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Citations de Oriane Jeancourt Galignani (69)


Eclat bref sur la tête du Christ, qui jaillit de sa couronne d'épines, abominable blague suggérée par Ponce Pilate :«Puisqu'il est roi, couronnez-le, » Et cette pancarte sur la croix, ici irradiée, blanchie, effacée par la lumière: Roi des Juifs. L'humour suant et paresseux du préfet de Judée. Puisqu'il est roi... Ponce Pilate ne le sera jamais. Une nouvelle fois. un homme dont l'avenir se dérobera sous ses pieds. Mais non, Ponce Pilate ne rêvait pas d'être roi. Ponce Pilate avait peur des rois. Quatre fois il demande à Jésus : «Es-tu le roi des Juifs ?» Il ne peut pas croire que le roi soit cet homme. L'autre répond mal. «Qu'est-ce que la vérité?» Ponce Pilate ne voulait rien d'autre qu'une réponse. Un éclaircissement. Et le voilà dans un lieu qui lui est étranger, un lieu de questions qu'il ne saisit pas. Qui ressemble à l'histoire. Il n'est pas fait pour entrer dans l'histoire. Veut simplement se recroqueviller, et laisser passer la tempête au-dessus de lui. Il ricane, donc. Puisqu'il est roi, couronnez-le ! Il cherchera tout au long du reste de sa vie pourquoi il a dit ça. Pourquoi, à l'instant de donner la mort, il n'a trouvé qu'à ricaner. Il ne sera plus élégant.
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«  Une écrevisse ?
Une femme aussi. Petite, lourde , jambes écartées, genoux pliés . Nue.
Un ventre, un sexe, des jambes de femme solide, rude. Une peau marquée, pourvue d’un passé . Pas un corps qui s’écroule , mais un corps déjà , qui n’est plus lisse , Pas de bras. Des pinces. De longues et fines pinces d’écrevisse , Et une tête d’écrevisse . Deux yeux en relief noirs et ronds , fixes grains de raisin » ...
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Elle aime aussi le calme, ce sentiment que l’on ressent dans les maisons riches, de vivre à l’écart de la communauté des hommes. Elle se dit qu’elle pourrait rester ici toute sa vie, protégée de l’agitation humaine par la largeur des murs. Oubliée par la vie.
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Celui qui longe l'asile, sent-il les haleines infectés de la bile et des gencives des femmes qui moisissent ? Suppose-t-il les dents qui branlent sur les mâchoires, puis se détachent et tombent, semant de légères gouttes de sang ? Devine-t-il les rots qui se coincent dans l'œsophage, et remontent, en herbe vide, dans les bouches ? Ce sont cent femmes à corps de fillette et mains de vieille. Ce sont cent femmes que l'on n'a pas envie de connaître, pas même d'approcher, réflexe physique, se protéger du spectacle de la déchéance : centaines de faces burineurs, aspirées ou gonflées par la faim, tailladées par la fatigue, ou atteintes de mystérieuses maladies de peau.
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Le ridicule trace un cercle autours de l'individu, que la pitié ne pénètre pas.
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Seuls les morts peuvent devenir quelqu'un d'autre.
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Ils ignoraient qu'il n'y a pas d'infini dans la joie. Que le plaisir peut disparaître d'être poursuivi. Comme ces somptueux visages d'actrices qui, à force d'être remodelés par le scalpel, finissent grotesques. Leur bonheur avait la tête de Mélanie Griffith avant réfection ; trop beau pour durer. David Verrater s'est invité comme leur chirurgien.
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Elle se voit encore la veille ramasser les assiettes dans la nuit, élaborant des répliques aux débats lancés par Assia, alors même que plus personne ne l’écoutait. Vieux sentiment de parler muselée, de marmotter des phrases inaudibles. 
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Il portait une casquette de tissu gris qui ombrait ses yeux. Une de ces casquettes de marque londonienne vendue dans un unique magasin à Paris, au nom anglais mais tenu par une famille indienne, à l’angle de la rue de Rivoli et de la rue de Mondovi.
