoa dans le Livre de l'intranquilité, que « tout vient de la non-raison » chez Khayyām et aboutit à la « désillusion »), il se pourrait que l'un des plus grands savants du Moyen Âge cherche plutôt à « obtenir une vision plus claire de Dieu » (je cite là Ali-Shah) en étalant ses doutes au grand jour, à la manière des malâmatî, soufis de la « voie du blâme ». Moquerie contre Dieu ou soumission à son dessein, la poésie de Khayyām brasse en tout cas une imagerie universelle, avec parfois des accents de philosophie déterministe, sans doute influencée par ses activités de mathématicien et d'astronome :



« Quand les chevaux sauvages du Ciel ont obtenu leur selle,

Quand Jupiter a lancé son premier éclat, puis les Pléiades,

Mon sort a été publié depuis le Tribunal de Dieu,

Comment puis-je errer ? J'agis comme il est écrit. »



Que l'alcool soit le prélude à l'anabase ou au simple coma éthylique, la transe qu'il induit permet de flouter les limites des cinq sens, et donc du corps et de l'esprit.



« Si seulement je contrôlais l'Univers de Dieu,

Ne voudrais-je pas effacer ces Cieux imparfaits,

Et de rien édifier un vrai Paradis,

Où toute âme atteindrait le désir de son coeur ? »



Je lève mon verre à cette idée.



*Notamment ses réfutations, preuves à l'appui, des contresens commis par les traducteurs occidentaux dont le plus célèbre, Edward Fitzgerald, ne connaissait que très peu le persan, devant s'aider d'un dictionnaire... et de son intuition.
Commenter  J’apprécie          249
Robâiyât : Les quatrains du sage Omar Khayyâm de ..

Rubayat est un recueil percutant, surtout par rapport à l'époque où il fut écrit et aussi pour le contexte culturel qu'il reflète. L'auteur lettré et savant scientifique perse nous offre des vers au ton irrévérencieux envers la société musulmane où il évolue. Il n'hésite pas à glorifier avec une certaine désinvolture, la jouissance terrestre, en s'amusant au travers de ses mots à faire des anaphores sur le vin, des métaphores charmantes sur les femmes, plaidant sans cesse, pour vivre ici bas une vie de plaisirs, en célébrant un hédonisme existentiel permanent sans tabou, envers l'alcool, les filles, la fête sans se soucier des préceptes ou des dogmes d'un carcan religieux étouffant. Car pour lui, le paradis d'Allah n'existe pas, pas plus que l'enfer d'ailleurs, poussant même jusqu'à se moquer avec un humour raffiné de l'abstinence, du jeune en souhaitant au plus vite, le jour d'après ou le vin coulera de nouveau à flots. L'auteur, croit-il un minimum ? Sûrement juste une conviction de façade pour ne pas être trop inquiété dans une société conservatrice. En fait, en décortiquant ses vers, on ressent son agnosticisme, l'amenant au doute peut-être parfois, mais surtout à l'impossibilité de définir Dieu, finalité philosophique le confortant dans son idée de profiter de la vie sur terre au maximum, avant de redevenir poussière pour l'éternité.

Commenter  J’apprécie          233
Cent un quatrains

Il arrive que certaines lectures nous fasse l'effet de la foudre. Des livres, des vers, des mots qui nous prennent par surprise et nous foudroient nous laissant si stoïque qu'on pourrait rester planter là, sans bouger, à ne plus oser respirer pour ne rien déranger.

Des livres dont on a «peur» de faire une critique tant on a conscience que nos mots ne sauront réfléter la grandeur de l'expérience qu'on a vécu.

C'est précisément cet effet là que m'ont fait ces quatrains de la Perse du XIe siècle et pourtant si actuels !



Avec cette métaphore du vin, le poète nous interpelle sur la brièveté de notre passage sur Terre et notre impuissance face à la mort - quels qu'aient été lrs buts qu'on ait poursuivi.



Je ne peux en dire plus pour ne pas trahir ou gâcher le plaisir de la découverte à d'autres lecteurs. Mais je ne peux que conseiller la lecture de ces ver si saisissants, et à en savourer chaque goutte et s'en délecter...
Commenter  J’apprécie          230
Robâiyât : Les quatrains du sage Omar Khayyâm de ..

Qui se souvient des Turcs Selkjoukides ? personne. En revanche, le nom d'Omar Khayyam - dont la vie s'est entièrement déroulée sous cette dynastie - reste immortel. Sa célébrité tient seulement à quelques dizaines de brefs poèmes: des quatrains. Dans ces "roubaïyat", écrits dans la langue persane (farsi), les deux premiers vers riment ensemble avec le dernier, le troisième étant un vers libre. La fidèle traduction de ces poésies est sans doute difficile mais, pour autant que je puisse en juger, elle est réussie dans l'édition dont je dispose; la langue me semble fluide, le vocabulaire simple, la poésie dépourvue d'enflure lyrique.



Omar Khayyam démontre qu'il est un esprit libre, aimant la vie, indépendant des imams bigots et des princes de son époque, fasciné par l'impermanence humaine et par la force du destin. On est sidéré par l'audace de certains de ses vers, que les fanatiques ont sans doute considérés comme gravement provocateurs. Par exemple, il a écrit:

"Dans la cellule ou à l'école, au monastère et à la synagogue,

S'abritent ceux qui redoutent l'Enfer et recherchent le Ciel.

Celui qui connait les secrets de Dieu

Ne sème pas de telles semences dans le coeur de son coeur".



Le poète chante inlassablement les plaisirs de l'existence, et surtout le vin: une boisson prohibée dans l'Islam rigoriste. Il insiste tellement là-dessus qu'on peut se demander si, dans ses poésies, le vin n'est pas pour lui la métaphore de l'amour divin. Ainsi, certains critiques ont fait l'hypothèse que son orientation religieuse était le soufisme. Mais il est difficile d'être affirmatif à ce sujet. Quoi qu'il en soit, un grand nombre de ces quatrains sont des merveilles ciselées comme de minuscules chefs d'oeuvre.

Commenter  J’apprécie          140
Robâiyât : Les quatrains du sage Omar Khayyâm de ..

"On assure que celui qui boit ira en enfer. — Comment croire à cette parole mensongère ? — Si celui qui aime le vin et celui qui aime l’amour vont en enfer, — demain tu trouveras le paradis plat comme la main."



La sagesse de ce fou d'amour et d'ivresse n'a de pair que son humilité.
Commenter  J’apprécie          130
Les Rubâ'iyât

C'est un album remarquable, d'abord par son format et son poids respectables, mais aussi par l'érudition des notes et commentaires.

Remarquables aussi sont les illustrations, minutieusement choisies et splendidement reproduites. On peut passer avec bonheur de longs moments à les admirer dans tous leurs menus détails. Les magnifiques calligraphies de Ghani Alani ponctuent le texte.

Ayant lu une partie des quatrains dans d'autres traductions, je n'ai pas été emballée par celle-ci, de Pierre Seghers. Elle est écrite dans un beau français certes, mais comment dire ? Un peu trop recherché ? Un peu plat ? Je n'y ai pas retrouvé la poésie d'autres traductions, la simplicité de l'évocation et la puissance saisissante des images.

Reste que ces quatrains sont de merveilleux poèmes emplis de joie de vivre, toujours sous-tendue par la pensée de la mort à venir. Ils sont remplis de vin aussi -rares sont les quatrains où il n'est pas cité- d'ivresse et d'amour. Pour Khayyâm, si Dieu (à qui il s'adresse avec familiarité) a promis des "houris" et du vin au paradis, pourquoi ne pas profiter ici-bas de ces créations divines ? Il s'extirpe ainsi allègrement du carcan imposé par les religieux, à ses yeux des hypocrites.

Ses recherches astronomiques sont peut-être aussi à l'origine de cette distanciation d'avec la religion : plusieurs poèmes sont en effet inspirés par la contemplation des cieux nocturnes.

Bref, comme le dit une autre traduction : "Puisque tu ignores ce que te réserve demain, efforce-toi d'être heureux aujourd'hui. Prends une urne de vin, va t'asseoir au clair de lune, et bois, en te disant que la lune te cherchera peut-être vainement, demain."

Challenge ABC

Challenge Globe-trotter (Iran)
Commenter  J’apprécie          130
Robâiyât : Les quatrains du sage Omar Khayyâm de ..

Cet ouvrage , outre les quatrains , contient une introduction exposant la vie du poète et aussi l'aventure de sa redécouverte par le poète anglais Fitz Gerald . Il présente aussi en appendice un certain nombre de textes sur Kayyam ( Renan,Gauthier, ) et sur le soufisme. J'aime beaucoup cette poésie septique et hédoniste et ce personnage d'un savant et poète si éloigné de l'image que donne aujourd'hui (hélas) de l'Iran les fanatiques barbus au pouvoir.
Commenter  J’apprécie          121
Robâiyât : Les quatrains du sage Omar Khayyâm de ..

Le vin à la bouche



En ces temps misérables où l'intégrisme nie l'intégrité de chacun, il ne faudrait pas oublier que la parole engage le corps et la vie mêmes ; or, quelques dangereux intégristes agités du bocal, par leurs paroles de destruction n'engagent que mort et néant : en ce sens, ils sont bien les apôtres de la négation. Quand on massacre au nom d'une force d'Amour, on en souille le message en se souillant soi-même irrémédiablement.



L'oeuvre poétique d'Omar Khayam, enivrante et ironique, est plus que jamais salutaire en ces temps où l'homme n'en finit pas d'être un loup féroce à l'égard de son semblable : c'est une ode tout entière qui célèbre la vie.



Né au XIIe siècle à Nichapur en Perse et reconnu surtout pour ses travaux de mathématicien, de philosophe et d'astronome, c'est dans le secret que le poète persan chantre du vin écrivit ses “Rubayat” car, bien tôt, il avait compris qu'en terre hostile à la liberté de l'esprit il faut toujours s'avancer masqué ; et garder sa parole la plus intime par-devers soi. Les “Rubayat” d'Omar Khayam ont le don de revivifier l'âme et le corps dans un même élan par leur sagesse, leur bon sens, leur sauvagerie dionysiaque et leur irrévérence. La traduction du poète Armand Robin est d'une vigueur exemplaire.