Chaque année, Zélie lui offrait une nouvelle casquette. Chaque année, il allait, discrètement au départ, puis ouvertement ensuite, la changer. Il en choisissait une moins chère et prenait une cravate pour le même prix. Son propre père portait une semblable casquette sur l’unique photo qu’il gardait de lui dans sa bibliothèque.
Peut-être le père de son père. Et le père du père de son père. La chose ridicule de cette affaire de pères. La chose ridicule des pères de nos pères. L’invraisemblable succession du même.
La casquette de tweed de Winston Churchill à la fin de sa vie.

(p.21)
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Le Peintre fait signe à Margot de monter s’installer. Pourquoi elle et pas une autre ? Parce qu’elle est la première à se présenter. Parce qu’elle lui rappelle un garçon qu’il aimait bien à l’atelier, rond et rigolard. Parce qu’elle sait cuisiner. Parce qu’elle a du ventre et des cheveux fins. Parce que se creusent, le long de ses lèvres, de longues rides qui assurent qu’elle survivra à tout.
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Mais je ne dis rien à mon fils. Je sais que la lame bleue de son œil est destinée à me trancher la gorge.et tôt ou tard, elle y parviendra. Elle est morte, l'irradiante Mia, et je suis vivant, l'impotent Ferdinand. Quel est le plus scandaleux à ses yeux ?
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Le Parisien des bords de Seine n'a pas idée de ce qui anime une banlieue à ronds-points, poubelles abandonnées dans les rues, bergers allemands et rottweilers, jardinets à herbes folles, associations musulmans, protestantes, hindouistes, juives, sikhs, mennonites, évangélistes.
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...on ne fait pas de gravure sans savoir qu'on a le pouvoir de reproduire le monde, au plus près.
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L'on ne se place jamais mieux en embuscade qu'arbre dans la forêt.
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- Vous savez pourquoi la fée électrique sait tout ce qu’il va se passer ? […]
- Parce qu’on lui a mis de l’électricité dans la tête, c’est pour ça qu’elle voit des choses. C’est magique. Mais elle le dit à personne, elle a pas le droit. Les fées électriques, s’ils les attrapent, ils les laissent pas repartir. C’est pour ça que c’est un secret, et que sa maman l’a enlevée de chez les fatigués.
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Debbie reconnaît autour d'elle le souffle de l'opprobre. "Le bruit de mai", l'appelle-t-elle depuis l'année précédente, depuis que les chuchotements se sont installés dans sa vie.
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Avant de quitter Court Green, Ted lui a jeté "pourquoi tu fais ça?" Elle tourne dans le salon et égrène "parce que Nicholas hurle jour et nuit et que tu ne l'entends pas. Parce que nos deux corps s'ignorent et que tu t'en contentes. Parce que je n'ose pas te désirer avec mon ventre informe. Parce que je m'étais promis le jour où l'on s'est rencontrés de ne jamais te faire de reproches mais de partir lorsque la vie serait trop dure. Parce que je ne tiens pas mes promesses. Parce que je ne serai jamais celle qui part. Parce que j'étouffe dans ton pays d'eau et de cyprès. Parce que l'année prochaine les choses ne changeront pas. Parce que j'avais tellement espéré qu'elle changeraient. Parce que ta vie restera l'officielle et la mienne l'officieuse. Parce que tu ne vois pas que je me noie...
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Le succès est terrorisé par le manque. Le succès est une bouteille percée, qui doit se remplir jour et nuit. Il lui faut avoir tout le monde, que tout le monde applaudisse. Plus on est aimé, plus il faut que l'on nous aime. S'il y a une chose que le désir de succès ôte, c'est la dignité.
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Chacun d'eux avait été marqué livre de leurs vingt ans, il faisait de Rembrandt l'âme d'un peuple sensible, terrien, naturellement aristocrate, le peuple allemand. Contre les intellectuels et les libéraux, la technique le Cosmopolite. L'inverse du juif, récitaient-ils à vingt ans, les Wandervögel.
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Tweet et laine, les mères de famille aux journées creuses se nourrissent comme des hamsters, de graines de ragots, laine et tweet (...)
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