Dans le très beau livre “Samarcande” (que je recommande chaleureusement à tous ceux qui aiment l'oeuvre d'Omar Khayam), le romancier libanais Amin Maalouf nous narre avec passion les quelques éléments connus de l'histoire tumultueuse de ce prince des poètes dont la parole demeure toujours essentielle.



À présent, quoi de mieux pour vous donner le “vin” à la bouche, que de verser dans la coupe de vos lèvres, tel un échanson fidèle, quelques “quatrains” du grand poète de Nichapur (en persan, le mot “rubayat” signifie “quatrains”).



« Prends peur ! ton âme de toi va se débarrasser !

Dans les mystérieuses terres de Dieu tu vas entrer !

Bois du vin ! tu ne sais pas d'où tu es venu !

Vis la vie ! sais-tu, vers où t'en iras-tu ? »

Omar Khayam (p. 16, traduction : Armand Robin)



« Cette chair, ce costume corporel, c'est rien !

Cette enceinte, cette voûte tentière des cieux, c'est rien !

Fais la fête ! dans ce tintamarre de vie et de mort

Nous ne tenons que par un souffle, et ce souffle c'est rien. »

Omar Khayam (p. 58, traduction : Armand Robin)



« Serveuse, le vin que je bois sur ton visage est brillant de sueur ;

Puisse le mauvais oeil ne pas t'atteindre, toi, visage, mon but d'ébène !

Ta bouche aux teintes de vin est une fontaine de grâces ;

Il vaut cent Christs ressuscités celui qui boit le vin que tu es ! »

Omar Khayam (p. 84, traduction : Armand Robin)



« Ils disent tous : “À la Résurrection il y aura ceci et cela

Et Dieu, ce doux ami, aura le coeur hargneux !”

Non ! du Bien absolu ne vient que du bien.

Sois bon de coeur et bonne sera la fin. »

Omar Khayam (p. 88, traduction : Armand Robin)



© Thibault Marconnet

le 28 décembre 2014
Lien : http://le-semaphore.blogspot..
Commenter  J’apprécie          120
Robâiyât : Les quatrains du sage Omar Khayyâm de ..

Rien n'est plus difficile que de se procurer une édition fiable des Robâ'iyât, des Quatrains, de Khayyâm. Ni le texte persan, ni les traductions ne sont sûrs : le 'divan', ou poésies complètes, de cet auteur, varie considérablement (de 170 poèmes à plus de 850), car il y a plus de poèmes attribués à Omar Khayyâm qu'il n'a pu en écrire de toute sa vie. En Iran, on m'a dit que chaque mollah qui se sentait un peu poète et qui buvait en douce y allait de son quatrain qu'il attribuait à Khayyâm pour ne pas avoir d'ennuis. Ainsi, l'édition bilingue Maisonneuve et Larose propose-t-elle la vieille traduction de J. B. Nicolas (1861), qui comprend 464 quatrains tirés d'un manuscrit du XV°s ; il y en a même un autre à Lucknow, qui contient 845 quatrains. Heureusement, en 1949, l'université de Cambridge acquit un manuscrit datant de 1259, le plus ancien de tous jusqu'à la découverte du manuscrit de Téhéran (1209), et venu de Nishapour, la ville du poète, contenant 172 quatrains. Le traducteur français de Poésie Gallimard, Armand Robin, pense que la meilleure version française est celle de Claude Anet, "jolie plutôt que forte".

*

En somme, le lecteur français doit s'orienter seul au milieu d'une jungle textuelle difficile, et prier pour ne pas tomber, comme il arrive, sur une version française prétendument faite sur l'original persan, alors qu'elle ne traduit que celle de l'Anglais Fitzgerald, aussi célèbre que fausse dans le monde anglo-saxon : "En tant que traduction elle est inadmissible ... C'est quelque chose comme une attitude mentale coloniale à l'égard de la littérature de l'Orient", écrivait Arberry dans sa préface à son édition du manuscrit de Cambridge.

*

Pour ma part, trop peu versé en persan pour vérifier, j'accorde ma confiance au probe Sâdegh Hedayat et à l'éditeur José Corti pour leur édition critique intitulée "Les chants d'Omar Khayyâm".

*

Ce livre-ci publié par les Mille et Une Nuits, a certes l'avantage de tenir en poche, mais à moins de retracer toute l'histoire du texte, je n'irais pas jusqu'à le recommander.
Commenter  J’apprécie          121




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Omar Khayyâm (518)Voir plus

Quiz Voir plus

Métro Quiz

🎬 Film français réalisé par François Truffaut sorti en 1980, avec Catherine Deneuve et Gérard Depardieu, c'est ...

Le premier métro
Le dernier métro
L'ultime métro

10 questions
104 lecteurs ont répondu
Thèmes : métro , chanson , romans policiers et polars , cinema , romanCréer un quiz sur cet auteur

{* *}